l'horizon, le soleil commençait déjà à se coucher, marquant par sa course descendante la direction de l'ouest, celle dans laquelle la famille de Jasan Adriel, ainsi que celle de Kar'Uz, de même que les deux peintres et la jeune femme et son enfant, étaient partis. Ils devaient être tous bien loin du danger maintenant… et, d'ici quelques jours, ils seraient à Magnimar.

Il ne restait sans doute plus qu'une petite poignée d'heures de clarté mais la plupart des membres du groupe semblaient pressés de mettre autant de distance que possible entre eux et Kaer Maga, comme si les kilomètres parcourus pouvaient extraire de leur mémoire les étranges créatures et les monstruosités qu'ils avaient vus circuler librement dans les rues de l'ancienne ruine thassilonienne. Était-il sage de quitter la ville et de troquer ses dangers contre les nombreuses menaces des Plaines Cendrées ? Ils ne s'étaient même pas posé la question…

Peau-de-Pierre avait tout naturellement pris la tête du convoi ; il était sans doute, des quatre membres du groupe, celui qui avait le plus parcouru ces terres désolées sur lesquelles les Shoantis s'étaient réfugiés après avoir été chassés par les colons korvosiens. Comme la plupart des membres du Shundar-Quah, le clan de l'Aiguille, il avait eu l'occasion de visiter de nombreux quahs shoantis, d'en apprendre un peu sur leurs coutumes et leurs particularités, afin de pouvoir servir de négociateur, de pacificateur ou d'intermédiaire…



La différence d'environnement entre les Terres cendrées et la vallée en contre-bas de l'Élévation du Storval ne tarda pas à sauter aux yeux des voyageurs, même de ceux qui n'avaient jamais mis les pieds dans ce territoire. Au fur et à mesure qu'ils s'éloignaient de Kaer Maga et du fleuve Yondabakari, la végétation se faisait de plus en plus parsemée. Le sol recouvert d'herbe fut remplacé par un mélange de terre poussiéreuse et de roches craquelées au sein duquel les seules taches de végétation prenaient la forme de buissons aux feuilles épaisses ou de plantes grasses recroquevillées sur elles-mêmes comme pour échapper aux rayons du soleil.

Le sol lui-même était plutôt irrégulier et rarement plat. Ici et là s'élevaient des colonnes rocheuses qui s'érigeaient parfois comme des monuments isolés ou s'étendaient comme parois. À certains endroits, le relief prenait la forme de canyons plongeant entre de hauts murs oppressants faits de roche rouge et dans lesquels le vent se mettait à pousser des hurlements lugubres en se faufilant à travers divers orifices et fissures. Il avait dû en être ainsi pendant de nombreuses décennies : toutes les surfaces rocheuses exposées avaient été lissées par l'assaut constant de la poussière transportée par le vent.

Une bonne heure après leur départ de Kaer Maga, Peau-de-Pierre jugea que la lumière était insuffisante pour continuer et qu'il était préférable de dresser le campement. Les voyageurs se rendirent compte qu'ils avaient quasiment épuisé leurs réserves d'eau et qu'il en allait de même pour les rations que le marchand nain leur avait données ; ils avaient été tellement pressés de quitter Kaer Maga qu'ils n'avaient pas pris le temps de refaire leur stock. Le problème de nourriture pouvait être aisément résolu en dédiant une partie de la journée du lendemain à la chasse, ce qui rallongerait leur trajet ; par contre, pour l'eau, il allait sans doute falloir se tourner vers des moyens magiques pour éviter de devoir faire demi-tour.

Mais, dans l'immédiat, il allait falloir s'organiser pour la nuit… Et, avec un peu de chance, dans deux jours, ils pourraient profiter de l'hospitalité du Skoan-Quah…

Modifié par un utilisateur samedi 14 janvier 2017 01:03:35(UTC)  | Raison: Non indiquée

Le retour au pays apporta son lot d'émotions que le chamane Corbeau ne fit pas transparaître bien évidemment. Ces terres hostiles, arides, dures et impitoyables avaient été son foyer depuis toujours. L'éternelle survie au quotidien rendait les hommes et les femmes toujours vigilants et plus forts. Il fallait trouver un endroit au sol de pierre, de préférence dans les hauteurs afin d'avoir une vue sur la route et la vallée et s'ils jouaient de chance, alors une petite caverne ou même une cavité semi-ouverte sur l'extérieur suffirait pour être à l'abri des vents dominants et rester discrets avec un petit feu de camp. Enfin, il faudrait un cours d'eau à proximité pour es chevaux. Ceux-ci ayant crapahuté toute la journée, il devaient abondamment s'abreuver.

Le soir approchant, il fallait trouver les ressources pour passer la nuit : de quoi faire un feu. Pour la nourriture, ils avaient encore quelques réserves mais celles-ci allaient très vite manquer. Peau de Pierre avait raison, demain matin il faudra chasser avant de partir.

« Allez si on s'y met tous, ça sera vite bouclé. Il faut trouver un cours d'eau pour les chevaux, c'est la première nécessité. Les meilleurs pisteurs parmi nous s'en chargeront. Peau de Pierre et Monsieur Ithier, je crois que vous êtes tous les deux les plus affûtés pour ça. Abbaër, le sarénite et moi nous allons ramasser du bois pour le feu de camp et nous occuper des chevaux en attendant votre retour. Il ne faut jamais aller seul ici, toujours minimum à deux. Pour cette nuit il va falloir nous partager celle-ci à nous cinq. Chacun son tour sur des veilles de 2H, ça va englober ainsi les 8H de sommeil plus une heure avant et une heure après histoire d'avoir toujours quelqu'un aux aguets même pendant nos préparatifs de départ, prières, dévotions et autres préparations. Demain matin il faudra chasser, sinon nous allons manquer de nourriture. Peau de Pierre et Monsieur Ithier, vous êtes nos meilleurs chasseurs. Nous autres nous lèverons le camp et préparerons les chevaux au départ. »

« Je propose pour les tours de garde les chasseurs en premier histoire qu'ils puissent avoir une nuit sans coupure demain patin, soit Monsieur Ithier, Peau de Pïerre, puis ce sera le tour d'Abbaër, moi et enfin le sarénite. Est-ce que ça vous va ? »

Il n'était plus en ville et encore moins dans sa cité. Au contraire, il rentrait dans une zone ou il ne comprenait pas ses habitants, ou par rapport à ses expériences et se qu'il avait vécu, il ne pouvait tolérer leur façon de vivre et leur soit disant loi!!
Mais peut être que ce voyage lui permettrait de comprendre à défaut de les juger!!

Il laissa les deux barbares s'accorder, il était vrai que par rapport à son apprentissage, il savait se débrouiller et donc survivre hors d'une ville. Mais si le colosse ne voulait pas de son aide, qu'il aille chasser seul!!

Il répondit tout de même au chaman, avec un léger sourire!! « Soit, Peau de pierre, ramènera le repas principal, et moi les encas!
Si non cela me va également pour les tours de garde!! »

Abbaër avait déjà maugréé entre ses dents depuis passé midi, rageant sur les rations qui n'étaient pas prévues en suffisance ou la soif qui se faisait sentir à mesure que la poussière se soulevait sous leurs sabots. Un instant il envisagea même de faire demi-tour pour dépenser ses ressources dans des biens de subsistance, mais ils étaient déjà trop loin et il ne pourrait les rattraper par la suite.

Bougon, il acceptait toutes les tâches qu'on lui attribuait, ne trouvant aucune joie au paysage environnant. S'il avait été élevé dans des mines, il aurait peut-être trouvé un quelconque réconfort dans les pierres qui l'entouraient, mais son univers était la ville et ses coins sombres. Comment pouvait-il trouver du réconfort en plein soleil ?

Déjà, des visions de bière fraîches envahissaient ses pensées. Qu'allait-il advenir dans quelques jours ?

Peau de Pierre réfléchit quelques instants avant de répondre.

« Je ne sais pas ce dont tu es capable. Nous savons où nous allons, mais des ennemis sont sur nos pas. Tout ce qui pourrait nous faire voyager plus vite, réduire la fatigue de nos chevaux, nous rendre plus difficiles à pister ou plus efficaces en cas d'embuscade sera utile.

Tu peux aussi maintenir le contact avec le groupe du Sénéchal et peut-être nous protéger contre l'œil magique de nos ennemis. »

Depuis que l’inquisiteur avait quitté sa cité, il n'était plus le même, étant beaucoup plus dans ses pensées ou plongé dans des observations. Mais comme auparavant et probablement grâce à son instinct, il découvrit encore une fois le même phénomène qui se reproduisait. On tentait une nouvelle fois de les scruter.
Il se leva d'un bon se dirigeant vers le prêtre, et lui confia dans le coin de l'oreille« Arlandeth, si tu regardes avec les mêmes yeux que la dernière fois, tu va encore pouvoir t'apercevoir qu'on tente de nous observer par le ciel. Si c'est pas trop tard, on pourrait aussi simuler qu'ils sont avec nous!! En faisant comme s'il dormait déjà sous une couverture!!?? »

Modifié par un utilisateur lundi 23 janvier 2017 13:45:46(UTC)  | Raison: Non indiquée

Abbaër regardait interrogatif Théobald, soudain nerveux, cherchant de gauche à droite ce qui avait provoqué son inquiétude.

Le marteau shoanti de Peau-de-Pierre vint frapper le scrutateur magique, qui explosa en une sorte de nuage de reflets, comme si on avait lancé une poignée de morceaux de miroir dans les airs. Les "pièces de miroir" restèrent suspendues à deux bons mètres du sol, immobiles, pendant une bonne poignée de secondes puis, lentement, elles se remirent en place pour reformer le scrutateur magique.

Ce dernier resta visible dans les airs pendant quatre ou cinq secondes puis il disparut tout à coup et tout simplement, sans aucun effet visuel cette fois-ci.

Modifié par un utilisateur jeudi 26 janvier 2017 10:49:03(UTC)  | Raison: Non indiquée

Encore surpris par l'accès de rage soudain de Peau de Pierre, Kar'Uz réfléchissait à ce que ce scrutateur magique allait apporter comme déconvenues. Il faudrait rester en permanence vigilent pour le repérer et réagir instantanément pour le détruire. Mais rester continuellement concentré et en observation était impossible. Il fallait donc repérer une éventuelle fréquence des scrutations et se tenir prêt dans ces périodes. C'était une possibilité.

« A priori nous n'avons pas été observés depuis Harse. Ou alors nous ne l'avons pas remarqué. Je pensais que nos ennemis chercheraient à suivre les autres et plus particulièrement une cible particulière entre Orsini et Keolandis, mais c'est sur nous que le scrutateur s'est posé, cela signifie que c'est l'un d'entre nous ou un objet qu'il porte qui est bien connu des espions. Je crois qu'en faisant un gros effort de volonté, la cible ou le porteur d l'objet peut repousser le scrutateur, mais encore faut-il savoir qui est la cible et se concentrer bien fort en voulant rejeter la scrutation. Il faudra essayer la prochaine fois et comme nous ne savons pas qui est la cible, alors tout le monde devra faire l'effort avant de tenter un mode de destruction comme l'a fait Peau de Pierre ou par un moyen magique comme peut le faire le sarénite ou moi-même. Je ne sais pas si l'inquisiteur a les moyens de dissiper cette magie... »

« En tout cas on ne peut pas être constamment en observation, mais il faut rester vigilent. Fréquemment il faudra prendre le temps d'observer autour de nous et voir si l'espionnage se poursuit. Je crois qu'Abbaër et Monsieur Ithier, vous êtes les plus observateurs d'entre-nous, vous avez donc plus de chances de repérer le scrutateur. Ensuite, il faudrait savoir pourquoi ils nous observent. Est-ce pour nous envoyer les assassins à nos trousses ? Cela signifie qu'ils sont conscients de la menace que nous représentons et que par là-même ils seront prêts à tout pour nous faire échouer. Il ne va pas falloir traîner et toujours dormir que d'un œil.  »