Ambrose, comme Bessel, avait fait ses au revoir à Grok un peu plus tôt sur l'Absinthe. Cette dernière, très sérieuse, lui avait intimer l'ordre de redoubler de vigilance tout en gardant toujours un œil sur leur amie à poils.

La rassurant sur ce point, Ambrose lui claqua une virile poignée de main en ajoutant : « Après ce qu'il lui ont fait, tu peux compter sur moi. Je n'ai jamais manqué de renvoyer l'ascenseur à quelqu'un qui m'avait tendu la main. T'en es la première témoin. En plus, le temps d'arriver à bon port, je serai hors de l'influence du capitaine Harrigan. Je pourrai enfin respirer un peu. »Le bonhomme avait à vue d'oeil gagné en assurance depuis leur départ de Port-Royal. Certes, ce n'était pas un Kwurzk défendeur des opprimés ou une Anne-Charlotte qui en mettait plein la vue à la moindre action. Mais le cuistot se tenait maintenant régulièrement droit sur ses deux pieds et ne se contentait plus de s'écraser à chaque fois devant les autres. Et ça, c'était un sacré changement pour cet homme brisé qui avait fait office de loque humaine durant plusieurs semaines, si ce n'est plusieurs mois.


Lorsque l'Absinthe s'éloigna à bonne allure du navire rahadoumi, Tripaille-de-poiscaille salua d'un dernier geste de la main son amie présente sur le pont. Puis, il regarda Bessel qui se trouvait à côté de lui avant de lui lancer : « Bon, il est temps d'aller prendre nos quartiers. Hors-de-question de te laisser seule, et vu qu'on va continuer à bosser ensemble, je te propose de voir si on peut trouver un coin à nous pas loin de la cambuse. Qu'est-ce que t'en dis ? »

S'engageant dans le ventre du navire avec sa lance sous le bras et son baluchon sur son dos, le coq atteignit son nouveau lieu de travail après avoir obtenu l'accord du capitaine Plugg. La pièce dans l'idée ressemblait à la cambuse de l'Absinthe. Mais des différences notables étaient à noter. D'abord, celle-ci était presque totalement vide. Quelques caisses de denrées alimentaires avaient été entassées là en précipitation. Mais tout le foutoir de la précédente cuisine avait disparu pour laisser place à une grand pièce affreusement vide. Fini le capharnaüm de poussière, de nourriture, de marmites, de casseroles et de couteaux. Fini aussi les chèvres et poulets qui se baladaient en liberté et faisaient leurs besoins n'importe où. A la place, on pouvait voir une large pièce de 5x6m avec installée contre la cloison de la poupe une imposante cuisinière et un unique hublot laissant filtrer un mince filet de lumière contre la cloison tribord. Rien d'autre. En comparaison, cette nouvelle cambuse paraissait bien terne.

Perception. DD8.

Faisant une rapide estimation, Ambrose réfléchit à haute voix : « Hum, c'est pas terrible, terrible. Heureusement que j'ai gardé un set de couteau. Ils ont pas été foutu de me laisser des instruments de qualité pour travailler. Et question bouffe, ça vole pas loin. J'ai aucun assaisonnement ni aucun pot d'épices. Nos repas vont être bien fades. Et ça, c'est encore le moins important. Regarde, Boule-de-Poil, on dirait qu'on aura à peine assez de nourriture pour atteindre Port-royal si on navigue à bonne vitesse. Il faudra peut-être même se rationner les derniers jours. Hum... Je pense qu'il faudra sans doute voir si la pêche donne quelque chose. Bon, allez, assez parlé boulot. Allons voir nos couchettes. »

Embarquant Bessel avec lui, il ouvrit la seule porte restante de la pièce et vint inspecter la pièce qui semblait correspondre à la cabine du cuisinier (B11). Lorsque les deux amis pénétrèrent dans la pièce, un vieux relent de sueur, de moisissures et de crasse humaine attaqua leurs sinus. Allant de paire avec cette douce odeur, devant eux se tenait une cabine crasseuse accueillant deux hamacs tout sales et un unique hublot enchâssé dans la cloison bâbord. Dernier élément finissant de meubler cette pièce, une échelle branlante s’enfonçait dans le plafond pour aller rejoindre ce qui devait certainement être la cabine du capitaine (zone B7). Un solide cadenas (Sabotage DD30) venait fermer la trappe reliant les deux pièces.

Posant son baluchon sur le hamac crasseux du bas, Ambrose lança à son commis. « Est-ce que ça te va de faire chambre commune avec moi ? Dans l'absolu, tu peux bien sûr rejoindre tes amis dans le dortoir commun (zone B9). Mais j'ai promis à Grok de garder un œil sur toi, et à vrai dire, j'aimerai te garder à mes côtés. J'suis pas habitué à vivre seul, et ça me permettrait de ne jamais te laisser seul. Maintenant qu'on est lâché dans le grand bain, il faut que je veille sur toi... » Sortant ses affaires de son baluchon, il saisit un petit fût de rhum qu'il cacha dans un recoin de la pièce. Puis, se redressant et mettant ses mains sur ses hanches, Ambrose attendit la réaction de la jeune Bessel.

Modifié par un utilisateur jeudi 8 juin 2017 18:42:27(UTC)  | Raison: Non indiquée

Bessel avait pris ses précautions, mais nul piège de l'attendait. Entreprenant de forcer la serrure du cadenas, celle-ci utilisa ses outils mais sans succès. Le cadenas était encore un peu trop complexe pour elle. Si elle n'était pas loin de réussir, elle sentait qu'il lui faudrait plus de temps pour arriver à ses fins. Rangeant ses outils, elle revint vers Ambrose qui s'affairait près de la cuisine.

J'aurai besoin d'un nouveau jet de perception (DD20) une fois que tu te seras installée pour la nuit.



Le lendemain, Bessel s'activa avec Ambrose à prendre ses marques dans cette nouvelle cambuse. Tout était à faire et elle s'y employa du mieux possible avant de revenir à l'un des problèmes que le groupe avait évoqué lors du dernier diner : il fallait s'employer à infiltrer le groupe de M.Plugg au plus vite, sans quoi Bessel et les siens risquaient bien vite de faire les frais de ces fiers-à-bras à la caboche vide. Remettant la pêche à plus tard, elle s'excusa auprès d'Ambrose avant de monter sur le pont pour trouver le capitaine à la barre. Celui-ci, occuper à lire sa carte, donnait des ordres à la gréeuse pour corriger leur direction.

Modifié par un utilisateur mercredi 14 juin 2017 21:59:47(UTC)  | Raison: Non indiquée

Scrutant la commis avec attention, M. Plugg ne sembla pas savoir d'abord quoi en penser. Jetant un oeil à sa droite, il s'adressa à la gréeuse. « Reste à la barre et garde le cap. Je reviens dans quelques minutes. » Bessel avait réussi ! La curiosité de M.Plugg avait été la plus forte ! Il l'emmena donc dans sa cabine histoire de pouvoir s'entretenir avec elle à l'abri des regards et des oreilles indiscrètes.

En vérifiant autour d'elle pendant le trajet, Bessel vit que Fléau était lui occupé à gueuler sur Kwurzk et à diriger les hommes à l'avant du navire. Une fois la porte refermée derrière eux, Plugg croisa les bras en attendant la raison de ce tête-à-tête. « Très bien. Maintenant que nous sommes en privé, qu'avais-tu à me dire qui requiert un tant soit peu de discrétion ? » Comme s'il n'était pas vraiment sûr de ce que la souris allait lui révéler, il attendit, les muscles de son coup apparemment tendus.

Le capitaine Plugg semblait plongé dans la plus intense réflexion. Cette souris des mers l'abreuvait d'un discours aussi long que rapide, et ce trop plein d'informations sembla le submerger à certains moments plus qu'il ne lui donnait du grain à moudre.

Manquant le fait que Bessel avait sorti un mensonge un peu trop gros pour Qibeq et Eyle, Plugg rebondit sur la dernière intervention de la commis. « Hum... C'est vrai qu'ils semblent plus calmes depuis quelques jours, ces moins-que-rien. Et tu me dis qu'ils sont en train de fomenter une mutinerie ? » Commençant à faire des allers-retours dans la cabine, M. Plugg semblait complètement occulter la présence de Bessel jusqu'à ce qu'il s'arrête soudainement et déclare : « Très bien, toutes ces informations m'éclairent un peu mieux certaines choses que je ne comprenais pas. On va faire comme tu viens de me le conseiller. Tu vas attendre mon signal pour empoisonner la bouffe du soir. Puis nous ferons le grand ménage... Mais là, il va falloir attendre encore un peu. J'ai décidé de faire un détour par la côte ondoyante. Nous devrons faire escale le temps de régler un autre problème concernant ce navire et le plus indiqué pour ça, c'est encore Frêle Colin. »

Se frottant la barbiche à deux doigts, Plugg semblait faire des calculs dans sa tête, mesurant le danger d'une telle entreprise et les préparatifs à effectuer pour y arriver. Posant à la fin de l'entretien sa main sur l'épaule de la souris, il se permit de la féliciter. « T'as bien fait de venir me voir à ce sujet-là ! Continue à faire profil bas pour l'instant. Je viendrai te voir le moment venu. Lorsque tout cela sera derrière nous, je te récompenserai à ta juste valeur. » L'homme prit ensuite congé de la commis après l'avoir renvoyé aux cuisines.

Le premier maillon du plan avait été placé. Il restait maintenant à faire de même avec le reste.

Modifié par un utilisateur jeudi 15 juin 2017 18:22:51(UTC)  | Raison: Non indiquée

Avant de renvoyer définitivement Bessel à son poste, M. Plugg se rendit compte de la remarque pertinente de celle-ci. Ils devaient trouver un moyen de communiquer au besoin.

Jetant un coup d'oeil à la trappe qui se trouvait dans le coin bâbord de sa cabine, il la rassura : « Le moyen le plus simple est encore le meilleur. Puisque cette trappe communique directement avec tes quartiers, on va l'utiliser. » Brandissant la clé qu'il portait au cou, il se rapprocha de la trappe et rajouta. « Chaque fois que tu auras quelque chose d'important à me communiquer, il te suffira de toquer ainsi. » Toc. toc, toc, toc. Plugg toqua d'un premier coup sec sur la trappe, avant d'attendre un moment, puis de reprendre avec une succession de trois petits coups rapides et étouffés. « Ainsi, si j'ai les mains libres, je t'ouvrirai. Sinon, tu devras me faire ton rapport plus tard. Entendu ?

Maintenant retourne au boulot. Je ne veux pas que mes hommes commencent à se poser des questions. Si ce que tu m'as dis est vrai, nous devons faire attention et redoubler de prudence ! »

Plus que ses yeux, c'était l'instinct de Bessel qui l'avait poussé à se diriger vers le sud. Quelque chose dans l'air (ou peut-être sa boussole intérieure) lui soufflait que c'était la direction à suivre. La courageuse femme-rat avait donc entamer sa course avec Pateba dans les bras.

Aidée par ses extraits et ses potions, la lutte avait tout d'abord tourné en sa faveur. Nager dans cette mer démontée se faisait sans effort et le gabier suivait les conseils de Bessel en essayant de battre des bras et des jambes.

Mais rapidement, leur chance tourna. L'homme blessé continuait de perdre son sang, ce qui eut pour conséquence de les ralentir sérieusement. Pourtant Bessel, incapable de renoncer et de se laisser aller dans cette mer indomptée, s'entêta à combattre même lorsque Pateba finit par perdre connaissance pour se transformer en poids mort pour elle.


Seule dans cette bataille pour sa propre survie, Bessel finit par perdre la notion du temps. Dans un milieu hostile et froid, le corps de la jeune femme finit lui aussi par se fatiguer. Mais sa volonté inflexible prit le relai. Un mouvement de jambe après l'autre, une brassée après l'autre, la jeune femme-rat continua à nager. Au dessus d'elle, le ciel noir continuait de déverser ce déluge intarissable, insensible à sa situation.


Un laps de temps indéterminé plus tard, la pluie finit par s’éclaircir légèrement et les vagues finirent par se faire (un peu) moins grosses. Pourtant Bessel fut insensible à ce changement. Seule restait en elle cette volonté de survie. C'était la seule chose qui lui permettait encore se mouvoir alors que la fatigue semblait s'être installée jusqu'au plus profond de ses os et de son être. Ses gestes ne se faisaient plus que par habitude mécanique tandis que son esprit n'était plus occupé par une seule et unique pensée. Je peux y arriver.... Je peux y arriver... Je peux y arriver...

Et alors que Bessel allait finalement rendre les armes et se laisser happer par les vagues, quelque chose d'incroyable se produisit : son corps s'écrasa contre une surface solide ! Le choc raviva son esprit exténué par l'effort, et alors qu'elle essayait de s'y accrocher, il lui fallut encore batailler pour extraire de son corps vidé une dernière décharge d'énergie. Il lui fallait se hisser hors de l'eau avant qu'une nouvelle vague ne vienne la malmener. Faisant de même avec le mwangi, elle s'assura ensuite qu'il respirait.

Sentant la tension monter en elle d'un cran face à cette incertitude, elle poussa un soupir de soulagement en constatant que c'était le cas. Néanmoins, la situation restait critique pour lui. Totalement inerte, son corps était recouvert de multiples coupures, certaines parfois assez sérieuses. Si on le laissait dans cette état, il était certain qu'il mourrait durant la nuit.

Prenant rapidement le temps de se repérer, la commis vit que plus qu'un rocher sordide, elle avait réussi à atteindre une île. Et une grande, avec ça ! L'endroit par lequel elle était arrivée était loin d'être accueillant. En guise de plage, de multiples rochers coupants et des récifs coralliens crevaient la surface de l'eau, parfois de plusieurs mètres. Mais derrière cette plage inhospitalière se trouvait une jungle épaisse et sauvage recouvrant toute l'île. Enfin, pas tout à fait. Se redressant sur ses deux pattes sur cette surface qui ne tanguait plus, Bessel revit rapidement son jugement : toute l'île, c'était difficile à dire. De son point d'observation, il semblait en tout cas à la jeune femme-rat que l'île devait s'étendre sur au moins deux kilomètres et que la jungle en recouvrait la majeure partie.

Deux choses toutefois attirèrent son attention. Tout d'abord, tout près d'elle à trois cents mètres au cœur de la jungle se trouvait un énorme poing rocheux haut de 15m. Et dans le lointain, à l'opposé de sa position, une falaise rocailleuse dix fois plus haute que le poing rocheux semblait présider l'île. Revenant à Pateba, il fallait maintenant que Bessel se décide sur ses priorités et la marche à suivre pour y répondre. L'homme qu'elle avait tiré des flots n'était pas encore sauvé. Seulement en sursis. Et elle était livrée à elle-même, seule sur une île déserte. Il lui fallait répondre aux besoins les plus urgents.

J'aurai besoin que tu me tires 1d6. Le résultat représentera le montant de dégâts non-létaux que Bessel aura subit à cause de son escapade dans les vagues.
Je pensais utiliser Premiers secours pour gérer le mwangi mais tu ne maîtrises pas la compétence. Du coup le DD15 est impossible à atteindre puisque sans maîtrise, le DD max que tu peux atteindre est 10. Je te laisse donc improviser pour essayer de le sauver.

Survie. DD10.

Modifié par un utilisateur mercredi 12 juillet 2017 06:52:40(UTC)  | Raison: Non indiquée

Dans un soucis d'ordre pratique, je te propose de considérer que tant que Bessel et Pateba sont seuls, ils parlent en polyglotte chaque fois qu'ils prennent la parole. Mais nous nous passerons des correspondances de langues. Ca nous fera gagner du temps vis-à-vis de googletrad. Qu'en dis-tu ?

En plus de posséder une volonté de fer, Bessel était vraiment une femme-rat pleine de ressources. Après s'être soignée pour récupérer de cette traversée dantesque, elle s'occupa rapidement du mwangi dont l'état de santé était critique.

Lui faisant boire la potion au liquide bleu turquoise, la jeune souris en constata l'instant d'après les effets saisissants. Les multiples coupures sur le corps de Pateba se refermèrent à vue d'oeil tandis qu'il semblait reprendre des couleurs. Gémissant un instant comme un homme qui cauchemardait, il se redressa brusquement sur son séant. L'instant de surprise passé, il regarda tout autour de lui du regard d'un homme affolé qui cherchait une planche à laquelle se raccrocher. Puis il vit Bessel et son esprit percuta. La tempête. La chute à la mer. Les bernacles. La nage éperdue. Le froid. La mort...

Réalisant qu'il était toujours de ce monde, le solide gaillard hocha la tête en signe de reconnaissance avant de laisser échapper un sanglot nerveux. Croyant déceler une larme au coin de l'oeil du mwangi, Bessel l'entendit adresser une prière à ses ancêtres. Cela fait, il prit ensuite l'air le plus digne qu'il pouvait adopter pour l'occasion et se prosterna face à Bessel, front contre le sol tel un sujet devant son monarque. « Merci. Je te dois la vie. Ma vie est tienne, Bessel-nad. » Puis pour symboliser ce serment, le mwangi retira ensuite l'unique boucle d'oreille en os qu'il portait et la tendit à Bessel. « Porte-la avec toi en tout temps, jusqu'à que tu juges que ma dette de sang aura été payée. D'ici-là, je serai ton bouclier, ta lance et le châtiment qui frappera tes ennemis de ta colère ! »

Bessel ayant saisi son présent, elle lui parla sans attendre de la suite du poing rocheux. Considérant son désir comme un ordre, Pateba se releva. Le sang lui montant à la tête, il chancela brièvement avant de secouer la tête pour faire partir ces parasites lumineux à la limite de son champ de vision. Eprouvant brièvement son état physique, il constata qu'il était capable de se mettre en route. « Je suis prêt. Allons-y. »


Suivant la fine femme-rat à travers la jungle et le mauvais temps, le mwangi fit de son mieux pour ne pas l'handicaper durant la progression. Attentif à leur environnement, le duo avança à travers l'épaisse végétation qui débordait de vie et de sons aussi naturels que sauvages. Autour d'eux, les fougères côtoyaient les arbres aux troncs noueux et aux lianes omniprésentes. Des piaillements d'oiseaux se mêlait à la musique des crissements d'insectes. Et l'humus riche de la végétation morte étouffait chacun de leur bruit de pas. Si la distance jusqu'à l'objectif avait été plus grande, les deux naufragés se seraient certainement perdu dans cet environnement luxuriant. Heureusement pour eux, le trajet ne leur pris qu'une demi-heure de leur temps et le flair de Bessel leur permit de garder le bon cap. En arrivant au pied du poing rocheux, Bessel constata que celui-ci avait fait place nette autour de lui. A cause de sa large base qui s'enfonçait plusieurs mètres sous terre, aucun arbre imposant ne se trouvait à proximité. Tout juste était-il couvert de mousse ici ou là. Il semblait même présenter assez de prises pour être escalader. La pluie, à présent normale, en compliquerait certainement l'ascension, mais elle restait possible. Et une fois en haut, cet élément de la nature présenterait un parfait point d'observation, à la fois sur l'île et sur la mer alentour. Alors qu'elle réfléchissait à ses options, Pateba l'interpella tout en surveillant les alentours. « Bessel-nad ? Nous n'avons jamais eu l'occasion de te poser la question avant, moi et les miens. Mais comment en es-tu arrivée à parler notre langue ? »


La tempête s'est changé en simple pluie abondante et la visibilité s'est accrue. Pour autant, les précipitations ont rendu une grosse partie du rocher aussi glissant que du savon. DD15. Sans compétence et matériel d'escalade, ou sans astuce pour contourner la difficulté, Bessel est donc bloquée en bas pour l'instant.

Lorsque Bessel refusa le gage du mwangi, celui-ci en resta interdit. Ses yeux grand ouverts semblaient comme horrifiés . À le voir, la femme-rat comprit immédiatement que sa bonne intention n'avait pas tout à fait atteint le but recherché. Mais plutôt que d'en discuter tout de suite, il raccrocha sa boucle d'oreille sans rien dire avant de suivre Boule-de-poil.

Un peu plus tard, alors que les deux compagnons avaient atteint le point d'observation naturel et que la lumière du jour commençait tout juste à faiblir, Bessel fit le tour de la place afin de s'assurer de leur sécurité relative. Ce qu'elle vit la rassura. Aucun des arbres proches qu'elle examina ne sembla marqué par les griffes de bêtes féroces. Nulle trace non plus d'excréments ou d'empreintes de prédateurs. Juste des empreintes de pattes d'oiseaux ou de petits rongeurs. Dormir ici devrait donc être sûr, malgré le côté ouvert aux vents. La chance lui permit aussi de trouver un petit réservoir naturel d'eau formé par de larges feuilles d'un arbuste à proximité. S'il n'avaient rien à manger, au moins pourraient-ils se réhydrater. C'était toujours ça de pris pour deux personnes isolée dans un milieu hostile.

De son côté, parce qu'il avait une petite expérience en la matière, Pateba se permit également de conseiller Bessel sur la nuit à passer. « Si nous dormons au contact du sol, nous nous réveillerons demain perclus de courbatures. Essayons de rassembler des branches ou du bois mort, ainsi que des feuilles mortes. Je pourrai ainsi nous confectionner un matelas sommaire à partager. Il ne sera sans doute pas très confortable. Mais au moins, il nous permettra de nous séparer du sol grâce à un matelas d'air et de dormir sans mourir du froid. » Mettant cette bonne idée en pratique, le duo vit filer les dernières heures du jour à toute vitesse. Trouver du bois autour d'eux n'était pas compliqué. En revanche, rassembler des feuilles mortes en quantité suffisante leur avais pris énormément de temps. Heureusement, Pateba réussit à finir une couchette assez large pour deux avant que le soleil ne disparaisse définitivement à l'horizon.

Commençant à s'installer pour la nuit, Bessel vit le mwangi faire de même en se rapprochant d'elle. En revanche, plutôt que de se coller à elle pour se servir d'elle comme d'une source de chaleur, Pateba se mit à genoux, mains sur les genoux. Le dos très droit et la tête haute, sa posture avait quelque chose de cérémoniel, comme lorsque Bessel l'avait sauvé sur le rivage. Voyant qu'il avait obtenu l'attention de la souris, l'homme bascula de nouveau vers l'avant jusqu'à poser son front contre le sol humide et froid. « Je t'en prie. Reconsidère ma demande. » lança le mwangi à son ange-gardien. « Notre tribu suit le Ji'e'toh. J'ai donc un Toh envers toi. Tu m'as sauvé la vie et si tu ne veux pas faire de moi ton gai'shin, je serai déshonoré. La honte sera sur moi, et je devrai... me donner la mort. » L'explication semblait sommaire mais assez claire pour laisser comprendre à Bessel que son refus avait occasionner un problème grave pour l'homme noir. Et à voir sa posture et le ton de sa voix, Pateba comptait insister cette fois...


Malgré ta maîtrise du polyglotte, trois termes employés par Pateba semblent t'échapper. Tel que tu le comprends, le "Ji'e'toh" veux dire littéralement "Voix de l'Eau". Mais sans explication particulière à ce sujet, il te semble impossible d'en comprendre le sens profond. Le "Toh" quant à lui peut être traduit comme "Obligation". Mais le terme te gène car il mêle l'idée d'obligation à celui de récompense et de servitude, soit 3 termes qui se mêlent bizarrement ensemble. Enfin, le dernier terme, "gai'shin" semble faire référence à la condition de la personne qui a un toh envers une autre personne. Naturellement, tu lies ce mot à "serviteur". Mais le sens, lui-aussi, te perturbe car on y retrouve encore une fois l'idée d'honneur dans la servitude et d'absence de libre-arbitre. Tu ne l'avais pas compris sur le rivage, mais tu sais maintenant que tu as mis le doigt sur une particularité des tribus mwangis (ou si ce n'est toutes, au moins celle de Pateba). Reste à savoir dans quelle mesure s'applique la demande de Pateba, et à quel point Bessel est prête à l'accepter.




Après une nuit passée l'un contre l'autre sur un matelas finalement pas si inconfortable que cela, Bessel et Pateba se réveillèrent reposés. Dans le ciel, on pouvait voir le soleil entamé sa course de la journée dans un ciel bien plus dégagé que la veille. L'air toujours lourd de la jungle et les cris des oiseaux exotiques les ramenèrent immédiatement à la réalité de leur naufrage.

Rassuré et satisfait par la réponse de Bessel, Pateba la remercia en commençant par lui expliquer les règles du pacte qui les liait. « C'est une coutume particulière de ma tribu, les Bonuwat. Si les règles peuvent paraître simples, elle sont en réalité très codifiées pour mon peuple. C'est la raison pour laquelle la plupart des étrangers s'emmêlent souvent les pinceaux.

Dans les grandes lignes, disons que je serai ton gai'shin pour un an jour pour jour à compter d'aujourd'hui. Durant cette période, je devrai te servir afin de payer ma dette de sang. Mon rang sera proche de celui d'esclave. Pour autant, cette charge ne doit pas être vécu comme tel. Si tu gagnes de l'honneur grâce à moi, c'est autant de ma dette qui te sera remboursée et ce sera autant d'honneur que j'aurai retrouvé. Je pourrai bien sûr te servir de bouclier mais pas de lance, même pas pour me défendre moi-même. Être gai'chin implique le sacrifice de soi et si je meurs durant mon service, alors c'est que le destin l'aura décidé ainsi car il n'y a plus grand honneur que de sauver son maître en tant que gai'chin.

Une chose importante peut-être : même si tu es ma maîtresse, je peux choisir de rompre ce pacte si tu en déshonores la pratique et que tu brises le code de conduite de ma tribu. À ce moment-là, les ancêtres pourront considérer que ma dette a été remboursée et je retrouverai ma liberté. » Ayant conscience qu'il fallait expliquer cette pratique ancestrale et complexe petit à petit, Pateba coupa là son explication et souhaita la bonne nuit à Bessel, lui promettant de revenir dessus plus tard.




Carte de l'île des Os-brisés

Le lendemain, lorsque Bessel commença son ascension, quelque chose la frappa. Quelque chose dans la roche du promontoire la laissait perplexe sans trop savoir quoi. Puis après avoir escaladé trois ou quatre mètres, elle réussit à mettre le doigt sur ce qui la chiffonnait : la roche était de nouveau presque sèche. Ses prises s'en trouvaient donc énormément facilitées. C'était comme si la tempête qu'ils avaient essuyé la veille n'avait été qu'une petite pluie sans conséquence et que le sol et la roche de l'île avait déjà bu le trop plein d'eau versé. Se disant que cela servait pour l'instant ses affaires, elle se contenta d'escalader ce point d'observation jusqu'à son sommet.

La première chose qu'elle vit en atteignant le sommet fut un imposant flambeau de bois. En même temps, comment aurait-elle pu le manquer ? le bûcher faisait près de trois mètres de large et occupait une bonne partie de l'espace. Composé de planches de bois humainement travaillées, de branches d'arbres et de petit bois, le flambeau semblait encore humide mais il n'était pas pourri par le temps. Et à côté de ce large flambeau se trouvaient six torches artisanales et une paire d'allume-feu.

Revenant à son gai'chin pour l'aider à monter, elle attendit qu'il atteigne lui aussi le sommet avant de reprendre son inspection. Considérant l'île et la mer, tout ne présentait pas si mal. L'île semblait longue d'une dizaine de kilomètre à vue d’œil et le paysage lui-même semblait présenter diverses zones bien distinctes. Tout d'abord, et presque que partout à perte de vue, la jungle recouvrait l'île d'une épaisse et luxuriante végétation. Celle-ci allait de la pointe nord-est de l'île par laquelle Bessel et Pateba avaient débarqué à l'extrémité ouest où une immense falaise dominait l'île. Seuls trois zones bien particulières semblaient avoir chassé cette épaisse jungle.

Tout d'abord, passé un premier kilomètre, une zone marécageuse coupait le poing rocheux du reste de l'île sur deux bons kilomètres. Ensuite, Bessel pouvait voir qu'au sud de l'île, une large bande de plage sablonneuse occupait une large surface de l'île avant de se retrouver interrompue brutalement par une végétation trop ordonnée pour être naturelle et sauvage(C7). En enfin, pour terminer, une sorte d'obstacle (ou de déformation?) semblait se trouver au beau milieu de la crête ouest de l'île (C8).

Alors qu'elle essayait de graver tous ces détails dans un coin de sa tête, Pateba la sollicita. « Hey, Bessel ? Ne dirait-on pas notre navire qui se rapproche par l'est ? » En se concentrant fixement sur le point que Pateba lui pointait du doigt. Au bout d'un moment qui sembla durer une éternité, la commis vit effectivement qu'un navire se rapprochait dans leur direction, même si elle n'était pas sûre que ce soit bien le Promesse de l'Homme qui était parti à leur recherche. Sans attendre que Bessel ne lui réponde, le mwangi commença à faire de grands signes avec ses bras avant de se mettre à crier à plein poumons : « Hey, c'est nous ! On est là ! Venez nous chercher !!! »


Perception. DD15.

le test d'escalade le lendemain matin te parait beaucoup beaucoup plus facile. DD10. En choisissant de "faire 10", tu peux donc économiser monkey fish et un mutagène. Je te laisse libre de les conserver pour plus tard.

Concernant la carte de l'île, j'ai délibérément retiré les explications sur les différents points visibles. Je vous les remettrai au fur et à mesure de votre avancée.

Carte de l'île des Os-brisés

Enthousiasmé par cette bonne nouvelle, l'homme s'arrêta de gesticuler pour obéir à son amie et maîtresse. « Très bien ! » Seulement, chaque fois que Pateba arrivait à allumer une flamme grâce ses allume-feu ou Bessel avec son silex, celle-ci mourrait dans la minute qui suivait. Comprenant facilement la raison de ce problème,le mwangi en avisa sa maîtresse : « Bessel, ce bois est encore trop détrempé pour permettre au feu de prendre. On peut persévérer, mais je doute qu'on arrivera à allumer ce brasier tant que le bois sera humide... »

Le mwangi, pour sa première tâche, semblait déjà faire défaut à la commis sans savoir comment résoudre le problème qui se présentait à eux. « Que peut-on faire ? Si on n'arrive pas à se signaler, l'équipage risque de passer à côté de nous sans nous voir et je ne reverrai jamais les miens ! »


Hum, au choix : soit tu as une bonne idée pour réussir à allumer ce feu avec le bois trempé et je te laisse l'exploiter, soit tu me fais un test de survie (DD22) et si tu le réussis, je brode autour.