Célestin n'avait rien trouvé de spécial à chercher de plus à la bibliothèque. Il avait, comme tout le monde, consulté des registres au hasard, histoire de rentabiliser le paiement, et peut-être de trouver une information utile.

Cependant ils ne trouvèrent rien, et finirent par partir à la recherche de Vechna. Après la discussion du matin, Célestin ne pensait pas que Bhaal remettrait sur le tapis le sujet de ses origines, et qu'il refuserait de rentrer dans le temple. Il se tourna vers Alia, attendant de voir ce qu'elle ferait. Cette fois-ci, ce n'était pas à lui de le convaincre. Il patienta, et jeta même un coup d'œil à Nemlak. Que pouvait bien penser le magicien ? Et d'ailleurs, pourquoi les avait-il accompagnés ? Il n'était pas du genre à aider autrui sans y voir un gain. Il soupira intérieurement : peu importait, tant que c'était bien une aide qu'il apportait.

Enfin, Bhaal se décida, et Célestin les suivit. Cette fois-ci, son attention était moins retenue par les décorations des lieux, même s'il ne pouvait que laisser traîner par moment un regard appréciateur. Regard qui finit par croiser celui de Vechna, alors que le père Adrastus faisait son sermon. Il patienta, profitant de la messe pour y participer silencieusement, et quand enfin ils purent approcher l'aasimar androgyne, il lui sourit et la salua.

« Nous avons pensé que vous pourriez nous aider. Vous souvenez-vous du nom d'une jeune aasimar, d'environ huit ans ? Si vous avez quelque souvenir que ce soit la concernant, vous nous aideriez énormément. »


Même réduite à sa dernière partie, la messe fut une épreuve pour Bhaal. Comme il dépassait tout le monde en stature et en "exotisme", beaucoup de fidèles l'observaient, intrigués, et il se mit à s'imaginer que les gens le regardaient parce qu'ils l'avaient percé à jour, parce qu'il était l'intrus. La foule autour de lui l'oppressait, et la messe n'en finissait pas, mais Alia lui tenait la main et il ne pouvait pas partir. Il aperçut rapidement Vechna parmi les prêtres mais en réalité il ne savait où regarder, de peur de croiser un regard, et après avoir observé un moment ses pieds, il la regarda, elle. Il la regarda prier et communier avec sa déesse. Il essaya d'imaginer quel était son état d'esprit à ce moment précis.

Lorsque la messe fut finie, la foule se dispersa et Bhaal put enfin respirer. Mais lorsque Vechna vint les voir, le regard qu'elle porta sur lui le figea. Elle avait le don de sentir l'âme des gens, et elle semblait savoir quelque chose sur lui qu'elle ne savait pas hier. Il baissa tout de suite la tête, se demandant ce qu'elle avait bien pu lire en lui. Alia voulut exposer le but de leur visite mais, au dernier moment, le courage lui manqua. Bhaal aurait du prendre le relais mais il fut doublé par Nemlak qui fut, comme à son habitude, précis, concis et froid. Célestin sembla juger que l'explication méritait un petit complément, et Bhaal était du même avis. « En fait, on vient de consulter les registres de vente pour trouver le nom de l'acheteur, et on est tombés sur cette vente. C'est un hasard incroyable ! Tu... Vous étiez bien une esclave de Sulayman... Ibn... Al-Hakam ? » Demanda-t-il en hésitant sur le nom dont il avait du mal à se souvenir.

Modifié par un utilisateur dimanche 14 mai 2017 09:21:04(UTC)  | Raison: Non indiquée

Le malaise de Vechna montait à mesure que sa méfiance disparaissait. Les larmes commençaient à couler le long des joues de Vechna, sans qu'un mot ne sorte. Elle déglutit et sécha rapidement ses larmes avec sa main gauche.

« Il y avait deux très jeunes enfants parmi nous. Un jeune garçon, Varel, et une jeune fille, Velanya. Le reste d'entre eux était plus âgé, je dirai entre six et dix ans pour les humains, et nous, plus âgés, dans la quarante-cinquantaine. Je peux vous raconter une partie de mon histoire mais je crains qu'elle ne vous aide pas beaucoup à retrouver votre fille. Les plus jeunes enfants, quelques jours plus tard, sont partis pour un maître différent du nôtre. »

Vechna regardait Alia, attendant de voir ce qu'elle voulait savoir au plus vite avant de continuer.


« Velanya. » Alia prononça le prénom comme si elle voulait l'entendre à nouveau. « Velanya était aasimar ? Est-ce qu'elle avait... des ailes ? Et savez-vous chez quel maître ils sont partis ? »
Puis elle sourit légèrement à Vechna. « J'aimerais beaucoup entendre votre histoire oui, si cela n'est pas trop douloureux pour vous. »



Tandis qu'il voyait son amie lâcher sa douleur au fur et à mesure qu'elle s'exprimait enfin, Célestin vint se poser à ses côtés, et sans un mot, il lui prit sa main entre les siennes et les pressa doucement pour exprimer sa sollicitude, les yeux rivés sur Vechna. Le regard du jeune homme était empli de compassion pour les deux aasimars, et il tentait avec vaillance d'empêcher ses larmes de couler de ses yeux à leur tour. Silencieux, il attendit la suite de l'histoire de Vechna, qui ne semblait pas avoir été plus heureuse que celle de ses amis.

Modifié par un utilisateur mardi 23 mai 2017 07:45:12(UTC)  | Raison: Non indiquée

Assise sur le lit aux côtés de Bhaal, Alia écoutait le témoignage de Vechna le cœur serré. La peine de la prêtresse était contagieuse et les larmes coulaient lentement sur les joues de la danseuse sans qu'elle cherche à les sécher. Elle avait déjà rencontré Amal, la sœur de son maître, elle était aussi belle que cruelle et lorsqu'elle rendait visite à son frère, Alia en avait peur.

Lorsque Vechna raconta sa libération, la danseuse se réjouit pour elle et sourit doucement à la prêtresse. Son cœur fit un bond dans sa poitrine lorsqu'elle eut confirmation qu'il s'agissait bien de sa fille, elle se redressa les yeux brillant d'espoir puis au fur et à mesure du récit, elle s'affaissa. Si elle n'avait pas été assise, elle n'était pas certaine qu'elle aurait pu rester debout tellement elle se sentait vidée de toute force.

Elle lâcha lentement la main de son fiancé et se redressa, sécha ses joues, clignant des yeux afin d'en chasser les dernières larmes. C'était fini. Il n'y avait plus d'espoir, elle n'aurait pas dû y croire. Sa fille, Velanya, était loin maintenant, aux mains d'elle ne savait qui, encore plus effrayant que les pires de ses cauchemars. Son visage se figea dans un sourire. « Merci pour votre témoignage, Vechna, et je suis désolée d'avoir fait remonter tous ces souvenirs douloureux. »

Elle fit une légère pause et reprit. « Nous ne vous dérangerons plus. Velanya est trop loin maintenant, nous ne la retrouverons plus, je n'aurai pas dû y croire. Mais, merci, grâce à vous je connais son prénom. »

Elle se sentait oppressée, il fallait qu'elle parte, maintenant, elle allait étouffer sinon, sa respiration se faisait plus rapide, plus difficile, plus douloureuse. Elle se leva du lit, saluant Vechna de la tête. « Merci encore et ... je dois partir. »


Assis sur le lit, un bras protecteur passé autour de la taille de sa fiancée, Bhaal avait écouté en silence le récit de Vechna et en tirait la conclusion que les histoires de tous les esclaves étaient immanquablement des histoires de malheur. Être libre ne préservait pas du malheur, mais être esclave y plongeait les êtres à coup sûr. A tout prendre, il se demandait s'il n'avait pas été plus chanceux que la plupart d'avoir vécu dans une immense solitude plutôt que d'avoir eu à subir la séparation d'avec des êtres chers, entraînés dans la mort ou achetés par d'autres maîtres.

Le géant rouge en était là de ses réflexions quand Alia sécha ses larmes et se leva pour annoncer qu'elle renonçait à sa quête. Elle semblait au plus mal, respirant difficilement tandis que ses peurs anciennes l'envahissaient. Son sang ne fit qu'un tour. « Conneries ! » S'écria-t-il en se levant à son tour, attrapant Alia par le bras. « Ça y est, tu renonces déjà ? Elle n'est pas trop loin, c'est juste qu'on ne sait pas encore où elle est. Et même si elle est loin en effet, ce matin ça ne te posait pas de problème d'aller aux Îles de Minuit avec moi ! Tu irais dans les Abysses pour moi, mais pas pour ta fille ? On va aller la chercher, tu m'entends ? On va aller la chercher ou qu'elle soit. Moi j'irai la chercher, si tu ne veux pas le faire. Et comme tu ne voudras pas rester seule, tu viendras aussi. C'est décidé. »

Oubliant la grande détresse d'Alia, il lui avait parlé durement, mais réalisant cela, il eut des remords. Il contempla son beau et doux visage, ce visage si triste, ces grands yeux verts qui avaient déjà vu tant de malheur... Il n'y tint plus. Il attrapa la jeune fille pour la décoller du sol et la serrer dans ses bras. Il fourra sa tête dans son épaule, lui murmurant à l'oreille : « on y arrivera, mon amour... Tu mérites tellement le bonheur... Les dieux ne peuvent pas être aussi cruels... On la retrouvera, j'en suis sûr... On y arrivera... »


Arrêtée dans son mouvement par Bhaal, Alia le regarda tout d'abord avec un air de défi qui ne dura pas longtemps. La douleur était trop forte, il fallait qu'elle sorte, elle entendit à peine les récriminations de son fiancé mais elle savait qu'il lui reprochait d'abandonner trop vite. Elle aurait tellement voulu y croire également... Mais ce n'était plus possible. La respiration douloureuse, les yeux perdus, elle regardait Bhaal sans pouvoir réagir, c'est alors qu'il la souleva pour la serrer contre lui et la réconforta de sa voix grave.

Alors elle ne résista plus, elle enfouit son visage dans le creux du cou du géant et étouffa ses sanglots contre sa peau. Elle voulait y croire encore mais comment faire ? Elle se laissa bercer par les paroles de son bien aimé. Il lui insufflait son espoir et pour lui, elle voulait bien essayer d'y croire à nouveau. Il se battrait à ses côtés, n'abandonnerait jamais, elle puiserait sa force en lui.

Elle hocha la tête contre son cou, essayant d'arrêter ses pleurs.

Modifié par un utilisateur mardi 23 mai 2017 07:55:12(UTC)  | Raison: Non indiquée

Célestin avait suivi Vechna, toujours silencieux, se contentant du rôle qu'il s'était lui-même attribué, à savoir accompagner son amie dans cette difficile épreuve qu'était la recherche de sa fille. Il en profita pour sécher discrètement ses larmes, afin de faire meilleure figure lorsque leur serait révélé la suite de l'histoire.

Mais lorsque l'histoire de Vechna reprit alors que chacun avait prit place dans ce qui semblait être sa chambre, ses larmes menacèrent de nouveau de couler, alors qu'il faisait de sa peine la sienne. Il avait toujours été empathique, et s'il ne comprenait pas toujours les motivations des gens, il ressentait avec précision leurs émotions.

A la fin du récit, Alia se leva. De nouveau, il perçut en elle le désespoir, celui-la même qui l'avait empêché jusqu'à très récemment d'envisager espérer retrouver sa fille. Velanya. Un joli prénom, pour une petite ange perdue.

Il regarda Bhaal, mais il n'eut pas à l'inciter à intervenir : comme à son habitude, il fit parler son cœur, avec brutalité, mais avec sincérité. Le jeune homme ne put s'empêcher de constater que le géant se reprit rapidement, faisant preuve d'une douceur dont il ne se serait probablement jamais cru capable avant son arrivée à Kelmarane et sa rencontre avec Alia. Il rangea cet instant dans un coin de son esprit, et se promit de le lui rappeler s'il lui prenait encore de se lamenter sur ses origines.

Si les paroles de son fiancé eurent l'air d'un peu la rasséréner, ce furent celles de Vechna qui lui redonnèrent de l'aplomb. Célestin sourit : la crise était de nouveau passée. « Alia, ta fille ne sera jamais trop loin pour que nous allions la chercher. Et nous n'aurons jamais trop peu de pistes. Nemlak te l'a déjà dit, et il a raison. » Il eut un sourire amusé vers ce dernier à ses propos. « Il existe des sorts qui pourraient nous aider à localiser ta fille, ainsi qu'à parvenir jusqu'à elle. Tout ce dont nous avons besoin, c'est d'argent, et d'un tout petit peu de temps. Et l'argent, ce n'est pas si difficile d'en gagner. Alors, sois forte, mon ange. Si nous n'y parvenons pas par des moyens classiques, nous rassemblerons la somme dont nous avons besoin, et nous utiliserons la magie. N'abandonne jamais espoir. »



Bhaal reposa sa bien-aimée au bout d'un instant et laissa les autres réconforter et encourager Alia à leur tour jusqu'à ce qu'enfin, la jeune fille se calme et reprenne courage. Il se tourna alors vers Vechna. « Merci à vous, merci... Pour tout ce que vous faites pour nous. Si jamais... Vous avez besoin de quoi que ce soit... Voilà, quoi... » Dit-il avec émotion. Il commençait à devoir beaucoup de services à beaucoup de monde.

Tenant toujours la petite main d'Alia dans sa grosse patte, il ajouta : « Non, on n'a aucune piste. A part aller voir ce Père Chacal et lui acheter le nom de son acheteur, et comment le loger. Mais si la transaction était illégale, il se méfiera. Il voudra en savoir plus avant de cracher le morceau. Je sais pas si on pourra lui cacher que c'est la fille d'Alia qu'on recherche. Et alors là... » Bhaal ne jugea pas utile de terminer sa phrase mais, au plissures de son front marqué, on devinait qu'il envisageait une collection de désagréments. Il baissa la tête un moment, occupé à ses réflexions, puis la redressa soudain : « à moins qu'on lui demande de... racheter la petite pour nous ? »



Nemlak sourit malicieusement. « Je peux aller voir le Père Chacal. Je ne suis pas aussi "marqué" que vous ne l'êtes et j'ai déjà par le passé aidé à faire des transactions.
Je pourrai tenter de l'approcher pour en savoir plus et s'il est possible d'obtenir le nom ou un contact pour en savoir plus sur son interlocteur. »

Modifié par un utilisateur jeudi 8 juin 2017 22:09:04(UTC)  | Raison: Non indiquée

Bhaal avait écouté sans rien dire les derniers échanges. La conversation portait sur un terrain auquel il ne connaissait, pour ainsi dire, rien, puisque jusqu'alors son expérience du monde des marchands et des transactions commerciales se limitait au point de vue de la marchandise. A présent, il ne pouvait pratiquement plus rien faire, sinon simplement veiller sur Alia et ses amis.

Il fixa Nemlak avec un certain étonnement lorsque ce dernier offrit spontanément son aide. C'est jour de bonté ? Se demanda-t-il, toujours méfiant des initiatives du demi-orque, et surtout des initiatives désintéressées. Certes, depuis la libération de Kelmarane, Nemlak lui avait semblé moins froid ou, en tout cas, moins désagréable. S'était-il adouci parce que son but était achevé et ses parents vengés ? Ou était-ce la confrontation avec le cadavre de son père transformé en mort-vivant qui avait fait bougé quelque chose en lui ? Nemlak ne faisait rien par hasard, ni par amour d'ailleurs. Bhaal comprenait pourquoi celui-ci avait pris la peine de l'emmener chez le maître magicien le matin même, mais pourquoi s'était-il joint à eux pour venir au temple ? Quel était son intérêt ?

Malheureusement, Bhaal n'avait pas beaucoup d'options. Si jamais ils arrivaient jusqu'à lui, il ne pouvait pas traiter lui-même avec ce Père Chacal, c'était beaucoup trop risqué. Il était... ce qu'il était, et si l'autre était discourtois, ça pouvait mal finir. Alia, quant à elle, ne serait de toute façon pas dans un état émotionnel compatible avec la conduite de négociations. Le mieux pour elle, s'il pouvait l'en convaincre, serait de ne rencontrer Père Chacal à aucun moment et de laisser faire quelqu'un d'autre. Mais qui ? Célestin ? Ils lui avaient déjà énormément demandé, et il n'était probablement pas très bien armé pour de telles fonctions. Dans leur cercle proche, il ne restait plus que Nemlak, mais c'était certainement le plus qualifié d'entre eux tous. Alors avaient-ils le choix ?

Après avoir regardé assez longtemps le demi-orque, Bhaal hocha la tête à contrecoeur, signifiant qu'il donnait son accord (oubliant au passage que personne ne le lui demandait). Il remercia une nouvelle fois chaleureusement Vechna pour son aide et ses conseils, et s'apprêta à prendre congé.



Alia sourit doucement à Vechna alors que celle-ci lui intimait l'ordre de garder espoir.
« Merci encore une fois pour tout ce que vous faites pour nous, je ne sais comment je pourrais vous rembourser votre aide, mais... merci, du fond du coeur. »
Dans un geste non réfléchi, Alia fit un pas et prit la prêtresse dans une accolade chaleureuse.
« Merci. J'essaierai de ne plus perdre espoir, je ne suis pas seule, nous y arriverons. »
Se redressant, elle se tourna vers le demi-orque et le regarda les yeux emplis de questions qu'elle n'osait formuler.
« Merci à vous également, Nemlak, rien ne vous oblige à faire tout ceci, je vous suis redevable. »
Elle le salua de la tête, ne comprenant pas les intentions du magicien mais qu'importe ce qu'il espérait obtenir, son aide était précieuse.
Elle salua une nouvelle fois la prêtresse puis se tourna vers ses compagnons pour savoir s'ils pouvaient partir.

Modifié par un utilisateur jeudi 8 juin 2017 22:27:04(UTC)  | Raison: Non indiquée

La nuit avait été plutôt reposante malgré les nouvelles de la veille, bonnes, mauvaises, et dans l'ensemble stressantes, et pour cause, la fatigue leur était tombée dessus comme après les pires combats. Là, au matin les esclaves s'occupaient d'eux, un confort qui n'en amenait pas mois, chez certains, un malaise palpable. Ils avaient encore une journée devant eux avant que la Princesse n'ait besoin d'eux, une journée, et une nuit, où ils pouvaient avancer dans l'un des desseins qui occupaient le plus leurs pensées.

Les esclaves vinrent les chercher, un homme les attendait à l'entrée, habillé d'une simple toge sur laquelle brillait une clé doré brodée.


« Bonjour, je dois vous remettre ceci, en mains propres. »
Un petit coffret, d'un bois des plus quelconques, fut remis, avec une clé, jaune comme le symbole qu'il arborait. Il repartir aussi tôt. La clé ouvrit le coffre et se désagrégea pour devenir du sable. À l'intérieur, une courte lettre.

Nemlak avait passé la nuit et la matinée dans son coin, en pleine réflexion sur tout ce qu'il avait appris hier sur Bhaal, sur ce que cela amènerait comme conséquences, et surtout, comme gains potentiels. Il étudiait son grimoire quand un croassement le sortit de sa torpeur, il se tourna vers la fenêtre où il vit l'homme approcher, il descendit réceptionner le coffret, dont Célestin s'en empara avant lui, et en lut le contenu, à l'écart des esclaves. Nemlak afficha un sourire amusé devant le sorcier qui prenait un peu plus son destin en main et s'affirmait ainsi, l'aura de fermeté et de conviction de Nemlak commençait à porter ses fruits chez le Sarenite.
Nemlak en profita pour mettre en avant la portée de ses contacts en ville, se gardant de raconter comme il développait en passant son commerce.
« Mes informateurs m'ont averti des pratiques de Père Chacal, il a deux personnes qui gèrent le gros de ses affaires, Maysam Fajr est la femme qui s'occupe des taches officielles, de la Guide de la Source Unique et Tamir est l'homme des taches officieuses, qui n'ont pas d'existence légale.
Maysam travaille à l'entrepôt de soie de la Source près des docks, qui est à son nom, comme la Guilde dont elle est co-fondatrice, et Tamir passe son temps aux Étals, soit au Feu Violet, l'auberge de la dirigeante des Étals de Nuit, soit à la Cave du Dieu Ancien, la maison juste à droite de cette auberge, qui mène à une crypte en profondeur.
C'est un lieu que je n'ai pu fréquenté mais dont on dit qu'il est très dangereux, même pour des sicaires.
J'ai eu également confirmation de la présence de Père Chacal pour du commerce avec un gros poisson, c'est peut-être en lien avec ce qu'explique votre amie. »

Célestin avait mal dormi. De multiples cauchemars, dont il ne se rappelait pas la plupart, avaient entrecoupé ses nuits, et seule la présence de Jyll à ses côtés lui permettait de se rendormir, pour mieux y replonger. Lors de ses moments d'éveil, il s'interrogeait sur sa vie, sa famille, ses amis. Trop de choses avaient changé dans sa petite vie paisible. Et tout laissait croire que ce n'était qu'un début. Il était heureux d'avoir trouvé en Jyll une femme à aimer et qui l'aimait en retour, il était heureux de l'amitié qu'il portait à Bhaal et Alia et de sa réciprocité, et pourtant... Que n'aurait-il pas donné pour retourner à son ancienne vie, tellement plus simple, moins angoissante ?

L'apparenté de Bhaal faisait peser sur eux une ombre menaçante. Il n'en était pas responsable, et tout laissait penser qu'il n'avait pas hérité de la malice maléfique de ses parents. Mais... Qu'avaient-ils comme projets pour lui ? En avaient-ils seulement ? Ces questions resteraient en suspens, assombrissant son avenir, jetant un voile de danger sur le tiefflin et son entourage.

Quant à la sienne... Que découvrirait-il sur ses frères, sur leurs morts ? Et sur la famille de son père ? Il y avait longtemps qu'il avait accepté leurs disparitions, et qu'il ne se tournait plus vers le passé. Pourquoi avait-il ressenti le besoin d'éclaircir ces mystères ?

Il rejeta ces pensées sinistres, et contempla la silhouette endormie de sa dulcinée. Il avait de la chance, beaucoup de chance. Et il osait remettre cette chance en question ? Pourquoi ? Par crainte de ce qu'il allait découvrir, de ce qui allait se produire ? Quelle lâcheté ! Il se leva, et alla chercher son nouveau carnet à croquis, bien plus vide que celui qu'il avait avant qu'il ne soit imbibé d'encre. Il avait besoin de se vider la tête. S'isolant dans un coin inoccupé de la maison, il alluma une lueur d'une simple parole magique, et dessina. Le contact de la plume, la sensation de créer, lui permettaient de calmer son esprit. Il resta ainsi un long moment, au milieu de la nuit, à imaginer des décorations pour sa maison à Kelmarane, et à détailler les achats dont il avait besoin pour les satisfaire.

Il finit par se recoucher, vaincu par la fatigue, l'esprit plus tranquille. L'avenir était incertain, mais son présent était un cadeau.



AU matin, Célestin vint dès l'appel des esclaves. Le message divin lui paraissait relativement cryptique, mais avec les éclaircissements de Nemlak - décidément un allié de choix dans ces circonstances - il devenait bien plus clair.

Une fois à l'abri des oreilles - du moins, en théorie - ils discutèrent de la suite des évènements. Il sourit à la remarque de Bhaal, et hocha la tête. « Bien, nous avons donc l'heure, et le lieu. Avons-nous des préparatifs à faire ce matin, en attendant ? »

Nemlak camoufla son agacement face aux énigmes divins. Les dieux n'avaient ils rien de mieux à faire que de jouer avec l'avenir de leurs fidèles?
« C'est peut-être Tamir. Seul l'entrepôt apparaît à présent comme une certitude. Nous pourrions déjà nous rendre dans le quartier ce matin pour faire du repérage à bonne distance, mais avant cela, il me faut du temps pour faire un parchemin, qui nous sera utile là-bas. Concernant la Princesse, vu l'ampleur de notre tache et le risque si nous échouons, je pense qu'il est préférable de lui dire. Je n'aimerai que Célestin s'embrouille à nouveau avec elle à cause de vos vies sentimentales. » dit il d'un sourire amusé.

Modifié par un utilisateur samedi 29 avril 2017 10:37:33(UTC)  | Raison: Non indiquée

Alia écoutait les hommes parler sans dire un mot, elle se sentait perdue, incapable de prendre la moindre décision. Elle avait l'impression d'être redevenue l'esclave qui ne parlait que lorsqu'on l'interrogeait et n'agissait que sur ordre. Sauf que son Maître était elle-même, elle était esclave de sa peur et elle savait que cela devait cesser. Mais comment faire ?

Elle sortit de ses pensées sombres lorsque Célestin lui jeta un coup d'œil interrogatif. Il n'osait pas la regarder de face, certainement de crainte qu'elle craque encore. Elle devait se reprendre, elle devait devenir plus forte, sinon elle ne reverrait jamais sa fille et quand bien même ils y arriveraient, quel exemple pourrait-elle lui offrir ?

Elle résista à l'envie de secouer la tête pour chasser toutes ces idées qui se bousculaient et répondit à la question indirecte du sorcier.
« Oui, c'est vrai, vous avez raison. Il faut prévenir la Princesse, cela ne m'enchante guère mais... nous le devons. » Elle hésita un instant et reprit d'une voix plus hésitante. « Elle ne va pas nous interdire d'aller la chercher, n'est-ce pas ? »

Puis sans attendre de réponse, elle regarda enfin le magicien, prenant son courage à deux mains, elle osa lui poser la question qui la perturbait depuis la veille, il fallait qu'elle sache.
« Nemlak, merci pour tout ce que vous faites mais... pourquoi ? Pourquoi nous aidez-vous ainsi ? Vous vous mettez en danger, qu'espérez-vous obtenir ? »