Ces marchands étaient le signe que Sandro guettait pour se mettre en chasse. Nul ennemi du commerce, fusse-t-il une de ces sales vermines gobelines, ne se mettrait en travers de sa route. Quelle pitié que ces créatures aient choisi d'attaquer les marchands plutôt que de commercer. Le conflit n'était qu'une forme de tractation de dernier recours qui rapportait souvent moins qu'il n'en coutait mais qui pouvait être utilisé pour éviter une perte plus grande. De toute évidence, ces gobelins étaient stupides et n'avaient personne de plus sage à leur tête.

Les marchands quittaient le village, il n'y avait pas de risque à révéler son identité à court terme.

« Je m'appelle Sandro, je suis un clerc au service du maître du premier coffre-fort... Le moindre renseignement que vous me fournirez sur vos assaillants se révélera utile à notre église et bénéfique à la communauté du commerce... Il faut empêcher ces ennemis de nuire au marché... Combien étaient-ils ? Quels genre d'armes employaient-ils ? Se servaient-ils de magie ? Avaient-ils des monstres dressés ? Avez-vous entendu des conversations entre eux ? Le moindre détail est précieux. »

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Arrivé aux abords du village, un garde interrompit son chemin. Ils semblaient sur les dents après l'attaque des gobelins. Rien de plus normal, mais Sandro n'étaient pas leur ennemi.

« Désolé, m'sieur le garde ! Je ne suis qu'un modeste pélerin... J'y connais pas grand chose à vos affaires de lecture, je me rends au nouveau lieu de culte. » dit Sandro avec son meilleur accent paysan en relevant sa capuche.

« C'que vous êtes sur vot garde ! Un souci en ville ? C'est q'chuis pas un criminel moi. J'viens des zabords de Magnimar et la route a été longue... »

Modifié par un utilisateur lundi 18 décembre 2017 11:14:41(UTC)  | Raison: Non indiquée

« Excusez ma méprise, c'est que ma vue n'a jamais été très bonne avec la fatigue et je suis un peu assoiffé. J'ai marché longtemps. » s'excusa le "pélerin".

Seul Abadar guide mes flèches.

« J'ai pas forcément été toujours seul, Madame. Chuis allé avec des barques marchandes qui remontaient les eaux vers Nybor. Chuis parti à mis chemin direction plein nord. C'est plus long, mais ya moins de coup'jarrets ! C'est qu'quand vous accostez à la première grande anse de la rivière, il vous reste moins à faire à pied » dit-il. C'était la vérité.

« Merci pour les conseils, j'vais à la cathédrale. »

Modifié par un utilisateur lundi 18 décembre 2017 20:27:48(UTC)  | Raison: Non indiquée

Sandro quitta la garde pour se rendre en ville. Il marqua un arrêt sur le pont surplombant la rivière Turandarok. A partir du croisement entre la route de la côte oubliée et le ravin, il avait pu avoir un aperçu du port avec ses nombreux quais. Ce dernier avait été aménagé à la suite d'une crique marécagueuse née d'un confluent. Maintenant qu'il était sur le pont, il avait une vue plus complète sur le port et la ville. Il remarqua plusieurs choses. Premièrement, la route du ravin de la goëlette conduisait vers quelques demeures assez luxueuses qui devaient toutes a appartenir aux notables du coin. Le fait qu'elles soient situées toutes au même endroit en disait long sur l'ambiance proto-dynastique qui régnait sur la ville.

Quatre demeures, donc quatre familles.

Paradoxalement, cela indiqua à Sandro qu'il y avait "de la place" pour qui voudrait commercer ici. La ville était encore loin de son potentiel de croissance. Cette impression fut renforcée lorsqu'il compta les navires à quais. Ils étaient assez peu nombreux. Ce qui laissait présager un fort turn-over dans les navires commerciaux présents, ce qui faisait de pointesable une zone de transit sans avoir véritablement d'identité commerciale affirmée. En passant par les forêts, l'inquisiteur avait cru repérer les signes d'exploitation des massifs forestiers pour le bois mais Pointesable ne semblaient pas avoir d'industrie plus lourdre que celle-là. On était vraiment loin de Magnimar et des grandes compagnies que la ville abritait.

Sandro remonta la rue du marché en direction de ce dernier. Il passa à côté de la brasserie des deux chevaliers, de l'auberge du dragon rouillé située en face de l'échoppe "la boutique de Pointesable". A peine entré dans la ville, il put apprécier l'agencement des lieux qui se devinait à l'agencement des artères de la ville : le port jouxtait la place du marché. Aux abords de celle-ci un bâtiment particulier atira son attention : la ligue mercantile de pointesable. Il connaissait cet établissement. C'était un lieu marqué par l'histoire commerciale locale dans lequel s'était retiré Jasper Korvaski, un ancien paladin d'Abadar dont Sandro avait eu l'occasion de suivre quelques enseignements au cours de sa formation quand il était enfant. Il avait retiré de ses enseignements que la foi était vivante dans le coeur de chaque mortel et que les temples n'avaient que peu d'importance par rapport aux lieux de rencontre, d'échanges et de commerce.

C'était assez logique pour un dieu du commerce quand on y réfléchit un petit peu. C'est en ayant de tels professeurs que Sandro s'était tourné vers l'extérieur des temples. Il entra dans la ligue pour aller saluer ce mentor. Le bâtiment était ouvert au tout venant des marchands du coin qui venaient y conclure leurs petites transactions importantes. Néanmoins, il était absent. D'ailleurs, c'était complétement vide aujourd'hui... Un rapide coup d'oeil sur les lieux et une main un peu trainante sur certains documents laissés en libre accès lui apprirent un peu plus d'informations sur la ville.

Comme il y avait pensé à la vue des riches demeures, il y avait bien quatre familles importantes à Pointesable : La famille Kaijitsu, celle qui avait le moins d'influence, spécialisée dans le verre et la joaillerie, la famille Valdemar des charpentiers et des constructeurs de navires, les Scarnetti bûcherons et meuniers, et enfin la famille dirigeante les Deverin fermiers et brasseurs. Lesquels comme dans toute ville maritime devaient vraissemblablement tenir leur position de leur influence sur le commerce de l'alcool si vital pour nos amis marins.

Ces petites informations collectées, il poursuivit sa route. Il en profita pour aller examiner les quais d'un peu plus près. De l'autre côté de la place du marché, à une vennelle de distance sobrement intitulée "promenade des vieux", Sandra se retrouva en face de l'académie de la Turandarok.

Quel genre d'érudit peut bien former ce lieu ? pensa t'il.

C'est alors qu'un groupe d'enfants débraillés passa devant lui. Ils étaient manifestement de toutes les classes sociales...

Sandro fut interrompu dans sa courte réflexion par le regards de l'érudit qui encadrait cette assemblée. Il avait peut-être dit quelque chose mais l'inquisiteur n'avait pas écouté. Il se contenta d'un signe de tête et poursuivit son chemin en remontant la grande rue qui le fit passer entre l'hôtel de ville clos et une garnison dont l'effectif avait l'air très important.

D'après Sandro, on pouvait aisément tenir la ville avec deux fois moins de troupes. La criminalité ne semblait pas très répandue au niveau local. La ville faisait donc face à des menaces extérieures. Par ailleurs, cette troupe étendue était signe de bonne santé financière du gouvernement. Sandro se retourna sur sa courte ascension et fit un constat. Le coeur historique de la ville était le port, mais la haute ville semblait bien plus récente. les bâtiments étaient plus massifs, plus modernes, l'état des routes était un peu meilleurs dans les rues secondaires aux artères principales. La garnison et l'hôtel de ville ne devaient donc pas toujours avoir existé sous cette forme à cet endroit précis. Pour la plupart des gens, il était logique que la ville s'étende dans le sens de la terre. Toutefois, l'inquisiteur d'Abadar ne voyait pas de cet oeil. Il était difficile de ne pas voir là une inscription dans une tendance moderne des villes de Varisie. Toute ville maritime dont la taille atteint un certain seuil a une tendance générale à faire de son port un quartier "secondaire" et à la placer en dehors de la vie normale de la cité. Et c'était ce que Pointesable était en train de faire visiblement. Mais cette tendance cachait quelques petites choses supplémentaires. D'une part la haute ville était bien moins marchande que la haute. D'autre part, les maisons de l'élite marchande étaient séparées de la nouvelle haute ville par la basse-ville. D'ici quelques années,

Sandro anticipait un renversement du pouvoir à Pointesable et une lutte entre les vieilles familles marchande et les nouveaux riches en place au sommet de la ville dans quelques décénies. En bas, les petits marchands, et au nord l'hotel de ville, la cathédrale, la garnison, le phare... Autant de symbole de puissances dont les gens étaient dépourvus au sud de la ville. C'étaient important les symboles. Surtout quand ils s'inscrivaient dans une tendance lourde comme celle-ci et qu'ils n'étaient pas quelque vol d'oiseau ou mar de café de voyante. Si le clergé d'Abadar devait un jour soutenir une guerre commerciale pour la priopriété de la ville, Sandro connaissait déjà les axes forts de l'attaque. En quelques années, en ciblant les bons secteurs, il était facile de devenir la "cinquième famille".

Ces leaders doivent être dépouvus de vision... Comment ne peuvent-ils pas voir que d'ici 20ans, leur pouvoir sera complétement moribon ? Ils auraient transformer le pont de tout à l'heure, construire une immense place de marché de l'autre côté et relier l'ensemble aux axes routiers majeurs. Ainsi les familles nobles auraient gardé à la fois, une proximité avec le marché le port, et les grands symboles de ville, tout en préservant leurs petits domaines boisés.

Sans s'attarder plus avant, l'inquisiteur d'Abadar rejoint la cathédrale.

Pas mal...

Il remarqua le prêtre qui sortait de l'édifice.

Desna... pensa aussitôt l'inquisiteur qui reconnu le culte du prêtre à l'apparence et aux manières de celui-ci.

Sandro Evrar n'avait rien de particulier contre les autres cultes. Chacun était libre de sa foi. L'important pour lui était d'éliminer les obstacles au commerce.

« Monseigneur ? » interpela gentiment l'inquisiteur « Vous semblez bien soucieux pour quelqu'un qui a la chance et l'honneur de servir dans un si noble symbole de civilisation... Je m'appelle Sandro Evrar, je viens de Magnimar. »

Si ce prêtre est suffisamment malin ou cultivé, et qu'il a écouté mes mots, il devinera la nature de ce que je suis d'un regard. Tromper un garde de la ville était en comparaison assez simple.

« Lorsque je suis arrivé tout à l'heure, un garde m'a demandé si des gobelins avaient créé des problèmes durant mon voyage. Et ce sont également des gobelins qui ont attaqué des marchands que j'ai rencontré sur la route. Je ne peux que subodorer qu'il s'agit d’événements de la même "nature". »

Cela explique pourquoi la ville est à moitié déserte aujourd'hui.

Il nota également que la consécration aurait prochainement. Il était content d'être à l'heure.

La consécration m'intéresse beaucoup en effet. J'enverrais ensuite un rapport au culte d'Abadar à Magnimar.

Voyant l'air dépité du prêtre, Sandro s'excusa.

« Je vois que je vous ai interrompus dans vos affaires. Veuillez excuser cette maladresse. Si je puis vous offrir quelque aide en compensation, je serais votre obligé. »

Le premier service sera gratuit.