Gravius balaya la foule du regard, perché sur le rebord de la fontaine. Il avait espéré pouvoir voir Shensen, mais de toute évidence, elle ne serait pas présente à cette manifestation non plus. Tant pis. Après tout, il ne serait tout de même pas venu pour rien! Il avait bien l'intention de profiter de l'occasion pour faire un maximum, et surtout, pour exprimer ses griefs contre le gouvernement des Thrunes! (Et la fermeture de l'Opéra!)

Le soleil était déjà haut, et la matinée avait atteint son milieu, mais la foule ne paraissait pas voir abandonner. En plus des centaines de manifestants, des vendeurs de rue, des satiristes, des artistes de rue, des saltimbanques, et des tire-laine et coupe jarret s'étaient dispersés parmi la foule, ajoutant à la pagaille.
Sur les marches de l'opéra, un contingent de garde s'était déployé pour former un cordon de sécurité. Ils portaient l'armure noire et rouge de la garde Dottari, le guet municipal, et n'avaient pas tiré leurs armes, mais demeuraient vigilant.
Juste devant les portes se tenait une femme à la chevelure sombre, en armure noire, portait une lance à la main. Nox, qu'on disait être la garde du corps personnelle de Barzillai Thrune, et qui toisait la foule d'un air méprisant.

Les manifestants étaient divisés en plus ou moins cinq groupes de taille diverses, qui se mélangeaient les uns aux autres. Il y avait les défenseurs de Kintargo qui protestaient contre l'influence chélaxienne, les démocrates qui demandaient une élection en bonne et due forme pour leur nouveau maire, les marchands et artisans qui protestaient contre les nouvelles taxes, les anarchistes qui tentaient de transformer la manifestation en émeute, et les supporters des Thrunes qui étaient en train de monter une contre-manifestation.

La foule n'était pas sur le point d'exploser, même si elle était clairement extrêmement mécontente et agitée. Gravius avait l'habitude d'observer un public, et il ne sentait pas la violence dans celui ci, malgré les exhortations des anarchistes, et l'agressivité des pro-Thrune.
Les rumeurs de la foule étaient incroyablement nombreuses, mais aussi complètement confuses, et le vacarme, le tonnerre des manifestants n'aidait pas à discerner une tendance dominante. Ce n'était clairemnet pas son jour pour apprendre ce qui se disait dans les rues de la ville!
Finalement, il profita d'un mouvement de foule pour essayer de faire les poches d'un des supporters des Thrunes. Mais la foule bougea de nouveau, et il reçut un coup de coude dans le dos au moment où il allait refermer ses doigts sur la bourse de cuir. Son geste fut faussé, mais lorsque le propriétaire de la bourse se retourna, l'air suspicieux, il parvint à se fondre dans la masse. Ce n'était pas passé loin..

Et en effet, malgré tout ses efforts, Gravius ne parvenait pas à trouver l'homme au gant blanc. A croire qu'il n'était pas arrivé, ou n'avait pas encore enfilé le gant...tout cela n'était pas logique...il y avait maintenant beaucoup plus de monde qu'en début de matinée, et largement assez pour pouvoir se dissimuler dans la foule.
Il attendait peut être quelque chose? Est ce que les Corbeaux d'Argent auraient pu décider d'agir en profitant de la manifestation?

En rôdant dans la foule, Dorian surpris des dizaines de conversations, mais une rumeur retint son attention...
« ...meurtres dans la Nurserie du Diable! Il paraît qu'il prend des trophées...je vous le dis, le Boucher est de retour! Juste ce dont on avait besoin... »
Dorian ne trouvait toujours pas son contact, mais ses efforts pour motiver les anarchistes n'étaient pas perdus... d'ailleurs, la manifestation dans son ensemble avait l'air d'être sur le point d'exploser.
A cet instant, les Cloches du beffroi d'Asmodéus retentirent, sonnant treize coups, comme à leur habitude, sans aucune raison. A cet instant, les portant vitrées menant sur le balcon de l'opéra s'ouvrirent en grand, laissant passer un homme au physique intimidant...


La suite ici!

Tandis qu'il s'affairait, le jeune homme repensa à cette rumeur qu'il avait entendu plus tôt, lors de la manifestation. Marcher l'aidait en général à réfléchir mais le couvre-feu lui interdisait de ressortir. Il prit donc son mal en patience et se contenta de soigner la blessure au mollet tout en y pensant.

Je crois avoir déjà entendu parlé du Boucher et de la Nurserie du Diable. Voyons, qu'était-ce déjà ? Si mon père était là, il s'en serait certainement souvenu.


test de connaissance folklore local pour savoir si j'en sais plus sur cette rumeur

Cette information perturbait Gravius. Cela ne semblait pas avoir de rapport direct avec les Corbeaux d'Argent mais cela avait peut être un lien avec les Thrunes et leurs paladins infernaux ? Après tout, tout le monde savait que les diables et les rites sataniques allaient de pair.

N'étant pas plus avancé pour autant, il rangea cette info dans un coin de son cerveau et il décida d'aller se coucher. La journée avait été chargée et qui sait ce que leur réserverait le lendemain ! Sa dernière pensée avant de s'endormir fut pour ses parents, toujours prisonniers des Thrunes.

Modifié par un utilisateur mardi 22 décembre 2015 21:52:32(UTC)  | Raison: Non indiquée

Et comme Gravius avait raison! La manifestation d'Arya était effectivement sur toutes les lèvres. Mais les réactions, en revanche, étaient extrêmement variables. Bien sûr, nombre de citoyens dénonçaient la violence de la répression, mais leur colère était tempérée par le fait qu'au final, la plupart des manifestants étaient en train d'être relachés, et ne passeraient sans doute pas beaucoup de temps en cellule.
Bien sûr, une poignée de passants et d'habitants s'insurgeaient malgré tout, défendant le droit des citoyens à se battre pour leur liberté, mais ceux qui le faisaient le faisaient discrètement, pour ne pas attirer trop d'attention sur eux. Et même eux avaient tendance à considérer la violence comme un dernier recours, désapprouvant le fait que la manifestation ait tourné à l'émeute.
Le soutien à une éventuelle rébellion était mince, mais pas par opposition à la libération de Kintargo. Il était clair que pour l'instant, la plupart des citoyens (du moins ceux qui avaient croisé le regard exercé de Gravius...il était un fin connaisseur de la nature humaine, après tout), avaient surtout l'impression que se résigner était le choix le plus sage, ne voyant personne capable de s'opposer à Barzillai et à la maison Thrune.
Malgré tout, certains parmi les plus indignés étaient sans doute capable de se soulever malgré tout, pour peu qu'on leur donne une cause à suivre. Oui, il y avait très certainement du potentiel à Kintargo...

Les retrouvailles avec ses parents furent joyeuses, et pour le moins détendues, malgré les quelques jours que ces derniers avaient passé en prison, les deux acteurs étaient trop à l'aise dans leurs rôles pour ne pas se remettre rapidement d'un séjour aussi court derrière les barreaux. D'autant que ce n'était certainement pas la première fois. Une fois autour de la table du dîner, ils entreprirent de raconter ce qui s'était passé ces derniers jours. Ses parents écoutèrent avec attention le récit des aventures de leur fils.
Une fois n'est pas coutume, son père prit un air grave, mais sa mère lui sourit, un sourire chaleureux.
« Je suis fière de toi, mon fils! Dommage que ça n'ait pas réussi, mais tu as fait ce qu'il fallait en essayant d'aider ces manifestants. »

Son père, en revanche, avait l'air un peu inquiet.
« Ne te laisse pas emporter, tout de même. Je sais que tu as de grands idéaux...ta mère et moi les partageons. Mais tu restes notre fils: ne va pas te faire tuer en te précipitant au devant du danger. Si tu veux vraiment aider cette ville, nous ferons notre possible pour t'aider. Ecoute simplement ce conseil: prends ton mal en patience. On arrive plus loin à force de prévoyance qu'en se jetant dans la fosse aux lions. Et encore, les Thrunes feraient pâlir des lions de jalousie... »

Flora Noxus échangea un regard avec son mari. Ce dernier haussa les épaules, l'air rien moins qu'enthousiaste. L'actrice le bouscula gentiment d'un coup de coude.
« Allez...Lucius, tu sais très bien qu'avec l'Opéra fermé, nos représentations sont réduites de moitié! Et tu l'as dit toi même: les Thrunes feraient pâlir des lions de jalousie. Tu veux vraiment laisser ces gens là gouverner notre ville? »


Lucius grommela.
« Desna me protège! J'ai deux têtes brûlées qui vivent sous mon toit! Bon, il faut bien que quelqu'un vous empêche de faire n'importe quoi! J'en suis. Mais ne comptez pas sur moi pour prendre Forteresse Kintargo d'assaut, torche au poing et flamberge au vent! »

Flora l'embrassa sur la joue en un geste d'affection.
« J'en étais sûre! Mais ton père n'a pas tort sur un point, Gravius. Ni lui ni moi ne sommes vraiment des combattants...en quoi est ce qu'on pourrait t'être utile? »

Modifié par un utilisateur mardi 19 janvier 2016 19:31:35(UTC)  | Raison: Non indiquée

Lucius se gratta le menton, passant les doigts dans sa barbe, l'air pensif.
« Hum...Pour l'instant, ton approche...votre approche me parait bien. Et honnêtement, il vaut sans doute mieux que nous n'en sachions pas trop. Ce que nous ignorons ne peut pas nous être arraché...ou, potentiellement, lu dans notre esprit. »


Flora leva les yeux au ciel devant les inquiétudes de son mari.
« C'est un bon argument. Il n'empêche, je crois qu'on ne risque pas grand chose si on se contente de laisser trainer un oeil et une oreille, et de répandre l'information: les Thrunes n'ont pas le pouvoir absolu, et certains parmi nous, les Corbeaux d'Argent, ont l'intention de défendre les habitants de cette ville. Cela dit, même si nous n'avons pas de question sur ce que vous faites exactement...est ce que vous avez déjà une idée de comment vous comptez vous y prendre? »

Une nouvelle fois, son père se lissa la barbe.
« Hum...Son point de vue a tout de même un point important: la garde ne fait que son travail. Il y en a qui profite du régime actuel pour couvrir leurs exactions, mais les gardes ont peut être des familles et des amis dans cette ville, et penser que les Thrunes oeuvrent pour le bien commun.  »
Il soupira.
« Ce que je veux dire, c'est que nos oppresseurs ne sont pas tous motivés par le pouvoir. Penses-y! Personne d'humain n'est motivé uniquement par le désir de faire le mal, sauf, peut être, quelqu'un de fou. Ca peut être important de comprendre leurs motivations, si tu souhaites les affronter. »


A la mention de Mangvhune, les yeux de Flora s'illuminèrent.
« Ah, le Boucher de la Colline du Temple! Il faut comprendre les gens, c'est le seul tueur en série célèbre de l'histoire de Kintargo. Et il est tout à fait possible que les troubles récents l'ait ramené d'entre les morts. Mais cela dit, c'est vrai que la Nurserie du Diable n'était pas son terrain de chasse, si l'on peut dire. Quoiqu'il en soit, enquêter sur ces meurtres est une excellente idée! Les tieflings n'ont aucune raison d'aimer les Thrunes. Venir à leur aide devrait vous permettre de vous faire des alliés parmi eux, tout en restant, pour l'instant, discrets. »