L'homme qui entra à grandes enjambées dans la pièce paraissait impressionnant. Une épaisse carrure, une taille imposante, une large ceinture recouvrant sa bedaine proéminente, et surtout, la longue lame d'une faux visiblement des plus acérée, et dont le manche reposait légèrement sur son épaule, comme prête à s'abattre aussitôt sur son ennemi, pouvaient provoquer quelques frissons de crainte, au premier regard. Mais ses pas étaient pesants et lents, sa tenue, bien que propre, était modeste.

Un sourire timide s'étirait derrière sa barbe sombre lorsqu'il s'arrêta devant le groupe et retira son chapeau. Il en malaxait les bords à chaque fois qu'il parlait, comme pour s'excuser de prendre la parole. Sa voix était étonnamment douce, pour une telle carcasse. En réalité, l'homme passerait facilement pour un banal paysan des campagnes de l'Ustalav, comme il en existait des milliers, si ce n'était ses yeux. Pourtant d'une couleur ordinaire, marron, il étaient si extraordinairement intenses qu'ils paraissaient fouailler au plus profond de votre âme. Le regard dérangeant d'une personne hantée à jamais par quelque expérience cauchemardesque vécue dans son passé.

Il se pencha brièvement en avant, tout en saluant le groupe, et attendit patiemment que Cornu, puis Belle s'expriment, avant d'enchaîner à son tour. Apparemment, l'enquête réclamait une telle célérité que les présentations se feraient à un moment plus opportun. Prendre tout le temps nécessaire pour se connaître, afin de se faire confiance sans brûler les étapes, lui convenait parfaitement. Et puis il ne fallait pas accaparer un temps précieux à la juge. Il attendrait donc d'être en route pour demander de plus amples informations sur l'avancée de leur enquête et la prochaine étape.

« La foule est une créature dénuée de raison. Elle a peur, elle réclame un coupable, elle veut du sang. Il faudra des preuves irréfutables pour la détourner de la Bête, une cible toute trouvée. Sans parler de convaincre des juges sous pression, et donc moins impartiaux. Sans vouloir vous offenser, madame. »

Zaonessa dsalue lenouveau venu

«  Salut à toi, "collègue" ... Je peux dire collègue ? »

poussant un grand soupir

«  je pense que tu... vous avez raison, mais c'est bien dommage.
Il faudrait plutôt des preuves irréfutables pour CONDAMNER la bête... et les juges pourraient avoir plus de sens du devoir. »

Se tournant vers Thoulkas

«  Tu parles d'or mon cher Lukas.Il faudrait systématiquement faire appel aux prêtres de Pharasma ... »

Lui donnant une bourrade amicale dans le dos en se fendant d'un grand sourire

«  ... et les rémunérer grassement ! »

Lorsque Lucas évoqua Pharasma, un voile traversa le regard halluciné du nouveau venu. Il remarqua le symbole religieux de Belle et son sourire s'effaça. Ses paroles ne devinrent néanmoins pas froides, juste prudentes. « Je préfère Gazdă, si vous voulez bien. Et vous, comment dois-je vous appeler ? »

Quelle belle plante ! Je suis sûr qu'elle te fait envie ! Ouiii, je le sens ! Oh non, ne commence pas, s'il te plaît ! Et elle te donne du maîaîaîttre ! TAIS-TOI ! Les joues en feu, il sentit immédiatement la fascination exercée par la deuxième femme sur son âme. Son intuition le persuadait qu'elle était différente des autres personnes, un esprit plus proche du sien. Les mêmes yeux vairons que Belle. Sœurs ? ... Mari et femme... ils sont tous consanguins ! Une même famille ? « Madame...oiselle... » Il se racla la gorge et ses joues devinrent cramoisies. « Hum, désolé... Mais je vous en prie, "maître" est bien trop pompeux. Ce serait présomptueux de ma part. Juste Gazdă. J'espère que votre malaise n'est pas trop grave et uniquement passager. Je connais quelques remèdes, dans le cas contraire. »

L'intervention de la sympathique épouse tomba à point nommé. La demi-elfe paraissait encore baignée d'une fragile innocence, mais qui commençait à se fissurer. « Il faudra me narrer les exploits de votre mari. Mais je suis sûr que les vôtres suivent de près. »

La longue tirade passablement agacée de la juge doucha son esprit d'une bienfaisante fraîcheur. Sobrement, il livra son sentiment sur la déesse. Une pointe d'ironie désabusée ne s'était-elle pas invitée dans ses propos ? Nul ici ne le connaissait encore suffisamment pour en être certain. « De toute façon, Pharasma juge déjà tous les morts. Je pense qu'elle ne dispose pas du temps nécessaire pour s'occuper soigneusement des vivants. Alors soulageons son fardeau et mettons-nous au travail, en effet. » Il serra le poing et avança le coup avec conviction pour appuyer sa proposition. « Pouvez-vous me résumer les crimes dont est accusée la Bête, m'expliquer ce que vous avez découvert jusqu'à présent, et lequel vous souhaitez examiner maintenant ? »

Melfur apprécia grandement la répartie cinglante de la magistrate. Il détestait l'idée de devoir mettre entre les mains d'un ordre religieux le moindre pouvoir temporel. Cela ne pouvait mener qu'à des catastrophes, à plus ou moins long terme. Et, il est fort à parier, que si cela devait un jour arriver, son ascendance diaboliste lui serait fatale.
"Au fait, concernant l'affaire d'Herstag, tout dépend du témoignage de 3 soeurs. Or, elles n'ont vu la Bête, que lorsqu'elle a ramené Elsa. Et par entension, on lui a mis la disparition des autres enfants sur le dos. Si on prouve, et çà c'est possible, que la Bête n'a pas tué Elsa, on brise cette ce rapprochement. Accessoirement, les femmes ont prétendu que la Bête riait. Il faudrait vérifier que cela lui soit possible physiquement. Vu sa morphologie, ce n'est pas certain..." Le tieffelin marqua un petit temps d'arrêt et se tourna vers le nouveau venu. "Deux autres crimes ont été attribués à la créature. Le premier correspond au meurtre de plusieurs villageois et au vol de leur cadavre...." Il s'interrompit, visiblement troublé par une idée incongrue. Et tout excité, il reprit : "Il s'agit du crime le plus vieux. Et vu qu'il y a eu vol de cadavre, il serait intéressant de s'assurer que la Bête ne soit pas constitué par des parties de ces fameux corps ! Cela réglerait le problème. Elle n'aurait pas pu tuer des personnes dont les corps ont servi à le constituer !" Puis, se calmant : "Le second se rapporte à l'incendie du Sanctuaire. Il y a eu un unique témoin qui aurait vu la Bête s'enfuir. De là à penser qu'il en est responsable et qu'il a tout mis sur le dos de la créature... Enfin, l'enquête nous permettra peut être de le savoir."

Tout en discutant avec le nouveau venu, et en lui résumant leurs découvertes jusque là, ils prirent congé d'Embreth Daramid qui leur souhaita bonne chance et ils se rendirent au tribunal pour rencontrer Gustav Hesse, l'avocat de la Bête, pour lui rapporter leurs découvertes.

L'homme barbu était toujours plongé dans ses dossiers, et son bureau avait, si c'était possible, encore plus de documents, parchemins et codex qui s'entassaient sur sa surface. Gustav lui même avait l'air tendu, et il les salua d'un air sombre à leur arrivée.
« J'espère que vous avez quelque chose, parce qu'à ce rythme là, ce procès sera le plus court de ma carrière... »
Devant leur comité restreint, il semblait capable de contrôler son bégaiement, mais à la manière dont sa voix hésitait, on sentait qu'il n'était pas loin de refaire surface.

Ils entreprirent de présenter Gazda, et de résumer leurs découvertes. Gustav fronça les sourcils, se renfonçant dans son siège au fur et à mesure de leur récit. Finalement, il les remercia pour leur aide et leur expliqua comment l'audience allait se dérouler.
« Je vais présenter vos preuves et témoignages aux clercs du tribunal ce soir, mais juste pour que vous le sachiez, il est possible d'enregistrer des preuves et témoignages jusqu'à 10h le jour de l'audience. Vous serez témoins de la défense, parce que je vais avoir besoin de vous pour présenter vos découvertes au tribunal, et ils voudront peut être vous poser des questions...sans parler du fait qu'il vaut mieux que quelqu'un qui n'est pas bègue s'en charge. Je vais vous questionner sur ces éléments: Pourquoi est ce que la Bête a ramené le corps d'Elsa si elle n'a pas ramené les autres? Quelle a été la réaction de la Bête quand vous l'avez interrogé sur la mort d'Elsa? Le corps d'Elsa présentait-il des blessures particulières, qui pourrait correspondre à la force de la Bête? C'est tout ce que je vois pour l'instant, mais si vous avez d'autres idées, je suis preneur. Ce sera à vous de voir comment répondre, mais n'oubliez pas qu'il s'agit de convaincre le jury. Une fois les témoignages terminés, vous pourrez partir et j'essaierai de faire le maximum avec les éléments que vous m'aurez fourni. Des questions? »

«  Ce que dit Melfur est frappé au coin du bon sens. Je pense que nous avons suffisemment d'élements pour pouvoir instiller un doute réel dans l'esprit des juges et leur demander un délai pour ramener de nouvelles preuves, même s'il ne s'agit que d'un journée.
Ensuite, si nous obtenons satisfaction, nous pourrons retourner dans le village en sachant à quel type d'bomination nous allons être confrontés et en nous préparant en conséquence.
 »

Réfléchissant un instant.

«  Nous pourrions aussi essayer de trouver un alchimiste qui pourrait nous fournir de quoi faire éloigner ou combattre efficacement les abeilles. »

Gustav passa une main dans sa barbe, pensif.
« Hum...gagner un délai, hein? Et bien, si nous n'arrivons pas à convaincre le jury sur ce cas immédiatement, je peux toujours essayer. Ca ne coûte pas grand chose. Je vais faire de mon mieux pour réussir ça. D'ici là, il faut que j'étudie la meilleure manière de présenter vos témoignages. Je vous retrouve demain matin...Oh, et si vous voulez un alchimiste, je crois que vous devriez aller aux Ateliers Vorkstag et Gryne. Ca se trouve à l'Est de la ville. Vorkstag n'est pas très aimable, mais ses produits marchent, je peux vous le garantir! »

Une fois qu'ils eurent discuté les derniers détails, ils prirent congé de l'avocat, et sortirent sur le parvis du tribunal. Si ils voulaient être efficaces, et garder l'opportunité de se rendre à Herstag ce soir là, ils allaient devoir se séparer. Melfur souhaitait consulter un enchanteur, et Zaonessa avait mentionné l'alchimiste. Quand à Gazda et Lukas, ils avaient peut être leurs propres projets. Trestelame proposa d'accompagner Gazda chez Kendra afin de lui présenter la jeune femme.

Pendant ce temps, sur la place du tribunal, ils aperçurent un groupe en robe grises et violettes, portant tous la spirale de Pharasma, qui se frayait un chemin à travers la foule, en direction de la rivière Moutray. Ils étaient menés par une jeune femme brune aux yeux vairons, qui décocha un regard soupçonneux à Lukas au passage.

Lukas regarda l’homme se cracher dans la main, et paru assez étonné… «  Excusez moi, mais je n’ai jamais eu l’honneur de faire d’échange de salive. Dans mon enfance, moment le plus propice à cela, la seule salive que je voyais était quand les barbares de ma tribu me battaient jusqu’à l’évanouissement, et c’était à mon réveil que j’en étais couvert, en plus d’autres substances…  » D’ailleurs ça me fait penser que bientôt je pourrai aller leur rendre la pareille…

«  Enfin bref, veuillez m’excuser mais je préfère juste vous donner nos maigres informations, en vous évitant la salive... Et vu que nous sommes voués à collaborer, une aide n’en demande pas une autre en retour. On se retrouve assez vite Chez Kendra pour voir si on retourne au village pour s’assurer une piste pour repousser le verdict ? Viens avec nous alors Trestelame, tu verras à quoi ressemble une vrai échoppe et on va t’acheter un peu de matériel aussi.  »

Quand ils sont un peu à l’écart de l’avocat, il reprend… «  La voie des Murmures est incroyablement puissante, et était en lien avec le réveil des prisonniers d’une prison hantée qui voulaient se libérer pour s’en prendre au village de Ravengro, avant de continuer à semer le chaos. Ils ont assassiné un de nos compagnon ayant pris la fuite car il n’en avait pas assez où il en faut, et ont suivi notre avancée.

Ensuite nous avons été à la croix aux trèfles pour réaliser un rituel de divination pour en apprendre plus. Malheureusement, l’endroit était infesté de morts-vivants, et nous avons dû fuir.

Vous voyez, cela est fort maigre, nous n’avons que des bribes de ce qu’ils font et aucune vraie piste à creuser pour les retrouver. Mais parlez moi de vous, pourquoi les recherchez vous ? Et en quoi pourriez-vous être utile ?  »

SI on veut on peut continuer sur les fils persos ?

Alors que le soleil commençait à se coucher, Kendra ouvrit la porte pour découvrir un équipage assez mal en point devant sa porte. Elle cligna plusieurs fois des yeux...
« Zaonessa? Lukas? C'est vous? Entrez, entrez, je vous en prie! Larissa est déjà là, elle est partie se coucher, je crois qu'elle ne se sentait pas bien....Et...Oh, bonjour, monsieur, je crois que nous n'avons pas été présentés... »

Elle invita Gazda à entrer, et le salua d'un signe de tête. C'était une belle jeune femme de peut être vingt-cinq ans, vêtue d'une longue robe et d'une petite veste typique de la mode d'Ustalav. Ses vêtements étaient plutôt conservateurs, cependant, et ne mettaient pas vraiment sa beauté en avant. Elle souriait, mais ses yeux laiteux indiquaient qu'elle ne voyait sans doute pas véritablement son interlocuteur.


Une fois les présentations faites, elle leur fit signe de passer dans la cuisine, où un vieil homme était en train de mettre la table.
« Gandor, les revoilà! Vous tombez bien, en fait, nous commençions à nous inquiéter. Je sais que vous logez à l'auberge du monolithe, mais vous resterez bien pour dîner? Et vous en profiterez pour nous raconter vos découvertes... »

Tout en mangeant, ils racontèrent leur exploration de Herstag à Kendra et Gandor, ainsi que leur rencontre avec Gazda. Finalement, ce fut le vieil homme qui reprit.
« Et que comptez vous faire à présent? »

Lukas était bien content de voir Kendra et Gandor. Il fit un clin d’œil complice à ce dernier. Après tout il l’avait bien étonné la nuit précédente.

Il alla près de Kendra et lui murmura quelques mots à l’oreille, afin qu’elle aille chercher une bonne bouteille. Quand il revint, il prit la parole. «  Bon, comme je l’ai sans m’en rendre compte déjà balancé, je voulais vous dire officiellement que Trestelame et moi sommes mariés devant le Panthéon. Cela a été fait sur un instinct mais je suis certain que jamais je ne le regretterai.  »

Il servit à boire à chacun, avant de s’asseoir, attendant le repas. Quand celui-ci sera servi, il mangera comme 4. Alors qu’avant il mangeait peu, Lukas semblait apprécier la nourriture et surtout les mets les plus gras.

«  Sinon moi jveux bien aller au village mais alors pendant la séance demain je dors, car sans repos, pas de magie. Nos découvertes sont maigres et je ne sais si on saura avoir report du verdict à l’heure actuelle. Vous pensez pas que ça risque d’être un peu peu pour le meurtre d’enfants. Ils cherchent un coupable pour clore le dossier.  »