Edmund se dirigea vers la sortie de l'auberge placidement. Le Nain, sans doute sous l'effet de la fatigue accumulée par la fête de la veille, ne semblait pas avoir remarqué que le frippon vidait un des restes oubliés, aussi regarda-t-il le jeune homme partir sans broncher, debout derrière le bar à astiquer les verres.

Dehors, l'air était doux en ce second jour du mois de Rova. Les rues étaient plutôt calmes. De temps à autres une personne passait. Plusieurs d'entre elles bifurquèrent dans une ruelle pour éviter de croiser Edmund.
L'Ustalav n'était pas une nation très ouverte. Barovia avait été pendant une journée une fleur épanouie où les rires et les danses conjuraient pendant un temps la morosité. Mais la fête n'était plus là. Chacun s'était consciencieusement remis à son ouvrage, son labeur, perdant chaleur et sourire, comme le veut la décence dans ces terres.
Edmund le ressentait de plein fouet. Il se souvint que Galvin lui avait dit qu'il patrouillerait également, mais qu'à aucun moment il n'avait eut la générosité d'accepter sa demande de repas.
Peut-être qu'il allait falloir user d'autres subterfuges pour manger un peu.

En attendant, le jeune filou, arpentait doucement les rues, histoire que Galvin puisse le rattrapper facilement.
Déjà, les membres de son groupe sortirent de l'auberge, allant chacun dans une direction différente. Galvin rejoignit Edmund.
Il embrassa le village du regard.



« Herm... Bien. Que préférez-vous ? Que nous patrouillons ensemble ou chacun de son côté ? Vous n'êtes pas de la région il me semble ? Vous ne connaissez peut-être pas les environs ?  »

Galvin ajusta ses gants en écoutant la réponse.

Galvin fronça légèrement les sourcils.

Sans le faire exprès, Edmund avait en moins de dix minutes parler de repas à pourvoir. Une attitude bien malhabile de la part d'un noble. Et si Galvin soupçonnait qu'il n'en était pas un ? Pire, s'il commençait à croire qu'il usurpait une identité ? Qu'il était un fraudeur ? Un malandrin ? Un vaurien ?!
Le voleur à côté du milicien devint légèrement tendu, en faisant de son mieux pour ne pas le laisser paraître.

Galvin répondit au bout d'une longue seconde interminable.


« La matinée est déjà avancée... il vaut mieux qu'on se retrouve le soir, comme nous l'avons dit.  »

Il regarda le "gentilhomme" d'un air qui oscillait entre le soupçon et la réflexion, puis il finit par proposer d'un ton plutôt indifférent.

« Mais si vous le souhaitez... nous pourrons déjeuner ensemble...  »

Ils commencèrent par remonter la rue principale où ils étaient vers l'ouest. Les bâtisses étaient plutôt jolies et bien entretenues.
Deux jeunes filles d'une vingtaine d'années, portant chacune un panier, passèrent. Elles semblaient conspirer en rigolant et tentèrent de se ressaisir avant de croiser les patrouilleurs. L'une d'elle lança un timide "Bonjour" en regardant tour à tour Galvin et Edmund. Ce genre de salutation était de rigueur lorsqu'on croisait des gens dans les petits villages. L'autre fille voulu faire de même mais eut un trémolo dans la voix qui donna à sa salutation un ton anormalement aigu.

Galvin les salua poliment au passage tout comme Edmund.

Etait-ce le trémolo ou la salutations, cela provoqua en tout cas un gloussement chez ces demoiselles.

C'était à présent la fin de la rue, celle-ci se déparait en deux. Sur la gauche, un pâté de quatre maisons.

« Allons par là... Il y a moins à vérifier. Nous remonterons la rue pour passer devant le temple ensuite.  »

Après quelques pas, Galvin commença la conversation.
« Au fait, c'est la première fois que je vous vois dans les environs. Vous avez de la famille par ici ?  »

Modifié par un utilisateur mardi 16 janvier 2018 14:11:03(UTC)  | Raison: Non indiquée

« Il y a un colporteur qui fait la route de Ravengro jusqu'à Ardis. Il passe une fois par semaine. Et si j'étais vous, j'éviterais d'aller vers le Sud. Il vous faudrait couper par les Montagnes Affâmées...  » Il marqua une pause, jaugea Edmund puis reprit plus bas en regardant aux alentours d'un air nonchalant.

« Même si vous êtes doué, vous pourriez rencontrer plus fort que vous là-bas. Il paraît qu'il y a des choses... dans les brumes.  »
Il se racla la gorge puis repris d'un air plus décontracté.

« Je ne suis pas du genre à croire les histoires de bonnes femmes. D'ailleurs, je pense de plus en plus que le gamin s'est fait enlevé... mais je doute que ce soit par un petit lutin avec des ailes... Bref. On raconte que dans les brumes il y a des choses ... des sbires de ... Vous-Savez-Qui...  »

Il eut un frisson rien que d'en parler.

« Enfin, il ne vaut mieux pas aller par là.

Pour la monture, je pense que le vieil Oldson peut vous avoir quelque chose. Mais c'est pas dit qu'il veuille vous la vendre. Vous savez, les gens du coin sont plutôt méfiants...

Maintenant... si vous nous aider dans cette affaire, chose qui est très aimable de votre part, je pense que vous pourrez avoir un bon prix.  »

Il rajouta sur le ton de la conversation en regardant loin devant lui.

« Et je suis persuadé que le maire offrira une récompense à quiconque aidera Barovia.  »