Shojiro esquissa un sourire. « Nul besoin d'être autant formel, appelez moi simplement Shojiro, ou Commandant vu que je le suis désormais. »
Le samouraï rendit son salut au nain. « Je n'ai pas eu l'occasion de vous remerciez pour votre intervention à mon discours quelques jours avant l'attaque. J'espère que mes compagnons et moi-même avons réussis à gagner votre confiance. »

Il sorti son katana de son fourreau et le présenta au nain. « J'ai une requête à vous présenter.
Cette lame ne m'a jamais déçu, mais les temps changent. Le premier ennemi de ce village était des plus redoutable et j'ai bien peur que d'autres apparaîtront au fil du temps. Les mains d'un samouraï sont réputées pour apporter la mort. Celles des nains sont connus pour leur don de création.
Pourriez-vous me créer un katana exceptionnel, afin que je puisse protéger comme il se doit ce village et ses habitants? Forgée par un maître forgeron elle suscitera la terreur chez nos ennemis et reprensentera un symbole d'espoir pour nous tous. »

Shojiro s'inclina à son tour. « Je vous remercie maître forgeron. Et prenez le temps qu'il faut.
Et je sais qu'il peut être pénible de forger des objets de morts, mais les derniers évènements nous ont prouvés qu'il fallait être prêt à tout. »
Repensant à un de ses enseignements passés, le samouraï sourit. « La main d'un protecteur peut être une main de guerrier. Un dirigeant a besoin de force, de sagesse, d'intelligence, d'ouverture d'esprit; s'il veut faire le bien du peuple. Par chance, ces différentes facettes ne se cumulent pas ici.
Je laisse l'intelligence à Dame Jing, la sagesse à Dame Mizuki et l'ouverture d'esprit à Dame Jane. Il faut qu'il y ai une main forte et protectrice, et c'est mon rôle. »

Shojiro salua à nouveau Wolfram, et parti. Il avait encore des choses à faire.

Si tu n'as rien à ajouter, je vais voir Feng.

Shojiro sourit. « Vous avez l’ouïe fine maître Feng. » Il se rapprocha de Feng, et regarda lui aussi par la fenêtre. « En premier lieu, merci de votre aide pendant l'affrontement. Vous avez été d'une grande aide au village.
Et je viens vous voir par rapport à cela. Nous pouvons constater que vous et moi n'avons pas le même style. Vous jouez plus sur la finesse et la discrétion quand je mise tout sur la force et le frontal.
Vous n'êtes pas sans savoir que j'entraine la milice, et j'ai en projet de créer un dojo pour former à l'art samouraï qui veut. Mais dans une contrée comme celle-ci, la force ne résout pas tous les problèmes. J'ai donc quelque chose à vous proposer. Vous serai-t-il possible de sélection quelques miliciens et de les former? Afin qu'ils se battent comme vous. Nous aurions ainsi une force de frappe discrète et rapide. »

Un de ses sourcils se leva sous le coup de la surprise, mais elle semblait plus provenir de la franchise de Feng que d'une véritable révélation. « Je vois que vous partagez la franchise de Dame Jing. Elle ne m'a pas cacher ses ... origines si je puis dire.
Mais je ne vous demande pas d'être un leader, mais plutôt un chef d'équipe, un formateur. Le but étant de diversifier nos formes militaires. Une équipe d'éclaireurs compétents est nécessaire, et je pense que vous êtes le mieux placé pour former une telle équipe.
Je ne peux pas vous conseiller les plus talentueux pour cela, n'ayant moi-même aucune compétence dans ce cadre. Venez à la prochaine séance d'entrainement de la milice, et voyez par vous-même. Vous serez ainsi à même de juger de leurs capacités; et de voir lesquels sont les plus prometteurs. »

Shojiro s'inclina. « En effet, voyons tout cela à votre retour. Bonne chance pour cette recherche. » Le samouraï reparti, d'autres choses réclamaient son attention.


Shojiro sourit en voyant Jun. « Bonsoir Jun-deshi. » Il lui rendit son salut, et l'invita à faire quelques pas le long de la palissade. « Dans un premier temps, savoir comment tu allais suite à la bataille. Cela fut éprouvant pour nous tous, et je tiens à m'assurer que tu ailles bien.
Ensuite, j'aimerai savoir si tu as réfléchis à ma proposition. »

Shojiro s'inquiéta de l'état du frère de Jun. « Dame Mizuki est-elle venu le voir? Ses pouvoirs font merveilles, elle pourrait peut être accélérer sa guérison. »

Le samouraï sourit. « Je suis ravi que tu acceptes. Comme je te l'ai dit, tu as déjà beaucoup de qualités nécessaire pour être samouraï, donc ai confiance en toi. C'est la clef de tout.
L'entrainement ne sera pas facile, parfois difficile même. Mais c'est dans l'adversité que l'on progresse, en tant que samouraï mais aussi en tant que personne. »
Shojiro regarda le soleil couchant. « Nous commencerons d'ici quelques jours, lorsque mon dojo sera fini; ce sera le plus simple.
Et puis, il se fait tard, je ne vais pas te retenir plus longtemps. Si tu as des questions, n'hésite pas à venir le voir. »

Je prend congés, n'ayant plus rien à rajouter, sauf si Jun me demande quelque chose.

7 Neth 4718 - Yin-Se, porte de Siyin
Au cours des semaines suivantes; Shojiro prit les choses en main: il avait du pain sur la planche. Le samouraï travaillant torse nu, en sueur malgré le froid de l'hiver qui débutait, était devenu une image quotidienne du village pendant la semaine qui suivit la bataille. Le chantier du dojo qu'il avait entreprit de construire, et temporairement abandonné pour préparer la défense du village avança de plus belle, et au bout d'une semaine, son oeuvre était achevé. Ce n'était qu'un début, bien sûr, mais un début prometteur: il avait un terrain d'entrainement, une salle au sol de terre battue couvert de matelas de paille, des tatami à la mode de Minkai, des mannequins, et des armes d'entrainement.

Et le dojo fut rapidement mis à bon escient. Malgré la menace immédiate réglée, Shojiro entrepris d'achever l'entraînement des volontaires de la milice. Leur défense était devenu un point crucial pour beaucoup de villageois, et les volontaires affluaient pour apprendre au moins les techniques de combat les plus basiques; afin de pouvoir se défendre eux et leur famille. Grâce au dojo, Shojiro gagna en efficacité, et il était persuadé de pouvoir progresser plus rapidement qu'auparavant dans leur entrainement.
Il n'était d'ailleurs pas le seul. Feng avait assisté à plusieurs sessions d'entraînement, et lui avait demandé l'autorisation de recruter une demi-douzaine de ses recrues, la plupart d'anciennes membres de la bande des Quarantes Lances. L'aranéa était persuadé de pouvoir commencer à en faire une équipe d'éclaireurs.


Enfin, il y avait Jun. Malgré cette activité frénétique, Shojiro prenait toujours quelques heures par jour pour aider à entraîner la jeune femme. Cette dernière était seule pour l'instant, sa famille étant parti pour la saison de la trappe, et elle passait le plus clair de son temps à patrouiller avec la milice où à s'entrainer au dojo, seule ou non. Peu à peu, elle commençait à montrer des signes de réflexes et d'habitudes familière au samouraï, mais il y avait encore un long chemin à faire. En particulier sur l'aspect spirituel de cette voie. Une semaine après le début de leur entraînement, Jun vint à sa rencontre, épongeant la sueur sur son front du revers de sa manche, le souffle court.
« Shojiro-sensei? Je voulais vous poser une question...que signifie être un samouraï? Je commence à connaître l'entraînement, du moins ces premières étapes...mais au delà de ça? Je sais que les samouraï ont un code d'honneur, des traditions, mais j'admets ne pas être très au fait de tout cela. Est ce que je devrais en apprendre plus tout en essayant d'être à la hauteur physiquement? »

Jun réfléchit quelques instants, et répondit avec confiance.
« Toutes. Du moins, dans une certaine mesure. Mais je pense également que ces qualités peuvent être présentes chez tout le monde; et qu'il ne tient qu'à chacun de les cultiver et de tenter de s'élever suffisamment pour en devenir un parangon. Je ne suis qu'au début cette route, et je m'efforce d'y progresser. Pao Lung enseigne que c'est ainsi qu'on peut s'élever au dessus de soi-même et de sa condition. »

Elle réfléchit encore un instant.
« Maintenant...je sais, du moins je crois savoir à quoi correspondent ces vertues; mais je...comment dire?...j'ai du mal à mettre des mots sur l'impression, le sentiment que j'y associe. J'ignore même si il est souhaitable de les définir trop exactement. »

22 Neth 4718 - Yin-Se
Musique - Yin Se


Shojiro accueillit avec soulagement la décision des autres gouverneurs. Il paraissait plus sage d'attendre et de ne pas se précipiter derrière Tian étant donné les pouvoirs dont il faisait preuve, et les expéditions dans les montagnes paraissaient des plus hasardeuses, surtout en cette saison. Il préférait de loin raffermir leur position et s'assurer que le village était sûr, plutôt que de prendre le risque de tout perdre.

Pour l'instant, leur premier objectif était de débarasser Jing de sa malédiction, et pour cela ils devaient attendre que la lune se cache. Il passa donc les deux semaines suivantes à se concentrer sur l'entraînement de la milice et celui de Jun. Définitivement, les villageois faisaient des progrès. A ce rythme, la milice serait proche de soldats d'une armée régulière, et grâce à Wolfram plus que correctement équipés, d'ici la fin de l'hiver. Il s'en faudrait encore de beaucoup qu'ils ne soient capables d'égaler l'armée de Lingshen, mais ils n'auraient plus à craindre les monstres les plus communs de la région et les bandits en maraude.

Jun elle aussi progressait. Elle assimilait peu à peu les fondamentaux du bushido, et progressait de jour en jour dans le maniement de la lance et de l'arc. Mais il faudrait encore bien longtemps avant qu'elle ne soit digne d'être appelée samouraï. Elle était une élève prometteuse, mais la Voie était longue, ardue et l'arpenter n'avait rien d'évident.

Une fois seul avec la chamane, Shojiro réfléchit rapidement à la meilleur façon de commencer la conversation qui pouvait très vite tourner mal pour lui. « Je n'en doute pas, et si j'avais été à votre place, j'aurais réagit de la même manière.
Je sais que les jorogumos sont de dangereux adversaires, qui allient perfidie et mensonge pour arrivé à leur fin. Je sais également que malgré les similitudes physiques que vous avez avec elles, les aranéas sont bien différents. Et il me semble que les jorogumos n'éprouvent que mépris et haine pour votre race.
Si j'étais un tel monstre, pourrais-je m'allier avec une aranéa telle que Dame Jing? »

Le samouraï savait que de tels propos pouvaient le conduire à la mort, mais il avait une idée précise de sa plaidoirie. « Comme vous l'avez deviné au début de notre rencontre, il y a quelque chose en moi. Je sais que cela peut vous faire peur, et peut me nuire; mais je vous rassure Madame, que je ne cherche pas à vous cacher ma nature.
A vrai dire, j'ai probablement plus peur de moi même que vous pourriez avoir peur de moi. Je sais que certains matériaux ont un effet particulier sur certaines créatures; et malheureusement, je ne sais pas quel effet peut avoir votre arme sur moi, n'ayant encore jamais été confronté à cela.

Je ne suis en rien une jorogumo. Mais le commun de la population me prendrait aisément pour une monstre. Je peux passer votre pacte si vous le souhaitez; mais pas à la vue de mes compagnons, car ils ne savent rien de ma nature; et pas sans que vous preniez des précautions pour assurez votre sécurité si ma nature prend le dessus sans que je la contrôle. »