En silence et entourés de douze gardes au tabard de la Maison Arabasti. Les compagnons furent conduits par le même chemin qu'ils avaient emprunté pour venir, traversant une fois encore le "marché doré " et la grande artère du médian, jusqu'à la citadelle surplombant le fleuve.

La citadelle servait de base d'opérations à la garde de Korvosa, et la simple idée de pénétrer à l'intérieur donna des sueurs froides à Vadim, trop habitué à esquiver le plus possible ce genre d'endroit grouillant de garde. Sans soulever la même question, l'escorte pénétra dans la cour d'entrainement vide conduit les trois compères au second étage du donjon. Le capitaine de l'escorte, un chéliaxien au visage fermé toqua à la porte d'une grande salle de travail.

«  C'est Thomas Klaric, Maréchal. La Reine vous envoie votre colis.  »

La porte s'ouvrit sur une grande femme, brune, en armure écarlate.

« Bien, Capitaine Klaric, conduisez vos hommes au réfectoire et fait leur prendre un bon repas. Tous ceux qui me reviennent d'un long séjour au château n'ont que la peau sur les os. Et donnez-leur une belle ration de viande, je ne veux pas que vos muscles fondent au soleil à cause de la radinerie du marmiton de la Reine. Et profitez-en pour me faire monter à manger, pour moi et mes invités. »

«  Pour mes hommes et moi même, merci beaucoup Maréchal. » Ils s'inclinèrent tous, bien moins austère que durant le voyage et partirent presque en courant vers les niveaux inférieurs du donjon.

« Vous êtes donc ceux que la Reine ma promis. Entrez, entrez, installez-vous confortablement. Je suis Cressida Kroft, le Maréchal de la ville. Je m'occupe de la gestion de la garde de Korvosa, autant militairement qu'humainement. Beaucoup d'entre eux ne sont pas plus âgés que mon propre fils et je crois qu'une main de fer dans un gant de velours est préférable à la formation un peu trop stricque que doivent subir les jeunes recrues de nos confrères chevaliers infernaux. Et en ces temps de panique générale, si je ne leur disais pas de manger, ils en oublieraient aussi que j'ai plus besoin de soldat vivant que mort.

Bon, j'aime aller à l'essentiel et vu vos mines, la Reine vos à proposé le poste, mais n'a visiblement pas attendu votre réponse pour vous faire escorter ici. Mais je vois de la ruse dans votre regard, mademoiselle, une main agile chez vous monsieur. Quant à votre compagnon Chevalier ne laisse aucune ouverture, alors que son arme est au fourreau.  »

On frappa à la porte. Deux enfants mirent une nappe sur une table, installèrent des assiettes et un plat de soupe à l'ognon accompagné d'une énorme miche de pain. On déposa aussi un plat de viande de bison mariné aux herbes shoantis accompagnées de haricots verts du potager de la citadelle. Et sous un linge attendaient des biscuits à la cannelle ainsi qu'une grande cruche de café bouillant.

Une fois tout le monde servi, Cressida engagea à nouveau la conversation.

« Bref, j'ai besoin d'une équipe d'agent un peu spéciale, capable de travailler proprement, rapidement, sans trop poser de question et aux limites de la légalité. La Reine pense que des aventuriers feraient l'affaire, mais j'ai plutôt besoin de vrais patriotes qui savent qu'il faut parfois se salir les mains et couper quelques têtes pour calmer la faim du dragon. Je ne vous force pas la main, mais j'ai des crédits spéciaux pour ce genre de mission et le paiement est largement au-dessus de la solde standard d'un soldat.

Pour exemple, la première mission que j'ai à "vous " confiée sera récompensée d'une prime de 100 pièces de platines.

Qu'en dites-vous ?  »

Modifié par un utilisateur samedi 11 décembre 2010 18:20:47(UTC)  | Raison: Non indiquée

Quaine avait suivi les gardes sans broncher, offrir la moindre résistance entouré d'une douzaine de gardes en armes ne le frappait pas comme étant une idée particulièrement brillante.
Au moins aurais-je été en présence de la Reine... incroyable si elle et ses sbires avaient le moindre idée de ce que je pense réellement de leur aristocratie pourrie... Enfin, au moins la récompense a-t-elle été énorme, ça permettra un minimum de de survivre.

Difficile de dire si Quaine avait ressenti la moindre émotion pendant le trajet et lorsqu'il avait été amené en présence de Cressida Kroft.
Une femme en arme, une combattante qui prend soin de ses troupes... je pourrais presque en arriver à l'apprécier avec le temps ; hélas, puisqu'elle tient à ce que nous dînions avec elle, je vais ôter mon heaume et, comme avec Ellindrya, tout va s'arrêter avant même d'avoir pu commencer !

Alors que la Maréchale les invitait à partager son repas, Quaine se carra en face d'elle et dit d'une voix grave et sans émotion : « Avant de poursuivre, je tiens à vous remercier pour ce repas que vous nous offrez ; comme je suppose que votre temps est compté, cette invitation est d'autant plus appréciable. » Après un court instant de silence qu'il mit à profit pour commencer à ôter son heaume, Quaine poursuivit : « Toutefois, je crains fort que vous ne soyez terriblement déçue lorsque ce heaume aura quitté ma tête... »

Joignant le geste à la parole, Quaine acheva son mouvement et, d'un geste de défi, il posa le heaume sur la table, à côté de la place qui semblait lui être dévolue. Ensuite il fixa longuement la Maréchale dans les yeux afin de juger de sa réaction, qu'il attendait d'horreur et de dégoût, lorsqu'elle découvrirait ses cornes.

Modifié par un utilisateur dimanche 12 décembre 2010 22:16:03(UTC)  | Raison: Non indiquée

Quaine était manifestement décontenancé par la réaction de la Maréchale. Il s'était attendu à du dédain, du dégoût, voire peut-être même de la pitié... mais en aucun à être traité comme n'importe quelle personne.

Il resta un instant, comme suspendu par des fils invisibles, à se demander s'il allait s'asseoir à la table ou se relever pour partir. La posture avait ceci de cocasse qu'elle le laissait, genoux à demi pliés, face à Cressida Kroft.

Puis, comme s'il était parvenu à une conclusion, il décida de s'asseoir. Prenant une large tranche de pain qu'il trempa dans la soupe à l'oignon, il regarda une nouvelle fois longuement la Maréchale avant de prendre la parole : « Et bien, vous me voyez agréablement surpris que, pour une fois dans mon existence, la souillure qui semble entacher ma naissance ne vous pose pas de difficulté. Considérez donc que ma lame va servir à aider la Loi dans cette ville. »

Quaine ne se priva d'aucune denrée durant le repas, même si la Reine les avait généreusement récompensé pour la broche, il restait encore à trouver des marchands qui proposaient des denrées à acheter et, compte-tenu de l'état dans lequel ils avaient trouvé le Marché Central, cela n'allait pas être une partie de plaisir !

« Et en quoi consisteraient exactement ces missions "un peu spéciales" ? », s'enquit Quaine durant le repas.

In petto : Et voila de surcroît un excellent moyen de nous espionner discrètement...

«  Korvosa a bien assez d'ennuis comme ça sans que mes propres hommes ne l'abandonnent. Aussi douloureux cela soit-il, je dois admettre que c'est arrivé plusieurs fois. Nombre de gardes ont déserté leur poste la nuit dernière, plus inquiète au sujet de leur famille et de leurs amis que de leur ville. Ça, je peux le comprendre, même si je ne l'admets pas ! Cependant, tous les déserteurs n'ont pas de famille, certains se servent simplement des émeutes pour leur profit personnel. »

Elle se leva et distribua les tasses, servis le café et déposa le plat de gâteau.

« Vérik Vancaskerkin ne s'est pas contenté de déserter, il a convaincu un petit groupe de gardes que la reine Iléosa allait ruiner la ville. Qu'elle le fasse ou non, là n'est pas la question. Pour l'instant nous avons une crise majeure qui s'étend à toute la ville et j'ai besoin de tous mes hommes valides pour redresser la situation. Un déserteur est pire qu'une aide perdue, c'est une infection. Je ne peux pas me permettre de détourner la moindre de mes patrouilles de son devoir pour qu'elle aille s'occuper de Vancaskerkin, surtout depuis la disparition de Néolandus Kalépopolis. De plus, je préfèrerais ne pas les exposer à lui et à son charisme magnétique.

Il pourrait contaminer d'autres gardes avec ses idées de révolution, de libre arbitre et je ne sais encore qu'elle idée. Il pourrait peut-être coller dans le crâne de la populace des idées de démocratie ! J'en ai la chair de poule rien que d'y penser. Cependant, pire encore que de le voir grossir ses rangs, je refuse de le voir assassiner par des représentants de l'ordre en fonction. Cela ne mettra que de l'eau dans son moulin, enfin, dans le moulin de ses partisans. Je n'ai pas besoin d'en faire un martyr.

Vancaskerkin rallie sans le savoir de plus en plus de partisans dans les rues et ici, au sein même de la citadelle. Personne n'évoque de coup d'État militaire, bien entendu, mais il est vrai que l'administration fiscale de feu notre roi à saigner les petites gens de la ville pendant des années, créant un fosset entre les maisons nobles et les clergés d'un côté et la plèbe de l'autre. Une bonne partie de mes jeunes recrues se sont engagées pour sortir des gangs ou aider leur famille à boucler leur fin de mois grâce à leur solde correcte et les économies de logement et de frais de bouche.  »

Elle prit le temps de les laisser digérer ses dernières paroles. Ils savaient désormais qu'ils étaient engagés dans le démantèlement d'un groupuscule révolutionnaire aux motivations louables.

« C'est là que vous entrez en scène. Je ne peux pas laisser exister un germe de révolution comme lui, pas au milieu de ses temps troublés. Vous avez vu ce dont est capable une foule.

Bon, venons-en au travail en lui-même. Vancaskerkin et ses hommes se sont retranchés dans une boucherie abandonnée à Pointe Nord, dont le nom est "Toutes les viandes du monde". J'ai besoin que vous y alliez. Essayez si possible de ne tuer aucun des déserteurs, mais, si vous devez en arriver là... eh bien, ils auront fait leur choix en suivant le renégat. En ce qui le concerne, je tiendrais vraiment à ce que vous le preniez vivant et que vous me le rameniez pour que je puisse l'interroger, mais s'il ne vous laisse pas le choix, je me contenterai de sa tête. Amenez-le-moi vivant et vous aurez mille pièces d'or. Mort, il n'en vaut que la moitié.

Bien entendu, il y aura un bonus si vous découvrez des informations sur un quelconque commanditaire.  »

Ellindrya s'étonna à l'écoute des propos de la Maréchale.
« Comment? LE Sénéchal de la Garde du Sable, les légendaires défenseurs de la cité est accusé de régicide? Je comprend que vous ayez encore plus de travail, et de moins en moins de temps... Nous allons ramener ce "Vancaskerkin' en le sortant de son délire malade, vivant si possible. Comme vous l'avez dit, mort, il n'aurait que peu d'utilité si ce n'est montrer la pseudo sévérité des forces de Korvosa...
Y a t-il des informations quelconque à connaître quant à cette boucherie? Je trouve que c'est un repère bien glauque pour un groupe révolutionnaire... »
Ellindrya semblait passionnée par ce qui se déroulait sous ses yeux: un régicide? une rébellion? On se serait crus dans un vieux roman qu'elle avait l'habitude de lire à l'Académie. Et qui dit régicide dit fragilité du pouvoir... Période ou les nouveaux peuvent briller!

Quaine avait clairement apprécié le repas à sa juste valeur ; il s'était systématiquement resservi de tous les plats et avait récuré son écuelle afin d'en faire disparaître la moindre trace de nourriture. Non pas qu'il eût particulièrement peur des lendemains mais être assis simplement à une table devant de la nourriture militaire lui avait rappelé les repas qu'il prenait avec ses frères demi-démoniaques dans la caserne de l'Académie...

Une fois le repas achevé, Quaine avait pris congé de la maréchale en récupérant la lettre de recommandation qu'il roula et mis à l'abri dans son sac à dos. Simultanément, il avait demandé à Cressida Kroft toutes les informations complémentaires qu'elle pouvait avoir tant sur Verik Vancaskerkin que sur la boucherie qu'il avait transformé en quartier général.
Verik était-il un bon soldat, comment se battait-il, avait-il des capacités particulières, ... et idem pour les autres déserteurs qui l'ont rejoint.
Sur la boucherie : où est-elle située, qui étaient les anciens propriétaires, ...

Après avoir pris congé de la maréchale, il s'adressa à ses compagnons : « Je vous propose de ne pas utiliser tout de suite la lettre d'introduciton pour l'auberge que la maréchale nous a remis, il est probable que d'autres gardes soient au courant de son lien avec la maréchale... dont certains pourraient être avec Verik. Si nous sommes repérés avant même d'avoir commencé, nous allons avoir du mal à le capturer vivant. Ceci posé, je proposerais bien que Vadim aille en éclaireur à la boucherie afin de repérer les lieux et les forces présentes ; après tout, de nous tous, il est celui qui peut le plus aisément passer pour un homme du peuple. »

Premier Jour du Règne de Ilséora Arabasti, 14heure

C'était finalement sur les paroles décidé d'Ellindrya que la compagnie s'éloigna de la citadelle. Au loin, les hippogriffes tournaient sans arrêt dans le ciel, fondant sur des petits attroupements de manifestants. Le soleil du début de printemps commençait à réchauffer enfin la terrible nuit de la veille. Quelques boutiques ouvraient timidement leurs rideaux de fer. Mais les yeux des commerçants, vifs, scrutaient les alentours, prêts à chasser les rares badauds et à protéger leurs biens.

Sans vraiment faire attention, les trois compagnons traversèrent le marché doré, le ventre plein. Une petite balade à pied leur permettrait de digérer plus facilement le festin simple, mais consistant, de la table du Sénéchal. Vadim jetait discrètement quelques coups d'oeil en direction des Tuiles, anticipant toute forme d'embuscade et Quaine, malgré sa posture relâchée se tenait à un pas de sa maîtresse.

Le trajet jusqu'à la pêcherie se passa sans problème, et les odeurs étaient même moins fortes que la veille. À l'extérieur du bâtiment, deux gavroches, grand balai-brosse à la main, frotter les murs de la façade.

Les nouveaux amis ne restèrent qu'un instant. Après s'être assuré que leurs directives avaient été suivies à la lettre, la compagnie repris la route vers l'auberge des Trois-anneaux, Pointe Nord.

Esquivant un certain nombre de manifestants, ils atteignirent enfin l'auberge. Situé à proximité des temples d'Abadar, le juge des dieux, et de Shélyn, la divine violoniste, ce grand établissement avait visiblement une sacrée clientèle. Écurie rutilante, vitres propres, plusieurs cheminées fumantes qui embaument le quartier de bonne odeur de viande braisé et de pain chaud.

Mais le plus grand étonnement fut lorsqu'ils passèrent la porte.

Modifié par un utilisateur lundi 14 février 2011 00:08:26(UTC)  | Raison: Non indiquée

Après que Cressinda Kroft eut achevé de renseigner le petit groupe qu'ils formaient tous trois (Pense à nous donner les réponses à mes questions (trois posts plus haut)), Quaine décida de passer à la pêcherie. Après tout, il était primordial de s'assurer que l'investissement qu'ils venaient de réaliser allait être rentable ; il eût été dommageable que Croche-Jarret se crût au-dessus du serment qu'il avait passé... Dans ce cas, Quaine ne lui laisserait aucun doute quant à la portée de la loyauté qui était attendue de lui !

C'est donc d'un pas décidé que Quaine se rendit à nouveau à la pêcherie, pour la seconde fois en peu de temps. Après s'être assuré de ne point avoir été suivi, il entra d'un pas décidé dans le bâtiment. Il procéda ensuite à une inspection en règle de la sécurité du bâtiment. Compte-tenu du degré d'insécurité qui régnait dans la ville suite au décès du vieux Roi Eodred, Quaine trouva largement à redire. En effet, vu l'état des étals du marché, les barriques de poisson qui étaient stockées sur le quai ne tarderaient pas à attirer les convoitises ; Quaine les fit donc tous rentrer. Après s'être assuré que Croche-Jarret procéderait bien au verrouillage des lieux, il le quitta, lui signalant qu'il passerait le lendemain pour s'assurer que tout était en ordre et, le cas échéant, faire régner l'ordre.

La majeure partie de l'après-midi avait été consacrée à la sécurisation de la pêcherie ; toutefois, Quaine avait encore une tâche à accomplir avant de rejoindre ses compagnons à l'auberge que la Maréchale leur avait indiquée : il lui fallait maintenant procéder de même avec le petit appartement que la prophétesse varisienne avait occupé jusqu'à son décès. La fin de l'après-midi fut donc consacrée à un examen approfondi (Je prends le temps de faire 20) dudit appartement. Ensuite, Quaine sécurisa cet endroit afin d'en faire une parfaite base de repli au cas où la situation dégénèrerait. A cet effet, il utilisa une partie de l'argent qu'ils avaient reçu pour acheter des vivres séchés, comparables à ceux qui étaient fournis lorsque le Corps Expéditionnaire partait en mission pour plusieurs semaines. Il stocka ainsi quelques jambons fumés, du pain noir et des tubercules. Il fit également amener deux tonneaux d'eau et un tonneau de vin aigrelet, afin de pouvoir pallier toute difficulté.
Je prends soin de ne pas faire livrer les tonneaux à l'adresse exacte, je finis de les emmener moi-même après m'être assuré de ne pas être suivi. Au pire, s'il faut trancher un ou deux marauds pour montrer à quel point je suis sérieux, je n'ai clairement aucun scrupule à le faire... Par ailleurs, mon armure typée Hellknight doit me donner les coudées franches !

C'est donc dans la soirée que Quaine se dirigea enfin vers l'auberge où ses compagnons s'étaient rendus plus tôt dans la journée. Il ne s'était pas départi de son air maussade de toute l'après-midi ; l'euphorie passagère liée à l'acceptation de son statut par la Maréchale n'avait été que de courte durée. Toutefois, la perspective de revoir Ellyndria semblait lui donner des ailes - et une terrible bille de plomb au fond de l'estomac Comment va-t-elle m'accueillir après les révélations de la journée ? - et c'est d'un pas plus alerte qu'il franchit les derniers blocs avant de pousser la porte de l'auberge...

Modifié par un utilisateur mardi 25 janvier 2011 21:11:44(UTC)  | Raison: Non indiquée