Conchobar, qui s'était délecté de la scène pendant que la serveuse revêche continuait de prendre un vilain du coin à parti, se retrouva soudain à grimacer. La blague était franchement marrante ! Une jolie tape sur les fesses de l'halfeline, et il n'en avait pas fallu plus pour lui réchauffer le cœur et faire bouillir le sang de l'intéressée. Mais va savoir pourquoi, deux nanas du groupe le regardait de travers comme s'il venait de commettre un dramatique accident diplomatique. Et ce n'était pas n'importe lesquelles.

La première, c'était la fort-en-gueule Rosie. Et la seconde, ce n'était ni plus ni moins que leur Capitaine en personne ! La barbe... En coulant un regard en direction de Rosie, il vit que celle-ci ne le lâchait pas du regard. Ayant croisé les bras, elle avait relevé les narines en signe de désaccord et venait de faire un signe du menton assez explicite au barde, du genre « Si t'y vas pas, moi j'te ferai y aller ! ». Littéralement.

Dodelinant de la tête pour peser le pour et le contre, Conchobar essayait d'estimer les dégâts auxquels il se risquait. D'un côté, il risquait une main coupée. De l'autre, il risquait... une main coupée. Tu parlais d'un choix ! Quelle merde c'était pour cet enquiquineur de première.

En désespoir de cause, il jeta un regard alentour tout en cherchant la sortie la plus proche des yeux. Au moins 15 mètres à franchir. Un véritable marathon par cette chaleur. Et pour aller où ? Le coin n'était pas vraiment peuplé ni passant.

Finalement, contraint et forcé, le gnome se manifesta non sans avoir lisser sa moustache d'une main. « Hu-hum ! Heu... douce fleur, puis-je vous importuner un instant ? Je crains que vous ne soyez sur le point de commettre un tord. A la vérité, loin de vouloir me mettre sur le chemin de votre ire, j'ai une confession à faire. »

L'halfeline se tourna vers l'importun qui venait l’interrompre. « Quoi ? Qu'est-ce tu m'chantes, l'emplumé ? » La voix restait peu amène.

Le gnome frissonna en voyant le regard assassin qu'elle lui lançait. Sentant son courage se dérober, il fit de même. « La vérité me pèse car je suis en temps normal incapable d'accuser un vaillant compagnon. Mais l'infamie est telle que mon coeur se déchire. Cela me peinerait que ce pauvre inconnu... » lança t-il en désignant le fameux Britt. « ... accuse le coup à la place d'un autre. » Prenant un air théâtral ainsi qu'une longue inspiration, Conchobar prit un air faussement triste. « Je crois que tu n'as plus le choix. Sorio, tu dois te dénoncer ! »

Incapable d'assumer son acte, le barde s'était défaussé au dernier moment sur le seul autre homme de l'équipage présent à sa table !

Psychologie. DD12.

Modifié par un utilisateur dimanche 3 juin 2018 20:33:43(UTC)  | Raison: Non indiquée

Mimi commençait à se perdre entre toutes ces déclarations. Britt et Jack, deux gars arrivés quelques temps plus tôt, s’étaient auto-désignés. Qu’un seul le fasse, elle aurait su gérer. Mais deux ? Ça n’était jamais arrivé depuis qu’elle avait émasculé le vieux Guilford. Et puis, elle avait beau décoller au quart de tour, elle n’était pas totalement idiote non plus. Elle n’avait sentit qu’une seule main aux fesses. Il ne pouvait donc y avoir qu’un seul coupable.

Heureusement, la Capitaine fraîchement débarquée avait aidé à démêler la situation. Suite à son intervention, le barde du groupe avait réagit en désignant un compagnon, lequel sans froncer des sourcils avait décollé un pain magistral au gnome. Le gabarit du premier n’étant pas taillé pour résister à une telle attaque du second, le cou de Conchobar craqua méchamment avant que son visage n’atterrisse en plein dans le corsage de Rosie. Il n’en fallait pas plus pour faire réagir la seconde halfeline. Suivant l’exemple de Sorio, celle-ci lui envoya également une manchette qui fit voir au malheureux trente-six chandelles et finit de l’envoyer rouler sous la table.

Suite à ce déroulé, Mimi la serveuse retrouva un peu de son calme. « Demande aut’chose, hein ? » lança t-elle à l’inquisiteur qui attendit un instant avant de retrouver sa place. « Ok, on va innover un peu. » continua t-elle avec un sourire carnassier. Récupérant une corde au comptoir ainsi qu’un pot de miel, elle traina ensuite le barde toujours sonné à l’extérieur. Arrivés près de l’un des piquets qui servait à attaquer les barques du port, elle dévêtit le barde avant de l’attacher et de le badigeonner de miel. « Là ! » fit-elle pour elle-même d’un air satisfait.

Inconscient, celui-ci était bien en peine de s’offenser de ce traitement. Mais les quelques curieux qui s’étaient massés aux fenêtres et à la porte du réfectoire comprenaient bien que Mimi comptait sur les insectes du coin pour faire passer un sale quart d’heure au plaisantin.

Finalement satisfaite d’elle-même, Mimi revint à l’intérieur pour reprendre son service. Regardant Anne-Charlotte droit dans les yeux, d’égale à égale, elle déclara : « Qu’il passe la journée au piquet et on sera quitte ! » Puis se tournant vers le drôle de couple, elle enchaîna : « Et vous, que j’vous y reprenne pas à mentir. Sinon, la prochaine fois, j’vous coupe la langue plutôt que la main ! » Sans rien rajouter de plus, elle récupéra son plateau et finit de servir les tablées de ce coin, laissant finalement l’équipage du Chasseur d’écume tranquille et Britt et Jack face à leur verre.

Il fallut attendre quelques minutes pour que l’animation reprenne et que Rosie décide finalement de jouer de son violon. Les quelques ouvriers ayant un coup dans le nez se mirent à ouvrir la danse, suivit aussitôt par quelques membres de l’équipage d’Anne-Charlotte. Pendant ce temps-là à sa table, deux places s’étaient libérées.


Brit et Jack gagnent tous les deux +3 à tous leurs jets sociaux pour le temps que durera leur séjour aux Pétards du Chêne.

Modifié par un utilisateur lundi 4 juin 2018 10:15:57(UTC)  | Raison: Non indiquée

L’homme-félin avait trouvé les mots justes en s’adressant à Mimi. Tout en finesse, il avait réussi à allier le verbe haut à la manière d’un Conchobar à des manières ajustées juste ce qu’il fallait. La conséquence directe fut qu’il réussit à obtenir un « Ouais, ouais, c’est ça ! » de la part de la serveuse là où d’autres se seraient directement reprit une gueulante, voire de nouvelles insultes. De fait, la réaction de l’halfeline était déjà une victoire en soi.

Mais là où Jack fit fort, c’est qu’il réussit à arracher un aveu à Mimi se détournait déjà pour servir d’autres soulards. Il lui fallut pour cela faire appel aux sens aiguisés de sa race, mais il n’y avait aucun doute sur ce qu’il entendit. « Et moi, qu’est-ce que j’donnerai pas pour retourner sur les flots ! Avec toutes ces… » Le reste fut perdu dans le brouhaha des rires et des discussions du réfectoire mais l’oracle tenait là une pièce d’un puzzle dont il ne connaissait pas encore toutes les ramifications.

La dédicace appuyée qu’il prononça ensuite à l’encontre de l’esclave fut également chaleureusement saluée par le public, pourtant éprouvé par la chaleur. Et n’était-ce que lui ou bien crut-il voir quelques rares fois Mimi l’observer du coin de l’oeil avant de détourner le regard ? Il lui semblait que les joues fines de la demoiselles rosissaient légèrement à chaque fois avant de se détourner, faisait mine de s’intéresser à un client durant son service.

Ce doute se transforma en certitude avec l’intervention bienvenue de Rosie. Cette dernière, bien que concentrée sur son violon et la musique qui en sortait, avait fait en sorte d’attirer l’attention du percussionniste. Finalement, lorsque celui-ci porta son attention sur elle, elle lui désigna discrètement la fine Mimi en ajoutant mezzo voce. « J’sais pas c’que t’espérais mais on dirait qu’tu lui fais d’l’effet ! Sacré veinard ! »

Pendant ce temps-là, l’équipage du Chasseur d’Ecume continuait de se familiariser avec les lieux et la boisson du coin.

Modifié par un utilisateur lundi 4 juin 2018 20:21:34(UTC)  | Raison: Non indiquée

Au départ content de son petit discours, Britt constata rapidement qu'il n'avait pas l'effet escompté sur Mimi. Hors de question qu'il pose sa main où que ce soit, hormis sur la poignée de sa rapière, si les choses en arrivaient là ! Cette gourdasse de serveuse était en train de gâcher son beau plan. Heureusement, Jack intervint avec son petit poème et les choses auraient pu s'arranger, mais il n'en fut rien.

La femme au chapeau qui se leva pour mettre un terme à la blague était donc la capitaine du rafiot ? M'ouais... Elle n'avait pas l'air bien méchante. Trop tendre pour la piraterie, gageait-il. Ou peut-être cachait-elle son jeu, ne sachant pas où elle avait atterri ? Mais non ! La voilà qui sollicitait l'indulgence de Mimi, la suppliant presque de détourner son juste courroux ! On croyait rêver ! Une capitaine pirate qui s'abaissait à négocier la clémence une serveuse... Pas étonnant qu'ils aient échoué ici ! Car il s'agissait bien d'un échouage, il en était de plus en plus persuadé. Il échangea un coup d’œil aussi entendu que sceptique avec son comparse félin. Néanmoins, ils semblaient avoir fait bonne impression auprès d'elle, c'était toujours ça.

Mais son sentiment premier fut renforcé par la confirmation qu'elle ne tenait pas ses troupes. Le ridicule gnome borgne, loin d'assumer ses conneries, rejeta la faute sur un enturbanné à l'air peu commode. La réaction de ce dernier ne se fit pas attendre, et la tarte qu'il administra au drôle fit naître un rictus de cruauté sur le visage de Britt. Tu l'as pas volé, celle-là ! Se dit-il. Britt continuait néanmoins de se demander qui commandait vraiment ce ramassis de baltringues...

L'affaire de la main aux fesses trouva son dénouement lorsque Mimi eu l'autorisation d'administrer une punition de son crû au gnome, ce à quoi elle s'occupa immédiatement. Comme les autres, il la regarda faire en échangeant des coups d’œil et des commentaires amusés avec Jack. Tout ceci ne valait pas, en effet, que le sang coule. Cette Mimi avait du caractère, mais elle ne savait pas tenir sa place. S'il ne tenait qu'à lui...

En revenant, elle se permit d'ailleurs de les enguirlander de la belle manière. Leur couper la langue ? « tu essaieras, oui... » Répliqua Britt avec un air mauvais. Il n'avait pas peur de la drôlesse et n'hésiterait pas à lui montrer qui était le plus féroce des deux, si la situation en arrivait là. Putain de petite garce de serveuse anémique ! Pour qui tu te prends ? Mais il ne voulut pas être plus explicite dans l'établissement de Bertrand. Il n'avait jamais réellement pu déterminer dans quelle mesure il protégeait ses serveuses.


Une fois réglée la question de la main au cul, Jack lui proposa de les rejoindre, ce à quoi Britt répondit par un signe de tête affirmatif. Comme son ami, il était déçu par la tournure des événements. Ils avaient rêvé de rejoindre un équipage, mais celui qui se présentait n'offrait pas toutes les garanties de sérieux... Et donc de succès. Quand on est pirate, l'absence de succès s'appelle l'échec. Et, bien souvent, l'échec s'appelle la mort. Mais être coincés dans ce bled pourri s'apparentait également, au fil des jours, à une forme de mort. Une mort lente, insidieuse, sournoise, une mort qui ne dit pas son nom : la mort du marin resté trop longtemps à terre. En tout cas, celle de son âme. La bonne étoile de Britt ne pouvait que pâlir si loin des flots écumeux.

« Je crois que c'est des branques, » répondit-il à voix basse à son compagnon de galère, « mais je sais pas si on a le choix, le Chat. J'en peux plus de ce bled. Premier navire en deux mois ! Je tiendrai pas deux mois de plus, ni même un seul. Je suis pour tenter notre chance. Plutôt crever en mer qu'à petit feu ici. » Tandis qu'il disait cela, ses yeux s'allumèrent d'une détermination farouche. Oui, plutôt crever en mer, fût-ce avec les pires crétins des Entraves...

L'atmosphère se détendit petit à petit et la musique n'y fut pas pour rien. Jack entra dans la danse avec son tambour, créant une complicité qui avait manqué jusqu'à présent. C'était le moment. Il se leva et alla prendre la place laissée vacante, bien malgré lui, par le gnome emmiellé.

« On peut se permettre de se joindre à vous ? Désolé pour l'intervention de tout-à-l'heure, » commença-t-il avec son plus beau sourire, « ça ne nous regardait pas, mais je voulais surtout éviter à l'un d'en vous de repartir manchot. Vous avez raison, capitaine, une main au cul ne vaut pas ça, mais la petite Mimi a des idées très arrêtées quant à savoir qui peut se le permettre. Autant que je sache, les dieux eux-mêmes comptent les doigts qu'il leur reste ! Votre homme s'en sort bien, tout attaché à son poteau qu'il est à c't heure. »

« Je m'appelle Britt. Britt Nespyre, gabier d'empointure. Ceux qui pensent pouvoir rosser un halfelin à peu de frais m'appellent Britt la Teigne, » ajouta-t-il en jetant un œil vers le médiogaltien. Bien qu'il admit volontiers que le gnome méritait une correction, il n'avait jamais apprécié que les grands frappent les petits. Ce n'était pas, selon lui, la marque d'un très grand courage. « On m'appelle aussi parfois Britt la Veine, et j'ose croire que Besmara veille sur moi. Naguère quand j'étais mousse, on m'appelait Scotch-Britt, rapport à la manière que j'avais de récurer le pont... » Il s'interrompit, sentant qu'il était en train de perdre son auditoire par des considérations qui n'intéressaient que lui.

« Mais bref... Et mon camarade joueur de tambour, c'est Jack. Jack la Moustache. Son vrai nom est bien plus compliqué et ne vous dirait rien. N'essayez pas de lui tirer sa moustache, il la défend encore plus férocement que Mimi ne défend son cul. Avec Jack, y'a pas de main coupée en guise d'avertissement...

Ensemble, on a servi sur la Veuve Joyeuse. Capitaine Armadar. Pas très connu... On a... eu des problèmes. Pêché un trop gros poisson. Il avait des dents et a croqué le capitaine, tous les officiers et les trois-quarts des gars. On a essayé de ramener le bateau mais Besmara nous a envoyé un grain qui nous a flanqués sur les rochers. La mer reprend toujours ce qu'elle donne. Et nous voilà, échoués dans ce trou du cul du monde... Vous êtes le premier bateau qu'on voit en deux mois. Et quelque chose me dit que vous aussi, vous avez eu des problèmes... Je me trompe ? » acheva-t-il en regardant alternativement la capitaine et l'homme au foulard.

Modifié par un utilisateur mercredi 6 juin 2018 01:29:04(UTC)  | Raison: Non indiquée

Seule la curiosité - pas déçue pour un galion d'or ! - de voir la réaction de Sorio à l'accusation fallacieuse de Conchobar retint Anne-Charlotte d'aller couper la langue du gnome elle-même sur-le-champ.

Elle suivit Mimi d'un regard mi-courroucé, mi-amusé en la voyant traîner et badigeonner de miel le gnome dont elle ne pouvait plus supporter la lâcheté et la roublardise.
Elle était loin la jeune femme à moitié désespérée encore sous le choc de sa captivité qui avait cherché en lui un allié et une planche de salut providentielle. Désormais, elle menait la barque - bon, la coquille de noix pour l'instant, soyons factuels.

Lorsque Mimi lui annonça qu'elle exigeait que Concho reste planté là pour la journée, acquiesça d'un mouvement de tête avant d'ajouter à voix haute : « Il sera quitte avec toi et cette histoire de main déplacée. Entendu.
Pour ma part j'en ai pas fini avec lui. »

S'il croit s'en tirer comme ça en mentant à tout l'équipage son capitaine inclut et en prime pour accuse un propre membre de l'équipage, son maitre d'arme qui plus est, de son méfait, il se fourre le poing dans l'oeil jusqu'au trou de balle qui lui sert de cerveau fulminait-elle, n'en laissant rien paraître.

Elle profita de l'attente de Rosie partie chercher son violon pour en toucher un mot à Sorio discrètement : « On a un sérieux problème avec Conchobar. J'me tape qu'il foute des mains au culs des serveuses, mais on peut pas se permettre d'avoir un type aussi peu fiable à bord. Encore moins qui fanfaronne devant son capitaine et accuse son maître d'arme en public.
A la fin du châtiment exigé par Mimi tu iras chercher le chat à neuf queues dans ma cabine et il servira d'exemple à tout le monde ici. On fera ça de façon un peu solennelle. Treize coups. Et te retiens pas, s'il tient pas tant pis pour lui. Il aura largement eu sa chance. Il aurait du crever mille fois sur l'île ou avant sans nous de toute façon et j'ai plus aucune confiance en lui depuis bien longtemps. »



La conversation partit ensuite sur les autres clients de la taverne et donc de potentielles recrues. Sorio avait l'air de trouver les deux lascars volontaires à la guillotine à main "pas mauvais bougres" pour reprendre ses termes.
Anne-Charlotte n'aurait pu en jurer. Quoi qu'il en soit le félin lui avait tapé dans l'oeil avec sa verve et sa prestance, teintée d'une bonté excentrique, surtout dans un lieu pareil et en si dangereuse compagnie. En voila un qui remplacerait avantageusement la gouaille aguicheuse mais souvent creuse de Concho si celui ci venait à manquer.

Quand à son petit compère, elle ne savait trop quoi en penser pour l'instant. Elle se contenta donc de répondre à son maître d'armes.

« La p'tite Mimi est pas mal non plus. Elle ferait de la concurrence à Rosie coté caractère de merde, mais elle m'inspire confiance. Faudrait voir si on peut racheter sa liberté ou trouver un arrangement dans ce sens, à voir. Pour l'instant on roule pas sur l'or avec ce connard de voleur de Frêle. Si on était pas autant à sa merci pour les réparations.. »

Elle garda pour elle la fin de sa phrase qu'elle avala d'un trait avec une gorgée de ce que les locaux appelaient "bière", un liquide jaunâtre et fétide.

Besmara ! Ce truc à le goût de l'odeur ! C'est carrément infect !



Finalement ce fut justement le plus petit des "pas mauvais bougres" qui vint à sa rencontre en entamant la conversation sur le sort du membre d'équipage dont il venait de prendre la place à table.

« Il s'en tire bien en effet. C'est un peu son talent de toujours bien s'en tirer. Mais toutes les bonnes choses ont une fin n'est-ce pas ? » lança-t-elle d'un ton cynique.

La question n'attendais pas de réponse et elle écouta la suite de la présentation du demi-homme avec un intérêt dissimulé. Le type était au moins autant en chien de reprendre la mer qu'elle de trouver des gars pour son équipage. Restait à savoir s'il valait le coup ou pas.
Elle partit d'un grand rire à la fin de sa tirade :
« Des problèmes ? Hahaha !

On peut dire ça ouais. Mais pas autant que ceux qui ont essayés de nous pêcher nous. Eux ils en auront plus jamais maintenant.
Pas sûr qu'on soit un gros poisson mais les gros poissons sont pas toujours les plus dangereux » fit-elle avec un clin d'oeil au halfelin.

« M'enfin c'est clair qu'on a bien besoin de reconstituer nos forces après nos dernières aventures sur ce point tu te trompes pas. »

Sorrio enchaina ensuite directement à son tour, plus prolixe que jamais. Elle le laissa donc soliloquer sans l'interrompre, curieuse de la réponse du manieur de rapière à la dernier question un brin inquisitrice.

Modifié par un utilisateur mercredi 6 juin 2018 18:56:54(UTC)  | Raison: Non indiquée

Posant son bodrhàn à ses côtés, la panthère bipède écoutait les paroles des uns et des autres. Ils avaient l'un des équipages des plus frais, précoces même, où rien ne semblait encore figé. C'était une aubaine pour eux autant qu'un risque conséquent. Mais comme le disait Britt, vivre ici était un enfer. Jack en avait vu d'autres, mais il était sur la même longueur d'onde. Il fallait absolument se barrer.

«  Comme l'a dit mon frère, moi c'est Jack la Moustache. On a déjà pas mal bourlingué. Nous sommes les derniers survivants » Nous et Rosita«  du cumul de l'appétit démesuré de notre capitaine, dont l'audace tenait plus de la folie, et du jugement de Besmara en sa défaveur. Vu que nous sommes toujours là, elle a du nous jugé davantage digne. Comme vous par rapport à ceux que vous avez truandés. Car pour être si peu nombreux, peu connus, et avec un bateau à retaper, vous avez du en truander des gens, pas vrais? Peut-être est-ce là votre raison de vivre à vous autre? » comme en réponse à la question de Sorio.
Il but une gorgée rapide avant de reprendre la parole pour éviter d'être coupé.

«  Eh bien nous aussi. Je pense qu'on est comme beaucoup de marins, et de pirates. Notre vie, c'est la mer, et la loi naturelle, celle du plus fort, du plus malin, du plus adapté. Faut serrer les rangs dans le clan, et mettre à mal tout ce qui le menace. M'voyez, moi, j'ai choisi d'être pirate. On ne m'a pas forcé. La mer, c'est dans mon sang, plus encore que les arbres. Ici, on se fait chier. Nous ce qu'on veut, c'est naviguer. Et se dégourdir les jambes en mer. Et les bras. La terre, c'est fait pour dégourdir le reste.

Ici, aucune gloire ne nous attend. Ni aucune emmerde d'ailleurs, sauf si votre cochon de bar est dans le coin. Et moi je suis pas venu pour me faire chier. La mer nous attend. La mort ou la gloire aussi. Y a trop de choses à explorer et à conquérir pour se lier ici. Les esprits et les fonds marins me ramènent toujours à eux. » dit-il en regardant Pateba et sa souris.

Modifié par un utilisateur jeudi 7 juin 2018 10:52:21(UTC)  | Raison: Non indiquée

Les deux compères écoutèrent avec une attention polie la capitaine du Chasseur d’Écume discourir sur les grandeurs et servitudes de la vie de pirate. Ils semblaient d'ailleurs suffisamment connaître ladite vie pour trier ce qui correspondait à leur propre expérience et ce qui relevait quelque peu de l'emphase. Lorsqu'elle eut fini, il se regardèrent un instant avant de cracher de concert qui dans sa main, qui dans sa patte, et de la tendre vers Anne-Charlotte de Cormac.

« C'est... »« ...d'accord ! » Firent-ils tous deux dans une parfaite synchronisation.

Et effectivment, le moment était solennel. Le capitaine décida donc d’attendre encore un court instant avant de prendre la parole. De fait, ce fut le gnome qui se réveilla en sursaut avec le réveil glacial qui lui était imposé. « Hein ? Quoi ? Non, je n’aime que toi, ma mie. Je te le promets ! » La réponse était sortie de la bouche de Conchobar avant même qu’il ne puisse reconnaitre son environnement. Mais sentant ses mains liées dans son dos et ses yeux complètement clos à cause des deux beaux coquards que Rosie et Sorio lui avaient légués, il comprit que quelque chose clochait.

Alors d’une voix chaude qui se voulait rassurante, il leva le menton et tenta d’ouvrir les yeux en balançant un peu hésitant « Maribelle ?…  » mais seul le silence inquisiteur de Sorio lui répondit. « Isadora ?… » Nouveau silence. « Jelina ?… Théa ?… Carlitta ?… Marie-Mérédith ?… Thiana ?… Judith ?… Amiana ?… Gabriella ?… Luce ?… Elma ?… Sonia ?… Corinna ?… Amandi…. »

L’énumération reprit, d’abord lentement puis de plus en plus vite, jusqu’à ce que le médiogaltien l’interrompe. « Il suffit ! » La voix de l’inquisiteur claqua comme un coup de tonnerre.

Aussitôt, le visage de Conchobar se décomposa. Il venait de relier les petits cailloux alors que les derniers événements lui revenaient en mémoire. La main aux fesses, les accusations, la dénonciation mensongère, la torgnole, puis le noir complet. Ce n’est que quand il entendit la voix autoritaire de son maître d’arme que le barde se refocalisa sur le présent. Pourtant, à la place de la voix masculine, ce fut celle féminine mais tout aussi dure d’Anne-Charlotte qui s’éleva dans les airs. « Conchobar, barde émérite et fieffé orateur, sache qu’à bord de mon équipage, personne et je dis bien personne n’a le droit de se jouer de ses propres compagnons. Tu es malheureusement le premier mais tu vas l’apprendre dans ta chair. Pour toi, treize coups de fouets pour t’apprendre la discipline et les règles en vigueur ! Et pas un moins ! Sorio, à toi ! » lança t’elle de sa voix de commandement.

En retrait de quelques pas jusqu’aux fenêtres du réfectoire, les autres membres de l’équipage ne perdaient pas une miette du spectacle. Il fallait tout de même reconnaitre que leur capitaine ne coupait pas les cheveux en quatre. Et pour le barde qui avait surtout vécu avec l’idée de la vie de pirate plus qu’avec sa dureté et ses inconvénients, l’annonce d’Anne-Charlotte fut un véritable choc. Un peu plus et il se serait définitivement pissé dessus. Heureusement pour lui - et sa réputation - , l’usage de la vue lui avait été temporairement retiré. Cela lui évita donc de voir Sorio se préparer à appliquer la sanction annoncée. C’est donc aussi avec des cris mêlant aussi bien surprise et douleur qu’il accusa le coup.

A sa décharge, Conchobar avait tout de même assez de cran pour ne pas supplier son tortionnaire de faire preuve de pitié. C’est que si Sorio n’avait certes pas le talent de Fléau avec cet outil, il n’était pas en reste non plus. Chaque lanière de fouet venait claquer contre la chair encore tendre du supplicié de ce bruit si caractéristique. *tshhh* Un son sec et pétant.

Aucun coup ne manqua sa cible. Pas une lanière ne vint à manquer cette chair encore si tendre. A mesure que les coups étaient distribués, le sang se mit à moucheter l’air autour du gnome, faisant voler insectes collés, miel gluant et sang liquide dans d’égales proportions.

Finalement, lorsque son sort fut réglé, certains spectateurs du réfectoire lâchèrent quelques rires moqueurs avant de retourner à leur table. Mais chez l’équipage, la réaction fut bien plus partagée. Certains approuvait derechef de la tête la décision de leur capitaine. Pour ceux-là, il était certains que la discipline et la réputation de leur équipage était une affaire sérieuse. Le Chasseur d’Ecume n’allait pas conquérir les mers en ayant une image de bouffon. Mais pour d’autres, la punition semblait les rebuter. Faire fouetter le barde qui avait rendu leur séjour à bord de l’Absinthe et du Promesse de l’Homme supportable, c’était cracher à la face de l’un des principaux membres ayant participé à la rébellion contre Plugg et Fléau. Pour autant, ces derniers n’eurent aucun geste de clémence envers Conchobar. Tout juste regardèrent-ils leur capitaine et leur maître d’armes avec un vague regard d’indifférence avant de suivre les autres.

Enfin, un dernier groupe d’observateurs resta un long moment de plus sur place. C’était l’équipe d’halfelins qui était affectée au hangar à bateaux et qui était restée silencieuse devant la punition infligée. Sur chacun d’eux, on pouvait voir un lourd collier d’acier cercler leur cou et un boulet ferré à leur pied gauche. On pouvait lire dans leur regard une certaine empathie en plus d’une visible résignation. Ce n’est que lorsque Bergam, leur chef d’équipe tortionnaire à toutes les heures du jour et de la nuit, fit un rappel à l’ordre qu’ils reprirent leur place face au navire pirate à retaper.

Anne-Charlotte, restée seule avec Jack et Britt, attendait que Sorio revienne vers elle. Elle en profita pour jauger les deux nouveaux en leur demandant : « Satisfaits ? »

Modifié par un utilisateur samedi 9 juin 2018 15:56:32(UTC)  | Raison: Non indiquée

L'affaire s'était presque trop rapidement pour qu'elle paraisse honnête, et lui confirma le quasi-désespoir de la situation du Chausseur d'Écume. Et le leur. Les débuts au sein de l'équipage furent assez atypiques, et consistèrent en une séance en tant que spectateurs d'un supplice, d'une punition.

Jack souriait. Non que voir ce gnome avoir ce qu'il méritait lui donnait un quelconque plaisir, mais la vue de se fouet à neuf queues lui faisait se demander si c'était parce que les gens comme lui avaient neuf vies. Il regarda furtivement Britt entre deux coups de fouet. Et se permit même de bailler. Tout ça lui donner envie de siester. Il observait également les réactions de l'équipage, qui, comme ses chefs, devait encore maintenant se chercher. Anne-Charlotte s'approcha d'eux avec une question qui avait presque un air de piège, il répondit juste après Britt.

«  Ouais Capitaine, on n'a pas a apprécié ou non. Par contre on a à respecter le code. Il l'a pas respecté, il a ce qu'il mérite. Je pense que ce geste ferme permettra d'affirmer les rangs nouveaux chez nous plus rapidement. Le plus couillon, c'est que de la moule à se farcir contre quelques pièces si ça le démange.
Tant qu'on en est aux questions, y a des rôles précis qui vous manquent à bord capitaine? Vous cherchez encore d'autres gens? »

Modifié par un utilisateur samedi 9 juin 2018 20:00:25(UTC)  | Raison: Non indiquée

Plus tard, alors que tout le monde était déjà rentré se mettre à l’abri du soleil et de la chaleur étouffante du port, seul sur son piquet, Conchobar essayait d’échapper à la douleur et à l’impuissance de sa situation. Laissé là seul et nu comme un vers hormis son pagne qui lui cachait les parties, il cuisait à feu doux dans son propre jus dans l’indifférence la plus totale. Seuls les insectes étaient revenus se rappeler à son bon souvenir alors qu’il les sentait fourmiller autour de ses plaies ouvertes et dégoulinantes de miel. Pourtant son esprit était ailleurs.

Ruminant contre sa malchance, cette gueuse de Mimi et cette mal-baisée d’Anne-Charlotte, il finit par faire le tri entre sa part de responsabilité et sa mauvaise foi. A ce moment-là, il se rendit compte qu’il n’avait plus d’échappatoire pour juguler ou ignorer sa douleur. Alors en désespoir de cause, il se décida à faire ce qu’il savait faire le mieux : chanter. Bien sûr, le brouhaha ambiant de la taverne couvrait la plupart de ses paroles pour les clients, mais lui sentait le bien que chanter lui apportait. Cela l’emplissait à chaque fois d’un sentiment d’accomplissement et de plénitude. Cette chaleur qui montait de sa poitrine et qui se répandait partout en lui lui permit un moment d’évacuer sa douleur. S’il tenait ainsi jusqu’à l’épuisement, il pourrait passer la nuit bercé par les bras de l’inconscience.

Alors, avec toujours plus de hargne, il chantait.



A l’intérieur, les choses étaient revenues à la normale. Les deux nouveaux sympathisaient avec une partie de l’équipage du Chasseur d’Ecume à coup de choppes de bière tiède et d’histoires de pillages. Anne-Charlotte avait répondu en pointillé à la question de Jack, mais en observant les nouveaux venus, les deux nouvelles recrues pouvaient voir qu’il manquait bel et bien une moitié d’équipage pour manoeuvrer le trois-mâts. A bien y penser, les postes d’officiers ne devaient donc pas être tous pourvus.

La conversation fila ainsi sur les conditions de travail à bord et l’histoire de chacun pendant une bonne demie-heure. C’était au tour d’Ambrose d’en raconter une belle sur Grok et lui-même quand soudain un nouvel événement vint perturber le calme relatif général.

« AAaaaaaarrrrgh… »

C’était la voix de Conchobar. Encore une fois. Mais cette fois, quelque chose clochait. Le premier ivrogne qui avait pu jeter un oeil sur le gnome lança, aussi surpris qu’apeuré : « Un-un-un naggaaaaaaaaaaa !!!! » En additionnant deux et deux, les compagnons comprirent tout de suite que le gnome enchaîné au piquet n’avait aucun moyen de se défendre contre un adversaire aussi redoutable. Si l'équipage voulait garder un barde en vie à bord, il fallait se décider à agir vite.



Folklore local. DD15
Psychologie. DD17

Modifié par un utilisateur mercredi 13 juin 2018 22:01:35(UTC)  | Raison: suite et fin du RP