Un réveil plutôt brutal. Samara inspira bruyamment, cherchant à emmagasiner un maximum d'air dans ses poumons, comme si sa vie en dépendait. Instinctivement, elle savait que cette situation n'était pas normale. Sans savoir ni comment ni pourquoi, elle s'était fourrée dans un espèce de guêpier et elle ne pouvait compter que sur elle-même pour s'en sortir.

Cet homme tendait la main au-dessus d'elle. Elle était allongée sur un autel. Tandis qu'elle expirait, la jeune semi-orque tentait de faire le vide afin de se concentrer et de faire appel à tous ses sens. La pièce était grande, il y avait du monde. Le seul moyen de s'en sortir était de prendre en otage l'homme encapuchonné qui venait de faire un sacrifice pour elle ne savait quel avènement sans doute démoniaque. Du rouge, du noir, la première chose qui lui vint à l'esprit était le nom de celui qu'on ne nomme pas, le Prince des Enfer, le Maître des Contrats. Elle avait un plan...

La séquence était très claire dans sa tête, l'exécution le serait peut-être moins. Elle n'avait pas besoin d'armes,c'était une arme à elle toute seule, les maîtres du monastère d'Hurlevent l'avaient formée. Elle essaya d'attraper le bras du prêtre et dans un bond de se placer derrière lui pour l'immobiliser par une clé de bras et le menacer de ses crocs à lui arracher le cou. Si elle y parvenait, il lui servirait de sauve-conduit pour sortir de cet enfer...

Modifié par un utilisateur jeudi 10 août 2017 22:28:33(UTC)  | Raison: Non indiquée

Samara essaya de tenir coûte que coûte. Ces mains, ces bras, ces cheveux, ce n'étaient pas les siens et pourtant c'était bien elle qui agissait. Il lui fallut faire appel à la méditation, se concentrant sur sa respiration, elle ferma les yeux un instant jusqu'à ce que son cœur cesse de battre la chamade, il ne fallait pas se laisser gagner par la panique, car il y avait de quoi !

Maintenant autant que possible sa prise sur l'homme, elle voulait s'en servir d'otage ou de bouclier pour sortir d'ici. Mais il s'était passé quelque chose et ce corps n'était pas le sien - « Je ne m'appelle pas Ishkaria ! Qu'est-ce que vous m'avez fait ? Que s'est-il passé ? Qu'est-ce que je fais ici ? Qui êtes-vous ? Des diabolistes ? »

Le prêtre n'avait pas répondu à sa question et les choses se précipitaient notamment à la porte du temple. L'Aube d'Argent semblait annoncer une force plutôt du Bien, ce qui la confortait dans son idée qu'elle avait affaire des des cultistes d'Asmodée. Mais les cris gutturaux lui rappelaient plutôt sa propre langue... raciale... Des Orcs ? Des Orcs qui défendaient ce Temple ou des Orcs qui attaquaient ce Temple ? Associer Aube d'Argent qui faisait penser au Bien et Orc ne collait pas vraiment avec ce quelle connaissait de la race de son géniteur, même si elle ne connaissait pas celui-ci.

La confusion grandissait lorsque le disciple vint lui murmurer à l'oreille. Elle était perdue et quand elle était perdue, elle se mettait en défense. Lâchant le prêtre, elle se recula d'un pas, se mettant en position de combat, les poings serrés - « Mes maîtres ont fait de moi un défenseur des temples. Je ne m'enfuie pas, je défends le temple. Qui êtes-vous ? Quel est votre religion ? Qu'est-ce que vous me voulez ? Qu'est-ce que l'Aube d'Argent ? » - Tandis qu'elle enchainait les questions, elle essayait de trouver un signe, un symbole, quelque chose sur la tenue du prêtre ou des adeptes qui puisse l'aiguiller, mais elle ne perdait pas non plus de vue la grande porte par laquelle l'homme en armure grise venait de se faire éventrer... Elle cherchait un signe pour savoir de quel côté se ranger.

Mais qui étaient ces gens ? La réponse du prêtre ne lui avait pas permis de d'éclairer sa lanterne, si ce n'était qu'ils appartenaient à une sorte d'ordre secret d'une divinité qui lui était inconnue et qu'apparemment ce capitaine de l'Aube d'Argent trait d'engeance maudite. Elle regarda le prêtre et son disciple - « reculez ! » - leur ordonna-t-elle.

Elle se hissa sur l'autel et se mit debout afin d'être bien visible de tous et surtout des assaillants et se mit à crier aussi fort qu'elle put - « JE SUIS UNE MONIALE D'IRORI, LE MAÎTRE DES MAÎTRES ! JE SUIS UNE PROTECTRICE DU MONASTÈRE ET GARDIENNE DE L'ÉQUILIBRE ! QUI ÊTES VOUS ! QUI ÊTES VOUS TOUS ! JE M'IMPOSE ICI ET MAINTENANT EN FORCE D'INTERPOSITION ENTRE CES DEUX FACTIONS ! CESSEZ CE COMBAT IMMÉDIATEMENT OU VOUS AUREZ AFFAIRE À LA MAIN D'IRORI ! » - Elle se mit en garde, prête à bondir et à frapper du poing ou du pied, ou du coude ou du genou, peu importait, toute partie de son corps pouvait être une arme, son corps... Elle regarda un instant ses poings serrés devant elle tandis qu'elle se mettait en garde. Ils paraissaient bien plus fins, petits et fragiles et puis cette couleur de peau...

Le temps du dialogue semblait passé depuis bien longtemps. Tant pis, elle avait essayé. Il fallait toujours essayer. Nombre de conflits s'étaient réglés par le dialogue et avait bien souvent chassé bien des malentendus. Mais si cette secte étrange aux couleurs asmodéennes paraissait ne pas lui vouloir de mal, rien ne disait que derrière leurs actions ils ne poursuivaient pas des buts maléfiques. Après tout, elle habitait un corps qui n'était pas le sien...

Quant à ces assaillants aux couleurs des forces de la lumière, ils semblaient prompts au massacre sans discussion aucune. Étaient-ils là pour éradiquer une secte maléfique et il était fortement possible qu'elle en faisait visiblement partie à leurs yeux, ou étaient-ils une sorte de caste rivale qui tentait par a force de vaincre ceux qui avaient fait appel à la sorcellerie ou aux rituels ?

Samara regarda l'adepte se faire éventrer tandis qu'il s'était arrêté le temps de l'écouter. Il fallait que cette tuerie cesse le temps qu'elle comprenne - « TRÈS BIEN ! VOUS AVEZ CHOISI DE NE PAS RÉPONDRE À MES QUESTIONS ! VOUS ÊTES DONC TOUS AUSSI COUPABLES ET MALVEILLANTS À MES YEUX ! » - Elle tourna la tête vers le prêtre qui avait fait les invocations - « Mettez vous à l'abri avec les vôtres ! » - Puis sans attendre elle fonça droit vers le capitaine. Si elle parvenait à l'immobiliser et le prendre sous son contrôle, alors le combat cesserait et ils pourraient enfin parler.

Ce corps physique était tellement différent du sien... Elle n'y voyait rien dans cette obscurité. Par ailleurs ce corps semblait plus faible et plus fragile que le sien, c'était celui d'une frêle humaine par ailleurs bien affaibli encore par l'espèce de rituel dont elle avait fait l'objet. Ce n'était pas dans l'ordre des choses. Ces maudits prêtres allaient avoir besoin d'une bonne raison pour avoir forcé l'ordre des choses et surtout ils avaient intérêt à effectuer ce qu'il fallait pour qu'elle réintègre son corps physique, en bon état bien-sûr.

Mais si le physique ne correspondait pas à ses attentes, le mental était bien le sien et elle n'avait pas oublié les techniques de combat et de concentration. Il était imprudent de se lancer à l'assaut avec un tel corps aussi faible, l'obscurité lui procurait un bon camouflage et elle pouvait utiliser ses autres sens pour percevoir une personne proche et la neutraliser grâce à ses connaissances techniques. Ce serait bien plus difficile mais elle n'avait pas le choix. Ces prêtres ne pouvaient pas mourir sans quoi ils ne pourraient peut-être pas effectuer le rituel inverse et ces soldat de l'Aube d'Argent ressemblaient à une sorte d'inquisition mais pour quelle cause ? A quoi ou à qui devait-elle se fier ?

La sagesse lui dictait de rester prudente. Les cultistes l'avaient appelée Ishkaria, qui était-ce ? Elle soupira. La dernière chose d'elle qu'avaient vu les soldats inquisiteurs était lorsqu'elle descendait pour foncer droit sur eux. Ils s'attendraient peut-être à la voir sortir de l'obscurité poings en avant avec leurs hallebardes et autres armes. Quant aux prêtres et adeptes, elle les avait vu profiter de l'obscurité pour s'enfuir. Au lieu de foncer droit devant, elle fit le tour de l'autel pour s'en servir de bouclier et attendit, faisant confiance à son ouïe pour entendre quelqu'un approcher; Elle était prête à tester ce nouveau corps et à le renforcer s'il le fallait.