Le fermier accepta l'échange sans même chercher à marchander. Il prépara les divers ingrédients qu'Abbaër avait cités dans des petits cageots de bois puis se recula et observa le défilé des Shoantis qui venaient prendre la marchandise pour l'emmener vers le chariot avec une certaine méfiance qu'il tenta, sans succès, de cacher.

« Si vous devez voyager loin, peut-être vaut-il mieux emporter avec vous une vache vivante ? En plus, ça vous fera du lait frais tous les matins. Enfin, c'est vous qui voyez... J'en ai une ici qui n'est plus toute jeune, mais qui produit bien. Je ne promets pas qu'elle tiendra encore plusieurs hivers mais… elle est à vous pour 25 pièces d'or. »

Après avoir tapé dans la main du fermier pour conclure leur accord, effectuer le paiement et lancer le défilé de chargement, Abbaër se voyait réfléchir à l'offre de la vache laitière. Il ne se voyait pas s'installer longuement à un endroit loin de tout nécessitant un apport laitier journalier, mais ce n'était peut-être pas le cas pour les Shoantis qui pourraient voir cette offre d'un bon oeil.

« Je vais en parler à mes compagnons. Nous ne nous étions pas arrêté pour cela, mais l'offre mérite d'être envisagée. »

Abbaër rejoignit ses compagnons, mais cherchait spécialement Kar'Uz, qui s'était installé comme porte-parole de son peuple, afin de lui faire part de l'offre du fermier.

« Et sinon, vous avez autre chose à lui demander ? »

Abbaër emporta l'argent tendu par Kar'Uz pour acheter la vache, ainsi que les 3 pièces d'or qu'il destinait à la négociation et qu'ils étaient prêts à dépenser pour toutes leurs victuailles afin de prendre quelques poules de plus.

L'accord ne prit pas longtemps et c'est avec une petite ménagerie que la troupe hétéroclite se remit en route. Au moins ils auront de quoi se nourrir sans crainte pour quelques jours.

Des Shoantis qui commerçaient, cela faisait plaisir à voir! Le monde n'était peut être finalement pas perdu??
Théobald avait suivi cette négociation d'un œil plus que curieux. Mais finalement tout c'était bien passé et rapidement ils pourraient se remettre en marche.
L'inquisiteur reprit la marche où Peau de Pierre lui avait conseillé, tout en restant le plus avisé et le plus observateur possible. Il savait que ce genre de transit pouvait être très lassant, mais c'était aussi par ces moments que l'on risquait le plus de ce faire surprendre.

Le chamane avait écouté chacun avec attention et intérêt. Tous avaient quitté la dure vie des nomades shoantis dans les Plaines Cendrées pour chercher une vie meilleure aux crochets de la civilisation. Même si le choix de Korvosa lui parut plutôt malvenu étant donné le lourd passif entre les korvosiens-cheliaxiens et les shoantis, c'était sans doute avec une promesse de vie meilleure qu'ils n'avaient pas rencontrée. Les grandes villes de cette dimension ne faisaient pas légion en Varisie et elles étaient plutôt beaucoup plus éloignées. Le choix de Korvosa devenait évident pour une question d'urgence et de proximité, mais au dépend de leur identité et leur dignité. Il était certain que ces personnes ne reprendraient pas la vie nomade des Terres Cendrées, sauf peut-être pour suivre un guide spirituel. Dans ses questionnements il essaya de leur demander quelles étaient leurs attentes dans ce voyage. Kar'Uz essaierait de leur trouver du travail du côté de Harse ou pourquoi pas Janderhoff, si vivre aux crochets des villes et villages étaient leurs attentes. Mais le plus loin possible de Korvosa. Il demanda aux nains, le marchand et Abbaër, leur avis. Est-ce qu'à Janderhoff, les nains acceptaient les shoantis et acceptaient de les faire travailler dignement ? C'était peut-être une solution. Enfin il avertit chacun que son voyage à lui était une longue quête qui le mènerait au devant de grands dangers mais qui pour ceux qui accepteraient de le suivre leur permettrait de retrouver la fierté et la dignité qu'ils avaient perdus à Korvosa. Il ne vendait pas du rêve, mais au moins ceux-là ne finiraient pas comme des brigands...

Le soir venu, il fallait organiser des tours de garde, confiant la tâche à Peau de Pierre et Koïbu afin de sélectionner les personnes les plus aptes à tenir ce rôle. Il ne s'excluait pas des candidats à tenir le rôle de sentinelle durant la nuit. Puis il fit le tour du campement qui s'installait, aidant qui avait besoin dans les diverses tâches nécessaires à établir le campement pour la nuit. La vie nomade allait s'organiser petit à petit et il chercha parmi les personnes qui se proposaient à la popote, une personne qui semblait plus à l'aise dans ce domaine afin de lui confier la tâche de gérer le stock de nourriture. Ils n'avaient fait qu'un tiers du chemin pour gagner Harse et il leur fallait répartir les vivres pour tenir ce trajet. Bref Kar'Uz se démenait afin qu'on ne se préoccupe pas de la présence de personnes d'importance comme un maître d'arme et un sénéchal blessés qui avaient besoin de repos et qu'on les oublie un peu.

Comme il l'avait soupçonné le voyage s'avérait très monotone. Certain cherchait à en savoir plus sur la communauté qui avait agrandi leur groupe de voyageur et certain s'occupait de diriger et de protéger ce groupe. Mais Théobald ne s'en mêla pas et chercha une tâche qui ne le mêla pas au Schoantis.

Il s'occupa plus de la récupération du sénéchal et du confort qui lui permettrait de reprendre au plus vite des forces. Il hésita un moment à réengager la conversation, mais par rapport à la discrétion qu'ils devaient mener, se ravisa.

Puis se prépara à participer à l'un des tour de garde.

Les uns et les autres s'étaient affairés à la préparation du campement et/ou à la protection de celui-ci. En fin de compte, avec une troupe aussi nombreuse et volontaire, le tout ne prit pas tant de temps que cela. Au bout d'une bonne demi-heure, tous étaient plus ou moins installés confortablement et prêts à passer une soirée relativement reposante car, au bas mot, il restait encore au moins deux journées de voyage avant d'aboutir à Harse.

Alors que la soirée tombait et que le repas mijotait sur le feu, les uns et les autres se retrouvèrent pas petits groupes autour des quatre feux de camp préparés pour accommoder tous les visiteurs. Si le groupe fonctionnait plutôt bien ensemble, sans aucun doute grâce aux efforts de Kar'Uz et de Peau-de-Pierre, les Shoantis d'une part et les voyageurs korvosiens d'autre part, restaient plus ou moins à l'écart, formant des groupes quasi hermétiques.

C'est ainsi que, tout naturellement, Vencarlo, le Sénéchal et les aventuriers s'étaient regroupés autour d'un des feux de camp, profitant de la relative douceur de la soirée et du spectacle qu'offrait le ciel étoilé maintenant qu'ils étaient loin de la ville et de ses lueurs et hors d'une forêt qui pourrait bloquer la vue. Et, ce soir-là, les étoiles et le ciel s'étaient apparemment donné le mot pour concocter un spectacle haut en couleurs.

Kar'Uz n'avait pas rejoint le groupe immédiatement et avait préféré continuer à parler avec les Shoantis dont il se sentait sans doute responsable afin de mieux connaître leurs espoirs et leurs désirs. Lorsqu'il évoqua l'idée d'établir une communauté, peut-être près de Harse, sous la forme d'une exploitation agricole ou autre, celle-ci conquit plusieurs des Shoantis. Le projet les séduisait tant par plusieurs de ses facettes : ils appréciaient l'idée de mener une existence auto-suffisante et de créer eux-mêmes ce qu'ils auraient besoin pour survivre, et ils se réjouissaient également à l'idée de pouvoir être leurs propres maîtres, de ne plus occuper un poste de subalterne ni de devoir répondre aux ordres d'employeurs parfois ingrats. Il restait à voir si cela était possible et comment cette idée serait accueillie par la communauté de Harse…

Quand, finalement, Kar'Uz vint rejoindre le groupe, le repas était prêt. Abbaër se porta volontaire pour servir tout le petit monde rassemblé autour du feu. Peut-être éreintés par le trajet, préoccupés par leur futur, occupés à réfléchir aux précédentes discussions ou tout simplement fascinés par le spectacle céleste, ils passèrent une bonne partie de la soirée en silence ou à discuter de sujets plutôt banaux.



Théobald leva les yeux et scruta les étoiles du regard. Ce n'était pas la première fois qu'il avait l'occasion de voyager au sein des plaines, ni qu'il se dirigeait vers l'élévation du Storval. À ce sujet, ils n'avaient pas encore déterminé comment ils allaient pouvoir franchir l'élévation... à défaut de magie ou de faire un énorme détour... ou peut-être de connaître un passage secret, le seul endroit où il était possible de rejoindre le sommet de l'Élévation (et donc les Plaines cendrées) était en passant par Kaer Maga… une ville à la piètre réputa…

Théobald fronça les sourcils et ramena son attention sur les étoiles qu'il observait. L'une d'entre elles semblait beaucoup plus floue que les autres. Il se leva pour l'observer mieux... et se rendit compte que ce n'était pas l'étoile qui était particulièrement floue, si sa vision qui se détériorait, mais qu'il y avait comme une sorte d'objet quasiment invisible qui flottait dans les airs, à peu près un mètre au-dessus de l'endroit où ils étaient rassemblés. L'inquisiteur n'était pas certain de pouvoir identifier le type de magie en présence... mais la première idée qui lui vint en tête fut qu'il s'agissait d'un capteur sensoriel lié à un sort de divination… On les espionnait !

Modifié par un utilisateur mercredi 10 août 2016 20:50:04(UTC)  | Raison: Non indiquée

L'inquisiteur adorait ces moments, même s'il était un pur Korvosien habitué à la cité et aux murs d'une grande ville, c'était toujours avec un grand plaisirs qu'il profitait d'une vue sur le ciel étoilé sans aucune lumière venant faire interférence sur son champs de vision.
Et c'est justement peut être cette habitude de regarder la voie lactée qui lui permit de voir ce flou dans le ciel.
Sur le coup il eu envie de prévenir tout le monde, mais il se raisonna. Puis alla tranquillement voir le prêtre. Il se rapprocha de lui et tout doucement il lui dit.
« Sans faire de mouvement brusque, sans hurler ta surprise! Regarde discrètement au dessus de nous lorsque je me serais écarté, en direction des étoiles Regulus et Acrux, une zone de flou, comme si un sort planait au dessus de nous!! On est surement entrain de nous espionner!
Ça te parles comme sort, tu sais que faire pour le contrer?? »

L'inquisiteur avait pris soin de ne pas parler en direction de la zone qu'il avait vu, de manière à si on le voyait, on ne puisse pas lire sur ses lèvres.
Dans la foulé, il alla voir Kar'Uz et lui raconta exactement la même chose et dans les mêmes conditions.

Arlaneth fut tout surpris par l'annonce de Théobald. Ils étaient observés. Cela n'avait rien d'étonnant en soit compte tenu des personnes qui étaient avec eux. Ce qui l'inquiétait plus était la manière dont cela se produisait. Il regarda le plus simplement et le plus naturellement du monde en direction du fameux endroit indiqué par l'inquisiteur. Contrer un sortilège était assez compliqué. Sa première idée fut d'abord de savoir à quoi ils devaient faire face. Il fallait savoir s'il était possible de briser la magie en route.

je lance aussi détection de la magie et dissipation de la magie si c'est possible.