A toute la haine de Keldrim, Qiash ne répondit que par un grand sourire espiègle. Puis il écouta sans se manifester toute sa tirade, presque paresseusement, se sentant parfaitement à l'aise sur le dos puissant mais docile de son compagnon de la forêt. Lorsqu'enfin le marcheur eut terminé, l'ermite pris la parole, mesurant bien ses mots. « Je ne sais peut-être pas tout, mais les brigands ne sont-ils pas un problème mineur ? S´il nous faut choisir, ne devrions-nous pas aller droit au repaire de Morggedron, sans détour ni atermoiement ? » Il passa songeusement ses doigts fins sur son petit menton de créature féerique, avant d'ajouter, d'un air parfaitement détaché et même enjoué : « Cela dit... s´il nous faut pour cela éteindre quelques flammes ou taire quelques souffles, cela ne va pas nous arrêter, hm ? » Du haut de sa monture, il toisa tour à tour Keldrim, Ferrèol et Véolia ; et son sourire ne tarissait pas, s'emplissant même d'une étrange tendresse que ses deux petits crocs troublaient..



Véolia était en pleine réflexion. Elle rajouta à voix haute mais plus pour elle même.

« Si nous passons par le camp des bandits et que par la même nous sauvons les jeunes filles, nous aurons besoin de repos avant de reprendre la route pour suivre les traces de Varnilan. Et nous aurons potentiellement perdu les traces d´ailleurs. »

Elle regarda le reste du groupe.

« Euh, je m´excuse, je réfléchissais à voix haute...
Peut être devrions nous prioriser les traces du sorcier. Qu´en dit tu Ylvian ? Bandits ou Varnillian ? »



« Keldrim tu ne changeras pas, il faut toujours aller te titiller pour avoir quelques informations, bon je suis content pour elles, elles seront enfin en sécurité au château. Et puis l’pêchou, je pense que c’est vraiment un gars sur qui on peut compter !!
Bon cette histoire est réglée et le sort de Kelghür peut attendre un peu plus à mon avis !! Enfin c’est surtout le sort de Sulvya et de ton fils qui m’importait, j’aurais et toi aussi l’esprit un peu plus libre maintenant !! »

Ferrèol avait écouté la fin de récit et également les premiers avis, il reprit la position du gnome, la main sur le menton pour réfléchir, « Mmmmhhhhh !! » Non cela ne lui allait pas, et il n’arrivait pas à se concentrer ! Il se ra-croupît une main sur la terre, et l’autre tenant son javl’épieu.

« Non Véolia je ne pense pas qu’on perdra les traces, de toute façon si on fait un passage par le camp des brigands, j’espère que c’est juste une histoire d’une journée. Et puis n’oublions pas que le camp de brigands, c’est là que sont les prisonniers que nous cherchons depuis hier, et qui sait combien de temps ils tiendront ?

Je pense qu’il nous faut aller vers le camp des brigands, parce que c’est encore dans la baronnie, et qu’ils peuvent toujours faire de nombreux dégâts et de plus je vous rappelle qu’ils coupent toujours les voies des marchands pour le ravitaillement de Bourg. Sans compter qu’ils risquent de nous tomber dessus à revers si on poursuit Varnilan. Pour moi il faut commencer par ce qu’on connait, là bas ou s’est réfugié le sorcier nous ne savons pas où c’est !! Autant c’est même plus dans la contrée !!

Débarrassons-nous des menaces à proximité en premier !! De toute façon, toute cette histoire est liée donc, ce n’est pas un coup de lance dans l’eau que de s’occuper des brigands en premier, et puis j’ai peur qu’ils attendent leur contact qui s’était installé à Kelghür et qu’ils prennent les devant contre nous, pour le moment nous pouvons encore les surprendre !! »

Véolia essayait de ne pas perdre de vue les deux forestiers.
Cette course à travers les broussailles était exténuante mais elle avait un but et ça la portait.

Malgré son souffle fort et rauque, elle tenait le rythme imposé par les pisteurs. Enfin, elle arrivait surtout à les rattraper quand ceux ci s’arrêtaient pour vérifier les traces. Heureusement car sans ça, ils auraient tous été distancés, à part peut être Qiash. Elle avait envie de lui poser plein de questions mais elle économisait son souffle pour courir.





Ferrèol était maintenant devenu le chasseur, poursuivant sa proie, il poursuivait dans l'intention d'aller vers le campement des brigands. Même s'il n'y avait eu aucun commentaire depuis l'exposé de son raisonnement. Mais en avait il laisser le choix, pas sur, car ils avaient pris la course poursuite presque aussitôt, et certain devait se rappeler leur dernière incursion dans cette foret, la foret au troll !!

Mais la concentration était de mise, Ferrèol prendrait il le temps d'aller faire un tour à la dernière demeure de Saxifrag, pas sûr, quoi qu'il y ait à découvrir, ils auraient le temps de le faire plus tard !
Pour le moment ils enchainaient les éléments qui leur permettaient de suivre la trace, pendant qu'un des deux traçait, l'autre vigilait, et ils alternaient.
Ce qui était sur c'est qu'ils ne voulaient pas ce faire surprendre par un des autochtone de la foret!





Fredrigo était resté attentif, s'émerveillant du petit être qui semblait parler aux papillons et chevauchait une monture extravagante.

Mais l'un dans l'autre, il trouvait logique de suivre ses camarades quelle que soit la destination finale, le repaire du sorcier, des brigands, des orques, peu importe, du moment que l'héroïsme trouve sa place dans le déroulement de leurs aventures futures, et que le sorcier qui n'avait pas manqué de massacrer gratuitement des gobelins périsse.

Il fallait désormais suivre le rythme des deux coureurs des bois.



Mais malgré le fait qu'il ne porte aucune armure, contrairement à Veolia par exemple, il commençait à s'essouffler, comme Ferrèol, et se sentait las d'avoir le visage et les bras griffés par des branches basses.

« Euh, pfou... Keldrim, ne va donc pas si vite : mon coeur et mes jambes peinent à te suivre... »

Il en avait oublié de demander à Qiash comment il avait appris à maîtriser et chevaucher une telle monture...



Et le revoilà à courir dans la forêt comme il y a huit ans de cela, quand il était poursuivi par le troll des forêt, ou quand il suivait Saxifrag. Cela le fatiguait déjà, surtout qu'aujourd'hui il portait une armure des plus encombrante et qui n'était pas fait pour courir dans les bois.

Il n'avait plus l'habitude de ce genre d'exercice et se fit distancer assez rapidement.

« STOP, moi je ne peux pas courir, le retard c´est de votre faute, maintenant, nous allons progresser normalement. »

« Erik a raison sur ce point : ralentissons un peu, les bandits ne vont pas s´envoler !

Et nous aurons besoin de toutes nos forces pour attaquer les brigands, après les avoir observé avant peut-être, mais je n´ai aucun doute dans nos capacités à résoudre ce problème ! »

Fredrigo, peu enclin à la course à pied, avait déjà ralenti ses foulées.

Après avoir parlé, il s'arrêta quasiment, marchant pour reprendre son souffle et faire redescendre son rythme cardiaque.



Véolia s’arrêta après l’injonction d'Erik.
Elle regarda ses compagnons exténués.

« Mince, il ne faut pas continuer à ce rythme là. Nous devrions peut être reprendre la route plus calmement. Surtout que plus nous allons nous rapprocher du camp, et plus il y aura des risques de pièges.

Keldrim, est ce que tu sais à peu près à combien de temps nous sommes du camp ?  »



La traque se déroulait comme il le souhaitait, les traces n'étaient plus à suivre. Ils avaient laissé de coté tout en essayant de marquer dans son esprit un endroit ou il pourrait reprendre la recherche des traces du sorcier. Mais pour le moment c'est un azimut qu'ils suivaient, même s'il y avait encore des traces du traitre que Sulvya avait découvert !
Ils se pressaient non pas pour rattraper un fuyard mais plutôt pour arriver avant la nuit, car aux vues des humanoïdes qu'ils risquaient de trouver dans ce campement, ils risquaient de se faire surprendre s'ils n'avaient pas le temps de découvrir ce camps et de s'organiser pour l'observation ou l'élaboration d'un plan d'attaque.

Mais lui même sentait la fatigue le gagner plus vite que la normal, ce n'était pas son rythme et la concentration que la poursuite demandait tout en se préoccupant de ses compagnons, l'épuisait plus vite que la normal. Mais c'est ceux en armure qui devaient souffrir le plus.
Au bout d'un moment malgré l'avertissement à ne pas parler c'est Erik qui rompit le silence et son idée de vouloir faire une pause pour récupérer un minimum de souffle fut suivie par ses autres compagnons. Et même lui le coureur des bois, il se sentait également à bout de souffle !

« Oui vous avez raison, nous allons faire une courte pause, surtout buvez bien !!
Il faudra continuer à ce rythme là pour s´approcher le maximum, je veux absolument arriver bien avant la nuit, que Saranrae continue à veiller sur nous et nous baigner de la chaleur de ses rayons du soleil, me paraît important !
D´ailleurs commencez à réfléchir sur un plan d´attaque, quand nous serons au plus près je pense que Keldrim, Armine et moi irons en observation de manière à ramener le maximum d´information, pour voire ce qu'on fait!!

Vous avez d´autres idées ? »

Ferrèol s'était arrêté et posé sur une souche, la main à la gourde pour montrer l'exemple.

Modifié par un utilisateur dimanche 6 mars 2011 13:55:06(UTC)  | Raison: Non indiquée

« Bon, si je comprends bien, soit on prend une voie dangereuse et délicate, mais qui risque de ne pas être surveillée, soit nous passons par les sentes usitées par les brigands et nul doute qu'il y a guetteurs, veilleurs et autres gardes !

Ils sont vraisemblablement nombreux, m´est avis qu'il vaut mieux emprunter la voie la plus risquée.

Qu'en pensez-vous ? »

Fredrigo, requinqué, était prêt à repartir dans la forêt.

Ah, si mon ancienne maîtresse Gertruda, elle n´en croirait pas ses yeux et me signalerait que je crapahute dans la nature presqu´aussi bien que dans son lit à baldaquin, sous le ciel de lit...





Véolia récupérait son souffle. Elle avait su l'économiser mais la course folle était épuisante quand même !

« Le passage risqué, risque d´être risqué ! »

Tout le monde la regarda bizarrement.
« Je sais c´est bête, mais nous sommes 3 en armures. Ca ne me gène pas de passer par là, mais il faudra y aller tout doucement !

De toute façon, si nous prenons le passage qui est surveillé, ce n´est pas avec nous que nous serons discret !

Autrement dit, je vous suis ! »

Le groupe s’était de nouveau élancé à travers la forêt et ce malgré la fatigue évidente, les membres endoloris, les muscles tétanisés, les vêtements trempés de sueur. Frédrigo pensa qu’il était loin le temps où il goutait un bon bain à l’auberge avant d’aller compter fleurette à quelques bourgeoises de Magnimar. Véolia elle-même se rendait compte qu’elle perdait toute féminité dans ce genre d’exercice, il n’y avait plus d’hommes ni de femmes, mais des personnes qui sous le poids de leur équipement, poussant des râles sous l’effort, avançaient tant bien que mal derrière leurs guides.

Ils avaient finalement opté pour le chemin le plus court : droit vers la faille. Keldrim avait dit que le campement se trouvait en bas, encore fallait-il le trouver. Une fois la faille atteinte, il fallait encore décider quelle direction prendre : à droite ou à gauche. Le campement pouvait se trouver de n’importe quel côté. Puis il fallait aussi décider s’ils longeaient celle-ci avant de descendre ou s’ils descendaient aussitôt la faille atteinte puis ils décideraient alors de quelle direction prendre. Quelle que soit leur décision, ils n’y étaient pas encore et auraient le temps d’en débattre à ce moment là.

Ferrèol et Keldrim menaient la danse. De leur rythme perpétuel, ils se relayaient pour trouver les passages empruntés par les animaux et donc praticables par les hommes, sans compter que naturellement, les animaux évitaient les plus gros pièges instinctivement, ce qui permettait de se concentrer davantage sur les traces. Tandis que l’un se penchait pour identifier celles-ci, l’autre cherchait un passage à travers la dense végétation du sous-bois. Puis ils inversaient les rôles lorsque tous les deux ne se penchaient pas pour confirmer la piste. Vu de l’extérieur, on eu pu dire que les deux étaient frères, ils ne se parlaient pas, simplement un regard, un signe ou une attitude suffisait pour qu’ils se comprennent et leur progression silencieuse était d’une grande efficacité.

Pour les autres, le trajet était une longue marche continue à un rythme soutenu où ils devaient d’une part faire attention à ne pas perdre de vue ceux qui les précédaient et d’une autre part où ils devaient constamment se battre contre une nature sauvage qui n’avait de cesse de dresser des obstacles sur leur route. Ainsi lorsqu’il ne fallait pas écarter des branches basses qui barraient la route, il fallait s’arracher aux taillis qui s’accrochaient aux vêtements, leur griffaient les mains et les jambes lorsque des feuilles ne leur fouettaient pas le visage. Le terrain devenait irrégulier, alternant pentes raides aussi bien en montant qu’en descendant, ravines plus ou moins profondes, élévations de terre et de roche qu’il fallait contourner. L’empire végétal lui-même dressait ses obstacles de part sa densité, ses grosses racines qui parfois naissaient en surface avant de plonger dans les profondeurs du sol, ses trous provoqués par quelques affaissements du terrain, mais aussi la pénombre omniprésente qui masquait les diverses embûches et faisait parfois trébucher sur des obstacles dissimulés.

Il fallait donc fournir un effort continu tout en gardant une concentration maximale et bientôt la seule pensée qui leur traversait l’esprit était : avancer toujours et encore. Tandis que le petit fennec aux pieds-de-feu sautillait derrière le forestier, Keldrim et Ferrèol mena le groupe à travers cette région que nul homme à part Saxifrag peut-être n’avait traversé. Il y avait comme un parfum d’éternité, de puissance végétale et tous pouvaient ressentir cette pression que la forêt exerçait.

Mais soudain ce fut le grand silence. Aux bruits animaliers qu’on pouvait entendre de temps en temps, succéda une envolée d’oiseaux à l’arrivée du groupe, puis lorsque les battements d’ailes furent lointains et inaudibles, un silence pesant s’installa, simplement perturbé par quelques cliquetis métalliques provoqués par les armures ou les ceinturons d’armes, comme si un énorme prédateur rôdait dans les environs et que toutes les proies se terraient dans un coin, essayant de se faire oublier pour ne pas être chassé. Etait-ce le groupe qui, par leur intrusion dans ce monde sauvage et naturel, avait provoqué un tel émoi ? Keldrim et Ferrèol s’étaient arrêtés, conscients qu’il y avait quelque chose d’anormal et ils regardaient tout azimut pour trouver la raison de cette perturbation. Derrière, le groupe avait fait de même et chacun regardait aussi de partout afin de comprendre ce qu’il se passait…

Après un moment qui parut une éternité mais qui en réalité n’avait duré que le temps d’un battement de paupière, une voix humaine, calme et assurée, rompit le silence – « Je vous demande de vous arrêter ! Nous ne voulons pas nous battre, mais nous somme prêts à nous défendre si vos intentions sont de nous attaquer. Nous voulons parler à votre capitaine, chef ou celui qui représente votre groupe. »

Ferrèol avait localisé la voix, direction et distance. Il avait l’impression de distinguer une ombre à une quinzaine de pas embusquée derrière un arbre qui s’était légèrement mis à découvert pour parler et probablement avoir en vue le groupe. Regardant aux alentours, le cueilleur de baies sentait, plus qu’il ne voyait, qu’il y avait d’autres présences, sans qu’il soit capable des les localiser précisément. S’ils avaient des armes à projectiles, arcs ou arbalètes, ils devaient probablement les pointer dans leur direction, ce qui leur donnait indubitablement l’initiative…

Un silence pesant s’était installé après l’altercation de ceux qui restaient encore hors de vue du groupe. Keldrim et Ferrèol scrutaient le moindre taillis, buisson, zone d’ombre afin de déceler la présence d’un ou plusieurs individus. Eux comme tous sentaient qu’il y avait plusieurs personnes embusquées, mais si la voix avait donné une orientation quant à une zone possible de présence, rien ne trahissait celles d’autres intervenants qui soit n’étaient que chimères soit étaient d’une grande discrétion. Il fallait dire que dans le cas des soldats-forestiers entraînés depuis plus d’un an à ce genre d’exercice, la chose était tout à fait possible.

Tandis que le groupe s’abîmait les yeux dans l’obscurité, ce fut Erik qui, sans sortir derrière et donc sous bonne protection de son frère entre autre, rompit le silence. Sa réponse totalement dénuée de passion ou de sentiments, ressemblait à une menace plus qu’autre chose et n’avait aucune once de diplomatie. On aurait dit qu’à un aboiement de chien, le prêtre de Néthys répondait au coup de fouet, le faisant pour le moment claquer dans le vide faute de trouver sa cible. Un nouveau silence tomba, la réponse allait être verbale ou physique, suivant comment leur(s) interlocuteur(s) prendrai(en)t cette réponse.

Imperceptiblement des bruissements de feuilles, des cordes qui se tendent, des petits craquements de branches, trahissait la présence de plusieurs individus disséminés à 2-3m les uns des autres, des petits bruits significatifs et reconnaissables par une oreille aguerrie : celle d’arcs que l’on tend…

« Attendez… »

L’ordre avait fusé depuis la même source que la première fois, il ne s’adressait pas au groupe, mais probablement à ceux qui se tenaient embusqués. Puis après un nouveau silence, plus court cette fois, c’est au groupe qu’il s’adressa – « Vous êtes loin des sentiers battus… Pour des voyageurs ! Et je ne pense pas non plus qu’actuellement vous soyez en position de force pour menacer ainsi. Comme je vous l’ai dit, nous voulons parler, mais si vous voulez régler ça d’abord par les armes… ou votre magie… Je pense que mes archers auront tôt fait de vous transformer en hérissons avant que vous ayez eu le temps de lever le petit doigt. Comme je vous l’ai dit, on est prêt à se défendre si une solution diplomatique n’est pas trouvée. Après tout vous avez plus à perdre que nous. Alors est-ce vous le chef de ce groupe ou est-ce ce grand gaillard qui arbore fièrement le symbole de Iomédae ? A moins que vous n’ayez pas de leader déclaré auquel cas peu importe à qui je m’adresse pourvu que vous me donniez la garantie, voire la parole de rester neutre et de nous laisser partir ensuite. Nous venons en quelque sorte avec un drapeau blanc des pourparlers. Nous sommes ennemis aujourd’hui, mais nous pouvons être alliés demain. »

« Justement si… C’est la guerre ! Entre nos deux baronnies. Et la faute vous revient. Nous ne pouvons que remercier nos conseillers qui ont été si clairvoyants en nous entraînant pour le cas où cette fatalité venait à tomber. Et ce fut le cas. Votre baron veut régenter notre fief, par la force s’il le faut, mais nous sommes un peuple fier et libre et nous ne nous laisserons pas ainsi envahir ! » - répondit l'homme avec froideur.

L’homme semblait s’impatienter et semblait se retrancher derrière d’intimes convictions bien encrées. Il laissa passer un petit moment avant de reprendre – « Je m’avance vers vous avec le sentiment que m’expose à un danger mortel de votre part, mais de toutes façons, si je venais à tomber, mes gars sauront me venger et emmèneront mon corps dans ma patrie afin d’y être inhumé avec les honneurs de ma famille. » - A cet instant, un homme se détacha de derrière un tronc d’arbre et s’avança vers le groupe, les mains en évidence pour montrer ses intentions de laisser ses armes au fourreau. A n’en point douter et pour avoir déjà vu ce genre d’accoutrement, il appartenait à cette bande de soldats-forestiers qui sous l’appellation de brigands apportaient une grande insécurité et instabilité à l’arrière pays de la baronnie. L’homme devait avoisiner les 1m75, d’un physique avenant, il arborait une assurance non feinte et une jeunesse qui donnait l’impression qu’on pouvait lui faire une confiance absolue, un peu comme Ylvian en fait. Les cheveux châtains clairs, mi longs, une barbe bien taillée et propre, il revêtait une armure de cuir cloutée, une épée longue, un grand manteau confectionné de pièces de tissus colorées dans les tons verts, jaunes, brun et rouille à l’instar des rapaces, le nom que les bandits avaient pris. La différence avec les autres malandrins avec qui le groupe avait eu à faire, c’était que son équipement paraissait d’une bonne qualité et bien entretenu. La cuir cloutée présentait des ciselures représentant des arabesques, la garde de l’épée était ouvragée, même la dague qu’il portait de l’autre côté avait l’air de sortir de la forge d’un orfèvre plutôt que de l’arsenal de la garnison.

Souriant, il réduisit la distance avec les hommes de tête, tandis que Keldrim n’avait qu’une seule envie : l’emplâtrer avec sa coutille – « Je suis le capitaine Alcibiade Hazeldine et ne faites pas ces yeux suspicieux ou ébahis, oui j’appartiens à ce groupe de brigands qui sévit dans votre région. Enfin jusqu’à ce matin… En effet les choses ont changé et je me demande encore si mes hommes et moi ne faisons pas l’objet d’un cas de désertion. Compte tenu des circonstances, je dirais que non, même si d’un point de vue extérieur, il y a abandon de poste. Mais j’ai l’intime conviction qu’il y a une sorte de manipulation dont tout le monde à fait l’objet et que les derniers évènements viennent étayer cette hypothèse. Il était déjà fort déplaisant de devoir faire alliance avec ce groupe d’orques, maintenant il y a ce sorcier… et ce… Troll ! Finalement, je crois que nous ne servons pas les intérêts de l’Arbenfield, mais plutôt les noirs plans d’une sombre entité maléfique qui se dévoile au grand jour sous l’aspect de ce sorcier, de ces orques et de ce Troll. Mais là n’est pas encore le pire… »

Le capitaine marqua une courte pause, comme pour chasser quelques horreurs dont il aurait été témoin – « Je me confie à vous ne sachant quelle sera votre réaction à la fois concernant mes hommes et moi-même, mais aussi si vous avez dans vos projets de défendre les intérêts de votre baronnie. Si tel est le cas je crois que j’ai des révélations importantes… et urgentes, qui pourraient vous aider. Nous sommes même prêts à vous aider dans cette affaire, car cela va au-delà de cette guerre qui fait rage depuis 4 mois maintenant. Lorsqu’on fait appel à de tels monstres, ce n’est plus une cause juste et loyale, mais je suis loin de savoir ce qu’il se trame réellement. En attendant, je préfère prendre le large vis-à-vis de ces monstres sans vouloir désobéir à mon seigneur et à l’Arbenfield. »

Modifié par un utilisateur lundi 14 mars 2011 08:18:59(UTC)  | Raison: Non indiquée

L’homme s’inclina respectueusement devant Véolia, il avait de l’éducation ou une certaine noblesse dans son allure. A la fin de la diatribe de la prêtresse, il se redressa et la regarda un instant le temps probablement de l’imaginer dans une tenue plus féminine que la cuirasse d’écailles, esquissant un sourire qui en disait long sur la beauté que pouvait dégager la servante de Sarenraé - « C’est comme vous voudrez gente damoiselle. La colère vous va à ravir ! »

Puis un masque plus sérieux s’inscrivit sur son visage – « En fait, la raison pour laquelle nous n’avons pas pris la direction de l’Arbenfield, c’est que les choses ont pris une sale tournure. Ce matin, le sorcier et le Troll sont arrivés dans le campement. Les orques semblaient déjà lui être dévolu, mais notre commandant n’avait jusqu’à maintenant jamais entendu parler de lui. Il disait venir de la part de notre seigneur et il a exigé que tout le monde se mette immédiatement sous ses ordres. Bien-sûr, le commandant Talsen a demandé une accréditation venant de la part du prince ou de son conseiller. Comme seul sauve-conduit, il a tout simplement réduit en cendres le commandant pour son effronterie tandis que les orques et son Troll s’occupaient de la garde personnelles. La démonstration a été de taille et à qui voulait entendre c’était soit avec lui, soit contre lui. Nous sommes partis, non sans heurts. Mais beaucoup sont restés, de peur de représailles. Vous voyez ma situation n’est pas des plus envieuses…

Mais cela n’explique pas encore la raison de ma présence ici. Le sorcier a sonné le branle-bas de combat parmi les rapaces et les orques. Il projette tout simplement de raser votre petit village. D’après ce que j’ai compris, il a obtenu l’aide de Trolls, comme en témoigne celui qui l’accompagne et lui sert de garde du corps. Des cavaliers gobelins sont chargés de guider les Trolls vers le village. Puis il arrivera avec le gros des troupes dès qu’il sera prêt afin de donner le coup de grâce. Je ne sais pas si de près ou de loin vous avez eu affaire avec lui, mais il a l’air sacrément en pétard ! Enfin bref, nous étions partis pour le village, pour les avertir de fuir aussi loin que possible. Je pense que l’assaut sera donné à la nuit tombée, pour les orques et les gobelins, mais les soldats-forestiers, les rapaces, auront certainement à encercler le village au plus tôt afin de prévenir toute débandade de la part des habitants.

Voilà, vous en savez autant que moi. Mon honneur me dit que dans cette guerre, ce massacre n’a pas sa place, tout comme le massacre du convoi de vivres, mais on n’a pas pu retenir les orques qui n’écoutent que leur horrible chamane. Ce sont des monstres et beaucoup de rapaces vivent sous la terreur, de peur d’être le prochain sujet de leurs sacrifices. Je conviens que je reste probablement votre ennemi et que vous n’êtes pas obligés de me laisser passer. Mais avant de rentrer en Arbenfield, si jamais cela est encore possible, je souhaiterais gagner ce village et avertir les habitants et pourquoi pas, les aider à ne pas être tous massacrés. Pour vous prouver que mes intentions sont sincères, puisque la Fleur de l’Aube accepte le repentir sincère et accorde la rédemption, je puis vous dire où se trouve le campement, si jamais votre route se poursuit dans cette direction et surtout comment y accéder sans être surpris par les sentinelles et les pièges de protection.

Cette fois c’est vous qui faites comme vous voulez, mais moi je ne laisserai pas un massacre d’innocents se faire si je peux l’en empêcher. »

Véolia ne réagit pas aux mots doux du capitaine. Par contre elle l'écoutait attentivement.
Pouvait-on leur faire confiance ?

Elle reprit doucement la parole.

« Je pense aussi qu'on peut leur faire confiance. Surtout que je ne vois pas l'intérêt de nous mentir à part pour nous faire tomber dans un piège alors que nous sommes déjà en quelque sorte dans un piège. »

Elle avait peur pour Kelghür. Quelqu'un devait s'y rendre au plus vite. Quelqu'un de rapide.
Elle aperçut Qiash toujours sur sa monture.

« Capitaine Alcibiade. Pourriez vous nous prêter mains fortes pour l'attaque de votre camp ? Et même essayer de convaincre d'autre gens d'Arbenfield de vous rejoindre.
Vous n'êtes pas obligé d'envoyer tout le monde au village. Et nous aurions besoin de vous pour défaire orques, troll et sorcier.

Qiash, est ce que votre monture peut être prêtée à quelqu'un d'autre ? Ou pouvez vous en faire apparaitre une autre ? Elle permettrait d'atteindre le village très vite et donnerait plus de temps aux gens de Kelghür pour fuir. »

C'était une terrible nouvelle qu'ils apprenaient là. Elle hésitait elle même à retourner au village. Surtout que cet idiot de Marciàn serait capable de dire qu'il n'y a aucun danger.

Modifié par un modérateur mardi 15 mars 2011 10:04:21(UTC)  | Raison: Correction orthographique

Qiash allait répondre à Véolia lorsqu’Erik tendit une perche à Keldrim. Contrairement à ce qu’on pouvait s’attendre, le forestier se contenta de lever les épaules sans vraiment se retourner vers l’aîné des Mercant – « Pfff ! J’espère bien qu’au moment où on parle, L’Pêchou l’a presque emmenée jusqu’au château ! Elle craint rien ma Sulvya et Belgarion non plus. T’as rien écouté de c’que j’ai dit c’ matin toi ! »





Puis ce fut au tour de Qiash de donner le change à la prêtresse – « Non madame ! Ce bel étalon cervidé ne peut servir que celui qui l’a appelé… Autrement dit mon auguste personne, mais aussi ce merveilleux Mérahi et sans oublier bien-sûr Excello qui à lui tout seul est un sacré personnage ! » – L’étrange gnome gratifia de nouveau la prêtresse de son sourire laissant ressortir ses petites canines à la manière d’un petit diable. Se moquait-il de Véolia ou sous son aspect malin voulait-il se montrer sincère…


Quant à leur interlocuteur directe, il attendit que chacun en ait fini des échanges verbaux avant de nouveau s’incliner devant la prêtresse – « Comprenez-moi bien madame. Vous prêter main forte pour attaquer le camp serait combattre d’autres soldats forestiers et je ne souhaite pas me battre contre les gens d’Arbenfield, je verrais ça comme une trahison alors qu’ils n’ont tout simplement pas le courage ou l’audace de fuir le sorcier, par craintes de représailles. Par là même, je ne suis pas à l’abri de voir les foudres infernales s’abattre sur mes hommes et moi-même lorsque ce Varnilan aura compris que notre patrouille ne rentrera pas. Je ne sais quel prodige maléfique il est capable, mais vu ce qu’il a fait à notre commandant, je comprends très bien qu’une majorité d’entre-nous ont préféré rester et ne pas tenter le diable. Ma route va continuer jusqu’à ce petit village. Notre rôle était surtout d’empêcher tout soutient que ce soit en renfort en hommes ou en ravitaillements, pas de massacrer et raser un village peuplé de femmes, d’enfants et de vieillards. »


Puis ce fut au tour d’Ylvian d’avancer enfin sur le devant de la scène – « Attendez un instant ! Ce que je comprends, hormis le fait que vous avez un cas de conscience aussi soudain que poussé par la force des choses imposées par le sorcier, c’est que d’un côté, Varnilan a gagné votre campement au matin et ce avec un Troll… Il est donc allé à cette vallée dont vous parliez tout à l’heure, Ferrèol et Keldrim. S’il s’est allié les Trolls des Forêts, la situation est assez catastrophique. Donc de ce que je comprends aussi, c’est que dans son plan de vengeance et de razzia, les rapaces, autrement dit les brigands, soit les soldats-forestiers, doivent se rassembler incessamment sous peu et encercler au plus tôt le village pour empêcher toute évasion possible. Ils ferment l’étau autour du village, mais ne l’attaquent pas. Ensuite à la nuit tombée, les Trolls, les orcs et les cavaliers gobelins se rassembleront et se lanceront à l’assaut de Khelgür dont je ne donne pas cher vu la différence des forces en présence.

Je crois que j’ai plus ou moins résumé la situation, c'est-à-dire qu’il y a urgence là. Mais dans un sens, c’est riche en enseignement et le plan du sorcier comporte de grosses failles, m’est avis. Si je ne m’abuse, lorsque les brigands seront au village, donc ce tantôt, puisqu’on arrive bientôt en fin de matinée, il n’y aura que les orques, le Troll et le sorcier au campement. J’ai cru comprendre que les orques n’avaient pas leur antre au même endroit que les brigands et donc le sorcier et son Troll ne seront pas dans les mêmes cavernes. Mais surtout il n’y aura pas ou peu de brigands. Je pense que ce sera le bon moment pour s’attaquer à lui, comme ça pas de sorcier, pas d’orques pour monter à l’assaut de Khelgür, tout au plus des Trolls frustrés d’avoir été blousés. Les brigands ne monteront certainement pas à l’assaut si le sorcier n’est pas là. Je crois qu’il va falloir se séparer…

J’accorde du crédit à ce capitaine repentant, mais je pense qu’il lui faut un représentant pour gagner la confiance des Khelgüriens. Je serais ce porte parole de la même façon que nous organiserons alors la défense du village, le capitaine et ses hommes ainsi que moi-même, car je ne tolérerai pas qu’il soit rasé une seconde fois, nous avons eu tant de mal à le reconstruire… - Ylvian se rappela quelques images de son début d’apprentissage avec messire Guillaune qui avait commencé par la reconstruction de Khelgür où il avait appris entre autre l’humilité et le don de soi - Si je dois être le dernier défenseur de Khelgür alors je serai celui-là ! Et si je dois affronter le sorcier, alors c’est que vous aurez échoué… »

Le jeune et fringant paladin se tut un instant tandis que tous digérait son long monologue – « Oui, je compte sur vous mes amis, mon frère, pour en venir à bout tandis que le campement sera en grande partie abandonné, je sais pouvoir compter sur votre courage, votre ténacité et je sais que vous avez les meilleurs conseillers de toute la baronnie. Erik, je te le demande, parce que j’ai espoir qu’un jour le soleil brillera toujours au dessus des ténèbres et que cela te réchauffera enfin le cœur au point de voir poindre un sourire sur ce visage fermé depuis 8 ans maintenant, je te le demande comme un frère, soit leur guide, mènes les à la victoire comme tu l’as fait par le passé, sans toi nous n’y serions jamais arrivés et même lorsque tout nous paraissait impossible ou perdu, tu as su relever la tête et nous exhorter de continuer, sans quoi jamais nous n’aurions trouvé Saxifrag l’ermite et sans quoi nous ne serions pas là pour en parler. Je crois qu’il faut saisir cette opportunité et profiter que le campement est divisé pour atteindre le sorcier.

De mon côté, je vais tenter avec le capitaine et ses hommes de mettre à l’abri les villageois et d’organiser la défense du village. Au fait, Erik, Qiash, Frédrigo, Véolia, Ferrèol ou même Keldrim, qui s’y connait en matière de Trolls ? Il va falloir nous déballer ce que vous en savez parce que vous risquez d’en affronter un et je risque d’en affronter plusieurs. Ce sont des créatures féroces, puissantes et… affreuses. Si on connaissait leurs points faibles, il sera plus facile de les combattre. Qu’est-ce que vous en dites ? » Ylvian paraissait resplendir, les yeux pétillants, le cœur battant la chamade, il était presque essoufflé par la longue tirade qu'il venait d'exécuter, mais il était sûr de son choix, il était prêt à sacrifier sa vie pour le village, cela lui paraissait la meilleure chose qu'il puisse faire.

Modifié par un utilisateur mardi 15 mars 2011 23:18:24(UTC)  | Raison: Non indiquée