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Offline Loon  
#41 Envoyé le : lundi 23 septembre 2013 18:43:37(UTC)
Loon
Rang : Habitué
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Localisation : Suisse
Nous sommes de retour après quatre mois de pause estivale. La tombe faisait un peu crawling à l'ancienne, mais une fois de temps en temps ca ne fait pas trop mal. Nous arrivons gentiment à la fin du volume quatre et la guerre est proche.

Chère Graziella,


J’ai parfois la nostalgie d’une époque plus simple. Une époque, pas si lointaine d’ailleurs, ou la chute de nos ennemis signifiait un progrès immédiat. Maintenant une victoire, si importante soit-elle, n’ouvre qu’une autre porte sur des épreuves supplémentaires. Nous avons vaincu Armag le Deux-fois-Né, le supposé invincible chef des barbares du Tigre, et j’ai pourtant l’impression que la situation n’est pas tellement meilleure qu’avant.


Le temps semble se figer à l’apparition de l’hydre à six têtes. La vase qui ruisselle le long de son corps gigantesque fini par rejoindre lentement le bourbier dont elle est sortie. Débarrassée de sa gangue de boue la créature se révèle plus complexe qu’au premier regard. Si cinq des têtes sont celles d’un animal, la sixième, celle qui a parlé, nous regarde avec une intelligence malveillante. L’hydre n’est qu’une monture contrôlée par celle qui se dissimule au milieu de la forêt de têtes. Okuneska est une naga, la gardienne du Monolithe Epsilon, le sanctuaire le plus sacré de Gyronna dans les Royaumes Fluviaux.

De sa voix suave, totalement inappropriée dans cette gueule garnie de crocs, elle me demande de la suivre jusqu’à l’Œil. Je suis, comme tu peux t’en douter, un peu étonné par la tournure des événements. La dernière fois que nous avions eu affaire au culte de Gyronna nous ne nous étions pas quittés en très bon termes. Elle susurre alors qu’il y a plus d’une faction chez les cultistes, et que je devrais écouter ce qu’elle a à me dire. Je ne peux pas dire que ce soit surprenant, venant d’un culte prônant la haine et la vengeance.

Commence alors un trajet pénible dans les marais, toujours entourés par les brutacien qui nous surveillent de leur regard glauque. De toute évidence ceux-ci font parti de ceux qui ont quitté leur tribu pour se mettre au service de Celle-des-Tombeaux. Après ce qui me parait une éternité nous arrivons finalement devant une gigantesque cicatrice dans la surface spongieuse des marais. Comme si un dieu avait donné un coup de poignard dans la terre, la blessure s’agrandi en s’enfonçant, jusqu’à ce qu’au plus profond de la plaie nous puissions distinguer une structure colossale.

J’ai vu beaucoup de chose dans ma vie, mais jamais rien qui ressemble à ce qui se dresse au fond des marais de Hooktongue. Ce qui s’en rapprocherait le plus serait une lame d’épée cassée dont seule la pointe sortirait du sol. Mais pas seulement. Outre sa taille, elle doit faire plus de vingt mètres de haut, ce qui frappe le plus c’est que la matière qui la compose est striée de lianes métalliques foudroyant ce qui passe à leur portée. Et surtout à la pointe de la lame se trouve l’Œil. Rouge. Sans paupière. Sans pupille. Il pulse. Hypnotique. Terrifiant de régularité.

Il me faudra un effort de volonté prodigieux pour m’arracher à la contemplation transcendante de ce métronome lumineux qui me laissait totalement à la merci de la Gardienne. Elle nous observe avec ce qui ressemble à un regard moqueur sur son visage ophidien. Devant ma mine interrogatrice elle nous confie que le Monolithe a été envoyé par Gyronna depuis les cieux pour guider Ses fidèles dans Sa foi. Maintenant qu’elle a pu faire étalage de sa puissance, elle peut m’exposer en quoi consiste son marché.

Il y a de cela une quarantaine d’années, un culte de Gyronna sévissait au Brevoy. Il fallu des mois d’enquête à la milice de Port Ice pour qu’ils réussissent finalement à identifier les cultistes et à les capturer. Elles furent exécutées en place publique et cette histoire semblait terminée. Malheureusement deux sectatrices échappèrent à la souricière qui devait les arrêter et jurèrent de se venger. Pour se faire elles enlevèrent un enfant dans un village de la campagne proche de Rostov pour qu’il soit leur instrument.

Pendant des années elles le conditionnèrent pour qu’il soit persuadé d’être la réincarnation d’Armag, le champion de Gorum. On ne sait pas vraiment comment elles s’y sont prises, mais quatre décennies plus tard ce faux Armag se trouve à la tête des barbares du Tigre avec un seul but à l’esprit : détruire le Brevoy et toute nation qui se trouverait sur sa route. Comme par exemple Samarkand. La seule chose qui l’empêchait encore d’avoir un contrôle total sur le reste des tribus barbares était de brandir Ovinrbaane et, de se fait, légitimer son statut de champion incontesté de Gorum. Je parle au passé parce qu’après des semaines de recherches dans le marais, les Sœurs en Noir ont trouvé le tombeau où repose le premier Armag. Dès que les rituels appropriés auront été accomplis, il réunira la plus grande horde barbare depuis des siècles. Ces rituels ne devraient pas prendre plus de quelques jours maintenant.

Quand aux raisons de cette confession, elles sont multiples. En premier lieu, le prieuré qui a été anéanti il y a quarante ans était un rival du sien et je ne serais pas étonné d’apprendre que c’est elle qui l’a dénoncée à l’époque. Deuxièmement elle tient à conserver des liens de bon voisinage avec les royaumes voisins, la voie de Gyronna est le poison dans la coupe, pas la guerre.

Et finalement la partie qui me concerne personnellement. Gyronna lui a envoyé une vision. Elle a vu que j’aurai quatre enfants, d’abord deux fils, puis deux filles. Elle veut ma dernière fille comme offrande au culte pour qu’elle soit élevée dans l’optique de devenir la future Grande Prêtresse de Gyronna dans les Royaumes Fluviaux. A cette seule condition elle me dira où se trouve le tombeau d’Armag.

Je n’ai jamais du faire face à un choix si déchirant de toute ma vie.

Si j’accepte, je condamne à une existence de haine et de vilénie mon enfant avant même sa naissance. Même si Okuneska m’assure qu’elle sera une des personnes les plus influentes de la région, je ne peux m’empêcher de penser que je voue son âme à la damnation éternelle. Et quel genre d’homme serais-je si je suis prêt à sacrifier mon propre enfant pour arriver à mes fins.

Si je refuse, je risque de ne pas trouver le tombeau à temps et de laisser le faux Armag s’emparer de l’épée. Avec le pouvoir qui serait alors sien, Samarkand et tous ses habitants seraient rayés de la carte des royaumes fluviaux, un nom oublié rajouté à la liste de toutes les tentatives de colonisation des Terres Dérobées. L’enfant que je n’aurais pas pu sacrifier n’aurait même pas la chance de naitre.

Je pense que ce qui a fait pencher la balance a été le conditionnel de ces phrases. Je suis quelqu’un qui croit à sa bonne étoile et je préfère un risque d’échec, si grand soit il, à un échec assuré. Malgré l’insistance de Nocturno qui me presse d’accepter, je refuse de sacrifier ma fille à naitre à cette abomination écailleuse. Je dois pourtant admettre que si elle n’avait pas eu ce petit sourire suffisant sur les lèvres au moment de proposer son pacte, je me serais peut-être laissé aller à coopérer.

C’est sous le regard hostile des brutaciens que nous prenons congé pour nous enfoncer lentement dans les marais. Je ne me fais pas d’illusions, si elle nous laisse partir librement, aucun retour ne sera possible sur le territoire d’Okuneska. Je peux dire adieu à mes relations de bon voisinage. Après avoir passé le reste de la journée à progresser dans ce marais infini, nous sommes bien obligés de monter un camp pour la nuit sur une des rares zones immergées de la région.


Quand le matin fini par se lever dans ce morne paysage, nous nous apercevons que Nocturno n’est plus là. Il montait le dernier tour de garde mais n’a réveillé personne. Nous sommes sur le point de faire une battue quand il revient avec à la main un marteau de guerre magnifique. En regardant ses chaussures il nous avoue qu’il est retourné voir Okuneska pour accepter son marché. Il donnera son premier né en échange de la localisation du tombeau, au centre des Falaises Oxydées, au Nord des marais. Et comme il sacrifiera son premier né, il a obtenu en plus Molvënn, l’arme légendaire d’Aril Thousandslayer.

Etrange histoire que celle d’Aril. Ce roi barbare à parcouru le continent entier, Molvënn à la main, à la recherche de ce qui ferait de lui un héro de légende. Il a passé des années à combattre les adversaires les plus redoutables pour finalement s’apercevoir qu’il avait ce qu’il cherchait depuis le début, son fidèle marteau de guerre. Ayant compris qu’il n’avait plus rien à chercher, il décida de rentrer chez lui pour finir sa vie avec les siens.


« Bientôt adapté à l’écran, avec Jennifer Aniston dans le rôle de Molvënn. »



Même s’il pensait bien faire, je suis atterré par la décision de Nocturno. J’avais fait la promesse à sa mère de veiller sur lui, et à peine quelques jours plus tard il à déjà hypothéqué sa lignée. J’oublie parfois que malgré son apparence adulte il n’est âgé que de quelques mois. Je ne peux plus faire grand-chose maintenant, mais nous devrons avoir une sérieuse discussion quand toute cette histoire sera terminée.


Après avoir chevauché les corbeaux ténébreux une bonne partie de la journée, nous arrivons en vu des Falaise Oxydées à la tombée de la nuit. La couleur rougeâtre des falaises les font ressembler à une gigantesque boursouflure de chair, comme une blessure encore sanguinolente. Excellent choix d’emplacement pour construire la tombe du champion du dieu de la guerre. La dizaine de tentes encore montées devant l’entrée de la tombe nous font comprendre que le rituel n’est pas terminé. Notre attention est toutefois attirée par une tente différente des autres au milieu du camp. Au contraire des rudes tentes de peaux des barbares, celle-là est de facture moderne et aux couleurs de Fort Drelev. Il y a peut-être encore des conseillers militaires ici.

En général je suis plutôt partisan de la négociation et de la diplomatie, mais là on à passé deux jours à déambuler dans des marais puants en se faisant dévorer par des moustiques agressifs et j’en ai un peu marre d’être compréhensif. En plus on est un peu pressés par le temps. Après avoir envoyé Requiem mettre le feu à une partie du campement pour créer une diversion, nous passons à l’attaque sur des barbares pris à dépourvu et au saut du lit. Le combat est rapide et peu honorable, je ne m’appesantirai pas dessus dans mes mémoires. La tente bariolée nous réserve une plaisante surprise quand nous entrons.

Cinq jeunes filles dont les âges doivent s’échelonner de quinze à vingt ans sont recroquevillées dans un coin de la tente, terrorisées par les bruits du combat. Nous les rassurons bien vite et elles peuvent nous confirmer ce que nous pensions. Ce sont Anjana, Galine, Marinda, Sophelia, ainsi que Tamary Numesti, les filles des officiers rebelles de Fort Drelev.

Cette dernière est très heureuse à la fois d’être libérée et d’avoir des nouvelles de sa jeune sœur, qu’elle ignorait s’être échappée. Elle nous raconte que le baron Drelev les avait confiées aux barbares pour les éloigner de la ville, craignant une tentative de libération par ses propres soldats. Apparemment Fort Drelev est encore plus près de l’insurrection que je le pensais. Elle peut aussi nous dire qu’Armag s’est enfoncé dans le tombeau il y a seulement quelques heures, uniquement accompagné de sa garde rapprochée et de ses conseillères, les deux cultiste gyronnesques.

Nous ne pouvons emmener les filles dans la tombe avec nous, pas plus que les laisser s’enfoncer seules dans les marais. Je leur conseille d’attendre notre retour dans leur pavillon, qui semble être l’endroit le plus sur à des lieues à la ronde. Pour les rassurer, Rivotril accepte même de leur laisser son thylacine, qui veillera sur elles.


« On pourrait pas plutôt avoir Rivotril et vous gardez votre chien moche ? »



L’entrée de la tombe est grossièrement taillée dans la roche rougeâtre qui rend notre progression oppressante. On a l’impression désagréable de s’enfoncer dans un boyau de chair écorchée. La sensation devient encore pire quand au détour d’un méandre rocailleux une nappe de brouillard commence à s’insinuer sur toute la hauteur du boyau, réduisant progressivement notre vision à quelques pas, puis à néant. C’est évidement ce moment que choisissent les Sœurs en Noir pour attaquer.

Je ne garde pas un souvenir très précis de ce combat. Seulement qu’il était pleins de sensations déplaisantes, nos sens abusés par la sorcellerie abominable des cultistes. Nous étions constamment désorientés par des projections de sons stridents et de couleurs hors spectre. Si les hallucinations hypnotiques qui nous submergent ne sont que phantasmes chimériques, les blessures dont nous souffrons sont elles bien réelles et ce n’est que le refus obstiné d’échouer si près du but qui nous permet de mettre un terme définitif aux machinations des moniales. Quatre décennies plus tard le prieuré du Brevoy est finalement vaincu. Enfin j’espère, c’est déjà ce que les Rogarvia devaient penser il y a quarante ans.


Une fois les derniers fragments des maléfices gyronnesques retombés, nous pouvons enfin apercevoir les contours de la pièce où nous nous trouvons pendant que la brume fini de se dissiper elle aussi. De toute évidence nous sommes dans l’antichambre où les postulants champions de Gorum devaient se préparer en vue des épreuves qui feraient d’eux les élus. La preuve en est que les moniales de Gyronna n’ont pas osé s’aventurer plus profondément au cœur du sanctuaire. Si c’est un rite de passage initiatique pour quémander les faveurs de Gorum, je ne pense pas qu’on va devoir faire dans la subtilité. La porte la plus proche fera très bien l’affaire.

Conformément à mes attentes, les épreuves imposées par Gorum ne demandaient pas une maitrise particulière en mathématique algébrique, ni une connaissance approfondie de la généalogie royale taldorienne. Non, c’était plutôt pousser des pierres rondes de plus en plus lourdes dans une rampe, casser un mur de glace à mains nues, éviter un Jaggernaut dans un couloir ou affronter un golem de métal godzillesque. Je suis content d’avoir eu Florbella à nos cotés pour passer tous ces tests, sans sa force prodigieuse la plupart auraient été impossibles.


« Le matin muscu, l’après-midi muscu, et le soir pour me détendre un peu de muscu. »



C’est après avoir vaincu le golem aux traits de Gorum que nous rencontrons la première personne qui ne nous est pas ouvertement hostile dans ce complexe. Devant la porte menant au sanctuaire intérieur se tient Zorek, le gardien du temple. Même s’il est évident que nous ne sommes pas des suivants du dieu des batailles, Gorum respecte la force et c’est toutefois avec un air quelque peu désapprobateur que le chaman se met sur le coté pour nous laisser passer. Je sens bien dans son regard qu’il pense que nous serons seulement une épreuve de plus facilement balayée par Armag, le champion légitime selon lui.

La dernière pièce du tombeau a été le lieu d’un véritable carnage. Toute la garde rapprochée d’Armag git dans un bain de sang qui macule le sol de la salle. Seul est encore vivant le champion de Gorum, la main crispée sur le manche de l’arme qui lui a permis de massacrer sauvagement ses propres hommes. On dirait qu’empoigner Ovinrbaane a planté le dernier clou dans le cercueil de son esprit déjà affaibli par les murmures venimeux des Sœurs en Noir. Son regard écarquillé ne reflète plus rien d’autre que la rage et la folie.

Quand je dis qu’il est le seul être vivant, je ne veux pas dire qu’il n’y a personne d’autre avec lui. Il est entouré par sept guerriers squelettiques portant toujours d’antiques armures en lambeau. Mercedes nous dira plus tard que ce sont les lieutenants de l’Armag original dont les âmes ont été emprisonnées avec lui à sa mort. Apparemment ils ont eux aussi été dupés par la supercherie des Sœurs en Noir, ou alors ils obéissent au porteur de l’épée, car ils attaquent en même temps que le barbare dément.

C’est finalement sa rage homicide qui aura raison d’Armag. S’il est un adversaire prodigieux doté d’une force colossale et d’une résilience impressionnante, toutes ses attaques sont portées au mépris de la prudence la plus élémentaire. Il se jette dans la bataille sans aucune considération pour les blessures qu’il peut encaisser, uniquement obnubilé par sa soif de sang. Si cette technique peut fonctionner contre des adversaires de moindre vaillance, nous ne sommes pas de ceux-là.

Nous avons appris à combattre ensemble lors de la conquête de notre royaume. Ensemble nous avons vaincu le Seigneur-Cerf. Ensemble nous avons battu Hargulka. Ensemble nous avons détruit Vordakaï.

Ensemble nous renvoyons l’âme d’Armag le Deux-fois-Né dans son épée maudite.

Quand il relâche finalement Ovinrbaane sur le sol gorgé de sang, je ne peux m’empêcher de fixer mon regard dans le sien. J’aurais tellement voulu apercevoir un éclat de lucidité qui m’aurait donné un peu d’espoir pour l’âme de cet enfant sans nom enlevé par des cultistes avides de vengeance il y a quarante ans. J’aurais aimé te dire qu’à la fin il a retrouvé la paix, mais jusqu’au dernier moment je n’y ai vu que folie destructrice. Je demanderai à Jhod d’intercéder pour lui auprès d’Erastil.

C’est très prudemment et sans la toucher à mains nues que nous emportons Ovinrbaane pour arriver finalement dans la chambre mortuaire d’Armag. Son corps est toujours là, sous le gisant représentant un guerrier en armure, encore vêtu de son équipement de bataille, moins son épée. Autour de lui est entreposé le fruit d’une vie de pillage à la tête de sa horde barbare. De quoi payer cent fois la rançon d’un roi. Cet apport d’argent imprévu fera du bien à notre royaume au bord de la guerre. Après avoir récupéré les jeunes otages nous repartons pour River Haven. Il y a encore beaucoup à faire pour préparer le royaume aux épreuves à venir.


Nous avons vaincu le faux Armag et mis fin à la machination des Sœur de la Nuit. Je pense que la horde barbare ne va plus présenter de menace insurmontable maintenant. Leur chef mort, une dizaine de nouveaux prétendants vont tacher de prendre sa place et elle devrait se fragmenter en petites bandes facilement contrôlables. Nous avons aussi libéré les otages du baron Drelev, ce qui devrait nous faciliter les choses avec Fort Drelev. Ca c’est pour le positif.

Du coté négatif, nous nous sommes probablement fait une ennemie mortelle d’Okuneska et de sa tribu de brutaciens. Je peux oublier mon idée de traverser les marais avec notre armée pour aider à la libération de Fort Drelev. Il y a peut-être toutefois un moyen de s’allier avec les brutaciens toujours fidèles à Gogunta et qui doivent voir d’un mauvais œil la prêtresse de Gyronna.
Il y a aussi Ovinrbaane. Que faire de cette arme maudite ? Sa destruction semble au-delà de nos capacités, et je ne suis de toute manière pas persuadé que se mettre à dos le dieu des batailles avant d’entrer en guerre soit une bonne idée. Il faudra que je prenne contact avec le clergé de Gorum en revenant à River Haven, là aussi il y a peut-être un coup à jouer.

Et surtout je vais avoir cette discussion avec Valentina.


Ton frère
Gregor


C'est tout pour cette fois. Ceux qui ont reconnu dans le Monolithe un morceau du vaisseau spatial qui s'est écrasé en Numérie sont bien plus forts que nous. La suite quand on aura rejoué

Loon

Modifié par un utilisateur mercredi 25 septembre 2013 22:22:34(UTC)  | Raison: Non indiquée

Sic Transit Gloria Gaynor
Offline Loon  
#42 Envoyé le : dimanche 6 octobre 2013 17:52:43(UTC)
Loon
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C'était le dernier épisode du quatrième scénario, qui s'est terminé par la prise de Fort Drelev. Avant de faire le tome cinq, nous allons faire quelques séances avec nos persos secondaires. Il y aurait des troubles dans les Tors des Levenies, le conseil doit enquêter.


Chère Mère,


J’espère que vous n’avez pas été trop surprise par l’apparence du porteur de ce message, mais Imeckus Stroon, le seul thaumaturge que nous avons pu trouver ici n’avait que ce moyen pour communiquer à distance. Il m’a assuré que l’odeur de soufre ne devrait persister que quelques jours, mais c’est un bien minime désagrément pour vous faire enfin parvenir des nouvelles de l’Ouest.


Nous aurions du rentrer directement à River Haven avec les hottages que nous avions libérées, mais la discussion que nous avons avec Tamary, la fille ainée de Lord Numesti, change quelque peu la donne. La situation à Fort Drelev est bien pire que ce que nous pensions. La ville est en train de mourir à petit feu.

Les barbares du Tigre ont certes quitté la ville, mais ils ravagent les campagnes comme une nuée de sauterelles, détruisant les récoltes et massacrant le bétail. Les mercenaires du Pitax sont eux à l’intérieur de la cité, pillant les citoyens comme l’armée d’occupation qu’ils sont d’ailleurs vraiment. Le pire reste toutefois le parti de géant de Kob Moleg. Comme les exactions des barbares empêchent un afflux de nourriture suffisant d’arriver en ville, ils ont d’abord commencé à manger les chevaux, puis les autres animaux. Maintenant ils sont passés aux êtres humains. Toute personne prise dehors après la tombée de la nuit est dévorée par ces monstres affamés.

Les citoyens qui étaient assez riches ou assez chanceux pour quitter la ville se sont enfuis, laissant Fort Drelev à moitié vide. Pendant ce temps le baron Drelev vit en reclus dans sa citadelle, organisant des fêtes fastueuses pour briller aux yeux de Lady Quintessa Maray, sa nouvelle maitresse. On dit qu’il ne quitte plus ses appartements privés, ne laissant même pas sa femme, la baronne Pavetta Stroon-Drelev, accéder au dernier étage du château. Les seules marchandises arrivant trop rarement en ville sont acheminées par les navires du Pitax, qui pratiquent des prix indécents. Si nous voulons avoir quelque chose à sauver à Fort Drelev, nous n’avons pas le temps d’attendre l’armée.

Nous ne pouvons pas mettre en danger les jeunes filles que nous venons de libérer. Je charge donc Rivotril de les ramener en sécurité à River Haven, après leur avoir demandé à chacune un objet personnel et une anecdote connue de leur parents, pour pouvoir leur prouver que leurs filles sont saines et sauves.


« Par saines et sauves, je voulais aussi dire intactes, Rivotril ! »



Avant de partir pour Fort Drelev reste toutefois à régler l’épineux problème d’Ovinrbaane. Nous décidons de tenter un pari risqué. Florbella est une barbare numerienne vénérant Gorum. Techniquement parlant, elle a vaincu l’aspirant champion lors des épreuves dans le tombeau. Nous décidons de voir ce qui va se passer si elle brandit l’épée en réclamant son prix.

Le résultat est assez mitigé.

Sa première action après que ses yeux aient pris une inquiétante teinte rougeâtre est d’attaquer Nocturno, qui était le plus proche d’elle. J’ai vu Florbella se battre a de nombreuses reprises, mais cette fois c’était différent. Elle n’avait pas cette espèce d’abandon total à une violence extatique qui la caractérise habituellement. Elle était cette fois bien plus méthodique dans ces attaques, en contrôle total de ses émotions. L’âme dans l’épée avait pris le dessus.

Nous allons devoir nous mettre à trois pour pouvoir maitriser l’esprit qui contrôle Florbella. Une fois celle-ci débarrassée de l’épée, elle reprend brutalement ses esprits et nous apprend qu’elle a été prise par surprise par la vitesse à laquelle l’esprit l’a attaquée, mais qu’elle veut faire une nouvelle tentative. Elle est prête cette fois, et est persuadée qu’elle aura le dessus. Je suis au début sceptique mais il s’avère que la rage qui la soutient en combat peut faire de même en esprit, et elle parvient à prendre le dessus.

Jusqu’à quand me semble une bonne question.


Le voyage depuis la tombe jusqu’à Fort Drelev nous prend toute la journée à vol d’oiseau et la nuit commence à tomber quand nous nous posons à la limite des marais. J’envoie Requiem et Nocturno prendre la température de la ville pendant que nous attendons prudemment à l’extérieur. Ils doivent prendre contact avec Satinder Morne, la patronne du Coin de Velours qui nous a été chaudement recommandée par Kisandra Numesti. Espérons que la confiance de la jeune femme ait été donnée à bon escient. L’aube commence à poindre quand ils reviennent faire leur rapport.

Apparemment la situation s’est encore aggravée depuis que les otages ont quitté la ville. Les exactions des mercenaires du Pitax ont causé la fermeture de la plupart des commerces, à l’exception notable des tavernes et des bordels. Les raids des géants sont passés d’une fois par semaine à toutes les nuits. Il y a quelques semaines Fort Drelev a même eu la visite d’une créature volante qui a incendié une partie de la ville. J’avais raison de penser que le Jabberwocky parviendrait jusqu’ici s’il continuait vers l’Ouest. Je trouvais que c’était un juste retour des choses à l’époque, mais les seuls à en avoir vraiment souffert sont les habitants de Fort Drelev. Ce n’est pas aussi réconfortant que je le pensais.

Il y a toutefois quelques bonnes nouvelles parmi ce ramassis de contrariétés. Premièrement, les barbares du Tigre sont toujours en train de camper à l’extérieur de la ville en attendant le retour d’Armag. Ils ne sont pas encore au courant de sa mort. Deuxièmement, les soldats qui n’obéissent aux ordres du baron Drelev que sous la contrainte des menaces pesant sur leurs familles sont tous stationnés au même endroit, dans la citadelle, sous la surveillance des géants. D’après La Madame ils ne bougeront pas tant que les géants sont là, mais si on pouvait s’en occuper la situation pourrait changer. Et enfin troisièmement, elle a appris, d’un maitre bâtisseur que l’amour rendait bavard, qu’un souterrain supposément secret conduit directement dans les caves sous la citadelle. J’ai maintenant tous les éléments en main pour concocter une stratégie.


Dans une chambre tapissée de velours rouge qui a du voir son content de bizarreries, je mets au point un plan en trois points. Il implique de diviser le groupe, ce que Père m’avait toujours déconseillé de faire, mais tout doit se passer en même temps, ce qui me force un peu la main.

Tout d’abord Mercedes et Florbella vont partir pour le camp des barbares du Tigre pour en prendre le contrôle. Depuis le premier contact un peu rude, elle et l’esprit d’Armag ont conclu une sorte de trêve. Il veut reprendre les rênes de sa tribu et recommencer à ravager le pays, nous lui avons promis le butin des mercenaires stationnés à Fort Drelev s’il nous aide à prendre la ville. Je pense même pouvoir le persuader de marcher ensuite sur le Pitax, qui est une ville autrement plus riche que River Haven. Ce qui va être difficile sera d’éviter le pillage de la ville par des barbares qui auront senti le gout du sang.

Pendant ce temps Nocturno, Requiem et moi allons éliminer les partis de chasse des géants qui patrouillent la ville dès la nuit tombée. Ils sont par petits groupes, nous allons les attirer dans les quartiers inhabités du Nord de la ville pour pouvoir faire ca discrètement. Le but est à la fois de déstabiliser les plans de défense de la ville, qui reposent en grande partie sur eux, et d’obliger le reste des géants à sortir de la citadelle, pour que nous puissions nous y infiltrer. Une fois sur place il nous sera possible de libérer Lord Numesti de sa cellule pour qu’il reprenne l’armée régulière en main, enfin libérée du joug des géants.

Une fois la jonction faite, nous irons confronter le baron Drelev dans sa citadelle. Il devrait se trouver plus ou moins seul, ses gardes de notre coté ou trop occupés avec les barbares pour rester à ses cotés. Et ensuite il devra répondre de ses crimes.


Une fois n’est pas coutume, le plans s’est déroulé conformément aux prédictions. Enfin, dans sa première partie. L’attaque des barbares a pris les mercenaires complètement par surprise, d’autant que Le Coin de Velours avait fait une soirée spéciale en l’honneur des glorieux défenseurs de la cité. La moitié des hommes étaient encore couchés avec une migraine accentuée par le vin assaisonné de Requiem quand celui-ci ouvrit les portes de la cité à l’armée barbare un peu avant l’aube. Les habitants avaient été prévenus de se rendre au temple abandonné d’Erastil pour attendre la fin des combats. Ce bâtiment massif est une vraie forteresse, ils y étaient en sécurité pour un temps.

De notre coté, nous n’avions pas eu trop de peine à libérer Lord Numesti, le chaos provoqué par l’attaque soudaine avait presque vidé la citadelle de ses défenseurs. Les soldats étaient trop affaiblis, physiquement et moralement, pour participer à la bataille, mais ils furent dépêchés au temple pour protéger la population. Comme la citadelle était vide, nous sommes montés dans les étages pour demander la reddition du baron. Il s’était rendu aux barbares quelques semaines plus tôt, je ne m’attendais pas à une trop forte résistance.

J’avais tort.

Nous avions croisé la baronne Stroon-Drelev au troisième étage de la citadelle. J’avais renvoyé cette petite femme aigrie dans sa chambre après qu’elle nous ait informés que le baron était enfermé depuis une semaine dans sa salle du trône avec sa maitresse, elle ne l’avait pas vu depuis des jours. Après lui avoir conseillé de n’ouvrir qu’à moi, nous étions montés au dernier étage. C’est après avoir ouvert les doubles portes que les choses se sont gâtées.

La salle du trône ressemblait moins à un lieu de régence qu’à une serre tropicale. Des herbes acérées recouvraient le sol, les murs étaient tapissés de lierre et autres plantes grimpantes, mais le plus étrange était l’arbre colossal occupant tout le centre de la pièce. C’est à peine si on pouvait distinguer le baron Drelev assis sur son trône, Lady Quintessa debout à ses cotés. Le baron n’a d’ailleurs pas l’air au mieux de sa forme. Il semble vieilli prématurément, vouté sur son siège et tournant à peine la tête dans notre direction quand nous entrons.

Lady Quintessa par contre jubile quand elle nous voit, un sourire impossible fendant son visage bien au-delà des limite de la physiologie humaine. Le reste de son déguisement cède bien vite lui aussi et je sens Nocturno se crisper à coté de moi quand il reconnait celle qui se tient devant nous. C’est la Dryade des Epines, bras droit et amante de Maligorn, Lady Irvana du Premier Monde. Elle est l’exécutrice des basses œuvres de Maligorn, c’est elle qui avait trahi et empoisonné Tiressia pour que le roi-pixie puisse prendre sa place à la tête de la Cour des Fées. On la déteste.

Elle nous le rend bien d’ailleurs. Elle a passé des semaines à Fort Drelev, à user de ses charmes vénéneux sur le baron Hannis, jusqu'à le transformer en pantin servile totalement subjugué. Je ne sais pas vraiment quelles sont les relations entre les rois Maligorn et Irovetti, mais leurs intérêts semblent concorder. Je l’aurais bien questionnée sur le sujet, mais sont attaque ne m’en laisse pas le temps.

Nous sommes dans une situation particulièrement désavantageuse. Elle est sur son terrain et les plantes autour de nous se liguent pour tenter de nous éliminer. Des lianes étrangleuses ont surgi de l’arbre central, pendant que le parfum doucereux des fleurs sape peu à peu notre résistance. Je pensais que tout était perdu quand surgit Florbella.

Elle est couverte d’un sang qui n’est pas le sien après la bataille qu’elle vient de livrer à la tête des barbares du Tigre. Chevauchant Speartooth le smilodon, elle vient de triompher de Kob Moleg et de son mammouth, ce n’est pas une fée mal germée qui va l’arrêter. Contre un adversaire ordinaire je pense qu’Irvana aurait pu l’emporter, mais la puissance conférée par Ovinrbaane est sans égale. Le rictus de Nocturno quand il donne l’estocade finale à la meurtrière de ses parents est aussi sinistre qu’il est satisfaisant.

Le dernier ennemi est vaincu, Fort Drelev est notre.


Je n’ai pas parlé à Lord Numesti de Lady Irvana et de Maligorn, je pense qu’il est préférable pour nous que le coupable reste simplement le baron Drelev. Un ennemi clairement identifié, et surtout vaincu, est plus rassurant pour le peuple.

J’ai rebaptisé la ville Fort Numesti, et nommé celui-ci vice-roi. Je pense qu’il fallait faire une démarcation claire entre le règne de l’ancien baron et le rattachement au royaume de Samarkand, et garder le nom du félon comme nom pour la ville me semblait une mauvaise idée. Je dois rester ici quelques temps, pour finaliser la prise de pouvoir, mais je vais rentrer à River Haven au plus tôt. Dites à Valentina que je fais au plus vite.

Au plaisir de vous revoir.



Votre fils
Gregor


PS : Des rumeurs inquiétantes courent dans les rangs des mercenaires du Pitax. Il paraitrait que le roi Irovetti travaille sur une arme terrifiante qui devrait lui permettre d’avoir enfin la mainmise sur les Royaumes fluviaux. Je ne sais pas quelle est la part de vérité, mais une enquête s’impose.



C'est tout pour cette fois, la suite quand on aura rejoué

Loon
Sic Transit Gloria Gaynor
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#43 Envoyé le : dimanche 20 octobre 2013 12:11:20(UTC)
Loon
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Une séance ou nous avons joué nos persos secondaires pendant que les principaux étaient à la conquête de l'Ouest. Pour la première fois nous commençons à entrevoir ce que peut être la menace qui pèse sur nous. Techniquement les persos principaux sont niveau 14, ceux-là sont niveau 8.


Fils,

Je constate que tu préfères une fois de plus jouer aux petits soldats dans une contrée tiermondiste que t’occuper des vrais problèmes dans ton propre pays. Comme si ces fangeux ne pouvaient pas payer leur dime en leur laissant un régiment pour les surveiller. C’est qu’on va avoir des besoins d’argent importants ici prochainement.

Tout d’abord on va devoir organiser un nouveau mariage dans les plus brefs délais, et cette fois il pourra y avoir une attaque de dragon, une invasion d’elfes des bois ou une farandole de vroks, personne ne quittera cette chapelle avant que j’ai entendu deux oui à l’unisson. Parce que ça commence à jaser chez les pudibonds d’Erastil. Malgré les trésors d’ingéniosité déployés par les caméristes du château, on le voit de plus en plus que Valentina à un bossu dans le clocher.


« - La Reine Abrogail ne porte que ça, c’est la dernière mode à Egorian. »


Il faut aussi financer la construction des écluses sur la Shrike. Pour le moment j’ai pu noyer le poisson avec les Nebuloni, mais ils commencent à se rendre compte que l’argent promis pour le chantier sert en réalité à constituer une armée pour marcher sur le Pitax.

En parlant de construction et de nabots, un nouveau joueur est en train de tâter le terrain dans le royaume. Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne nouvelle, mais le Kartel Sunderstone a ouvert une succursale à River Haven. Cette maison marchande naine pourrait certes briser le monopole des frères Nebuloni, mais ils ont une réputation exécrable, même pour des nains. J’ai d’ailleurs demandé au procureur Tricornus, le bras droit de l’archidiacre Salisfère, d’enquêter sur les rumeurs qui avaient courues à l’époque à propos de leurs éventuelles accointances avec l’Aspis Consortium. Ce qui est sûr c’est que leurs prix défient toute concurrence et qu’ils ont une branche spécialisée dans les armes mécaniques en tout genre, de l’arbalète de poing au trébuchet.


Dans un autre registre, Bella Falkenstein aura mis le temps mais elle a finalement reçu les informations qu’elle attendait de son Ustalav natal. Il existe bien un moyen de présenter Maligorn à son reflet, mais ça demande un rituel compliqué et du matériel approprié. Ou plutôt il faut un rituel compliqué pour fabriquer le matériel approprié. Il faut créer ce qu’on appelle un Miroir aux Morts, un artéfact utilisé abondamment à Caliphas pendant les guerres vampiriques du siècle passé. Un buveur de sang qui croise son propre regard dans un de ces miroirs serait réduit en cendre ou, pour les plus puissants d’entre eux, tellement affaiblis qu’ils seraient aisément vaincus. Tu verras bien à quelle catégorie appartient l’usurpateur.

Le souci est que la plupart des Miroirs furent détruits pendant la guerre et que les quelques rares existants encore sont précieusement conservés par les comtes-vampires d’Ustalav. Heureusement Bella Falkenstein a pu se procurer un ancien grimoire décrivant le rituel. C’est un peu technique, mais en gros il faut qu’un miroir spécialement fabriqué avec des minéraux rares par un maitre orfèvre soit imprégné par la clarté astrale de la pleine lune. Un classique. Un tailleur de gemme du nom de Berryl Alkenstar commence à se faire un nom pour la délicatesse de son travaille à Eel Shore et la pleine lune est dans trois semaines, ça devrait être jouable s’il a le matériel adéquat.


« Plus qu’a remettre la main sur ma tenue de cérémonie. »



Puisqu’on va dans l’Est, on va en profiter pour faire un passage à Varnhold. Le Sire Patriarche Ametyss Surtova aimerait savoir on en est sa demande de soutient chez les centaures Rashalkas, s’il doit organiser une cavalerie digne de ce nom il aura besoin de toutes les troupes disponibles. Et ce n’est pas avec les pauvres cavaliers de la région qu’il pourra faire quelque chose. Valentina ira elle-même négocier avec Xamanthe Silverfire, en tant que reine sa demande aura plus de poids que par un vulgaire messager. En plus l’air de la montagne lui fera du bien.

Jhod et Sylabine vont faire le voyage avec nous jusqu’à Varnhold. Selon Thoric Narthroppole, je crois que c’est le troisième frère mais qui peut savoir avec ces gnomes, le col de Varnhold est fermé à cause de chutes de neige abondantes. Si tôt dans l’année c’est vraiment précoce et le chanoine veut implorer la bénédiction d’Erastil pour que les précipitations cessent. Ou quelque chose dans le genre, je ne suis pas familière avec les oraisons de ce culte campagnard.

Comme je ne peux tout de même pas le laisser aller seul dans la montagne j’ai demandé au chef Ecailles-de-Suie de l’escorter avec une poignée de kobolds. Le lézard en a profité pour nous informer qu’il a récemment pris le contrôle de la tribu Albinov, des kobolds blancs vivant sur les pics des Lévenies. Comme les dragons blancs auxquels ils sont affiliés, ils ne brillent pas par leur intelligence mais ils sont particulièrement résistants aux conditions climatiques boréales. Ils seront parfaits pour ce genre de mission montagneuse.


Nous sortons du portail de téléportation de Varnhold alors que la ville est en pleine effervescence. Pour une fois ce n’est pas à cause d’une quelconque foire aux bestiaux, mais parce que des rumeurs inquiétantes courent dans la région. Non seulement la neige bloque le col, mais la garnison de la Tour Acérée n’a plus donné signe de vie depuis près de deux semaines. On aurait aussi aperçu un parti de géants sur les hautes crêtes proches du col. Je suis en train d’expliquer au maire Howitt Gurney qu’il nage en pleine fantaisie et que tu as pacifié la région depuis longtemps quand le tocsin retenti. La ville est attaquée par mes géants imaginaires.

Il y a peut-être une douzaine de ces créatures, de toute évidence des géants du froid mesurant plus de trois mètres de haut. Leur jarl est un être terrifiant faisant presque un mètre de plus que les autres, mais surtout il manie une hache gigantesque avec chacun de ses quatre bras musculeux. Je ne sais pas d’où ils peuvent bien sortir, mais ils sont tout à fait réels.

La milice de la ville est plutôt habituée à traiter avec des étudiants en maraudes, des bagarres d’ivrognes ou des chats dans des arbres. Parfois les trois en même temps. Mais une attaque de géants dépasse de très loin leur capacités, pour ce genre de menace nous avons la garnison de la Tour Acérée. Je commence d’ailleurs à voir de mieux en mieux ce qui a pu leur arriver et je crains que la bénédiction d’Erastil ne leur soit profitable qu’a titre posthume.

Heureusement je suis là et je prends les choses en main. Ma première action est de réorganiser les gardes pour qu’ils cessent de servir de buffet à volonté pour les géants, ils n’ont ni l’équipement ni les capacités pour lutter contre une telle menace. A la place je les fais évacuer la population vers l’enceinte fortifiée du château, où ils pourront être en sécurité, éventuellement. La populace piaillante enfin hors de mes pattes, il est temps de s’occuper de ces géants. S’ils sont d’une force colossale, elle n’a rien à envier à leur stupidité, et nous parvenons à les contenir au début. Jusqu’à ce que leur chef se rende compte que nous représentons une vraie menace.

Le Jarl Kargstaad n’est pas un géant ordinaire. Il est plus fort, plus rusé et il semble avoir un contrôle sur les éléments. Aussitôt qu’il passe à l’attaque, il est entouré par des giboulées glaciales d’une violence inouïe. Cette tornade de neige a tôt fait de nous repousser à l’abri, dans l’espoir de trouver une hypothétique protection contre le froid, mais rien ne peut nous protéger contre la fureur des éléments déchainés. Je ne pense pas que j’aurais pu t’écrire cette missive si un sauveur providentiel n’était pas intervenu.

Je sentais mes membres perdre peu à peu toute sensation sous la fureur glaciale des rafales de vent quand un grand battement d’ailes disperse les bourrasques. Il est suivi presque immédiatement par une gigantesque forme écailleuse qui tombe de tout son poids sur le jarl pris au dépourvu, le projetant à terre. Un dragon.

Le combat entre les deux colosses est d’une violence incroyable, mais aucun des deux ne parvient à prendre le dessus tant les deux adversaires sont de force égale. Comprenant que plus le temps passe et moins ses chances de l’emporter sont importantes, le Jarl invoque à nouveau la puissance de l’hiver et il s’enfuit à la faveur du tourbillon qui empêche toute poursuite. Varnhold est sauvé mais j’ai l’impression que ce n’est pas la dernière fois que nous entendrons parler du Jarl Kargstaad.


Quand la poussière du combat a fini de retomber et que les secours finissent de déblayer les décombres nous pouvons avoir une conversation avec notre sauveur ailé. Je dois te dire que les dégâts sont certes importants, mais bien moins graves qu’ils auraient pu être sans son intervention. Les étudiants auraient pu avoir des congés prolongés si nous n’avions pas été sur place pour protéger l’université. Ceux qui auraient survécu, bien sur.

Ce dragon donc est une dragonne. Une dragonne d’argent, Eranex fille d’Amvareal, plus connu sous nos latitudes sous le nom de Silverstep, celui qui a donné son nom au lac au pied des montagnes. Elle est le fruit des amours de l’ancien protecteur de la région et d’une fée primordiale. Elle tient de sa mère les arabesques cabalistiques ornant ses ailes membraneuses et un regard étrange qui n’a rien de reptilien.

Ca fait quelques semaines qu’elle est arrivée dans la région, mais le fait que ce soit le lieu de l’ancien antre de son père n’est qu’une agréable coïncidence. Elle est en mission pour sa maitresse, Shyka la Changeant, une Ancienne du Premier Monde. Elle est là pour récupérer une arme crée par sa maitresse, qui est sensée se trouver dans l’antre de son père. Cet artefact appelé la Rapière de Vesper est un objet instable qui a tendance à disparaitre et réapparaitre au fil du temps. C’est grâce à ses pouvoirs sur l’espace et le temps que Shyka a pu prédire que sa prochaine apparition sera dans les Lévenies.

Shyka n’est cependant pas la seule à rechercher l’artefact. Il intéresse aussi un autre Ancien appelé le Comte Ranalc. Celui-ci a été banni du Premier Monde dans le Plan des Ombres par ses pairs il y a des temps immémoriaux. Il pense que la puissance de la rapière pourrait lui permettre de rentrer de son exil, aussi a-t-il envoyé un ankou du nom d’Orsig, un de ses plus fidèles agents, pour la lui ramener.

Malheureusement Orsig a gagné la course jusqu’à l’antre de Silverstep. Il est déjà sur place à attendre l’apparition de la rapière et Eranex ne pense pas être de taille à l’affronter seule. Elle s’est déjà battue autrefois avec lui sur le Premier Monde et Orsig l’avait tuée. Son statut d’être-fée lui avait permis de renaitre à l’époque, mais elle est d’autant plus réticente à le combattre sur le plan primaire qu’ici sa mort serait définitive. Elle cherche donc des alliés et je lui ai spontanément mis à disposition toute l’aide que le royaume pouvait lui fournir.

Non c’est toujours ta mère en train de t’écrire et je ne suis pas frappée de démence sénile ou, pire, d’accès de générosité spontanée. Avant que je n’aille plus loin il faut que je t’explique les différentes discutions que j’ai eues avec Eranex, qui est une fée résidente du Premier Monde sur les événements qui se sont passés depuis que tu es arrivé dans les Terres Dérobées.

Pour une fois j’ai pu parler à quelqu’un qui n’est ni effrayé par une entité supérieure, ni d’une niaiserie crasse. Parce qu’entre les fées du Bois de Narl, qui se cachent en tremblotant en parlant de leur Maitresse et les deux nuisibles qui parasitent Olegville, dont les connaissances se limitent à la recette du poil à gratter, j’ai donné en termes d’inutiles.

J’ai aussi pu parler longuement avec Anastase Pendrod, le recteur de l’université Kithoradienne de Varnhold, un homme charmant qui a su me faire profiter de sa grande érudition. Je te prie d’être bien attentif à ce qui va suivre car c’est important. Je me rappelle encore des notes que tu ramenais de l’école théologique d’Asmodeus à WestCrown, je vais donc tâcher d’utiliser des mots simples.


Pour commencer, qu’est-ce que le Premier Monde. En gros c’est un plan d’existence proche de notre réalité, mais ou tout est accentué. Les Montagnes sont plus hautes, les forêts plus profondes, les couleurs plus éclatantes. Ca veut aussi dire que les créatures des forêts sont plus sauvages, que la nuit y est plus sombre et que le mal qui s’y trouve est plus malfaisant. Pour faire une analogie je dirais que si le Plan des Ombres n’est qu’une pâle copie du plan primaire où nous vivons, le plan primaire n’est qu’une pâle copie du Premier Monde.

Il est aussi dépourvu de toute trace de civilisation, ce qui ne veut pas dire que c’est l’anarchie car là-bas règnent les Anciens. Quand je parle des Anciens du Premier Monde, je te parle d’entités qui ont la puissance d’un dieu sur le plan primaire. Ce ne sont donc pas des êtres à prendre à la légère. Tu n’as vraiment pas envie de te retrouver sur leur chemin, et j’ai malheureusement l’impression que c’est exactement ce qui est en train d’arriver. J’ai commencé à percevoir un motif dans les événements étranges de ces derniers temps.

Tout d’abord il faut que tu saches qu’il y a des endroits dans le monde où la frontière entre le Premier Monde et le plan primaire est particulièrement mince. C’est par ce genre d’endroit que les gnomes sont arrivés sur Golarion. Les Terres Dérobées sont un de ces endroits, ce qui explique la prolifération des êtres féériques dans la région. Ca explique aussi pourquoi il est plus facile d’ouvrir des portails dimensionnels ici qu’ailleurs. Ce qui est l’explication la plus probable de ce qui se passe dans le royaume.
Si je devais spéculer, ce que je fais d’une plume ingambe, je dirais que quelqu’un, ou quelque chose, est en train de pratiquer un rituel aussi sophistiqué que puissant pour faire fusionner les Terres Dérobées et le Premier Monde. Un très ancien rituel connu sous le nom de La Floraison.

Comme je le comprends, il nécessite l’ouverture des portails entre les deux mondes à l’aide de trophées macabres phagocytés sur des créatures ayant un lien avec les deux plans. Comme par exemple la corne de licorne envoyée à sa Maitresse par la Dame-qui-Danse. Ou la tête d’un dragon d’argent ayant eu une relation inter espèce que je qualifierai d’audacieuse avec une fée primordiale.

Car ce qu’Eranex ne sait pas encore et que je viens d’apprendre, c’est que son père est mort. Des explorateurs de Varnhold ont trouvé son squelette dans ce qui doit être son antre il y a quelques mois déjà. Ils y ont aussi trouvé les traces d’un affrontement entre deux dragons. Un d’argent, Silverstep, et une noire que je soupçonne d’être la fameuse Ilthuliak dont on entend beaucoup parler ces derniers temps. Ce qu’ils n’ont en revanche pas trouvé, outre son trésor mais ces explorateurs étant des nains je ne suis pas persuadée qu’ils l’auraient mentionné si c’était le cas, c’est le crâne du squelette. L’autre dragon l’a emporté avec lui.

Ca nous fait déjà deux trophées dont l’existence est avérée, ce qui devrait signifier deux portails, plus celui que M. Kane a réussi à refermer lors de l’entrée du Jabberwocky à Fort Narthroppole. Je ne sais pas ce que Quasamir, le sorcier fomoire, faisait cuir dans son chaudron, mais je suis prête à parier que c’était un trophée aussi. Ca nous laisse deux portails en activité qui, si je devais formuler une hypothèse, je situerais sous le Lac Tuskwater et au sommet du col de Varnhold. Les cygnes noirs du Lac ne sont de toute évidence pas de ce monde et Eranex sait que le Jarl Kargstaad vient du Premier Monde. Plus précisément d’un endroit appelé le Royaume des Mille Soupirs.

Je vais maintenant triturer un peu mon hypothèse et aller plus loin. Quand il est sorti de son portail le Jabberwocky s’est immédiatement envolé vers l’Ouest. Nous savons qu’il est passé par Fort Numesti, qu’il a grillé une partie de la ville et à continué son chemin, toujours vers l’Ouest. Si on continu à avancer dans cette direction, une fois passé la ville de Pitax, à l’Ouest se trouve la Forêt des Mille Voix. Or selon certains ouvrages dont je te parlerai tout à l’heure, la Forêt des Mille Voix cacherait en son sein le point d’entré du Royaume des Mille Soupirs. De là à envisager que le Jabberwocky ne faisait que rentrer chez lui dans le Premier Monde, il n’y a qu’un pas que je franchis d’une démarche alerte une fois de plus.

Tout semble donc converger vers ce Royaume des Mille Soupirs dont nous ne savons pas grand-chose. Ce qui pourrait changer si tu réussissais à me procurer l’ouvrage dont je parlais tout à l’heure. Il s’agit d’un livre de comptes pour enfants écrit il y a quarante ans au Pitax par un écrivain psychotique mort dans l’asile où il a été interné avant son procès, Le Pique-nique de Zuddiger.


« Ce livre ne peut en aucun cas être assimilé au Nécronomicon, nos avocats sont formels. »



Sous des dehors innocents de comptines pour enfants, ce livre donne une description, certes imagée, du Royaume des Mille Soupirs. Il est malheureusement introuvable ici, mais Maitre Pendrod est persuadé qu’il doit encore en exister au moins un exemplaire à la bibliothèque du Pitax. Je compte sur toi pour me le ramener. Il y a un second ouvrage que j’aimerais aussi consulter, celui-là plus spécifiquement sur les Anciens du Premier Monde, le 3ème tome du Catalogue des Etres Impossibles, par Hobard. Celui-là je me suis débrouillée avec Maitre Pendrod, il va le faire acheminer depuis la bibliothèque de l’Université Kithoradienne d’Oppara. Il devrait arriver prochainement.

J’espère que tu commences à comprendre pourquoi je compte aider Eranex à trouver sa babiole magique. Elle nous a promis de toucher un mot à Shyka la Changeant en cas de succès, et qui mieux qu’un Ancien peut nous renseigner sur un autre Ancien. Car ne te fais pas d’illusions, l’énergie qu’il faut déployer pour pratiquer la Floraison n’est pas à la portée d’une entité beaucoup moins puissante qu’un dieu. Et ce n’est certainement pas fini. Je ne sais pas encore combien d’autres portails il faut ouvrir pour parachever le rituel, mais probablement quelques uns.

Je pense donc qu’il faut au plus tôt trouver un moyen de fermer ceux qui sont existants, histoire de freiner la progression de la Floraison et de gagner assez de temps pour comprendre comment vaincre cet ennemi aussi mystérieux que puissant.
Je vais dès demain partir pour l’antre de Silverstep au cœur des Lévenies. Je te recontacte aussitôt que j’en apprends plus.


Cornelia Delecti

PS : J’ai commencé à travailler sur le projet dont tu m’as parlé. J’ai bon espoir d’un résultat satisfaisant.



C'est tout pour cette fois, la suite quand on aura rejoué

Loon
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#44 Envoyé le : samedi 16 novembre 2013 10:13:38(UTC)
Loon
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Cette séance s'est terminée sur un résultat imprévu, mais il faut toujours voir le bon coté des choses.


Fils,

Valentina est morte, dévorée de l’intérieur par la chose qui grandissait dans ses entrailles. Tes soupçons étaient fondés, ce monstre n’était pas de toi. Ce n’est toutefois pas ce que dira la version officielle que je vais reporter à River Haven à mon retour dans la capitale. Selon elle, la princesse Valentina Surtova a succombé lors d’une attaque de géants alors qu’elle traversait le col de Varnhold pour se rendre en ambassade chez les centaures Rashalkas.

Voilà ce qui s’est réellement passé.


Comme je l’avais supposé, Eranex n’a pas très bien pris l’annonce de la mort de son père. J’irais même jusqu’à dire qu’il a fallu toute la persuasion dont je suis capable pour qu’elle ne parte pas immédiatement à la recherche d’Ilthuliak. Le fait que nous n’ayons aucune idée de l’endroit où se trouve la dragonne noire à bien aidé aussi. Elle finit toutefois par se calmer et nous indique où se trouve l’antre de son père, dans une caverne sur les rives du Lac Silverstep. De l’autre coté des Lévenies, évidement. On va faire contre mauvaise fortune bon cœur et en profiter pour régler le problème du portail au Col de Varnhold.

Comme Eranex ne veut pas nous faire traverser les montagnes sur son dos, je là charge d’une mission en nous attendant. Je lui donne un message pour Berryl Alkenstar à Eel Shore lui expliquant toutes les spécifications techniques du miroir qu’il doit nous construire. Autant m’éviter un séjour dans ce trou boueux si je peux.


« - N’insistez pas, vous voyez bien que je ne peux pas tous vous porter sur mon dos ! »



Notre périple en direction du Col est un long calvaire glacé pour Valentina et moi. Elle n’aime déjà pas quand la température passe sous le seuil du tropical, alors la montagne en automne c’est beaucoup lui demander. D’autant que son état n’est pas favorable aux longues marches. Je lui avais bien dit de nous attendre à Varnhold mais elle n’a rien voulu entendre. Quand à moi j’ai passé l’âge de crapahuter dans la campagne à la recherche d’aventures. Le Père Kavken et les kobolds sont au contraire parfaitement à l’aise, merci pour eux.

Je suis déjà venue plusieurs fois dans la région, mais cette fois je ne reconnais pas le paysage. A mesure que nous montons vers le sommet du col j’ai l’impression d’être dans un autre monde. Il n’y a plus le moindre son d’animal et le froid se fait de plus en plus sentir, son intensité aurait été totalement inhabituelle au plein cœur de l’hiver alors que nous sommes au début de l’automne. Mais ce n’est encore rien comparé aux tombes.

Nous apercevons la première un peu par hasard quand un monticule de neige s’effondre à notre passage, révélant une stèle en pierre. Une tombe qui révélera à chaque personne s’approchant pour en lire les inscriptions son propre nom gravé dans le marbre. Un vieux truc de sorcière, mais qui fait toujours son petit effet sur les superstitieux. Une fois que j’ai pu rassurer tout le monde nous continuons notre chemin vers le sommet, dépassant de plus en plus de tombes entre les arbres de la forêt. Je me rends compte que nous sommes dans un gigantesque cimetière enneigé quand j’entends les chants.

Au milieu d’une grande clairière elle aussi constellée de pierres tombales se dresse un gigantesque monolithe de glace. Sur chacune de ses faces sont gravés des centaines, voir des milliers de noms que nous ne pouvons lire depuis la lisière de la forêt. Si on reste à la lisière c’est parce qu’une demi-douzaine de géants du même type que ceux qui ont attaqué Varnhold sont en train de monter une garde attentive autour de notre vieille connaissance le Jarl Karstadt. C’est lui qui est en train de psalmodier une mélopée dans une langue rocailleuse, et à chaque strophe déclamée une vague d’air glacial semble pulser de la stèle de glace. Nous avons trouvé le portail.

Je pense que la seule chose qui nous a permis de vaincre ces colosses était que le Jarl Karstadt a voulu finir son rituel avant d’aider ses géants. Il n’en restait plus qu’un quand il s’est enfin décidé à intervenir et c’était déjà trop tard à ce moment-là, mais il s’en est fallu de peu. Sa mort nous a même permis de comprendre comment fermer les autres portails, si leur fonctionnement est identique à celui-là. Le monolithe de glace a en effet explosé, projetant des esquilles de glace dans toute la clairière quand le Jarl s’est effondré.

La seconde suivante nous sommes de retour sur le plan primaire, au milieu du Col de Varnhold. Les ruines éventrées de la tour de garde que j’avais inaugurée il y a à peine trois mois ont pris la place du monolithe de glace et nous avons une vue splendide sur les plaines de Samarkand. Il me semble même que la température est déjà en train de remonter. Il ne reste du Monde Premier que les esquilles de glaces provenant du monolithe. Je pense que je pourrais travailler sur un rituel qui utiliserait ces échardes comme catalyseur pour ouvrir un portail de notre coté, nous permettant de porter la guerre sur son propre terrain. Il me faudrait toutefois plus de ces ancres pour y parvenir, débrouille-toi pour en trouver quand tu fermeras d’autres portails.


« Il faudra aussi me trouver un side-car. »



Si je devais faire une hypothèse je dirais que c’est la présence du gardien qui sert d’ancre au portail dimensionnel. Celui-ci mort, l’énergie n’est plus canalisée et la porte se ferme. Si ma théorie est correcte il suffirait de tuer les élémentaires d’eau au fond du Lac Tuskwater pour fermer un second portail. Tu as la méthode, à toi de t’occuper de la pratique, je ne peux pas non plus tout faire à ta place.


Il nous faudra une autre journée de marche pour rejoindre le lieu de rendez-vous avec Eranex sur les bords du Lac Silverstep. Le dérèglement climatique a chassé presque tout le monde de la région, nous croiserons uniquement un pêcheur se rendant à River Haven avec sa cargaison d’anguilles. Il a entendu dire qu’une seconde tentative de mariage royal va avoir lieu et il pense que sa fortune est faite grâce à ses anguilles dont la rareté fait monter les prix. Il n’y a en effet plus beaucoup de pêcheurs sur le Lac Silverstep depuis qu’une communauté de nixies agressives s’attaque à tous ceux qui s’approchent de leurs grottes.

Quand nous rejoignons Eranex celle-ci n’a pas de très bonnes nouvelles. Elle a pu contacter le joaillier à Eel Shore, mais on dirait que sa réputation a été grandement exagérée. Il a bien des cristaux lunaires, un des ingrédients nécessaires, mais il faut aussi des opales qu’il ne possède pas. Pire, il n’a pas la maitrise nécessaire pour travailler efficacement ces gemmes. Selon lui la seule personne qui pourrait le faire serait une certaine Stygira, une sorcière des pierres aveugle qui possède une empathie avec les gemmes. Cette redoutable devineresse vivrait près des ruines d’un temple cyclopéen, quelque part à l’Est, dans ce qui était autrefois l’empire d’Iobaria. Je questionnerai Anastase Pendrod à ce sujet. Le seul point positif est qu’Eranex sait que son père possède un stock d’opales dans son trésor, si nous le retrouvons.


Le marécage caractéristique qui a commencé à s’étendre autour de la cascade cachant l’entrée de l’antre de Silverstep ne me laisse aucun doute. Nous sommes sur le territoire des nixies dont le pêcheur nous a parlé. Le père Kavken connait heureusement un rituel qui lui permet de les contacter, et nous passons un accord avec Perkei, leur chef. Il nous permet une entrée et une sortie de son territoire contre de la nourriture. Je parviens même à lui arracher une description des forces occupant l’antre à proprement parler en lui promettant une cargaison d’anguilles.

Une fois revenue délestée de la somme que j’ai lassé sur place au pêcheur que j’ai rattrapé à dos de dragon pour la cargaison qu’il a abandonnée en voyant Eranex, plus un supplément pour l’âne qu’elle a mangé, nous concluons notre accord avec Perkei.

En plus d’Orsig, l’ankou que nous connaissions déjà, il y a deux autres créatures qui occupent l’antre de Silverstep. Il y a Herrketa, une rusalka et maitresse d’Orsig ; et Ebena, une tiefling prêtresse vénérant le Comte Ranalc. Pour une fois qu’on a le nombre pour nous, on ne va pas tergiverser pendant des heures et nous entrons sans plus attendre.

Grace à l’accord avec les nixies nous arrivons sans être détectés dans les quartiers d’Orsig, que nous aurions surpris le pantalon sur les chevilles si ces créatures en portaient un, en plein ébats avec sa maitresse. Celle-ci a à peine le temps de relever la tête avant de se faire vaporiser, ce qui n’arrange en rien le caractère déjà exécrable de l’ankou. Puisant dans le plan des ombres dont il est issu, il commence à se dédoubler, puis se dédouble encore et ils sont bientôt cinq à nous faire face. Il n’est heureusement pas le seul ici à être énervé.

Laissant libre coure à la rage qui bouillonne en elle depuis qu’Orsig l’avait torturée il y a des années de cela, Eranex se précipite sur les créatures d’ombre. Je reconnais que nous avons tous fait une prudente marche arrière pendant que les adversaires du Premier Monde sont enchevêtrés dans une mêlée acharnée. On a vite fait de se prendre un coup de griffe perdu dans ce genre de bataille. Je suis par contre la seule à me rappeler qu’ils étaient sensés être trois ici et à éviter le déferlement d’ombre du dernier membre du trio.

La tiefling aurait du reste mieux fait de rester terrée dans son trou car notre riposte la laisse tout juste assez vivante pour se replier dans une autre partie du complexe, bientôt poursuivie par mes kobolds. Nous débouchons assez vite dans ce qui doit être le sanctuaire de la prêtresse. C’est de toute évidence un temple dédié au Comte Ranalc, avec toutefois un élément inattendu. Contre le mur du fond est en train de s’ouvrir un portail dimensionnel dont la noirceur ne laisse que peu de doute quand à sa destination probable, le Plan des Ombres. Je reconnais aussi aisément le focalisateur qui doit permettre de stabiliser l’ouverture du portail. Une épée dont l’aura magique est aveuglante est posée devant le portail. La Rapière de Vesper est de retour dans notre monde.

Elle ne semble d’ailleurs pas pressée d’en partir car quand Ebena tente de s’en emparer elle scintille brièvement avant de se téléporter à nos pieds. La prêtresse voyant qu’elle n’a plus rien à espérer ici a juste le temps de se précipiter dans le portail avant que celui-ci ne se referme avec un bruit de succion. A ce moment plusieurs choses se passent simultanément.

Un hurlement de triomphe retentit dans la grotte voisine, après des années de traque Eranex vient de mettre définitivement fin au règne de terreur d’Orsig. Malgré ses doubles il n’a pas fait le poids face à la colère de la dragonne féérique, il ne reste de lui qu’une salissure sombre sur le sol de la caverne. Le cri m’a toutefois distraite une fraction de seconde, me faisant perdre la Rapière des yeux. Au moment où je me retourne il est déjà trop tard, Valentina est en train de saisir l’épée qui était à ses pieds.

Le temps perd aussitôt toute linéarité.

Tandis que le temps semble ralentir autour de moi, jusqu’à me figer comme dans une stase temporelle. Je peux voir avec fascination que l’effet inverse se produit sur Valentina. Pour elle le temps accélère, ses mouvements sont si rapides qu’elle parait d’abord troublée, puis floue. Son ventre auparavant à peine perceptible s’arrondit à vue d’œil, jusqu’à prendre une dimension impossible, tendu à craquer. Sa grossesse est à terme, mais quelque chose cloche.

L’être qui grandit toujours en elle cherche à sortir par des moyens inusuels. Je peux voir du mouvement sous la peau de Valentina, tout d’abord dans son ventre, puis se propageant au reste de son corps. Et soudain, alors que Valentina est figée dans un long hurlement silencieux, son corps commence à se dégonfler comme rongé de l’intérieur. Sa peau se creuse, toute chair disparaissant pour nourrir l’hôte qui a presque atteint sa maturité à l’intérieur d’elle. Une gueule garnie de crocs surgit soudain de son torse, se frayant un passage vers l’extérieur à la force des mandibules. Le reste du corps écailleux se dégage alors totalement du reliquat de Valentina, puis achève de la dévorer totalement.

Il ne reste plus que lui au centre de la caverne quand le temps reprend son cours normal.

Maintenant qu’il s’est redressé, la Rapière de Vesper à la main, je peux enfin avoir une vision de la créature en son entier. C’est un être hybride, a mi-chemin entre l’homme et le dragon. Ses écailles rouges luisantes recouvrent un corps humanoïde se tenant sur des jambes terminées par des griffes. Sa mâchoire prognathe est garnie de crocs acérés mais je suis surtout fascinée par ses yeux ambrés aux pupilles verticales qui suintent de malveillance.

Il le prouve en se fendant soudainement vers moi pour m’embrocher par une attaque vicieuse que je n’aurais certainement pas évitée sans mes vingt ans de danse classique. Son coup raté il jette un regard circulaire pour s’apercevoir qu’il est cerné de toutes parts. Il énonce alors des mots de pouvoir dans une langue gutturale que je suppose être du draconique originel, l’ancienne langue des grands wyrms. Son arme s’illumine brièvement, puis il disparait instantanément, ne laissant qu’une trace de sang sur le sol de la caverne.

Ainsi s’acheva la vie de Valentina Surtova, dévorée de l’intérieur par son propre bâtard draconique.


Il va maintenant falloir prendre des mesures drastiques pour contenir la situation tant qu’elle est encore sous contrôle, personne ne doit jamais savoir ce qui s’est passé dans cette grotte. Tu te rappelles ce que je dis toujours : « Un secret ne peut le rester que si seules deux personnes le connaissent, et qu’une des deux est morte ». Il va donc falloir réduire le nombre heureusement restreint de ceux qui savent.

Les kobolds ne seront pas un problème, le Chef Ecailles-de-Suie sait ou est son intérêt et il tient ses reptiles d’une griffe de fer. Je me fais fort de convaincre le père Kavken, il veut sa cathédrale et je peux faire pencher le conseil en sa faveur. Eranex s’en retournera dans le Premier Monde à la fin de sa mission et elle ne fréquente que peu la civilisation ici-bas. Reste ceux qui peuvent avoir vu quelque chose.

J’ai déjà envoyé la Koblice à la poursuite du pêcheur d’anguilles, il va être la prochaine victime des nixies du Lac Silverstep. Cette attaque va être la goute qui fait déborder la marre et ma demande d’intervention est sur le point de parvenir au quartier général de la troisième armée, à l’intention du sergent Kerse. Les Serpents d’Eau vont nettoyer ces grottes de tout témoin potentiel.

J’ai aussi fait mettre au secret Josiane, la garde du corps de Valentina. Elle est certainement au courant de toutes les allées et venues de la princesse, et je veux savoir d’où vient le monstre qu’elle a enfanté.

Je sais bien que tu désapprouveras ces méthodes quelque peut audacieuses, mais pense aux conséquences désastreuses de la vérité. Grace à mon action les Surtova ne perdent pas la face, un bâtard draconique chez la propre nièce du roi Noleski aurait été un scandale retentissant au Brevoy. Quand au Sire Patriarche Ametyss Surtova, il survivra au chagrin d’avoir perdu sa fille, mais l’humiliation de sa trahison l’aurait certainement détruit.

Pense aussi à toi, tu deviens grâce à ce veuvage précoce un des meilleurs partis des Royaumes Fluviaux, au lieu d’être le père d’un mutant monstrueux. Je pense même qu’il est possible de faire retomber cette mort sur le Pitax, histoire de renforcer la haine du peuple à son égard en vu de la guerre qui s’annonce.

Dans un sens cette mésaventure est la meilleure chose qui aurait pu t’arriver.



Cornelia Delecti



C'est tout pour cette fois, la suite quand on aura rejoué.

Loon

Sic Transit Gloria Gaynor
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#45 Envoyé le : vendredi 6 décembre 2013 18:22:00(UTC)
Loon
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Une séance courte, nous n'étions que trois joueurs. On en a profité pour mettre un plan interminable au point, qu'on a finalement pas utilisé. Puis à faire des téhories qui ne faisaient pas avancer grand chose. Pas la meilleure séance de ma vie.

Fils,

J’aurais voulu attendre ton retour pour agir, mais le temps va me manquer. Je ne peux pas prendre le risque que tous nos efforts soient réduits à néant par une simple histoire de délai. Demain je vais aller régler le problème Maligorn pendant que c’est encore possible.


Avant de repartir chercher de nouvelles instructions auprès de Shyka la Changeant sur le Premier Monde, Eranex nous fait tout de même don des gemmes élémentaires qu’elle nous avait promises. Avec elles nous avons les derniers ingrédients qu’il nous manquait pour la fabrication du Miroir aux Morts. Elle nous dit aussi qu’elle reprendra contact avec moi sitôt qu’elle aura de nouvelles informations concernant la localisation de la Rapière de Vesper et du rejeton de Valentina.

A ce sujet, Eranex pense que ce n’est pas un hybride mais bien un dragon que nous aurions observé au stade transitoire de sa métamorphose en humanoïde. Comme seuls les plus puissants des Grands Vers ont accès à ces pouvoirs de polymorphie je suis assez inquiète à son sujet. D’autant que j’ai un peu réfléchi à son ascendance. Valentina était la nièce du roi Noleski Surtova, descendante directe de la lignée des Surtova qui est montée sur le trône d’écaille draconique par des moyens audacieux. L’un de ces moyens a été le mariage avec la famille Rogarvia, celle de Choral le Conquérant. Or que savons-nous sur Choral ?

Il y avait au moins un dragon rouge dans son armée, c’est un dragon rouge qui a annihilé les troupes rebelles du Rostland, le siège de son pouvoir s’appelle le trône d’écaille draconique, il y a un dragon rouge sur les armoiries du Brevoy, les utilisateurs de magie de sa descendance sont des ensorceleurs draconiques et la moitié des dictons du Brevoy comprennent le mot : dragon. Pour moi c’est clair comme du cristal : Choral le Conquérant était le dragon rouge !!


« Ou alors il a piqué son bâton à Profion mais je réfute l’existence même de ce film. »



Sachant cela, je te laisse deviner de quelle couvée vient le rejeton de Valentina et les probabilités pour qu’il soit parti battre le rappel de ses troupes au Brevoy. Qu’il y ait eu deux dragons où un dragon à deux têtes est un détail mineur pour le moment. Nous avons des préoccupations plus pressantes pour l’instant, mais n’oublie pas ce que je viens de te dire.


La journée qu’il nous faut pour rentrer à Varnhold se passe sans histoire, maintenant que le portail du col est fermé la région a repris sa médiocrité habituelle. Heureusement l’entretient que j’ai avec le recteur de l’Université Kithoradienne parvient à combler toutes mes attentes. La grande érudition d’Anastase lui a déjà fait lire des récits au sujet des stygiras.

Déjà ce n’est pas un nom propre, mais celui de cette race étrange. Selon la légende elles seraient les apprenties des sorciers cyclopes de l’ancien empire d’Iobaria, restées depuis des millénaires sur les lieux occupés par leurs anciens maitres. Leur crainte de la lumière du jour et leur affection quasi symbiotique pour la roche leur fait préférer les lieux souterrains proches des sanctuaires de l’ancien empire. Un de ces lieux se trouve sur les terres des centaures Rashalkas.

Alors qu’il explorait les profonds sillons laissés au fil des siècles par Kankerata dans les plaines du Nomen, Maitre Pendrod s’était un jour retrouvé devant la porte cyclopéenne de ce qui devait avoir été une construction iobarienne. La bulette avait mis cette porte à jour au gré du percement erratique de ses tunnels. Anastase avait pris note de son emplacement, proche du squelette de linnorm considéré comme un sanctuaire par les centaures, et remis sa visite à plus tard. Cette fois nous avons du concret.


Nous rencontrons la première patrouille centaure alors que nous apercevons le squelette de linnorm. Ils sont dirigés par Orkam Duststep, un fougueux guerrier qui, tout d’abord méfiant, est vite rassuré quand nous lui disons qui nous sommes et que notre destination n’est pas leur sanctuaire sacré mais les tunnels tous proches. Pendant qu’il nous escorte vers notre destination j’ai le temps de discuter avec lui.

Il m’assure que tu auras le soutient de la tribu Rashalka dans la guerre qui s’annonce avec le Pitax, tu les as libérés de la menace de Vordakaï et ils tiennent à montrer leur gratitude. De plus Xamanthe n’est pas persuadée que son peuple jouirait de la même liberté avec un autre suzerain qu’avec toi. Il semblerait que notre randonnée à l’Est n’aura pas été vaine, quelque soit le résultat de nos recherches.

Il nous faut quelques heures de marche au fond des ravines pour trouver la fameuse porte décrite par Maitre Pendrod. Seul le linteau émerge des strates rocheuses que les millénaires ont amassées dans les plaines des Nomen, mais on peut toujours deviner qu’elle a été fabriquée par une race colossale. Derrière elle s’ouvre un gouffre béant vers les profondeurs de la terre.

Il nous faut un temps que l’absence de lumière du jour rend difficile à estimer pour enfin entrevoir une lumière au bout du tunnel. Plus précisément le globe luminescent qui sert d’organe visuel à la sorcière des roches. Celle-ci est à l’image de la nécropole où elle réside : froide, ancienne et crevassée. Mais assez étonnement peu hostile. Pour tout dire elle semble même plutôt flattée que le monde extérieur se souvienne de son existence et cherche encore son expertise.

Elle peut effectivement créer un Miroir aux Morts avec les ingrédients que nous lui avons apportés, mais il y aura un prix à payer. Elle veut une descendance. Un long moment de silence suit cette déclaration, avant que tous les regards se tournent vers le Père Kavken qui est le seul ici à pouvoir fournir ce service. Pour sa défense je dois admettre qu’il a fait preuve d’une grande abnégation qui lui a fait honneur. J’aurais toutefois préféré que la scène suivante se passe dans le noir.


« - Je… Mes yeux… Mes yeux sont en train de fondre !! »



Une fois l’affaire conclue au soulagement général de toutes les personnes présentes, la stygira se met enfin au travail. Son habileté à travailler la pierre n’a pas été exagérée. Elle parvient à transformer patiemment nos gemmes opalines en miroir parfait grâce à la maitrise ancestrale de son espèce.

Je profite des deux jours que nous allons passer ici en attendant la nuit de pleine lune pour l’interroger au sujet du rejeton de Valentina, en vain malheureusement. Selon la devineresse il doit être protégé de toute scrutation car sa magie est brouillée. Elle peut cependant me prédire que nous le reverrons un jour, sans pouvoir donner plus de précision.

A la pleine lune nous sortons pour effectuer le rituel qui va consacrer le miroir et le transformer en arme mortelle. Cette arme est toutefois de courte durée, la stygira ne peut contenir l’énergie stellaire que pendant un cycle lunaire. Dans un mois le miroir perdra toute propriété magique. Elle nous met aussi en garde. Si un vampire voit son reflet il redeviendra mortel, mais si c’est un vivant qui regarde, il sera tué sur le champ. Disposant enfin d’un moyen pour détruire Maligorn nous repartons pour River Haven, après une courte escale par Varnhold.


En arrivant à River Haven une surprise de taille nous attendait. M. Kane est de retour, beaucoup moins mort que la rumeur le laissait entendre.


« Penser à récupérer les subsides prévus pour ériger la statue à Varnhold. »



Il est certes vivant, mais pas au mieux de sa forme, il semble épuisé par son voyage et ses propos sont peu cohérents. Ce qui en ressort me conforte dans mes déductions sur l’origine de notre adversaire. Après avoir été aspiré par le portail à Fort Narthroppole il s’est retrouvé sur le Premier Monde, plus précisément à Mille Soupirs.

Ses souvenirs sont confus sur ce qui s’est passé là-bas, mais il se rappelle s’être caché sans pouvoir dormir pendant quelques jours, avant de faire un pacte avec un corbeau perfide pour pouvoir rentrer. En échange d’une partie de sa magie, le volatile lui a ouvert un passage caché qui l’a transporté sur notre plan, plus précisément dans la forêt des Mille Voix. De là il a pu invoquer ses aigles géants qui l’ont ramené à River Haven. Sa confusion vient surtout du passage du temps qui est différent sur le Premier Monde, si plusieurs mois se sont passés ici, il n’est resté là-bas que quelques jours.

Son histoire explique aussi les étranges événements nocturnes survenus récemment autour de la capitale que Svetlana nous a rapportée. Plusieurs personnes ont été attaquées par leurs pires phobies dans leurs rêves. Un fermier est mort de peur pendant son sommeil, des marques de crocs sur tout le corps, alors qu’un bûcheron a été grièvement brûlé dans un incendie apparemment provoqué pas son propre cauchemar. Même le chef Ecailles-de-Suie n’a survécu que grâce aux soins rapides de Jhod, alors qu’il rêvait que Tartuk revenait se venger du lui. A chaque fois les ricanements moqueurs d’un corbeau se sont fait entendre sur les lieux. Dans le cas du kobold j’ai même été proche de pouvoir le détruire, mais la volaille a réussi à s’enfuir dans la nuit.

Selon M. Kane il est clair qu’il s’agit du même corbeau qu’il a rencontré à Milles Soupirs, qui l’a suivi jusqu’ici. Les cauchemars sont de toute évidence provoqués par la parcelle de magie que le sombre emplumé lui a maraudé comme prix de son passage. D’après les informations que le vieux mage a sorti de sa boule de cristal, le volatile se terrerait aux cotés de Maligorn à Fort Epine. Il va pourtant falloir l’éliminer au plus vite. Pour le moment seul un paysan sans importance à été tué, mais des personnes de valeur pourraient être elles aussi en danger.

Puisqu’il a sorti sa boule de cristal, M. Kane en profite pour jeter un œil sur Fort Epine. Apparemment Maligorn est en train de préparer quelque chose. Il n’a pas pu observer longtemps avant que le contact ne soit coupé par la magie féérique qui protège le repaire du pixie, mais cette vision était inquiétante.

Devant les murs fondus de Fort Epine les géants fomoires que nous avons déjà rencontrés à Fort Narthroppole sont en train de terminer l’ouverture d’un troisième portail. De ce que je peux comprendre des chants obscènes qu’ils sont en train de psalmodier devant le totem surmonté d’un crane de bouc qui leur sert de focus, ils vont tenter de faire venir le Chasseur Cornu dans notre monde.


J’ai du prendre une décision quand à l’ordre de mes priorités.

Le tourbillon situé sous le Lac Tuskwater semble s’être agrandi et de plus en plus de poissons morts viennent s’échouer sur les berges. Il va devenir urgent d’aller fermer ce second portail avant que ses eaux empoisonnées n’atteignent la ville.
Le corbeau de Mille Soupirs doit être arrêté avant que la terreur ne commence à gagner les campagnes. Je connais ces fermiers superstitieux, encore trois morts et ils vont commencer à pendre de l’ail à leur fenêtres et à brûler les rebouteuses.

Mais ma prochaine action doit être contre Maligorn. Ca fait trop longtemps qu’il défie ton autorité bien à l’abri au cœur de sa forêt. Il faut aussi l’empêcher d’ouvrir un autre portail, même si je pense que nous arriverons trop tard. En plus il ne nous reste que deux semaines pour utiliser le Miroir aux Morts, je n’ai définitivement pas le temps d’attendre ton hypothétique retour.

Dès que M. Kane sera de nouveau en état de voyager, nous partons pour Port Epine.


Cornelia Delecti


C'est tout pour cette fois, la suite prochainement.

Loon
Sic Transit Gloria Gaynor
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#46 Envoyé le : samedi 21 décembre 2013 14:22:43(UTC)
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C’était la dernière séance du tome 4, mélangé avec des morceaux des tomes 3 et 6, plus un rajout de notre MJ (toute la partie de la sécession de Maligorn). C’était aussi la fin de notre histoire avec nos personnages secondaires, dès la prochaine séance nous reprenons les principaux pour commencer le tome 5.


Fils,

Nyrissa ! La radasse qui nous pourrit l’existence depuis notre installation dans les Terres Dérobées s’appelle Nyrissa et c’est la reine des nymphes du Premier Monde. Il lui aura fallu deux jours de repos et des flagorneries à n’en plus finir, mais M. Kane a réussi à nous sortir un récit presque cohérent de son périple dans le Premier Monde.

La majeure partie de son histoire consiste en une partie de cache-cache avec les divers habitants plus ou moins agressifs de Mille Soupirs, puis du pacte qu’il a du faire avec le corbeau pour revenir sur notre plan. La partie intéressante est sa rencontre avec une prisonnière aux yeux laiteux du nom d’Evindra. Bon, peut-être pas toute la rencontre, parce que son histoire avec un méchant jardinier qui lui a volé son joli châle, je vais plutôt la mettre sur le compte d’Alzheimer. Juste à coté de celle où un corbeau lui a volé sa petite cuillère en argent pendant un pique-nique. Dire que M. Kane était un des esprits les plus brillants de son époque. Sic transit gloria mundi.

Cette Evindra était donc la gardienne d’une épée enchantée appelée Ronce. La dite épée lui a depuis été dérobée dans des circonstances qui restent à éclaircir et qui ont/n’ont pas provoqué son emprisonnement sur le Premier Monde. Toujours est-il qu’une autre personne recherche cette épée : Nyrissa, la reine des nymphes et éventuellement un de ces primordiaux dont nous avons déjà entendu parler. Elle est de plus l’amante du Conte Ranalc, qui recherche lui aussi une épée magique. La Rapière de Vesper que je suppose être un autre nom pour Ronce. Nous savons que la Rapière peut changer de forme et ça commencerait à faire beaucoup trop d’épées.

Plus intéressant, Nyrissa est liée d’une manière que je ne comprends encore pas aux Terres Dérobées, ce qui expliquerait la facilité de passage entre le Premier Monde et le monde primaire dans la région. Selon la prisonnière chaque îlot de civilisation dans les Terres Dérobées est comme une épine plantée dans le corps de Nyrissa, et c’est pour s’en débarrasser qu’elle essaye d’annihiler toute tentative de peuplement dans la région.


« Ca tombe bien, j’aime les épines. Et les poupées aussi. »



Notre problème le plus épineux n’est toutefois pas la nymphe mais son agent sur place, j’ai nommé l’usurpateur Maligorn. Pour une opération comme celle-là nous décidons de miser sur la rapidité d’exécution plus que sur le nombre. Nous partons à cinq : M. Kane pour le transport et sa compréhension des fées ; Sylabine pour sa connaissance de bois de Narl ; le Chef Ecailles-de-Suie et Albinova, sa garde du corps, qui savent se faufiler sans se faire repérer ; et moi pour pratiquer le rituel du Miroir aux Morts. Grâce aux aigles appelés par M. Kane le trajet jusqu’à Fort Epine n’aurait pas du prendre plus de quelques heures. Ca aurait été le cas sans les deux ours-hiboux géants.

Et volants.

Nous survolions les bois de Narl depuis deux heures quand nous avons distingué deux formes sombres volant au dessus des arbres. Nous mettons quelques instants à nous rendre compte du danger qu’elles représentent, elles semblent d’une bonne taille mais seule la distance est responsable. Ils sont en fait d’une taille godzillesque. Notre salut tiendra dans un piqué vertigineux sous la frondaison des arbres mais ne sera pas sans conséquences. Les aigles qui ont survécu à la manœuvre ont fuit, nous sommes piétons.


La situation aurait pu être encore bien pire si nous n’étions pas tombés dans la zone hantée par les deux vermines féériques que M. Kane avait apprivoisées il y a des années : Perlivash et Tig-Titter-Tut. Les deux pique-assiettes ont moins le cœur à rire depuis que Maligorn a pris en main les bois de Narl, ils ne sont plus que le pâle reflet de ce qu’ils étaient. Ce qui les rends étonnement utiles.

La patience dont fait preuve M. Kane pour parler avec ces deux traine-misère nous permet d’apprendre que le Chasseur Cornu est déjà arrivé sur le monde primaire, mais qu’il n’est pas venu seul. Ce satyre casqué de métal est accompagné par une dizaine d’ettins et l’objectif de cette petite troupe est River Haven. Comme rien ne nous sera épargné nous sommes précisément sur le chemin qu’ils doivent emprunter, ce que confirme la flèche que M. Kane reçoit avant même que nous nous soyons rendus compte que la forêt est bien silencieuse depuis quelques instants.

Contrairement à ce qu’affirme la croyance populaire, j’estime que la fuite est toujours une solution. Force m’est de reconnaitre que sans l’aide des deux nuisibles nous n’aurions probablement pas pu semer nous poursuivants. Par des chemins connus seulement des initiés ils parviennent à nous mener en lieu sûr jusqu’à la rivière Murque et une autre habitante de ces bois, la nixie Melianse. Elle non plus n’est pas au mieux de sa forme, mais elle accepte néanmoins de nous faire remonter la rivière jusqu’à sa source : Fort Epine.


J’avais beau avoir eu des descriptions, l’état de décrépitude dans lequel nous trouvons Fort Epine est tout de même un choc. L’autrefois majestueuse citadelle, chef-d’œuvre d’art elfique, n’est plus qu’une ruine grotesque, comme si les murs avaient fondu au contact de la magie obscène de l’usurpateur. Quand je pense à la somme des subsides gouvernementaux engloutis pour la réfection du château du temps de Tiressia. Guidés par les kobolds nous nous rapprochons pour avoir un meilleur point de vue.

Nous sommes assez proches pour surprendre une conversation entre les fomoires qui gardent l’entrée du fort et Plainte-Morne, le worg qui sert de capitaine à Maligorn. Avec le départ du Chasseur Cornu et de ses ettins la citadelle est quasiment déserte et le worg est sur le point de mener une patrouille dans les bois environnants, l’instant est idéal pour nous débarrasser du Roi Pixie. Avec le recul je me dis que des circonstances aussi favorables auraient du me mettre la puce à l’oreille.

Un tour de passe-passe de M. Kane nous permet de nous faufiler dans la forteresse. Au milieu de la cour un gigantesque chaudron dégage une fumée pestilentielle alors qu’un fomoire gigantesque est en train de touiller une improbable mixture, Krebs. On a planté derrière lui le focus totémique qui permet l’ouverture sur le Premier Monde, un arbre autrefois majestueux qui a été torturé par de multiples perforations métalliques. Partout dans son tronc sont disposées rituellement des pointes acérées provocant des coulées de sève, telles des hémorragies végétales. Nous réfléchissons au meilleur moyen de pénétrer dans le donjon principal quand Maligorn en sort pour donner ses ordres au géant. Nous n’auront pas de meilleure chance de le coincer.

Un sortilège de M. Kane crée une barrière arcanique qui isole Maligorn en son centre et les kobolds se ruent à l’attaque, saisissant chacun un bras de l’usurpateur encore sous le choc de notre assaut. Je m’avance alors vers lui, dévoilant le Miroir aux Morts avec une intense satisfaction. A cette vue le pixie se débat intensément mais il est pris dans l’étau inamovible des sauriens et ses cris d’agonie font naitre un rictus sarcastique sur mon visage usuellement amène.

Cris qui s’éternisent.

Et s’éternisent encore.

Et s’achèvent enfin en ricanement tandis que le sourire quitte ma face pour gagner la sienne. Je sens la piqure de dard empoisonné au moment où l’évidence se fait jour en moi. Le Miroir n’a jamais eu le moindre effet sur lui, nous avons été attirés dans un piège.


A mesure que la paralysie induite par le poison tétanise tout mon corps, je peux voir tous mes compagnons se figer eux aussi. Presque tous. Sylabine semble elle aussi d’excellente humeur alors que son visage se craquelle, révélant progressivement celui du sycophante qui nous trahissait depuis le début : Hommelstaub, le maitre espion de Maligorn. Maintenant que sa mascarade n’est plus utile le Roi-pixie lève lui aussi le maléfice qui abusait nos sens et la vérité dévoile son hideuse réalité devant nous. Très content de lui, Maligorn ne peut s’empêcher de nous narguer en retirant son chapeau de déguisement.


« Si j’avais pu choisir j’aurais préféré le laser au monologue mégalomane. »



Il n’y a jamais eu de vampire ou de cour des grotesques, tout ça n’était qu’illusions. Elles se dissipent d’ailleurs sous nos yeux impuissants. Maligorn est à nouveau un pixie tout à fait normal. Nous pouvons voir Ebena, la prêtresse tiefling, sortir du coin d’ombre où elle se dissimulait. A ses coté se tient le rejeton de Valentina, réincarnation de Choral le Conquérant. On peut percevoir la puissance draconique difficilement contenue par sa forme humaine. Même la citadelle reprend son apparence flamboyante d’œuvre d’art elfique. Le bon usage des subsides à la reconstruction me sont cependant d’un faible réconfort.

Toute cette opération avait pour but de nous faire chasser des chimères dans la quête inutile d’un miroir aux alouettes alors qu’il confortait sa position à la Cour des Fées sans être inquiété. Elle lui permettait aussi d’attendre sereinement la réapparition de la Rapière de Vesper pour l’offrir à son maitre, le Comte Ranalc. La réincarnation de Choral est un bonus aussi plaisant qu’inattendu qui va encore accélérer la chute de notre royaume, pour complaire à sa maitresse, Nyrissa. Je trouve qu’il est au service de beaucoup de monde pour un monarque souverain.

D’un mouvement il nous désigne aussi la tête coupée d’Eranex qu’il va ramener au Comte Ranalc comme compensation à la perte d’Orsig. La trahison de la fausse Sylabine à permis aux séides d’Ebena de lui tendre une embuscade avant qu’elle ne fasse son rapport à Shyka la Changeant sur le Premier Monde. Cette fois il n’y aura pas de renaissance pour la dragonne d’argent.

Son discours terminé Maligorn se tourne finalement vers moi. Il ramasse le Miroir aux Morts qui est toujours à mes pieds et avec un geste d’une lenteur calculée il me force à croiser mon propre regard. Mon corps commence aussitôt à décrépir, se fanant comme si les années passaient en mode accéléré. Je n’ai cependant pas passé toutes ces années à traiter avec les forces occultes de la thaumaturgie sans garder une carte dans ma manche pour les situations désespérées. Je parviens in extremis à transférer mon âme dans le Miroir aux Morts avant que mon corps physique ne s’effondre au sol tel un cadavre racorni. Ce qu’il est à présent, il faut bien l’avouer. Il faudra que tu trouves un autre moyen pour me faire revenir.


« - Cornelia… Cornelia… Cornelia… »



Depuis le réceptacle qui me sert d’abri je peux alors voir la première erreur que fait l’usurpateur. Sans doute trop euphorique de sa victoire, il tient à éliminer M. Kane, qui est appuyé contre le focus totémique, avec la Rapière de Vesper. Il me faudrait compulser quelques grimoires mais je pense que ce qui s’est passé à ce moment est à mettre sur le compte d’une telle accumulation arcanique dans un même endroit que l’essence même de la réalité s’est déchirée. L’événement est encore accentué par l’endroit où se trouvait Maligorn, le lieu même où Tiressia à sacrifié son dernier souffle pour permettre à son fils d’éclore.

Toujours est-il que le portail s’ouvre brutalement dans une explosion fantasmagorique qui projette au loin toutes les personnes présentes. Quand la poussière du souffle retombe, Nocturno se tient devant le portail en train de se refermer. Le phénomène à aussi brisé la paralysie qui retenait les membres encore présent de notre petit groupe et une mêlée furieuse s’engage rapidement.

La dernière conséquence est plus inquiétante. J’ai pu transferer mon âme mais mon corps n’était pas encore tout à fait mort avant l’explosion. Il n’est maintenant plus tout à fait vivant non plus, seule l’énergie arcanique lui permet encore d’exister, alimenté par la haine illimitée que j’ai éprouvée pour Maligorn au moment de ma dissociation. Un mort-vivant maitrisant les secrets les plus sombres de la sorcellerie, une liche.

Je n’ai pas très bien vu ce qui s’est passé ensuite, le Miroir à été brisé pendant la bataille. Quand M. Kane a finalement redressé le Miroir j’ai juste pu assister à son dénouement. Nocturno, la Rapière de Vesper à la main, venait de la planter dans le cœur de Maligorn, mettant une fin définitive à ses prétentions au trône de la Cour des Fées. Le corps de Choral git un peu plus loin dans la cour, mais je peux encore percevoir un souffle de vie qui persiste à s’accrocher en lui. Plus trace par contre de la prêtresse tiefling qui a filé quand les choses ont commencé à mal tourner pour leur coterie. Quand à mon double, je peux la voir ramasser la couronne de déguisement sur le cadavre de l’usurpateur avant de se téléporter dans une odeur de soufre. Je pense qu’on va encore en entendre parler.


Maligorn mort, Nocturno a clamé pour lui-même le trône de la Cour des Fées. Il porte pour le moment la Rapière de Vesper et il va falloir trouver un moyen pour la faire parvenir à Shyka la Changeant pour finaliser notre accord. Nous avons vraiment besoin d’aide maintenant que nous connaissons notre adversaire. Il faudra aussi décider de ce que nous allons faire de ce Choral qui pourrait devenir bien encombrant.

Et je ne saurais que trop de conseiller de te méfier de ce Nocturno qui vient de se nommer roi. Rappelle toi des sages paroles de Grand-Mère Cassandra : « Les esclaves ne rêvent pas de liberté, mais de devenir les nouveaux maitres. »

Cornelia Delecti



PS : Je vous maudis. – Corneliche


C'est tout pour cette fois, la suite probablement après les vacances.

Loon
Sic Transit Gloria Gaynor
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#47 Envoyé le : samedi 18 janvier 2014 09:52:14(UTC)
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Une séance sans aucun lancé de dés cette semaine. On n’a fait que planifier nos actions pour la guerre qui va commencer sous peu. Honnêtement je n’ai aucune idée de comment on va pouvoir jouer tout ça quand on sera séparés en cinq groupes à travers le pays.


General Ismort,

La situation sur le front Ouest s’est compliquée au point de retarder une nouvelle fois mon retour à River Haven. Les nouvelles informations ramenées par Requiem sont suffisamment préoccupantes pour que je mène moi-même une expédition sur place. Je pars demain matin pour le pied des Monts Branthlend.

Les rumeurs concernant l’obtention par le Roi Irovetti d’une arme de destruction massive sont en train de se révéler suffisamment sérieuses pour que je prenne la peine de les vérifier. Selon de nouvelles sources cette arme serait une corne de brume altérée par l’alchimie méphitique de Tragshi l’Herbaliste, la venimeuse maitresse de la guilde des empoisonneurs de Daggermark. La puissance destructrice de cette corne serait capable de décimer une légion entière avant même que les soldats ne s’aperçoivent que la visibilité s’est réduite.


« - Science, bitches ! »



La simple invocation du nom de l’empoisonneuse aurait suffit à me faire considérer la menace comme raisonnable, mais il y a plus. Selon Requiem, qui a en la matière une certaine expertise, certes plus pratique que scholastique, il faut plus que du savoir-faire pour préparer un objet de cette puissance. Il faut aussi des ingrédients tant spécifiques que difficile à se procurer. C’est justement la localisation d’un de ces ingrédients qui pourrait nous permettre de trouver son laboratoire.

Une des choses les plus ardues à trouver pour fabriquer la corne est une source d’eau suffisamment pure pour sublimer le procédé alchimique. Or dans l’arrière-pays du Pitax, dans l’ombre des Monts Branthlend, se trouve un ancien monastère dédié à Cayden Cailean. L’Abbaye de la Rose Blanche, c’était son nom, produisait il y a encore quelques années un vin qui pouvait en remonter aux plus grands crus du Chéliax, avant d’être saccagée par une troupe de brigands en maraude. Selon certains œnologues le secret des moines tenait à un pacte passé avec une néréide, un esprit des eaux qui conférait un degré de pureté exceptionnel à la source alimentant l’abbaye. Typiquement le genre d’eau qui conviendrait à la création de la corne.

D’autant plus que le pied des Monts Branthlend recèle encore potentiellement un autre élément de l’arme : Hungerdark, la tanière de l’antique vouivre Minognos-Ushad, la Mangeuse-de-Rois. Il est de notoriété publique que le poison contenu dans le dard d’une vouivre est une des toxines les plus dangereuses existant et une empoisonneuse du talent de Tragshi en trouvera surement l’usage pour son œuvre pestilentielle.

La troisième raison qui me pousse à m’intéresser de plus près à cette abbaye est que sa description a réveillé de vieux souvenirs chez M. Kane. Plus précisément la mention de la néréide a permis au vieux mage de mettre un nom sur la race d’Evindra, la fée qu’il avait rencontré à son retour d’exil. Maintenant qu’il y repense, il lui semble bien aussi que le jardinier fou qui avait volé son châle portait une robe de bure, comme celles des moines de Cayden Cailean. Le vol du châle prend lui aussi toute sa signification : chez les néréides c’est beaucoup plus qu’une simple pièce de tissu. C’est ce qui permet à cette race aquatique d’exister à l’air libre, celui qui s’en empare pourrait contrôler entièrement la pauvre créature.

Cette explication fini aussi de dissiper toute rumeur de sénilité chez notre ami, il a su conserver son esprit analytique malgré les circonstances et reconnecter les éléments importants. Grace à ces précieuses informations nous savons maintenant ou nous rendre pour empêcher nos armées de se faire anéantir avant même le début des combats. Car combats il va y avoir, le Roi Irovetti est trop dangereux pour que je le laisse manigancer plus longtemps sans réagir. Dès notre retour de l’Abbaye de la Rose Blanche, nous allons lancer l’opération : Dalenda Pitax.


Je suis bien conscient que nous ne pouvons pas simplement mobiliser nos armées et marcher sur Pitax sans préparations, aussi ai-je préparé un plan en plusieurs phases, dont seule la dernière est militaire. J’y reviendrai toutefois plus tard, pour le moment il s’agit de faire un état le plus exhaustif possible des forces en présence.

Tout d’abord les forces de Samarkand.

L’armée régulière que vous commandez compte près d’un millier d’hommes, principalement des fantassins divisés en quatre compagnies. Nous pouvons aussi compter sur deux troupes de cavalerie lourde regroupant chacun une centaine de combattants d’élite : les chevaliers de l’Ordre du Harfang, dirigés par le Lord Commandeur Kesten Garess et les Chevaliers Couronnées d’Issia, menés par le Sire Patriarche Ametyss Surtova.

Nos troupes moins conventionnelles sont plus difficiles à dénombrer. Les kobolds ne forment pas une armée à part entière, mais leurs frondeurs peuvent mener des tactiques de guérilla particulièrement destructrices sur les flancs et l’arrière des lignes ennemies. Le Chef Ecailles-de-Suie devrait me faire une approximation de leur nombre rapidement.

Xamanthe m’a déjà assuré que les centaures Rashalkas tiendront leurs engagements. Ils se battront à nos cotés dans cette guerre, mais là aussi leurs effectifs sont flous. Je vais envoyer Rivotril sur place pour qu’il s’en fasse une meilleure idée. Ma seule certitude est qu’il s’agira de cavaliers.

La plus grande incertitude reste cependant les barbares du Tigre dont Florbella a pris le contrôle grâce à Ovinrbaane. Ils sont quelques centaines pour l’instant, mais leurs effectifs pourraient se gonfler rapidement si elle parvient à rallier les différents clans qui sont pour le moment dispersés à la frontière de la Numerie. Ils ne sont toutefois motivés que par les combats et le pillage mais j’ai justement un objectif futur pour eux quand Pitax sera à nous.

Je ne compte pas les hommes-lézards du Chef Kathabathan dans cette opération, je leur réserve un autre usage dont je parlerai plus loin.


Intéressons-nous maintenant aux forces du Pitax.

Nous n’en savons malheureusement pas beaucoup sur les troupes du Roi Irovetti. Les mercenaires que nous avons défaits à Fort Numesti ne m’ont pas laissés une très forte impression, ils étaient certes bien équipés mais avaient plus l’air de brutes que de soldats. Je n’oublie pas non plus ce que mon père disait toujours : Des mercenaires tueront pour toi, mais ils ne mourront pas pour toi.

Toujours à Fort Numesti nous avons combattus les géants venus des collines de Glenebon qui m’inquiètent déjà plus. Florbella a cependant tué Kob Moleg, leur chef, et ils sont peut-être toujours en train d’en choisir un nouveau. Plusieurs d’entre eux chevauchaient des mammouths et ils étaient accompagnés de sangliers géants qui pourraient faire des ravages contre des fantassins.

La plus grande menace vient cependant des vouivres avec lesquelles le Roi Irovetti a passé un pacte. Nous savons qu’il leur a livré le village de Littletown en échange de leur soutient et ces créatures peuvent faire pencher le cours d’une bataille par leur seule présence. A l’inverse nos seules troupes volantes ne sont que les quelques rocs de Fort Narthroppole qui ne sont pas encore arrivés à l’âge adulte. Ce sont plus des messages que des combattants pour l’instant.


« - Je ne suis vraiment pas certain qu’il puisse tuer une vouivre. »



Comme vous le voyez nous sommes pour le moment cruellement à cours de renseignements, mais les contacts de Requiem m’ont parlé d’une personne qui pourrait combler ce manque. La prise de pouvoir du Roi Irovetti n’a pas fait que des heureux chez les organisations déjà en place à Pitax. L’une d’elle, les Rasoirs des Rivières, s’est révoltée contre la mainmise du Roi sur la ville et s’est fait exterminer en retour. Seule la cheffe de la bande, Ilora Nuski, a rechapé au massacre avant de fuir la ville. Elle se cache toujours quelque part dans la campagne du Pitax et pourrait être une excellente source d’information sur la ville et ses armées, si nous parvenons à la retrouver avant les sbires du Roi.


Venons-en maintenant à l’opération proprement dite. Pour résumer, je compte profiter du Tournoi de Chandlor, organisé par le Pitax dans quelques semaines, pour faire avancer nos armées pendant que le Roi Irovetti sera accaparé par les joutes. Il y a toutefois beaucoup de préparations à faire avant d’en arriver là, ce qui va demander une mission bien spécifique à chacun d’entre nous.

Florbella va se rendre à la frontière de Numerie pour prendre le contrôle des différentes tribus barbares qui sont toujours là-bas. Maintenant qu’elle est la championne incontestée de Gorum elle devrait pouvoir se faire obéir facilement par les différents chefs des clans. Et s’ils renâclent elle a toujours Ovinrbaane.

Je n’ai pas l’intention de me présenter moi-même au tournoi. Le bruit court déjà que la douleur causée par la perte de ma femme me laisse proscrit dans mes appartements à River Haven, sans aucun contact avec le monde extérieur. Je serai en réalité bien trop occupé à organiser nos armées. Ca ne veut toutefois pas dire que je ne vais pas envoyer une délégation à Pitax, il y aura de trop bonnes opportunités diplomatiques sur place. Cette année des champions venus de plusieurs autres Royaumes Fluviaux sont invités au tournoi. Selon mes sources, en plus de Samarkand, il y aura des représentants des royaumes de Daggermark, Gralton, Mivon et Tymon.

En sa qualité de Haute Diplomate, Mercedes va mener la délégation du royaume à Pitax. J’ai demandé à Aurex Thewsen d’être le champion de Samarkand. S’il est aussi bon qu’il le dit, il ne devrait pas avoir de problème à remporter le trophée.

Requiem fera aussi partie du voyage incognito dans la suite de serviteurs avec deux missions. Premièrement profiter de la confusion générée par le tournoi pour s’introduire dans la bibliothèque de Pitax et voler leur exemplaire du Pique-nique de Zuddiger. Deuxièmement prendre contact avec les anciennes familles régnantes de Pitax et organiser une rencontre entre elles et Mercedes. Je suis persuadé qu’elles aussi aimeraient bien voir le Roi Irovetti disparaitre de la circulation.

Mercedes devra aussi profiter de sa présence pour faire une offre aux ambassadeurs du Mivon et du Tymon en échange d’une aide militaire, au pire d’un soutient diplomatique. Le fait que Tragshi l’Herbaliste travaille pour Irovetti signifie que Daggermark a choisi son camp. Nous n’avons pas vraiment de liens le Gralton, ce qui ne veut pas dire qu’elle ne peut pas essayer d’en tisser.

Ce que nous pouvons offrir au Mivon est une chance de prendre enfin sa revanche sur Choral le Conquérant. Vous savez que ce royaume a été fondé par les survivants de l’armée Aldori qui s’est enfuie devant les hordes du Conquérant lors de l’unification du Brevoy. Ils trainent depuis lors une réputation de tourne-casaques effarouchés qui les fait regarder de haut par l’ensemble des autres Royaumes Fluviaux. Je pense qu’ils sauraient quoi faire avec la réincarnation de Choral le Conquérant qui est actuellement prisonnier chez nous.


« Tourne-casaques peut-être, va-nu-pieds plus jamais ! »



La cité-état de Tymon quand à elle prie depuis des années Gorum pour qu’Il l’aide dans sa lutte contre la théocratie du Razmiran à l’ouest. Il se trouve que Florbella est justement la championne de Gorum et la porteuse d’Ovinrbaane. Les barbares du Tigre auront besoin de trouver un nouvel ennemi loin de Samarkand après la guerre contre le Pitax et je pense que les prêtres de Razmir seront parfaits dans ce rôle. Ils auraient de plus tout à fait leur place au Tymon où la maitrise martiale est glorifiée au plus haut point.

M. Kane va aller trouver Garuum et lui proposer de prendre la tête des brutaciens dans le marais de Hooktongue avec l’aide des guerriers hommes-lézards du Chef Kathabathan. Je n’aime pas laisser des ennemis au milieu de nos terres et je pense que rouvrir la voie navigable de l’Est Sellen serait une bonne chose pour accélérer le mouvement de nos troupes.


Je sais pertinemment que le meilleur des plans ne résiste pas au contact de l’ennemi, mais tout le monde a maintenant un objectif clair et les préparatifs vont pouvoir commencer. Quoiqu’il arrive à présent, le destin de Samarkand est en marche.


Gregor Delecti



C'est tout pour cette fois, la suite bientôt.

Loon
Sic Transit Gloria Gaynor
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#48 Envoyé le : samedi 25 janvier 2014 13:52:46(UTC)
Loon
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Une séance ou nous avons compris beaucoup de choses, mais ou nous n'avons pas réussi à atteindre notre objectif principal.


Chère Mère,


Comme je sais que vous vous ennuyez un peu depuis que vous êtes accrochée dans la salle du conseil j’ai demandé à Tig de venir vous faire un peu de lecture. Je suis conscient que le temps vous parait long, mais je peux vous assurer que M. Kane fait tout son possible pour trouver une solution à votre état. Il aura du reste beaucoup plus de temps à consacrer à ses recherches prochainement, nous rentrons à River Haven. Notre mission a été un échec mais nous ne sommes pas tout à fait bredouilles.


Notre vol jusqu’à l’Abbaye de la Rose Blanche nous a pris une bonne journée, et ce que ce voyage nous a appris est que nous avons gravement sous-estimé les forces aériennes du Roi Irovetti. Nous avons aperçu pas moins d’une demi-douzaine de patrouille de vouivres, chacune composée de près d’une vingtaine de ces créatures. je vais délivrer le permis de construction que nous réclame depuis des mois l’émissaire Xiangdong Hao, je n’ai aucune sympathie pour le Kartel Sunderstone mais sans leurs arbalistes à répétition nos troupes vont se faire balayer par les vouivres.

Nos soldats n’auront en plus pas seulement besoin de surveiller le ciel, nos informations concernant le laboratoire de Tragshi l’Herbaliste étaient erronées, au mieux périmées. Il n’y avait plus trace de l’empoisonneuse ou de la Corne sur place, mais le Roi Irovetti nous avait tout de même laissé une petite surprise. Cachés au cœur de l’abbaye nous attendait une troupe de sicaires menée par nul autre que Gaetano Franco d’Arano, le sinistre rat-garou qui sert d’assassin royal au Pitax. Pour couronner le tout ils avaient emmenés avec eux le maitre empoisonneur du Pitax, le draconien Madras Calgor qui serait, selon les ragots colportés par Mercedes, le propre fils du Roi Irovetti, né d’une liaison audacieuse avec la vouivre Minognos-Ushad. On dirait que contrairement à ce que son nom pourrait laisser supposer, elle ne fait pas que manger les rois.


« Le Roi Irovetti c’est un peu le Capitaine Kirk de Golarion. »



Leur embuscade aurait pu être mortelle si nous n’avions pas étés prêts à toute éventualité en venant sur place. Passé le moment de surprise causé par le nuage de gaz lâché par Madras Calgor, nous réagissons promptement et repoussons leur premier assaut. Il n’est plus ensuite question que de prouesse valeureuse et nous avions nettement le dessus dans ce domaine. Florbella parvient même, après une poursuite picaresque à travers tout le monastère, à empêcher la fuite de Gaetano qui tentait de s’échapper avec la dernière veulerie en forme de rat.

Comme je n’aime pas laisser une surprise sans réponse, j’ai mandaté le meilleur cordonnier de River Haven pour qu’il confectionne une paire de bottes en lézard doublées de fourrure comme cadeau pour le Roi Irovetti. J’espère qu’il appréciera l’attention.

Une fois la fumée du combat un peu dissipée nous devons bien nous rendre à l’évidence, les seules traces d’un laboratoire alchimiques ne sont qu’un leurre visant à nous faire entrer dans l’abbaye. Requiem et M. Kane sont formels, il n’y a rien ici qui permette de confectionner un objet aussi alambiqué que la Corne. Tragshi a du repartir avec l’eau de source pour travailler ailleurs, probablement à Daggermark ou à Pitax. Le plus inquiétant est toutefois que le Roi Irovetti a été prévenu de notre arrivée ici assez en avance pour qu’il puisse préparer son embuscade. Nous avons un espion, voir un réseau d’espion, à River Haven qu’il va falloir débusquer avant le début de l’Opération.


C’est en fouillant le reste du monastère à la recherche du laboratoire que nous n’avons jamais trouvé que nous sommes tombés sur des réponses concernant une affaire tout aussi préoccupante. L’Abbaye de la Rose Blanche était sensée avoir été razziée par des bandits il y a des années, mais plus nous explorions cet endroit et moins cette hypothèse n’avait de sens. De toute évidence cet endroit n’avait été ni pillé ni dégradé en aucune sorte, ce qui est portant la manière habituelle des brigands qui pullulent en ces terres. On aurait plutôt dit qu’un seul homme était l’auteur de toutes les violences commises ici. L’inspection de la bibliothèque allait nous donner les réponses à bien des questions.

Caché dans le bureau du bibliothécaire son journal allait s’avérer une lecture bien plus intéressante que prévu. Il racontait l’histoire classique d’un monastère tranquille jusqu’au jour de l’arrivée d’un nouveau frère envoyé par la capitale. Ce hobbit était transféré dans cette congrégation aux confins du royaume par une hiérarchie qui espérait que l’isolement briderait ses crises psychotiques de plus en plus fréquentes. Ils n’avaient malheureusement pas prévu que côtoyer la néréide Evindra allait encore fragiliser son esprit.

Le hobbit, à qui le Père Abbé avait confié la maintenance des jardins, allait tomber sous le charme d’Evindra. Malheureusement son cerveau malade n’était capable de ressentir que ce succédané d’amour qu’est l’envie. Tout ce qu’il voulait était posséder la néréide, quel qu’en soit le prix. Il essaya tous les stratagèmes pour pouvoir la contrôler, allant jusqu’à supplier le bibliothécaire de lui laisser consulter les livres interdits, en particulier un ouvrage sans nom écrit dans une langue obscure. Le refus du conservateur de céder aux caprices du jardinier et la mise sous clé de l’ouvrage en question lui ont certainement été fatal, car c’est la dernière entrée qui a été inscrite dans son journal.

Le livre est écrit en aklo selon M. Kane, la même langue que les glyphes ornant les souterrains situés sous l’ile maudite de Candlemere. C’est un ouvrage mystique extrêmement exhaustif traitant d’astronomie et d’astrologie. Vous devriez le trouver fascinant mais je ne vois pas comment il comptait gagner l’affection d’un esprit des eaux avec ça. Nous étions sur le point de repartir quand nous avons aperçu depuis le sommet de la plus haute tour de l’abbaye d’autres bâtiments au pied de la colline, le chai.

Les bâtiments n’ont rien de particulier, mais derrière eux un tunnel s’enfonce dans la colline sur laquelle est bâtie le monastère. La galerie se prolonge sur des centaines de mètres, avec de chaque coté des caves encore remplies de tonneaux reposant ici depuis la disparition des moines. Nous finissons par parvenir dans une grotte au centre de laquelle clapote doucement un lac souterrain. Au centre du lac une ile est accessible par une passerelle en bois qui a du voir de meilleurs jours mais que nous empruntons néanmoins.

L’ile comporte en son centre une citerne contenant une eau tellement transparente qu’elle en est fluorescente et dont même moi peut percevoir la magie. Nous avons trouvé la source que nous cherchions. Ici non plus pas trace de laboratoire alchimique, mais c’est à cet endroit que décide enfin de se manifester l’esprit malveillant qui nous harcelait depuis notre arrivée à l’abbaye.

Car cet endroit était vraiment hanté, une présence maléfique s’était faite ressentir dès les premiers instants. Tout d’abord les cloches qui sonnaient un glas lugubre alors que le beffroi s’est écroulé il y a des décennies. Des murmures hostiles se faisant entendre dans la chapelle, à peine assourdis par les gémissements des moines assassinés qui résonnent encore dans les cellules du sous-sol. Le pire avait toutefois été la sensation de décapitation que nous avions tous ressenti quand nous avons trouvé la tête sectionnée du Père Abbé dans sa chambre. Ce n’étaient que des hallucinations destinées à nous chasser, mais maintenant que nous sommes dans son sanctuaire le spectre a décidé de passer à l’attaque.

Malheureusement pour lui il ne s’attaque pas cette fois à un groupe de moines sans défense. Sa force principale reposait sur la terreur qu’inspire une telle créature, mais nous en avons vu d’autres et il est promptement réduit à l’état d’une flaque ectoplasmique sur le sol déjà humide de la grotte. Les moines de Cayden Cailean assassinés ont été vengés, j’espère que le saint patron des fêtards nous épargnera le lendemain du prochain banquet.

Une fouille rapide des lieux nous permet de trouver le nid douillet qui devait lui servir de cachette de son vivant. A l’intérieur nous mettons la main sur une clepsydre en verre d’une beauté prodigieuse. A peine l’a-t-il saisit que M. Kane entend une voix féminine provenant du liquide coulant à l’intérieur. Une voix le suppliant de la libérer de cette prison. Une voix qu’il reconnait : celle d’Evindra. Nous nous empressons de briser le récipient dans la citerne et la néréide peut nous raconter comment elle a fini ici.


Son histoire remonte à un temps d’avant les hommes. A cette époque sur le Premier Monde vivait une nymphe à la beauté fascinante nommée Nyrissa. Mais elle n’était pas seulement belle, elle était aussi dévorée par une ambition dévorante. Elle parvint par des stratagèmes sophistiqués à se faire aimer d’un des Anciens du Monde Premier, le Comte Ranalc. Être la concubine d’un Ancien ne lui suffisait toutefois pas. Elle ne tarda pas à se faire proclamer la Reine des nymphes, persuadée que la puissance de son amant suffirait à faire d’elle l’égale des Anciens.

Elle avait cependant sous-estimé l’orgueil des autres Anciens, qui n’ont eu que mépris pour cette arriviste. Pour la punir de son ambition ils envoyèrent le Jabberwocky l’éliminer et pour punir le Conte Ranalc de sa naïveté ils l’exilèrent dans le Plan des Ombres. Evindra ne sais pas vraiment comment mais Nyrissa est parvenue à échapper au Jabberwocky et à trouver refuge dans son domaine de Mille Soupirs. Elle n’est toutefois pas sortie indemne de l’affrontement, elle a du laisser derrière elle Ronce, l’épée vorpaline qui était son bien le plus précieux. C’est ici qu’Evindra entre en scène.

Elle a été chargée d’emporter Ronce sur le monde primaire, où elle serait dissimulée à Nyrissa, et à la garder en sureté car la nymphe la recherchait avec tous les moyens à sa disposition. Pendant longtemps elle s’est acquittée de sa tâche avec succès, vivant seule sous la colline de la Rose Blanche, jusqu’à l’arrivée des moines venu construire une Abbaye ici. Les moines étaient de braves gens qui traitèrent cet esprit des eaux avec respect et Evindra, qui s’ennuyait aussi beaucoup seule ici depuis des siècles, pactisa avec eux.

En échange de leur amitié elle leur permit de profiter de l’eau de source rendue merveilleuse par sa présence. Pendant des décennies cet accord permit aux moines de produire le meilleur vin d’Avistan, mais tout changea avec l’arrivée du hobbit dont j’ai déjà parlé. Par ruse il parvint à s’emparer du châle de la néréide, ce qui lui donna tout contrôle sur elle. Il l’obligea à lui donner Ronce qui était ce qui donnait son pouvoir à la source. Malheureusement le contact de l’épée maintenant sortie de l’onde protectrice fit voler en éclat ses derniers fragments de raison. Rendu fou par la haine et la colère de l’épée il s’en servit pour massacrer les autres moines et se retira dans la caverne sous la colline. Il emprisonna Evindra dans la clepsydre et il resta à psychoter dans le noir pendant des années.

Il serait encore en train de baver à coté de sa citerne si il y a quelques temps des soldats n’étaient venu dans l’abbaye. Il faut croire que sortir l’épée de sa protection aquatique avait permis à quelque mage d’en ressentir la puissance car ils sont venus directement à elle. Déjà de son vivant le jardinier n’était pas un adversaire suffisant contre le groupe de combattants entrainés qui l’assassinèrent avant de partir avec l’épée. Tout à la joie de leur prise, ils négligèrent de fouiller plus à fond les lieux et la clepsydre contenant Evindra resta dissimulée dans la cachette du hobbit. Les dernières paroles qu’elle a entendu les soldats prononcer furent que le Roi Irovetti les couvrirait d’or pour leur découverte.

Le hobbit quand à lui était tellement corrompu par la présence de Ronce qu’il a fini par se relever en spectre quelques temps plus tard, attendant d’assouvir sa vengeance.


Comme vous le voyez nous en avons appris un peu plus sur notre ennemie, mais les nouvelles sont mauvaises. Nous n’avons pas pu empêcher le Roi Irovetti de construire sa Corne et nous savons en plus qu’il possède Ronce. La seule bonne nouvelle est que nous allons ramener l’eau aux propriétés miraculeuses à River Haven. J’espère que Bella Falkenstein pourra en faire une préparation qui protégera nos troupes des effets de la Corne.

Nous pourrons en parler bientôt de vive voix, je reviens au plus vite.


Votre fils
Gregor



C'est tout pour cette fois, la suite prochainement.

Loon
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#49 Envoyé le : samedi 1 février 2014 12:52:58(UTC)
Loon
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Aujourd’hui à River Haven, c’est soirée Xanax.


Père,

Je vous écris sans aucun espoir que cette lettre vous parvienne, mais poser mes pensées sur le papier a toujours été un exutoire pour moi et je ne peux faire part de celles-ci à personne. Je dois cacher mon angoisse à mes soldats pour qu’ils gardent un espoir de victoire. Je dois cacher mes doutes au peuple pour qu’il croie à un futur possible. Je dois cacher ma terreur à mes amis qui attendent de moi une solution que je ne possède pas.


« C’est ça ou rester dans ma chambre à écouter The Cure Light Wounds. »


J’ai échoué.

Tous ces plans si soigneusement préparés, toutes ces nuits passées à étudier les rapports de mes officiers et de mes sycophantes, toutes les concessions que j’ai eues à faire pour organiser mon embryon d’armée, tout ça n’a servi à rien. Au final il m’aura manqué une semaine.

Une semaine de plus et les centaures auraient traversé les Tors de Lévenies. Une semaine de plus et les troupes de River Haven et d’Olegville auraient fait leur jonction à Fort Numesti. Une semaine de plus et Florbella aurait pu unifier les Clans du Tigre sous notre bannière. Une semaine de plus et Mercedes aurait pu faire ma proposition d’alliance aux autres Royaumes Fluviaux.

Au lieu de ça les centaures sont toujours coincés quelque part aux alentours de Varnhold, l’armée régulière est en train de se mettre en ordre de marche dans les casernes de la capitale et je n’ai plus aucune nouvelle de Florbella depuis des jours. Je ne sais même pas si elle est toujours vivante.

Quand à ma tentative diplomatique, elle a été stoppée nette dans les mâchoires du piège tendu par le Roi Irovetti au tournoi de Chandlor. Elle aurait même pu se terminer encore plus mal sans la prévoyance de M. Kane qui avait pensé à donner à Mercedes un moyen magique pour revenir instantanément à River Haven. Elle n’est cependant revenue qu’avec Requiem. Tous les autres membres de la délégation que j’avais envoyée au tournoi sont toujours à Pitax, au mieux comme otages. J’essaye de ne pas penser à l’autre possibilité, mais le Roi Irovetti n’a pas laissé à Mercedes l’impression d’être un homme particulièrement honorable. Elle a réussi à s’emparer du livre à la bibliothèque de Pitax, mais ça semble bien dérisoire vu ce que nous avons perdu dans l’opération.


Les indications que Mère à pu lire dans les astres ont permis de localiser Ilora Nuski. Mercedes a pu la contacter et lui permettre de se glisser entre les patrouilles du Roi Irovetti pour rejoindre River Haven. Les nouvelles qu’elle ramène sont là encore très mauvaises. Nos pires prévisions n’étaient que bien loin de la réalité. L’armée régulière du Pitax est forte de près de quatre-mille hommes, sans compter les hordes de géants et de trolls.

Il s’est aussi adjoint les services d’une troupe de mercenaires avec la pire des réputations appelée Les Pattes de Chat qui est menée par une rakshasa nommée Alasen. J’avais entendu parler d’eux lors de leur tentative avortée de coup d’état dans la ville d’Hajoth Hakados en Numerie l’année passée. Il s’était terminé dans un véritable bain de sang et on disait que la troupe avait été annihilée. On dirait que la rumeur de leur disparition a été grandement surestimée. Le Roi Irovetti aime vraiment à s’entourer de la crème de la crème.

Ilora Nuski a aussi balayé mes espoirs concernant les anciennes familles de Pitax. Sur les quatre familles originales, une à fait banqueroute, les Cattanei ; une a quitté la ville pour s’occuper du commerce fluvial, les Vascari ; une travaille main dans la main avec la Guilde des Voleurs contrôlée par le Roi Irovetti, les Strocalle. Seule la famille Liacenza, celle-là même qui a perdu la ville au profit de Roi il y a quelques années, conserve une bribe de son ancien pouvoir, mais elle est tellement diminuée que son influence est négligeable. Il n’y a rien à attendre non plus de ce côté.


De mon côté je n’ai même pas réussi à obtenir la moindre troupe de la Cour des Fées. Tout ce que Nocturno à consenti à m’accorder est une aide mystique. Il va empêcher la propagation de la Floraison dans le royaume grâce au contrôle sur le Premier Monde que lui confère la Rapière de Vesper. Les fées qui lui sont fidèles vont aussi se débarrasser du Chasseur Cornu et de ses ettins qui rodent toujours dans les Bois de Narl, ainsi que des Cygnes Noirs du Lac Tuskwater. C’est une bonne chose à long terme, mais c’est de soldats dont j’ai besoin en ce moment.

Dans le même registre il a pu confirmer la théorie de M. Kane, selon laquelle le porteur de la Rapière de Vesper devient une facette de Shyka la Changeant. Nocturno s’est mis à changer d’apparence au cours de notre discussion, devenant les diverses facette de Shyka. C’est dans ce déferlement de formes qu’il m’a expliqué pourquoi Nyrissa tient tellement à récupérer Ronce. En fait Ronce est une partie de Nyrissa, que les Anciens lui ont arrachée pour qu’elle ne puisse plus jamais aimer. Ronce est tout ce qu’il y avait de bon en elle, sa tendresse et son amour. Sans elle Nyrissa n’est plus qu’une coquille vide, uniquement capable de ressentir de la colère et de la haine.



« Si on avait eu de la chance elle se serait mise à la cuisine. »


Une fois de plus c’est une information intéressante, mais dans l’immédiat elle ne nous sert pas à grand-chose. J’en suis réduit à devoir le supplier pour qu’il consente à fermer les frontières du Bois de Narl à toute intrusion armée. Quand je pense que je l’ai protégé de la mort de ses parents jusqu’à ce qu’il puisse reprendre le trône de sa mère grâce à mon aide, j’en pleurerais de déception.

Nous quittons donc la Cour des Fées sans soldats, à peine munis d’une vague promesse qu’il a faite à M. Kane : il va voir s’il peut contraindre les ours-hiboux volants géants qui ont nidifié dans les bois de venir nous aider. Son manque de conviction ne me laisse toutefois rien espérer de ce coté.


C’est le cœur lourd que je termine cette lettre dans mes appartements de Fort Numesti. Depuis mes fenêtres je peux contempler l’armée du Pitax en train de déployer ses hommes en ordre de bataille devant les remparts à peine reconstruits. Selon mes estimations il devrait y avoir plus de deux mille soldats, en plus des hordes de géants. Le plus préoccupant reste cependant les escadrilles de vouivres qui noircissent le ciel au-dessus de la ville. C’est difficile de les compter, mais elles doivent être près de deux cents. Non que leur nombre soit important, nous n’avons aucune force aérienne et nos arbalistes et leurs servants sont toujours à River Haven.

Tout ce dont je dispose pour empêcher les armées du Roi Irovetti de déferler sur le cœur du royaume est la garnison de Fort Numesti, quelque quatre cents hommes courageux mais qui se remettent à peine du siège mené par les barbares du Tigre il y a quelques semaines. J’ai aussi à peine autant de tirailleurs kobolds qui sont arrivés ici en avance sur le gros de la troupe, mais les hommes sont méfiants à leur encontre, rendant toute collaboration improbable. Mes seules troupes aguerries sont les Chevaliers Couronnées d’Issia, qui avaient servi d’escorte aux hottages d’Armag et qui n’étaient heureusement pas encore rentrés à River Haven.

Une cavalerie lourde qui ne peut pas utiliser ses montures en ville, quelque centaines d’homme mal équipés encore affaiblis par les mois de privations et des kobolds dont la force réside dans une guerre d’embuscade impraticable pendant un siège, voilà tout ce que je peux aligner. Non que le déficit de nombre ait la moindre importance, le manque de temps n’a de toute façon pas permis à Bella Falkenstein de trouver une solution à la Corne de Miasme du Roi Irovetti. C’est presque une chance que nous soyons si peu, il y aura moins de morts quand il l’utilisera.


Et pourtant, nous allons nous battre. Pas pour une victoire qui est hors de notre portée, mais pour donner du temps à ceux qui en ont besoin.

Chaque minute que nous gagnons permet à quelques citoyens sans défense de Fort Numesti, les femmes, les enfants, ceux qui sont trop faibles pour se battre, d’emprunter le portail pour River Haven ouvert par M. Kane.

Chaque minute que nous gagnons permet à l’armée régulière et aux centaures d’avancer un peu plus en direction de l’Ouest.

Chaque minute que nous gagnons permet aux sages restés à la capitale de progresser dans leurs recherches pour trouver un moyen de contrer la Corne.

Chaque minute que nous gagnons force l’armée du Pitax à retarder d’autant son invasion de Samarkand.

Et enfin je vais me battre parce qu’il n’y a plus rien d’autre à faire. J’ai échoué à protéger ce royaume que j’avais tellement envie de voir prospérer, mais je ne suis pas encore mort.

Je ne vais pas rester au sol si je peux toujours tenir mon épée.


Même sans être là vous m’avez permis de reprendre mes esprits. Quand j’ai commencé cette lettre j’étais prêt à baisser les armes, mais penser à vous m’a redonné confiance. Après tout qu’importe d’échouer si on a donné tout ce qu’on avait. Merci de m’avoir inculqué la force de caractère pour me permettre de continuer malgré tout.
Vous me manquez tellement.


Votre fils
Gregor


C'est tout pour cette fois, la suite quand on aura rejoué

Loon
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#50 Envoyé le : vendredi 21 février 2014 17:57:58(UTC)
Loon
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Une séance dédiée presque entièrement au combat de masse, pour changer un peu. C’était finalement beaucoup plus rapide qu’on le pensait à la base, on a pu faire deux batailles pendant la soirée. Le seul défaut serait le coté aléatoire des combats, Les chevaliers était au max de leurs points de vie et ils sont morts sur une seule volée de flèches suite à un bon jet de notre MJ. Ça minimise beaucoup le coté tactique des batailles, ce que je trouve dommage.

Si quelqu’un veut plus de détails sur les combats de masse, ya qu'à demander, sinon je ne vais pas m’appesantir dessus.


Salut Lily,

Comme Stan ne sait toujours pas tenir une plume par le bon bout, je suis bien obligé d’écrire pour nous deux.
A force de vouloir jouer au héro il s’est pris une flèche dans le genou à la bataille de Rumput-Tinggi. La guerre est finie pour lui, il va être évacué sur River Haven avec le prochain convoi de blessés. Je compte sur toi pour lui garder un coin au chaud où passer sa convalescence, tu pourras ressortir ton uniforme d’infirmière. Je l’envie presque de pouvoir retourner à l’arrière, nous sommes passés par de sales moments lors du dernier mois.


Tu te rappelles qu’on était restés à Fort Numesti après la libération, pour donner un coup de main au nouveau vice-roi dans la réorganisation de ses troupes. Ca veut dire qu’on était aux premières loges pour voir l’armée du Pitax se pointer sous nos murailles à peine reconstruites. Non seulement ils nous surpassaient à cinq contre un, mais ils avaient des vouivres et des trolls. Sans compter que j’avais reconnu l’étendard personnel de leur général : celui du tristement célèbre Avinash Jurrg, un ogre-mage qui s’était taillé une réputation détestable pendant la quatrième croisade du Mendev en changeant de camp en fonction de la meilleure opportunité de pillage qui lui était offerte.

Je dois bien t’avouer qu’on n’en menait pas large en les regardant se déployer en ordre de bataille du haut de nos remparts pas encore secs. Les soldats de Fort Numesti commençaient à parler de reddition, les kobolds cherchaient un tunnel pour se crapahuter sous terre et les chevaliers Issiens voulaient tenter une sortie. Heureusement que le Roi est arrivé avec son Archimage, ou je communiquerais avec toi par l’intermédiaire d’une tablette ouija.

Il a immédiatement réuni les hommes dans la cour pour leur faire un de ces discours dont il a le secret, qui a eu un effet galvanisant sur ces soldats au bord de la désertion. Il leur a dit que de leur résistance ici dépendait la survie des habitants du royaume, que les trolls et les vouivres ne faisaient pas de prisonniers et que leurs familles étaient en ce moment même évacuées en sécurité par le portail ouvert par l’Archimage. Tout ce qu’ils avaient à faire était de tenir les remparts jusqu’à l’arrivée des renforts, qui étaient déjà en chemin. J’ai quand même gardé pour moi la question que les plus malins se posaient aussi : quels renforts et dans combien de temps ils seraient là.

On n’a de toute façon pas eu le temps de se poser la question trop longtemps. Avinash Jurrg était tellement certain de sa victoire qu’il a lancé ses troupes à l’attaque sans laisser à ses hommes le temps de récupérer de leur marche jusqu’ici. Ce qui était une très mauvaise idée et la preuve que notre campagne de désinformation sur l’état de notre muraille avait été couronnée de succès.



« SPOILER ! Elle était parfaitement opérationnelle. »


Toujours est-il qu’ils se sont écrasés sur nos remparts avec le même impact qu’une punaise sur une bottine, les traces de sang en plus. Leur assaut était brisé pour l’instant mais ils n’allaient pas s’arrêter à un premier échec, le nombre parlait toujours pour eux.

L’Archimage était heureusement beaucoup moins mort que la dernière fois que j’avais entendu parler de lui et il avait utilisé le temps que nous avions gagné à bon escient. Suite à un rituel kabbalistique autant qu’obscur, un orage d’une violence inouïe s’était levé autour de Fort Numesti, empêchant tout tir des archers ennemis et clouant les vouivres au sol. Même les trolls dont l’aversion pour la foudre, comme tout ce qui peut déclencher un incendie, est proverbial sentaient leur esprit combatif se réduire à mesure que la distance des éclairs se rapprochait de leurs positions.

Le Roi a alors décidé de contre-attaquer.

Faisant preuve d’un courage confinant au suicidaire les Chevaliers Couronnés ont fait une sortie après le second assaut mené par l’armée du Pitax, chargeant la horde de trolls des torches à la main. Déjà effrayés par l’orage leurs rangs ne résistèrent pas à cette vision sortie de leurs pires cauchemars. À peine le premier rang transformé en brasiers hurlants que le reste de la troupe se débandait en couinant. Une seconde charge achevait les trolls survivants sous les hourras venus de nos remparts.

Pendant ce temps les kobolds avaient été guidés par la Régente jusqu’à un tunnel que l’ancien baron Drelev utilisait pour aller voir sa maitresse et dont elle avait entendu parler je ne sais comment. Débouchant dans ce qui était autrefois un bosquet bucolique à l’extérieur de la ville, les lézards purent se faufiler sur l’arrière de l’ennemi, jusqu’à l’endroit où les vouivres attendaient la fin de l’orage.

Près de la moitié des vouivres étaient déjà mortes sous les coups de lances empoisonnées des minuscules assassins avant que l’alerte ne soit donnée par les survivantes clouées au sol par les éléments contrariés. Incapables de s’envoler et stupéfaites par cette attaque inopinée elles tentèrent bien de poursuivre les lézards qui s’étaient promptement repliés dans la forêt toute proche, pour immédiatement tomber dans l’embuscade tendue sous les arbres. Seules quelques-unes réussirent à s’extirper du piège pour s’enfuir à tire d’aile vers le Pitax, pendant que les kobolds revenaient vers le château par le chemin qu’ils avaient pris à l’allé.

Tous ne réussirent malheureusement pas à regagner l’abri des murailles aussi facilement. Alors que les Chevaliers finissaient de bouter le feu aux derniers trolls la tempêtes se calma aussi soudainement qu’elle avait commencée. Les archers d’élites du Pitax avaient une trajectoire rêvée sur les Chevaliers complètement à découvert, et ils ne ratèrent pas leur cible. Une nuée de flèche s’abattit sur eux, les anéantissant presque jusqu’au dernier.

Fidèle à sa légende le Sire Patriarche Ametyss Surtova tenta une ultime charge sur l’armée du Pitax en un dernier baroud d’honneur, mais le reste de sa cavalerie fut criblée de flèches avant d’atteindre les rangs ennemis, mettant une touche finale à l’infortunée présence issienne dans les Terres Dérobées. Je ne veux pas spéculer inutilement, mais l’aversion de l’Archimage pour les issiens n’était pas un secret et l’arrêt de cette tempête semblait particulièrement inopportun.

Ragaillardis par ce succès, Avinash Jurrg décide de lancer toutes ses troupes dans l’assaut qui sera le plus intense de la bataille. Nous finissons par le refouler une fois de plus, mais nos pertes sont terribles. Je peux sentir le découragement dans l’attitude du Roi et de ses commandants, lui aussi sait que nous ne repousserons pas un nouvel assaut de cet ampleur. Notre situation semblait désespérée quand les cris des guetteurs retentissent sur la plus haute tour de la citadelle. Une nouvelle troupe est en approche depuis l’Ouest, des renforts pitaxiens.

Un silence de plomb s’abat aussitôt dans nos rangs déjà bien affaiblis, quand un hurlement de joie descend de la position des sentinelles. Cette armée porte les couleurs or-azure du Samarkand, ils sont de notre coté. A mesure qu’ils s’approchent on peut distinguer qu’il ne s’agit pas d’une armée très organisée, mais plutôt d’une horde hurlante de barbares numeriens. A leur tête galope un mammouth gigantesque monté par une femme du même métal, brandissant une épée démesurée. La Furie a réussi à unifier les Tribus du Tigre.

Si de notre coté le moral remonte, les pitaxiens commencent à moins faire les fiers. Ils sont pris en sandwich entre les barbares et les remparts et il faut toute la crainte que leur inspire l’ogre-mage pour empêcher leur déroute précoce. Ils arrivent tout de même à conserver un semblant de formation jusqu’au choc avec la horde hurlante venue du Nord, avant de sombrer dans un mouvement de panique incontrôlé. C’est un véritable massacre qui a lieu devant les murailles de Fort Numesti. La soif de sang des barbares est infinie et la peur de nos propres hommes s’est changée en un besoin de vengeance illimité. C’était comme si seul le sang pouvait soigner l’angoisse qui avait étreint toute la nation à l’annonce de l’invasion. Quand la fureur des combats est retombée sur le champ de bataille, il ne reste plus un seul soldat du Pitax vivant.

Je n’ai jamais vu autant de personnes crever en même temps que pendant cette bataille.


On est restés deux semaines à Fort Numesti après ça. Il a d’abord fallut dresser de gigantesques buchers pour faire disparaitre les corps des envahisseurs, et creuser les tombes de nos propres hommes. Même si nous avions gagnés nos pertes étaient terrifiantes, la moitié des soldats de Fort Numesti étaient morts et les survivants ne valaient guerre mieux. Ils venaient de subir leur seconde invasion en moins de deux mois et ils avaient besoin d’un repos autant physique que moral si on voulait espérer que ces hommes puissent retrouver une vie normale un jour.

Il ne restait plus rien des fiers Chevaliers Couronnés d’Issia, venus mourir dans un pays qui n’était pas le leur pour protéger des gens qu’ils ne connaissaient pas. Un monument était en construction à l’endroit où ils ont mené leur dernière charge, alors qu’un convoi funèbre est reparti en direction de l’Issia pour restituer les corps à leurs familles.



« J’ai fait poser la statue du vieux schnock qu’on avait pas utilisée sur un cheval pour faire des économies.
– Cornelia D. »



Après quelques jours les renforts du royaume ont fini par arriver. Tout d’abord l’armée régulière menée par le général Akiros, puis un fort contingent de centaures venus du fin fond du Nomen. On aurait pu partir immédiatement après ça pour faire payer le Pitax mais il y a eu un problème de dernière minute. Apparemment le tyran Irovetti avait payé les brutaciens des marais pour qu’ils attaquent nos arrières une fois l’armée partie à l’Ouest. Le Roi a du négocier sévèrement avec Celle-des-Tombeaux, pour obtenir que non seulement ils ne nous attaquent pas, mais encore qu’ils nous accompagnent dans notre invasion. Le problème c’est qu’en contrepartie on doit accepter le culte de Gyronna dans le royaume. Tu ferais mieux de surveiller tes filles quand ça se saura à la capitale.


On a mis deux semaines à s’enfoncer dans les terres du Pitax avant de rencontrer la première résistance sérieuse. Comme on n’avait pas retrouvé le corps d’Avinash Jurrg après la bataille de Fort Numesti on s’attendait bien à devoir combattre avant d’arriver à Pitax, mais ce nouvel affrontement a été encore plus meurtrier que le précédent.

C’est dans les plaines herbeuses de Rumput-Tinggi que nous attendaient les armées de réserve du Pitax. Elles étaient appuyées par les mercenaires d’Hajoth Hakados et des chevaucheurs de mastodonth. Il y avait aussi les voivres survivantes, avec à leur tête Minognos-Ushade en personne cette fois. Les nouvelles du combat sont surement arrivés jusqu’à River Haven, mais elles ne sauraient décrire la sauvagerie de ce qui s’est passé ici.

Ils se sont battus comme des démons, ne reculant pas d’un pouce et nous forcant à payer chaque perte chez eux avec notre sang. Je pense que c’est la mort de Minognos-Ushade sous la lame maudite de la Furie qui, provoquant la fuite des vouivres restantes, a fait tourner le combat en notre faveur.


Nous avons gagné encore une fois, mais nous sommes grandement diminués. Je ne veux pas te sembler défaitiste, mais je ne pense pas que nous puissions faire face à un nouvel assaut de cette ampleur.

J’espère que ma prochaine lettre sera écrite depuis une taverne de Pitax après qu’on ai pris la ville. Veille bien sur Stan en mon absence.

Cordiallement.

Dragan Kerse


C'est tout pour cette fois, la suite prochainement.

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#51 Envoyé le : samedi 22 mars 2014 09:41:39(UTC)
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C’était la dernière séance du tome 5, toute l’histoire avec la guerre contre le Pitax est réglée. La campagne est de nouveau en pause jusqu’à la fin de l’année, quand notre MJ reviendra pour nous faire la dernière partie. Cette fois on va enfin affronter notre ennemie principale.


Chère Mère,

Pitax est tombée hier soir. La guerre est terminée, nous l’avons gagnée.

Le Roi Irovetti avait lancé les dernières troupes qu’il lui restait dans une résistance désespérée aux portes de sa capitale ; la dernière armée régulière du Pitax et les fameux régiments de trolls qui ont semé la terreur pendant des années dans le Nord des Royaumes Fluviaux.

On a beau leur mettre un uniforme et les appeler soldats, les trolls ne sont rien d’autre que des animaux agressifs. Les flèches enflammées des centaures Rashalkas les ont exterminés jusqu’au dernier alors qu’ils couinaient de terreur en grattant les murailles qu’ils étaient sensés protéger. Les soldats de l’armée de réserve avaient depuis longtemps refermées les portes derrière eux. Ils s’étaient réfugiés à l’abri des remparts de la Ville Haute quand les trolls avaient commencé à céder à la panique.

Ca aurait pu se transformer en siège si les hommes-lézards du Chef Kathabathan n’avaient pas mené à bien leur mission. Ils avaient profité des clameurs des combats pour esquiver les navires de la famille Vascari qui protégeaient le port et nous ouvrir les portes de la Ville Basse. Les barbares du Tigre se sont aussitôt rués à la curée dans la cité sans défense, massacrant tout sur leur passage.

Il aura fallu toute l’autorité concédée à Florbella par Ovinrbaane pour faire cesser le carnage, mais les barbares avaient de douloureuses semaines de pillages frustrés à compenser. Je pense que l’offre faite par le haut prêtre de la cathédrale de Calistria, le Gardien des Rancœurs Extasiées Drey Yarnes, d’ouvrir les multiples couches des prostituées sacrées aux barbares en maraude a du canaliser les ardeurs de ceux-ci.

Une fois la fumée des incendies dissipée, un premier bilan des affrontements urbains peut être tiré. La moitié du quartier de Troutmouth a été ravagé par l’incendie qui s’est propagé depuis le temple de Desna maintenant en ruine. Les flammes ont aussi réduit en cendre les entrepôts de la Maison du Souffle du Serpent, ça pourrait bien être le dernier clou planté dans le cercueil de la famille Cattanei. Entre le feu et les barbares, plus d’une centaine de civils sont morts au cours de cette sanglante journée.


« L'incendie aurait été causé par la chute d'un avion malaisien. »



Après que les barbares aient pu assouvir leurs pulsions de violence, j’ai eu les coudées franches pour organiser un couvre-feu. J’ai envoyé des patrouilles de l’armée régulière dans toute la Ville Basse et à la fin de la journée tout ce secteur était sécurisé. J’ai été bien aidé dans cette tâche par Ilora Nuski, qui a grandi ici. C’est évidement quand les choses ont commencé à mieux se passer que les charognards ont commencé à venir pour ronger les meilleurs morceaux de la carcasse encore fumante de la ville.

Le plus rapide a été Gasperre Liacenza, de la famille du même nom. Il est déjà parvenu, malgré son jeune âge, à diriger ce qui reste de sa famille, c’est vous dire si ses dents raient le parquet. Sa proposition ne manque cependant pas d’à-propos. Il se fait fort, si nous parvenons à éliminer le Roi Irovetti, de faire en sorte que les citoyens de Pitax nous voient comme l’armée de libération qui vient déposer l’infâme tyran et pas comme les envahisseurs qui viennent jusque dans leurs bras pour égorger leurs fils et leurs compagnes. Je lui ai fait comprendre qu’il y aurait un poste de satrape du Pitax à pourvoir pour le plus méritant de ses citoyens une fois la guerre terminée.

Le dernier petit souci était de déloger le Roi Irovetti barricadé avec ses dernières troupes dans la Ville Haute. Pas que je doute de pouvoir les réduire à néant avec le temps, mais un siège coute cher et le Roi Irovetti est le genre d’homme à sacrifier toute son armée si ca lui permet de survivre un peu plus longtemps. On est de plus dans sa ville et les attaques de partisans sont incessantes, deux patrouilles ont déjà péri dans des embuscades depuis la nuit dernière. Le Roi doit être éliminé pour que ses troupes n’aient plus de raisons de se battre et se rendent.

J’avais heureusement avec moi quelqu’un qui connait aussi la ville comme sa poche en la personne d’Ilora Nuski. Grâce à son aide et à la magie de M. Kane nous parvenons, en nous faisant passer pour la troupe de théâtre personnelle du Roi Irovetti venue donner une représentation privée, à nous introduire dans son palais pour l’éliminer de l’équation.


« - Être, ou ne pas être ? … Ne pas être.»



Il ne nous faut pas très longtemps pour nous débarrasser du général Avinash Jurrg et de ses gardes du corps trolls, mais une fois de plus le Roi Irovetti s’enfuit par un passage dérobé en laissant ses hommes mourir derrière lui. Un interrogatoire salissant des quelques soldats survivants pas Ilora nous apprend que ledit passage mène aux appartements privés du Roi au sous-sol. Ils ne peuvent par contre pas nous dire ce qu’il y a là en bas, seuls les proches du Roi ont l’autorisation de s’y rendre. Les autres ne remontent jamais.

Nous avons du affronter toute une ménagerie avant d’arriver aux geôles, le Roi avait un genre de zoo privé renfermant un panel des créatures les plus dangereuses du Golarion. Malheureusement son tourmenteur, une gargouille nommée Gedovius plus connue sous le nom d’Eventreur des Docks avant que le Roi Irovetti ne le prenne à son service pour ses talents particuliers, est parvenu à s’enfuir en profitant de la confusion des combats. Je vais devoir envoyer des hommes pour la retrouver avant qu’il ne recommence à tuer.

La seule bonne chose qui ressortira de cette nuit sera la libération des prisonniers, aussi peu soient ils. Tout d’abord la célèbre diva Asmeranda Ilata, la chanteuse vedette de la troupe de l’Imp Saphir, qui est retenue ici depuis qu’elle s’est refusée au Roi. Tig est là aussi, toujours vivant mais salement amoché. Je savais bien qu’il était trop coriace pour une vulgaire gargouille. Ils sont malheureusement les seuls survivants ici, toutes les autres cellules sont remplies de cadavres, opposants ou seulement courtisans qui ont déplut au Roi. Quand à la délégation que j’avais envoyée au tournoi de la Chandlor, ils ont tous été exécutés au cours des semaines de leur captivité. Avant que M. Kane n’ouvre un portail pour le Temple de l’Elan, histoire que Jhod prenne soin de nos deux survivants, Miss Asmeranda peut nous dire qu’il ne reste plus que la chambre du Roi Irovetti devant nous. Nous touchons au but.


A présent qu’il est acculé sans nulle part ou s’enfuir, je dois accorder au Roi Irovetti qu’il nous accueil avec sa morgue habituelle. Il faut dire qu’il n’est plus à une trahison près et qu’en échange de sa liberté il est prêt à nous donner Ronce et à nous révéler les plans de Nyrissa. La décision a été difficile à prendre mais j’ai finalement décidé d’accéder à sa requête. Après tout il n’est même pas l’antagoniste principal dans cette histoire.


« Le genre à ne pas être crédité au générique du troisième film. »



Nous savions déjà que Nyrissa est la reine déchue des nymphes du Premier Monde et qu’elle s’était réfugiée dans son repaire de Mille Soupirs pour échapper à la colère des Anciens primordiaux. Leur sanction semblait irrévocable, mais même pour des dieux le temps cautérise bien des blessures. Les Anciens sont de plus changeants et volages, un présent assez précieux pourrait les faire revenir sur leur décision. Et quel plus beau cadeau pour un dieu qu’une parcelle de territoire rajoutée à leur domaine, de nouveaux sujets sur lesquels régner. Assurément le genre d’offrande qui mettrait fin à son exil.

Nyrissa commença donc à travailler sur son rituel de Floraison. Il lui fallait pour réussir son sortilège une terre vierge de civilisation, aussi s’ingénia-t-elle à repousser toute trace de colonisation dans les Terres Dérobées. Elles étaient le terreau fertile sur lequel elle allait faire pousser les racines liant le monde primaire au Premier Monde. Son plan était sur le point d’arriver à son terme quand nous avons pour la première fois réussi à civiliser ces terres.

La nymphe a tout tenté pour nous déloger, mais nous étions trop résistants pour les agents qu’elle a envoyé au fil des années et elle a du puiser dans ses propres ressources pour lancer la phase finale du rituel. Cet effort l’a affaiblie mais il n’a pas été vain. Malgré tous nos efforts la Floraison va avoir lieu dans quelques jours. Sauf si nous profitons de sa faiblesse passagère pour aller l’affronter dans son domaine de Mille Soupirs et plonger Ronce à l’endroit où se trouvait son cœur.


Le Roi Irovetti nous a donné Ronce et je dois avouer qu’il m’a fallu un énorme effort de volonté pour ne pas la lui planter dans le corps. J’ai été retenu par les paroles de Père : le Mal ne peut jamais servir à luter contre le Mal. Castruccio Irovetti a été vaincu et il a perdu tout ce qui le rendait dangereux : sa richesse, son royaume, le soutient de Nyrissa. Maintenant que je le regarde bien, débarrassé de ses armes et de ses riches atours alors qu’il commence son chemin sur la route de l’exil, je ne vois qu’un homme entre deux âges, plus petit qu’il en avait l’air. Le Roi a l’air bien nu une fois dépouillé de ses oripeaux.

Il a encore l’air faraud avant de partir, mais je pense qu’il ne se rend pas encore bien compte du nombre d’ennemis qu’il a semé au derrière lui au cours de son règne sanglant. Sans compter les survivants des quatre familles qui voudront surement lui faire payer la perte la ville, il sera traqué par les séides de Nyrissa et ceux du Compte Ranalc quand ils sauront qu’il avait Ronce en sa possession depuis des années. Il n’a pas fini de regarder derrière son épaule.
Je sais que vous n’approuverez pas ma décision de l’avoir laissé partir, qu’il est probablement déjà en train de comploter contre nous. Je ne suis pas aussi inquiet, l’époque où il était une nuisance appartient au passé. Les tavernes de Westgate sont remplies de nobles déchus qui passent leur temps à ruminer leur gloire passée en s’enivrant de mauvais vin.


La guerre est finie mais je ne peux pas encore rentrer à la maison. Pitax est proche de la forêt des Mille Murmures qui est censée dissimuler l’entrée du repaire de Nyrissa, nous allons sans doute commencer par là. Mercedes et M. Kane ont commencé à étudier le Pique-nique de Zuddiger pour percer ses secrets.
Nous partirons quand ils y seront parvenus.


Votre fils
Gregor



C'est tout pour cette fois, la suite en novembre probablement.

Loon

Sic Transit Gloria Gaynor
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#52 Envoyé le : samedi 17 janvier 2015 09:27:06(UTC)
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Salut Dragan,

Ou devrais-je dire Major Kerse, Monsieur je-suis-promu-pour-faits-d’arme-à-la-bataille-de-Pitax ? Je profite d’une accalmie passagère entre deux crises pour te donner des nouvelles de River Haven.


Après ma blessure à Rumput-Tinggi j’ai été rapatrié à la capitale, ou Lily m’a accueilli à bras ouverts. Il faut dire qu’avec la plupart des hommes partis à la guerre, j’étais plutôt le bienvenu pour m’occuper des filles. Ma convalescence se présentait sous les meilleures auspices quand les sorcières ont commencé à sortir de leur marais.

Les citoyens de River Haven ont voulu donner un aperçu de l’accueil chaleureux réservé aux cultistes de Gironna, mais il y a eu un petit problème. Une grande sèche toute tordue est sortie de leurs rangs en brandissant un décret signé par le Roi en personne leur permettant apparemment de s’installer dans le Royaume. Le procureur Tricornus a beau eu retourner l’édit dans tous les sens, il lui a bien fallu se rendre à l’évidence. Ce bout de papier était parfaitement légal.


« - On n’allume rien alors ? »



Il n’a pas fallu attendre longtemps après l’installation des sorcières dans les marais à la périphérie de la ville pour que les choses dégénèrent. Entre les chats qui disparaissent, les naissances de veaux à deux têtes et les nuées de sauterelles, le moral des braves gens de River Haven a rapidement tourné à l’aigre. Alors quand ils se sont aperçus que les cultistes avaient construit une palissade de bois pour s’adonner en toute intimité au sabbat infernal de Gironna, on n’était plus très loin de l’action citoyenne improvisée. Si le Roi n’avait pas choisi ce moment pour revenir en ville, je ne suis pas sur que les choses ne se soient pas mal terminées. Non pas qu’elles se soient bien terminées, il faut tout de même le reconnaitre.

A peine arrivé en ville, le Roi a fait un discours sur la place du marché, expliquant que les sorcières avaient effectivement obtenu le droit de résider sur les terres de Samarkand, suite à leur aide précieuse pendant la guerre. Elles devaient toutefois respecter toutes les lois du pays, sous peine d’expulsion immédiate. Le ton de sa voix laissait clairement entendre qu’il escomptait à ce que ce dernier point précipite leur départ. On n’a pas eu à attendre longtemps pour découvrir qu’il avait raison.


Moins de deux jours après son retour à la capitale, une rumeur commençait à enfler en ville. La vieille Beldame aurait été capturée dans sa cabane et emmenée dans l’enclos des sorcières. Le prétexte était suffisant pour que le conseil se déplace, accompagné du procureur Tricornus. Ca commençait à sentir bon l’épuration théocratique dans les marais.

Je ne peux pas vraiment te dire ce qu’il s’est passé derrière la palissade, mais il y a eu des histoires comme quoi la vieille Beldame avait été choisie comme promise par le Troll Econduit, une créature qui misait sur la quantité plutôt que la qualité en matière de relation conjugale. Assez étonnement la vieille femme était réticente à cette union pourtant inespérée à son âge.


« C’est pas comme s’il était dans une secte non plus. »



De dépit le troll aurait alors déclaré sa flamme à Florbella, ce qui est assez audacieux pour quelqu’un de sa race. Son refus ferme et définitif fut celui de trop et il laissa parler sa mauvaise humeur. La riposte elle aussi ferme mit un terme définitif aux projets matrimoniaux du troll. Ainsi qu’à son existence.

A partir de là, la discussion s’aventura sur le domaine légal entre le procureur Tricornus et la Sorcière Noueuse, qui était la cheffe des cultistes. A savoir si elles étaient responsables des agissements du troll. Quand il apparu que la Sorcière Noueuse était une suivante de Nyrissa, son argumentaire fut balayé par le Roi, qui révoqua son édit et renvoya les sorcières moisir dans leur marais. Il semblerait qu’avait de partir la sorcière ait maudit le Roi, affirmant qu’il n’aurait jamais d’héritier, mais au final le Royaume était débarrassé des cultistes de Gironna.

Bon débarras.


La riposte de Nyrissa ne s’est pas fait attendre longtemps. A l’aube du second jour après le départ des sorcières, une gigantesque tour blanche se dressait sur l’horizon en face de River Haven. Tout autour se massait une gigantesque armée de statues représentant des créatures du Premier Monde. Et à son sommet était perché le plus colossal dragon noir ayant existé : Ithuliak, la Terreur du Nord.

Alors que les citoyens de River Haven étaient encore en train d’essayer de comprendre comme une telle structure avait bien pu apparaitre ici en une nuit, le champ de statue commença à se déformer, se craqueler, avant de se libérer de sa gangue de pierre et de revenir à la vie. La cacophonie de cette foule soudainement libérée fut brusquement recouverte par un grondement qui était encore assourdissant même à plusieurs kilomètres de là, le terrifiant cri de défi d’Ithuliak. Son écho à peine dissipé, l’armée hétéroclite se mettait en marche en direction de River Haven. D’abord au pas, puis à la course, avant de se transformer en charge syncopée, la multitude enragée se ruait à l’assaut de la capitale, bientôt survolée par l’ombre gigantesque du dragon. La bataille de River Haven venait de commencer.

Ici c’était la consternation. L’armée n’était pas encore revenue de Pitax et les seules troupes en ville étaient la garnison de la citadelle et les chevaliers de l’Ordre du Harfang. En tout moins de 200 hommes face à la masse grouillante du Premier Monde et au dragon. Notre seul avantage tenait dans la muraille entourant la ville, mais elle était de faible utilité face à une créature qui pouvait la survoler.

Selon les estimations les plus optimistes, l’armée du Premier Monde serait sur nous dans moins d’une heure. Le Roi n’a heureusement pas perdu de temps pour organiser la défense. Je n’ai pas assisté aux différents événements, mais les hommes qui s’arrêtent chez Lily aiment parler quant ils sont détendus et il m’a été possible d’en reconstituer le fil.

Il a tout d’abord fait convoquer Xiangdong Hao, l’émissaire du Kartel Sunderstone. Contre une somme exorbitante, le nain qui n’avait pas oublié le concept d’offre et de demande, pouvait mettre en batterie des balistes en moins d’une heure, pour pilonner l’armée ennemie avant qu’elle n’atteigne la ville. Les cris poussés par la mère du Roi quand elle a vu la facture de l’opération ont eux aussi été entendus sur tout le champ de bataille.

Pendant ce temps, Florbella faisait sortir l’ordre du Harfang par la porte du fleuve, histoire que la cavalerie puisse charger la horde ennemie une fois qu’elle serait coincée contre les remparts. La garnison était elle déployée en haut des murs avec tous les projectiles disponibles.

Après son entrevu avec l’émissaire Hao, le Roi est descendu dans les plus profondes oubliettes du château. Il a là-bas fait une proposition à Choral réincarné, qui pourrissait dans son cachot depuis son complot avec Maligorn. Le Roi lui laissa le choix, soit il nous aide contre l’armée qui est à nos portes et il est libre de s’en aller après la bataille, soit il reste dans sa cellule à attendre la mort que ne manquera pas de lui administrer Ithuliak après qu’elle ait pris la ville. Choral accepta la proposition et fut accompagné à l’air libre pour la première fois depuis des mois.

L’ambassadrice Mercedes chercha elle aussi tous les appuis disponibles et contacta la Cour des Fées. Un fois de plus Nocturno se fit prier pour accomplir son devoir de vassal.


« Il manquerait plus qu’il me propose d’épouser sa fille. »



Une âpre négociation fut nécessaire pour qu’il consente à envoyer des troupes à l’aide de son suzerain. Quand cette bataille sera finie, la Cour des Fées ne fera plus partie du Royaume de Samarkand mais sera une nation indépendante. Corax et le FAF avaient raison depuis le début, on ne peut pas faire confiance aux fées. Une fois le nouveau traité signé, la magie musicale de Mercedes parvint à faire venir l’armée de la Cour des Fées à la capitale. Elle était accompagnée de Nocturno qui s’était déplacé en personne avec ses deux ours-hiboux géants pour participer à la bataille.

Le prix des balistes était certainement prohibitif, mais il était justifié eut égard aux ravages qu’elles firent dans les rangs de la horde enragée. Leurs pertes étaient énormes, mais ils étaient si nombreux qu’elles se voyaient à peine. Tout allait cependant se jouer au moment ou la horde allait atteindre les murailles. Celles-ci étaient solides mais le souffle corrosif les avait déjà bien affaiblies. Pas assez cependant pour s’écrouler sous l’assaut ennemi, conformément à nos espoirs elle était enfin stoppée dans son élan.

Il en fallait toutefois plus pour la mettre en déroute, et l’armée des fées fut anéantie par la horde sauvage, bien aidée par les passages d’Ithuliak. Choral avait cependant lui aussi clairsemé les rangs de nos ennemis grâce à son souffle ardent, la bataille pouvait pencher de n’importe quel coté à présent. Mais pour que la victoire soit notre, le dragon noir devait être supprimé de l’équation. Le Roi et Nocturno étaient arrivés à la même conclusion et le deux monarque s’envolèrent en même temps pour affronter la bête, le Roi sur le plus grand des rocs de notre volière et Nocturno sur son ours-hibou.

La diversion fonctionna. Pendant qu’Ithuliak et les deux suzerains étaient engagés dans un combat tournoyant en altitude, l’ordre du Harfang et Choral purent mettre en déroute ce qui restait de l’armée du premier monde. Celle-ci retourna à son état de statue une fois terrassée, comme si elle ne s’était jamais animée. Il restait toutefois le plus terrible adversaire à éliminer.

Il fallu toute la puissance réunie des deux rois pour forcer le dragon à se poser, mais une fois au sol il était perdu. Il ne lutait pas cette fois contre un adversaire solitaire, mais contre toute la puissance militaire de Samarkand. Le combat sembla ne jamais s’arrêter tant la bête paraissait robuste, mais à la fin elle du elle aussi s’incliner devant nous. La Terreur du Nord voyait son règne prendre fin devant les murs toujours fièrement dressés de River Haven.


Nous avons gagné mais la garnison a été anéantie et l’ordre du Harfang n’est guerre dans un meilleur état. Et je ne parle pas de la centaine de morts parmi les citoyens causé par le souffle corrosif d’Ithuliak. Le discours du Roi à la fin de la bataille a mis du baume à l’âme de la population, mais jamais victoire ne m’a parue aussi amère. La capitale n’est pas tombée, mais je ne pense pas que le Royaume survive à un nouvel assaut.

Le conseil est arrivé je pense à la même conclusion, il est parti hier soir pour la forêt des Mille Soupirs. Il est temps de porter la guerre sur les terres de l’ennemi. L’avenir de ce pays se jouera dans les jours qui viennent.


Ton vieux complice

Stan


C'est tout pour cette fois, on s'approche gentiment de la fin de cette campagne.

Loon
Sic Transit Gloria Gaynor
Offline Dyvim  
#53 Envoyé le : jeudi 14 juin 2018 11:03:29(UTC)
Dyvim
Rang : Nouveau
Inscrit le : 28/05/2018(UTC)
Messages : 6
Je viens de tout lire et j'adore ta prose.

Au final, vous n'avez jamais terminé la campagne?
Offline Loon  
#54 Envoyé le : samedi 23 juin 2018 09:03:24(UTC)
Loon
Rang : Habitué
Inscrit le : 16/02/2012(UTC)
Messages : 57
Localisation : Suisse
On a fini la campagne, en fait il reste juste la dernière séance que je n'ai jamais postée. Il faudrait que je retrouve mes notes pour ça, c'est pas gagné mais je vais voir si je peux y arriver.
Sic Transit Gloria Gaynor
thanks 1 utilisateur a remercié Loon pour l'utilité de ce message.
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