Comme autant de frustrations et de rancœurs macérées et ruminées, ceux qui luttaient pour la survie des leurs, et pour une revanche méritée, étaient précis et sans pitié dans leurs assauts. Le Roi avait beau avoir repoussé sans mal la magie de Célestin, protégé par son dieu, les coups de Nedjemibrê et Bhaal mettaient en difficulté sa robuste constitution, dans une sauvagerie qui était dans le lieu idyllique pour ce genre d'aveux mortels : le temple de la Bête Hirsute.
Mais le Roi tenait bon, debout malgré son cri, debout malgré son sang qui se répandait sur le sol et sur sa fourrure comme le mal dans la région. Debout au contraire de son prêtre fidèle, tué net par le guerrier pourpre. Alia déboula vers le roi à son tour avec des pas si rapides qu'elle semblait ne pas toucher le sol, sorte de frénésie chorégraphiée qui pouvait hypnotiser le guerrier trop occupé à observer ses courbes, et son art, à en oublier la mort qui approchait.
Mais le Roi ne mangeait pas de ce pain, et malgré les blessures pivota soudainement avec puissance sa hache vers les hanches de la belle, à en inquiéter son mari. La blessure causée par Bhaal le fit brièvement tressaillir, juste ce qu'il fallait à Alia pour éviter de justesse l'arc de cercle létal, et montrait que ses capacités allaient bien au-delà des apparences.
Comme pour saluer son public, l'aasimar plongea en avant tout en se baissant, comme dans une sorte de révérence, dépassant légèrement le corps du Roi, avant d'agrémenter un aérien et terrifiant coup circulaire juste au-dessus des talons du gnoll hypertrophié. La bête humanoïde, se tourna, enragé, vers la source du funeste geste. Mais son invincibilité fut de courte durée, alors qu'il tituba un peu balourd, en train de perdre connaissance, Alia à quelques pas de lui, immobile, toujours à ras du sol, comme un dernier pas de danse clôturant le balais et figeant la dernière scène.
Le Roi tenta, tant bien que mal, de se rattraper à quelque chose, mais dans sa désorientation c'est vers Bhaal qu'il se dirigeait, et la réponse du gladiateur exprima toute sa frustration des dernières heures passées. D'un coup de bardiche qu'il leva par dessus sa tête avec fureur, il abattit la lame sur l'épaule indemne du Roi, le force à plier genou dans un geste désarticulé qui fit craquer les os de la patte du Roi. Lâchant son arme, Il se rua dans un cri de guerre bref vers l'imposante silhouette gnoll, enfonçant ses cornes fraîchement développées dans le tronc de son valeureux adversaire, le soulevant du sol, perçant sa gueule, avant de le reposer au sol avec une projection digne d'un lutteur professionnel, brisant la colonne du roi à titre posthume.
Les regards et l'attention se dirigèrent brièvement vers le Vrock qui venait de disparaître à nouveau, et les deux troglodytes les toisaient, eux qui venaient de tuer le Roi. La distraction des combats momentanément interrompue, l'odeur des créatures draconiques leur monta aux narines comme un vomi offert à son voisin de table lors d'une soirée trop arrosée.
Le chef, ou prétendu chef des troglodytes, était d'une constitution qui pourrait passer pour frêle comparée à Bhaal ou à celles des gnolls d'élite, mais ses muscles paraissait secs, et il ne semblait nullement impressionné par le fait d'arme qu'il venait d'observer. Sa probable capacité à feindre l'indifférence forçait le respect.
À côté de lui, le chamane qui portait un crâne animal de la taille d'un bouclier posa un genou à terre vers lui. Plusieurs troglodytes et, stupeur totale, un prêtre gnoll ainsi qu'un garde charogne s'approchèrent en marchand vers le chef troglodyte, longeant les murs pour ne pas s'approcher trop près du groupe, posant également genou à terre. Il semblait les ignorer pour se consacrer sur ceux dont il découvrait les visages.
Sans nul doute, il avait bien préparé son coup aux vues des corps présents partout, et du Roi ayant rejoint ses ouailles.
« Ainsi s'achève le règne de Garthok, et de ses déviances. Je me nomme Grundmoch, je suis le chef de ceux qui sont restés fidèles, ainsi que de mon peuple ici. Qui êtes-vous? Je sais ce que vous êtes venus faire ici. Personnellement, je n'ai rien contre vous ou votre lointaine contrée. Vous comme nous aurons bien assez à gérer avec les gnolls survivants et la situation hasardeuse qui s'annoncent pour ne pas nous entretuer si vite.
Je vous propose la libre circulation et le pillage des quartiers gnolls, tant que vous ne touchez pas aux écrits muraux et aux créations à l'effigie de mon maître, pour les deux prochaines nuits. Si vous montez vers mes quartiers, je considèrerai ça comme une déclaration de guerre.
Dans le cas contraire ... nous pouvons reprendre ce que nous avons, vous comme nous, commencé. »L'homme, si tant est que s'en était un, s'exprimait avec un commun presque parfait, dont seules les caractéristiques physiques innées à son espèce déformait les sssssons.
Modifié par un utilisateur lundi 13 août 2018 17:57:07(UTC)
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