« Bien, bien, bien... Je ne voulais pas remettre votre parole en doute. Vous me semblez sincère et tout me pousse à croire que vous avez effectivement eu ces visions. »

Marian semblait réfléchir en disant ces derniers mots. Il garda le silence quelques instants en regardant Zatqualmie. Il semblerait que notre petit ami le dérange... Il faut que j'arrive à l'amener à se dévoiler un peu plus... Toute cette histoire ne me dit rien qui vaille...

« Bon, puisqu'il me semble que nous sommes tous d'accord, nous irons faire un sort au Seigneur-Charognard. Cela n'en sera que plus bénéfique pour la région. » Il se tourna vers Almah et Garavel et ajouta « Bien sûr, c'est vous qui ordonnerez cette expédition madame. Je ne voudrais pas empiéter sur vos prérogatives. »

Puis il se leva et s'approcha de Zatqualmie. Il se posta derrière lui et s'adressa à nouveau au prêtre « Mon père, maintenant que votre message a été entendu, pourrais-je vous demander un petit service ? Malgré votre vie errante et la distance que vous avez su garder avec les temples, vous n'êtes pas sans savoir que le notre est encore tout jeune, et nous manquons cruellement de compétences à ce niveau. Malheureusement notre petit ami ici présent à contracté une maladie qu'aucun de nos prêtres n'a su identifier. Sans diagnostic fiable, il nous est impossible d'assurer une médication efficace. Auriez-vous l'obligeance de l'ausculter et de nous dire de quoi il souffre ? »

Marian voulait s'assurer que son impression était la bonne et voulait forcer le prêtre à s'approcher de Zatqualmie, ou à tout le moins à le regarder. Et pendant ce temps il observerait attentivement ses réactions. Il espérait tout de même que le gnome ou l'un de ses autres compagnons ne feraient pas de gaffe entre temps.

Le prêtre tourna la tête vers Zatqualmie mais redirigea son regard rapidement vers Almah. Une fois de plus, il lissa les pans de ses vêtements puis se força visiblement à regarder le gnome. Il se racla la gorge et dit « Malheureusement, je ne suis pas un prêtre guérisseur. Mes connaissances résident dans d'autres domaines mis au service de la Fleur de l'Aube. J'ai bien peur de ne pas pouvoir vous venir en aide pour cette affaire. »

Un peu plus loin, à quelques mètres de là, Brani, qui patientait toujours dans le couloir, avait entendu les divers échanges qui s'étaient déroulés dans la salle de réunion. Bien sûr, il n'avait pas pu voir les gestes et les attitudes de chacun des intervenants mais, dès qu'il avait perçu le mot "gnoll", il avait tendu l'oreille et s'était intéressé aux paroles qui avaient suivies.

Dans la salle, le prêtre se retourna vers Almah et indiqua « Madame, mon message étant délivré, il me semble que ma présence sur place n'est plus requise ? » Visiblement, l'individu était plutôt pressé de partir…

Zatqualmie prit son bâton est regarda intensément le prêtre de Sarenrae, il lui avait semblé quand son entrée, le prêtre l'avait un peu ignoré mais il avait pris cela , par le fait que l'on ne prend pas garde à un gnome ancien esclave, il s'était peut-être trompé, il dévoila son bras où naissait la marque de Vardishal.

Le "prêtre" resta immobile quelques instants puis il se retourna vers Zatqualmie. Pendant un moment, il sembla plus grand encore ; l'individu qui était entré dans la salle de réunion était déjà de belle taille, mais la créature qui s'y trouvait désormais (et qui avait toujours l'apparence du prêtre) mesurait plus de 2 mètres !

Pour la première fois depuis le début de la réunion, le "prêtre" posa vraiment les yeux sur le gnome et l'observa, tout en gardant une expression des plus impassibles sur son visage. Derrière la table qui dominait la salle de réunion, Garavel s'était levé brusquement et avait pris position devant Almah, comme pour défendre celle-ci. Le "prêtre" ne semblait pas avoir d'intentions belliqueuses cependant. Par contre, son ton et ses mots ne trahissaient pas non plus la chaleur amicale d'une réunion fraternelle comme Zatqualmie aurait peut-être pu l'imaginer ou l'espérer.

L'espace d'un instant, une moue mélangeant surprise et dégoût contorsionna les lèvres du géant, puis il dit sur un ton calme. « Je constate que je vous ai sous-estimés. C'est peut-être une bonne chose… Il se pourrait que vous ayez au moins une chance contre le Roi-Charognard. »

À quelques mètres de là, le changement de ton et d'ambiance qui s'était produit dans la salle de réunion n'avait pas échappé à Brani. Les mots compatissants, l'approche douce et quasiment naïve du "prêtre de Sarenrae" avaient cédé la place à un discours plus dur. Même si le ton était neutre, on ne pouvait s'empêcher de ressentir une sorte de menace… ou, peut-être, de confiance en soi, d'assurance… le sentiment de ceux qui en savaient plus que les autres et qui, de ce fait, se croyaient à l'abri de tout problème.

Zayifaid continua « Sachez ceci… même si je vous ai trompés, et même si mes buts ne sont pas ceux que je vous ai avoués, une des choses que j'ai dites est bien vraie. Vous devrez bientôt faire face au Roi-Charognard. Cela peut se passer devant le Trône des Vers, dans l'Antre de la Bête, ou ici, dans vos confortables petites demeures. Seuls les fous peuvent penser que le Roi-Charognard ne réagirait pas suite à la perte de la tribu Kulldis. »

La forme géante du janni semblait disparaître légèrement ; Marian se surprit à constater qu'il pouvait voir le couloir et le nain qui les observait à travers le "prêtre". La créature était encore bien présente, mais elle semblait "moins réelle", moins solide…

« Considérez mes mises en garde comme un défi, si vous le voulez. Si vous pouvez détruire le Roi-Charognard avant qu'il ne vous détruise… tant mieux pour vous. »

Les gardes de faction réagirent à leur tour, baissant leurs armes en direction de la créature qui devenait de plus en plus ténue et transparente, mais bien vite, celle-ci disparut complètement, après avoir ajouté « Quel que soit le résultat, la situation tournera à mon avantage de toutes façons. »

Puis un lourd silence pesa sur la petite salle de réunion…

Brani ne comprenait plus grand chose à la discussion. Le message initial délivré par le prêtre l'avait pourtant fortement inspiré. Partir à la recherche du Roi Charognard, l'un des grands seigneurs de guerre gnoll, pour lui régler son compte était une mission qui correspondait bien aux raisons pour lesquelles il était venu à Kelmarane.

La suite de la conversation lui fit froncer les sourcils. Qu'étaient-ce donc que ces histoires de diplomate-espion et de Néfeshti ? Et voici maintenant que le prêtre messager semblait comme démasqué et reprendre pour ainsi dire son identité originelle, plus grand physiquement et tenant des propos beaucoup moins bienveillants.

Les yeux écarquillés, le nain regarda l'ex-prêtre de Sarenrae s'évanouir progressivement et disparaître de la pièce.

Modifié par un utilisateur mercredi 1 décembre 2010 12:47:03(UTC)  | Raison: Non indiquée

On pouvait dire que Zat ne s'attendait pas à cette réponse et les paroles de Kardswann lui revinrent à l'esprit quand il disait que tout les Djinns n'étaient pas des être de bontés et générosités. Zayfid avait proféré une sorte de menace cachée et le gnome pensait comme Marian qu'il allait de nouveau le rencontrer, il fallait se préparer, à toute éventualité.

Mais pour l'instant la menace du Seigneur-Charognard était la plus imminente. Il fallait se renseigner et comprendre ce qu'était le trône de vers ou l'antre de la bête. On ne pouvait laisser l'initiative aux gnolls et mettre en danger Kelmarane.

Le gnome se tourna vers Almah :«  " Je crois que pour le bien de Kelmarane nous devons monter une nouvelle expédition pour éliminer le Seigneur-Charognard. Est ce que Zarostan, Hundrella et les prêtres de Sarenrae, pourrait nous aider en nous fournissant, des potions qui avait été si éfficace contre la bête innommable de la crypte?" »

Étonnée par l'étrange tournure des événements, Almah, qui se trouvait encore derrière Garavel, était restée interloquée, la bouche bée, devant les révélations qui se succédaient dans la petite salle de réunion. C'est seulement quand le nain avait pris la parole qu'elle avait refermé la bouche et qu'elle a avait repris ses esprits. Les gardes s'étaient rapidement tournés vers le nain et l'avaient menacé de leurs armes avant de baisser celles-ci après avoir constaté que le nain se semblait pas vouloir créer des problèmes.

Almah se racla la gorge puis retourna s'asseoir à la table, après avoir indiqué d'un signe de tête à Garavel qu'elle allait bien. « Non, au contraire, je pense… que l'entrevue précédente est terminée. » Elle observa la salle, et plus particulièrement l'endroit où le "prêtre" se tenait avant de disparaître puis elle se retourna vers le nain et l'invita à venir s'asseoir. Elle se racla la gorge une seconde fois puis sourit. « Nous vous écoutons… espérons que ce que vous avez à nous dire sera moins étrange que ce qui vient de se produire. »

Almah écouta attentivement la présentation du nain, hochant la tête à quelques reprises, puis elle ouvrit la bouche comme pour parler. Elle se ravisa et consulta Anthéus du regard. Le barbare semblait encore perdu dans ses pensées aussi ne s'attarda-t-elle pas sur lui. Elle tourna vers les autres aventuriers un regard interrogateur car, après tout, c'était surtout à eux de prendre la décision, voire de poser des questions aux nains : si celui-ci était "accepté", ce serait pour rejoindre leurs rangs.

Aux côtés d'Almah, Garavel, lui, avait repris son masque figé, arborant à nouveau l'expression neutre qui lui était si caractéristique. Il se contentait simplement d'observer et d'écouter.

L'appellation "trône des vers" ne suscitait aucun souvenir ni chez Immeghar ni d'ailleurs chez aucun de ses compagnons. Pour autant qu'ils puissent en juger, lorsque la créature qui s'était faite passer pour un prêtre de Sarenrae avait prononcé ces mots, c'était la première fois qu'il en entendait parler. Il ne devait donc pas s'agir de quelque chose de très connu…

"L'Antre de la Bête", par contre, évoquait plusieurs choses. Chez Marian, cela réveillait les divers souvenirs qu'il avait des moments plutôt pénibles qui avait suivi sa première visite à Kelmarane, lorsqu'il était venu sur place en tant que guide pour une équipe d'aventuriers trop téméraires et qu'il avait dû passer plusieurs jours blessé et coincé dans les ruines de ce qui était aujourd'hui devenu la plus grande des auberges de la ville. Il se souvenait vaguement avoir entendu ces mots-là à cette occasion.

Pour Zaqualmie, le nom évoquait de vagues impressions similaires à celles que suscitait des mots comme les Enfers, ou les Abysses, de vagues impressions difficiles à décrire par des mots, mais dont l'appellation la plus évocatrice aurait peut-être été "le cœur du mal".

Pour Immeghar, qui s'était intéressé pendant les derniers mois à l'histoire de la région et qui avait tenté de se renseigner au sujet des légendes des Templiers du Vent, ce nom évoquait une des places-fortes occupées par les ennemis des templiers. Les rapports qui en parlaient semblaient hésiter entre deux caractérisations pour l'endroit : un lieu de culte, comme le centre d'une religion, et une forteresse guerrière. Quoi qu'il en soit, l'endroit qui, de notoriété quasi publique, avait été reprise par le Seigneur-Charognard, semblait avoir une histoire assez sombre qui remontait visiblement à bien avant l'arrivée de ce seigneur de guerre gnoll. C'était d'ailleurs l'un des endroits que l'érudit de Néthys aurait bien aimé visiter… et qu'il aurait sans doute déjà visité s'il n'était pas plongé au cœur des territoires gnolls des pics Audacieux.

Finalement, "le Seigneur-Charognard", c'était là un nom que tous avaient déjà entendus. Tout le monde à Kelmarane et dans les environs savaient que c'était ainsi que le puissant guerrier gnoll qui était parvenu à rassembler les diverses tribus sous sa coupe se faisait appeler. Le nom en faisait trembler plus d'un (c'était d'ailleurs sans doute ce que le Seigneur-Charognard lui-même désirait) mais, même si de nombreuses légendes et histoires plus incroyables les unes que les autres couraient au sujet de ce champion gnoll, les informations précises et sûres étaient, elles, beaucoup plus rares. C'était aussi un nom que l'envoyé gnoll de la tribu ennemie des Kulldis avait prononcé à plusieurs reprises. Même si les informations étaient rares, on pouvait se douter que, pour occuper la place de dirigeant des tribus de gnolls de la région, il devait s'agir d'un individu puissant et sans doute assez rusé. En un mot, quelqu'un de dangereux.