Chaque sujet allait bon train, permettant d'aborder tous les points sensibles avec la souveraine. Le temps n'était pas un luxe et il était difficile pour les uns et les autres de maîtriser tous les événements évoqués. Le fossoyeur fit appel à sa mémoire lorsqu'Iléosa évoqua le shaman shoanti rencontré l'avant veille. Il en profita également pour incliner la tête en signe de compassion vers Sabina Merrin qui, malgré son armure, tenait debout grâce aux soins prodigués la veille, ce qui ne fit que conforter l'oracle sur ses actions passées! A son tour de parole il se permit d'évoquer ce qu'il était parvenu à se rappeler :
« Hmm... Nous avons en effet été interpellés par un certain Mille-Os, oracle de la tribu des Skoan-Quah. Etant donné mon point de vue sur le sujet, je ne saurais que trop vous recommander de ne pas prendre à la légère ce que ce genre de personne est en capacité de prédire! »
Rakyel marqua un temps mort, se demandant s'il n'avait pas été trop outrageant... Mais après tout, les dons accordés à Mille-Os se rapprochaient tellement de ceux dont il avait hérité qu'il pouvait en parler librement en connaissance de cause.
Reprenant :
« En ces temps troublés, le malheureux hasard a fait que son petit fils a disparu. La tribu vous sommes d'y mettre les moyens nécessaires pour le retrouver. Et pour ne pas simplifier le contexte, il s'avère qu'un refus serait considéré comme une insulte envers le peuple shoanti, pouvant aller jusqu'à l'alliance des Skoan-Quah avec les Sklar-Quah, déjà très envieux de déclarer un conflit avec les autorités Korvosiennes... »

Se grattant le menton de son index noueux et noirci, laissant apparaître quelques brûlures sur son visage squelettique, le fossoyeur termina en évoquant sa vision des choses, réfléchissant un peu à voix haute :
« Je ne sais pas ce que vous en pensez mais la disparition de nombreuses personnes reste inquiétante : entre le fils de Sorina, ce Gaekhen Poing-de-pierre, Trinia Sabor qui vivait dans un orphelinat ou encore le petit Laam Souriceaugris que Méry a connu, j'aurais tendance à penser qu'une organisation s'en prend aux jeunes de la cité pour une raison qui nous échappe encore... Si à cela on y ajoute les expériences malsaines de cet étrange Rolth qui récupère des cadavres, on arrive à un échantillon non négligeable de corps qui se volatilisent!
...
Mais pardon de vous ennuyer avec toutes ces informations Votre Majestée. Notre priorité restera l'interpellation de l'assassin présumé de feu notre Roi. »

Rakyel tourna la tête, interrogateur envers ses compagnons pour savoir s'ils avaient quelque chose à ajouter. Valéria évoqua la piste magique - En voilà une bonne idée! et Zulgar conclut sur les données qu'il possédait, ce qui provoqua une vive réaction chez l'héritière Arabasti.
Aheum... Il va être temps de laisser la Reine se reposer... songea-t-il alors qu'il se surprenait à nouveau à faire preuve d'une confiance en lui défiant les limites qu'il avait pu s'imposer jusqu'alors! A croire que c'est dans la difficulté que Rakyel était capable de faire preuve de sa ténacité et sa force de caractère.
Effectuant une révérence au moment où le groupe prenait congé des tapisseries royales, il s'appuya sur son bâton pour fermer la marche au rythme des résonances dans la salle du trône.

Au moment où la reine évoqua la missive de la Maréchale Kroft, le coeur de Zulgar sembla s'arrêter. Le gnome devint d'une pâleur cadavérique, puis il s'empourpra tout aussi vite lorsque Iléosa lui assura que sa "différence" ne remettait rien en cause. Zulgar n'aurait jamais pu penser qu'une telle attitude soit envisageable. Cela ne fit que raffermir sa loyauté à la couronne. Il ne put que bredouiller des remerciements incompréhensibles. Gêné il s'apprêta à quitter la pièce lorsque le licteur DiVri fit son entrée fracassante. Il ressentit son outrecuidance et son manque de respect vis à vis de l'autorité royale comme une insulte faite à sa personne. Mais la réaction de la reine et celle de Sabina calmèrent sa colère, il conserva ses réflexions pour lui.



Après être sorti de la salle d'audience, le gnome se retourna vers ses compagnons. "Je vous propose d'aller assister à l'interrogatoire des assassins puis de nous rendre à la dernière adresse connue de la miss Sabor, et ce avant que d'autres personnes ne massacrent tout indice -ou l'intéressée- là-bas. Le reste peut attendre. Cela vous sied-il ?"

Modifié par un utilisateur mardi 4 juillet 2017 23:06:17(UTC)  | Raison: Non indiquée

20 Pharast, fin de matinée - Hall des Arbitres (Hall Longacre), quartier de la Pointe Nord
Malheureusement pour eux, les impressions qu'ils avaient eu en arpentant les rues de la ville une heure plus tôt semblaient se révéler exactes. Les discussions allaient bon train, mais ils ne pouvaient tendre l'oreille sans saisir des mots qui revenaient sans cesse: Trinia Sabor, régicide, justice, vengeance, et une poignée d'insultes envers celle que les habitants de Korvosa avaient largement l'air de considérer comme celle qui avait assassiné leur bien aimé roi.

Cela n'avait pas ailleurs l'air de générer beaucoup de sympathie pour Ileosa. Les murmures sur la culpabilité, même indirecte, de la reine n'étaient pas rares. Tout ce que voyaient les gens du peuple, dans la plupart des cas, c'était que la mort d'Eodred avait permis à la Reine Catin de monter sur le trône.

Malgré tout, les quartiers autour du palais étaient relativement calmes, en dehors des discussion à voix basse. La garde patrouillait de loin en loin, certes, mais le calme ambiant venait sans doute de la présence inquiétante des Chevaliers Infernaux, bardés d'acier noir, scrutant la foule d'un regard perçant. Plus inquiétant, les Chevaliers étaient relativement rares dans leurs rangs: la plupart étaient des Signifers, les arcanistes et prêtres dans les rangs de l'Ordre de la Pointe...

Lorsqu'ils atteignirent la Pointe Nord, après s'être séparés de Gracchius en lui donnant rendez vous dans les Tuiles, malgré les patrouilles - moins fréquentes - l'ambiance était plus tendue encore. Des petits groupes à l'air décidé arpentaient les rues, frappant de porte en porte, expliquant qu'ils cherchaient la régicide et interrogeant les habitants. Pire, les Chevaliers Infernaux agissaient de la même manière, avec une brutalité impitoyable. A une ou deux reprises, ils croisèrent des familles pâles, regardant s'éloigner à travers leur porte défoncée un duo de Chevaliers de la Pointe.

Heureusement, ils commençaient à avoir une certaine réputation autour de la porte Nord. Rakyel en particulier fut abordés à trois reprises par des citadins qui insistaient pour le remercier - les remercier - de leur rôle dans la fin des Marteaux du Vacher.


Le Hall des Arbitres, aussi appelé Hall Longacre, était une grande bâtisse le long de la rue des Caravanes, qui menait du coeur de la Pointe Nord à la Porte Nord. Le tribunal principal de Korvosa était plutôt impressionant: deux étages dominés par un beffroi. Ils arrivèrent juste lorsque la cloche sonnait la 11e heure.

Les lieux n'étaient pas non plus déserts, et sur place se trouvait des avocats, des plaignants, une bonne dizaine de gardes à l'entrée et dans le hall principal, et une foule de plaignants. Ils croisèrent aussi une demi-douzaine d'arbitres, les juges de Korvosa, dans leur robe de fonction rouge et noire, un foular noir noué autour du cou. Personne ne leur prêta vraiment attention, en dehors des gardes qui les inspectèrent rapidement, et leur rappelèrent que les armes devaient rester rengainées, dans l'enceinte du tribunal sous peine d'emprisonnement.

En demanda leur chemin au bureau proche de l'entrée, ils n'eurent pas de mal à obtenir une entrevue avec Zenobio Zenderholm. Après tout, ils venaient de la part de la reine...

L'Arbitre suprême de Korvosa les reçut dans un bureau du premier étage. La décoration était élégante mais plutôt sobre, en dehors de la bibliothèque de bois précieux, garnie d'ouvrages reliés de cuir blanc, et des deux tableaux accrochés sur les murs. Le premier représentait Arcturus Zenderholm, l'ancêtre de Zenobia, et premier Arbitre Suprême de Korvosa. L'autre représentait un homme en armure dorée, une arbalète dans une main et une balance marchande dans l'autre: Abadar, le dieu tutélaire de la ville.


Zenobia Zenderholm leur adressa un regard perçant, comme si elle essayant de sonder le fond de leur âme. Il fut difficile de réprimer un frisson.
« Je présume que vous êtes ici à propos des assassins? Ne perdons pas de temps dans ce cas... »

Alors qu'elles les escortait jusqu'au sous-sol, Zenobia entreprit de leur poser des questions.
« C'est une tragédie que votre ami soit mort durant le couronnement. Mes condoléances. Cependant, je dois avouer que le discours de notre chère reine avait des sonorités...inquiétantes. Je sais que vous travaillez avec elle, mais je présume que je n'ai pas besoin de vous rappeler que la reine n'a pas tout pouvoir, n'est ce pas? C'est la loi qui gouverne Korvosa, et nous ne tolérerons pas les despotes. Mais je suis certaine qu'elle trouvera ses marques...sur vos conseils. »

Elle salua deux gardes, et déverrouilla la porte de ce qui devait être une morgue. Sur deux tables de pierre polies, les corps d'Ovidius le grimaçant et Lucia Poingtonnerre reposaient. Ils étaient nus, mais leur peau livide, les blessures recousues grossièrement et la lumière crue des torches éternelles rendait une chose claire: ils faisaient parti du décor.

Zenobia haussa un sourcil à leur intention.
« Avez vous besoin de mon aide? J'ai bien l'intention d'assister à cet interrogatoire, mais j'ignore si certains d'entre vous sont capables de le conduire eux mêmes. D'ailleurs, je serai curieuse d'en apprendre plus sur vous tous. »

Perception DD15


Connaissance (noblesse ou local) DD15

Modifié par un utilisateur vendredi 7 juillet 2017 23:41:42(UTC)  | Raison: Non indiquée

Zenobia Zenderholm hocha la tête.
« Très bien. En l'occurence, si vous avez des question à poser, signalez le moi. Les sortilège permettant d'interroger les corps sont toujours un peu instables, alors mieux vaux que vous y réfléchissiez pendant que je les ranime. »

Elle se tourna vers le corps d'Ovidius, et posa une main sur son front alors qu'elle dégageait le pendentif en forme de clé à son cou, et l'empoignait. Elle se mit à réciter une prière lancinante.
« Abadar, maître de la première crypte, seigneur des cités et prince de la civilisation. L'âme de cet être est déjà passé au delà du voile, mais les informations qu'il détient sont cruciales pour protéger notre belle cité de Korvosa, le phare flamboyant de la civilisation. Ramenez le parmi nous depuis les allées de l'Ossuaire, afin que nous puissions le questioner. Seigneur Abadar, entendez ma prière! »

Le rituel dura un certain temps, mais peu à peu, le cadavre d'Ovidius fut parcouru de frissons, puis de tremblements de plus en plus violents. Finalement, le bec du cadavre claqua violemment, et un râle caverneux s'en échappa alors qu'il tournait lentement la tête, posant son regard vitreux sur eux.
« Qui êtes vous...? Que...voulez...vous? »

Zenobia fit volte face vers eux.
« Je pense que nous devrions pouvoir lui poser peut être cinq questions, si nous avons de la chance. Que voulez vous savoir? »

Si vous avez des questions à poser, c'est le moment où jamais!

Valéria connaissait bien la ville... Et ne l'avait jamais vue dans cet état : prête à de nouvelles émeutes d'une part, brutalisée par les chevaliers infernaux d'autre part. Rien de cela ne lui semblait bon, que ce soit pour un bref laps de temps ou non. Elle doutait que même si la soit-disant régicide était attrapée et jugée la fureur populaire s'appaise. Et l'apparition de ce genre de milices ne présageait de rien de bon non plus.


Le hall des arbitres lui faisait plutôt froid dans le dos également, trop de gens qu'elle connaissait y étaient passés, et pas nécessairement pour leur bien. Comme précédemment, elle n'était pas habituée à cotoyer ainsi les citoyens les plus hauts placés, mais elle allait finir par s'y habituer à force...
A sa question, elle répondit donc de manière relativement assurée: « En ce qui me concerne, je n'ai pratiquement aucune capacité dans ce genre de magie. Je suis spécialisée dans les illusions, les images. »

Le rituel lui-même mis à rude épreuve la capacité de son estomac à garder son petit-déjeuner. Elle préférait de loin que les morts restent à leur place et profitent d'un repos éternel, plus ou moins bien mérité.
je suppose qu'il y a moyen de discuter des questions avant de les poser réellement, sinon, je modifierai ceci.
« Il nous faudrait probablement l'identité de celui qui l'a envoyé. Et peut-être effectivement des questions sur Trinia Sabor. Son emplacement? Du moins si il la connait. Et je crains de ne pas avoir beaucoup d'idée. Je ne sais rien de son implication en dehors de ces dernières minutes de vie. »

Modifié par un modérateur lundi 10 juillet 2017 01:32:15(UTC)  | Raison: Non indiquée

Zenobia haussa un sourcil hautain à la remarque de Rakyel.
« Evidemment que mon sortilège est assez puissant pour obliger un vulgaire surineur comme lui à dire la vérité! Mais rassurez vous: je tiens autant que vous à la vérité. Je vous ferai part de mes soupçons si jamais j'ai l'impression que la magie n'a pas fonctionné. »

Les corps eux-mêmes, du moins celui d'Ovidius, ne portait pas grand chose d'intéressant. Il est vrai cependant qu'en tant que Tengu, sa peau n'était pas vraiment visible sous les plumes. Les deux cadavres avaient vraisemblablement été conservés par magie, peut être un sortilège de préservation des morts, mais il était difficile d'en être sûr. Tout le souterrain paraissait imprégné de magie, après tout, même si l'impression était légère.
Le corps de Lucia était plus intéressant, en revanche. La jeune femme aurait pu passer pour humaine si elle n'avait pas porté deux cornes incurvées au front et une longue queue préhensile. Elle portait aussi plusieurs tatouages: un représentant une baleine des abysses, que les marins appelaient Baleine Tueuse, au niveau du haut de la cuisse, un autre représentant une paire de dé affichant un 6, dans la paume de la main, et un drake s'enroulant autour de son bras gauche. La qualité aurait pu être bien meilleure, et ils avaient du être fait dans des conditions laissant à désirer.

Signification des tatouages - Connaissance local (DD15)



Outre leurs marques, les corps pouvaient cependant être bavards d'une manière plus directe, cependant. Le cadavre d'Ovidius tressaillit à la question, les muscles rigides tentant de parler de leur mieux. Son élocution était hésitante, saccadée, mais sa réponse on ne pouvait plus clair.
« Trouver...Trinia...Sabor...? Aucune...idée...jamais...vu...ni...entendu...parler... »

Ovidius se tut un instant devant le barrage de questions, mais finit par reprendre sa litanie de réponses.
« Sais pas...pas de nom...femme...rousse...cape rouge...jeune...vers trente ans...humaine, chélaxienne...Dit qu'on devait assassiner la reine au couronnement...et parler Trinia Sabor. Musiciens...faciles à repérer...Lucia...utilisé des instruments pour cacher nos armes...potion et magie pour déguisement pour elle...transformé pour moi... »

Il eut une quinte de toux déchirante, comme si la magie qui l'animait commençait à arriver à son terme.
« Personne d'autre...juste...nous...gardes débordés...facile...Thh-theeuu-thh... »

Malgré les risques que le tengu veuille leur mentir, Rakyel comme Zenobia Zenderholm avaient le sentiment qu'il était sincère. Rien en tout cas ne laissait supposer qu'il mentait.

Il ne vous reste qu'une question! Choisissez la soigneusement!

Modifié par un utilisateur mercredi 12 juillet 2017 23:43:53(UTC)  | Raison: Non indiquée

En entendant la description de le femme qui avait embauché les 2 assassins, le sang de Zulgar ne fit qu'un tour. Lady Cinnabar, l'ambassadrice du Chéliax ! Après l'ambassadrice du Nidal, cela faisait beaucoup. La conspiration paraissait s'étendre à plusieurs notables (plusieurs nations ?). Mais il ne voulut pas parler de ses soupçons devant Zenobia. Avec ces 2 personnes d'influence incriminées, qui sait quelles autres personnalités de haut-rang pouvaient être impliquées. Du coup, l'idée de repousser l'interrogatoire de Lucia lui paraissait excellente et il acquiesça à la proposition de Rakyel.

Ovidius s'arqua brutalement, comme pris d'une crise de convulsions alors que les derniers fragments de magie se dissipaient.
« Rendez vous...café Plume Tremblante...on...a reçu...contrat...rendez vous...à l'avance... »
Avec un dernier râle pour interrompre ses paroles déjà grinçantes, Ovidius retomba sur la table de pierre, inerte.


Zenobia Zenderholm haussa un sourcil et nota quelques détails sur un carnet. Elle esquissa un sourire sardonique à la question de Rakyel.
« Personne. Je suis la plus haute autorité de Korvosa en matière de justice, et c'est moi qui instruirai le procès, comme le prévoit la loi pour les affaires de régicide. Donc c'est moi qui dirigerai les investigations également. J'en rédigerai un rapport à la reine en tant normal, par courtoisie, mais je suppose que vous allez le faire vous même. »

Elle jeta un oeil au cadavre.
« Aucun problème, la salle est de toutes façons ensorcelée pour préserver les corps. Un mot cependant... »
Elle regarda Valéria, ses yeux gris perçants jusqu'au font de son esprit.
« Votre jeune amie halfline...n'as pas tords. Je suis chargée de faire justice, et je ferai porter tout le poids de la loi sur cette affaire. Mais je ne peux rien faire si l'accusée est massacrée par la foule avant le procès. »

Alors qu'ils s'apprêtaient à sortir, elle nota un dernier point.
« Au fait, maître Rakyel. Peut être devriez vous poser quelques questions à votre amie halfline et à votre camarade gnome, à propos de la raison pour laquelle ils connaissaient la Maréchale Kroft. Vous pourriez découvrir des détails intéressants. »

20 Pharast - début d'après midi
Les enquêteurs mandatés par la reine (un statut bien nouveau pour eux) quittèrent le palais de justice, comme le Hall des Arbitres était parfois appelé, et prirent la direction du district Médian où se trouvait la rue de la Lune. En chemin, ils furent rejoints par Gracchius: le bretteur Varisien n'avait pas non plus perdu son temps, et avait réussi à convaincre Cressida Kroft de l'aider à enquêter auprès des serviteurs du palais à compter du lendemain. Ensemble, ils pénétrèrent dans le quartier le plus mal famé de la ville en dehors de la Vieille Korvosa.

Les Tuiles se trouvaient dans le district Médian, mais formaient quasiment un quartier à part entière. Ici, cabanes, masures et demeures insalubres étaient bâties dans une jungle de cheminée, de toits pentus et de gargouilles éreintées par l'érosion. Ici vivaient des vagabonds, criminels, monstres et aberrations, des striges et diablotins envahissaient les caniveaux et se disputaient les cieux et les espaces entre les immeubles plus ou moins abandonnés aux drakes korvosiens qui nichaient sous les gouttières. Un réseau de planches, de ponts de corde, de toits mal équilibrés, de cordes à linges et de passages bricolés formaient un véritable labyrinthe au dessus des rues.

Mais la dangerosité de l'endroit n'empêchait pas qu'il soit l'un des quartiers les plus densément peuplés de la ville! Des familles entières s'entassaient dans des studios et appartements exigus, débordant dans les cages d'escaliers et sur les palliers, et bien que la lumière du soleil n'atteigne pas vraiment le sol, se perdant dans le labyrinthe suspendu des toits, les passants ne manquaient pas.

Pire encore, la fièvre qui avait saisi la ville semblait également s'être propagée au quartier. Les Chevaliers de la Pointe ne semblaient pas encore avoir atteint les lieux, mais plusieurs groupes d'émeutiers arpentaient les rues, armes improvisées et torches à la main. Ils les évitèrent, et finirent par se frayer un chemin jusqu'à la bonne adresse. Enfin, ils étaient rue de la Lune, et en comptant les portes, ils devaient être au n°10. Une ménagère vida un seau d'épluchures dans le caniveau par la fenêtre, leur jetant un coup d'oeil intrigué. L'immeuble lui même était aussi décrépit que ses voisins et n'avaient pas de signes particulier. Ils étaient pourtant au bon endroit.

Modifié par un utilisateur samedi 15 juillet 2017 18:13:33(UTC)  | Raison: Non indiquée