Zulgar s'attendait à ce genre de réaction. Tant mieux. Autant clarifier les choses dès maintenant afin de construire cette collaboration sur des fondations saines. "Je vous serais reconnaissant de demeurer calme et de ne pas hausser la voix. C'est inutile. Il n'y a aucun sous-entendu dans nos propos : mademoiselle Sabor est suspectée de régicide, et la seule chose qui la tient éloignée d'une corde de chanvre, c'est nous. A mes yeux, son innocence n’est nullement avérée et nous sommes justement là pour l'établir, dans le calme et la sérénité. Et jusqu'à ce que se soit fait, elle est considérée comme une prisonnière, qui devra être présentée à la reine dès que les conditions de sécurité seront assurées. Donc toutes les questions que mes compagnons et moi-même avons posées devront trouver réponse." Et souhaitant adoucir l’âpreté de ses propos : "Mais il va s'en dire qu'il est judicieux de faire cela l'estomac plein !" Se tournant vers Méry : "Et nous avons avec nous un spécialiste en matière d'agapes. Pensez-vous qu'il soit possible de récupérer quelque nourriture et boisson aux Trois Anneaux ?"

P.S : je me suis permis de mettre Méry sur le coup du ravitaillement vu qu'il est afk pour l'heure.

Trinia allait répondre, lorsque Gracchius intervint. Elle parut hésiter un instant entre le choc, la colère et la détresse, avant de finalement se décider pour un soupir épuisé. Elle essuya ses yeux où perlaient les larmes d'un revers de main.
« Puisqu'au moins vous avez l'air disposés à m'écouter, je vais vous dire tout ce que je sais, mais j'ignore si ça vous avancera à quoi que ce soit. Je commence tout juste à être reconnue, et je dirais que c'est après les fresques que j'ai peint pour l'Eglise de Pharasma que le roi a entendu mon nom. Enfin, j'en sais rien. »

Elle remonta ses genoux sous son menton, essayant d'arrêter ses tremblements alors qu'elle poursuivait son récit.
« Toujours est il que j'ai ouvert ma porte un jour pour trouver un messager du palais, qui me disait que le roi souhaitait me voir pour une commande. Honnêtement, j'ai eu du mal à le croire, mais il a bien fallu que je me rende à l'évidence quand j'ai été face à Eodred. Il voulait que je peigne un portrait de lui pour l'offrir à la reine. Je ne sais pas trop pourquoi il a fait appel à moi, mais je crois qu'il a évité les peintres plus en vue pour que personne ne soit au courant. »

Elle s'interrompit, rassemblant ses souvenirs.
« Il avait l'air tellement impatient de pouvoir faire ce cadeau à la reine, pour leur anniversaire de mariage...mais...non, je n'ai rien remarqué d'étrange. Enfin si, il y avait cet homme étrange, un peu sinistre, qui est venu plusieurs fois pendant que je peignais. Le roi m'a dit de ne pas faire attention à lui, que ce n'était que Venster, qui venait de temps en temps jouer aux cartes ou aux échecs avec Eodred. Hum...et puis, il y a eu une fois où j'ai perdu une de mes fioles de peinture, mais de toutes façons, il y avait sans doute eu une erreur, parce qu'elle était translucide, rien que je puisse utiliser. Je me suis dit qu'elle avait glissé de mon sac, mais... »

La sollicitude de Théodore la calma un peu.
« Merci Théodore, mais ça va. Si je reste ici longtemps, cela dit, un morceau à manger ne me ferait pas de mal. Qu'est ce que je vais devenir, dites? »

Trinia secoua la tête, essayant de rester cohérente.
« Non, c'est pas ce que je voulais dire! Il y avait du liquide dedans, mais un truc qui était transparent, au lieu de la peinture qui aurait dû s'y trouver. Et j'ai pas réussi à mettre la main dessus en rentrant, mais comme ça me servait à rien je me suis pas posé la question plus que ça. Et oui, j'emportais mon matériel. Je n'allais pas m'installer au palais, surtout que la reine était censée ne pas être au courant. »

Trinia secoua la tête.
« Non, personne d'autre. Mais j'ai aussi pu perdre la fiole ailleurs dans le palais, ou même sur la route en m'y rendant. Pourquoi? Qu'est ce qu'elle a de particulier? »

A présent qu'elle était un peu moins nerveuse, elle réfléchissait avec plus d'intensité et de vivacité. Elle claqua des doigts.
« Ah! J'ai une idée! Si vous me donnez quelques heures, je peux vous faire un portrait de l'homme qui était présent, Venster. Comme ça, vous pourrez peut être le reconnaître. Qu'est ce que vous en dites? »

Méry était resté préoccupé depuis leur entrevue avec Ileosa. Et particulièrement silencieux depuis leur passage aux Hall des Arbitres et sa macabre démonstration d'interrogatoire contre-nature.
Non pas qu'il ait eut l'esprit ailleurs : il restait -quoiqu'on en pense- spécialement attentif, tant aux réponses élusives de Valéria et Zulgar qu'aux détails exposés et aux révélations extorquées aux cadavres.
Tout en notant que son passage par la citadelle Volsheznek puis au Hall de Zenderholm, s'il avait certes moultes fois été invoqué par quelques rupins dépouillés, avait pris un tout autre tour que ce que l'on eut pu penser il y a quelques jours.
Nom d'une pipe, ce n'était que quelques jours...
C'était une chose de plaisanter sur la magie des nécromant-philes et une autre que de voir cette puissance à l'œuvre... il ne regarderait plus jamais Rakyel de la même façon après cette expérience !
En même temps, il découvrait lui-même un autre monde, celui des arcanes ; et il ne pouvait pas y avoir que de jolies lumières chatoyantes dans ces mystères... et ce pouvoir.
Qui repoussait les limites... imposées aux profanes.
Il (re-)pensa à Martha...
Et resta silencieux.



Même devant le moche balèze de Sarenrae.
Heureusement que le mariage avec ce paladin (demi-orc !) resterait métaphorique.
Bah ? Voilà qui va bien compléter notre troupaille de saltimbanques !
On avait bien besoin de ça pour optimiser notre diplomatie avec les diables de Domina.
Du coup, malgré son naturel tropisme pour le trajet supérieur auprès de l'agile tuilarde, il resta avec les rasecrottes, histoire d'assurer un éventuel échange entre les deux groupes en cas de pépin.
Ce qui ne fut pas nécessaire.
Belle performance.
C'est pas que la Dame des tombes ou la Déesse de l'Aube soient ses préférées, mais cela n'empêchait pas d'apprécier leur protection -si elle était à l'œuvre. Le petit bonhomme se méfiait plus encore de foule en colère que des (-a-)Pointés bredouilles en armure lourde.
Ils avaient eu de la chance.



Et maintenant l'artiste leur apportait les réponses.
Les pièces du puzzle se mettaient en place. Et en révélaient de nouvelles.
L'autre petit barbu menait la barque sans délicatesse mais avec d'excellents résultats -après tout, c'est ce qui comptait !-
« Excellente idée : le portrait de ce Venster.
Au fait, je me présente : Méry de Longoulet. On s'était peut être croisés sur les tuiles avant aujourd'hui, car j'y ai ma piaule moi aussi.
Avant que j'aille -discrètement- au ravitaillement et chercher aussi de quoi -aheum- "parfaire" votre déguisement... merci de chercher en votre mémoire si ce Venster est passé ou si vous avez eu contact avec quelque servante précisément le jour où cette fiole a disparu. Car notre ami aux lourdes bottes va enquêter auprès du personnel du palais demain.
Et auparavant, qui aurait pu glisser cette fiole dans votre matériel ? Il était stocké chez vous ?
Ah et... notre grand-prêtre à capuche vous a demandé si vous connaissiez le tengu Ovidius ou la tieffeline Lucia ? C'est celle qui vous a accusée devant toute la cour... »

Modifié par un utilisateur lundi 14 août 2017 18:53:43(UTC)  | Raison: Non indiquée

Théodore observait un peu la scène. Il regardait ceux qui travaillaient pour la couronne, n’intervenant que dans le besoin. Quand Trinia eut fini le portrait, il l’observa. «  Est-ce que cela parle à quelqu’un ?

Je suppose quoi qu’il en soit qu’au château on pourra vous dire de qui il est question.  »

Il se tourna alors vers Trinia «  Et où avez-vous acheté ces fioles et peintures ? Aviez vous précisé que vous travailliez pour le roi ? Et donc un jour on avait remplacé une fiole de peinture par un liquide translucide. Et qui avait accès à ces fioles quand vous étiez hors du château ? Je suppose que cela a été utilisé pour faire entrer quelque chose au château. Et peu après cette fiole translucide a disparu ? Avant la mort du roi ?

Est-ce correct ou est-ce que je ne comprends pas toute la situation ?  »

Zulgar fut surpris par la longue tirade de Méry. Il était demeuré très discret jusqu'à maintenant. Il regarda avec intérêt le portrait dessiné par la peintre. Au moins était-il très bien réalisé et donc très utile. En plus, il ne devait pas y avoir énormément de tieffelin au palais, surtout intime de feu le roi. "Cette personne m'est inconnue. Je ne me rappelle pas l'avoir vue lors de la cérémonie du couronnement." Il regarda fixement Trinia : "Nous voici donc avec un second suspect, intéressant qui plus est." Se tournant vers ses compagnons : "Reste à définir ce que nous allons faire de mademoiselle Sabor le temps de la poursuite de nos investigations. Compte tenu des ordres de la Reine et de l'implication de plusieurs personnes de haut-rang, le plus sûr pour elle est de la remettre à la Maréchale Kroft. Dès que ce sera fait, nous pourrons retourner au palais, prévenir Sa Majesté et trouver l'identité du tieffelin. Qu'en dites-vous ?"

Méry se rapprocha de Trinia et leva une main pour lui intimer de patienter, avant de se retourner vers les autres pour signaler :
«  Qui, ici, a assez confiance en la garde rouge... ?
Pour ne pas avoir d'officiers sous le pouvoir d'une minette vudraine ? (ou nidalienne...)
Pour empêcher les diables de Domina d'aller y imposer leur justice ?...
Pas moi.
Et comme je sais ce que c'est, que d'être abandonné en des mains étrangères sans aucune bienveillance, pour commencer, je ne souhaite ce sort à personne. »
Le petit bonhomme planta ses mains sur les hanches en regardant directement Rakyel.
« Cette proposition semble imposée par un pouvoir absolu. Le Tyran. Inacceptable.
Ce n'est pas mon idée d'un drake de Zellara. Et c'est contre-productif.
A moins que votre but soit de tester ainsi la résistance de la citadelle aux émeutiers en foule ou aux Pointus en ferraille.
Si c'est le cas, vous devriez vous contentez de faire courir la rumeur que la supposée régicide soit protégée au sein de Volsheznek.
Et je ne parle même pas de la prétention prévisible de la nécro(dé)mante Zenderholm à "interroger" le témoin... parce que je tiens à garder notre frugal en-cas dans mon estomac.
Alors voilà mon avis : Trinia nous a aidés. Spontanément. Utilement. Gratuitement.
On doit lui rendre la pareille. C'est la moindre justice.
Maintenant qu'elle n'est plus chez elle, on a le temps ici, de la grimer... aheum... correctement : je peux aller emprunter la trousse de déguisement récupérée par Sagass' chez Lamm.
Et je peux lui trouver un emploi officiel de nounou de deux orphelins -totalement coopérants- comme couverture parfaite, dans mon loft-pour-un-halfelin, si elle accepte cette transitoire promiscuité... et trouve un nouveau sobriquet. La petite Rubia est une fana du coloriage... ça fera un alibi parfait pour que l'artiste continue à s'exprimer.
Ceci, bien sûr, si elle accepte de témoigner quand on aura coincé ce Venster et les autres responsables... T'es une tuilarde, comme moi, y'a aucune raison que tu supportes qu'on t'exile de ta ville...  » conclut le halfelin avec sincérité et un salut courtois de la tête vers elle.

Modifié par un utilisateur vendredi 18 août 2017 00:17:09(UTC)  | Raison: Non indiquée

«  Vous pensez sérieusement que la livrer à la Maréchale serait une bonne idée ? Imaginez le temps qu’il faudra avant que tous sachent qu’elle est retenue, les émeutes que ça va faire et la pression sur les autorités.

Ils n’auront d’autres choix que de commencer les interrogatoires pour avoir des réponses satisfaisantes à donner à la populace.  »

Il serra les dents en ajoutant. «  Cette solution n’est pas envisageable, elle mettrait Trinia en danger, mais aussi la reine sous pression. Je la verrais bien en nourrice… Elle sait comment vivent des enfants, et pas toujours les plus calmes…  »

Modifié par un utilisateur lundi 21 août 2017 10:09:25(UTC)  | Raison: Non indiquée

Gracchius opine du chef.

«  Tout bien réfléchit, cela me semble que Raykel a eu une bonne idée.
Cressi... La Maréchale Kroft est une personne droite et digne de confiance. Si nous pouvons la convaincre que le cas de Melle Sabor n'est pas aussi simple qu'on le pensait au départ, elle ne la laissera pas condamner pour l'exemple.
En outre, la laisser entre ses mains, nous protège d'une éventuelle accusation pour trahison. Il sera possible de dire qu'elle est au mais des autorités, le temps que des investigation supplémentaires et discrètes aient été menées par nos soins en laissant croire qu'elle était toujours dans la nature.
Et puis, imaginons que quelqu'un commette un acte répréhensible en lui faisant porter le chapeau alors qu'elle est entre les mains de la Garde, cela permettrait de la disculper voire de piéger les éventuels manipulateurs.
En revanche, il faudrait que personne ne nous voie entre chez elle et je n'est pas totalement confiance en le Lieutenant Agrias, même si je peux me tromper. Passerions-nous encore une fois par les toits ?  »

Modifié par un utilisateur vendredi 18 août 2017 15:40:18(UTC)  | Raison: Non indiquée