Les pavés de l'Avenue d'argent et les feuillages du parc d'Arya étaient encore humides de la pluie matinale, mais déjà, des douzaines de Kintargan s'étaient rassemblés autour de la fontaine et devant le parvis de l'opéra, pour protester contre le nouveau maire de la ville, le Paracomte Barzillai Thrune.
Le nouveau leader de la ville avait pourtant été nommé par son Infernale Majestrix, l'Impératrice Abrogail II, après la disparition de l'ancienne maire Jilia Bailinus, un évènement qui déchaine toujours les passions des citoyens et fait courir les rumeurs les plus folles.
En sept jours, le Paracomte a institué la loi martiale, un couvre feu, et sept proclamations excentriques. Tout cela a attiré bon nombre des citoyens mécontents de Kintargo sur la place d'Arya en ce matin couvert. Pour l'instant, il n'y a aucun signe de Barzilla Thrune lui même, et les portes de l'Opéra demeurent fermement verrouillées...comme chaque jour depuis qu'il s'y est installé. Mais à en juger par la rumeur grandissante et les cris de protestation, il ne va pas pouvoir ignorer la rue beaucoup plus longtemps.

Modifié par un modérateur lundi 14 décembre 2015 17:12:11(UTC)  | Raison: Non indiquée

En trente ans d'existence, Escad n'avait jamais vu pareille foule rassemblée en un seul endroit. C'était tout bonnement impressionnant. L'homme se demandait un peu ce qu'il fabriquait ici : il ne se sentait pas vraiment concerné par la manifestation. Oh, il voulait le bien de Kintargo et de ses habitants, pour sûr; mais il aurait été bien incapable de prendre parti pour l'un ou l'autre des groupes de manifestants.

Dès que j'aurai retrouvé Sepherene, nous nous en irons au plus vite. Hélas, cela relevait pour l'instant du domaine de l'hypothétique... Si la jeune elfe aquatique ne passait généralement pas inaperçue, ici, il y avait bien trop de monde.

« Oh...désolé, » déclara l'homme de sa voix grave alors qu'il venait de percuter un manifestant. Il jouait des épaules pour se frayer un chemin à travers la foule, sans même savoir où il allait. Sepherene pouvait être n'importe où, de toute façon. Il ne prêta nullement attention à ce qui se disait : il n'en avait que faire, et il était bien trop concentré sur sa tâche pour cela.

En revanche, il restait attentif à tout mouvement de foule naissant : une vieille habitude de l'époque où il faisait partie du Guet, peut-être. Et puis, il voulait éviter de se retrouver au beau milieu d'une émeute si les choses dégénéraient.

Au loin, Escad put apercevoir certains membres du Guet Dottari, ses anciens collègues. Mieux vaut éviter de me faire remarquer. Il se rendit bien vite compte que ses déplacements erratiques ne menaient à rien. Et malgré sa taille, il avait bien du mal à avoir une vue d'ensemble du parc d'Arya.

Son regard se porta sur la fontaine. « J'aurais dû commencer par là » murmura-t-il pour lui-même. Escad se dirigea vers la fontaine, jouant des mains et des épaules pour écarter les badauds. Il entreprit de l'escalader, afin d'avoir une meilleure vue.

Modifié par un utilisateur mercredi 25 novembre 2015 10:27:35(UTC)  | Raison: Non indiquée

Escad resta là pendant de longues minutes, le temps d'observer la foule et de chercher Sepherene. Mais c'était peine perdue. Il ne parvenait à rien, bien qu'il se trouvât à un emplacement stratégique. Au moins, il avait pu se rendre compte de l'ampleur de la manifestation. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin...au moins, il n'y a pas encore eu de signes de violence.

L'ex-garde connaissait bien Sepherene, mais il ne savait pas précisément à quel groupe rebelle elle appartenait. Quand Escad avait refusé son invitation, elle n'avait plus abordé le sujet, sans doute pour préserver son ami.

Descendre de son perchoir pour demander aux gens s'ils n'avaient pas vu une voluptueuse elfe aquatique ne mènerait à rien, le videur le savait. D'autant qu'elle a probablement dû prendre ses précautions... Il décida de rester là, sur la fontaine. C'était un emplacement stratégique, d'où il pouvait observer la manifestation sans y participer (ce dont il n'avait aucune envie).

Il continua d'observer la foule, cherchant Sepherene -bien sûr- mais aussi d'autres personnes qu'il était susceptible de connaître, peut-être Giveni Henge ? Ou peut-être quelque noble de sa connaissance parmi les supporters des Thrune ?

Modifié par un utilisateur vendredi 27 novembre 2015 11:15:15(UTC)  | Raison: Non indiquée

Le Diable à Trois Pattes était bien loin de son animation habituelle ce soir là. Il y avait bien quelques habitués, mais ni les clients ni les filles n'étaient aussi enjoués qu'à l'accoutumé, même si ils, et surtout elles, saluèrent Escad à son arrivé. Le maître des lieux, Giveni Henge, vint à sa rencontre, l'air inquiet.
« Ah! Escad! Je me demandais si j'allais te revoir. Tout le quartier a été en efferverscence aujourd'hui, et avec l'Opéra à deux pas, quatre patrouilles sont passées! Il va encore falloir que j'augmente ce que je paye aux Dottari, sinon je vais finir par avoir des problèmes. Et en plus, c'est mauvais pour les affaires, tout ça! »
Il soupira profondément.
« Heureux que tu t'en sois tiré, en tout cas! Certaines des filles et un des videurs manquent à l'appel...J'imagine que tu ne sais pas ce que Sepherene est devenue? Elle a de la ressource, mais je m'inquiète. Je me demande si je ne vais pas faire jouer mes contacts à la garde pour savoir si ils ne l'ont pas arrêté... »
Il remarqua soudain la blessure d'Escad.
« Blessé? Bon, je ne veux pas en savoir plus, mais ne laisse pas trainer ça, ça risque de s'infecter. Prends ta soirée, de toutes façons, il n'y a pas assez de monde pour qu'il y ait besoin de tout le personnel. Demande à Velane de s'occuper de ça, ses réguliers ne sont pas là, et les autres pourront bien attendre cinq minutes. »
Velane était une des filles de l'établissement, et possédait quelques pouvoirs magiques bien pratique, qu'elle disait tenir de Calistria...à voix basse, car le culte de la Sublime Piqûre était illégal au Chéliax. Elle n'eut pas de mal à refermer la blessure, mais lui conseilla de se montrer prudent. Encore quelques cicatrices et il finirait par ne plus avoir de peau neuve...

Modifié par un utilisateur samedi 19 décembre 2015 01:19:48(UTC)  | Raison: Non indiquée

Vélane examinait sa blessure tout en répondant à ses questions.
« Oh, être un homme ne fait rien à l'affaire! Il y a des femmes que la violence ne répugne pas, crois moi sur parole...Là où tu n'as pas tort, c'est que je vais effectivement te faire la morale! »
Elle lui assena une légère claque à l'arrière du crâne.
« Qu'est ce que tu as bien pu faire pour te retrouver dans un état pareil? On dirait que tu as été attaqué par un ours! Ne bouge pas... »
Elle posa une main sur la blessure récitant ce qui ressemblait à une comptine en Varisien. La plaie se referma lentement, ne laissant qu'une cicatrice encore enflammée.
« Ne va pas faire n'importe quoi, maintenant, sinon, ça va se rouvrir! Et oui, ça va. Mes soeurs se sont tenues à l'écart de la manif' et d'après ce que j'ai compris, elles ont bien fait. Mais avec ces nouveaux édits, je ne sais pas si leur commerce tiendra le coup...Interdiction de porter des vêtements brodés, non mais tu te rends compte! Simza parle déjà de rejoindre un des gangs de la Vieille Ville...J'espère que les autres vont réussir à l'en dissuader, moi, je ne suis pas vraiment un example. »
Elle se mordit la lèvre.
« Je crains ce qui a pu arriver aux autres, mais si elles se sont faites ramasser par la garde, elles ont sans doute réussi à s'en tirer. C'est la situation de la ville qui ne me plaît pas. J'étais à Korvosa quand la reine a essayé de mener une révolution, et a lâché ses Filles Grises sur la ville. Et ça ressemblait à ça avant que tout ne dérape. »

Vélane étouffa un éclat de rire, passant une main dans les cheveux d'Escad.
« Tu t'inquiètes, pas vrai?  »
Elle soupira, dégageant une mèche rousse qui tombait devant son visage.
« Je n'en sais rien, et je doute que des gens comme nous puissent faire quoi que ce soit, mais si je le pouvais, je débarasserais cette ville des Thrune. Sans l'Empire, je ne ferais peut être pas ce métier, et mes soeurs ne se battraient peut être pas autant pour simplement survivre. Je n'ai rien à faire de la politique, mais ce...Barzillai va trop loin. Même ici, nous n'avons plus de clients! Ils vont finir par étrangler la ville à petit feu. Mais d'un autre côté...une rébellion ouverte est impossible, les Thrunes sont trop puissants. Et cela ferait temps de victimes.  »
Un éclair de détermination passa dans son regard.
« Je ne sais pas me battre, mais si je le pouvais, j'essaierais quand même de faire quelque chose. Je refuserais de me laisser étrangler sans rien faire. »

6 Desnus 4716 - 8 Desnus 4716

Son travail au Diable à Trois pattes était une pause bienvenue après l'excitation de ces derniers jours, mais malgré tout Escad n'était pas pour autant libre des inquiétudes qui le secouaient depuis la manifestation. Il avait encore fallu une bonne journée avant que les choses se calment, et que les affaires reviennent plus ou moins à la normale à la maison de danse, mais Henge ne cessait de pester contre toutes ces querelles politiques qui nuisaient à son commerce. Une bonne partie des habitués, qu'ils soient venus pour boire un verre, danser, écouter de la musique, ou passer un moment en compagnie d'une des pensionnaires, étaient d'accord avec lui.
Les filles aussi, dans leur majorité, voyaient d'un oeil inquiets les mesures répressives prises par le gouvernement. Même à Egorian, la capitale, la prostitution était tolérée, mais malgré tout, elles étaient souvent les premières victimes de l'instabilité.

Sepherene, et une autre des filles n'avaient toujours pas refait surface, mais on commençait tout juste à relâcher les manifestants qui n'avaient pas participé à l'émeute, donc il était encore possible qu'elle revienne dans les prochains jours. En attendant, essayant de tromper l'anxiété, Escad s'employa à faire discrètement passer le mot: il y avait une nouvelle force en ville, et les Thrunes allaient devoir compter avec les Corbeaux d'Argent.
Ses prudentes tentatives suscitèrent de l'intérêt, malgré tout. Vélane, en particulier, se montra attentive à ce qu'il avait entendu, lui posant plus de question. Peut être serait elle la première à se joindre à leur cause?
Mais même si influencer les rumeurs n'était pas très difficile dans un tel cadre, il demeura prudent, essayant surtout de se tenir au courant de ce qui se passait en ville...

Kitana hocha la tête, un peu timidement. Ses traits délicats étaient assez différents de la beauté dynamique et un peu farouche des femmes du Chéliax. Elle semblait faite de porcelaine, mais elle avait, malgré sa fragilité apparente, une grâce enchanteresse.
« Hai. Je...m'habitue. Votre langue n'est...pas facile. »
Elle poursuivit, buttant un peu sur les mots.
« Ironique...c'est le bon mot, ne? J'ai quitté Minkai pour fuir la guerre civile, et voilà que je tombe dans une autre! Je crois Vélane ne travaille pas aujourd'hui. Elle a dit...un problème avec sa soeur? »



Albert, de son côté, roula des yeux à la question d'Escad.
« Si tu savais! Ca s'est un peu calmé, maintenant, mais hier, il y avait un vrai rush! Après, le couvre feu ralenti les affaires quand même, même si on a ceux qui bravent les patrouilles pour venir...Je crains que ça ne finisse par tirer sur les finances, cette histoire. Espérons que ça se calme rapidement. »

Kitana réfléchit un instant, incertaine.
« Je suis pas sûre...je crois elles vivent dans le Vieux Port? Mais je ne sais pas ou exactement. »
Elle inclina la tête en signe d'excuse.
« Gomen-ne. Et merci de ta...bienveillance? Merci d'accepter de m'aider. Je me souviendrais. »


Albert haussa les épaules.
« Non, ça ira! Je pense que ça va se calmer, et puis, on se débrouille, ce n'est pas comme si on était envahis non plus. Et je crois que le cuistôt à du héron aux poires flambé au brandy, aujourd'hui! »

Malgré ses efforts, retrouver la soeur de Vélane s'avérait plus difficile que prévu. Le Vieux Port n'était pas un quartier exactement connu pour son ordre, son calme et sa netteté, et dans le chaos des marchés de rue, des rares dockers qui travaillaient sur les courts quais incrustés de sel et de lichen du port quasi désertés par les navires, des pêcheurs et artisans de tout poils, les varisiens étaient finalement assez nombreux. Rien d'étonnant à cela, ils formaient la deuxième ethnie humaine du Chéliax, après tout.


Mais, après trois heures de recherches, ses efforts finirent par porter leurs fruits. On lui indiqua un tailleur/tisserand qui portait le nom "Les Septs Voiles", tenue par un quatuor de soeurs varisiennes. La boutique ne payait pas de mine, et à l'intérieur, il se rendit vite compte qu'elles ne devaient pas crouler sous les clients...C'est à ce moment là qu'une Varisienne enthousiaste, portant les voiles et foulards colorés si courant parmi son peuple, vint à sa rencontre avec enthousiasme.
« Bienvenu aux Sept Voiles, officier! Comment puis je vous aider? Vous chercher quelqu'un capable de réparer un uniforme, peut être? Ou bien quelque chose que vous pourriez offrir à votre belle? Demandez, et nous pourrons vous le fournir! Je suis Emyralda, à votre service. »