Tiriji et Sébrysse bifurquèrent vers la partie plus commerciale de la ville d'Éléder afin de voir s'il leur serait possible de mettre la main sur divers objets leur permettant de se préparer à la rencontre avec l'ermite surnommé "la Tempête" puis, une fois leurs emplettes terminées, elles retournèrent au Club du Sargave.



Éphrem resta encore une bonne poignée de minutes à l'étage, tentant de déterminer ce qui se passait sous ses pieds. Il entendit le lieutenant Soldado et le Général donner des ordres pour qu'on retrouve la personne qui venait d'apporter les parchemins, apparemment un enfant des rues... mais les premiers rapports des hommes chargés de cette tâche révélèrent qu'ils n'avaient pas pu mettre la main sur le gamin en question. Au fond de lui, Éphrem savait d'expérience que les miliciens n'avaient guère de chance d'y parvenir : il avait, lui aussi, plus d'une fois accepté d'effectuer la livraison d'un message ou d'un petit colis contre une poignée de pièces et il savait qu'il ne faisait jamais très bon traîner dans les parages après ce genre de boulot... on ne savait jamais quelle allait être la réaction de la personne qui avait reçu le message ou le colis, et il valait mieux prendre le large rapidement.

Il repassa par la fenêtre brisée et redescendit dans la rue puis, ayant constaté que le soleil était déjà bien haut dans le ciel, prit le chemin du Club.



Si Ellawa et Eyodwa veulent également se retrouver au Club à midi, pas de problème...

Quand ils arrivèrent au Club, les ex-naufragés se rendirent compte que la salle principale était bien bondée, peut-être même plus que d'habitude. Ils aperçurent une silhouette familière qui circulait entre les tables : il s'agissait du jeune homme qu'ils avaient rencontré le matin-même, celui qui s'était présenté sous le nom de Tommen. Briga n'avait apparemment pas perdu de temps pour le mettre au service, et c'était d'ailleurs avec une certaine agilité et une aisance visible que Tommen se frayait un chemin entre les tables tout en amenant des chopes de bière ici, des plats là, aux nombreux clients qui étaient venu prendre leur repas ici.

Depuis le fond de la salle, Briga leur fit signe et leur indiqua d'un mouvement de doigt l'épaisse tenture pourpre qui séparait la salle principale de la salle secondaire, plus petite, qui se trouvait à l'arrière du bâtiment. « Je m'suis dit qu'vous auriez bien besoin d'un peu d'calme après c'te matinée, alors j'vous ai réservé la salle arrière ! » lança la demi-orque de sa voix tonitruante qui, malgré le brouhaha ambiant, parvint sans aucun problème aux oreilles des aventuriers.

De l'autre côté de la tenture pourpre se trouvait une petite salle pouvant accueillir au plus une vingtaine de personnes et qui, d'habitude, permettait de désengorger la salle principale. Comme Briga venait de l'indiquer, elle avait visiblement demandé aux clients "normaux" de vaquer les lieux. Et, si la tenture ne bloquait pas tous les bruits provenant de la salle principale, elle offrait tout de même un sentiment d'intimité et de confort plutôt bienvenu après les événements de la matinée.

La chasse avait été bonne. Le cochon sauvage nourrirait la veillée funèbre et Hogo allait préparer la bête. En attendant, elle avait toute l’après-midi pour retrouver ses compagnons et leur communiquer les maigres informations rapportées par Otesha. Après tout un homme balafré était peut-être une personnalité connue des hautes instances d’Éleder et peut-être que la description suffirait à le confondre. Elle quitta à regret le shoanti. Sans lui elle se sentait un peu démunie à devoir traverser la ville sans son guide. Éleder était une jungle urbaine dans laquelle elle avait beaucoup de mal à se repérer. Rien que de passer ses murs elle commençait à se sentir comme dans une cage agitée, elle se sentait oppressée et perdue. Jusqu’à maintenant, le solide shoanti avait été son pilier et là elle allait devoir se débrouiller seule.

Elle traversa l’Outre-mur jusqu’à la cabane d’Otesha et Eyodwa, juste pour les avertir que la chasse avait été bonne et que le repas funèbre allait pouvoir se faire. Hogo était sur l’affaire et elle reviendrait le soir pour les accompagner dans leur voyage vers le monde’ des esprits ancestraux. Une fois sa mission accomplie, elle poursuivit vers la ville, marquant un temps d’arrêt avant de franchir le haut mur qui protégeait celle-ci. Poussant un profond soupir, elle se résolut à avancer pas à pas, envoyant Simurgh dans les airs pour l’aider à se repérer. Elle saurait regagner avec difficulté l’auberge de Briga, mais il ne fallait lui en demander davantage ; Une fois au milieu des maisons, toutes les rues semblaient se ressembler, toutes les maisons aussi et elle perdait son sens de l’orientation. Grâce au dimo, elle pouvait au moins garder le Nord et ainsi savoir où était la mer, se remémorer la traversée depuis les quais vers l’auberge et suivre cette piste pour arriver à destination.

Ce ne fut pas mince affaire et plusieurs fois elle faillit baiser les bras et abandonner. Mais il fallait persévérer, ses compagnons étaient là quelque part dans cette ville et Briga qui savait toujours tout, saurait lui dire où les trouver. Où les trouver… Tout simplement dans cette pièce un peu en retrait de la grande salle. Quel ne fut pas son soulagement ! Elle poussa un gros soupir pour apaiser la tension qui n’avait fait que grimper tout du long de la traversée de la ville – « Vous êtes là… » - murmura-t-elle pour se redonner courage et contenance. Elle s’approcha de la table pour qu’elle lui serve d’appui et commença à leur raconter pour Umagro, le frère d’Otesha et d’Eyodwa, comment il s’était fait embarquer dans cette vengeance aveugle – « La Fraternité a rencontré un homme blanc, grand, richement vêtu et qui se cachait sous une cape brune à capuche. Le seul détail qui a pu être rapporté sur cet homme était qu’il avait une cicatrice qui lui barrait la joue droite et qu’il a su convaincre la Fraternité de passer immédiatement à l’action avec une voix forte et autoritaire. Il a menti à notre sujet et nos intentions et la Fraternité l’a cru aveuglément. Il a parlé de l'expédition, de l'appel aux candidats Mwangis qui n'était qu'un prétexte pour recruter des esclaves, il a dit que le Gouvernement et ses alliés n'avaient pas l'intention de tenir leurs promesses. Puis il a décrit les deux entrepôts utilisés par l'expédition et a lancé l'idée de les incendier pour donner une leçon, puis de faire payer leur traîtrise à ceux qui collaboraient avec le gouvernement. Il a aussi indiqué qu'il y avait des animaux voraces qui venaient d'être livrés dans des cages à proximité des deux entrepôts et qu'en les libérant, il serait sans doute possible de causer une diversion et de frapper plus fort encore. Il a mis à peine un quart d’heure pour instiller la colère parmi les membres de la Fraternité. Umagro en faisait partie et aussitôt il a rassemblé ses hommes et s’est mis en marche. La suite, vous la connaissez… »

« Donc c’est cet homme balafré et visiblement aisé qui a semé cette panique. Peut-être est-ce une figure connue parmi les hautes instances d’Éléder. En tout cas, il a un grand pouvoir d'influence, croyez-moi. Lorsque nous avons rencontré la Fraternité, Hogo et moi, cela s'était passé dans un cabanon avec un grand drap servant de séparation entre eux et nous. Nous n'avons vu que des silhouettes et nous n'avons eu guère la possibilité de parler. C'était eux qui avaient l'autorité. Mais là, à priori, c'était lui et ce à travers le drap tendu qui le séparait des hommes de la Fraternité. C'en est presque... Surnaturel. Ce soir, je vais participer à la veillée funèbre pour le repos du guerrier Umagro. Hogo et moi avons chassé ce matin et le repas sera partagé parmi ceux qui assisteront à cette veillée. Mais d’ici là, si je peux vous être utile, je peux rester avec vous, si vous me promettez de me guider à la sortie de la ville en fin d’après-midi. J’ai eu tellement de mal à trouver l’auberge sans Hogo… » - fit-elle gênée.

« Une chose est certaine, » répondit Tiriji, « L'homme balafré ne s'est pas fait des amis parmi ceux qui sont autour de cette table. Reste à savoir si un ennemi commun peut faire de nous des amis.

La sagesse gnome me fait dire que seul le temps apportera une réponse... »

Ephrem était content de revoir sa compagne de couleur, même si celle ci avait amené l'homme qu'il avait faillit combattre sur le toit!
Et malheureusement ce n'était pas pour rassurer le jeune homme, il venait à peine de se défaire de ses craintes envers les Mantes Rouge, qu'une nouvelle menace lui tombait dessus!
Il le fixa pour pour s'apercevoir qu'il avait la main sur la garde de son arme, c'était sur, il était là pour se venger de la mort de son frère!!

L'ancien contrebandier, respira un grand coup tout en écoutant d'une oreille distraite le récit d'Ellawa! Alors qu'il venait de montrer aux autres la boule de poils, il la reprit en la montrant, « C'est ce que j'ai trouvé sur l’échelle qui a servit au vol des documents!
Vous pensez que ça peut venir de la cape de votre homme?? »

La prêtresse ne pouvait s'empêcher de constater à son grand désarroi que Tommen écoutait aux portes même lorsqu'en fait de porte il s'agissait d'une simple tenture. Mais avant même de pouvoir le morigéner, la réaction de terreur de ce dernier l'en empêcha et elle le prit en pitié.

Elle prêta attention aux propos tenus par Ephrem et aux conclusions de Tiriji. Le premier avait visiblement retrouvé la trace du mystérieux visiteur d'Hémiphon, celui-là même qui incitait toutes les factions à se mettre en route pour Saventh-Yi. Et tout concourait désormais à désigner un homme-serpent capable de prendre l'apparence d'un humain comme cela avait été le cas pour le capitaine du Jénivère.

« En ramassant l'ensemble des informations, il me semble que nous avons croisé l'ultime faction intéressée par notre expédition.

Il semble bien qu'il y ait à Eléder un autre monstre de la même race que la prêtresse que nous avons croisée après le naufrage et qui peut emprunter la forme d'un humain.

Il semble que ce soit ce dernier qui ait perverti Tommen pour en faire une sorte d'esclave avant de faire de même avec Umagro. Il doit sûrement disposer de pouvoirs magiques semblables à ceux de la femme-serpent. Il semble qu'il lui suffise de parler avec celui qu'il veut contrôler pour le placer sous son joug.

Visiblement, il cherche à retrouver la cité de Saventh yi et veut s'assurer de mettre toutes les chances de son côté en faisant courir toutes les factions après ce but plutôt que de compter que nous réussirons à nous tous seuls. Soit il est pressé, soit il ne dispose pas des informations que nous avons découvertes, soit il veut qu'un maximum de gens se rendent à cet endroit. En tout cas, il se met des moyens puisqu'en à peine quelques heures, il a réussi à copier les notes d'Hémiphon pour les livrer aux autres factions. La capitaine libre venait de recevoir la sienne au moment de notre départ. Il dispose visiblement d'importantes ressources.

Il faudra songer à nous prémunir du risque de possession car l'homme serpent pourra sans doute facilement nous surveiller en prenant l'un des membres de l'expédition pour cible de ses pouvoirs, comme il l'a fait avec Tommen ou le Capitaine du Jénivère. »

Elle raconta la discussion avec Aérys et la capitaine Lewynn et exposa avoir pu faire l'acquisition de deux parchemins de lévitation qu'elle était parvenue à trouver avec Tiriji pour permettre l'escalade des falaises jusqu'au nid du guide qu'il leur fallait encore trouver.

« Et en attendant de pouvoir appareiller pour aller le chercher, Tiriji, je vais m'occuper de toi en allant voir comment se porte Jask, en espérant pouvoir t'aider à faire passer l'infection dont tu souffres. Je vais aussi demander à Sarenrae de m'accorder les sorts qui permettront de minorer les effets de la fièvre, si elle se déclare.

Je pense qu'il vaudrait sans doute mieux que le serpent, s'il te dévore, ne sache pas que tu es malade. » Elle adressa un clin d'oeil à la gnome avant de monter voir Jask.

Ephrem n'avait pas détourné le regard lorsque Tommen l'avait regardé en coin, au contraire il avait même esquissé un sourire!!
Il attendit que le petit gars s'éloigne à nouveau, puis proposa « Je me demande si je vais pas aller me balader dans la ville avec lui? P't'être que des souvenirs lui reviendront?
Après je sais pas si on doit s'acharner sur ce balafré??Ou plutôt tout faire pour déguerpir rapidement! »

« Hmmm, » dit Tiriji, « Il me semble que le fait que nous retrouvions cette cicatrice un peu partout doit venir de ce que cette créature doit avoir certaines limites dans les formes humaines qu'elle peut prendre. »

La gnominette s'interrompit un instant pour réfléchir. « Peut être porte t-elle une cicatrice identique sous sa vraie forme et que quand elle prend forme humaine cette cicatrice est également présente? »

Tommen fit un pas en arrière quand Éphrem évoqua la possibilité d'aller faire un tour en ville avec lui et leva légèrement le plateau qu'il tenait comme pour se cacher derrière ou l'utiliser pour se protéger. « Retourner là-bas ? Je… non… c'est… j'ai eu de la chance de pouvoir en sortir... et... c'est pas bon de tenter le destin. Et puis... » Il fit une grimace de douleur et ajouta « Je ne me souviens plus où c'est. Je ne saurais pas retrouver le chemin. » Il secoua la tête négativement pour appuyer ses dires.

Chacun des ex-naufragés qui étaient présents, ainsi qu'Eyodwa, se rendit bien compte que l'histoire de "l'oubli" était visiblement une excuse pour ne pas retour à cet endroit... mais qu'il s'agissait probablement d'un mensonge.

Simurgh ne se trouvait pas à l'intérieur dans la salle commune du Club... ça aurait certainement créé des incidents si le dinosaure était rentré dans l'endroit où se tenaient les clients... sans compter le fait qu'avec les tables et les chaises, il aurait bien du mal à se déplacer ici. Mais Ellawa put confirmer les dires précédents : il s'agissait bel et bien d'une écaille dont la taille indiquait qu'elle avait dû appartenir à un serpent gigantesque... ou bien à un homme-serpent du même genre que la créature qu'ils avaient affrontée dans le temple sur l'île.

Ça avait été alors la première créature de ce genre qu'Ellawa (et les autres) avaient rencontrée... la race des hommes-serpents ne figurant plus guère qu'au sein de très anciennes légendes qui ne vivaient plus que dans les pages jaunies des très anciens tomes ou dans les souvenirs fatigués des plus vénérables compteurs d'histoire. Ellawa ne possédait guère que des bribes de connaissances à leur sujets… certains récits disaient que leur morsure était tout aussi dangereuse que celle des serpents vénéneux. Elle se souvint également d'une ancienne fable qui servait parfois pour effrayer les enfants et qui mettait en scène plusieurs créatures-serpents, dont certaines — mais pas toutes — étaient capables de prendre forme humaine. Restait à voir si ces histoires se basaient sur des vérités ou si les modifications qu'elles avaient certainement subies au fil des années les avaient transformées en récits bien éloignés de la réalité...

Modifié par un utilisateur dimanche 22 avril 2018 23:16:43(UTC)  | Raison: Non indiquée

Ephrem leur tendit le morceau de poils qui provenait de la cape du cambrioleur, « Vous avez ça aussi que vous pouvez leur faire sentir!! »

Puis il repassa son regard sur le jeune Tommen, tout en fronçant les sourcils. Il savait comment se comporter avec ce genre de bonhomme. Et pour cause il en était un, mais cette fois il avait trouvé encore plus peureux!!! « Tu vas pas t'en tirer comme ça mon gars, je te rappelle que si j'avais voulut, actuellement tu pourrais être sans vie de l'autre coté de la rue!!
Je suis sur que si on te trouve un déguisement, tu seras plus rassuré pour qu'on fasse un petit tour toi et moi!? »

Modifié par un utilisateur mercredi 25 avril 2018 12:17:00(UTC)  | Raison: Non indiquée