Uktar avait été surpris par le réveil de Mikal, mais son réveil était aussi surprenant qu'il était véridique. Uktar acquiesça à la proposition et le laissa faire. Sans doute, il savait s'en tirer et parvint à soutirer déjà quelques précieuses informations. Mais le bon fond d'Uktar eut difficile à jouer le jeu du mensonge sur les blessures de Nilasa, on ne parlait pas de rendre des blessures graves légères, ou de minimiser une peine, mais de faire croire à une vie alors que tout ce qu'il restait était un cadavre. Contrarié, il l'était assurément, bien que ce qui le contrariait davantage, c'était son incapacité à franchir ce cap, qui, comme il le voyait à présent, était diablement efficace. Il se contenta de jeter un coup d'œil autour d'eux tout en restant attentif à la discussions entamée.

« L'usine, oh... euh... les Acides et Solvants Sechim. Monsieur Sechim emmène parfois ses travailleurs ici pour boire un coup, c'est comme ça que j'ai rencontré Nilasa et trouvé un deuxième boulot d'appoint et... » Elle s'interrompit brusquement et poussa un petit soupir aigu, comme si elle venait de comprendre la nouvelle qui lui était annoncée. « Pas d'espoir? Mais... Vous êtes sûr que c'est elle? Je peux quand-même la voir, hein, dites? » Les larmes lui montaient au yeux lorsqu'elle murmura : « Nilasa, Nilasa, j'aurais du partir bien avant elle! Mais qu'est-ce qui lui est arrivé? »

Mikal jeta un regard en coin aux autres constables avant de répondre. « Et bien, pardonnez-nous, mais nous ne pouvons pas donner de détails pour le moment, à cause d'une affaire sur laquelle nous enquêtons, et je crains que seule la famille soit autorisée à voir un proche dans ce genre de circonstances, je suis sincèrement désolé, Madame. » Ce que Mikal disait aurait pu manquer de cohérence aux yeux d'une personne instruite ou en pleine possession de ses moyens, mais Barb ne se trouvait dans aucun de ces cas de figure, et elle ne sembla pas faire la fine bouche sur les vagues explications fournies.

Pour autant que les constables puissent en juger, elle était soit très peinée, soit excellente actrice.

S'inquiétant de la mine déconfite de Barb, le géant quitta le bar et vint se mêler de la conversation. « Ahhh qu'est-ce qui se passe ici, Barb, ils te font des misères ces jeunes drôles? ». Apparemment, il n'était pas du genre à ménager la susceptibilité de ses clients au détriment de son personnel. Cette taverne était décidément un endroit à part...

La serveuse répondit dans un souffle. « Non, Tad, c'est Nilasa, tu sais, la jeune fille avec qui je travaille chez Sechim... » Elle s'interrompit, retenant visiblement ses larmes et rajouta : « Excuse-moi Tad, j'ai besoin de me rafraîchir, je reviens dans cinq minutes. » Elle se leva et se dirigea vers la cuisine au pas de course, sous le regard étonné d'une bonne moitié des occupants de la taverne.

Le géant regarda les constables d'un air courroucé et dit : « Je n'aime pas ça du tout. Je ne sais pas qui vous êtes ni ce que vous voulez mais vous feriez bien de déguerpir avant que je change d'avis! »

Modifié par un utilisateur mardi 18 avril 2017 16:48:21(UTC)  | Raison: Non indiquée

SINDARE

Sindaré devait refaire en sens inverse le chemin des Aiguilles vers le reste de la ville et il dut marcher un bon moment avant de trouver un véhicule à sa disposition. Cela n'était guerre inquiétant car il avait encore largement le temps d'arriver au rendez-vous du soir et il devrait même probablement l'attendre.

Sur le chemin du retour, il entendit à plusieurs reprises des conversations entre voisins qui parlait d'une secousse ou d'un léger tremblement de terre arrivé quelques dizaines de minutes plus tôt. Il n'avait quant-à lui rien senti mais il était vrai que les cahots de la calèche dans laquelle il se trouvait à ce moment-là avaient pu masquer la chose, à moins évidemment qu'il se soit endormi, ce qui n'était pas le cas. Il n'y avait visiblement pas de dégâts, le phénomène avait du être très limité, et relevait plus du sujet de bavardage croustillant que d'une catastrophe naturelle.

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VENCE

Vence arriva à la Baie des Quarts après une deuxième course en calèche. Comme il l'avait supposé, Aristide ne se trouvait pas à l'Auberge du Bataillon, mais jeter un coup d’œil en passant et saluer Esther par la même occasion ne coûtait pas grand chose, d'autant plus que Vence avait encore un tout petit peu de temps devant lui.

Esther ne se trouvait pas plus à l'Auberge du Bataillon qu'Aristide, le vétéran se rendit donc directement au commissariat voisin. Aristide était un homme occupé, inspecteur-en-chef dans la police marchande, mais qui ne rechignait jamais à passer un moment avec Vence si cela était possible. En entrant dans le bâtiment de police, le vétéran aperçut son ami penché sur un dossier, visiblement en train d 'étudier les détails d'une affaire en cours.

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UKTAR, JEAN, MIKAL

Le patron regarda les constable sortir avec une mine contrariée mais ne fit pas plus d'histoires. Certains clients s'étaient déjà levés en prévision d'une éventuelle rixe, mais ils n'eurent plus qu'à se rasseoir, Uktar ayant choisi de ne pas rajouter d'huile sur le feu. Ils se dirigèrent donc vers les quais qui abritaient l'échoppe d'un alchimiste nain de la connaissance de Jean. Celui-ci était à peu près certain que son contact aurait des infos sur le poivre de fée, car le nain en connaissait un rayon sur les processus alchimiques, et ne délaissait pas les domaines des drogues et des poisons.

L'échoppe du nain était bien ouverte à cette heure, la devanture était quelque peu décrépie et il y régnait une légère odeur indéfinissable pour qui n'avait pas d'expérience de la chimie, certainement un mélange de vapeurs de différentes substances, rehaussée d'un relent de cigare froid.

Des bocaux de plantes séchées étaient empilés sur différentes étagères, tandis qu'un petit nombre de fioles se trouvaient dans une vitrine fermée à clefs derrière le comptoir. Les alchimistes avaient souvent peu de stocks de substances toutes prêtes, celles-ci étant trop susceptible d'être volées ou trop dangereuses. La plupart d'entre eux travaillait majoritairement sur commande, ce qui semblait être le cas d'Orrud Drin. Un côté de la boutique était réservé à des articles de droguerie: savons corporels, savon noir, parfums, poudre dentifrique, vinaigre blanc, blanchisseurs de linge et consorts s'entassaient dans un joyeux méli-mélo de produits domestiques divers et variés.

Le nain se trouvait derrière son comptoir, affairé avec un registre quelconque, et il émit un grognement amical en voyant Jean rentrer.

Modifié par un utilisateur jeudi 20 avril 2017 19:39:09(UTC)  | Raison: Non indiquée

Uktar fit un signe de tête au nain en entrant. La boutique était intrigante, il en fit lentement le tour, regardant chaque pot, chaque produit, dans une saine curiosité qui l'interrogeait sur l'utilité et le procédé de fabrication de chaque chose. Il s'interrompit quand Jean eut finit de poser sa première salve de questions, dans l'attente des réponses de leur hôte.

Jean était un peu déçu, mais s'attendait plus ou moins à cette réponse.

« Tout ce que je peux te dire, c'est que la drogue a été fourrée dans des brigadiers, en provenance de la Taverne du Penseur. »

Il regarda son ami, une lueur d'espoir encore vacillante dans les prunelles.

Vence venait assez régulièrement voir son ami pour que les policiers ne lui demandent plus ce qui l'amenait ici. Ils continuèrent donc leur travail sans s'inquiéter de lui, lui accordant juste un bref signe de tête pour le saluer, salut qu'il rendait toujours avec un sourire poli.

Il s'approcha d'Aristide, et l'interpela. « Salut Aristide ! T'es bien occupé à ce que je vois. Rien de grave au moins ? T'as un peu de temps pour moi ? »

« On va faire un petit tour, ça me dégourdira les jambes après mes trajets en calèche. » sourit le vétéran.

Il sortit du bâtiment avec son ami, en échangeant quelques banalités : sa santé, des nouvelles de sa famille... Une fois dehors, et suffisamment éloigné du commissariat, il entama le sujet qui le préoccupait. « Dis-moi, si je te dis Nilasa, Ford Sorghum, et Travis Starter, ça te dit quelque chose ? Une petite bande qui a été arrêtée il y a une semaine suite à un raid effectué sur un repaire de criminels suspecté d'être au cœur d'opérations de trafic de drogue et de contrebande. »

Connaissant son ami et sa passion pour tout ce qui touchait au commerce et à la contrebande, il ne doutait pas qu'il voyait de qui il s'agissait. « Eh bien... La femme était en conditionnelle, mais elle est morte, au consulat danoran, dans des circonstances étranges. Empalée sur la grille. Elle aurait volé quelques objets de valeur au consulat. Mais des témoins ont vu quelqu'un prendre quelque chose sur sa dépouille avant de s'enfuir, et il semblerait que ce soit des documents.

J'aurais besoin de ton aide, si t'as des infos sur elle, où sur ceux avec qui elle bosserait ces derniers temps. Les deux autres purgent leur peine au Réformatoire Estuarien. Par contre, un certain Haward Sechim avait payé sa caution de liberté conditionnelle. J'ai son adresse, mais avant d'y aller, j'aimerais en savoir plus sur lui. Tu le connais ?

Je me demande pourquoi on l'aurait embauchée pour voler des documents au consulat, et qui ça pourrait intéresser... Des idées ? »

Uktar attrapa le tabac en remerciant chaleureusement leur hôte, il regardait Jean, et demanda
«  Dans l'optique de l'utilisation de cette drogue pour une baisse de vigilance, y a t'il d'autres drogues plus puissantes pour ce genre d'effet sur le marché? Car si c'est le cas, on peut partir sur l'idée que le dealer ne devait pas vendre de version plus aboutie de ce type de produit, sinon ils en auraient acheté. Ça peut peut-être restreindre notre liste. »



Une fois dehors, il répondit à Jean
«  Le plus important, c'est Lebrix, un lapin risquerait de le braquer, ou qu'il disparaisse avant qu'on n'ait les informations qu'il possède. Le tripot peut attendre je pense. »

Modifié par un utilisateur jeudi 27 avril 2017 13:54:02(UTC)  | Raison: Non indiquée

« Comme l'a suggéré Orrud, je suppose qu'il s'agissait juste d'étourdir les consommateurs. Une frappe chirurgicale, en somme. Ce qui en dit long sur les intentions des "empoisonneurs", au passage. Sans compter qu'un produit plus efficace coûte bien plus cher. »

Il marqua une pause, avant de hocher la tête. « En route pour rencontrer Lebrix, alors. » Il baissa le regard vers le tabac emporté par Uktar. « Tu apprécies le cigare ? »

Mikal regardait au loin, prêt à héler le premier fiacre qui arriverait. « Et bien, ce nain avait l'air bien renseigné sur les coulisses de son business. Il faudrait que j'apprenne à me faire un peu plus ce genre d'amis, je trouve ça plutôt utile, à condition bien sûr d'être prêt à fermer les yeux de temps en temps ou ne pas trop poser de questions... » Il afficha un sourire entendu à l'attention de ses collègues. « Rejoignons l'une des rues principales, on y trouvera plus facilement une calèche. » Puis, semblant tout à coup se raviser, il ajouta : « Quoique... Nous avons le temps de marcher jusque là je pense, il reste encore un peu de temps, si vous êtes d'accord de prendre l'air bien sûr. » Ce disant, il se mit en marche.

Je finirai avec Vence, vous pouvez discuter encore en attendant, et on se rejoint très bientôt au point de rdv avec Lebrix donc, sauf avis contraire de votre part.