Nouveau billet de blog Paizo où Owen KC Stephens nous présente un nouveau personnage iconique, Altronus le solarien !

Altronus Barasul Dovenayan est né au sein de la famille Holdare, une famille respectée à bord de l’Idari, le vaisseau générationnel des kasathas, qui est devenu peu à peu leur royaume. Les Holdare peuvent tracer leur lignage jusqu’aux Grandes Familles qui étaient déjà fort respectées lorsque l’Idari a quitté Kasath pour un voyage de plusieurs siècles vers les Mondes du Pacte. Ils ont conservé d’étroites relations à la fois avec les maisons qui sont devenues importantes à bord du vaisseau lorsque l’équipage occupait les fonctions les plus importantes et avec les maisons, plus jeunes, qui ont pris de l’importance depuis que l’Idari est devenu une gigantesque station spatiale. La maison Holdare tire son influence principalement de la réputation de leurs adatas, des prêtres-érudits qui organisent la découpe et la préservation de fines tranches des cerveaux des kasathas défunts au sein de temples techomagiques appelés adats. Alors même que les officiers de bord, les pilotes et les navigateurs voient leur importance sociale décroître, les adatas continuent de susciter le respect de toute la société kasatha.

Le membre vivant le plus âgé de la Maison Holdare, Barasul Naedarin Allar du clan Allar, Gardienne de Dix Millions de Pensées et doyenne des adatas du vaisseau, a commencé à s’intéresser tout particulièrement à Altronus peu de temps après sa naissance, même s’il n’était qu’un lointain neveu pour elle. Naturellement, l’attention d’une ancienne si importante dans le clan apporte plutôt les responsabilités et les attentes que le confort et, même si Altronus a été élevé dans la richesse et le prestige, il a également été incité à commencer son entraînement en tant qu’adata très tôt, à un tel point que sa famille lui a donné le nom de célèbres doyens adatas.

Altronus n’a pas mené ses études aussi brillamment que sa famille l’espérait, mais il ne s’en est pas non plus trop mal sorti. La plupart des gens mettaient ses résultats tout juste suffisants sur le compte de sa jeunesse relative. En vérité, Altronus était bien un excellent érudit, mais il avait tout simplement du mal à rester concentré longtemps sur un même sujet. Tôt ou tard, un fait intéressant piquait son intérêt et le poussait à conduire ses recherches vers des chemins de traverses éloignés du sujet de départ. Ces leçons variées qu’il découvrait par lui-même lui ont appris à tisser des liens entre des sujets dissociés mais ne lui ont guère valu l’admiration des enseignants traditionnalistes qui considéraient ses études disparates comme un manque de concentration et un rejet volontaire des méthodes éducatives ancestrales.

Sa famille proche vénérait Talavet le conteur d’histoires avec ferveur mais l’un des professeurs d’Altornus, parmi les plus sympathiques, pensait que son esprit vagabond était mieux adapté à l’entraînement dans la philosophie du Cycle, qui enseigne que l’existence est une série sans fin d’événements connectés, à l’instar des étoiles qui naissent puis meurent puis naissent à nouveau. Le Cycle est la philosophie principale des solariens, des combattants contemplatifs dont la tradition remonte aux racines de l’histoire de Kasath, mais elle est également considérée comme un outil pratique pour entraîner le corps et l’esprit en préparation des rigueurs des autres vocations.

Altronus se vit accepté en tant qu’étudiant au sein d’un cosmonastère prestigieux de l’Idari, où il apprit à concentrer ses pensées sur les forces de l’univers qui l’entourent et à puiser sa force et son inspiration dans la répétition infinie des créations et destructions célestes. L’entraînement lui plut immédiatement et, bien vite, il se retrouva parmi les étudiants les plus avancés, dont bon nombre cherchaient non seulement à comprendre les leçons du Cycle mais aussi à les incarner pour suivre la voie des solariens. Il était toujours prévu qu’Altronus devienne un adata cependant. Ce chemin imposé ne le dérangeait pas : alors qu’il approchait de l’âge adulte et du moment du rituel appelé la Trempe [NdT : comme le fait de tremper une arme métallique incandescente dans l’eau] et consistant en un itinéraire durant un an, il fut autorisé à monter la garde devant le célèbre Sholar Adat du vaisseau. Au cours de ces gardes, il surveillait des salles entières de cellules de stase où les adatas se connectaient au Sensorium, l’archive du temple technomagique où des flashs de souvenirs provenant des cerveaux de kasatha archivés pouvaient être vécus, triés et analysés. En quelques rares occasions, il fut même autorisé à revivre personnellement d’anciens souvenirs du Sensorium et ce sont ses brèves images des vies et des secrets du passé qui poussèrent Altronus à terminer ses études et à devenir un adata en titre.

Pendant l’une de ses gardes en tant qu’étudiant, Altronus fut posté devant un nœud d’accès au Sensorium inactif, l’un de ceux qui n’étaient que rarement utilisés mais qui, comme tous les points d’accès au Sensorium, était encore suffisamment important pour être protégé par des champs de force et gardé constamment. La plupart de ses surveillances se déroulaient paisiblement mais, cette nuit-là, Altronus fut surpris par l’apparition d’une adata expérimentée enchâssée dans une cape et apparemment fort pressée, Remura Esolla Kaiban du clan Senthen, qui lui montra une autorisation lui permettant d’accéder aux souvenirs d’un citoyen mort récemment alors que cet accès n’avait pas été prévu à l’avance. Grâce à sa manie de mémoriser tout et n’importe quoi, Altronus savait que Remura devait donner une conférence à l’autre bout de l’Idari. Qu’est-ce qui pouvait bien être suffisamment important, se demanda-t-il, pour que l’adata respectée mette un terme à sa conférence plus tôt que prévu et explique une autorisation d’accès au Sensorium en urgence ?

Altronus était conscient qu’il aurait dû se mêler de ses affaires mais la curiosité prit le pas sur son entraînement. Il contacta un ami qui se trouvait à l’autre bout du vaisseau qui l’informa que non seulement l’adata Kaiban n’avait pas quitté sa conférence plus tôt que prévu mais, qu’en fait, la conférence était encore en cours.

Immédiatement, Altronus donna l’alarme et s’élança dans le nœud d’accès au Sensorium pour confronter la fausse adata. À sa plus grande surprise, il découvrit non pas un kasatha mais un petit humanoïde gris pâle qui se tenait au milieu d’une pile de robes et d’étranges machines avec de longs câbles et des cristaux qui résonnaient attachés à la connexion au Sensorium et des centaines d’images apparaissant entre le nœud d’accès et les appareils étranges de la créature grisâtre. Altronus bondit pour activer la déconnexion d’urgence du Sensorium mais la créature le frappa avec un taclash, lui arrachant son pistolet à pulsations des mains, puis tira dans sa direction avec un pistolet qui produisit un rayon ardent vert. Malgré la douleur qui l’envahissait, Altronus parvint à sceller les champs de force qui protégeaient le nœud d’accès, s’emprisonnant avec l’intru gris à l’intérieur.

Altronus se rendit soudainement compte de la gravité de sa situation. Les renforts appelés par l’alarme mettraient un bon moment avant d’arriver, et plus encore avant de déconnecter le champ de force. Désarmé, Altronus n’avait aucune chance de parvenir à garder l’intru à l’écart. Il n’avait aucun moyen pour soigner la blessure infligée par le pistolet de la créature. Pour la première fois de sa vie, Altronus prit conscience qu’il allait mourir. Comme les étoiles elles-mêmes, il s’éteindrait, son corps cesserait de fonctionner pour, des millénaires plus tard, être réincorporé dans de nouvelles entités, de nouveaux mondes, de nouvelles étoiles. Enfin, à ce moment-là, il comprit le Cycle. Dans ses dernières secondes, il entra en communion avec l’univers, s’abandonnant à lui.

Et l’univers lui répondit.

Altronus fut tout aussi surpris que l’étrange extra-terrestre grisâtre lorsqu’il vit une longue lame dorée et brillante surgir tout à coup de son avant-bras droit. Mais il avait vu suffisamment d’entraînements de solariens pour reconnaître une lame d’énergie stellaire. Il bondit, bien déterminé à en faire bon usage, se plaçant entre la créature et les panneaux d’accès au nœud. Les deux combattirent dans un silence pesant et, même s’il était clair que l’intru gris était plus doué que lui, Altronus poursuivit le combat, tirant parti de chaque seconde d’entraînement qu’il avait vécue. Il n’avait pas besoin de gagner le combat, juste de gagner du temps, d’empêcher la créature de terminer son infiltration du Sensorium, jusqu’à ce que de l’aide arrive.

Altronus reçut plusieurs coups, et les étranges rayons verts du pistolet continuèrent de brûler sa chair, mais Altronus ne cèderait pas. Sa lame toucha elle aussi, moins souvent, et, de temps en temps, elle semblait passer à travers son adversaire sans avoir le moindre effet. Mais il poursuivit ses attaques du mieux qu’il pouvait. Ce faisant, il ressentit une puissante joie monter en lui, le sentiment que le chemin qui l’avait mené jusqu’à ce moment était juste. Cette approbation cosmique continua de s’accroître en intensité jusqu’à ce qu’il n’eut d’autre choix que de la libérer, projetant une explosion de flammes stellaires incandescentes dans toutes les directions.

Puis, finalement, les gardes du vaisseau arrivèrent et utilisèrent leurs codes de contournement pour désactiver les champs de force du nœud d’accès et éloigner Altronus, à demi mort, du combat. Voyant qu’il était en infériorité numérique, l’extra-terrestre à tête bouffie ne poursuivit pas le combat, pas plus qu’il ne chercha à s’enfuir. Au lieu de cela, il prit un moment pour analyser la situation, déclencha un engin situé sur son bras, et fit exploser sa tête comme une bombe.

L’équipe de sécurité récupéra le corps et interrogea Altronus. Quand plusieurs véritables adatas arrivèrent, ils se mirent immédiatement à tenter de préserver des parties du cerveau explosé de l’horrible chose grise. Même si leur tâche de récupérer des pensées cohérentes dans les débris de l’explosion était fort difficile, ils parvinrent à retrouver deux idées. La première était que des espions gris avaient infiltré les Mondes du Pacte en profondeur. La seconde était que le temps d’une chose importante appelée « Phase trois » était sur le point d’arriver très vite.

Les doyens de l’Idori furent informés et la sécurité des nœuds d’accès au Sensorium fut renforcée. Même si l’enquête sur les gris infiltrés restait officiellement ouverte, en l’absence de piste solide et d’autres incidents, l’attention se porte bien vite sur d’autres sujets plus pressants.

Mais Altronus ne parvint pas à lâcher l’affaire.

Son esprit était envahi de questions. À quel point les gris avaient-ils infiltré les Mondes du Pacte ? Étaient-ils parvenus à infiltrer l’Idari ? Qu’est-ce que ce gris cherchait à apprendre du Sensorium ? Pourquoi avait-il choisi de détruire son propre cerveau lorsque la capture devenait inévitable ? Et, plus important encore, qu’était cette Phase Trois et combien de temps restait-il avant qu’elle ne se produise ? Altronus tenta de faire taire ses questions en utilisant des entraînements de solariens mais, si cela renforça ses pouvoirs, cela ne fit rien pour ramener le calme dans sa tête.

Lorsque le moment vint pour Altronus d’entreprendre la Trempe, il se rendit compte qu’il ne pourrait jamais accepter le rôle d’adata tant que le mystère de l’envahisseur gris le torturait. Il demanda et reçut la permission du doyen de sa maison pour abandonner la voie qu’il avait suivie et informa sa famille qu’il allait quitter l’Idari. Il n’avait pas d’idée précise quant à sa destination, ni sur la réussite de son enquête, mais il avait juré qu’il traquerait tous les événements étranges qui pourraient marquer une possible incursion de gris au sein des Mondes du Pactes. Et, même si bon nombre de ces événements s’expliquaient par d’autres justifications, elles aussi parfois tout aussi étranges, il parvint à découvrir suffisamment d’indices liés aux gris pour supporter la suspicion qui grandissait en lui : il existait bel et bien des conspirations secrètes. L’érudit rigoureux qu’il reste a commencé à admettre qu’il allait devoir commencer à faire confiance à des récits étonnants et à des histoires difficiles à croire s’il voulait un jour mettre la main sur la vérité.

Aujourd’hui, Altronus est clairement un adulte, et cela fait bien plus d’une année qu’il poursuit sa Trempe. Il considère qu’il travaille à façonner les traditions qui le guideront tout au long de sa vie future. Il s’engage souvent aux côtés de mercenaires et de compagnies d’aventuriers en tant que garde, éclaireur ou érudit pour gagner de quoi vivre, tout particulièrement si leurs activités correspondent avec son obsession, mais son objectif principal reste de percer les mystères des complots secrets entremêlés qu’il a entre-aperçus pour la première fois cette nuit près du nœud d’accès. Ironiquement, de nombreux kasathas le perçoivent comme extrêmement impétueux et hors-normes mais son amour des traditions (naturel pour un kasatha), sa dévotion au Cycle et son désir d’érudit de monologuer à propos de recherches étranges font que les membres des autres races le voient comme un professeur excentrique ou un fou de la théorie du complot. Mais tout doute quant à son utilité disparaît cependant dès le premier combat, lorsqu’Altronus se lance dans la bataille et « laisse le cosmos prendre le contrôle », découpant des hordes d’ennemis avec un calme terrifiant.