« Du calme, Aylora. Regarde... »

Triff ouvrit son grimoire avant d'expliquer. « Tu vois ce symbole. Il désigne ceux qui peuvent entrer dans le cercle magique qui est créé par le sort. Cà, çà signifie que toutes les créatures de très petite taille peuvent déclencher l'alarme si elles ignorent le mot de passe qui doit être utilisé avant de rentrer dans le cercle.

Certes ce sort permettra de détecter un serpent qui viendrait à passer, même le plus inoffensif. Mais ce sera aussi le cas si c'est un lapin, un hérisson ou même certains oiseaux de nuit qui viendraient à passer alentour. Cela signifie que chaque fois que nous aurons affaire à l'un d'entre eux, le sort va nous réveiller et nous empêcher tous de dormir et de récupérer.

Il vaut donc mieux que tu gardes tes chausses aux pieds si tu crains à ce point ces bestioles. Fais comme Zandar. Dors avec. En plus, d'après sa mère, çà lui évite d'avoir à laver ses pieds plus que de raison et de prendre froid. Et les inconvénients de ce système ne sont pas si terribles.

Ou alors, tu peux dormir dans la charrette. Je doute qu'un serpent puisse facilement y monter. Et puis, tu as des amis qui veillent sur toi. »

L'homme-rat faisait preuve de logique face à cette irruption d'une peur aussi irrationnelle chez une aventurière qui avait pourtant affronté avec courage des kobolds, un magicien ou une créature des ténèbres.

Triff alla quant à lui se coucher sous la charrette. Il retira son armure de cuir, posa à portée de la main son arbalète et ses carreaux pour qu'ils soient prêts à l'emploi en cas d'alerte, se nettoya avec un sortilège bien pratique puis se roula en boule sur sa paillasse, avant de s'endormir.

Il se sentait épuisé d'avoir autant marché. À ce rythme, il ne serait bientôt plus que l'ombre de lui-même et ne pourrait espérer séduire une femelle en perdant trop de poids et les réserves acquises à Clairchamp.

Après avoir fait un repas avec les rations de survie, le tour de garde se mit en place.

Aylora restait aux aguets, levant la tête de son livre de temps à autres afin de regarder vers l'obscurité. Sans doute une souris... un mulot... ou un insecte... Peut-être un peu trop gros pour un insecte vu le bruit des feuilles. Ou alors un GROS insecte ?!
La varisienne hésita à se lever : si elle le faisait, ça pourrait faire du bruit et réveiller les autres alors qu'il ne s'agirait que d'une fausse alerte. Mais si c'était une véritable alerte ?!
La jeune femme attendit un instant, tendue, et, ne percevant rien, se détendit à nouveau. Difficile de lire dans ces conditions.
Un sort de lumière pourrait aider mais aussi attirer des bestioles...
De dépit, Aylora referma son livre et patienta, le rouvrant de temps en temps au clair du feu lorsqu'aucun bruit ne se faisait entendre.

Au bout d'un temps tout à fait incertain, Aylora réveilla Triff.

Celui-ci fit son tour de garde avec une certaine difficulté d'attention. Mais rien ne vint troubler le sommeil de ses amis. Quand il senti le sommeil le gagner, Triff réveilla Zandar.

Ce dernier se releva et s'échauffa un peu les bras, faisant grogner Aylora qui trouvait tous ces mouvements trop bruyants à son goût. Zandar se fit plus discret et attendit devant le feu, remettant un peu de bois pour ne pas que les braises s'éteignent.

Il s'ennuyait ferme. Pire que le Guet de Clairchamp. Parce qu'en plus, un danger pouvait surgir à tout instant. Il se vit prendre son épée et faire semblant de s'entraîner à pourfendre des ennemis invisibles, le Dieu Zandar, fils de Gozreh !
Comme il était bon d'imaginer la gloire et la puissance.
De fil en aiguille, son imagination poursuivit. Son corps, lui, se fit de plus en plus détendu. S'allonger sur le côté était une bonne idée pour patienter...
Zandar l'invincible guerrier qui réduirait tous les ennemis de Clairchamp en poussière en sang et en os. Il y aurait peut-être même une fête en son honneur ! La fête de Zandar ! Ca se passerait forcément un Gozran...

Lorsque Miles se réveilla, le feu était éteint et Zandar ronflait, un filet de bave au coin de la bouche.

Le paladin soupira profondément en secouant la tête. Le ciel commençait juste à devenir plus clair. Le jeune homme loua Iomédae de l'avoir protégé durant son sommeil. Il attendit avec patience et dévotion que les autres se réveillent.

Lorsque le ciel fut tout à fait clair, Triff commença à bouger. Il se frotta les moustaches et alla sans faire de bruit près du paladin.
Zandar se réveilla en sursaut en lançant brusquement « Non non ! J'dormais pas !  », le regard encore tout ensommeillé.
Aylora se contenta de grogner, elle voulait encore dormir visiblement.

Je ne savais pas qu'un chevalier saint d'Iomedae pouvait ainsi être aussi facilement détourné de sa mission par une trouvaille quelconque. À ce rythme, nous ne sommes pas rendus. Mais il est vrai que les humains ont le temps. Heureusement qu'il ne s'agit pas d'un nain ou même d'un elfe.

« Préparons nous d'abord avant d'aller remplir nos gourdes. Il me paraît bien inutile d'aller au devant du danger alors que nous avons reçu une mission aussi importante à accomplir mais je vous accompagne, ne serait-ce que pour pouvoir affronter un éventuel danger. Et nous y verrons plus clair.

Ah, Aylora ! n'oublie pas de secouer tes bottes. On ne sait jamais ! »


Sur ses pensées, Triff fit une rapide toilette puis avala quelques bouchées de ses rations avant de ramasser ses affaires et d'enfiler, sur ses habits propres, son armure de cuir. Il profita de sa présence sous la charrette pour réviser son grimoire et lança discrètement sur les bottes de Zandar un sort qui les rendit aussi propres qu'au premier jour.

Bien obligée de se réveiller avec tout ce ram-dam, Aylora émergea, courbaturée de son séjour dans la charrette.
« Aïe mon pauvre dos ! » Elle vérifia non seulement ses bottes, mais son surcot de cuir, ses écharpes et son carquois ses sales bêtes peuvent se planquer partout. Elle imita ses compagnons en se restaurant et en faisant un brin de toilette, puis en se préparant à la mini-expédition vers la mare, tout en maugréant sur le soleil qui aurait pu prendre son temps pour se lever.
Elle prit cependant note de la rétivité de Triff et tenta de le motiver :
« Notre mission est certes importante Maître-Homme-Rat, mais imaginez qu'un danger se cache effectivement ici, à moins d'une journée de voyage de notre village, et qu'il pourrait remonter notre piste encore fraîche pour s'y rendre ? Cela ne vaut-il pas mieux de s'en soucier au plus tôt ? De plus Miles a fait vœu de combattre le Mal partout où il se trouverait, et ne peut se détourner de son but ... sauf s'il s'agit d'en débusquer une autre source. Moi en tout cas j'ai hâte d'examiner ces ossements à la lumière du jour. J'espère qu'ils sont bien anciens, et que l'on trouvera des indices sur celui à qui ils appartiennent, sur sa vie, son histoire, ce qu'il faisait là ... c'est passionnant non ? C'est comme si on ramenait à la vie une partie du passé de quelqu'un, ça me donne des frissons rien que d'y penser !  » Enthousiaste, Aylora invita ses compagnons à la suivre vers la source.

Les paroles de l'homme rat étaient des plus sensées : s'attarder ici pourra être fait sur le chemin du retour. Triff l'avait par ailleurs déjà noté sur la carte et l'endroit était assez singulier pour le retrouver facilement.

Le groupe alla à nouveau à la source qui n'en était pas une en réalité. Il s'agissait davantage d'une marre qui avait recueilli les eaux de pluies et qui faisait la joie des animaux du coin. Une biche détala à toute vitesse en entendant les pas des intrus.

Pendant que Triff et Zandar remplissaient les gourdes, Miles tentait de percevoir le mal. Il n'en était rien.

Aylora quant à elle, malgré tout très intriguée, alla vers le crâne et l'observa avec un peu plus d'attention. D'après les différents crânes qu'elle avait pu voir, cela ressemblait à un humain. Il n'y avait aucune brisure ni fêlure, à exclure donc un coup contondant qui l'aurait tué. Il y avait toutefois quelques éraflures, sans doute des animaux qui avaient grignoté la viande autour.

Espérant qu'il était déjà mort lorsque cela s'était produit, Aylora reposa le crâne à l'endroit où elle l'avait vu la première fois afin de poursuivre ultérieurement ses recherches.

Les gourdes furent remplies et le groupe était désormais prêt à partir.

L'inspection se révéla fort décevante. Les os, délavés par les intempéries, ne lui apprirent rien, et aucun objet ayant pu appartenir au défunt ne fut trouvé aux alentours. Il était vrai que les dépouilles à ciel ouvert étaient rarement porteuses d'informations, et Aylora leur préférait de loin celles qui étaient inhumées.
Maussade, elle indiqua au groupe qu'il n'y avait rien de plus, et qu'ils pouvaient reprendre la route.

Lame au clair posée sur le plateau du chariot, à portée de main, Alézandaru et ses compagnons faisaient le point à la première intersection atteinte depuis leur départ de Clairchamp.

Et tandis que mentalement, pour lui même, il tournait la carte en tous sens dans sa tête pour trouver le chemin le plus court, son œil fût attiré par une colonne de poussière ...

Instinctivement son regard se porta alors sur les côtés du chemin et il estima rapidement combien de temps leur serait nécessaire pour masquer leur présence au cavalier qui arrivait... Puis il se reprit bien vite, tout le monde était en droit de circuler en direction de Clairchamp et il y avait tout de même bien plus de chance que ce ne soit qu'un simple messager ...

« Hé vla quelqu'un ! » dit-il en désignant du menton la poussière qui s'élevait au loin.

Aucun village n'était répertorié sur les cartes. Soit ils étaient trop petits pour avoir été notés, soit ils n'existaient tout bonnement pas.

Néanmoins, tous savaient que dans les Hautes-Terres de Velashu, les Seigneurs des Chevaux et autres nomades arpentaient les plaines, se déplaçant au gré des chevaux sauvages et n'étaient guère agréables avec les intrus.

A moins que ce ne fut qu'un déplacement d'un troupeau...

Petit jet de perception pour voir correctement de quoi il s'agit !

Modifié par un utilisateur jeudi 2 mars 2017 09:25:56(UTC)  | Raison: Non indiquée