Musique - Collines de Siyin


Le shamane durcit son regard lorsque Shojiro mentionna qu'il n'aurait pu s'allier avec Jing si il était un imposteur.
« Oui, vous pourriez. Les jorogumos sont très douées pour retourner l'esprit de leurs victimes, et peuvent les forcer à combattre jusqu'à leur propre famille. Vous pourriez être le marionettiste derrière ce groupe entier. »

Elle écouta la suite de sa plaidoirie, sans l'interrompre plus avant.
« Je vois. Je comprends ce que vous voulez dire, et je ne demande pas à ce que ce soit fait en public si vous préférez l'éviter. Mais je tiens à m'en assurer malgré tout...et voyez les choses ainsi: cela vous permettra de vous assurer que le fer froid ne vous est pas nocif. Tendez votre main. »

Du bout de la lame, l'aranéa fit perler une goutte de sang. Une piqûre insignifiante pour un guerrier de la trempe de Shojiro, et surtout, la confirmation que le contact du fer froid ne lui était pas nocif. La shamane se détendit imperceptiblement.
« Il semblerait que vous disiez vrai...et que ce métal ne vous pose pas problème. Cependant, je vous recommande de ne pas trop vous approcher de l'argent...c'est une autre substance qui peut être nocive aux esprits. Je prie que les esprits vous trouviez les réponses à vos questions, cependant. »

Shojiro observa le mannequin et sourit. « Nous avons enfin fini. Et être dehors par ce froid fait du bien, cela calme l'esprit et le corps. »
Il emmena Jun un peu plus loin, et prépara du thé. « Cela te fera du bien.
Cela fait quelque temps maintenant que tu t'entraines, et que je t'apprend se que je sais. J'aimerai savoir où tu en ai? Spirituellement. Car physiquement parlant j'ai constaté tes progrès. »

Shojiro resta silencieux quelques instants avant de répondre. La question était importante, et la réponse l'était plus encore. « C'est une question complexe. Je dirais même que chacun aborde le Devoir de manière différentes. Mais dans mon cas, je n'aborde pas réellement ce Devoir, car à mes yeux il n'en est pas un.
Vois-tu, le Devoir peut paraître oppressant, voir contraignant. Tu pourrais croire qu'il mène à ton humiliation, par toi ou par les autres.
Mais si tu accompli ton Devoir par amour, quelque soit la nature de cet amour, alors il n'a rien d'oppressant ou d'humiliant. Donc tu l'accomplis par simple joie du don; car en faisant ce Devoir, tu offres sans conditions. Et ce don te donne du bonheur, par l'amour qui t'a poussé à le faire.
Accomplir son Devoir par amour mène au bonheur, à la satisfaction personnelle, il apporte respect et loyauté de la part des autres; car dans ce cas, ton Devoir n'est plus un fardeau, mais une évidence.

Si j'avais dû donner ma vie dans la bataille contre la jorogumo et les Quarante lances, je l'aurais fait. Je n'aurais même pas eu à réfléchir. Car avant même la bataille, cette possibilité, ce possible sacrifice de ma personne était une évidence. Car je l'aurais fait par amour. Amour que j’éprouve envers mes compagnons, envers le village, envers toi. »

Modifié par un modérateur lundi 2 septembre 2019 19:41:26(UTC)  | Raison: Non indiquée

Shojiro sourit. « Ne t'excuses pas, qui dit questions dit réflexion, donc c'est que tu veux t'améliorer.

Tes deux questions vont de paires.
Pour toi, que représente un samouraï? Comment peut-on qualifier quelqu'un de samouraï et pas de soldat?
Certains diront leur amures ou leurs armes; d'autres leur maîtrise et leur savoir. Bref, toutes les réponses sont possibles. Et aucune n'est fausse ou n'est vraie. Il y a une petite part de tout dans le fait d'être samouraï.
Mais comment peut-on se dire samouraï? Sur quoi peut-on baser cette affirmation?
Le bushido nous enseigne comment quelqu'un doit se comporter, vivre pour être un samouraï. Bien sur, on peut le suivre sans se dire samouraï. Car il ne suffit pas de suivre cet enseignement. Il faut ne faire qu'un avec lui.

Contrairement à quelqu'un qui suit simplement cet enseignement, le samouraï va aller plus loin. Car il va comprendre qu'il lui ai impossible de respecter à la lettre les valeurs dans certaines situations. Car elles peuvent entrer en conflit. Le samouraï va hiérarchiser ces valeurs. Certains seront plus importante que d'autre.
Et c'est cela qui fait qu'un samouraï n'est jamais en conflit avec lui-même. Et c'est cela qui différencie chaque samouraï. Certains placeront la loyauté au dessus du reste; d'autre la bienveillance, d'autres encore le devoir. Ils sont différents dans leur approche du bushido, mais uniquement lorsqu'il y a conflit entre plusieurs valeurs. Mais le résultat final est le même: ils vivent avec le bushido.
C'est pourquoi différents ordres existent. Il ne s'agit que de regroupement de samouraïs par rapport à leur hiérarchisation des valeurs du bushido. Car au final, dans le fond, ils sont tous pareil. »

Shojiro acquiesça. « La réflexion sur ta propre voie te fera progresser. Il faut toujours se remettre en question et s'interroger sur le chemin que l'on suit. »

Le samouraï se resservit un thé. « En effet. Cela fait quelques temps déjà que je m'interroge sur mon chemin. Depuis mon arrivée ici pour être exacte. »
Il semblait perturbé. Mais il savait qu'il devait se confier s'il voulait progresser. « Comme je te l'ai dit, il existe plusieurs ordres de samouraï. La majorité de nos semblables suivent les enseignements d'un des trois ordres principaux. Le Guerrier, le Ronin et le Daimyo noir.
J'appartiens à l'ordre du Guerrier. Ou du moins j'y appartenait. Certains événements passés ont ... comment dire ... provoqué mon renvoi de l'ordre. Je continue à suivre ses enseignements toutefois. Mais plus je vis ici, et plus je me rend compte les édits de l'ordre ne sont plus en total adhésion avec mes devoirs.
Conformément aux traditions de la famille et de mon clan, je resterai un samouraï. Mais je me dit qu'il est temps que je suive mon propre chemin. Un chemin qui sera plus en adéquation avec mes sentiments et ma vie. Mais c'est un projet ambitieux et complexe pour être réalisé par une seule personne.

Les questions que tu te posent et les réponses que tu trouveras font que tu peux décider du chemin que tu veux suivre. Et mes réflexions m'entraînent à suivre un autre chemin que celui que je suivait.
À nous deux, nous pourrions créer quelque chose qui sera en adéquation avec tout cela. Nous pourrions créer un nouvel ordre qui soit en osmose avec nos sentiments, nos envies, le chemin que nous voulons suivre.

Qu'en dis-tu? »

Shojiro sorti un parchemin, sur lequel était écrit une ébauche de texte. « J'ai déjà réfléchis à tout ça. Et voilà où j'en suis dans ma réflexion. Qu'en penses-tu?
Je vois ta participation de façon précise et simple. Adhérer à ce texte et faire corps avec les édits. Tu trouveras ainsi une voie à suivre, qui sera la même que la mienne, et ensemble, nous pourrons construire cet ordre. »

3 Pharast 4719 - Village de Yin-Se, province de Siyin, Shenmen
Musique - Printemps sur Siyin




L'heure était déjà plutôt avancée lorsque les gouverneures quittèrent le bastion après avoir accueilli Talos et Tristan, mais Shojiro n'en avait pas fini. Pour l'heure, il devait parler à Tailing.

Trouver la jeune femme ne lui pris pas longtemps...depuis son arrivée, elle avait quitté l'atelier du Capitaine Xieng, et s'était installée dans une petite maison sur les abords du village, a proximité du Cercle de Pierre. Elle appréciait la proximité des collines et passait souvent son temps dehors.

Par chance, le samouraï n'eut pas à la chercher bien loin: elle était assise sur le rebord de son toit, observant les étoiles dans le ciel clair de ce début de printemps. En remarquant la présence de Shojiro, elle agrippa le rebord des ardoises avec des mains soudainement transformée en serres, et bondit au bas de son toit, dans la rue. S'époussetant, elle sourit au samouraï.
« Bonsoir Shojiro! Comment ça va? »

Comme à son habitude, Tailing ne s'embarassait pas de conventions et titres, mais son sourire juvénile était contagieux. Sa dangerosité tendait à faire oublier qu'elle était si jeune, parfois.

Musique - Printemps sur Siyin



Tailing hocha la tête avec entousiame.
« Oh oui! Je...c'est vrai que je n'étais pas à l'aise au début, mais les habitants de Yin-Se ont tous été très gentils. Je crois qu'ils avaient un peu peur de moi au début, mais ils se sont rendus compte que je n'étais moi non plus pas sûre de moi, alors ça c'est bien passé.

Et puis, même si la forêt était tranquille, c'était dangereux. C'est bien de pouvoir dormir sans devoir être sur ses gardes. Ca fait depuis que le vieux Long m'abritait que je n'ai pas pu faire ça. Je suis vraiment heureuse d'être tombés sur vous, surtout avant l'hiver!

Qu'est ce que je peux faire pour t'aider? »