Sortir de la cave, avait été comme une délivrance pour Gabriel. Jamais il n'aurait cru que la vue d'une personne puisse lui peser à ce point. Pourtant il devait reconnaître que Bhrasta par sa seule présence plongeait le paladin dans de sombre pensées par sa seule présence.

Rendre l'équipement de cette dernière au tribunal et déposer son témoignage achevèrent de mettre le jeune homme de meilleure humeur. Et c'est dons avec le sourire qu'il accompagna Ethus jusqu'au moulin des trois sœurs. Il accepta même de bonne grâce de donner quelques caresse au chien couvert de croûtes qui venait vers lui.

« Au fait Ethus, que voulez vous demander a ces trois sœurs ? »

La vieille femme s'arrêta net de couper du bois et écouta le monologue d'Ethus. Il eut le net sentiment que sa présentation avait été maladroite, peut-être trop brusque ou peut-être avait-il mal masqué son réel rôle dans le procès. Il lui sembla que les même propos prononcés par une autre personne auraient probablement suscité une réaction d'hostilité. Heureusement, les deux confrères avaient le sceau de la respectabilité pour eux.

« Bonjour... Oui, nous sommes témoins et vos questions sont nombreuses et précises, laissez-moi appeler mes sœurs. STARLE, FLITCH, VENEZ PAR ICI ! Suivez moi, mon père, laissez mes vieux os se reposer sur le banc que l'on voit là-bas. »



Garrow se dirigea vers un banc noirci par le temps dans un coin de la cour. Les deux sœurs arrivèrent peu de temps après, la vieille ne prononça pas un mot et ne s'adressa qu'à ses sœurs lorsqu'elles arrivèrent :

« Ces messires voudraient avoir quelques précisions sur la mort des enfants d'Herstag, ils enquêtent à ce qu'ils disent. Vous vous souvenez du nom de toutes les victimes ? D'où elles habitaient ?  »



« Laisse-moi réfléchir... il y avait Alleen. »







« Il y avait Gaard. »







« Oui, ses parents étaient au Nord-Est du village. Même des bon-à-rien comme eux ne méritaient pas ça. »







« Ils ont disparu le même jour, je crois, non ? Marteen était un bon p'tit gars ! Rachel aurait mérité de bouger un peu, c'est pas parce que c'était le fils du maire que... »







« Je crois qu'ensuite, c'était Ellsa et Karine. Les disparitions commençaient à s'accumuler, on était terrifiés. »







« On a retrouvé les corps que d'Ellsa et Karine. »

Ethus enregistrait les informations données, ne prenant pas garde aux sentiments des soeurs. Donc en premier, Allen à l'est, puis Gaard au nord-est, ensuite Rachel et Marteen respectivement au centre et au nord-ouest, ensuite Ellsa dont la Bête a ramené le corps avant d'être chassée, et pour finir Karine. C'est alors que Gabriel posa la question à laquelle lui-même avait abouti ... A priori, la Bête n'était plus au village lors du décès de Karine. Et seul le corps d'Ellsa avait été ramené avant.

Ou pouvait donc être les corps des 4 premiers enfants.

De nouveau, les trois femmes semblèrent communier dans une forme de télépathie connue d'elles seules. Garlow se leva, prit la parole et commença à raccompagner les deux compères vers la ville :



« Nous sommes navrées de ne pas pouvoir vous aider plus... nous n'allons pas vous retenir, vous devez beaucoup avoir à faire. N'hésitez pas à revenir si vous avez besoin d'autres informations.  »

Gabriel ne répondit pas a Ethus tout de suite se contentant de saluer leurs hôtesses :
« Merci d'avoir pris le temps de répondre a nos questions. Soyez assurés que nous reviendrons vous voir si nous avons de nouvelles questions et que nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que le coupable de ces meurtres d'enfants reçoive son châtiment, que jamais pareil tragedie ne puisse recommencer. Inutile de nous raccompagner, nous connaissons le chemin et vous avez certainement mieux a faire. Merci encore d'avoir pris sur votre précieux temps pour nous éclairer sur ce que nous risquons de trouver en nous rendant à Herstag »

Une fois hors de portée des oreilles des trois vieilles, Gabriel répondit enfin à Ethus. « Nous avons décliné nos noms et qualités, pourtant elles se sont entêtées à nous cacher une partie de la vérité. Je ne crois pas qu'elles nous diront quoi que ce soit de plus et même si elles le faisaient, elle reviendraient sur leurs déclarations au procès, prétextant qu'on les a forcés a dire ce que l'on voulait. Mieux vaut que nous allions voir à Herstag et que nous laissions un mot a nos camarades pour qu'ils poussent les vieilles a tout dire lors du procès, si jamais nous ne revenions pas à temps. »

Chargemacabre était une grande structure en forme de dôme flanquée de quatre tours chargées de nombreuses fioritures architecturales qui leur donnait une allure tordue. La surface du dôme était intégralement recouverte d'une scène sculpté d'une ampleur titanesque : d'innombrables chevaux squelettiques surmontés de cavaliers tout aussi funèbres s'élançaient dans une course spiralée jusqu'au sommet, un dragon à l'air terrible semblait englouti sous la masse des chevaliers et lâchait une dernière flamme qui constituait la flèche de l’édifice. La forme globale du bâtiment n'était pas sans rappeler la sainte flamme de Pharasma. Une inscription s'étalait au-dessus de l'entrée en lettres gothiques :

« En l'honneur de Baldrumon Vielass et de ses fidèles chevaliers dont le sacrifice héroïque permit de vaincre le dragon Kulsyther et de conquérir les comtés du Nord. »

Suivait le nom de chacun des chevaliers, les lettres prenaient leur indépendance, dansaient et descendaient en entourant la porte dans d'étranges motifs de lierres sinueux. Cette fantaisie rendait les noms proprement dit difficilement lisibles mais était du plus bel effet. Les portes étaient ouvertes, l'intérieur était glacial : les vitraux bleutés situés en cercle ne diffusaient que peu de lumière, le bâtiment était incroyablement vaste et les sculptures sinistres semblaient se cacher dans des angles improbables au-dessus des fidèles, les bougies projetaient des ombres dansantes sur les milliers de crânes enchâssés dans la pierre devant la nef. Cet immense ossuaire partait du sol et s’incrustait dans les colonnes de l'édifice, les os gardaient un blanc d'ivoire éclatant.

Une voix s'éleva derrière-eux sans qu'un seul pas n'ait résonné dans l'édifice :



« Bonjour, que puis-je pour vous ? »

Après la visite au moulin Gabriel s'était tût, replongeant dans ses pensées. La mention d'une visite au temple lui avait douloureusement rappelé qu'il devait faire amende honorable pour son comportement face à Brastha. Mais il ne pouvait pas permettre de perdre du temps pour le moment. Le fantôme qui sévissait à Herstag était une aberration qu'il convenait de ramener à la tombe, sans compter que contrairement aux invocations d'Isolde, il ne s'agissait pas d'un "gentil" mort - vivant. Maintenant qu'il y pensait, si il devait continuer a affronter des spectre il allais falloir qu'il songe à une arme efficace contre les êtres immatériels.

La femme semblait soupeser les différents éléments qui lui étaient présentés, elle semblait inflexible mais ce fut Gabriel qui perça l'armure à l'aide de ses arguments. De mauvaise grâce, elle concéda :


« Hm... tout cela me parait assez important pour vous donner accès à certaines réserves que nous avons en doubles, en échange d'une participation financière aux deniers de l'église bien entendu. Nous avons quelques parchemins spécialisés dans ce genre d'exorcisme. »

Elle s'éclipsa et revint avec deux longs étuis gravés de formules et de symboles à la gloire de Pharasma.

Parchemin de Ghost Touch (600 PO) ou de Requiem pour les fantômes (125 PO).