Kwurzk fut surpris par l'initiative d'Anne-charlotte et de Sorio et se parvint à grand peine de sourire d'un air mauvais.
S'arc-boutant pour maintenir sa prise, il cria à son tour par-dessus les éléments : « Ohé à Babord, bougez vous le cul, le mât peut céder d'un instant à l'autre ! Faut pas lâcher vos bouts bande de mains molles ! Si la voile se déchire ou se met à battre ou si le mât craque on va se faire tuer bordel !!! M. Plugg, bon sang, faut pas qu'on mollisse ou le navire va prendre cher !!! Sorio la vooooiiileeeee ! ! »

Le nain mit les bouchées doubles pour resserrer la voile de son côté.

Kwurzk gueula par dessus le déchainement des éléments :
« Prier pour cette main-molle tombée à la baille par sa propre faute ! Je crois surtout que c'est pour nous qu'il faudrait prier, si jamais ce mat craque on va y passer ! Allez bordel, fouettez-vous les muscles et lâchez pas, on va y arriver ! »

Modifié par un utilisateur mardi 11 avril 2017 14:22:28(UTC)  | Raison: Non indiquée

Kwurzk soufflait et laissait ses muscles endoloris se reposer, mais son sang ne fit qu'un tour lorsque Maître Fléau vint à nouveau leur chercher noise. Le fait que Kwurzk soupçonnait que le Maître d'équipage ait pour une fois parfaitement raison ne changeait rien au fait que le nain avait décidé de toujours lui tenir tête, d'autant que là Sorio et Anne-Charlotte risquaient plus qu'un sale quart-d'heure...

En se levant avec difficultés, le nain força sa voix pour répondre au barbu : « Maître d'équipage, ce fumier d'Eyle m'a privé d'un combat contre lui par sa seule faute. Il aurait du répondre devant moi de ses actes à notre prochaine halte et il me fait lâchement faux bond simplement parce qu'il n'a pas su faire son travail et qu'il a connement lâché le bout qu'il aurait du agripper comme sa vie.
Y a pas de coupable, pas de responsable à blâmer, Eyle s'est foutu au jus tout seul à cause de la tempête, c'est tout.
Vous savez quand je suis monté la première fois sur un navire le capitaine m'a dit : "le marin qui tombe à la mer n'a pas sa place sur un navire." Je crois que c'est tout ce qu'il y a à dire.
Ce ne sera pas la première fois que l'océan aura fait justice par sa seule action...  »

Modifié par un utilisateur mercredi 12 avril 2017 10:34:21(UTC)  | Raison: Non indiquée

Bessel s'approcha, l'air furieuse
«  Attendez chef, tout le monde a tenu son poste pour tous nous sauver les miches, y en a un qui glisse, et c'est la faute des autres? Si c'était ours-hibou qui était tombé, vous auriez râlé? ou moi? J'crois pas ... Eyle a pas l'air d'avoir beaucoup d'équilibre, il a du me droguer pour réussir à fourrer son bâton en moi ... d'ailleurs, est ce que vous insinuer que les gens ont fait exprès de le laisser crever ou tomber? Tout le monde ici sait qu'avec une bonne excuse, je l'aurais buté, ce fils de chien, je lui aurai planté une dague entre les couilles et je serai remonter jusqu'à sa gorge pour m'en faire une couverture l'hiver. Je l'aurai laissé agoniser dans son sang, en hurlant alors que je sectionnais ses chairs lentement, ça ici en bas, tout le monde le sait, alors personne, personne ici aurait pris le risque de faire une connerie pour qu'il crève comme ça dans l'eau, alors que c'est MOI qui aurait du le crever. Il a glissé parce qu'il était certainement trop occupé à se marrer ou préparer un coup de pute, comme d'habitude. On ferait mieux de vite lui trouver un bon remplaçant, pour vite se remettre au boulot demain. »

Fléau semblait furieux de la tournure des événements. Qu'une bande de cloportes et de moins-que-rien se mettent à défier son autorité le faisait enrager intérieurement. Mais l'intervention de Sorio appuyée de celle des autres avait eu un impact sur ses suivants, les faisant douter de leur propre force. Aussi, lorsqu'il voulut répliquer, Fléau fut aussi le premier à se rendre compte que les siens et une partie de l'équipage présente sur le pont n'étaient plus aussi acquis à sa cause. Ou du moins que son image d'autorité sans faille avait été entamée.

Telle une hyène qui se savait en position de faiblesse, le maître d'équipage fit donc une grimace en retroussant son nez. Il se racla ensuite la gorge avant de cracher un gros mollard aux pieds des marins éprouvés. « J'laisse tomber pour l'instant. Mais croyez pas que j'vous crois innocents pour autant. On verra une fois à terre et devant le capitaine si vous tiendrez toujours le même discours. Le dernier à l'avoir trompé s'est retrouvé emprisonné dans cette cage. » lança Fléau en pointant du doigt la cage qui se tenait suspendu à mi-hauteur du mât d'artimon. Le cadavre qui se tenait à l'intérieur se trouvait dans un état de décomposition prononcé et lorsque le vent venait cueillir le navire par l'arrière, l'odeur de putréfaction venait se rappeler au bon souvenir de tout l'équipage.

Puis, n'ayant rien d'autre à ajouter, pas d'autres menaces à formuler, Fléau fit un signe à ses hommes pour leur indiquer de rebrousser chemin, laissant Kwurzk et les siens libres de respirer à nouveau.




Perception. DD15. Profession (marin). DD12.

Les jours suivants furent à la fois plus simples et plus compliqués à gérer pour l'équipage. La tension continuait à monter entre le groupe des nouveaux et celui de M. Plugg. Les accrochages se faisaient plus réguliers, et il n'était pas rare de voir l'un des proches du groupe de Kwurzk se faire punir abusivement à l'Heure du Sang. Les pirates qui n'avaient pas encore été pris à parti voyaient la situation se détériorer et le besoin de se rapprocher de l'un des deux groupes dans l'intérêt de sa propre survie. Shivakah décida par exemple de finalement rejoindre le camp de Plugg et Fléau tandis que Samm avait choisi celui de Kwurzk et des siens. Le travail et les liens développés par Anne-Charlotte, Kwurzk et Bessel à ce titre leur permirent d'ailleurs de solidifier leurs alliances et de récupérer leurs affaires à tous auprès de Grok. Celle-ci s'était finalement rangée à leur côté grâce à Ambrose Tripaille-de-poiscaille.

Et bien sûr, pendant ces jours qui défilaient, il fallut aussi faire son boulot à bord. Le surlendemain de la tempête, les hommes s'étaient retrouvés confrontés à une absence de vent qui leur fit perdre deux jours de navigation. Il fallut aussi faire face à un problème de denrées alimentaires pourries et d'eau contaminée, qui avaient été mal entreposées au niveau du pont intermédiaire. Fort heureusement, Anne-charlotte et quelques autres matelots qui avaient été envoyés à la pêche par M. Plugg sur un récif proches revinrent avec les nasses pleines de crabes. Pour certains, le quatorzième jour à bord fut aussi le jour de l'apprentissage à l'abordage. Riaris Krine avait rassemblé les nouveaux sur le pont à la demande du capitaine et leur avait expliqué la base de la manœuvre aussi que son danger et les bonnes réactions à avoir. Aussitôt terminé, elle envoya ensuite les nouveaux dans un canot mettre en pratique ses consignes. Les premiers essais furent souvent laborieux. Mais les lancers de grappins se firent de plus en plus précis et l'escalade de la coque également, malgré les objets que les matelots restés à bord leur balançaient depuis le pont principal. À la fin de la journée, tous avaient au moins eu un aperçu de l'épreuve qu'était l'abordage.

Le train-train quotidien amena finalement l'Absinthe et son équipage 20ème jour de navigation. En cette fin d'après-midi, Anne-Charlotte postée à la vigie venait d'être rejointe par le curieux et volubile Ratus. « Alors, quoi de neuf ? » L'homme-rat semblait espérer que quelque chose viendrait le divertir dans cette journée qui avait commencé de manière plutôt monotone.

Besoin d'un test de perception pour Anne-Charlotte. DD15

Kwurzk s'était rendu compte que le navire faisait voile vers le Sud et la mer de fièvre et se demandait quel était le plan du Capitaine. Avec un équipage semblable à une poudrière alkenastre en plein soleil, se retrouver isolés au milieu d'une mer sans îles pourrait s'avérer problématique, surtout si le vent venait à manquait comme cela leur était arrivé les derniers jours. Kwurzk n'avait pas voulu faire appel à sa magie balbutiante pour invoquer un vent éphémère qui aurait gonflé leurs voiles, il gardait les secrets de ses pouvoirs pour ceux qui étaient réellement avec lui. Il avait ainsi régulièrement abreuvé ses amis d'eau pure et avait purifié les mets avariés qu'ils avaient pu récupérer, par la grâce du Grand Tout.

L'entrainement à l'abordage qui leur fut infligé fut l'occasion pour Kwurzk de faire montre de toute son opiniâtreté. Bien qu'handicapé par sa jambe de bois et le peu de repas qu'il parvenait à ingurgiter, il fit montre d'une fureur digne de la réputation des combattants nains et parvint à prouver qu'il saurait tenir son rang au combat. Après tout, un abordage n'était guère plus dangereux et intense qu'une chasse à la baleine ou au dragon-tortue, qu'il avait pratiqué en apprenti toute sa courte vie d'adulte.


La direction prise par l'Absinthe l'intriguait néanmoins beaucoup, d'ordinaire les pirates se rendaient au Nord de l'Oeil d'Abendégo pour commettre leurs méfaits. Le Sargava payait un tribu et les tribus Mwangi n'avaient pas beaucoup de choses à piller... pourquoi aller au Sud ?

C'est lors d'une de ces séances d'interrogation intérieure que le nain fut surpris par le cri d'Anne-Charlotte. L'excitation qui perçait dans la voix de la pirate le fit sourire. La vie et la mort, cette femme était décidément un mélange furieux des deux pulsions primaire de l'être. Il se leva et se tourna vers la cabine du Capitaine. Sa réaction serait intéressante. S'il délaissait une prise potentielle c'est qu'il cherchait autre chose. Mais sinon cela pouvait vouloir dire également que ce navire était la proie que le Capitaine cherchait... ou simplement qu'ils étaient tombés dessus par chance, en espérant qu'il ne s'agissait pas d'un navire de guerre cheliaxien ou rahadoumi qui se serait aventuré si loin au Sud pour quelque raison stratégique et obscure.

Attendant les ordres du Capitaine, sa main caressa légèrement le manche de la dague qu'il portait à la ceinture à tout moment depuis de nombreux jours désormais. Peut-être que sa lame connaîtrait le sang de quelque étranger innocent avant de connaître celui de Maître Fléau finalement...

Modifié par un utilisateur mercredi 19 avril 2017 14:49:03(UTC)  | Raison: Non indiquée

La voix d'Anne-Charlotte porta jusqu'en bas du mât, et aussitôt Syl relaya la nouvelle avec à peu près autant d'enthousiasme de sa voie fine et stridente. Tous les pirates présents sur le pont s'arrêtèrent alors pour exulter de joie et vérifier si Anne-Charlotte avait vu juste. Le capitaine Harrigan présent à la barre eut également le même réflexe et porta sa longue-vue à son œil. Cinq longues secondes s'écoulèrent avant qu'il ne confirme lui aussi l'information. « Navire marchand en vue ! Que la déesse pirate soit avec nous. Le drapeau indique un navire rahadoumi ! Syl, barre-moi ce navire ! À bâbord toute ! » Rangeant sa longue-vue, il harangua alors Anne-Charlotte. « Hey, toi la vigie ! Garde-moi bien ce navire en vue. Qu'on prenne ce navire et tu auras droit de choisir ta part du butin en premier. Vu ? Et vous autres, bandes de bons-à-rien, plus de toiles ! Toutes les voiles ! On va profiter cette fin de journée et surtout de la nuit pour le rattraper et l'aborder au matin. » Devant l'assurance de leur capitaine, plusieurs marins lancèrent des cris de joie avant de se mettre à l'ouvrage. Toutes les voiles furent sorties et la poursuite engagée.

À côté d'Anne-Charlotte, Ratus frétilla de la moustache. « Doublement bien joué ! Tu t'es faites remarquer en bien par le capitaine, et tu vas pouvoir assurer ta part du butin ! J'te laisse là le temps d'agrandir la voilure. Avec un peu de chance, on pourra souffler à la tombée de la nuit. » Mais malheureusement, le capitaine ne leur en laissa pas l'occasion. Veillant au grain, il balança ordres sur ordres, directives sur directives, laissant à peine deux heures à son équipage pour souffler au milieu de la nuit. Mais au lever du jour, le résultat était là : l’Absinthe se trouvait à un demi-mille de la Promesse de l’Homme.