La frénésie provoquée par la procès de la Bête avait certainement atteint toute la ville, mais l'Université de Lepidstadt avait peut être réussi à conserver son sang-froid, bien que la Bête ait été arrêtée après avoir fait irruption dans le département d'Antiquité. Les étudiants discutaient le procès, que ce soit la nature de la Bête, les détails du processus judiciaire, ou le comportement de la foule que l'évènement avait attiré, mais tous ou presque le faisaient avec mesure, et contrairement à la populace, étaient aptes à la réflexion critique, préférant en général ne pas condamner sur une première impression.

Le département de Zoologie était plutôt calme, depuis quelques temps, en revanche. Theodosia Von Voshkod, la chef du département, se lamentait de la future perte de crédit, dans un département qui peinait déjà à être financé. Sans l'appui de l'Ordre de l'Oeil palatin, une société plus ou moins secrète, mais bien implantée dans les cercles académiques, le département aurait été fermé depuis longtemps. Théodosia, cependant, semblait inquiète pour une autre raison. Elle avait appris la mort du professeur Lorrimor, un membre estimé de l'Ordre et un ami, deux jours plus tôt, lorsqu'un groupe d'ami du professeur était arrivé en ville et avait porté la nouvelle au professeur Montagnie Crowl du département d'Antiquité. Elle avait longuement hésité, mais avait finit par décider d'en informer Aarkus, son meilleur agent de terrain, dont elle savait qu'il était proche du professeur.


Ce dernier se trouvait, comme souvent, dans la bibliothèque. Contrairement aux autres départements, celle ci contenait aussi une collection étendue d'animaux et de créatures préservées, empaillées, ou conservées dans des fluides d'embaumement pour empêcher les outrages du temps. On y trouvait certaines des créatures les plus bizarres de la région, des stirges géantes aux aurisvoxus à six pattes, un ourshibou dominant la salle de sa haute et solide stature. On y trouvait même un crâne de troll, et le squelette entier d'une wyverne. Théodosia frappa doucement à la porte, signalant sa présence au jeune homme.
« Aarkus? Je peux vous parler un instant? J'ai une grave nouvelle à vous annoncer...vous devriez peut être vous asseoir... »

Theodosia hésita un instant devant l'agressivité de l'ours, mais finit par poursuivre.
« Je viens de l'apprendre, mais je suis au regret de vous annoncer que le professeur Lorrimor est mort il y a quelques semaines, à Ravengro. C'est un groupe de ses amis qui a apporté la nouvelle, en même temps que ses ouvrages les plus précieux, au département d'antiquités. »

Elle s'éclaircit la gorge, mal à l'aise et cherchant ses mots.
« Je...sais que vous étiez très proche, aussi me suis-je dit que vous voudriez avoir la nouvelle en personne. Petros était un ami cher, et un collègue estimé. Puisse Pharasma lui accorder justice et repos. »

Theodosia inclina la tête.
« Bien sûr, je comprends. Cependant, vous serez peut être content de savoir que la fille du professeur, Kendra, a récemment déménagé en ville. Elle, ainsi que le groupe d'amis du professeur qui sont venus nous annoncer la nouvelle, logent près de l'auberge du Monolithe, pas loin de la place du tribunal. Au cas où vous voudriez leur parler. »

Elle le salua et s'éloigna vers la porte.
« Je vous laisse...mais peut être que vous devriez en parler, malgré tout. »

La lettre était écrite sur un papier désormais jauni par le temps, et fermé d'un sceau de cire. Aarkus hésita, mais décida de finalement briser le sceau, et de découvrir le secret que le professeur lui avait laissé toutes ses années auparavant.

Ravengro, palatinat de Canterwall, 17 Pharas 4696
Aarkus,
Lorsque tu liras cette lettre, c'est que tu seras en âge de comprendre. Tu savais déjà que je n'étais pas ton père, ou au moins, pas ton père naturel, bien que je te considère comme mon fils. Malgré tout, je pense qu'il est temps que tu saches à propos de ta famille.
J'ignore qui est ton père, malheureusement, ou même quelles sont les circonstances exactes autour de ta naissance. Tout ce que j'ai pu glaner, c'est que ta mère était une shamane de la tribu Kellid des Serres-Solaires, qui vit sur les bordures de Sarkoris, au nord, et aux abords du Bois des Murmures, qu'elle était une demi-garuda, descendante de créatures célestes, et qu'elle s'appelait Sustrai. J'ai aussi appris qu'elle était stérile, et qu'elle avait malheureusement choisi une solution des plus dangereuses afin d'être capable de te donner le jour.

Le reste a été difficile à découvrir, mais je sais qu'elle est entré en contact avec une organisation de nécromanciens nommée la Voie des Murmures. Même si leur magie est plutôt orientée vers la mort, ils sont capables de telles prouesses....mais cela a un prix. Lorsqu'elle a refusé de les laisser t'élever comme prévu dans leur accord, ils l'ont traqué, et ont fini par la tuer. Elle a eu le temps de te confier à l'Ordre avant qu'ils ne la rattrapent, et c'est comme ça que tu es arrivé dans la famille.

Je suis désolé de t'apprendre ces nouvelles, mais je voulais être certain que tu sois en mesure de comprendre et de ne pas faire quoi que ce soit de stupide. Si tu souhaites te lancer à la poursuite de la Voie, je ferai de mon mieux pour t'aider, mais sache que c'est une quête risquée et semée d'embûche. Sustrai s'est sacrifiée pour que tu puisses vivre, ne traites pas ce don à la légère.

Modifié par un utilisateur mardi 31 janvier 2017 00:32:22(UTC)  | Raison: Non indiquée

Malheureusement, les dieux ne s'adressaient directement aux mortels qu'en d'extrêmement rares circonstances...Mais cela n'empêcha pas l'oreille entrainée d'Aarkus d'entendre un bruissement, comme le souffle du vent dans les arbres. A l'intérieur de l'université.
En revanche, il était difficile de savoir quel signification donner à cela, mais au moins Erastil ne semblait il pas l'avoir oublié. Mais si il voulait de véritable réponse, il devrait trouver un autre moyen de les obtenir, soit d'un oracle, soit, peut être plus directement, de la Voie des Murmures elle même...

Modifié par un utilisateur samedi 24 décembre 2016 10:05:16(UTC)  | Raison: Non indiquée

Gazdă approcha du jeune homme accompagné d'un ours désigné par sa collègue.

«  Maître Aarkus ! S'il vous plaît ! Je suis Gazdă Duch, et mes camarades et moi-même sommes actuellement au service du tribunal dans le procès de la Bête. Auriez-vous quelques minutes tout au plus à nous consacrer ? Nous souhaiterions vous interroger à propos d'abeilles. »

L'interpellé pouvait contempler un homme grand, à la démarche lourde. Un côté un peu bourru accentué par un visage en grande partie mangé par une barbe sombre. Hormis sa taille, ses yeux hantés par quelque triste événement de son passé le distinguaient du commun des mortels.

Le costaud n’arrivait pas à définir la race de l’homme en face de lui. Les cheveux gris trahissaient en principe un certain âge, pourtant la voix et la silhouette appartenaient à un être jeune. Avec un demi-sourire, il répondit :«  peut-être le même phénomène qui a blanchi vos cheveux ? » Il lui fit un clin d'œil. « Je ne suis pas devin, mais je peux parfois”voir” des choses imperceptibles aux autres. Expliquez votre souci, et nous verrons. »

Il poursuivit : « quant au sujet qui nous amène auprès de vous, nous avons des soupçons sur la nature du décès des enfants de Hergstag. Un expert en abeilles nous serait utile pour identifier l'origine de leurs blessures. Qu'évoque pour vous la présence d’un essaim d’abeilles tueur d'enfants dans un village ? Avez-vous déjà été confronté à des abeilles tueuses ? Peut-être existe-t-il une créature capable de se manifester sous cette forme, mais qui n'aurait rien de naturel ? »

Eh M...., comment c'est possible de louper un test aussi simple?
Confus, Aarkus s'excusa auprès du visiteur:«  Je ne sais pas... je suis un peu confus après la nouvelle qu'on m'a annoncée, il faut que j'aille voir dans mes notes et mes manuscrits. »

Puis Aarkus ayant repris du poil de la bête railla le colosse «  Et vous Gazda, je parie que votre don mystique viens d'un traumatisme passé, révélant en vous un pouvoir insoupçonné. Et oui, c'est aussi mon cas, regardez... »

L'ange-démon montra sa marque en forme de demi-lune et, sans un mot, il avança vers une étagère et saisi une petite boîte remplie de croquis de toutes sortes d'insecte cryptozoologique, accompagné du nom de la créature.

«  Alors, quelle sorte d'abeille, ou autre insecte, avez-vous observé à Hergstag?  »

Modifié par un utilisateur lundi 26 décembre 2016 13:40:59(UTC)  | Raison: Non indiquée

Aarkus, pensif, saisit un livre et chercha distraitement le chapitre utile. «  Attendez... Il existe des espèces d'abeille à miel qui sont aussi très territoriales et agressives, bien qu'elles ne soient pas natives de la région. Bien sûr, certains apiculteurs peuvent les dresser, mais cela recquiert un certain talent. Ah, voici: "A l'état naturel, les abeilles écarlates sont parmi les plus dangereuses de cette catégorie, et s'attaquent à toutes les créatures qu'elles jugent comme une menace pour la ruche". Il est possible que les enfants aient été victimes de tels insectes.
Si un phénomène surnaturel entre en jeu, en revanche, tout est possible.  »

Une fois son petit exposé terminé, le semi-céleste dit au colosse curieux: «  Il s'appelle Takal, et oui, j'ai une histoire peu commune. Cette marque est une tache de naissance à laquelle je dois une certaine affinité avec les animaux.
Vous connaissez le "don du cerf" ? Eh bien, cette marque en est le signe...  » Aarkus s'interrompit, se rendant compte qu'il s'était engagé dans un énième monologue.

«  Mais nous aurons le temps de discuter de cela plus tard, je vois que vous avez un ami qui vous accompagne. »

Modifié par un modérateur mercredi 28 décembre 2016 11:15:33(UTC)  | Raison: Non indiquée

«  Eh bien, le don du cerf est une bénédiction qui confère à celui qui la reçoit un talent inné pour l'archerie et la chasse ainsi qu'un lien très fort avec les anim... » Soudain, Takal bondit sur Gazda, Aarkus le prévint «  Attention! »
Mais il fut trop tard, l'ours lécha le colosse de manière amicale, comme un chien...

«  Seulement, une utilisation fréquente de ce don sur un même animal peut lui donner une personnalité très... particulière. »