Erwanez décida de se concentrer sur les préparatifs du départ car elle ne savait plus quoi penser. Devait-elle aller à Restov pour aider Akiros ou attendre que le temple lui demande de venir appuyer ses propos autrement que par écrit ? Devait-elle partir dans cette nouvelle communauté et oublier la déception qu'elle ressentait vis à vis de la tournure des évènements ? Andreï avait son passé, Erwanez le sien et les deux semblaient incompatibles. Avec ses origines, jamais Erwanez ne pourrait porter aussi haut en estime les nobles du Rostland.

Ainsi, elle préféra occuper son esprit en pensant que la monotonie du voyage balayerait toutes ces discussions qui ne pouvaient marquer qu'une fracture au sein de leur groupe. Encore une fois, Erwanez devait prendre une décision difficile. Suivre Andreï et les prisonniers, c'est ce qui semblait le plus sage ou aller avec Allister pour jeter le corps du Seigneur-cerf dans la rivière et connaître le dénouement de l'histoire de Davik Nettles. Après avoir réfléchi quelques instants, elle déclara « Je resterais avec Akiros et Vakéry. »

Modifié par un utilisateur vendredi 12 août 2011 09:58:27(UTC)  | Raison: Non indiquée

Andreï demanda à Allister de déplier la carte qu'il avait mit des mois à faire. Il traça un chemin qui passait par le gué, puis qui partait en direction de la passe de Neetles, en passant non loin de la grotte des Kobolds. Puis de la passe il fit une ligne droite jusqu'au comptoir.

«  Pas la peine de se séparer, le groupe qui ne passerait pas par la passe de Neetles ne gagnerais même pas une journée sur l'autre. ne faisons qu'un convoi, cela sera plus facile à protéger en cas d'attaque. »

Les corps avaient été enterrés, les chariots chargés, il était temps de prendre le départ vers la passe de Neetles et ensuite le comptoir, pour finir par Restov.

Il fallait trois conducteurs de chariot, lui préférait rester sur un cheval en cas d'attaque surprise, il serait plus efficace ainsi.

9e jour du mois d'Érastus, vers midi, ex-fortin du Seigneur-Cerf

Les chariots étaient désormais chargés, les morts enterrés, et le corps du Seigneur-Cerf, préservé grâce aux prières d'Erwanez. Parmi les prisonniers, Akiros et Vakéry n'avaient posé aucun problème jusque là ; en fait, c'était même plutôt le contraire : ils avaient aidé à charger, à ranger et à enterrer du mieux qu'ils le pouvaient. Peut-être n'était-ce là qu'une manigance pour se faire bien voir, peut-être était-ce une aide motivée par le remord… ou un peu des deux.

Les deux autres prisonniers, quant à eux, n'avaient pratiquement rien dit depuis la fin du combat. Ils avaient été tout le temps ligotés, à l'exception de la courte période de temps qu'ils avaient passée à creuser une fosse commune pour leurs alliés défunts. Avant d'enterrer les corps, Andréï découpa une mèche de cheveux de la tête du bandit que Kesten Garess, le garde du Comptoir, leur avait décrit. Ce dernier avait précisé qu'il préférait retrouver Falgrim vivant que mort mais… à défaut, une mèche de ses cheveux d'un blanc-blond si caractéristique devrait suffire.

Si Akiros et Vakéry se montraient serviables et que les deux autres étaient calmes et silencieux, il n'en allait pas du cinquième et dernier "compagnon de voyage". Le vieux fou qui était apparemment le père du Seigneur-Cerf, lui, était très loin d'être silencieux et calme. Au début, il avait piqué une crise intense et refusé de sortir du sous-sol, de crainte que, s'il ne revoie la lumière du soleil, son fils puisse revenir d'entre les morts. Finalement, il fallut s'y mettre à plusieurs pour le contraindre à sortir et l'amener près du cadavre du Seigneur-Cerf pour l'apaiser un moment. Et encore… si ses craintes avaient été apaisées, ce n'était pas pour autant qu'il s'était calmé : il se mit à ruer le corps du Seigneur-Cerf de coups de pieds et de coups de poings tout en l'insultant, en crachant sur lui et en proclamant que « Finalement, c'est bien fait ! Justice pour ta mère, salopard ! ».

Une fois encore, il avait fallu s'y mettre à plusieurs pour le séparer du cadavre du Seigneur-Cerf. Puis il avait fallu se résoudre à le ligoter et à la bâillonner pour avoir un peu de tranquillité. C'est seulement quand le vieux cinglé se retrouva à l'intérieur d'un chariot abrité, coupé de la lumière du soleil, qu'il retrouva un semblant de calme. Décidément, l'étrange famille du Seigneur-Cerf n'avait pas fini de donner du fil à retordre aux explorateurs…

Évan prépara un repas chaud pour midi, avec l'aide de Vakéry. Visiblement, le jeune homme ne savait pas rester inoccupé et, même s'il ne faisait pas preuve de grands talents culinaires, il faisait tout pour se rendre utile et aider le halfling du mieux qu'il pouvait. Après le repas, les explorateurs firent un dernier tour du fortin puis ils prirent la route, en s'assurant bien que le convoi ne quittât pas le chemin principal. Selon les dires d'Akiros, les flancs de la colline étaient toujours hantés…

Au soir, ils arrivèrent près du gué qui permettait de traverser l'Épine. Ils s'arrêtèrent à une vingtaine de mètres de la rive et établirent un campement pour le soir. Une fois encore, Vakéry se porta volontaire pour aider Évan. Un peu plus loin, Akiros, qui observait le jeune homme, s'adressa à Erwanez. « Il y a des moments où je me demande si j'ai fait le bon choix en trahissant le Seigneur-Cerf, prêtresse… » lui confia-t-il. Il ajouta « Mais celui-ci n'en est pas un. C'est la première fois que je vois un semblant de sourire sur le visage du gamin. »

10e jour du mois d'Érastus

Après une courte nuit de sommeil, le convoi repartit à l'aube. Pendant toute la journée, les chariots longèrent la berge ouest de la Pie-Grièche. Un peu après midi, ils croisèrent une petite patrouille de kobolds dont l'un des membres reconnut les explorateurs. Visiblement, Akiros eut l'air un peu surpris de voir que les kobolds s'approchaient ouvertement plutôt que sournoisement, et sans montrer d'agressivité. Gaëlan échangea quelques mots en draconique avec la patrouille. Le clan des kobolds n'avait pas eu de nouvelles du chamane qui s'était enfui et le futur semblait plutôt positif : la nouvelle portée allait bientôt pouvoir remplacer les pertes causées par les attaques contre les mites que le faux-chamane et faux-kobold avait organisées.

Le convoi poursuivit son trajet pendant plusieurs heures jusqu'à ce que, en fin d'après-midi, les chariots arrivent à la hauteur du passage de Nettles. Sur la rive opposée du fleuve, on pouvait voir au loin les restes carbonisés de l'ancienne demeure de Davik Nettles. Du côté ouest du fleuve, là où les explorateurs se trouvaient, seuls se dressaient les larges pieux qui soutenaient autrefois le pont, avant que celui-ci ne soit détruit, ainsi que la cloche d'appel que les voyageurs pouvaient utiliser pour appeler le passeur… quand celui-ci était encore en vie.

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Le groupe d'aventuriers et leurs prisonniers étaient maintenant arrivés au passage où ils allaient présenter le corps du Seigneur Cerf à Nettles. Gaëlan choisit de rester en arrière avec les prisonniers tandis qu'ils s'approchaient de la rivière. « Il me semble me souvenir que lors de notre dernier passage c'est en actionnant la cloche que le fantome de Nettles c'est manifesté.

Déposons le corps au pied de celle ci et sonnons à nouveau, cela devrait le faire venir. »

Andreï s'avança lui aussi, la curiosité le poussait à voir ce qu'il allait arriver quand les désir de vengeance du fantôme de Nettles serait assouvis.

Le corps était au pied de la cloche, Andreï attrapa la corde et la secoua, un tintement sinistre se fit écho dans la vallée.

Pendant plusieurs longues secondes, rien ne se produisit. L'endroit semblait même légèrement plus silencieux qu'avant qu'Andréï ne fasse sonner la cloche. Intrigué par cet arrêt et par l'étrange rituel qui se déroulait, Akiros était descendu du chariot et était venu rejoindre ceux qui se tenaient près de la rive. Il fixa les ruines noircies du bâtiment incendié qui se dressaient de l'autre côté du fleuve et demanda à voix basse, comme s'il avait ressenti le solennel du moment, « Qu'est-ce que cet endroit ? » Quand il eut la réponse, il hocha la tête lentement. « J'ai entendu parler d'un conducteur de bac qui n'avait pas voulu se plier aux exigences du Seigneur-Cerf et que celui-ci avait fait punir. C'est Dovan qui avait été chargé de la mission… »

Akiros s'interrompit soudainement et mit la main à sa ceinture, avant de se rendre compte qu'il n'avait plus son épée. Au milieu du fleuve, une silhouette décharnée se dressait sur les eaux comme s'il s'était agi de terre ferme. C'était un silence de mort qui régnait sur l'endroit… même le gargouillis du fleuve semblait s'être tu.



Le mort vivant se tourna dans la direction des explorateurs… ou de la cloche… ou du cadavre… et leva son bras, brandissant la corsèque qu'il tenait. Comme pour accompagner son mouvement, les eaux se mirent à frémir tout autour et en-dessous du cadavre du Seigneur-Cerf, formant comme un espèce de tapis bouillonnant. Peu à peu, la dépouille fut soulevée par des mains invisibles et se mit à glisser vers le milieu du fleuve, en direction du mort-vivant.

Lorsque le cadavre arriva à quelques mètres de ce qu'il restait de Davik Nettles, celui-ci baissa le bras et les eaux se calmèrent immédiatement. Il se pencha sur le corps et sembla souffler sur celui-ci… En l'espace de quelques secondes, des flammèches apparurent sur toute la surface du cadavre qui ne tarda pas à s'embraser entièrement. La chair du Seigneur-Cerf siffla, se noircit et se recroquevilla sous l'effet du feu qui rugissait en plein milieu du fleuve.

Après quelques secondes, qui semblèrent durer une petite éternité, le mort-vivant brandit à nouveau son arme et la tint ainsi élevée au-dessus de sa tête. Les eux se remirent à frémir et, peu à peu, le mort-vivant ainsi que le corps du Seigneur-Cerf s'enfoncèrent dans les flots, lentement et inéluctablement. Puis il ne resta plus rien, que l'onde qui déferlait.

Le silence assourdissant disparut peu à peu…

Akiros avait une expression indescriptible sur le visage. Sans dire un mot, il se retourna. Quand les aventuriers se retournèrent à leur tour, ils entendirent un léger bruit métallique provenant de la rive. Là, au bord du fleuve, entre les pierres qui jaillissaient de l'eau, se trouvait la corsèque de Davik Nettles. Un présent de remerciement… ou un cadeau de départ peut-être ?

En se retournant vers les chariots qu'ils avaient arrêtés un peu plus loin, ils virent qu'un pan de la toile qui recouvrait celui où le vieux fou avait été ligoté était relevé, juste assez pour que le père du Seigneur-Cerf puisse passer la tête. Son regard était perdu au loin mais, d'où il était, il ne pouvait pas avoir raté l'étrange scène. Au bout de quelques instants, il rabattit le pan de la toile et disparut à l'intérieur du chariot.

Modifié par un utilisateur dimanche 5 mai 2013 16:59:31(UTC)  | Raison: Non indiquée

Lorsqu'Akiros fit part de ses doutes à Erwanez, celle-ci répondit, « Nous avons tous des doutes que nous devons combattre pour avancer sur le chemin que nous suivons. Mais je suis certaine que vous avez fait le bon choix et ... l'attachement que vous montrez pour Vakéry le montre. Vous n'étiez pas fait pour une vie où faire souffrir les gens en devient un plaisir. Pensez au nombre de jeunes personnes comme Vakéry que les hommes du Seigneur-cerf ont tués. Et puis, un brigand ne viendrait pas confesser ces états d'âme comme vous le faites. Je ne dit pas pour autant que ce sera facile mais en luttant contre le Seigneur-cerf vous avez choisi librement la vie que vous vouliez vivre. »

Une fois arrivé au gué, Erwanez regarda médusée le spectacle du fantôme de Davik Nettle emporter le corps du Seigneur-cerf. Lorsque celui-ci allait disparaître, elle ne sait pas pourquoi mais elle lui fit un signe d'adieu avant de déclarer, « Une partie du mal qu'avait fait le Seigneur-cerf vient d'être réparé. Maintenant la communauté qui est en train de naître ici devra faire preuve de solidarité et de persévérance pour en effacer les autres marques. Puisse Erastil accorder à ces gens la force d'y arriver ! » Ensuite, il prit son symbole et bénit le lieu où Davik Nettle avait enfin trouvé la paix.

Andreï aussi avait été impressionné par ce qui venait de se dérouler devant ses yeux. Il ne savait plus qui avait proposé de récuperer le cadavre dans la rivière pour lui donner une sépulture religieuse, le guerrier pensait que cela allez être difficile.

Il se pencha et attrapa la corsèque qui se trouvait entre les rochers.

Puis il retourna vers les chariots et monta sur son cheval.

« Il faudra peut-être demander au comptoir, si quelqu'un serait intéressé à reconstruire le bac ici. Allez on y va!! HUUUU!!! »