Le kobold s'incline à la vitesse de l'éclair devant l'étrange humain devant lui.
«  Mais pour sûr, seigneur Bao. J'vais vous demander une entrevue avec Matrone Garnia 13e qu'a le nom, j'suis sûr qu'elle voudra causer avec vous. Et qu'est-ce que je dois dire comme noms de vos compagnons ? Sûr qu'y m'demanderont... »

Quand Barruk se présente, le kobold regarde en se léchant les crocs le fardeau du porteur. Puis, quand le gobelin lui explique l'origine de son surnom, il tente de vérifier l'information.
«  Drôlement pratique, pour sûr, c't'histoire ! Mais d'un autre côté, je vais être obligé de cracher par terre maintenant. Ca m'rappelle un truc, ça... Une fois, j'ai eu...  »

Il s'interrompt en regardant Shamissa.
«  Vous, j'sais qui vous êtes ! Vous z'êtes une patrouilleuse, vous promenez dans l'coin en jouant avec votre bâtonnet, et tous les crimatiens y s'en vont ! Pour sûr que la Matrone aura des mots à vous dire, même des phrases ! Nous, les kobolds, on est souvent maltraités... Ceux qu'aiment le soleil, y z'aiment pas nos écailles, même s'ils aiment nos trésors...Au fait, je m'appelle Kaurek... »

Il file ventre à terre dans le bâtiment-caverne, en ressortant quelques minutes plus tard.

«  La Matrone va vous recevoir, enfin elle vous mets pas en esclavage, d'accord ? C'est interdit, maintenant, et pas mal des kobolds d'ici ont été contents de retrouver nos cousins capturés, et moi je.... Mais la Matrone a dit de me dépêcher... »

Il vous invite à le suivre dans les souterrains. Celui-ci est en fait un grand tunnel descendant en tournant sur lui-même, avec d'innombrables galeries de moins d'un mètre de haut le criblant un peu partout. Vous arrivez finalement à une grande salle, qui laisse entrevoir des entrepôts creusés derrière.
Kaurek vous conduit dans une pièce attenante, suffisamment haute pour que tous puissent s'y tenir debout. Une énorme kobolde, aux écailles d'un rouge vif, est occupée à consulter des livres de comptes, entourée de plusieurs kobolds tenant un écritoire et un morceau de charbon aiguisé.

«  Ah, nos visiteurs impromptus... », dit-elle en levant la tête et en invitant le groupe à s'asseoir de l'autre côté de la table devant elle. «  Dites-moi donc, sans fioritures, la raison de votre venue et comment cela pourrait être profitable aux Griffes Rouges... »
Ses yeux, ornés de lorgnons à la monture argentée, se fixent sur chacun des membres du groupe, comme pour tenter d'en lire les secrets.

Barruk pense de bonne foi avoir été respectueux et poli envers la dame kobolds, mais visiblement la fatigue ou le stress l'ont fait bafouiller et commettre des lapsus et, sans s'en rendre compte, il semble avoir gravement insulté la dame.
«  Vous insinuez donc que ma tribu est composée de crève-la-faim ? Et oser me traiter de demone, dans ma propre caverne ? Vous ne manquez pas de culot ! Et oser en plus me dire que je ressemble à un gros rhume ! Je m'en vais vous faire fouetter et mettre dehors, espèce de malotru !  »

La dame kobolde semble assez satisfaite de la correction verbale administrée à Barruk.
«  Je vous remercie d'avoir remis votre grossier serviteur et d'avoir reconnu à ma juste valeur la nature de mes liens ancestraux. Vous faites honneur à la colonie des griffes rouges et celle-ci vous accueille avec plaisir. Mais dites-moi, quand on est vous par descendants de dragon, quand vous parlez de vous-même ? Êtes-vous déguisé en humain ? Est-ce un sortilège qui vous a été imposé ? La puissance de votre adversaire si celui-ci a été capable de vous infliger une telle malédiction, je n'ose l'imaginer. Et votre compagne, dragon elle aussi ? Où est-ce une simple concubine de race inférieure ? Sans vouloir vous offenser, mademoiselle, mais les faits restent les faits. »

-Gouailleur, gouailleur, fo l'dir vite ! Barruk est pas responsable de votre mauvaise compréhension de la situation !

La kobolde prend soudainement un air plus froid.

«  Je me disais bien que tout est semblait étrange... Et je suppose que ce sont ces boutiquiers argentés qui vous envoient pour savoir si je mens.... Pas bête, mais ils n'avaient pas à douter de mon honnêteté, je n'avais pas de spéculation en tête... Et je reste sur ma position : vous n'aurez pas d'ophidium avant plusieurs mois, et nous n'y pouvons rien faire. Quant à savoir qui est mon précédent acheteur, cela ne regarde que moi... Un bon conseil, seigneur Han Bao, ne cherchez pas plus loin, surtout vous. Il y a des sorts pires que l'exil...  »

Son expression est indéchiffrable, au premier abord. Comment savoir si elle dit vrai ?

Han Bao ne parviens pas totalement à déchiffrer si la dame kobolde lui ment, mais il sent qu'elle ne dit pas tout et il a l'impression qu'elle craint quelque chose.
«  dans tout Absalom, vous n'en trouverez pas une miette. J'aurais été heureuse de pouvoir vous en fournir, mais ce n'est pas le cas. Et parce que je vous respecte, seigneur, je vous conseille vivement de ne pas chercher plus avant...  »

La dame kobolde semble comme paralysée pendant de longues secondes, regardant alternativement les trois membres de l'équipe. Les bords de sa gueule commencent à trembler et ses yeux s'écarquillent. Enfin, elle parle d'une voix tremblante :
«  Comm... comm... comment ne vous ai-je pas reconnu plus tôt ? C'est vous, le champion des courtes jambes ! Celui qui lors d'un combat avec l'écailleur, lui a arraché les génitoires avec les dents ! Celui qui, après avoir été rossé pendant des heures, continuait à insulter crûment les sanguinaires jumeaux Rosberg ! Celui qui, par sa résistance et sa capacité à encaisser des rouées de coups, a créé tellement de vocations parmi les courtes jambes... Barruk l'inécrasable, le cafard du port, la souillure qui mord, le charmeur de plancher ! Pardonnez-moi de ne pas vous avoir reconnu, vous dont la célébrité est grande dans notre communauté !  »


Elle s'assure que personne d'autre que vous mais dans la pièce, puis continue :
«  pour cette histoire d'ophidium, je peux vous dire la vérité, même si je préfère que celle-ci ne sorte pas de ses murs. Il s'agit de Vakmar, le seul survivant d'une tribu kobold belliqueuse, éradiquée il y a des décennies dans les égouts de la ville. Il a juré de se venger des autorités citadines, même si beaucoup ne l'ont jamais pris au sérieux et le voyaient plutôt comme un ermite associal. C'est pendant, il a peu à peu trouver des amis dans les profondeurs des égouts, des monstres dévoyés dont personne ne veut s'approcher. Et il y a peu, des rumeurs ont commencé à circuler : il recherchait des ossements de monstres, notamment de dragons. Et il s'est montré de plus en plus menaçant, se servant d'alliés monstrueux pour forcer des communautés kobolds à lui fournir de la chair fraîche et des ossements. Peu à peu, on a compris qu'il cherchait à recréer un ancêtre dragon mais dévoyé à sa cause. L'ophidium peut servir à des rituels de réincarnation, et nous pensons qu'il se sert de ce produit pour préparer la venue d'un terrible monstre pour détruire la ville. Nous avons été forcés de lui donner tout ce que nous avions, et nous avons très peur de lui. Mais vous comprenez aussi pourquoi nous avons voulu garder cela secret... Si les autorités de la ville l'apprennent, plus aucun kobold ne sera le bienvenu à la surface...  »

Modifié par un utilisateur dimanche 12 juin 2022 07:49:15(UTC)  | Raison: Non indiquée