Peu avant l'arrivée de la caravane dans Unaimo, Quoovar partit seul de son côté. Il ne voulait pas être (trop) associé à la caravane avant d'en savoir un peu plus. Aussi passa-t-il d'échoppe en échoppe, glanant après de menu achat les quelques rumeurs qui peuplaient un des rares centre d'habitation, aussi modeste soit-il, dans cette immensité glacée. Il se déguisa rapidement en ulfen et, utilisant sa maîtrise de la langue, essaya de mentir sur son appartenance à la caravane pour avoir des informations extérieures. Si quelque menaçait la caravane, il voulait le savoir le plus rapidement possible.

Une fois la journée passée, il rejoint le groupe pour leur livrer ce qu'il avait glané. Mais il fut surpris par l'apparition d'un homme masqué aux mains bleus en compagnie de Shae et de Kurimi. Toujours adepte de la prudence (certains pourraient dire "paranoïaque"), Quoovar s'enfonça dans les ombres pour essayer de surveiller cet homme et d'en apprendre un peu plus sur lui, essayant tant bien que mal de ne pas être distrait par la danse et le jeu de scène d'Aloïs et d'Amaya. Malgré l'ambiance, le bruit, les sens de Quoovar étaient largement suffisant pour ne pas rater un mot échangé avec l'étrange homme. Son discours était très intéressant, mais encore fallait-il être un peu plus sûr de sa véracité, et dans quelle mesure cet étrange être pouvait être utile à Ameiko.

Kurimi était sans voix, elle se demandait ce qui les avait trahi toutes les deux. L'homme venait assurément du Minkai, et en savait beaucoup. Son esprit semblait fin, et elle savait les samsaran plutôt enclin à faire le bien, mais cette invitation et ce masque lui permettait de rester aisément méfiante bien qu'il soit un compatriote.
«  Bien, j'irai certainement me promener et faire le tour des lieux et de ce qu'ils y vendent, si quelqu'un a besoin de compagnie, et qu'Ameiko est en sécurité, je l'accompagnerai. » dit-elle dans une tentative de se sociabiliser un peu avec d'autres membres de la caravane.

L'homme buvait à travers la fine fente de son masque avec une facilité déconcertante, ce qui ne l'empêcha pas de saisir et d'en reverser une partie quand Aloïs parla.

«  Demain? Vous partez demain? » il s'essuya le masque et la bouche avec sa manche.
«  Je ne suis pas certain de pouvoir honorer votre commande d'ici demain Shaelanyla, sauf à vous accompagner, mais le cas échéant, je vous rembourserais. » Répondant à la fois à Aloïs et Amaya, il ajouta
«  Quand bien même les kamis seraient muets, il n'est pas question de courage, mais d'intelligence. Retourner au Minkai pour subir, ça n'a aucun sens. Retourner au Minkai pour suivre un seigneur de guerre motivé par le gain ou la puissance, c'est dangereux et stupide. Retourner au Minkai parce qu'il peut légitimement être sauvé, ça fait sens, et c'est un devoir. Une occasion comme celle ci, j'en vois peut-être deux à trois fois par cycle, je compte bien la saisir, à dire vrai, avec ou sans vous, il serait difficile de m'empêcher de vous suivre et vous aider, sauf à me tuer, et, sachez le, je ne voyage jamais vraiment seul. Mais, rassurez vous, je préfère faire ça le plus normalement possible, et me présenter devant votre ... chef. Les gens, dans l'ensemble, m'aiment bien ici, même si certains, à juste titre, se méfient de ceux à qui parlent les esprits. Mais mon avenir n'est pas ici, sauf à ce que les dieux souhaitent me faire payer chèrement des vies antérieures. Vous êtes un groupe d'une variété peu commune, votre demi-sœur Amaya, comme vous, doit être quelqu'un d'exceptionnel pour amener tant d'allégeances variées. Et je présume d'ailleurs que je suis loin de voir là tout son cheptel de croyants. »
Varian se sentait légèrement épié, mais rien ne pouvait confirmer cette intuition, et, fataliste, il ne chercha point à en savoir davantage, celui qui l'observait était soit très loin, soit très doué. Il se tourna vers la samurai, parlant un peu moins fort.
«  Vous ne vous êtes pas trahi, Samurai, mais je sais reconnaître ,un ouvrage de cette qualité quand j'en vois un. Encore plus quand j'en vois deux. Et c'est là une bénédiction, car sans ça, j'aurais pu vous laisser filer vers un destin difficile, sans moi.
Pour ne rien vous cacher, il m'est difficile de contenir mes larmes à imaginer que ce que je vois, et ce que j'en déduis, soit bien réel. J'oserai d'ailleurs vous demander, avant de la voir : était t'elle toujours restée à vos côtés, où l'avez vous découvert ou retrouvé quelque part? » Son visage semblait pointé vers la ceinture de Kurimi.
«  Mais oui, ça sera un honneur de voir votre Ameiko demain, si elle le souhaite. »

Varian se mit à ricaner avec bienveillance.
«  Oh, mes affaires seront bien vite rassemblées, et ce qui vous convient me conviens. Pour la discrétion, je suis tout à fait d'accord, c'est la raison pour laquelle je n'ai rien nommé. Vous faites bien de ne pas vous fier trop vite, ni de trop vous mettre en avant, si l'on omet votre petite danse, la route est encore longue. Finissons notre verre avant de nous séparer, il me restera ainsi à voir Ameiko, ainsi que .. Quoovar je crois. »

En ayant suffisamment entendu, Quoovar sort de la taverne discrètement. Une fois dehors, il se dirige vers ce qui sert de marché. Il utilise son chapeau de déguisement pour revêtir l'apparence de Yogo. Le samsaran est sensiblement différent de lui, mais il espère qu'une illusion mineure suffise pour l'usage qu'il veut en faire. Sous ce déguisement, il passe d'étal en étal, de manière à apprécier la réaction des marchands en fonction de leur origine. Si ce Yogo est honnête dans ses déclarations, alors la majorité des marchands du campement réagiront favorablement à des discussions innocentes.

Une fois finit, quitte à bluffer pour s'assurer que son test a bien fonctionné, il retournera vers la caravane pour rencontrer officiellement ce Yogo. Il ne voyait pas d'inconvénient à avoir un allié supplémentaire, mais Quoovar avait un certain penchant pour la paranoïa, et il n'accordait pas sa confiance facilement. Il savait que son rôle dans la caravane, si on pouvait appeler ça un rôle, était de prévenir autant que possible les dangers. Il ne voulait pas courir le risque de se tromper dans l'évaluation de ce Tian.

Modifié par un utilisateur samedi 29 avril 2017 05:10:13(UTC)  | Raison: Non indiquée

L'homme au masque s'approcha de la caravane, les bras tendus allongés sur ses côtés, manifestant ainsi de loin sa passivité. Il se laissa fouillé, son arbalète, non armée, et son tanto ancestral. Il baissa ensuite les bras pour approcher la dirigeante du campement. Les membres de cette caravane ressemblaient à une représentation vivante d'une carte de la Mer Intérieure, et plus loin encore. Varisien, Tian, Ulfe, elfe-noir mélangé, Chélaxien ... les soutiens d'Ameiko étaient variées. Il s'inclina devant chaque présentation, ce qui lui parut une éternité.

Il posa les genoux au sol, et ses mains sur ceux ci, inclinant la tête vers la cheffe.
«  Namaste Ameiko Kaijitsu. Vous pouvez me considérer aussi bien comme un maître tatoueur. que comme un shaman. Certaines m'appellent shaman, d'autres sorcier, d'autres encore oiseau de malheur, mage, pratiquant des arts. Je préfère le terme de communiant.Les esprits, les kamis, les dieux parfois, me parlent. Et moi, j'utilise ce savoir, et celui accumulé dans mes vies antérieures, pour un monde meilleur.
Reprenons donc vos questions, une à une, si vous le voulez bien.
Ici, on m'appelle Varian, mais mon vrai nom est Yogo Kuni. Je suis un samsaran, une créature qui n'est pas enfantée normalement, mais s'incarne ou se réincarne à travers une autre naissance. Je viens du Minkai, comme mes derniers incarnations, et je sers de transfuge entre les mondes autres et les esprits invisibles et le notre. La famile Kuni servait l'ancienne famille impériale, qui n'est plus vraiment. La famille Kuni sert l'Empire depuis des siècles, par ses prêtres, ses arcanistes et ses marchands.
Ma position à Minkai est actuellement celle de traître ou de déserteur, ma famille refusant de se plier au Régent. Je fais partie d'une société appelée La Voie de la Kirin, une société de marchands et de lettrés qui visent, par des moyens moins guerriers quand elle le peut, à plus de justice sociale et marchande.
J'ai fui car j'avais le choix entre mourir, ce qui n'aurait rien résolu, rester en me soumettant, ou partir en suivant les conseils des esprits, qui m'ont emmené ici, il y a plusieurs mois. Je ne crains pas la mort mais je me suis promis de faire de ce cycle un passage à la vertu expansive, répandant le bon et le juste où je le pouvais, alors je prends des risques, mais calculés. Renverser le Régent n'avait de toute manière aucun intérêt réel, il n'y a personne pour prendre la couronne légitimement.
Pourquoi vous accompagnez? Oh, c'est très simple. Vous êtes plusieurs personnes ici à être tianais ou demi-tianais. Vous, et votre demi-sœur, la Matsu, Hibana au nom de famille lointain, et quelques autres. Vous vous promenez avec le daisho de la seule famille royale dont n'a jamais su si elle avait été décimée ou si elle avait fui. Et vous voilà, vous rendant vers le Minkai. La plupart de ceux que j'ai croisé sont prêts à mourir pour vous, alors que vous n'êtes ni de la même famille, ni soldats, ce ne sont pas vraiment des manières du coin d'où vous venez. Alors j'en déduis, à tort peut-être, que vous êtes impératrice, et votre demi-sœur, la seconde sur la liste.
Une raison de vous accompagner, et de rentrer. Vous aurez besoin d'aide, et moi, je pourrais continuer à œuvre à mon but tout en vous servant légitimement.
Je pourrais aussi vous dire que je m'ennuie ici, et que je peux vous avancer ou offrir de l'argent pour la route, pourquoi pas pour acheter ici des marchandises pour votre couverture marchande? »

Quoovar s'était à son habitude tenu à l'écart. Malgré les mois passés, si son armure et son équipement s'étaient améliorés, en particulier avec le reflet caractéristique du mithril sous ses vêtements usés par la pluie, il avait gardé une apparence "discutable". Son visage, au teint terreux et maladif, ses nombreuses cicatrices d'un ancien temps, les brûlures sur la partie gauche de son visage comme pour enlever les traces d'un tatouage compromettant, ses cheveux blond platine tellement proche du blanc pour un jeune homme comme lui finissait d'achever un tableau qui signifiait pour beaucoup "attention, se méfier".

Quand Ameiko demanda l'avis de ses compagnons, Quoovar prit la voix, doucement puis comme certains n'entendaient pas suffisamment, un peu plus fort.

« J'ai enquêté hier sur Kuni-san une fois que je vous ai surpris dans la taverne hier soir. » Quoovar fait bien en sorte d'éviter le regard de Yogo, car il savait qu'il avait fait ça sans être aperçu et que ça risquait de lui déplaire. De même, il ne savait pas trop comment Ameiko et les autres réagiraient de se savoir épiés comme ça. « Pour ce que j'ai pu glaner comme informations, il est ce qu'il dit être : soit sa couverture a été longuement étendue et mise en scène, ce que je pense peu crédible vu que nous sommes sortis du bois il n'y a que quelques mois, soit il est effectivement une sorte de shaman bienfaisant et son histoire tient la route. Pour ma part, j'appuie votre proposition de l'accepter dans la caravane. Par contre, j'aurais une question pour Yogo : la magie que vous utilisez, elle provient des kami, mais est-elle d'origine divine ou arcanique ? Je n'ai pas pu l'identifier durant mon enquête, et cela titille ma curiosité. »

Après la possible réponse de Yogo, Quoovar met en garde Ameiko sur un autre problème.

« Par contre, Ameiko, plusieurs rumeurs dans le village parlent de personnes d'ascendance Tian qui seraient passées par
Unaimo en direction du nord. La coïncidence ne m'en parait pas une, de coïncidence, et il semblerait que nous sommes en train d'être doublés dans une possible course... »

Kurimi n'avait pas dit un mot avant qu'on ne le lui demande, elle acquiesça à la décision d'Ameiko, et fut surprise par les enquêtes de Quoovar.
«  Je suis d'accord également, je connais de loin la famille Kuni, quand j'ai quitté l'Empire, elle faisait partie des familles honorables qui faisaient rayonner l'Empire. Ce qui est plus préoccupant, c'est ce passage de Tians »

Ameiko jeta un coup d'oeil à Kurimi et Aloïs.
« Effectivement, ces rumeurs sont inquiétantes. Je pense que nous devrions repartir aussi vite que possible. Si quelqu'un essaye effectivement de nous doubler, nous ferions mieux de ne pas perdre de temps, et si c'est un piège ou de la surveillance, nous pouvons peut être les prendre de vitesse en nous dépêchant. Sandru m'a confirmé qu'il avait presque terminé ses préparatifs, et Ulf est revenu hier soir. Apparemment, la saison avance plus vite qu'à l'accoutumée, et nous serions bien inspirés de repartir rapidement dans tous les cas. Ce qui nous ramène... »

Elle reporta son attention sur Yogo.
« Si vous tenez absolument à payer votre passage, je ne refuserai pas, mais je pense que nous avons ce qu'il nous faut pour terminer notre route. Dans tous les cas, nous allons repartir demain, une heure après l'aube. Si il vous faut du temps pour rassembler vos affaires et faire vos adieux, ne tardez pas trop. Quelqu'un a des questions? »

Ameiko parcourut le groupe du regard, et hocha la tête avec satisfaction.
« Très bien! Puisqu'il n'y a pas d'objection, à vos affaires, camarades! On part bientôt, et si il y a quelque chose que vous voudriez faire avant que nous partions, je vous conseille d'en profiter, nous n'allons pas revoir la civilisation avant un ou deux mois! »
Ameiko elle même leur sourit, et profita de l'occasion pour attraper Amaya par la manche et l'entraîner dans les allées d'Unaimo, Kuro et Hibana trottinant sur leurs talons, bientôt suivies par Kurimi.


23 Arodus 4716 - campement de la caravane du Dragon Rouillé, à l'aube
La caravane bruissait d'activité alors que le soleil se levait sur Unaimo. La nuit avait été courte: Ameiko avait donné des consignes, et tout le monde s'était empressé de se préparer, avec plus ou moins d'enthousiasme. Shayliss en particulier regrettait leur départ soudain d'Unaimo, tout comme Wen, et Jal bouillonnait toujours de jalousie. Les autres non plus n'étaient pas ravis de quitter les lieux, à l'exception notable de Shalelu, et de Kelda, qui étaient impatientes de retrouver les étendues gelées.

Charger les marchandises, s'assurer que tout était prêt, récupérer le matériel, vérifier l'état des chariots, étriller et nourrir les buffles...tout cela avait prit beaucoup de temps, mais finalement, alors que l'astre solaire commençait son ascension, Sandru et Ulf avaient rassemblé toute la caravane autour de la carte afin d'expliquer la suite de leur périple.


Ulf parla le premier saluant tout le monde d'un signe de tête, et étala la carte sur une table de fortune.
« Bon...la bonne nouvelle, c'est que la route a l'air dégagé devant nous. A priori, nous ne devrions pas rencontrer grand monde, ce qui réduit les chances d'être repérés. La mauvaise nouvelle, en revanche, c'est que mes contacts parmi les trappeurs et les chasseurs sont unanimes: c'est un mauvais hiver qui arrive, et la saison passe plus vite qu'à l'accoutumée. Ce n'est pas trop inquiétant, et je suis confiant dans le fait que nous pourrons traverser les Marches Gelées avant l'hiver. En revanche, le passage du Rempart Céleste pourrait se réveler compliqué. »

« Après Unaimo, nous allons passer par le col de Koumssa. La route d'Aganhei est plus simple, mais elle est plus longue, et surtout, beaucoup plus fréquenté. Donc, une fois dans les Marches de Glace, et longer les Monts d'Alabastrine par l'Ouest. Ce sera la partie la plus difficile: la région autour du pôle est remarquablement dangereuse, même en été. Ensuite, nous nous arrêterons au village d'Ankinn, avant de sortir des Marches, histoire de nous ravitailler. Ensuite, nous ferons route jusqu'à Jaagin, où il faudra que nous nous arrêtions. Ce sera l'occasion de vendre une partie de notre cargaison, et surtout, de nous renseigner: c'est le comptoir Tian le plus au Nord. Après, il restera à traverser le rempart Céleste, et nous serons à Tian Xia, dans le nord du royaume de Hongal. Sans problème majeure, je pense qu'il nous faudra environ 2 mois jusqu'à Jaagin, et deux semaines de plus jusqu'à la capitale de Hongal. »

Carte de la Couronne du Monde


Sandru prit la suite.
« Bien! Comme vous le savez, nous partons également pour un long périple, et le fait est que nous étions en sous-effectif. Bien entendu, la question de la confiance se pose, mais les trois personnes qui se joindront à nous ont été dûment interrogées par moi, Ameiko, ou Ulf. »

Il indiqua Yogo.
« Tout d'abord, voici Yogo Kuni, aussi connu sous le nom de Varian. Il est Tian et souhaite nous accompagner. Ameiko, Amaya et les habitants d'Unaimo lui font confiance, et ça me suffit. »


Ensuite, il fit signe à une jeune femme vêtue de fourrure et de cuir, une tenue parfaitement adaptée au climat boréal. Elle était de toute évidence varki ou erutaki, car elle avait la peau basanée et les yeux en amandes de ces tribus, et s'appuyait sur un bâton de marche orné de plumes. Elle se présenta d'un signe de tête.
« Je suis Aluvut. Je ne suis pas sûre du terme dans votre langue, mais chez les miens, les varkis, je suis une marcheuse spirituelle. Les esprits m'offrent leurs murmures à travers les vents, et je m'en sers pour trouver les chemins sûrs. Je dois réaliser une quête spirituelle, et voyager, découvrir le monde pour devenir shamane. J'ai déjà accompagné Ulf dans l'un de ses voyages, et je serai honorée de le faire à nouveau. »


La troisième était aussi une femme, mais elle n'aurait pu être plus différente d'Aluvut. Elle avait la peau pâle, les traits marqués, et le contour des yeux tatoués de noir. Ses cheveux sombres tombaient devant son visage en mèches désordonnées. Elle aurait pu être jolie sans son expression plutôt revêche. Sa musculature sèche, nerveuse, laissait aussi supposer qu'elle était plus forte qu'elle en avait l'air, et ses mains calleuses indiquaient une habitude du travail manuel. Lorsqu'elle parla, elle avait un accent Irriseni à couper au couteau.
« Je m'appelle Sayankina Stella Vadimovna, mais appelez moi Sakina, ce sera plus simple pour tout le monde. Je suis charron, et y paraît que vous avez besoin de quelqu'un pour vous assurer que ces chariots arrivent à Tian Xia en un seul morceau. J'peux le faire. Et plus je mettrai de la distance entre moi et Irrisen, mieux ce sera pour moi. J'ai compris qu'il y avait des risques. Ca m'dérange pas. »


25 Arodus - Contreforts de Koumssa, au coucher du soleil
Une fois ses rangs complétés, ses préparatifs achevés et ses réparations réalisées, la caravane se remit en route, laissant derrière elle le campement d'Unaimo et sa rude, mais chaleureuse, forme de civilisation. A mesure qu'ils s'éloignaient du campement, les caravanes et les voyageurs se faisaient de plus en plus rares, et au bout d'une journée de voyage, ils étaient à nouveau pratiquement seuls sur la route.

L'arrivée des trois nouveaux venus se passa plutôt bien, et la caravane elle même avait l'air d'avoir grandement bénéficié de cette halte prolongée à Unaimo. Les caravaniers étaient plus détendus, plus amicaux, et l'arrivée de Sakina, Aluvut et Yogo ne s'en passa que mieux. Par ailleurs, entre la fatigue provoquée par le départ et la monotonie des quelques jours jusqu'à la passe de Koumssa, ils n'avaient pas vraiment l'embarras du choix en matière de distraction, et faire connaissance était une manière comme une autre de passer le temps. Cependant, la relation entre Shayliss, Jal et Wen allait en se détériorant, et Sandru du une nouvelle fois intervenir pour empêcher que les deux hommes n'en viennent aux mains. Shayliss, elle, jouait l'innocente dans cette affaire.

Mais cette mésaventure fut bien vite oubliée alors qu'ils arrivaient dans les contreforts de la passe de Koumssa. Devant eux s'élevant une large vallée qui remontait à travers des falaises gelées, les frontières des Marches de Glace. Ces dernières étaient abruptes, mais la passe était tout de même praticable. Elle avait dû être creusée par le lit d'une rivière aujourd'hui asséchée, qui devait toujours exister, du moins partiellement, à en juger par le pont qu'ils traversèrent à la mi-journée, et la route serpentait au creux de l'immense vallée vers les hauteurs glaciales. Le froid s'était fait également plus mordant. La pénombre semblait être tombée plus tôt que d'habitude sur la forêt, et les ombres des arbres s'étendaient partout autour d'eux. Cependant, après deux heures de progression, le clair-obscur crépusculaire ne semblait pas avoir diminué, et ils atteignirent un croisement qui fit froncer les sourcils d'Ulf.


« C'est étrange...il ne devrait pas y avoir de croisement à cet endroit...Je vais consulter les cartes. »

Sandru, de toute façon, haussa les épaules avec un regard éloquent vers le ciel empli de lourds nuages gris plomb.
« De toutes façons, il va falloir monter le bivouac, et je crains une tempête. Alors, autant nous arrêter ici. »


Cependant, alors que la caravane commençait à se préparer pour la nuit, ce fut Shalelu qui se retrouva à observer les alentours, mal à l'aise.
« Quelque chose ne va pas... »

Survie DD10 ou Perception DD25