Gloria sourit à son fils, et le pris dans ses bras.
« Je comprends, tu sais! Mais malheureusement, aucun d'entre nous n'est un surhomme. Tu as fait tout ce que tu as pu, et personne ne peux t'en tenir rigueur. Surtout pas toi même. Si tu tiens à honorer la mémoire de ceux d'entre nous qui sont tombés, poursuis ce combat, et apprends de ce que tu perçois comme des erreurs. Milani elle même n'était pas infaillible. Elle n'aurait pas été exécutée dans le cas contraire. »

Gloria relâcha son étreinte, et son visage se durcit.
« De mon côté, tout cela m'aura appris une chose. Cette guerre n'est pas fini, et mon âge ne changera rien à l'affaire. Alors, si vous avez besoin de mes services, je ferai de mon mieux pour vous aider. Je n'ai peut être plus ma prime jeunesse, mais Milani m'accorde toujours ses dons. »

19 Sarénith - Toits-Rouges, les Fils du Diable
Caliban se hâtait en direction de Toits-Rouges. Les patrouilles n'étaient plus aussi intenses que la semaine précédente, mais il préférait ne pas se faire remarquer. Heureusement, grâce aux actions des Corbeaux à Toits-Rouges, il ne risquait pas grand chose à s'engager dans ses ruelles. Gloria avait finalement décidé de ne pas l'accompagner: l'évastion était trop récente, et elle ne voulait pas prendre le risque d'être repérée, aussi s'était elle résolue à le laisser y aller seule.

Les Fils du Diable était une sorte d'anomalie. Cette boutique de tailleur était située en bordure du quartier le plus pauvre de la ville, et pourtant vendait des articles d'excellente qualité, certains même ensorcelés, sans jamais être cambriolée. D'ailleurs, quand Caliban entra, l'endroit était certe vide de tout client, mais paraissait clairement prospère, à en juger par les vêtements remarquablement cousus, chamarrés ou plus discrets, pratiques ou élégants, clairement l'oeuvre d'un professionnel. La seule personne qui se trouvait là était la tieflinne anonyme qui lui avait remis le message quatre jours plus tôt.


Elle lui sourit, et bondit sur ses pieds, sa queue fourchue battant l'air derrière elle.
« Ah, maître Caliban! Heureuse de vous revoir. »
Elle jeta un coup d'oeil derrière lui.
« Vous n'avez pas été suivi? Parfait! »
Elle se retourna, et siffla trois notes en direction de l'arrière boutique.


Un autre tiefling apparu, à l'apparence inquiétante, mais souriant doucement. Il inclina la tête à l'adresse de Caliban.
« Bienvenu dans ma boutique. Je suis Hetamon Haace. Mais tu me connais sans doute mieux sous le nom de Rose de Kintargo, Caliban. J'ai suivi les réussites des Corbeaux d'Argent avec beaucoup d'intérêt, et j'aimerai bien avoir ton avis sur la situation de Kintargo. Et également, j'ai besoin de ton aide. De votre aide. »

Hetamon Haace écouta avec attention l'évaluation de Caliban.
« Je vois que nous sommes d'accord...sauf sur un point. Dans tous les cas, il faut renverser Barzillai: la Rose a toujours pour objectif de libérer Kintargo du joug des Thrunes, et l'arrivée de cet homme n'a fait qu'empirer la situation. Mais l'impression que j'ai en analysant les actions de notre gouverneur depuis son arrivée, c'est qu'il essaye délibérément de créer du mécontentement. »


La tieflinne leva les yeux au ciel.
« Ne me demandez pas ce qu'il veut dire par là, moi non plus je ne suis pas son raisonnement. »

Hetamon reprit.
« Ah, je n'ai pas dit que je comprenais non plus quel était l'objectif! Mais je doute qu'il soit capable d'être aussi maladroit volontairement...enfin bref. Malheureusement, je n'ai pas un compte exact de nos frères et soeurs encore en vie, mais je sais qu'ils sont plus nombreux que ne le pense les autorités. J'estime que nous sommes encore deux douzaines. Etant donné la loi martiale, ceci dit, nous restons discrets pour l'instant, mais en voyant agir les Corbeaux d'Argent, je pense qu'il est tant que nous recommençions...doucement. »

« En bref, ce que je propose, c'est que nous portions la responsabilité des actions les plus...discutables des Corbeaux d'Argent, afin que vous puissiez apparaître comme les défenseurs de la cité. Et lorsque le moment de renverser la tyrannie des Thrunes viendra, nous pourront nous joindre à vous. Mais d'ici là, je crains que nous ayons plutôt intérêt à rester discrets. »

« Ce qui m'amène à la raison pour laquelle nous avons besoin d'aide. Vous avez sans doute entendu parler des meurtres récents autour du Vieux Kintargo et de Toits-Rouges...? L'une des notres a été assassinée. J'ai...fais ce que j'ai pu, mais je n'ai pas grand chose, et j'ai besoin de ton aide...et de celle des Corbeaux d'Argent. Nous ne pouvons pas laisser un monstre comme celui-ci courir. »

Hetamon eut un sourire mi-figue mi-raisin.
« Merci! Hélas, je n'ai pas pu apprendre grand chose...mais j'ai pu récupérer le corps de soeur Myrletta. Je suis en mesure de la réanimer, suffisamment longtemps pour pouvoir lui poser quelques questions. Mais je préférerai que vos compagnons soient également là pour les entendre, parce que je ne pourrais le faire qu'une fois.

A propos des Osselets...rien qui me vienne en tête. Lina? »


La tieflinne, qui apparemment répondait au nom de Lina, réfléchit un instant.
« Hum...pas grand chose...le vieux Kintargo est un peu effervescent en ce moment, entre les meurtres, les Crânes Borgnes et cette affaire d'enlèvement. Je crois qu'il y a un duo d'othyugs qui ont élu domicile dans l'ancien sous-sol...du coup, je ne suis pas allé plus loin dans mes explorations. Mais l'entrée qui menait aux souterrains doit toujours être là, quelque part. »

Hetamo Haace réfléchit un instant.
« Hum...le plus tôt serait le mieux. Je peux préserver le corps, mais pas indéfiniment. D'ici deux jours? En espérant que vous ayez réussi à explorer les Osselets d'ici là. Les rumeurs racontaient qu'il y avait tout un complexe là dessous. Dans tous les cas, je vous souhaite bonne chance. »
Le tiefling posa la main sur l'épaule de Caliban avec un sourire d'encouragement.


Lina, de son côté, lui lança un sourire en coin, expression à laquelle elle était accoutumée.
« Si jamais tu as besoin de nous contacter, laisse un message à la taverne du Bec et Ongles. Setrona est une amie. Et puis...paraît il que la boulangère d'à côté a un faible pour toi, alors si on te pose la question, tu as toutes les raisons d'être là. »
Elle ponctua sa remarque d'un clin d'oeil.

23 Sarénith - Osselets de la Fortune, Hall de guilde
Caliban avait été laissé seul avec la prêtresse.

Qu'a cela ne tienne il poursuivit :

« Bon pour être bien clair avec toi; à moins que tu ne fasse une grossière erreur je ne compte pas te tuer.
Tu va être remise à mon chef pour être interrogée; qui sait si tu te montre assez coopérante il pourrais peut-être accepter de te relâcher ou tout du moins te garder en vie.

J'aurais pour ma part deux ou trois questions avant que nous ne remontions d'ici.

Toi et ton groupe avez pris possession de ce lieu depuis longtemps ?

Le diable que nous avons vaincu et qui gardais les enfants a-t-il été invoqué par vous ou avez vous eu de l'aide de quelqu'un pour cette tâche ?

Et finalement ; Voudrais-tu récupérer l'un ou l'autre effet personnel avant que je ne te ramène en haut ? »

Caliban attendit les réponses; scrutant bien les réactions de cette prêtresse. Il doutait qu’elle puisse s'échapper des menottes vu son état actuel mais il la surveillait pour être certain qu'elle ne tente pas de magie ne nécessitant que des commandes vocales.

Modifié par un modérateur lundi 10 juillet 2017 21:04:27(UTC)  | Raison: Non indiquée

Se frayer un chemin dans les rues de la ville ne fut pas une partie de plaisir. Après tout, sa prisonnière était tout sauf coopérative, et il du faire plus d'un détour pour réussir à atteindre Toits-Rouges. Heureusement, une fois dans le quartier pauvre, les gardes étaient plus rares et moins curieux. Mais cette petite excursion dura plusieurs heures, surtout considérant qu'il dû empêcher sa prisonnière de s'ouvrir les veines à quatre reprises. La changeline n'avait pas l'air de vouloir se libérer par la force, mais elle paraissait étrangement fixée sur le fait de se suicider. Une telle détermination était vraiment étrange, mais peut être ses croyances religieuses pouvaient elles expliquer cela...


Son arrivée ne fut également pas idéale pour Hetamon Haace, plus connu sous le nom de la Rose de Kintargo. Lina, la tieflinne qui lui servait d'assistante, fut la première à remarquer Caliban et son étrange companie.
« Caliban? Qu'est ce qui vous...? Qui est-ce? Qu'est ce que vous venez faire là? Que... »
Une fois que l'inquisiteur lui eut expliqué la situation, elle se mordit les lèvres, pensive, et inquiète.
« Ok, suivez moi. On va passer par derrière, et la cacher dans l'arrière boutique pour l'instant. Je vais prévenir Hetamon. »


Hetamon Haace les rejoignit quelques minutes plus tard, pas moins inquiet. Il écouta les explications de Caliban.
« Une cultiste infernale...? Certes, c'est un fléau pour cette ville, mais qu'est ce que vous voulez qu'on en fasse exactement? Ecoutez, je comprends que les circonstances n'étaient pas idéales, mais vous auriez pu mettre tout ce qui reste de la Rose en danger en venant ici. »
Il se passa une main sur le visage.
« Enfin, ce qui est fait est fait. Mais qu'attendez vous de moi, là dedans, exactement? »

Hetamon soupira, indécis.
« Oh, c'est sans conteste une bonne chose! Grâce à vous, les habitants du Vieux Kintargo pourront dormir tranquille, et ce n'est pas un mince exploit! Mais je dois admettre que j'ignore ce qu'elle peut bien nous dire. Surtout si vous avez démantelé le culte. Mais je suppose que nous pouvons au moins essayer de l'interroger, même si je dois admettre que la torture est un dernier recours que je me refuse à utiliser. Cela dit, Milani acceptera peut être de nous aider à découvrir la vérité. »

Il jeta un regard hostile à la changeline, qui répondit par la même passivité qu'elle avait affiché face à Caliban depuis leur départ.
« Enfin...dans tous les cas, ne vous en faites pas, nous allons nous en charger. Qui sait, peut être que nous aurons des nouvelles à vous apporter demain? »

Hetamon hocha la tête avec une expression compréhensive. Même Lina avait l'air de compatir.
« Je sais. Parfois, dans notre combat, nous avons l'impression que nous pourrions faire bien plus en adoptant des méthodes plus...brutales. Moins morales. Mais c'est aussi ce qui nous sépare de ceux que nous combattons. Ce n'est pas toujours facile. Tout le monde a des moments de doute, des moments où la colère prends le dessus, et les résultats ne sont jamais beau à voir. Mais c'est parce que nous nous efforçons de dépasser cela que nous savons que notre cause est juste. Dans tous les cas, ne vous torturez pas trop là dessus. Nul n'est parfait. »



Laissant les Fils du Diable derrière lui, Caliban profita des quelques heures qui lui restaient avant le couvre-feu pour se rendre au Bec et Ongles. Il était inquiet, et voulait prendre des nouvelles de Luculla avant d'en retourner à ses pénates. En l'occurence, la taverne était bien plus fréquentée qu'à l'habitude, peut être à cause de l'heure. Il n'eut cependant pas de mal à trouver Setrona, qui jouait à un jeu semblable à des fléchettes avec certains des habitués.

Elle profita d'un instant de calme pour venir vers lui.
« Ah! Caliban! Les autres sont passés plus tôt, avec Luculla. Je me demandais quand je vous verrai. Ca va aller? Si vous voulez la voir, elle est à l'étage. Elle a un peu repris connaissance, mais elle n'est pas très lucide. Je pense que je vais la laisser passer la nuit ici, je dormirai dans la salle commune. »



Luculla était toujours à l'étage, dans la chambre de Setrona. A présent qu'elle était allongée dans un vrai lit, sous les couvertures, elle avait l'air bien plus sereine que lorsqu'il l'avait vu pour la dernière fois. Elle ne sembla pas remarquer tout de suite sa présence, mais elle finit par lui demander d'une voix endormie.
« Ca...Caliban? C'est vous? Qu'est...qu'est ce qui s'est passé? Où suis je? »

Setrona haussa les épaules.
« Si vous voulez, mais je vais de toutes façons dormir ici. Je n'en ai pas forcément l'air, mais je sais me défendre si nécessaire. Ceci dit, il y a de la place, vous êtes le bienvenu si vous préférez être là en personne. »

Un de ses clients l'appela, l'invitant à une partie de dés. Elle glissa à Caliban avant de s'éclipser.
« Allez la voir! Je suis sûre qu'elle appréciera que vous vous souciez d'elle à ce point. »



Luculla parut d'abord désorientée, et n'avait pas l'air d'avoir tout à fait récupéré, mais elle écarquilla les yeux et se tut, laissant Caliban lui relater ce qui s'était déroulé sous les Osselets de la Fortune. Lorsqu'il eut terminé son récit, elle tremblait comme une feuille, secouée.
« Je...je ne me rappelle plus de grand chose...je...je me souviens avoir fermé la boutique, après la nuit, mais ensuite, un filet m'est tombé dessus, et ensuite j'ai perdu connaissance. Et puis, je me suis réveillée ici. Mais... »
Elle se tourna vers lui, son unique oeil visible le fixant dans les yeux. Elle avait l'air terrifiée.
« J'ai vu...des choses...je me souviens de vapeur violette. D'un masque vert, comme de la jade. Je me souviens des murmures et d'un bruit de plume, comme les ailes d'un oiseau. Et aussi du corbeau blanc qui me fixait de ses yeux vides. Mais tu m'as dit que j'avais été droguée, pas vrai? Tu penses que ça peut venir de là? »