endant que Grigan remontait vers le Vieux Korvosa, les autres membres du groupe, Abbaër, Horiadoc, Kar'Uz et Kolgrom emmenaient Fergus vers la rue Lancet et l'ancienne demeure de Zellara. L'endroit n'était en effet pas très grand, mais le rez et les combles avaient été aménagés pour qu'on puisse y loger et s'y sentir assez à l'aise. Il y avait en tout cas suffisamment de couches pour accommoder tout le monde.

L'alchimiste se demandait si sa caravane se trouvait encore dans le "Camp des Voleurs", ce bout de terre à l'est de la ville, de l'autre côté du fleuve Jeggare, où on trouvaient les roulottes des Varisiens venus se poser sur place pour un moment (même si ceux-ci n'étaient plus très nombreux depuis l'apparition du terrible fléau) et quelques habitations qui se résumaient bien souvent à des cabanes (dont celle de la sœur de Grau Soldado). Après tout, cela faisait plusieurs jours qu'il n'avait plus eu l'occasion de s'y rendre. Il tapota le sac qui pendait à son épaule ; au moins, il n'aurait pas tout perdu : il emmenait avec lui la plupart de ses biens.

Finalement, la décision du nain avait primé sur toutes ses propositions et le groupe se rangeait derrière lui. En tant que pièce rapportée, il avait toujours du mal à se considérer comme appartenant au même groupe et se voyait plus comme un allié du moment car ayant des pôles d'intérêts communs, mais jamais il ne pourra partager ce destin commun qu'ils avaient eu tous : natifs de Korvosa, ils avaient connu une galère commune et un sombre destin les avait réuni. Le lien entre eux était fort et tous suivaient Abbaër avec une grande confiance.

Kar'Uz lui, il ne les connaissait que depuis quelques semaines, au rythme des malheurs qui frappait la cité et des cauchemars qui le hantait presque chaque nuit. Il regarda Fergus et se demanda comment serait accueilli cette nouvelle âme errante dans cette ville hostile et obscure. Mais ce n'était pas à lui de décider de son destin. Ses pensées se tournèrent vers Mélavéa qui était en partance pour les Hauts Plateaux de Storval, ce qui lui restait ici revenait à peu de choses, entretenir le cénotaphe le temps de l'absence de sa promise, assurer le lien avec les derniers shoantis résidents à la ville et surtout poursuivre la lutte contre les forces obscures qui recouvrent la cité et qui pour lui avait l'apparence d'un immense dragon noir qui se riait des malheurs qui survenaient au peuple korvosien... Et cela, il ne pouvait le faire seul et c'est pourquoi il avait rejoint ce groupe de héros hétéroclites qui répondaient aux injonctions du nain chauve et qui pouvaient ressembler à une sorte de groupe de résistants face à l'oppresseur cheliaxien.

Comme à chaque fois qu'il venait passer la nuit rue Lancet, Kar'Uz retrouva son coin de mur et s'assit, remontant ses jambes et reposant ses bras dessus afin de former un reposoir pour la tête. Certes la position était peu confortable, mais en aucun cas il ne voulait d'avantage déranger par sa présence qu'il leur imposait. Il était de passage et ne voulait pas s'installer, cette demeure n'était pas la sienne et lui il était nomade...

Fergus avait suivi le groupe sans mot dire. Il était partagé entre plusieurs sentiments qui ne l'avaient pas quitté depuis sa libération des mains de Lady Lavande - ou de celle qui se faisait appeler ainsi. D'abord sur ses gardes lorsqu'il s'aperçut que ses libérateurs ne faisaient pas vraiment partie de la garde, il se sentit soulagé lorsqu'il vit la déférence dont faisaient preuve les gardes de la citadelle à leur égard, et l'empressement qu'ils avaient à leur obéir. Au moins, ils étaient reconnus comme membres influents de la cité et avaient leurs entrées à la citadelle.

Il revint d'un air un peu moins suspicieux jusqu'à l'habitation que le groupe occupait à quelques pas de la citadelle. En entrant, il aperçut rapidement le laboratoire qui avait été installé dans la petite maison. Au moins, il aurait de quoi s'amuser et cela lui changerait de son petit laboratoire portatif qui ne le quittait jamais. Il aurait là de biens meilleures conditions de travail. Enfin, si ses nouveaux compagnons acceptaient sa présence au delà de la nuit, ce qui n'était pas encore fait.

L'alchimiste attendit que chacun rejoigne sa couche avant d'en choisir une. Il n'aurait pas prit la liberté de s'installer alors que chacun avait ses propres habitudes. Il était "toléré" pour cette nuit, ce n'était pas le moment de se faire mal voir. Une fois rassasié par le repas mijoté par Horiadoc et couché, il ferma les yeux et s'endormit comme une masse. Cela faisait de longues nuits - depuis quand d'ailleurs ? il n'arrivait pas à s'en rappeler - qu'il n'avait pas eu l'occasion de dormir dans un vrai lit, aussi austère soit son installation.

Modifié par un utilisateur samedi 6 novembre 2010 16:32:12(UTC)  | Raison: Non indiquée

La nuit avait été pourtant... sans cauchemar, vide de tout souvenir, aussi vide qu'un trou noir, aussi noir que le ramage du Corbeau...

Mais ce n'était que pour mieux se réveiller avec des symptômes nouveaux qu'il n'avait jusqu'à aujourd'hui jamais ressenti et il ne faisait aucun doute quant à sa nature : le Voile Sanglant l'avait rattrapé... Certes avec la quantité incroyable de soi-disant remède miracle de la Lavande, il n'avait rien à craindre, si ce n'était : rejoindre Pharasma !

Se levant tant bien que mal malgré les courbatures, il s'éloigna du reste du groupe afin de ne pas les contaminer. Il restait la baguette, mais depuis le départ de Sinva, qui était capable de s'en servir ? Lui même bien-sûr ! Kar'Uz connaissait des rudiments théurgiques et il pouvait manipuler presque tous les objets de nature magique, même si l'exercice était plus que difficile, il avait une chance... Sinon qui l'aurait ?

De toutes façons, il fallait attendre le lever des autres ou tout au moins Abbaër à qui il lui faudrait demander l'autorisation d'utiliser la baguette et s'il n'y avait pas meilleur parti pour la manipuler avec moindre risques. Peut-être ce prêtre d'Adabbar, il leur devait un service et il n'utiliserait pas sa magie, juste la baguette... Là aussi il faudrait demander aux autres.

Se sentant démuni face à la maladie et en attendant que les autres se réveillent, Kar'Uz se demanda si après tout ce n'était pas la volonté de la Dae des Tombes. Elle le rappelait à elle et avait-il vraiment le droit de s'opposer à sa volonté, si tant était que le Voile Sanglant et sa contagion soit de son aval... Cette fois ce n'était pas Abbaêr qui pourrait y répondre, mais les prêtres pharasmites. Voilà bien longtemps qu'il n'avait assisté à l'office matinal, c'était sans doute ainsi que Pharasma lui rappelait son devoir. Revêtant son manteau, il laissa un mot à l'intention des autres -

Le shoanti s'engagea dans les rues encore désertes de la cité. Il se dépêcha de rejoindre le District Gris afin de faire sa requête auprès du prêtre pharasmite qui avait sollicité leur aide.

Kar'Uz remercia la sagesse et la patience du prêtre pharasmite et se retira de l'office rapidement afin de réduire les risques de contamination de ce lieu appartenant au saint des saints. Avant, kar'Uz aurait été voir Mille-Os, le gardien des traditions shoanties et un très grand sage, mais aujourd'hui il était parti avec la majorité des gens de leur peuple. Son rôle lui était désormais dévolu, il devait être le guide pour les quelques rares et derniers shoantis qui avaient voulus rester dans cette ville infernale. Mais il n'avait ni la sagesse, ni l'expérience, ni la maturité pour un tel rôle et pourtant il l'avait accepté...

Parcourant rapidement le pavé jusqu'à la maison de Zellara, Kar'Uz ne rencontra guère de monde par cette matinée froide et grise. Si les gens se levaient tôt, peu devaient avoir envie de risquer la contagion dans les rues infestées de Korvosa, le chamane de l'oiseau de mauvais augure n'aurait pas à se cacher, mais par habitude il s'emmitoufla tout de même dans son grand manteau à capuche afin de masquer ses traits shoantis.

Arrivé devant la porte, il frappa sur l'huisserie et entra, espérant voir Abbaër debout afin de lui faire sa requête. Il pouvait avaliser sa demander pour tenter d'utiliser la baguette, sans ça, il lui faudrait réunir l'argent nécessaire à une guérison et tenter de se faire soigner avant qu'il ne soit trop tard. Ne rencontrant encore personne, il se carra de nouveau dans le coin, en attendant le lever et l'écoute du nain chauve. Si quelqu'un venait entre temps il lui faudrait les mettre en garde, car pas question de leur cacher la vérité, ce serait un manque de respect, un genre de trahison - « n'approches pas, ami, je suis atteint et contagieux, évites moi comme le pestiféré que je suis aujourd'hui.  »

Dans l'attente de réponses, j'avance quelques tirages en attendant :

Modifié par un utilisateur lundi 8 novembre 2010 23:57:52(UTC)  | Raison: Non indiquée

Malgré la fatigue nerveuse accumulée les derniers jours qu'il avait passés dans le gourbi de Dame Lavande, Fergus s'était éveillé relativement tôt. Profitant du calme relatif de la maisonnée, il avait sorti son petit laboratoire d'alchimie - il n'aurait pas osé se servir de celui mieux achalandé présent dans la maison - et son livre de formules puis s'était attelé à la tâche. Il avait préparé quelques extraits d'importance, se laissant la possibilité de pouvoir prendre le temps d'en créer d'autres au cas où le besoin s'en serait fait sentir. Il en avait aussi profité pour préparer les composants nécessaire à la fabrication de ses bombes et de son mutagène. Ces opération devant être effectuées chaque jour, il avait pris l'habitude de le faire au réveil, avant même de se sustenter, pour profiter du calme qui était nécessaire à sa concentration. Lorsqu'il travaillait encore à Magnimar, c'était généralement le moment avant que les premiers clients n'arrivent et que son patron l'empêche de faire ses propres expériences.

Il venait de terminer ses préparations lorsque Kar'Uz entra dans la maison. Son état ne disait rien qui vaille au jeune alchimiste. Il avait eu l'habitude de voir bon nombre de personnes malades lors de ses diverses pérégrinations à travers la Varisie et les traits affichés par le shoanti prouvaient qu'il souffrait de quelque chose. Lorsque le diagnostic du nain confirma sa première impression, Fergus ne put s'empêcher de penser à haute voix. « Je n'ai malheureusement pas encore réussi à trouver la formule qui me permettrait de soigner les maladies. Il va falloir que je m'y attèle rapidement. »

Puis voyant le roublard sortir une baguette d'une armoire et indiquer à Kar'Uz le moyen de s'en servir, Fergus s'approcha d'eux et souffla. « Peut-être pourrais-je vous être d'une quelconque utilité ? J'ai déjà manipulé un peu ce type de baguette chez l'alchimiste pour qui je travaillais. Il me reste quelques souvenirs de son fonctionnement. »

L'alchimiste attendit que l'un d'entre eux lui tende la baguette et tenta de la faire fonctionner.

C'est avec une atroce migraine et des courbatures dans le corps que le petit jour trouva Grigan. Il ne mit guère qu'un petit moment à découvrir les marques du Voile lorsqu'il enleva sa chemise dans l'intention de faire ses ablutions.
Au début, cette constatation l'anéanti complétement, le laissant vide de toute pensée.
Mais au bout de quelques temps, il se remit à réfléchir, se disant qu'après tous les risques que ses amis et lui avaient courus dans leur lutte contre la peste, il fallait bien se douter que cela devait arriver un jour ou l'autre à l'un d'entre eux.

Se disant qu'il devait au moins avertir ses compagnons qu'il ne pourrait désormais continuer à les accompagner à cause de son état, il prit le chemin de la rue Lancet évitant autant que possible les grandes artères qui commencaient à se remplir, et cachant du mieux qu'il pouvait ses marques en gardant la tête bien enfoncée sous son capuchon et les pans de sa capes au-dessus de ses bras.

Parvenu devant la maison de Zellara, son souffle court et sa gorge irritée l'empêcherent de crier pour se faire reconnaître. Il d se résoudre à lancer de petits cailloux contre la porte et la fenêtre.

Lorsque la porte s'ouvrit enfin, il trouva la force de murmurer tout en tendant le bras en guise de mise en garde:
" N'approchez pas, je suis atteint par le Voile..., je suis sûrement contagieux. Je voulais juste vous prévenir avant de retourner m'isoler à mon appartement du Vieux Korvosa"

Kar'Uz semblait encore se souvenir des profondes difficultés qu'il avait ressenties pour se faire accepter dans le groupe… ou peut-être était-ce surtout lui qui se mettait des barrières et prenait des pincettes là où ses compagnons (ou, du moins, la plupart d'entre eux), ne voyaient aucun problème. Peut-être était-ce pour cela qu'il avait laissé l'alchimiste rencontré la veille, le dénommé Fergus, manier la baguette pour le soigner. Quelle qu'en fût la raison, il n'eut pas à revenir sur sa décision et à se demander s'il avait bien fait, car le jeune homme parvint à dominer le sort et à lui faire prendre effet. Et pas seulement une seule fois mais bien deux, car Grigan, qui avait passé la nuit à la rue Sainte-Alika, avait lui aussi contracté la maladie.

Les bienfaits du sort ne tardèrent pas à se faire sentir et, quelques secondes à peine après les manipulations de Fergus, tant Kar'Uz que Grigan se sentirent tout de suite beaucoup mieux. Ils avaient encore la tête un peu embrumée et une vague irritation dans la gorge, mais ce n'était rien comparé à ce qu'ils avaient ressenti quelques instants plus tôt.

Personne ne semblait avoir réfléchi à l'immense chance qu'ils avaient d'avoir un tel objet à leur disposition, de pouvoir se soigner d'un geste relativement simple… c'était là un contraste net avec le reste de la ville, et plus particulièrement les nombreuses foules modestes qui n'avaient pas de quoi s'offrir les services d'un prêtre, et encore moins la prestance et les appuis nécessaires pour s'assurer de trouver un prêtre disponible. Ces gens-là n'avaient pas le choix, ils ne pouvaient bien souvent que prendre leur mal en patience et, en attendant une mort sombre et douloureuse, se raccrocher, peut-être, au fol espoir d'une guérison spontanée. Cette situation était clairement un terreau fertile pour les escrocs en tout genre, et plus particulièrement pour ceux qui n'hésitaient pas à profiter du désespoir des gens, comme la Lavande.

Avant de se rendre à la Citadelle Volshyének, Abbaër et Kar'Uz semblaient toutefois désireux d'examiner les quelques objets qu'ils avaient trouvés la veille, et plus particulièrement ceux que l'ensorceleur avait déclarés magiques. Abbaër avait déposé les deux baguettes magiques et les bracelets sur la table et, à côté des objets enchantés, il avait disposé un tas de cartes avec soin. Fergus, qui avait déjà pas mal voyagé, avait déjà vu de telles cartes : c'était un jeu de Harrow, que certains appelaient également jeu du Tourment, un jeu de cartes divinatoires utilisées parfois par les diseuses de bonne aventure varisiennes. L'alchimiste vérifia l'apparence de chacune des personnes présentes — il y avait le nain chauve, le shoanti large d'épaules, le chélaxien de souche qui avait contracté le Voile Sanglant et le halfling. Non, décidément, aucun d'entre eux ne semblait avoir la moindre goutte de sang varisien qui aurait pu expliquer la présence de ce jeu de cartes. Le nain s'apprêtait-il à lire des informations sur les objets magiques en tirant les cartes ?

Quoi qu'il en soit, avant qu'Abbaër ne puisse faire quoi que ce soit avec le jeu du Tourment, Kar'Uz se proposa d'examiner à nouveau les objets. Les bracelets étaient gravés de minuscules ornières parallèles dans le fond desquelles on pouvait apercevoir par endroits une sorte de poussière brillante ; il devait sans doute s'agir d'une des composantes ayant servi à l'enchantement des objets. Le Shoanti hésita quelques secondes puis, après avoir rehaussé sa vision pour voir les flux d'énergie magique, il parvint à les identifier : il s'agissait de bracelets de protection, de la sorte que les magiciens et les ensorceleurs portaient souvent pour palier au manque d'armure — les armures, surtout les plus lourdes, étaient notoirement incompatibles avec la pratique de la magie.

Le Shoanti passa ensuite à l'examen des baguettes. La première lui résista : il ne parvint pas à déterminer de quoi il s'agissait. Par contre, il découvrit sans grande peine l'utilité de la seconde : pour cela, il lui fallut simplement comparer les flux magiques qui l'enveloppait avec ceux qui émanaient de la baguette que Fergus venait d'utiliser. Il s'agissait là aussi d'une baguette de guérison des maladies.

Comme Kar'Uz n'avait pas pu découvrir les propriétés de la seconde baguette, le nain la plaça contre les cartes avant de demander à voix haute qu'une certaine Zellara lui révèle ce qu'elle savait sur l'objet.



C'est alors qu'une voix désincarnée, une voix féminine qui semblait provenir des cartes, dit « C'est un sort visant à jouer avec l'esprit de la cible qui est renfermé dans cet objet, un sort permettant de s'attirer les bonnes grâces d'une victime. Un sort sans doute pas assez puissant pour fonctionner sur des esprits forts, mais amplement suffisant pour aider cette garce à escroquer les gens, j'en suis certaine. »

• bracelets de protection +2 (+2 à la CA, bonus d'armure)
• baguette de guérison des maladies (7 charges)
• baguette de charme-personne (11 charges)

Modifié par un utilisateur vendredi 12 novembre 2010 01:57:35(UTC)  | Raison: Non indiquée

C'est avec une joie non dissimulée, que Grigan vit disparaître les sinistres marques du Voile sanglant sous l'effet de la magie de la baguette.
"Merci l'ami, je te dois une bien fière chandelle, soit assuré que je te rendrais la pareille à la première occasion..."

Puis il entra enfin dans la demeure de Zellara, qui était un peu devenue la leur.

Posant une main rassurante sur l'épaule de Fergus, il entreprit alors de lui narrer l'histoire que lui-même avait entendu raconter par ses amis quelques temps auparavant au sujet du fantôme de la jeune femme et leur réunion en ce lieu.
Il lui semblait que cela des années maintenant que tout cela s'était passé, et pourtant cela ne faisait que quelques semaines à peine.

Tout ceci lui remis en mémoire le départ successif de la plupart de ses compagnons d'alors, le départ de Sinva...
Un air de tristesse envahit son visage pendant que son bras retombait mollement le long de son flanc. Il aller s'assoir le long d'un mur, sans plus prêter attention à ce qui l'entourait, perdu dans ses pensées moroses.

Abbaër avait raison : il était temps de se préparer pour aller à la Citadelle Volshyének et faire rapport à la Maréchale. Une fois tout le monde guéri et nourri, le groupe reprit le chemin qu'ils avaient emprunté la veille. Ils n'eurent cependant pas affaire avec le Maréchale directement — sans doute celle-ci était-elle trop occupée et avait-elle délégué le traitement de "Madame Lavande" à un subalterne. C'est donc un lieutenant de la garde, visiblement nouvellement promu car il lui fallut un certain temps pour trouver les documents à remplir, qui les reçut.

Le lieutenant fit d'abord amener dans la salle la femme qu'ils avaient amenée la veille. Son véritable nom était Vendra Loaggri mais, bien sûr, la plupart des gens la connaissaient sous le nom de "Lady Lavande" ou "Madame Lavande", un surnom qu'elle avait obtenu grâce au nom de son échoppe. Puis, après avoir consigné le nom de chacune des personnes présentes dans la pièce, le lieutenant demanda aux divers intervenants de lui rapporter ce qu'ils avaient entendu, vu et fait.

« Si j'ai bien compris, vous avez travaillé en groupe ?" » demanda-t-il aux aventuriers avant de se tourner vers Fergus et d'ajouter « Alors que vous, vous avez été retenu par madame Loaggri, c'est bien ça ? » Après avoir reçu confirmation, le lieutenant suggéra « Dans ce cas, je suggère que nous commencions par vous » — il désignait le groupe — « Je suppose qu'un seul récit pour tout le groupe suffira, à moins que certains d'entre vous n'aient quelque chose à ajouter ou à modifier par la suite. Puis nous écouterons la version de l'ancien prisonnier alors. »

Le lieutenant se mit alors à écouter tout en consignant les paroles prononcées sur ses documents. Pendant tout ce temps, Vendra Loaggri se tint immobile et silencieuse. Elle portait un air de défiance sur le visage mais elle fixa constamment le mur, ne tournant quasiment jamais les yeux vers les autres personnes présentes dans le petit bureau.

J'écoute vos dépositions !