17 Arodus 4718 - Pont du Peregrine

Sur le pont en effervescence du Peregrine, une demi-orque semblait ne pas trop savoir quoi faire. Elle restait planté au milieu, se poussant devant les marins occupés à charger le navire sous les ordres des officiers, esquivant les colons qui s’affairaient à retrouver leurs affaires au milieu du chargement.
Elle n'était pas une novice en matière de bateau, mais sur celui-ci, personne ne semblait faire attention à elle. Elle posa son paquetage près du grand-mât, et chercha du regard quelqu'un qui pourrait la renseigner. Elle pourrait peut être aider le chargement, ou à mettre les voiles en place, ou n'importe quelle autre activité.


« Ah, une de nos dernière recrue vient d'arriver, parfait! Et j'imagine que vous êtes Abaëlle Yoon-Shin. » Abaëlle se retourna et aperçu la personne qui lui avait adresser la parole.
C'était une femme au teint bronzé naturel. Sa tenue était clairement prévu pour des voyages en climat subtropical, mais l'air marin ne semblait pas la perturber. Elle transportait tout un équipement, allant de l'arc et carquois à la carte qu'elle tenait en main, en passant par la machette, un sac rempli, et diverses lames.
Elle rangea la carte et fit un signe à Abaëlle. « J'arrive tout de suite, nous avons à parler. Capitaine, je vais dans ma cabine. » La demi-orque entendit à peine le « Pas de soucis. » qui devait provenir de la dunette arrière.
La femme descendit les quelques marches qui permettait d'accéder au pont supérieur arrière et emmena Abaëlle vers sa cabine.


L'endroit était simple, et visiblement, la propriétaire des lieux n'avait pas encore ranger ses affaires. La femme posa armes et sac sur le hamac, avant de s'assoir sur un petit tabouret. « Bien, asseyez-vous je vous en prie, vous n'allez pas rester debout. »
Bien que petite, la cabine avait le luxe d’accueillir une petite table et de quoi s’assoir. « Bon, je dois dire que je vous attendez. Même si nous ne quitterons le port que dans deux heures, il manque plusieurs colons pour le moment, et je suis contente de voir que vous n'avez pas fait marche arrière.
En tant que chef de cette expédition, je me dois de connaître un minimum les gens avec qui je vais travailler et créer des liens. » Elle sorti un carnet de son sac et prit une plume et de l'encre. « J'ai déjà votre pedigree. Et je dois dire que je suis impressionner. Vous semblez à l'aise sur un navire, assez forte pour construire et réparer des infrastructures, vous savez vous débrouiller en cas de conflits. C'est pas mal.
Que pouvez-vous me dire d'autre? Je vous rassure, vous pouvez garder vos petits secrets, cela ne m’intéresse pas pour le moment; je veux du concret, afin de pouvoir répartir les colons sur les tâches où ils sont le plus capables. » La voix de la femme était ferme mais douce à la fois. Elle prenait son rôle de chef d'expédition très à cœur

La femme nota dans son carnet les informations qu'Abaëlle lui donna. « Intéressant. Une femme aux multiples talents, c'est si rare de nos jours. »
Elle rangea son matériel d'écriture, et scruta la demi-orque. « L'Académie Maritime propose de bonne formation d'après se que j'ai entendu dire. Je suis heureuse que nos employeurs n'ai pas embauché de bras cassés pour cette expédition. »

La femme soupira. « Mais j'en oublie toutes les convenances. Je suis Ramona Avandth, chef de cette expédition. »

Ramona se mit à parler pour elle même. « Des questions? Non. Ah si, peut être. » Et elle fixa à nouveau Anaëlle. « Avez-vous des choses que vous aimeriez savoir avant que nous ne prenions le large? Car ce n'est pas forcément à moi de poser toutes les question. J'imagine que vous en avez vous aussi. La compagnie peut être vague lors des recrutements. »

Ramona sourit à Abaëlle à son tour. « Ramona; nous allons passé du temps ensemble, alors pas besoin d'être théâtral. »

Elle ne put s'empêcher de rire. « Je ne suis pas vraiment votre leader Abaëlle. La compagnie m'a désignée comme chef de cette expédition, et futur gouverneur de la colonie. Même si cela me donne un statut plus ... élevé que le votre, sachez que je ne compte pas mettre de distance entre moi et les colons à cause de cela.

Mais pour répondre à vos questions, je suis la tête de cette expédition pour plusieurs raisons. J'ai déjà participé à plusieurs expéditions, notamment une dans les jungles du Mwangi. Et j'ai été formé pour ce poste. La compagnie m'a désigné chef pour cela.
Si j'en crois votre dossier et se que vous me dites, vous êtes loin d'être un simple colon. Même si suis puis vous donner des autres, ce n'est pas vraiment mon souhait. "Il ne faut jamais brider le talent." me disait un de les mentor. Donc je ne vous briderai pas. Ce projet nécessite un travail collectif et une grande confiance de groupe. J'approuve les initiatives, je les encourage même.
Si cela vous convient, considéré moi plus comme ... votre superviseur administratif. Certains colons ont été engagé pour leur profession, d'autres pour leurs talents naturelles, et d'autres pour leurs aptitudes de leader. Je suis de cette catégorie, et vous de la deuxième. Nos rôles sont différents, et votre rôle est différents des autres colons. »

Ramona sourit une fois de plus à Abaëlle. « Quand à ce que nous allons trouver, je n'en sais pas tellement plus que vous. La première vague de colons à plusieurs semaines d'avances sur nous, et ils avaient pour mission de préparer le terrain pour notre arrivée. Donc nous trouverons sans doute le début d'une colonie, et avec un peu de chance certains auront fait un peu de repérage et d'exploration. »

Ramona sourit encore une fois, de façon sereine et rassurante. « Vos précédents employeurs devaient être bien ingrats alors.
Mais avoir du talent et savoir l'utiliser sont deux choses différentes. Alors il ne tient qu'à vous de me montrer que vous savez l'utiliser. Mais je vous fait confiance.

Le voyage devrait durer six semaines environ. C'est long, même pour moi qui est l'habitude. Alors n'hésitez pas à trouver de quoi vous occuper. Discutez avec les colons, avec l'équipage, offrez leurs votre aide.
Et je pense que le capitaine serai ravi d'avoir une paire de bras en plus, surtout si vous connaissez la navigation et la vie à bord d'un navire. »

Ramona n'a rien à ajouter, donc si tu n'as pas d'autres questions, dis moi se que tu fais.

Modifié par un utilisateur samedi 6 octobre 2018 17:59:10(UTC)  | Raison: Non indiquée

Abaëlle n'eut aucun mal à différencier les colons des marins.

Les colons étaient nombreux, et Abaëlle put les diviser en trois groupes.
En premier, la masse d'ouvriers et de fermiers. Ils étaient tous impatients, et en même temps anxieux. La vie à bord d'un navire leur semblait étrangère et ils se poussaient souvent, gênant les matelots.
Ensuite, un petit groupe de soldats. Au nombres de six, ils discutaient entre eux, près du bastingage bâbord du navire. Ils semblaient plus à l'aise sur le navire et leur conversation concernait les roulements de garde et les possibilités de rencontre hostiles sur le trajet.
Enfin, un petit groupe qui discutait avec Ramona. Ils auraient pu passer pour des colons classiques, mais Abaëlle suspecta qu'ils étaient bien plus que cela au vu du comportement de Ramona à leur égard.

Il y avait a priori seize matelots et quatre officiers, sans compter le capitaine.
Tous les marins étaient habillé de la même façon. Une tenue classique pour la navigation en haute mer; un pantalon à carreaux bleu foncé et blanc et une chemise jaune pâle.
Elle remarqua également les officiers. Chacun possédait un accessoire afin qu'on les reconnaisse facilement, un foulard pourpre noué à la taille.
Le premier lieutenant devait être la demi-elfe, à l'air renfrogné. Elle semblait avoir laissé la gestion des marins aux autres officiers et parlait avec les colons à tour de rôle.
Le maître d'équipage était sans nul doute l'imposant demi-orque qui hurlait des ordres et encourageait les matelots. Abaëlle su rapidement que l'énerver n'était pas une bonne chose.
Le troisième officier, une halfeline qui semblait détenir les rôles de commissaire et de quartier-maître, courait dans tous les sens. Elle faisait l'inventaire du chargement tout en aidant le maître d'équipage.

« Que le Vent vous soit favorable dans votre vie et que les Vagues vous guident dans vos péripéties. »
La femme qui venait de parler se trouvait à quelques mètres de Abaëlle, et pourtant elle ne l'avait pas remarquer. Le foulard pourpre à sa taille l'identifiait comme un officier. Elle se rapprocha, et malgré le monde présent sur le pont, personne ne l'a bouscula, les gens l'esquivant et se poussant de son chemin.
« Je vous ai aperçu à votre arrivée, avant que Dame Ramona ne vous emporte dans sa cabine. Vous n'êtes pas un matelot de notre magnifique trois-mâts, mais vous semblez être bien plus qu'un simple colon. » Sa voix était douce et apaisante, et malgré son manque de charme et de beauté, la femme dégageait une aura puissante.

« Appelez moi Tyra, je suis la navigatrice de ce trois-mâts. » Elle sourit à Abaëlle, visiblement amusé. « Pas la peine de vous excuser, je sais que je passe inaperçu. »

La navigatrice regarda la mer, comme fasciné par l'ondulation de l'eau. « Vous êtes donc une habituée des vagues; mais parce que vos avez l'habitude de naviguer ou parce que notre Père Gozreh est dans votre cœur et votre âme? »

La navigatrice sourit à nouveau. « Nous n'avons pas tous la chance d'avoir été touché par Père Gozreh. Mais si vous voyez la beauté de l'océan, c'est qu'il est peut être plus proche de vous que vous ne le pensez. »

Tyra acquiesca. « Pour l'heure, je ne pense pas. Mais le voyage va durer longtemps, donc les personnes de bonnes volontés seront amenées à aider.
Je sais que le Capitaine et Dame Ramona vont faire un discours une fois le port quitté. Vous devriez parler avec les autres colons en attendant. »

Le femme tatouée se tourna vers Abaëlle, la dévisageant. « 'lut. Moi c'est Anya. » Si son physique pouvait laisser place au doute qu'en à ses origines, sa voix fixait les choses; c'était une shoanti.
« Chez moi ils le sont. Mais j'comprend que pour des étrangers ils semblent pas commun. » Elle sourit à Abaëlle, un sourire qui était à la fois doux et brutal. « On va bientôt quitter le port, on parle près du bord? »

Anya rit fortement à la remarque de Abaëlle. « Tous les shoantis ne sont pas pareil. J'peux pas dire que j'aime l'océan, mais y'me dérange pas.
La même chose que vous j'pense. Découvrir une nouvelle terre, fonder une communauté, et tout l'reste. Vivre en fait. Et vous? »

Anya sourit.« Si vous avez du temps un d'ces jours, j'vous raconterez l'histoire d'mon peuple si ça vous tente. »
Son regard parcourra rapidement le pont. Malgré sa stature martiale, elle semblait mal à l'aise. « Oui oui. J'voyage seule.
Et je vis de la chasse. J'suis un chasseur. C'pour ça que j'suis avec vous aussi; faut bien que quelqu'un s'occupe de nourrir toutes ces bouches une fois à la colonie.

Mais pourquoi vous fuyez l'Andoran? C'est un beau pays. »