Daeliel rendit son accolade à Kélérine avec force, serrant plus que d'ordinaire son ami contre lui.
« Tu n'imagines pas à quel point je suis heureux de te voir ! J'ai cru plus d'une fois que nous étions partis pour une mission sans retour. Je me réjouis que nous ayons la possibilité de poursuivre la lutte ensemble. Il y a tant à faire ici et ailleurs... »

Les questions de Kélérine jettèrent un voile sombre sur le regard bleu de l'elfe.
« C'était en effet beaucoup de responsabilités et je suis navré pour toi que tu doives désormais les endosser. Mener ces hommes au combat a été un véritable honneur, ils sont les plus braves et les plus exemplaires croisés que j'ai jamais vu... à part toi bien sur, mais nous avons eu, j'ai eu à faire des choses qui peuplent encore mes nuits de cauchemars.
J'ai... je... j'ai du juger et exécuter les prisonniers que nous avions fait. J'aurai aimé pouvoir les envoyer à Kenabres et espérer en ramener certains vers la lumière, mais... nous étions... enfin peu importe les raisons, j'ai fait ce choix. Moi. Je suis responsable de leur exécution. De celle de Nora aussi, et de celle de Staunton... et de la mort au combat de tant de vies... J'ai cru un temps que je n'arriverai pas à le supporter, que c'était trop pour moi, mais... maintenant j'arrive à vivre avec... je crois que c'est ce qui m'inquiètes le plus.
Oh, ce n'est pas un choix que je ferai aisément à l'avenir, mais... je crois que j'arrive à me pardonner ces actes. Tu vois, je sais qu'ils étaient pleinement coupables au regard des lois des hommes comme des Dieux, mais ce n'en étaient pas moins des êtres vivants, des êtres de Golarion et donc perfectibles, pouvant se repentir...
Tu comprends ? »

L'elfe se tut quelques instants et reprit :
« Je ne suis pas un grand stratège, ni un philosophe éclairé, et les mots s'embrouillent dans ma tête, mais je pense... je sais que pour vaincre nous devrons nous montrer exemplaire. Non pas refouler les ténèbres qui nous habitent, mais les baigner aussi de lumière : les regarder et les accepter, pour les dépasser. Je ne sais si nous parviendrons à tout celà, mais je prie Iomedae de nous éclairer, de nous aider à trouver la bonne voie, les bonnes décisions. »

Daeliel sourit à la pensée de ses compagnons : « Tu aurais du voir Gérald et Leam à la tête de leur compagnie de mercenaire, je crois qu'à la place de nos ennemis j'aurai pissé dans mes chausses de peur. Gérald a été particulièrement brave, et Tabitha aussi. Je crois que, bien qu'elle ne soit pas encore en paix elle progresse dans cette voie. Elle a fait preuve d'une abnégation totale et s'est dévouée aux autres. J'espère qu'elle aura reçu et qu'elle recevra autant que ce qu'elle a donné. Je pense que nos soldats saints et leur attitude bienveillante l'ont aidé à prendre conscience que son ascendance et son passé ne sont pas une malédiction, mais une part d'elle-même qu'elle pourra accepter.
Quant à Teysa, elle s'est révélée un allié inestimable et sage. Je ne sais de quoi l'avenir sera fait, mais elle sera de notre côté au moins tant que les démons fouleront cette terre, de ça je suis certain. La suite dépendra aussi de nous, de notre attitude vis-à-vis des tribus et de la paix et de l'entente que nous parviendrons à établir entre nous... espérons mon frère. Teysa pourrait être un formidable atout pour bâtir un avenir appaisé entre les croisés et les tribus. »

DAeliel laissa son regard se perdre un instant sur le campement : « Nous avons du travail mon frère. »

Modifié par un utilisateur vendredi 19 mai 2017 11:36:34(UTC)  | Raison: Non indiquée

Daeliel hocha la tête aux premières paroles de son ami et lui répondit : « Oui, tu n'as pas tort, mais la guerre n'est pas que le fait des Abysses, nous y participons et nous la menons aussi. Le fait que nous ne l'ayons ni initiée, ni voulue n'est pas la question, nous la faisons et nous devons prendre gare qu'elle ne nous façonne pas, qu'elle ne nous inhumanise pas. Je crois que ce que je voulais dire c'est que nous ne devons pas tout voir par son prisme. Alors que nous risquons notre vie et celle de nos compagnons d'armes, et que le sort de Golarion peut dépendre de l'échec ou de la réussite de cette croisade, nous pourrions être tentés de tout voir par le Prisme de la guerre, de la lutte, de la nécessaire victoire et y perdre notre âme. C'est le chemin que toi et moi suivons depuis longtemps : celui du courage et de la sagesse, celui que nous montre Iomedae, mais il est facile et tentant de s'en écarté, nous le savons tout deux et je l'ai plus que jamais vécu ces derniers jours. Je ne sais si j'ai toujours réussi à le suivre ou non, mais j'ai essayé, et nous devons encore essayer. Nous devons tenter de préserver la justice, la paix, la joie, même au sein des malheurs qui nous ont accablés, des souffrances que nous vivons... C'est tout celà qui doit nous guider... Voilà l'idée à laquelle je m'accroche, celle que je tente de suivre. Je te le dis car bientôt tu seras dans la position qui était la mienne : commandant d'une puissante armée perdue au milieu d'un océan déchainé d'ennemi encore plus puissants. »
L'elfe sourit d'un air navré à son ami et lui posa la main sur l'épaule en un signe fraternel.

C'est alors que Kélérine lui parla de l'arme et lui montra l'arc : Radiance.

Daeliel resta un instant interdit, stupéfait. Avec une crainte révérencieuse, il tendit doucement la main et toucha l'arc avant de l'empoigner. « Radiance. ça alors... je... je ne sais pas quoi dire. » L'elfe souleva l'arme magique que Kélérine avait réveillé et l'admira un instant. Jamais il n'avait tenu un tel arc, l'équilibre était parfait, la tension de la corde maximum et il lui semblait que le bois pourrait la supporter indéfiniment. Une sensation de sérénité l'envahit lorsqu'il le tint et le symbôle divin arboré par l'arc semblait luire.
« Je suppose que c'est un signe que Iomédae nous envoie pour nous encourager à poursuivre malgré les épreuves. A moins qu'elle n'anticipe celles à venir acheva-t'il d'une voix neutre. Dans tous les cas, je ferai tout pour m'en montrer digne. Merci Kélérine. Qu'Iomedae te bénisse. Qu'elle nous bénisse tous. »

Daeliel sourit à la proposition de son ami de fonder un orphelinat, de recréer le lieu où ils avaient grandi, où ils s'étaient connu et où, malgré tout, ils avaient été heureux.
Son âme soupira, comme à chaque fois qu'il pensait à l'avenir, Daeliel avait le coeur étreint par une étrange intuition de mort. Il savait que de telles pensées menaient à la catastrophe et il luttait contre elles, mais elles revenaient sans cesse.
Ne laissant rien paraître, il sourit de plus belle et répliqua :
« Oui, un orphelinat ce serait une excellente chose, mais nous n'engagerons pas de professeur comme la Dame Chiavareli, je ne pourrai le tolérer  »plaisanta-t'il en faisant référence à la professeur détestée par les deux amis et qui leur avait donné tant de châtiments et de punitions qu'ils l'avaient finalement surnommée Son Excellence Martinet du Coin. Elle devait être morte également aujourd'hui, comme tant d'autres.

Daeliel regarda au loin et observa un instant la réunion des sarkoriens et reprit avec un enthousiasme grandissant :«  Oui, un orphelinat, mais pas un orphelinat mendevien, un orphelinat ouvert aux cultures locales : nous recueillerions les orphelins des croisés, des colons et des tribus et les formerions selon les cultures diverses de ces populations. Ce sera un formidable moyen d'apporter la paix et l'union entre les peuples : dès l'enfance. Ils se connaîtraient et connaîtraient les cultures des uns et des autres, ils s'accepteraient et formeraient une nation sans même s'en rendre compte. Enfin, je pense.
Il faut... il faudra convaincre les tribus, mais... Teysa, elle pourra nous aider. Ce serait formidable Kélérine, imagine !
 »
L'elfe se calma
« D'ailleurs, si tu me permets un conseil : fais confiance à Teysa et laisse la gérer les sarkoriens à sa guise, traites la en égale et en alliée à contenter : en amie quoi, plutôt qu'en alliée à contrôler ou à chapeauter. Non pas tant pour elle, mais parce qu'ainsi les sarkoriens se sentiront respectés. Et mieux vaut que ce soit par le biais d'une personne de confiance qui se battra à nos côtés. Nous aurons tant à gagner si les sarkoriens ressentent pleinement que nous ne venons pas, plus, en sauveurs supérieurs, mais en égaux, en alliés respectueux. J'ai l'impression que ce pourrait être un moyen de ramener à nous certains des sarkoriens qui ont pris le parti des démons pour être du côté des forts plutôt que des faibles. Vois Jestak, si nous parvenions à la ramener à la lumière et à en faire une alliée... mais ce sera long et délicat. »
Il regarda son ami et pouffa : « Tu vas finir par te dire que je ne te connais plus. Je sais que tu feras mieux que je ne pourrai le faire mon ami.

Commençons par te présenter tes troupes en détail. Tu verras, l'Héritière a bien choisi ceux qui la servent. »

et l'elfe mit son nouvel arc en bandoulière, avec un respect prononcé pour l'arme sacrée, avant d'entraîner son ami vers les paladins de la Reine au repos pour que les présentations se fassent face à face. Il ne doutait pas que Kélérine emporterait l'adhésion des guerriers saints, surtout s'ils avaient l'occasion de le rencontrer de près.

Modifié par un utilisateur lundi 22 mai 2017 21:00:55(UTC)  | Raison: Non indiquée

Daeliel accompagna son ami passer les troupes en revue. Il lui présenta personnellement ceux qu'il avait pu être amené à connaître au cours de leur périple : ceux qui avaient gardé la tente des officiers ou les prisonniers, ainsi que les personnalités les plus marquantes et les éclaireurs encore en ville.

Il avait plaisir à voir les hommes recevoir les félicitations avec fierté les félicitations de l'aasimar. Plusieurs années en arrière, la perte de repère des croisés aurait rendu cette scène impossible. Aujourd'hui ceux-ci avaient suivis dans la gueule du lou un elfe bleu sans parent, une tieffeline inconnue, un mercenaire et une baronne Sarkorienne inquiétante. Daeliel se prit à espérer que les choses aient véritablement changé en bien. Revenant aux troupes, il se permit de distribuer quelques avis à Kélérine :
« Sosiel sera un véritable pilier sur lequel tu pourras t'appuyer, mais Aaron sera tes yeux et tes oreilles hors de cette ville. Lui et ses hommes ont accomplis de véritables exploits lors de notre raid pour libérer Drezen. Sans leurs talents, nous n'aurions jamais pu planifier nos attaques comme nous l'avons fait et limiter nos pertes. Aaron est un ancien accroc à la drogue sombre que les démons utilisent pour pervertir certains croisés. Nurah le fournissait pour le faire basculer et ainsi nous nuire et nous l'avons confondu, mais il s'est débarrassé de cette addiction et il est fiable désormais. Je te le présenterai à son retour de mission.  »

Aravashnial s'approcha de Daliel, visiblement peu à l'aise et habitué à ce qu'il était en train de faire.


« Pardonnez ma maladresse mais c'est un exercice auquel je suis peu habitué. Comme je vous le disais, j'ai fait des recherches sur vos parents. J'ai trouvé la trace d'un couple ayant abandonné jeune un bébé elfe à la peau bleu, pour le préserver. Ces gens faisaient partis de notre ordre, les Gardiens des Failles. Ils sont morts dans une mission, apparemment tué, comme le reste de l'escouade, par celui dont vous connaissez le nom, Xanthir Vang, qui semblent diriger le Sanctum. Je ... cela me paraissait important que vous le sachiez. Est ce que ... enfin ... est ce que vous voulez connaître leur nom?  » demanda t'il, mal à l'aise.

Aravashnial s'approcha de Daeliel, lui prenant l'avant-bras en signe de compassion.


« J'ai contacté notre siège pour tout autre chose dans un premier temps, j'avais besoin de récupérer des copies d'archives de tout ce que je pouvais, et y faire mes rapports. Et en voulant faire mettre à jour le registre des décès, je suis tombé sur ce couple, qui avait confié son enfant le temps d'une mission, et n'était jamais revenu. Un couple d'elfes. J'ai interrogé quelques personnes et sa peau était un peu particulière, comme vous.
Ils s'appelaient Rathloriel et Elwyn Faerendil. Ils enquêtaient sur un réseau lié aux magiciens de la flamme noire, ceux qui manipulent, parfois sans se revendiquer du mal, l'énergie des abysses qui traîne ici. Ils sont tombés dans une embuscade alors qu'ils enquêtaient sur le Sanctum.
j'essayerai d'en apprendre plus mon ami, je n'étais pas certain que vous souhaitiez savoir. C'est Tabitha qui m'a convaincu de le faire. »

L'elfe souriait à l'orphelin.


« Je ferai déplacer les archives ici afin que vous puissiez les consulter, nous ferons des recherches ensemble. Mais soyez prudent Daeliel. Il faut être un magicien hors pair pour rejoindre nos rangs, vos parents n'étaient pas des débutants. Ce sanctum et tout ce qui tourne autour doit être vraiment dangereux. »