Brock regardait Mikal d'un air ennuyé. « Je te dis ce qu'on m'a rapporté. Une constable, avec le symbole d'un dieu mineur et une tête d'ange. Elle aurait promis aux gars de parler au Premier ministre à propos des conditions de travail et de tout ce qui nous démange. Sauf qu'on dirait bien qu'elle n'a rien dit. On a aucune nouvelle. Elle s'appelle Rose, ou quelque chose d'approchant. Faut dire qu'il y avait un fameux potin le soir du baptême, c'était pas possible de parler au calme. Bref, tu connais Thames? Thames Grimsley, un ancien marin avec une cicatrice qui lui mange une partie du visage. Tu as du le croiser je suppose. C'est à lui qu'elle a parlé, la donzelle. Je sais pas si tu peux faire quelque chose mais les gars sont sur les nerfs. Il y en a qui se vengeraient bien de tous leurs malheurs sur n'importe quel uniforme... Et la fille leur a fourni une excuse de plus. »

Les deux hommes étaient assis dans une taverne enfumée de la Baie des Quarts. L'air n'y était pas de la première qualité, et il fallait pouvoir supporter les couinements du vieux piano, malmené par des musiciens plus ou moins chevronnés, mais la nourriture et les boissons étaient plus que correctes - voire même fort agréables - pour un prix raisonnable.

Mikal avait été engagé depuis quelques temps au constabulaire royal et il n'avait pas encore d'équipe attitrée. Le nom de Rose ne lui disait rien mais il était impossible de ne pas faire le lien avec Rozenn, une prêtresse de Milani qui faisait partie de l'équipe qui avait apparemment empêché l'explosion d'un nouveau navire de guerre, l'Impétueux quelques heures après son baptême. Ce complot, ourdi par la sœur du roi, la duchesse de Shale, ne s'était pas arrêté là puisque la même équipe de constables avait été envoyée avec l'armée reprendre une île que la duchesse venait d'arracher à Danor. Les journaux n'en parlaient pas encore mais Mikal était constable, et en tant que tel, forcément plus au courant de certaines choses que le commun des mortels. Quoiqu'il en soit, parler en privé au Premier ministre n'était pas donné à n'importe quel constable... Il fallait certainement à tout le moins être l'auteur de quelques coups d'éclat. Ou peut-être simplement avoir assez de cran pour l'aborder au détour d'un couloir? La hiérarchie appréciait-elle ce genre de prise d'initiative? Peu probable.

Brock scrutait Mikal, guettant sa réponse.

---

Stover Delft marchait de long en large - ou plutôt boitait de long en large - sans regarder son interlocuteur. Peut-être cela tenait-il au fait que l'inspecteur-constable en chef ne dialoguait pas avec Jean. Il monologuait, et le bruit de sa canne était seul à lui donner la réplique. « (...) Nous sommes quelque peu... débordés. Je ne vous livre là aucun secret d'état, il suffit de ne pas être complètement demeuré pour l'avoir remarqué. Or, on me dit que vous êtes loin d'être un abruti. Par contre, vous êtes un original. Qu'importe? On en trouve cachés sous chaque tonneau par ici. On vous dit touché par le don ancien et voici que vous chipotez aux machineries en tous genre. Je n'avais pas encore vu d'original comme vous mon vieux... Bref, j'ai lu votre dossier bien sûr, et rien ne s'oppose à ce que je vous débauche, à condition bien sûr que vous acceptiez de vous faire fouiller l'esprit par tous les moyens que nous jugerons appropriés. Quant-à votre race, vos collègues ne vous en tiendront pas rigueur, j'ai le plaisir de vous annoncer que le corps des constables a l'esprit ouvert, sur ce point en tout cas. Tant que vous veillez à ne pas molester la populace, tout sera donc pour le mieux.

Quelle heure est-il déjà? Je me demande si... Bref, vous réfléchissez, puis vous recontactez le bureau du recrutement si mon petit speech vous a fait de l'effet, compris? La marine de guerre, ça va un moment, mais pour un esprit comme le vôtre, ...  »

VLAN! Jean avait été poussé vers la sortie de la pièce sans s'en rendre compte et la porte avait claqué derrière lui.

Note importante : Jean est libre de son choix de carrière qui n'entravera en rien son intégration dans la campagne, quel qu'il soit.

Modifié par un utilisateur lundi 5 septembre 2016 11:05:26(UTC)  | Raison: Non indiquée

Jean Quéfils regardait la porte fermée à quelques centimètres juste devant son nez. Il clignait des yeux, manifestement perplexe. Une attitude peu coutume, chez lui... Il haussa finalement les épaules et se détourna pour avancer le long du couloir où il était resté planté, tout en soulevant son gambler. Une forme sombre surgit soudain du chapeau, comme un éclair de lumière noire. Liz voleta un instant vivement autour de lui avant de se poser sur son épaule droite en ébrouant ses plumes. Le maigre halo lumineux qui l'avait enveloppé durant son vol outragé disparut, laissant une constellation de ternes étoiles parsemer son plumage noire comme la suie.

D'un air absent, le tieffelin croisa ses bras, sa main gauche venant caresser délicatement sa barbichette. Le bas de son manteau grenat taillé sur mesure se souleva bizarrement dans son dos. Se dévoila alors une longue queue recouverte d'un fin duvet noir bleuté qui plongea dans une poche, d'où elle tira un fruit rouge qu'elle présenta au volatile. La grive attrapa délicatement la friandise avant de l'avaler goulûment.

« J'ai l'impression que cet homme plane encore plus haut que moi. Quel étrange entretien d'embauche, tout de même ! » L'oiseau secoua vivement la tête, comme pour déglutir plus rapidement la boule de gui qu'il venait d'engloutir. Un pépiement suraigu égrena quelques trilles de mots intelligibles, sur un débit presque trop rapide pour le suivre : « entretien ?! » Jean sourit. « Oui, tu as raison, un monologue, en réalité. Je n'ai même pas pu en placer une ! » Il secoua la tête avant de poursuivre : « en tout cas, le constabulaire royal a un dossier sur moi. Mon profil les intéresse. Mais le suis-je moi-même ? » Un trille coupa son propre monologue. « Hmm ? Oui, bien sûr, tu es avec moi. Je rectifie : le sommes-nous, de notre côté ? »

Son corps tout en hauteur était parvenu dans la rue à coup de longues et souples enjambées, comme si ses bottes impeccablement cirées cachaient des ressorts sous ses semelles. Il s'arrêta sur le seuil du bâtiment, perdu. Il avait pris un congé pour se rendre à la convocation du CR. Il ne savait pas à quoi s'attendre de ce rendez-vous. Son imagination débordante l'avait transporté dans un bureau richement décoré, pour assister à une opération de charme pour recruter son intellect brillant. Ou alors, il était au milieu d'une grande salle d'opérations militaires, avec des agents déplaçant des pions sur une carte magique de Risur, un colonel tiré à quatre épingles exposant d'une voix de stentor les dangers et les responsabilités d'un agent secret. Mais ça... ?!

Son esprit analysait une nouvel fois les paroles du dénommé Stover Delft. Ils étaient débordés, ce qui signifiait qu'ils étaient en sous-effectif. Mais y-avait-il eu une recrudescence de missions au CR ou une vague de décès inhabituelle avait-il balayé ses collaborateurs ? Et pourquoi le recruter, lui ? Parce qu'il était intelligent, et non pour son originalité, qui paraissait standard dans leur organisation, apparemment. Deux bonnes raisons de faciliter son intégration, en somme. Pourquoi diable avait-il évoqué des tonneaux ? Une expression anodine, sans doute. Mais rien n'était anodin chez les constabulaires, si ? Cette piste ne menait pas à grand chose. Il était probable que Stover ne songeait qu'à boire une bonne pinte de bière, après tous ses monologues de la journée...

Finalement, le seul argument qui pouvait le séduire laissait entrevoir un accueil des plus favorable par les membres de l'organisation. Sa propre expérience en la matière le faisait douter de cette affirmation, cependant. Les tieffelins inspiraient peur ou respect la plupart du temps, mais plus souvent le premier sentiment. Il n'avait que peu d'amis, à Flint, malgré qu'il y résida depuis plusieurs années. Néanmoins, cela le titillait de vérifier. Le soutien du CR serait un appui formidable pour réaliser ses projets, indubitablement. Et puis, on pouvait toujours démissionner, n'est-ce pas ? ... En fait, à la réflexion, il n'en savait rien. Encore une question sans réponse, et il détestait cela.

Il fit demi-tour pour rentrer de nouveau dans la bâtisse, cherchant les indications nécessaires pour suivre le chemin du bureau de recrutement. Fouiller son esprit ? Bah, il leur souhaitait bon courage. « Ce qui me chagrine, ce serait de revivre ton meurtre, Liz. Mais maintenant que tu es avec moi, je devrais pouvoir le supporter, hein ? » La grive pépia en réponse : « oh oui, ne t'inquiète pas, je me chargerai de te rappeler combien je suis vivante ! » Elle s'envola vivement pour se poser presque aussitôt sur le sommet du chapeau : « allez tourne à gauche ! Et il te reste bien une petite sucrerie ? »

Modifié par un utilisateur mardi 6 septembre 2016 21:06:30(UTC)  | Raison: correction jeton

Son esprit tentait de déchiffrer les petits panneaux affichés un peu partout. D'un air absent, il sourit à la constable. Machinalement, avec douceur, il serra en retour sa petite main perdue dans sa large paume. Le bref instant que s'accorda Dima pour replonger la tête dans sa pile de papiers suffit à l'attention de Jean pour se focaliser de nouveau sur les dossiers qui envahissaient l'espace et surtout, leur méthode de classement.

« Fascinant ! Aucun motif identifiable... Ce n'est pas alphabétique, a priori. Fonctionnel ? ... Pardon ? Oh oui, désolé ! Je m'appelle Jean Quéfils ! Enchanté de vous rencontrer, Mlle Grandroc ! » Il jeta un œil vers les étagères. « Pour commencer, je serais curieux de connaître votre façon de ranger autant de savoirs et son taux d'efficacité. Je ne reconnais pas là une méthode conventionnelle des bibliothèques que j'ai fréquentées. L'alphabet semble être exclu et je ne vois pas à quoi servirait la date dans ce contexte. L'affectation ? Est-ce une méthode apprise auprès des fidèles d'Abadar ? Le... Ouille ! »

Un petit coup de bec dans le coup avait interrompu son discours et ramené son attention sur Liz, puis Dima, en face de lui. « Hum... Enfin, nous pourrons voir cela plus tard, j'imagine... si vous êtes d'accord, bien sûr ! Les énigmes me font facilement perdre le fil. Bref, l'objet initial de ma visite concerne mon recrutement. J'ai rencontré Stove Delft. Un examen approfondi est nécessaire, afin de devenir constable, n'est-ce pas ? J'espère que ce n'est pas douloureux ? »

Le mage s'assit avec souplesse sur la chaise en face de Dima. Sa queue sortit de son manteau par le bas et souleva son chapeau qui flotta en douceur jusqu'à ses genoux en contournant ses épaules par la gauche. Dans l'intervalle, sa main droite vint ébouriffer ses belles boucles châtains, derrière l'oreille. D'un air gêné, il répondit :

« Oui, bien sûr, mes géniteurs... Hé bien je ne dispose guère d'informations précises à leur sujet. Père s'appelle Gustave Quéfils. C'est un ingénieur danoran. Il travaille... du moins, il travaillait dans l'industrie, sur Flint, mais je ne sais exactement chez qui, quand nous nous sommes perdus de vue. Je n'ai pas eu de nouvelles de lui depuis mon départ voilà... », un silence, ses yeux se perdirent dans le vague le temps d'une respiration, « quatre mille quatre cent soixante-douze jours. Oui, c'est mon anniversaire, aujourd'hui. La spécialité de Père concernait les homoncules, à l'époque. »

Liz vola jusqu'à une étagère dont l'épaisse couche de dossiers fournissait un nid presque moelleux, compte-tenu de son poids. Jean sourit, avant de poursuivre, ses yeux sombres posés sur la naine : « ma mère est morte peu après ma naissance, dans l'incendie d'une usine possédée par mon père, en Danor. Je ne l'ai donc pas connue. Après le décès accidentel de ma sœur, j'ai été éduqué par ma préceptrice d'alors, Irène. Clairvoyante halfeline, elle m'a accueilli dans son village jusqu'à il y a un an. J'aidais dans la ferme familiale. Nous avons parcouru ensemble la campagne, dans le cadre de ses fonctions. Nous avons visité un nombre incalculable d'endroits, et je dois avouer que les citer tous, de but en blanc, serait fastidieux et long. Je pourrais peut-être vous faire parvenir une liste exhaustive, si vous le souhaitez vraiment ? Quoi qu'il en soit, je suis de retour à Flint depuis deux ans, durant lesquels j'ai préparé plusieurs diplômes en mécanique, alchimie et magie à l'université de Pardwright. J'y ai aussi étudié l'histoire, la géographie et les mystères anciens. Je loge depuis mon retour chez une logeuse, près des quais. Je n'ai pas besoin de beaucoup de places et aime vivre à la belle étoile, sur le pont. À l'occasion, je réalise quelques travaux de recherche, en bibliothèque essentiellement. Actuellement, je travaille sur un projet de moteur à vapeur propre. De fait, j'habite le plus souvent à bord du bateau auquel je suis affecté. J'aime la musique du vent caressant les vergues des voiliers à quai. Le majestueux spectacle d'une voûte étoilée m'envoûte aisément une soirée entière. Aimez-vous aussi contempler le ciel nocturne ? Dans les bras de l'un de vos nombreux soupirants, je suis certain ! »

Il lui sourit plus largement, une lueur rouge sombre éclairant soudain le fond de ses yeux.

Brock hocha la tête en signe d’acquiescement. « Je ferai ce que je peux pour continuer à calmer les choses pendant quelques jours. Mais tu sais que je ne peux pas appuyer les constables trop ouvertement sans résultats, ou c'est moi qui perd toute crédibilité. Merci d'essayer en tout cas. » Brock vida son verre, qu'il reposa sur la table, et tendit la main à Mikal. « Allez, il se fait tard, je vais aller tendre l'oreille, voir ce que les gars mijotent, et voir ce que je peux faire pour calmer le jeu. »

Dehors, la soirée était déjà bien entamée. Même si les jours rallongeaient à cette époque de l'année, le ciel était déjà sombre.

---

Dima prit un porte-plume - un instrument d'écriture qui commençait à se répandre à Flint depuis que l'on en produisait au Lac des Pairs - et nota ce que Jean disait. Elle acquiesça lorsqu'il proposa de lui fournir une liste plus détaillée des endroits où il avait vécu. « Je sais que c'est fastidieux mais je veux bien que vous me fournissiez une liste, vous pouvez revenir la déposer demain si vous avez besoin de la soirée pour vous rappeler. Essayez simplement d'être aussi exhaustif que possible...  »

Lorsque le tieffelin posa une question sur le ciel étoilé, la constable répondit sans détours. « Peut-être que si j'avais du renfort ici, j'aurais le temps de roucouler, mais pour l'instant, ce n'est pas le cas. » Jean nota que Dima disait cela sans aucun accent de regret dans la voix. Si elle était romantique, elle devait bien le cacher.

Elle lui posa encore une ou deux questions administratives, notant ses réponses, puis lui donna quelques précisions sur la fonction de constable. « Bien, si vous êtes recrutés, autant vous prévenir, la paie sera bonne, de quoi vous assurer que vous ne manquerez de rien et de quoi disposer toujours du meilleur équipement, mais vous ne compterez pas vos heures. Vous serez affecté à une petite équipe, à moins que vous ne soyez là pour accomplir du travail administratif ou du développement scientifique. Vous serez évidemment appelable à tout moment, raison pour laquelle les constables disposent d'un meublé de fonction.

Fixons-nous un rendez-vous pour votre test? Le Premier ministre est en ville, il se charge personnellement de la chose pour la section de Flint à cause de la tentative d'attentat sur le VNR Impétueux. » Les journaux ne s'étaient pas emparés de l'affaire. Peut-être des pressions avaient-elles été exercées pour ne pas que l'histoire s'ébruite. Mais en tant que membre de la marine, Jean était au parfum, du moins dans les grandes lignes.

Jean sait en gros de quoi il s'agit via ses collègues de la marine qui étaient présents. (Voir résumé ici sur le premier post destiné à Mikal.)
Pour la liste des endroits où Jean a vécu, c'est purement RP, pas besoin de me la fournir pour de bon.

Modifié par un utilisateur jeudi 15 septembre 2016 10:26:51(UTC)  | Raison: Non indiquée

D'après son analyse des propos de Dima, il n'allait en effet pas s'ennuyer. Il se demandait vraiment si s'engager était une idée adaptée à ses objectifs. Le salaire était certes un bon point. Avec des frais de logement en moins, c'était deux vrais atouts pour financer ses recherches. Cependant, à quoi bon, s'il n'avait aucun temps disponible pour s'y livrer.

« Le... premier ministre ?! Je suppose que je pourrai toujours démissionner, si le travail ne me convient pas, n'est-ce pas ? Bon, j'espère être à la hauteur des héros qui ont été si efficaces, sur l'affaire de l'Impétueux. Le roi doit être bien affecté par cette histoire. » Son regard erra songeusement en direction de la grive, toujours nichée dans les dossiers, sur l'étagère. « Trahi par sa sœur... Quel malheur. » Il soupira.

« Qu'en penses-tu, Liz ? » L'oiseau tourna vers lui des yeux aussi sombres que les siens. Il pépia : « Tu pourras m'acheter plein de boules rouges. C'est bien ! Et nous aurons plein de problèmes à résoudre. » Décidément, elle le connaissait bien. Il lui sourit affectueusement avant de reporter son attention sur la naine. « Soit, ajoutez-moi dans l'agenda du Premier ministre »

« Hey ! Vous pouvez me demander directement ! » La grive s'envola pour se poser sèchement devant la naine, le déplacement d'air soulevant à peine une feuille sur le bureau. Elle dodelina de la tête. « J'ai une langue, après tout. » Le débit de son flot de pépiements ralentit. « Nous autres, les oiseaux, sommes des êtres ravissants, vous avez raison. Et aucun ne présente une aussi belle robe que moi ! » Le drôle de volatile étendit ses ailes et tourna sur lui-même. Dima avait l'impression de contempler un ciel nocturne à travers une fenêtre ouvragée. L'animal pencha la tête et fixa alternativement le biscuit et la constable avec vivacité, le reste du corps figé.

« Liz, un peu de respect ! Désolé, Mlle Masseroc. Je devrais peut-être lui fabriquer une version de chaperon spéciale pour fermer son bec. Elle est parfois insupportable. »

L'oiseau tourna brusquement la tête vers lui. Le ton de ses paroles laissait facilement imaginer un sourire moqueur, si un bec avait pu s'étirer ainsi. « Essaye un peu, bouclettes, et je raconterai certains détails croustillants de ta prime jeunesse, pour compléter leurs dossiers ! »

Jean prit un air outré et se redressa, faisant chuter son chapeau au sol. « Tu n'oserais pas ! Espèce de... ! » Il tenta de l'attraper, mais Liz était bien trop rapide. Son regard tomba alors sur le visage de Dima. Il se calma aussitôt, se rassit posément et sourit. « Euh.. oui, après demain, rendez-vous avec le Premier ministre, 7h. C'est parfait... Hum, où dois-je le rencontrer ? »

Note : vous n'êtes pas synchro et ne vous croiserez pas au constabulaire. Jean va a priori quitter ce dernier en début de soirée tandis que du côté de Mikal, la soirée est entamée. Je n'ai pas fait en sorte de "forcer" une rencontre qui aura lieu naturellement quelques jours plus tard.

Mikal héla une calèche qu'il prit en direction du District Central, là où se trouvait le constabulaire et également son meublé de fonction. Il vit le paysage familier de Flint se transformer et se raffiner au fur et à mesure qu'il s'approchait du centre administratif de la ville. Une fois arrivé au constabulaire, il fut informé par un garde posté à l'entrée que Stover Delft était déjà rentré chez lui. Il lui faudrait revenir le lendemain s'il voulait obtenir des informations plus précises sur Rozenn.

---

Dima gloussa discrètement et afficha un sourire complice pour la grive. « Pardon, tu as raison bien sûr, je me suis montrée fort impolie... » Elle tendit le biscuit à l'oiseau. Puis se redressa, reportant son attention sur Jean. « En nos locaux, présentez-vous à l'entrée et on vous indiquera l'endroit exact. » Elle se releva, fit deux pas vers Jean et lui tendit la main en disant : « Bien, si vous n'avez plus de questions, je vous raccompagne jusqu'à la sortie, je dois faire un saut au palais de justice avant qu'ils ne soient fermés. »

Jean se leva à son tour. Son pied bouscula un objet mou gisant au sol. « Oh, mais que fais-tu là, toi ?! » Il se pencha pour ramasser son chapeau, l'épousseta énergiquement tout en se redressant et le repositionna sur ses belles boucles châtain. « Allez, Liz, on est parti ! » L'interpellée s'envola, le biscuit dans le bec, pour venir se poser au sommet du couvre-chef, se nichant dans le creux pour déguster sa gâterie. « Mmmmh ! Merchi, Dima, ch'est délichieux ! Vous zêtes exchellente cuizchinière ! Héééé ! »

Le tieffelin dégingandé s'était courbé pour accueillir en retour la main tendue de la constable, déséquilibrant son hôte, lequel referma son bec pour retenir son précieux. Il tendit le coup pour remettre la petite gourmande d'aplomb, « désolé, Liz ! », puis s'adressa à son interlocutrice : « merci pour votre accueil, Mlle Rondroc. Je reviendrai vous voir, une fois embauché, pour discuter de ce mystérieux classement. Si vous êtes d'accord, bien sûr ! » Il sourit aimablement en penchant la tête. « Bon, et bien maintenant, il me faut prévenir mon employeur actuel de mon départ prochain, je suppose. À moins que l'un de vos services ne s'en charge si je suis recruté ? »

Mikal prit une grande inspiration avant de frapper à la porte de l'inspecteur en chef.

A son invite, il pénétra dans le bureau.

« Bonjour Chef Delft. Excusez-moi de vous déranger, mais j'aimerais trouvez le constable Rozenn et je ne sais si vous avez des nouvelles d'elle suite au départ du bateau. Si elle est sur une enquête spécifique, j'aimerais savoir où et dans quelles conditions je peux m'entretenir avec elle. »

Il y avait toujours une petite tension lorsqu'il s'adressait à son chef, dont les rapports humains étaient parfois résumé à leur portion congrue.