L'Oracle marcha lentement. Il avait dit au chef de la milice qu'il avait besoin de temps, mais le paysage de Barovia et la légère brise étaient pour lui une invitation à l'introspection. Les bruits de la boue, l'odeur de la terre humide, les gens qui menaient leurs petites vies tranquilles, tout semblait si tranquille par rapport à la veille. La tempête était passée. Pourtant Osran avait le sentiment d'être dans l'oeil du cyclone. Les petits événements de hier annonçaient une tempête plus grande encore. Osran n'avait bien sur pas la moindre idée de ce que pouvait être. Mais cela lui laissait un goût amer. Ces péripéties étaient loin d'être terminées.

Parmi les signes annonciateurs, il y avait tout d'abord cette douleur de stress dans sa nuque doublée d'un sentiment d'urgence. Mais le plus insidieux était cette sensation qu'il existait un sens caché à tout cela qu'il était incapable de percevoir dans l'état actuel de ses connaissances. C'était le plus horrible pour l'Oracle : Quelque chose restait en dehors de sa portée.

Il s'interrogea un moment sur l'idée de devenir paranoïaque ou non. Etait-il en train de perdre la raison ? Ses expériences de vie un peu douteuse avec des diabolistes, le rituel, les autres atrocités dont il avait été témoin, son enfance blessée, la malédiction qui pesait sur ses épaules, son orgueil blessé par une apparition soudaine aux tendances prophétiques morbides, beaucoup de choses pouvaient affecter son jugement. Lui qui était d'habitude, si rationnel, froid, objectif, calculé, il en était rendu à douter de son propre regard face aux événements de la veille.

Ses seuls espoirs d'y voir plus clair était la bibliothèque moribonde à l'archivistique et au classement douteux tenu par un vieux grincheux qui était déjà vieux quand Osran était enfant... Oh non, il n'avait que peu d'espoir de trouver la moindre information utile. Mais recréer une situation de confort intellectuel était peut-être le meilleur moyen de trouver une paix suffisante pour atteindre un stade de réflexion acceptable... Et puis... Ça il ne l’avouerait jamais, mais il aimait bien le vieux grincheux. Avec son vieil oncle, c'était l'un des seuls esprits notables de ce village. Peut-être que la nouvelle prêtresse avait un peu plus de plomb dans la cervelle mais Osran n'avait pas encore discuté suffisamment avec elle pour en avoir le cœur net.

Tiens quel est ce bruit ? pensa Osran alors que les bruits de classe du vieux Kregs le tirait de sa rêverie. Il lui fallu une bonne seconde pour que ce son ne lui ramène des vieux souvenirs : les interrogations de Kregs. Une seule pédagogie était digne à ses yeux, le "par cœur". Dans une population où peu de personnes savaient écrire, Kregs avait toujours jugé que le par coeur était le seul moyen que les élèves retiennent quelque chose et s'en souviennent suffisamment longtemps pour que ça puisse leur être utile un jour... C'était rébarbatif... Osran appréciait l'exercice. C'était ce qui lui avait donné le goût de savoir.

Savoir toujours plus de choses...

Malgré tout, le vieil Ustalian encourageait également ses élèves à être curieux des choses autour d'eux.

Osran décida de ne pas interrompre la classe et s'adossa au mur dans un coin en croisant les bras et en tâchant d'être le plus discret possible. Les """imposants""" rayonnages de la bibliothèque n'imposaient pas une telle urgence. L'oracle préféra se concentrer sur les éléments qu'il chercherait ensuite.

Tout d'abord, il faut que je me renseigne sur la faune locale, notamment les Sangliers. J'aimerais également me renseigner sur l'histoire des lieux et plus particulièrement sur les disparitions dans la région au cours de celle-ci. Puis, je terminerai par les mythes et légendes et toutes ces histoires de fées des ténèbres...

« Monsieur Kregs... » répondit l'homme en souriant se rappelant les correspondances qu'il avait entretenues avec son professeur lors de son éloignement de Barovia. « J'ignorais que quand l'on savait autant de choses que vous il restait encore une petite place à la surprise. » plaisanta le jeune érudit.

« Mais en vérité, vous saviez bien que mon passage était inéluctable. Je suis là depuis quelques temps déjà, mes seuls livres sont ceux qui sont revenus avec moi de Lepidstadt et j'ai tellement été occupé à lutter contre les ronces que je n'ai pas trouvé de nouvelles lectures à me mettre sous la dent. »

« Trois choses pour être précis. » dit l'érudit en affichant trois doigts.

« Hier soir, il y a eu des événements en ville en marge des petites réjouissances habituelles. Un sanglier géant a été tué alors qu'il attaquait des chiens en ville, un enfant a disparu et quelqu'un aurait vu une créature déguisée en être humain qui lui aurait parlé d'un vide qui occultera les vivants. J'ai donc besoin d'ouvrages sur la faune locale (en particulier les créatures mutantes), l'histoire de la ville (les disparitions) et les mythes et légendes locales (nous avons trouvé de la poudre qui ressemble à la poudre féérique...) »

Modifié par un utilisateur lundi 15 janvier 2018 15:00:25(UTC)  | Raison: Non indiquée

« Un grand merci, je vais regarder ça de ce pas. » répondit Osran avec enthousiasme.avant d'examiner les rayonnages en sortant son mouchoir et en le portant à sa bouche.

L'odeur de cette pièce est toujours la même... pensa l'Oracle. Les faits ne semblent rien évoquer à Kregs...

« Avant que vous ne deviez reprendre le cours, Monsieur Kregs, les faits que je viens de vous rapporter ne vous évoquent-ils rien ? »

Modifié par un utilisateur mardi 16 janvier 2018 15:20:36(UTC)  | Raison: Non indiquée

Osran goûta la réflexion sans vraiment éprouver d'amertume.

C'est faux

L'Oracle ouvrit un premier livre au rayon des mythes et légendes de la bibliothèque en cherchant le signe de ce qui pouvait faire référence à l'esprit qu'il avait aperçu.

Les traits de la femme et ses déformations si particulière, la poudre, l'illusion, la disparition soudaine, les fantômes de mères ayant perdus leurs enfants, les esprits errants... Tout ce qui peut être utile pour comprendre ce phénomène... Et cette phrase... Des mythes et légendes sur l'obscurité.

Il pris l'ouvrage à l'aide du mouvoir, le posa devant lui et commença à feuilleter.

Il y avait là différentes créatures qu'Osran ne savait pas trop comment trier. Les créatures n'étaient ni classées par ordre d'importance, de dangerosité, ou d'ordre alphabétique. Cela allait ralentir ses recherches.

Les fureteurs... 1,20 mètre, yeux pâles, odeur forte... C'est pas ça...
Mante obscure... L'érudit qui lui a donné son nom devait vraiment avoir un humour douteux.. Ça ressemble plus à une pieuvre... C'est plus ce que c'était les érudits ma bonne dame... Ils passaient trop de temps en orgie pédérastique plutôt qu'à bosser.
Des D'ziriak ? La dame n'avait pas quatre bras... Quoique... Ces créatures vivent dans des ruches et sont télépathes... De la manipulation à distance ? C'est peut-être ça.
Des fetchelins... Oui la réponse de base... C'est vrai que pour nous, ce serait plus simple. "Hey les gars on est attaqué par des elfes des ténèbres !" c'est plus simple à expliquer...
Les dogue d'ombre... Ca a l'air sympa comme familier ça... Mais bon je préfère les chats...
Des papillons maintenant... Ce plan de l'ombre a vraiment l'air intéressant...
Les tueurs obscurs... encore des créatures d'1m20...
Les kytons, trop peu d'information, mais ça irait bien avec les yeux de cette femme...
Ca a l'air sympa comme familier cet augure... Quoiqu'un peu glauque et hélas peu fiable...
J'aimerais bien avoir un familier un jour...

Osran leva la tête au moment où l'ouvrage tombait. Kregs n'aurait jamais posé un livre de manière si nonchalante qu'il tombe tout seul sans raison. Alors Osran attribua ça au phénomène.

« Pfff pas encore... »

Bon écourte, toi le truc qui fait bouger tout ça ! Si tu martyres les livres de Kregs, il va me faire la peau ! Alors calmos... Quoique tu sois ! pensa l'oracle sur le moment.

Osran se dit qu'il devrait sans doute en parler à Kregs quand il aurait l'occasion afin de récolter un avis où à la prêtresse.

Pour toute stratégie, Osran n'avait pas d'autre choix que de subir cette malédiction qui le hantait. Alors ne pouvant rien faire plus pour lutter contre le phénomène qui le suivait ou qui l'habitait, il décida tout simplement de s'allonger sur le sol les yeux fermés, les bras et les jambes dans des angles improbable mais pas impossible.

Avec un peu de chances alors qu'il somnolerait, Kregs serait témoin du phénomène dont le jeune homme n'était que la victime.

Bordel de diable, c'est vraiment n'importe quoi... J'espère que ça ne s'aggravera pas dans le temps, car c'est bien lourd au quotidien. alors qu'il pensait il dessina rapidement dans l'air avec son mouchoir les gestes cabalistiques et murmurait les paroles destinés à utiliser l'oraison de faveur divine au cas où il devrait mentir.

Tu es stupide Osran, sinon tu pourrais combattre ce phénomène.

Oraison - faveur divine

Modifié par un utilisateur samedi 20 janvier 2018 12:36:26(UTC)  | Raison: Non indiquée

Osran cligne rapidement des yeux. Son coeur bat fort. Il semble retrouver ses esprits.

« Mes plus humbles excuses... » dit-il « Je suis... tombé ? »

L'homme s'appuya sur sa main droite pour se redresser.

« J'espère que je n'ai pas commis de dégâts... La recherche d'Yorg hier soir a du m’affecter plus que je ne le pensais... Je... Je ne vais pas vous déranger plus longtemps, et je vais aller me reposer un peu. Je pourrais revenir lorsque je serais un peu plus en forme... »

Osran se releva complètement et épousseta ses vêtements.

« Avant de repartir, j'aimerais dire un mot à la classe si vous me le permettez. »

Modifié par un utilisateur lundi 22 janvier 2018 13:54:11(UTC)  | Raison: Non indiquée

« Bonjour les enfants. » dit le jeune érudit à la classe.

« Je m'appelle Osran Mance. Je suis un ancien élève de cette école, comme vous l'êtes aujourd'hui. Aujourd'hui, j'aide les gens qui cherchent Yorg. Sa maman est très inquiète de sa disparition. Si l'un d'entre vous sait quelque chose, ou connait des endroits où il aimait se rendre, il faut informer Galvin Danovich de la milice et l'équipe de recherche. Il y a beaucoup d'animaux sauvages dehors et ce n'est pas sain de se promener tout seul. »

« Voici ce que je sais : il a disparu et nous devons savoir ce qui lui est arrivé. »

« Chers enfants, je vais vous parler comme aux grands que vous êtes. Feu mon vieil oncle Sarvis parlait toujours d'une chose essentielle. » dit l'oracle. « Quelqu'un parmi vous connait-il ce que l'on appelle la règle d'or ? »

Osran regarda dans la classe : le silence. C'était peut-être le caractère assez abrupte de la question, le ton froid et sévère avec lequel elle était prononcée ou les yeux noirs d'un homme adulte tourné vers le petit chenapan qui venait de traiter la mère de Yorg. Plus que tout autre la question lui était destinée et Osran ne lâchait pas du regard.

« Il s'agit de l'éthique de la réciprocité. Il n'y a que les cultes chaotiques des barbares qui n'y croient pas. Son principe est simple : 'ne fait jamais à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse'. Voila la règle d'or. C'est le principe du vivre ensemble et une base sur laquelle vous pouvez construire n'importe quelle communauté. C'est là que commence et termine le respect. C'est un principe moral qui guide la plupart des lois et des règles de ce village : l'interdiction du vol, du braconnage, des insultes... Que je ne reprenne personne à parler de l'un des nôtres comme d'un monstre, ou de la mère de celui-ci comme un monstre devant moi. Il n'y a pas de monstre, ici. Celui qui traite les autres de monstres, ne vaut pas mieux que l'un d'eux. » dit-il en regardant fixement le garçon qui avait exprimé ses pensées un peu trop fort. Il ne faisait nul doute que chacun des mots étaient adressés à cette personne particulière.

Car un jour, c'est peut-être cet enfant ou sa mère qui vous aideront à leur tour. La vie est trop longue et les dangers sont trop nombreux pour vous permettre d'être divisés dans les mois à venir.

Modifié par un utilisateur mardi 6 février 2018 18:43:16(UTC)  | Raison: Non indiquée