La peau craquelée et rougie d'Ambrose se mit à luire doucement de cette lueur surnaturelle tandis qu'elle quittait les mains du nain. Les cloques du gros homme dégrossirent à vue d'œil jusqu'à disparaitre. Et en à peine quelques secondes, il s'arrêta de hurler à la mort. À la place, il se redressa sur son séant, poussant la marmite un peu plus loin d'une main et en se débarrassant du ragoût qui lui collait encore à la peau de l'autre. Grok, Bessel et Kwurzk qui se trouvaient juste à côté pouvaient voir que si le cuistot n'avait pas totalement guéri, les plus graves brûlures avaient été effacées. Seules restaient à présent des brûlures mineures et une peau irritée par endroits.

Comprenant rapidement que le nain l'avait soigné, ce fut au tour d'Ambrose d'être interdit. « Toi... tu... t'es un prêtre ! Puteborgne, t'es un foutu prêtre !!! » Cette révélation l'avait frappé de plein fouet. Le nain arrivé la veille avait caché ses pouvoirs malgré la loi à bord, malgré la lecture par M. Plugg des règles à bord. S'imaginant que ce soin spontané du druide avait été effectué en urgence pour corriger son erreur, Ambrose précisa sa pensée. Presque révolté, il lâcha : « Merde, t'es un putain de couard. Tu m'a soigné parce que t'as les foies ! »

Le ton s'était fait accusateur tandis que Grok se rapprochait avec Bessel pour examiner la situation. Tout comme Ambrose, la quartier-maître semblait choquée par cette découverte. Puis, une question lui traversa l'esprit. « Hé, le mousse, qu'est-ce que tu foutais ici d'abord ? C'est l'Heure du Sang ! T'aurais du te trouver sur le pont ! » Posant sa marmite au sol, la demi-orque prit une posture menaçante en décrochant l'une des haches qu'elle portait à la ceinture.

Au dessus d'eux, le son des pas avaient déjà atteint la salle des officiers. Dans une poignée de secondes, les premiers membres de l'équipage débouleraient sur le lieu de l'accident. Si Kwurzk et Bessel laissaient la situation en l'état, il y avait fort à parier que le nain serait sans aucun doutes possibles la cible toute désignée de la soirée. Il y avait tellement de choses à dire pour se couvrir et si peu de temps pour le faire. Toujours tendu, le nain sentait le temps lui filer entre les doigts !


Les premiers témoins seront là dans une dizaine de secondes environ, grand maximum. Vous pouvez réagir et tenter quelque chose, mais considérez ça comme l'équivalent d'un round. Vous pouvez donc tenter de parler/négocier/vous expliquer avec Grok et Ambrose mais vous n'aurez pas le temps de faire un long discours. Tout au plus pourrez-vous dire 2 ou 3 phrases construites chacun. Pour la survie imminente de Kwurzk, vous avez plutôt intérêt à être convaincant.

Modifié par un utilisateur mardi 13 décembre 2016 03:46:20(UTC)  | Raison: Non indiquée

Kwurzk fronça les sourcils et crispa les poings aux paroles d'Ambrose : « J'suis venu aider et tu m'as pété le nez et maintenant, alors que je viens de te sauver la vie, tu m'accuses d'être un prêtre et un couard ? Putain t'es pas sérieux là si ? »

Il se calma à la vue des hachettes de la demi-orque et comprit ce que Bessel était en train de faire : tenter de lui sauver les miches. Les bruits de pas précipités résonnaient dans l'escalier, le temps lui était compté. Et il venait de révéler une partie de ses pouvoirs devant plusieurs témoins... Il ferma les yeux une demi-seconde et inspira profondément pour se connecter au grand tout avant de parler.

« Ecoutez, j'ai des pouvoirs, faibles, ils me servent à pêcher, à soigner. Je ne suis pas prêtre, ni mage, et peu importe ce que je suis, s'ils l'apprennent je crains le pire. Ils ne reculerons devant aucune bassesse et j'ai pas mérité ça. J'ai pas choisi d'être ici. » dit-il en désignant du pouce le haut pour indiquer les officiers. Pensant que son discours ne mènerait à rien, surtout en présence de Grok, dont il ignorait les allégeances, il reprit « Ecoutez, je venais aider, j'avais peur pour Bessel, qu'Eyle et quelques connards ont voulu tabasser ce matin, et je ne les voyais pas sur le pont et vous étiez en retard  »dit le nain en pointant son doigt sur Ambrose.
« Balancez moi pour la soupe, je peux encaisser le fouet, la douleur est une vieille amie », indiqua-t'il en pointant sa jambe de bois avec une grimace, espérant sans doute vainement apitoyer les deux pirates, « Vous n'aurez qu'à dire que je suis tombé sur toi en glissant et que je t'ai fait tomber. Mais taisez ce que vous savez de mes pouvoirs balbutiants et vous trouverez en moi quelqu'un de reconnaissant. J'suis pas un fumier, j't'ai sauvé mec. A ton tour... A votre tour » acheva-t'il en fixant tour à tour Ambrose et Grok.



J'imagine qu'on peut gérer ça comme une action "aide" et filer un +2 au jet de Bessel... Pas certain que cela suffise...

Modifié par un utilisateur mardi 13 décembre 2016 11:11:55(UTC)  | Raison: Non indiquée

Kwurzk jeta un regard noir à Ambrose, mais ne prit pas la peine de regarder la quartier-maître, ilse releva, le nez pissant le sang et se plaça face au crâne chauve. Le nain n'était pas nain à fuir le danger ou à baisser les yeux face à lui, mais il se retint de justesse de mouiller ses chausses déjà souillées par le déjeuner. La rage et la peur menaçaient de lui faire faire encore plus de conneries. Il eu recours à toute la discipline qu'il avait acquis pendant son initiation pour conserver son sang froid. Peut-être pourrait-il couvrir Bessel... d'un ton navré et nasillard, il dit :
« J'étais inquiet de ne pas voir Bessel et Ambrose remonter de la cambuse et je craignais que ce pisseux d'Eyle n'ait mis ses menaces de ce matin à exécution, en fourbe sans couilles qu'il est, alors je suis venu voir ce qu'il se passait. J'ai percuté Ambrose par accident, me suis fait péter le nez et ait fait tomber le maître coq avec la marmite. Comme il s'est brûlé j'ai usé de mes modestes pouvoirs bénins pour limiter les dégâts, mais il faudrait un vrai sortilège curatif costaud pour le retaper...
Je vous présente à tous mes plus plates excuses pour le repas, et à Ambrose pour l'avoir fait tomber par accident. Il va sans dire que je tâcherai de me rattraper. »

Kwurzk ne se faisait guère d'illusion sur la suite, mais il espérait qu'il pourrait au moins sauver la mise de Bessel.

Il espérait également qu'il pourrait plus tard questionner Grok sur cette histoire de trucs que Plugg faisait à Ambrose...

Modifié par un utilisateur mercredi 14 décembre 2016 10:07:25(UTC)  | Raison: Non indiquée

Les choses avaient commencé à se compliquer sur le pont intermédiaire. Beaucoup de spectateurs étaient présents alors que Kwurzk s'expliquait. Aussitôt que Maître Fléau entendit l'unijambiste citer le nom de son second, celui-ci s'exclama : « Je te signale, espèce de cloporte, que t'es rien qu'un troufion sur ce navire. Tu dois le respect aux officiers, dont mon second fait parti. Rien que cette insulte mérite trois coups de fouet pour t'enseigner les bonnes manières. »

Comme une hyène prête à attaquer à la moindre faiblesse, Eyle renchérit aussitôt : « Qu'est-ce tu m'racontes avec tes conneries. Quelles menaces ? J'ai rien à voir avec toi et ce putain de bordel. Je t'ai d'ailleurs même pas croisé de la journée depuis l'appel sur le pont principal ce matin. Pas vrai les gars ? » Derrière lui, plusieurs voix s'élevèrent pour lui donner raison. Comme Kwurzk et Bessel s'en doutait, c'étaient les seconds couteaux du drow. Mais même une ou deux personnes que le groupe n'avait pas identifié comme des membres du groupe des salopards semblèrent cautionner cette version. Rassuré par ce soutien et l'absence de contestation de l'autre partie de l'équipage, le drow sourit en coin avant de rajouter, perfide : « Si t'es ici, c'est parce que t'as désobéis aux ordres. À l'heure du Sang, tout le monde doit se trouver sur le pont principal. Un point, c'est tout. En plus, t'as osé cacher tes pouvoirs à l'équipage. Et ça, ça mérite plus que trois coups de fouet ! » Cette dernière remarque était pleine de mauvaises intentions, car l'elfe savait que M. Plugg se focaliserait dessus.

Et cela ne loupa pas. Aussitôt des murmures commencèrent à s'élever de toutes parts tandis que les yeux du second se rétrécirent sous la réflexion. Mais loin d'être aussi mauvais en apparence que Maître Fléau et Eyle, il gardait son air sévère, voire renfrogné et ne desserrait pas les dents un instant. D'un ton sec, il coupa court au brouhaha ambiant. « Silence ! »

D'un seul mot, il avait ramené le calme sur le pont. « Toi » dit-il en s'adressant au druide. Sa voix charriait des glaçons. « Tu vas affronter la conséquences de tes actes. Pour toi, ce sera cinquante coups de chat et pas un de moins. » La sentence était sans appel. Plusieurs personnes se regardèrent, interdites. Personne n'en avait encore encaissé autant à bord. Personne n'en avait même encaissé autant tout court en réussissant à rester en vie. Cela ressemblait à une mise à mort mais personne non plus ne semblait prêt à contester l'autorité de M. Plugg ou les dires des deux autres officiers. Il n'y avait rien à gagner et trop à perdre en s'engageant sur cette voie. Ni Grok, ni Ambrose ou ni même Sandara ne mouftèrent un mot.

Alors que le nain s'apprêtait à s'avouer vaincu lui aussi, abasourdi par la sanction, une toute petite voix fluette s'éleva dans les airs. Cette voix, c'était celle de Bessel qui avait rassemblé tout son courage et s'était transformée pour l'occasion en femme de loi. Apparemment, elle avait retenu toutes les règles en vigueur à bord lors de leur lecture la veille et elle délivrait aujourd'hui un plaidoyer à la fois concis et complexe, qui sembla perdre une bonne partie (si ce n'est tout) l'équipage présent. Lorsqu'elle eut finit, tout le monde la regardait bouche bée et avec de grands yeux, pas certains d'avoir tout suivi. Même le si dur M. Plugg resta sans voix, à présent indécis sur la conduite à tenir. Bessel sentait que son discours avait touché la raison et le coeur des marins présents. L'espace d'un instant, elle sentit la réussite au bout de ses doigts.


Malheureusement, deux claquements secs venus de la large écoutille au dessus d'eux rompit le charme. En levant leur tête, les gens purent voir cinq des membres d'équipage restés en haut retirer la lourde grille de bois de l'écoutille pour laisser une ouverture béante dans le plafond. Sitôt fait, une silhouette se rapprocha jusqu'à se tenir au bord de l'ouverture. C'était le terrifiant capitaine Harrigan ! Le garundi portait toujours son cache-œil et croisait les bras tandis qu'il observait la foule en contrebas. La lumière déclinante du jour illuminant son dos formait autour de lui un halo doré qui le rendait tout simplement impressionnant, charismatique, presque divin.

Après avoir vérifié qu'il avait accaparé l'attention de tout le monde avec cette mise en scène improvisée, le capitaine finit par lâcher au bout de quelques secondes : « Et bien, Monsieur Plugg, ne vous ai-je pas confié la gestion de la discipline et de mon équipage à mon bord ? » La voix caverneuse était calme mais semblait faire trembler le sol et les gens présents. M. Plugg lui-même acquiesça avant d'ajouter « Mais... » « Mais rien du tout M. Plugg. Cet homme a fauté alors vous devez le punir justement. Ou alors êtes-vous incapable de tenir ce rôle et je me suis fourvoyer à votre sujet ? » La capitaine n'élevait pas la voix plus que nécessaire mais quelque chose dans ses paroles fit trembler le second qui ajouta aussitôt : « Vous.. vous avez raison, capitaine. Vous pouvez me faire confiance ! Maître Fléau, Grok, saisissez-vous du nain et amenez-le sur le pont ! Tous les autres, remontez ! Et toi, Ambrose, je te laisse t'occuper de la bouffe avec ton subalterne. Gaffe à toi. Si tu veux pas d'ennuis, je te conseille de trouver rapidement une solution à propos de ce gâchis ! Allez, tout le monde, bougez-vous le cul ! Et que ça saute ! »

Bessel qui avait travaillé si dur pour trouver un échappatoire à Kwurzk lâcha un couinement de rage et de frustration contenue. Autour d'elle, tout le monde avait suivi les ordres de M. Plugg et commençait à remonter sur le pont. Alors que Sorio, Anne-Charlotte, Chourave, Calfate et Shivikah replaçaient l'écoutille à sa place suite à l'ordre express du capitaine, la femme-rat se rendit compte qu'il ne restait plus qu'elle et Ambrose en bas pour remonter la marmite restante. Et bien qu'elle avait une tonne de pensées qui se bousculait sous son crâne, elle ne trouva rien à dire. A la place, elle suivit les ordres d'Ambrose qui la chargea d'aller chercher une corbeille de gâteau secs, entreposés sous un plan de travail. Le cuisinier comptait ainsi donner deux fois moins de soupe en compensant par l'apport en biscuits rassis pour la soirée.

Quand ils remontèrent quelques minutes plus tard sur le pont principal, Kwurzk était en train d'être placé dans une lourde boite en métal alors que son haut lui avait été retiré. Seuls lui restaient sa sacoche à composante et son pantalon abimé par le passage du temps. Le reste de l'équipage, comme la veille lors du passage sous la quille de Jakes-la-Pie, se trouvait séparé en petits groupes présents un peu partout sur le pont principal et le pont supérieur. Chacun comprenait que le nain allait subir de plein fouet les conséquences de sa malchance (et de ses erreur).

Suite sur le fil principal. Tout le monde pourra réagir dessus si besoin.

Le cambusier regarda Bessel de biais tout en s'activant lorsque celle-ci lui fit remarquer que sa colère était mal dirigée. Étonné, il se redressa avant de rétorquer : « Hé, Boule-de-poil, tu m'as vu m'énerver contre ton pote court-sur-pattes face à M. Plugg et aux autres ? »

La réponse était bien évidemment non, mais il laissa le temps à son commis de se rappeler la scène. Une fois qu'il pensa celle-ci fraiche dans la tête de Bessel, il poursuivit : « J'crois qu'tu prends le problème dans le mauvais sens. C'est pas une histoire d'énervement mais de survie et de discipline. D'abord, il est descendu alors que c'était l'Heure du Sang sauf que tout le monde doit se trouver sur le pont principal à l'Heure du Sang. Je suis pas vraiment une balance alors j'aurai laissé coulé en temps normal. Mais là, à cause de lui, j'ai renversé la foutue bouffe de l'équipage. Et quelqu'un devait payer pour ça. »

Regardant Bessel droit dans les yeux : « Et comprends-moi bien, quand je dis que quelqu'un devait payer pour ça, c'est par pour écraser quelqu'un d'autre. Mais vu la discipline de M. Plugg à bord, c'était couru d'avance qu'il allait chercher un coupable. » Puis, secouant la tête de droite à gauche et inversement, il termina : « Crois-moi. En définitive, c'était lui ou moi, voire les deux en même temps et hors de question de prendre la faute sur ma poire alors que j'y suis pour rien.

En plus, je connais pas ton pote et je lui dois rien alors le couvrir pour des clopinettes, même pas en rêve. La seule que je couvre, c'est Grok. Et encore... C'est pas parce qu'il m'a soigné une fois pour une connerie qu'il a fait à la base en plus que je vais changer d'avis du jour au lendemain. T'inquiète, je vais pas lui faire de crasse pour ce qui s'est passé mais t'attends pas à ce que je prenne son parti pour autant non plus. »

Puis se rappelant qu'on les attendait sur le pont principal, il enjoignit la femme-rat à l'aider et à remonter sans trainer. Au dessus, les choses avaient prises une vilaine tournure pour Kwurzk.

Bessel, après s'être affranchie de ses corvées du soir, décida comme le reste de ses compagnons de se relaxer. La journée avait été forte en émotions et la femme aux yeux rouges ressentait le besoin de se changer les idées. Savoir qu'elle avait échappé aux punitions du soir ne la tranquillisait pas tant elle pensait à la situation du pauvre Kwurzk. Le nain s'était retrouvé enfermé dans une vulgaire boite en métal sur le pont après s'être précipité à son aide, craignant un coup de l'elfe noir. De plus, M.Plugg l'avait enfermé là sans eau, ni nourriture. Avec la température dépassant les 30°C à l'ombre en journée, elle n'était pas sûr que son ami ressortirait vivant de sa boite exposée au soleil toute la journée...

Revenant à la réalité et voyant Ambrose sortir une belle bouteille de vin blanc d'un coin caché de la cambuse, elle lâcha un hoquet de surprise. Derrière elle, la voix familière de Ratus qui trainait dans le coin s'éleva « Quoi, y'a encore de l'alcool pour ce soir ? » Ambrose ne s'était pas sitôt retourné pour répondre que déjà le gabier était reparti en direction du pont principal, sautillant et pressé de raconter ses commérages. Il revint quelques minutes plus tard, un peu penaud, et surtout escorté par la bande à Eyle. Deux hommes l'encadraient, un bras chacun autour des épaules du malheureux bavard.

L'elfe noir s'était posté à l'avant du groupe, en petit chef arrogant qu'il était. Mais Bessel pouvait voir derrière lui toute sa clique presqu'au complet : le grimaçant Qibeq qui avait une dent contre Anne-Charlotte, son pote Balar "Sourire d'Enfer" fourré dans tous les mauvais coups avec lui, le discret Sibom qui trainait à l'arrière comme d'habitude et il restait un gros homme qu'elle n'avait encore pour l'instant jamais croisé. Celui-ci était plus gros qu'Ambrose et ses traits laissaient à penser qu'il était rahadoumi. Si pour Ambrose, son embonpoint se résumait à son ventre démesuré, l'autre était véritablement gros, voire imposant de partout ! A chaque pas qu'il faisait, elle pouvait voir sa graisse onduler. Mais à l'instar des hommes de Maître Fléau, lui aussi dégageait une aura de danger latent. Le mélange des deux genres était plutôt surprenant et Bessel ne se l'expliquait pas.

Rentrant dans la pièce avec les autres, Eyle lança à la cantonade, un sourire carnassier collé sur son visage : « Alors c'est ici qu'il faut se trouver si on veut de l'alcool en rab' ce soir ? » Ambrose, loin de chercher l'affrontement, préféra changer ses plans en les voyant débarquer. Plutôt que de vider sa bouteille dans un coin tout seul comme il comptait le faire au départ, il déclara : « Ouais, c'est ici. Mais attention, pour en avoir, 'va falloir jouer. Tu connais le "Haut-les-cœurs" ? On prend les paris avant, puis chacun vide en même temps que l'autre un demi jusqu'à que l'un d'entre nous tombe K.O. T'es chaud ? »

Toujours sûr de lui, Eyle fit signe à ses hommes de renvoyer Ratus et de prendre place avec Ambrose autour du plan de travail. « Ratus, pas un mot de ce petit comité surprise. Compris ? Sinon, tu sais ce qui risque de t'arriver. » Le pauvre gabier, franchement mal à l'aise hocha vivement la tête avant de claquer la porte de la cambuse en quittant les lieux. « Bien. Nous voilà tranquille à présent. » Fixant finalement le commis et s'imaginant très bien l'état de doute intérieur dans lequel Bessel se trouvait, il lâcha : « Alors, Bessel, tu vas pas te joindre à nous ? Prends place ! On est pas des monstres. Autour d'un verre, on est tous égaux ! » La soirée s'annonçait pleine de surprises...

Le drow savait que Bessel avait raison, mais il laissa couler avec un regard pas tout à fait neutre. Ambrose qui avait senti un potentiel problème arrivé s’immisça dans la conversation avant qu'Eyle n'ait une répartie bien sentie à balancer. « Allez, allez, on est là pour boire et jouer. Pas pour se disputer. Prenez tous place ici et on va commencer par vider cette bouteille avant de se mettre à jouer ensemble. »

Trop heureux de pouvoir boire plus d'alcool à moindre frais, le reste de la bande s'exécuta. Certains s'accoudèrent sur le plan de travail tandis que d'autres s'installèrent sur un tonneau ou deux qui trainaient dans le coin. Autour d'eux, les volailles et les chèvres avaient retrouvé leur liberté et se baladaient de nouveau à leur aise dans la cambuse, qui n'était d'ailleurs plus éclairée que par une unique lanterne à capote dont la lumière dansait sur les mers au rythme des vagues. Cela donnait aux hommes un air patibulaire alors que des sourires commençaient à se dessiner sur les visages des marins assoiffés.

Ambrose commença par servir une rasade de vin blanc à tout le monde, et chacun vida son verre goulûment après avoir trinqué à la santé du capitaine. L'alcool sucré coula le long de leur gosier, réchauffant le cœur des hommes fatigués. Les langues commencèrent à se délier et les langues à se libérer. L'un allait de son commentaire sur tel ou tel autre pirate à bord tandis que l'autre se plaignait du manque de plaisir à bord. En moins de temps qu'il n'en fallait pour dire "ouf", la première bouteille avait été vidée, et Ambrose l'avait jeté à la mer à travers le hublot. Une deuxième puis une troisième connurent le même sort. Une large bouteille de rhum décéda également, sans plus de cérémonie.

En regardant la petite sale d'un oeil extérieur, on pouvait voir que les hommes étaient à présent installés dans cette sorte de douceur confortable qui rendait la moindre blague drôle et le moindre compliment doux comme le miel. Ce fut le moment que choisit le cambusier pour se manifester de nouveau. Son visage était à présent bien route et son haleine empestait deux fois plus, mêlant dent pourris, bouche pas brossée et alcool corsé.

Sa voix laissait peu de doute sur son état d'ébriété : « *hic* bouallez, on joue ou on joue à présent ? Tiens, Bessel, viens ouvrir le bal avec moi ! » lança t-il en lui servant son premier shot de rhum. « J'te rappelle res lègles... les règles ? *hic* Le preeemier qui finit par terre, bah, il finit par terre. Il a déclaré perdu. Et le gagnant, il est gagné. AlleeEEEeez, à la tienne, Boule-de-Poil. »


Gwenette, si tu acceptes de jouer, tu veux bien me faire deux autres jets de vigueur stp ? Je prendrai en compte le premier que tu as fait qui est un 20 nat'.

Ambrose, qui avait déjà bu plus que de raison, semblait déjà bien attaqué. Pourtant, il enquilla son premier shot sans broncher. Alors qu'il lâchait un râle appréciateur en reposant violemment son shot vide sur la table, il fit un signe du menton à Bessel, comme pour lui indiquer que c'était son tour. Celle-ci, loin de se démonter, accepta le défi et imita son chef sans broncher. En voyant son commis encaisser si bien, le gros homme la félicita à sa manière : « J'aurai jamais imagi*hic*né que tu savais si bien boire, Boule-de-Poil ! Mais c'est moi qui gagnerait à la fin. Ça, je te le garantis ! » À côté de lui, Subom et Sourire d'Enfer approuvaient derechef. Quand il s'agissait de tenir l'alcool, bien peu de personnes à bord pouvait résister au coq.

Mais après un second shot ravageur, et un troisième shot assassin, Ambrose rendit les armes en s'écroulant à demi sur le plan de travail en face de lui. Trop sonné par l'alcool, il ne put même pas prononcé sa défaite à haute et intelligible voix. Ce fut donc Eyle, le drow, qui trancha en faveur du commis. « Et ben, on dirait que t'as gagné la première manche. » Pour une fois, l'enfoiré semblait presque admiratif. Cela en était si surprenant que même l'un de ses hommes présents leva un sourcil interrogatif.

Mais avant que Bessel ait pu se faire une idée bien précise sur les pensées de l'elfe ou chercher à s'occuper de son chef, Subom, qui se tenait jusqu'alors en retrait, se décida à rentrer dans la danse. « Ha !!! Tu lui en a collé une, c'était divin. J'aurai jamais imaginé que c'gros tas perdrait contre qui que ce soit à bord. Enfin, excepté Maheem ici présent » dit-il en désignant du pouce le gros rahamdouni installé à sa droite. « Enfin, en tout cas, c'est à mon tour à présent ! Je veux voir par moi-même si c'était un cou de chance ou non ! Allez, prends ton shot et affronte moi, morbleu ! Je veux voir de quel bois t'es faite ! » L'homme au serre-tête rouge semblait faire parti des hommes à la botte de Maître Fléau, et a forciori de ceux d'Eyle. Pourtant, il avait été plutôt effacé lors de leur première rencontre et il n'avait pas montré non plus d'intentions particulièrement hostiles à l'encontre de la femme-rat. Il semblait plutôt rentrer dans la catégorie du mec insignifiant suivant bêtement les ordres. Et pour l'instant, l'homme semblait véritablement concerné par son défi et l'envie de gagner.

Alors que Subom lançait son défi, Eyle pendant ce temps-là avait fait signe à Balar et tout deux avaient passé un bras du coq par dessus leur épaule. Il ajouta comme si ça coulait de source : « On va pas le laisser là. Il serait capable de s'étouffer dans son vomi s'il régurgite, ce con. On va le coucher et on revient. » Aussi surprenant que cela pouvait être, le drow semblait ne faire part d'aucune animosité ou méchanceté pour l'instant. Peut-être le coq et lui avaient-ils établis une relation particulière, inconnue de Bessel. À moins que ce soit tout simplement le respect que les seconds portaient aux officiers supérieurs sur ce navire. Pourtant avec Ambrose hors-jeu, Bessel allait bientôt se retrouver seule dans une salle isolée, entourée d'amis ne lui voulant par forcément du bien lorsque les clans et les alliances étaient actives en journée. Devant elle, les autres attendaient tandis que le shot de rhum la dévisageait, impassible.


Gwenette, si tu décides de jouer, je te laisse faire 4 autres jets au dé 20. Ce seront 5 tests de vigueur. Libre à toi de tirer ensuite tes jets de dégâts à la constitution. Sinon, je le ferai sur le fil des dés lorsque je ferai jouer Subom. Tu es aussi bien sûr libre de refuser et de chercher à faire autre chose mais dans l'esprit des pirates présents, ils te voient logiquement partis pour jouer contre Subom.

Et elle le lui avait bien montré !

La jeune femme-rat, frêle au premier abord, possédait une résistance assez phénoménale comparée à son adversaire du soir, le fameux Subom. Alors que Eyle et Balar s'étaient éclipsés quelques instants le temps de ramener le gros Ambrose sur sa couchette, l'homme au visage grêlé avait enquillé shots de rhum sur shots de rhum dans l'idée de mettre son adversaire K.O.

Mais dès le premier, l'homme sentit l'alcool dur lui brûler la gorge. Voyant devant lui son adversaire tenir le coup sans broncher, il ingurgita le second en retenant un haut-le-cœur et le troisième en se rassayant sur son tonneau. Bessel voyait dans les yeux de son adversaire qu'il n'en menait pas large. « *burp* Par le cul de la grande Manon, com*hic* comment tu fais pour tenir aussi bien le coup ? Ça te fait combien de chocs... de shots je veux dire, maintenant ? T'es pas la... » L'homme s'arrêta un instant pour retenir un nouveau haut-le-cœur avant de terminer : « ... la seconde de Tripaille de poiscaille pour rien, toi ! »

L'homme paraissait moins menaçant maintenant qu'il saoul, dans un lieu connu et dans une situation qui semblait le faire passer pour un membre d'équipage acceptable. Peut-être même que l'homme n'était pas mauvais dans le fond et que le problème venait de quelqu'un d'autre à bord. Mais Bessel n'eut pas le temps de poursuivre sa réfléxion : déjà Eyle et son ami revenaient dans la cambuse, sans Ambrose. En face d'elle, Subom remplissait deux nouveaux shots de rhum et les plaça devant la commis avant de faire de même pour lui-même, un sourire niais sur le visage. C'était le genre de sourire qui indique aux personnes sobres autour de lui que l'homme est en roue libre, mais son camarade, l'obèse Maheem ne fit rien pour l'arrêter. Ce dernier semblait au contraire trouver le spectacle très divertissant. Du moins, un petit sourire masqué par sa large moustache en donnait l'impression.

Après avoir renversé la moitié de l'alcool à côté, Subom s'adressa d'abord aux deux autres qui avaient reprit leur place autour de la table : « L'est couché ? » Voyant le rouquin lui faire un signe positif de la tête, il enchaîna : « Raaah, le cuistôt est couché ? Allez, Mémère, moi aussi, je vais te coucher ! On s'enfile ces deux shots cul secs et je te promets de pas te laisser par terre si tu t'écroules comme une grosse vache. Prêt ? » Sans même attendre la réponse de l'intéressée, il vida ses deux verres d'un coup.

Il lâcha juste après un long râle de contentement : « Raaaaaah, ça cogne ! » Puis comme pour se débarrasser de ce sentiment, il releva la tête, regarda droit devant lui, ignorant Bessel de ses yeux vitreux avant de donner un énorme coup de tête dans le plan de travail devant lui. « BOOONG ! » Le bruit du choc fit trembler la table entière ainsi que les quatre tonneaux qui servaient de chaises tout autour.

Aussitôt, les trois autres compères explosèrent de rire en comprenant que leur ami venait de s'assommer dans la manœuvre. Le Rahamdounais riait d'ailleurs encore plus fort que les deux autres : « Hahaha ! Qu'il est con ! Mais qu'il est con ! » Alors que le rire le secouait, on pouvait voir son double menton vibrer et toute sa graisse bouger. À sa droite, Balar se tenait les côtes, hilare tandis que Eyle riait de façon plus mesurée en rajoutant. « Et de deux ! On dirait que tu vas tous nous avoir ce soir, "Boule-de-Poil", hein ? » Comme si cela avait été une insulte pour Maheem, le gros homme objecta immédiatement : « Quoi ? Moi debout, jamais ! C'est à mon tour maintenant, Bessel. Et t'as pas intérêt à te défiler ! » Le ton était amical mais on sentait que l'homme avait comme une réputation à tenir au sujet de l'alcool.

À l'instar de son camarade, le gros homme n'attendit pas non plus avant de commencer à remplir un premier shot, qu'il présenta fissa à notre pauvre souris blanche. Autour de la table, personne ne semblait se préoccuper du pauvre Subom qui venait de tomber dans les vapes. Seul comptait le duel.

Modifié par un utilisateur mercredi 11 janvier 2017 19:01:00(UTC)  | Raison: orthographe

Bessel, abrutie par l'alcool, rendit les armes devant un Maheem encore en pleine possession de ses moyens. La tête lui tournait et c'est à peine si elle réussissait à rester consciente.

À côté, l'obèse en bon second couteau qu'il était reposa son dernier verre sur le plan de travail et regarda son chef d'un air satisfait. Eyle, qui jusqu'à là avait montrer un visage plutôt neutre se permit de revêtir un sourire carnassier pour révéler sa nature profonde alors que la commis était déjà à mi-chemin de l'inconscience. Après les réparties bien senties que Bessel lui avait lancé depuis qu'elle était à bord, le drow avait emmagasiné la haine qui le rongeait au plus profond de lui. Comment un être si inférieur à lui pouvait-il se permettre de lui répondre ainsi ? Mais elle rejaillissait pleinement sur son visage maintenant qu'il avait l'occasion de lui faire payer son impertinence au centuple.

D'un geste du menton, il fit signe à Balar de relever Subom qui était toujours allongé sur le sol, inconscient, avant de rajouter à l'adresse de Maheem, une joie sadique dans la voix : « Viens ici. On va la déplacer. Ce que j'ai en tête devrait vous plaire. »



Lorsque la cloche sonna sur le pont principal le matin, Bessel reprit connaissance en étant allongée sur le sol, vaseuse. Regardant tout autour d'elle de ses petits yeux rouges, elle ne vit d'abord aucune trace d'Ambrose ou de ses adversaires de la veille. Elle décida donc de se redressa sur son séant, et c'est là qu'elle sentit que quelque chose avait changé. Quelque chose en elle avait changé. Elle se sentait comme salie. Ses vêtements qu'elle voyait maintenant à moitié retirés et cette impression que quelque chose s'était passé pendant qu'elle était sans défense la firent hurler intérieurement.

Mais au dessus d'elle, la cloche continuait de sonner l'appel, impassible et intransigeante.

Modifié par un utilisateur lundi 16 janvier 2017 06:51:56(UTC)  | Raison: Non indiquée