Caliban était rentré chez lui pour remettre une tenue correcte. Il irais déposer sa tenue favorite chez la couturière un autre jour car pour le moment il avais promis à Escad de ne pas traîner et de revenir au café pour le déjeuné.

Heureusement il n'habitait pas loin de chez Laria et ne prit donc pas beaucoup de temps avant de revenir. Il s'était équipé d'une cape noire à l'intérieur violet, plutôt tendance que pratique mais puisqu'il n'allais pas combattre cela ne poserais pas de problèmes. Cette cape recouvrais des vêtements plus classiques, assez foncés avec une pointe du rouge si cher aux Milanites.


Une fois arrivé devant celle qu'Escad voulait lui présenter, il fit une petite révérence en avant suite aux paroles de l'elfe aquatique :

« Berkalia. C'est un plaisir de rencontrer l'amie dont Escad nous a tant parlé. »

Emmener Berkalia au bordel était un peu étrange. Le milanite n'avait pas l'air coutumier de ce genre d'endroits, mais... on était parfois surpris. De toute façon, s'il veut rester avec l'une des filles, c'est pas à moi que la décision revient. Escad poussa la porte et introduisit Caliban à l'intérieur du bâtiment. Blondin n'avait pas pu s'empêcher de remarquer que le vieil homme s'était mis sur son trente-et-un.

Après un sourire à Gloria et Kitana - et un vague bonjour baragouiné dans un tianais approximatif - Escad se dirigea à l'étage, vers la chambre qu'occupait Sepherene, voisine de la sienne. Elle était manifestement seule, aussi Escad franchit-il la porte sans hésitation, Caliban sur les talons.

La jeune elfe était assise devant sa coiffeuse. « Salut, Seph' ! » lança-t-il avec chaleur. Quand Caliban se fut présenté, il précisa : « Caliban n'est pas ici pour euh... pour ça. En fait, je lui ai touché deux mots de ce qui t'était arrivé, et il a accepté de venir t'examiner. » Le terme était équivoque. Blondin se racla la gorge. « J'ai interrogé monsieur Vors à ce sujet, et il m'a dit que cela relevait sans doute de magie divine. Et Caliban est le seul ecclésiastique non-asmodien que je connaisse et en qui j'aie confiance. »

Faisant comme chez lui, Escad s'assit sur le lit et se saisit d'une imitation en cuir - particulièrement réaliste - d'un gros homard qu'il ne connaissait pas. Qu'est-ce que c'est que ce truc hideux ? Heureusement qu'elle n'a jamais décidé de redécorer ma chambre. Tout en jouant avec les pinces de l'animal, il répondit pensivement à Sepherene. « Oui, eh bien... on s'est occupés du gang des Plumes Rouges, avec les autres. Qu'est-ce que tu veux dire, par "la ville tout entière frémit ?" C'est bien ou c'est mal ? »

Sepherene étouffa un gloussement.
« Oui, je m'en doute Escad! Pour commencer, ce n'est pas dans tes habitudes d'escorter les clients, sauf lorsqu'il s'agit de les escorter dehors d'un coup de pied. Quand à moi, ne t'en fais pas, ça ne valait pas la peine de t'inquiéter, tu sais! Je suis sûre que ce n'est pas un problème, même si je ne saurais pas expliquer pourquoi. »

Elle soupira, et son regard se fit distant.
« La ville frémit, c'est tout ce que je peux dire. Je peux presque sentir les rumeurs à la limite de mon esprit, mais sans arriver à en tirer de sentiment particulier. Trop difficile à décrypter... »

A la demande de Caliban, elle se contenta d'un hochement de tête.
« Si il le faut pour convaincre Escad que je vais bien... »

Connaissance (Mystères)

Sepherene haussa un sourcil.
« En d'autres termes, vous n'en savez pas vraiment plus que moi. Mais vous n'avez pas tort, je suppose que ces pouvoirs ne sont pas miens par hasard, reste juste à comprendre comment ils fonctionnent et pourquoi je les ai reçu. Je vais faire le tour des temples, peut être que quelqu'un aura une meilleure réponse? J'ai envie d'arpenter la ville de nouveau, et les affaires sont calmes, de toutes façons. »
Elle échangea un regard avec Escad, et étrécit les yeux.
« Maître Caliban, pourriez vous nous laisser un instant, s'il vous plaît? »

Une fois qu'ils furent seuls, elle se concentra de nouveau sur Escad.
« Il y a quelque chose qui a changé chez toi, non? Je ne crois pas t'avoir jamais vu avec l'air...optimiste? Ce sont les récent succès des Corbeaux qui en sont responsables ou bien il y a quelque chose que tu ne me dis pas...? »
Un sourire naquit sur son visage.
« Comment va Jack, au fait? »

Les espoirs d'Escad furent rapidement déçus. Le vieux Caliban ne leur était d'aucune aide, et n'avait su apporter aucune ébauche de réponse. Bah, c'est pas vraiment sa faute... Au moins les manières de Berkalia avaient été irréprochables - non pas qu'Escad en eût douté un instant - et Sepherene semblait à l'aise en sa compagnie.

Pourtant, elle demanda à l'inquisiteur de sortir, de façon surprenante. Détachant son regard du homard de cuir, dont les yeux brillaient d'une intelligence aussi vive que la sienne, Blondin haussa un sourcil interrogateur à l'adresse de son amie. « Eh bien, quelle mouche te pique ? »

« Il y a quelque chose qui a changé chez toi, non? Je ne crois pas t'avoir jamais vu avec l'air...optimiste? Ce sont les récent succès des Corbeaux qui en sont responsables ou bien il y a quelque chose que tu ne me dis pas...? »

« Comment va Jack, au fait ? »

Il connaissait suffisamment Sepherene pour ne pas se sentir dérangé d'un tel interrogatoire. Optimiste, vraiment ? C'était peut-être vrai. Peut-être avait-il changé, ces derniers temps. Les tensions avec Gravius s'étaient quelque peu dissipées, il avait retrouvé Sepherene, et Jack lui avait réchauffé le coeur. « Qu'est-ce que tu racontes, je suis toujours le même ! » la provoqua-t-il en lui lançant le homard en pleine figure, avant de se saisir d'un oreiller-coquillage pour parer aux représailles imminentes.

« Non, je...tu dois avoir raison...probablement. Notre opération à Toits-Rouges a été la plus ambitieuse jusqu'ici et elle s'est déroulée sans accroc. » Gravius avait failli être brûlé vif, mais il passa sur ces détails pour ne pas effrayer son amie. « Mais je suis surtout content de t'avoir retrouvé, Seph. 'Faut avoir failli perdre ce qui nous est cher pour mesurer pleinement à quel point on y tient. C'est stupide, non ? »

« Et puis, il y a ma...euh... romance balbutiante avec Jack, oui. Encore merci de l'avoir hébergée dans ta chambre, l'autre soir. J'avais peur qu'elle soit blessée -c'est ridicule, parce qu'elle est sûrement meilleure que moi avec une lame- mais... elle a joué le rôle d'appât, et c'était vraiment dangereux » Il s'interrompit, et chercha le regard de l'elfe aquatique. « Je crois que je l'aime, » déclara-t-il pensivement. « Elle a l'air de vouloir s'accrocher malgré mon passé et mes... incapacités. Pas sûr que ce soit une bonne idée, et encore moins que je le mérite...mais... » Il se leva soudain et se mit à faire les cent pas, fixant ses pieds qui martelaient le plancher au même rythme qu'il entendait Vélane, dans la chambre du dessus, simuler -ou pas- sous les coups de boutoir d'un fougueux client. Ça me fait penser que je dois toujours lui parler des Corbeaux, et m'enquérir de sa situation familiale... mais le moment est sûrement mal choisi.

« ...C'est ironique, non ? » reprit-il à l'adresse de Seph en ignorant la nuisance sonore. «  Alors que l'emprise de Barzillai Thrune se resserre chaque jour et qu'il finira sans doute par nous broyer entre ses doigts, moi, benêt et amoureux, je ne pense qu'à me rouler dans l'herbe du parc d'Aria avec elle, en bénissant ma chance, » déclara-t-il sombrement, conscient que sa bonne humeur des derniers temps n'était pas de bon aloi. Tout en parlant, il se demanda ce que Caliban pouvait bien traficoter, seul dans le couloir. Peut-être aurais-je dû lui proposer d'attendre dans ma chambre. Bah... il trouvera bien de quoi s'occuper, entre le salon de danse et la taverne. L'idée incongrue que l'inquisiteur pût louer les services d'une professionnelle lui effleura l'esprit. S'il n'était pas marié, quel pouvait bien être le genre de femmes qui plaisaient à Berkalia ?

Modifié par un utilisateur mercredi 3 août 2016 07:27:06(UTC)  | Raison: Non indiquée

Escad s'était rembruni. « ...Oui. Elle n'est pas certaine que ce soit une bonne idée, mais elle semble vouloir que nous partagions nos fardeaux respectifs. » Il se leva. « Je vais aller voir Caliban avant qu'il ne commette l'irréparable. Il ne faudrait pas qu'il se mette en tête d'explorer le Diable et de faire du voyeurisme par les trous de serrure, je serais obligé de le foutre dehors. »

« Fais attention à toi, Seph. Je...je sais que tu as besoin de sortir et qu'il n'est pas bon de rester enfermée ici, mais... si tu te rends au Hall de l'Oiseau Siffleur, sois prudente. » Après une étreinte, il prit congé de son amie, et s'en alla retrouver l'inquisiteur de Milani. Le vieil homme n'avait pas bougé, et se tenait bien sagement dans le couloir. Escad s'arrêta à sa hauteur.

« Désolé pour ça, monsieur Ber...Caliban. Je pensais que, peut-être, vous sauriez nous apporter des réponses. Y a-t-il quelque chose que vous vouliez faire, tant que vous êtes là ? Vous n'avez pas envie de...euh... participer aux affaires de la boutique ? Henge engage des femmes mûres, aussi, vous savez. Sinon, on peut toujours aller boire un verre à la taverne, il y a des choses dont nous pourrions nous entretenir. »

Modifié par un utilisateur jeudi 4 août 2016 08:20:49(UTC)  | Raison: Non indiquée

Sepherene sourit, et posa la main sur celle d'Escad, dans un geste rassurant.
« Ne t'en fais pas, va, je me méfierais! Et j'éviterais les émeutes, cette fois! Et puis... »
Elle se dirigea jusqu'à son armoire, et repêcha, entre les robes et les étoles, un fourreau de cuir, et une rapière à la garde ouvragée.
« ...Je peux me défendre, si nécessaire. Vas donc retrouver Caliban, vas, qu'il ne fasse pas de bêtise! Et dis lui que s'il t'arrive malheur, il aura à faire à moi! »

Caliban commanda une boisson modérément alcoolisée, malgré son échec à comprendre ce qui étais arrivé à l'amie d'Escad. L'occasion restait à la fête après leur victoire contre Scarplume :

« En effet, cela faisait longtemps que je n'avais plus eu à affronter si puissant adversaire. Rien à voir avec les fées ou les troglodytes c'est sur. »

La conversation était plaisante chacun évoquant l'un ou l'autre faits d'armes entre deux banalités quand le ton d'Escad changea. Caliban se fit plus attentif et ne répondit que quand il fut sur qu'Escad s'était interrompu :

« Et bien nous avons tous faits des erreurs, moi même je m'en veux d'avoir été si souvent absent de Kintargo. Tu n'est pas obligé de m'en dire plus, cela dit je serais honoré si tu choisissais de te confier à moi.
Je te promet également de ne rien en dire aux autres si telle est ta volonté; Milani en soit témoin. »

Caliban attendit de voir s'il continuerais son récit, il n'avais pas peur des révélations, lui même avait été forcé de faire quelques actes abjects de par le passé. Ceux-ci avaient été faits au nom de la religion et de l’intérêt des masses; on l'avait même félicité une fois d'avoir accompli son devoir là ou un autre aurait peut-être refusé d'exécuter cette mission. Cependant certains ne lui avaient pas pardonné sa conduite après avoir apprit dans quoi il avait été impliqué.

Caliban ne s'était pourtant pas souvent impliqué personnellement dans une tâche avant sa rencontre avec les autres Corbeaux. Quand les choses devenaient personnelles l'inquisiteur pouvais se révéler un autre homme, c'est pourquoi il agissait beaucoup plus souvent au nom de Milani ou du peuple que ce qu'il agissait en son nom.

Je ne te fait pas l'affront d'un test de psychologie, Caliban ne met pas en doute ce dont Escad lui parle et ne cherche pas à savoir si il lui cache des éléments.

Modifié par un utilisateur lundi 8 août 2016 18:24:08(UTC)  | Raison: Non indiquée