Le mage avait remercié chaque employé pour leurs témoignages et leur avait souhaité une aimable journée. La proposition de Sindaré lui convenait très bien. « Bonne idée, cette taverne ! » Un pépiement d'approbation, si l'on en jugeait par sa gaieté, fusa du chapeau du tieffelin.

Lorsque Mikal lui proposa de retourner auprès du corps, il déclina l’invitation : « je crois que nous devons libérer ce pauvre Lebrix, avant le consul ne lui tombe dessus ! J’ai déjà ma petite idée quant aux auras nimbant le corps, justement grâce à la potion dont j'ai identifié le contenu. On en parle en nous rendant dans cette taverne ? Cela convient à tout le monde ? »

Le mage préférait ne pas s'étendre sur le sujet, à l'intérieur de l'ambassade. Il avait félicité ensuite Lebrix pour son professionnalisme, confirmé qu'il serait le bienvenu pour une rencontre ultérieure, qu’il attendait avec impatience, et noté l'adresse du garde rentré chez lui, afin de pouvoir lui rendre une visite incessamment sous peu.

Les constables partirent donc après avoir noté l'adresse - située du côté du Lac des Pairs - du nouvel employé rentré chez lui plus tôt dans la matinée. Lebrix ne cacha pas son soulagement de les voir partir.

Vence ne remarqua aucune trace de sang dans l'allée que Nilasa aurait logiquement du survoler avant d'atteindre la grille. Le vieil homme qui avait lavé cette dernière ne semblait pourtant pas avoir passé le sol à l'eau car les pavés étaient tout à fait secs.

Mikal remarqua quant-à-lui l'adresse sur la boîte à gâteaux qu'il tenait en main, la "Taverne du Penseur". Il connaissait très bien l'établissement en question, niché dans la Baie des Quarts, fréquenté principalement par des dockers après le travail, lieu d'émulation artistique où l'on discutait aussi beaucoup de sujets de société, et en particulier des conditions de vie de la classe ouvrière.

Un policier en uniforme faisait les cent pas un peu après la grille. Bellastair était parti depuis belle lurette. L'agent de police donna aux constables la description du voleur telle que recueillie par ses collègues et lui-même : humain, peau mate, cheveux noirs, barbiche bien taillée, vêtements distingués, carrure svelte d'homme en forme. Ce dernier était parti par une ruelle que le policier indiqua aux constables avec des documents et un pendentif pris à la femme mourante.

Le récit résumé des faits d'après les témoins n'était pas très précis mais il ne collait pas vraiment avec l'histoire de Lebrix : la fille avait sauté par la fenêtre en la brisant, un bond prodigieux, presque comme un envol, mais elle n'était pas arrivée assez loin et avait fort mal atterri sur la grille. Ce n'est qu'ensuite que les coups de feu avaient été entendus. Deux passants avaient en outre mentionné une personne entièrement noire - vêtements et peau d'un noir de suie - qui s'était approchée de la fenêtre avec quelque chose de brillant à la main. Ensuite, il y avait eu pas mal d'agitation dans le jardin et les témoins n'étaient pas très précis sur les allées et venues aux alentours du consulat après le drame.

Sindaré mena ses collègues dans une taverne nommée "Le Point du Jour" qui n'avait pas vue sur la plage mais était réputée pour ses bouchées sucrées-salées aux fruits de saison. Elle n'était pas fréquentée par les plus riches propriétaires du quartier qui lui préféraient en général les luxueux hôtels en bord de mer ou les salons de thé à grandes baies vitrées des larges rues calmes du quartier. Au Point du Jour, il faisait aussi chaud à l'intérieur qu'à l'extérieur. Les constables n'avaient que l'embarras du choix pour s'installer. Le coup de feu de midi était déjà terminé.

« Ah... le Point du Jour... Je me fait nommer Risel dans le civil et notamment dans les tavernes, l'usage d'un surnom est parfois bien utile... »Dit le Demi-Elfe en rentrant le premier dans l'un de ses vingt-quatre lieux de débauche préférés, n'hésitant pas à serrer des mains à ceux qu'il avait l'habitude de rencontrer et distribuant les clins d’œil comme un mécène dans un pays pauvre.« Une table de cinq ! »Puis se ravisant après voir oublié Liz « Une table de cinq et un perchoir. »

Risel s'installa et commanda ses mets préférés, n'hésitant pas à préciser à ses collègues« Je vous conseil leurs brochettes de poulet à la mangue ainsi que leurs cèpes à l'orange. »Puis disant à voix plus basse, comme voulant distiller un indice important de l'enquête, à moitié caché par la carte du menu « Évitez de boire leur vin elfique. La plupart sont bouchonnés. » Avoua-t-il en sifflotant tout le long du repas un air gai et entraînant, en concert avec le familier du magicien Tiefling, lorsque celle-ci ne picorait pas les miettes du repas ou qu'elle était distraite par les aventures de la queue de Jean qui fit sourire timidement le Demi-Elfe à l'allure fringante malgré la chaleur, il était ici dans son élément.

« Intéressant »Remarqua-t-il à l'adresse de Jean « Bon boulot. De note côté, nous avons découvert que Nilasa avait été libéré sous caution après un flagrant délit de contrebande. L'homme qui paya la caution se nomme Heward Sechim et nous devrions trouver plus d'information à son sujet et peut-être celui de Nilasa au commissariat du Lac des Paires, un endroit que je préférais éviter personnellement. Nous devrions nous séparer à nouveau pour cet après-midi. Il me semble qu'un autre nom est sorti de cette infernale affaire »Puis regardant Jean « Sans injure, je le jure. »

Modifié par un utilisateur jeudi 9 mars 2017 21:29:47(UTC)  | Raison: Non indiquée

Vence s'installa à côté de Jean et en profita pour commander une des spécialités locales. Il écoutait celui-ci faire son résumé, dégustant en même temps ses bouchées avec délectation, lorsque quelqu'un lui tapa sur l'épaule droite. Il se retourna, étonné, une bouchée encore en main, mais ne vit personne. Peut-être était-ce quelqu'un qui l'avait bousculé en passant ? Il se concentra de nouveau sur le sujet de discussion, un air perplexe sur le visage.

Lorsque Jean termina son récit, il s'apprêta à prendre le relai, lorsqu'à nouveau il eut l'impression qu'on le sollicitait. De nouveau, il se retourna, et se contorsionna sur sa chaise afin de trouver le responsable. Avec le même échec que précédemment. Il retourna à son assiette, et la contempla avec surprise. Il avait rêvé, ou elle était moins remplie ? Peut-être avait-il mangé une bouchée de plus sans s'en rendre compte, captivé par leur mission ? Il regarda ses collègues face à lui, le regard interrogateur, mais aucun ne semblait pouvoir - ou vouloir - lui apporter de réponse.

Il se promit de ne plus se faire avoir, et tenta de se concentrer cette fois-ci sur le récit de Sindaré, puis de Mikal, avant d'enfin parler à son tour.

« Ton histoire colle avec ce que j'ai remarqué Mikal. D'après Lebrix, elle aurait été abattue en vol entre la fenêtre et la grille, et se serrait empalée sur cette dernière. Mais d'après des témoins, il s'agirait non pas d'un envol, mais plutôt d'un puissant saut, et les coups de feu auraient été tirés après qu'elle se soit empalée sur la grille. Ce qui colle bien mieux au fait qu'il n'y a aucune trace de sang sur le trajet menant de la fenêtre à la grille, ce qui devrait être le cas si elle avait été blessée en vol.

De plus, elle était censée avoir volé des bijoux et couverts de valeur, mais il n'y a eu aucune mention de documents. Là encore, on nous cachait des choses. Cependant, il y a un élément étonnant : comment se fait-il qu'ils n'aient pas fouillé le corps de la défunte pour ôter la potion et la lettre, ou pour nous révéler leur présence ? Pensaient-ils qu'un document de liberté sous caution nous ferait classer l'affaire ?

Quant à l'homme en noir, il ne correspond pas à la description de Lebrix. Je crois que, s'il ne vient pas se confier de lui-même, nous devrons le convoquer. Il y a une seule certitude dans cette histoire : ce n'était pas un simple vol d'objets précieux.

Je pense pouvoir me renseigner un peu plus sur la défunte et son cautionnaire. Je m'occupe donc de cette partie-là de l'enquête. »

Modifié par un utilisateur mercredi 15 mars 2017 23:47:34(UTC)  | Raison: Correction Jena => Jean

Uktar s'était fait plus discret, écoutant attentivement ses camarades. À dire vrai, il en profitait surtout pour manger, lui qui était affamé. Il confirma l'avis de Jean.
«  Oui, Lebrix va nous apprendre beaucoup de choses, il veut parler. Mon avis, c'est qu'on l'a forcé à couvrir une version, mais pour qui, et pourquoi? Nous devrons rester discret, il ne faudrait pas placer Lebrix dans trop d'ennuis, comme le royaume, les terrains diplomatiques sont toujours de vrais volcans sous leurs airs de roches paisibles, ne demandant qu'à exploser. »

« Copieux ? » releva Vence. « J'ai encore de la place pour le dessert ! » Il en profita pour commander quelques gourmandises au serveur.

« Bon, on se donne rendez-vous où, et à quelle heure ? »

Modifié par un utilisateur mercredi 22 mars 2017 16:36:13(UTC)  | Raison: Non indiquée

Voyant que le groupe était en fait sur le départ, le serveur apporta à Vence quelques macarons que le rôdeur pourrait emporter avec lui. Après que tout le monde se soit mis d'accord et que l'a note ait été réglée, les constables se mirent en route vers leurs destinations respectives. Sindare et Vence iraient chacun de leur côté tandis que Jean, Uktar et Mikal suivraient ensemble la piste du poivre de fée.

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SINDARE

Sindare se dirigea vers les Aiguilles en calèche - voyage cahoteux s'il en est - et dut payer la course avant d'être arrivé à destination puisqu'il lui fallait passer par des ruelles étroites et encombrées de brol pour arriver aux abord du Pont des Oies. Cet amas de planches branlantes ne méritait presque pas la dénomination de pont, tant il était petit et en piètre condition.

Arthus avait ses raisons pour vivre près d'un tel endroit, mais il était difficile de les concevoir. Le plus dérangeant était peut-être l'odeur extérieure qui n'était pas fameuse, voire plutôt pestilentielle par endroits. Sindare se dirigea vers la petite maison grise qui ne payait pas de mine, au coin d'une ruelle. Il savait que l'intérieur de la demeure d'Arthus n'était pas désagréable et plutôt bien aménagé, mais c'était néanmoins bien loin de ce que le cambrioleur aurait pu espérer s'il avait réussi à percer comme "visiteur nocturne" de demeures nobles et bourgeoises. Le destin en avait décidé autrement.

Sindare frappa à la porte de son ami d'enfance sans oublier de s'annoncer par son surnom - Risel - et il n'eut pas à attendre longtemps avant que ne lui parvienne un bruit de pas et que la porte ne s'ouvre en hâte. Le demi-elfe avait bien sûr prit soin d'enlever tout signe distinctif de sa fonction avant d'arriver. Arthus ne lui aurait pas pardonné de se pavaner avec les insignes officiels de constable qu'il valait mieux porter dans un consulat. Mais l'accueil ne fut pas pour autant des plus chaleureux.

Arthus jeta un œil par dessus l'épaule de Risel, comme il l'appelait, puis s'écarta de la porte prestement, ouvrant le passage. « Magne-toi d'entrer, t'es pas bien pour venir directement chez moi alors que ta trogne est parue dans tous les canards y'a à peine quelques semaines? Si quelqu'un te reconnaît, j'vais devoir vendre des couleuvres aux frangins... » Il est vrai qu'après les évènements de l'Île de l'Axe, certains journalistes avaient réussi à prendre en photo les éphémères héros de Risur. Risel sentit l'odeur d'un bâtonnet qui brûlait pour camoufler les effluves nauséabondes qui filtraient depuis l'extérieur mais ne put déterminer de quel parfum il s'agissait.

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VENCE

Vence commença par se rendre au commissariat du Lac des Pairs pour obtenir des informations concernant le dossier de Nilasa Hume. Les usines alentour recrachaient leurs fumées en nappes plus ou moins opaques qui stagnaient au dessus du Lac. L'odeur caractéristique de l'industrie de Flint était ici partout, exacerbée par la chaleur, et bien différente de celle du riche district de Rivage Nord ou des druides payés par des nobles et de riches bourgeois purifiaient l'air en manipulant les vents et en repoussant les fumées toxiques qui y parvenaient depuis le lac. Les industriels qui habitaient Rivage Nord tenaient fermement à laisser l'air enfumé du Lac des Pairs à leurs ouvriers et à ne surtout pas le laisser approcher de leurs belles demeures.

La calèche de Vence s'arrêta net à un moment donné, juste après avoir apparemment roulé sur une série de nids de poule. Lorsque le constable voulut savoir s'il devait continuer à pied, le cocher répondit : « Vous n'avez pas senti? Ce n'est pourtant pas une mauvaise route... » Après quoi l'homme remit le véhicule en marche.

En entrant dans le commissariat, Vence sentit une certaine tension. Les hommes étaient relativement peu nombreux et pas mal occupés. Plusieurs personnes attendaient déjà leur tour. Mais Vence n'avait pas le temps d'attendre deux ou trois heures dans l'atmosphère brûlante du bâtiment que l'on s'occupe de lui, et il n'en avait d'ailleurs pas besoin. Il lui suffit de montrer ses insignes pour qu'un inspecteur s'approche de lui, faisant patienter un peu plus la bourgeoise endimanchée qu'il était venu appeler. Celle-ci s'était levée, pleine d'espoir, voyant son tour arriver, et elle se rassit aussi sec avec un air qui oscillant entre l'irritation et la résignation.

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UKTAR, JEAN, MIKAL

La Taverne du penseur, avait expliqué Mikal à ses collègues, était un endroit plutôt haut en couleur. Si elle pullulait d'artistes, d'étudiants de toutes spécialités, de philosophes et d'ivrognes en soirée, quelques habitués ne se lassaient pas de s'y retrouver en après-midi, pour écouter de la musique, débattre des questions politiques actuelles, ou simplement pour boire un verre. On y entendait souvent des chansons et poèmes sympathiques à la Duchesse de Shale, à l'Aquilone, ou à d'autres figures pro-feys. Les "penseurs" de l'endroit étaient partisans de la cause docker. A part cela, le prêtre se rappelait que l'endroit comportait une grande salle principale et une salle de jeu - plus petite - au rez-de-chaussée. Il ne s'était jamais rendu à l'étage, où les intellectuels habitués de l'endroit tenaient leurs réunions.

Aux alentours de la taverne, l'ambiance des lieux se faisait déjà pressentir. Un groupe de musiciens et de passants parlait avec fièvre des auditions organisées par Randall Pell, compositeur de renom en provenance de Slate, dont les constables avaient vu le nom récemment dans la presse quotidienne qui annonçait le recrutement par le célèbre artiste de musiciens pour des spectacles qu'il dirigerait à l'Opéra Navras de Bois-Nuage.

Les constables connaissaient leur métier et savaient que la Baie des Quarts n'était généralement pas l'endroit le plus accueillant lorsqu'il s'agissait d'obtenir des informations. Les constables étaient plus respectés que la police mais ils restaient néanmoins des représentants de l'ordre...

En entrant dans la taverne, Jean, Uktar et Mikal sentirent distinctement le sol trembler. Quelques légers craquements se firent entendre tandis que les liquides s'agitèrent dans les verres posés sur les tables de l'établissement. Du fond de la salle, un orc, peut-être un marin au vu de sa tenue, lança un guttural « TREMBLEMENT DE TERRE! ». Mais la secousse n'avait pas duré et un homme d'une quarantaine d'années répondit simplement : « Ne cédez pas si facilement à la panique. Flint est géologiquement stable depuis sa fondation. Un tremblement de terre y est aussi improbable qu'un blizzard. Ce n'était probablement que le plancher qui se tassait légèrement. » Voyant que le sol était redevenu tout à fait stable, les clients ne tardèrent pas à se reconcentrer sur leurs boissons et reprirent leurs discussions.

Derrière le bar, un homme plutôt âgé attirait l'attention par sa taille impressionnante et sa voix tonnante tandis qu'il bavardait avec des clients. Des serveurs s'affairaient pour servir ces derniers, qui occupaient des tables seuls ou à deux, à l'exception d'une bande de musiciens regroupés et apparemment animés d'une effervescence créatrice.

Modifié par un utilisateur vendredi 24 mars 2017 13:54:57(UTC)  | Raison: Non indiquée

Uktar regardait le cadre et les acteurs de la scène que la vie jouait devant eux. Toute cette vie, cette effervescence, titillait son intellect et sa soif d'apprentissage : on en apprenait plus sur une ville dans un lieu pareil que dans un manuel de l'académie. En attendant que Jean prenne les devants, Uktar commanda une boisson, la plus typique du lieu, et écoutait la musique qui berçait ses oreilles.

«  J'adore ce genre de lieu, regardait toute cette vie! On est loin du monde convenu et faux de ce matin. C'est une drôle d'affaire quand même. Je me demande pour quoi elle est morte, et pour qui. »

Vence réfléchissait à l'affaire tout en dégustant ses délicieux macarons dans la calèche qui le menait au commissariat du Lac des Pairs. Le document trouvé sur Nilasa provenait d'ici, il espérait ainsi en apprendre plus de la bouche de l'officier qui avait été en charge de son arrestation.

Lorsqu'il arriva au commissariat, il put constater le peu d'effectifs dont ils disposaient. Il s'avança, et après avoir présenté son insigne, sourit poliment à la dame qui espérait qu'enfin son tour était arrivé. « Pardonnez-moi madame. » lui dit-il avec un sourire d'excuses avant de se tourner vers l'inspecteur. « Bonjour inspecteur. J'aurais besoin de voir immédiatement l'officier qui a été en charge de ce dossier. » dit-il en présentant le document de liberté sous caution et en tapotant du doigt le nom de Nilasa afin de ne pas le nommer à haute voix, avant de le rouler de nouveau pour éviter tout coup d'œil de curieux alentour. « Je compte bien entendu sur votre rapidité et votre discrétion. » rajouta-t-il avec un regard appuyé.

Vence espérait qu'il pourrait rapidement avoir des informations officielles et complètes sur la défunte. Après quoi il irait voir Aristide. Bien qu'il ne s'agissait pas de son district, la contrebande était sa spécialité, et il ne doutait pas qu'il serait capable de lui fournir des pistes intéressantes.

J'ai estimé évidemment que Vence avait récupéré le document concernant Nilasa puisque c'est lui qui s'occupe de cette partie-là de l'enquête.

SINDARE

Le mobilier de la piaule d'Arthus n'était pas de mauvaise facture, au contraire, et quelques beaux objets et tapis ornaient même l'endroit. Le curieux mariage d'une maison miteuse aux murs délabrés avec son aménagement intérieur de qualité donnait l'impression au visiteur d'entrer dans l'antre d'un pirate tel qu'on les dessinait dans les contes. La lumière tamisée et les recoins sombres qui s'en cachaient renforçaient cette sensation.

« Mouais, un truc ou l'autre, tu sais, la routine. » La vie avait éloigné les deux amis et Arthus ne se confiait maintenant plus à Risel que lorsque ce qu'il avait à dire ne le concernait pas directement. Il ne rendit pas son accolade au barde mais se dirigea vers une commode où trônait une magnifique carafe remplie d'un liquide ambré et servit deux verres. « Allez, assied-toi, prends un verre et dis-moi ce qu'il te faut, tu n'es pas là juste pour les mondanités, j'me trompe? » Trois fauteuils aux tissus chamarrés entouraient un tapis de maille que surplombait une table basse ronde en bois ciré foncé. Arthus s'assit dans l'un d'eux, invitant Risel à l'imiter.

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VENCE

« Laissez-moi regarder? » L'inspecteur de police prit le document que Vence avait replié et le parcourut discrètement, ayant saisi l'intention du constable. « D'accord, je vais me renseigner, attendez-moi un instant je vous prie. » Il rendit le document à Vence et revint quelques minutes plus tard, portant avec lui un fin dossier. « L'inspecteur qui s'est occupé du cas est absent. Il a travaillé toute la nuit, le Chiffonnier nous occupe pas mal en ce moment... »

Le Chiffonier était un tueur en série dont on disait qu'il rôdait dans les allées sombres des canaux la nuit et commettait ses méfaits sur de jeunes hommes dans les égouts. Plusieurs disparitions lui étaient attribuées durant l'année passée et la presse avait mentionné quatre nouveaux cas ces deux dernières semaines. Les constables seraient peut-être mis sur le coup si la police continuait à piétiner, mais les victimes qui lui étaient attribuées n'avaient rien d'éclatant et beaucoup pensaient que ce prétendu Chiffonier était en fait une fable couvrant des meurtres commis par la guilde locale des voleurs.

L'inspecteur guida Vence vers un endroit tranquille où il pourrait examiner les documents manuscrits qu'il avait à présent en main. Les documents n'étaient pas très détaillés mais Vence put se rendre compte que Nilasa était bien connue des services de police depuis quelques temps déjà. Le dossier contenait une liste de ses quelques dernières résidences connues et de différentes arrestations pour des délits mineurs (petits vols et abus de confiance) qui avaient été commis lorsque Nilasa était encore mineure d'âge et pardonnés suite à une circulaire du gouverneur Stanfield comme c'était très souvent le cas pour les casiers de délinquants mineurs d'âge qui ne comprenaient pas de faits "graves".

La dernière arrestation datait d'une semaine. Nilasa avait été prise avec deux autres hommes lors d'un raid effectué sur un repaire de criminels suspecté d'être au cœur d'opérations de trafic de drogue et de contrebande. Elle était maintenant accusée de soutien à des activités criminelles. Tandis que Nilasa devait être jugée bientôt, les deux hommes, Ford Sorghum et Travis Starter, avaient été envoyés directement au Réformatoire Estuarien pour violation des termes de leur libération sur parole. Le Réformatoire Estuarien était une véritable prison flottante située sur plusieurs bateaux au large de l'île des pins et fondée par le richissime Guy Goodson. Sa mise en place avait été approuvée il y a peu - quelques mois à peine - par les instances dirigeantes de la ville.

Le nom d'Haward Sechim était à nouveau mentionné dans le dossier en tant que garant ayant payé la caution de Nilasa. Son adresse - une usine du Lac des Pairs - était également notée.

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UKTAR, JEAN, MIKAL

Le grand homme au bar, qui semblait être un patron, riait à gorge déployée et parlait fort. La musique s'arrêtait souvent pour que les musiciens débattent du meilleur accord à ajouter à tel ou tel endroit. Apparemment, à cette heure d'affluence modérée, la taverne leur servait d'endroit de répétition. Il était en fait difficile de dire s'ils faisaient partie des employés ou des habitués.

Le serveur, un jeune humain svelte qui avait la démarche adroite des gens ayant de l'expérience dans son métier, apporta de la bière à l'ortie au vu de la demande d'Uktar. « Cette bière ne se trouve pas n'importe où. Elle est très demandée, il n'y a que deux endroits où la trouver en ville: chez nous, ou directement à la brasserie qui l'a inventée. »

Se tournant vers Jean, le serveur répondit: « Oh, nous n'en avons plus aujourd'hui, ils sont en général tous vendus avant le début de l'après-midi. » L'homme n'avait pas eu l'air de relever le mot "planant", il continua comme si de rien était. « Beaucoup de personnes achètent nos brigadiers en matinée, comme mignardises pour accompagner le déjeuner ou la fin du dîner, mais je prends mon service en après-midi, alors je ne connais pas tout le monde, Monsieur. » Pour autant que les constables puissent en juger, le jeune homme n'avait pas eu de réaction suspecte.

Note importante concernant les repas: (petit-)déjeuner au matin, dîner à midi, souper au soir. Si j'adopte la terminologie française, je vais oublier une fois sur deux donc je garde la version belge qui correspond aussi au vocabulaire de l'époque où nous jouons.

Modifié par un utilisateur mercredi 29 mars 2017 13:44:07(UTC)  | Raison: Non indiquée