Le clerc avait fait la moue au début du discours d'Arlandeth. À en croire ses réactions, il était plutôt évident qu'il pensait que la demande du jeune homme était plutôt mal venue à une époque où Korvosa avait bien d'autres chats à fouetter. Malgré tout, et peu à peu, Arlandeth parvint à le gagner à sa cause. Tant et si bien que le clerc finit par lui indiquer « En temps normal, vous devriez remplir les formulaires B-27 et B-28 pour avoir accès à de tels documents officiels, et les faire estampiller au bureau central avant de revenir me voir avec une autorisation d'accès aux archives. »

« Ceci dit, » ajouta-t-il, « ces paperasseries sont surtout là pour décourager les demandes intempestives. Et… bon, pour l'instant, les demandes de consultations de documents officiels ne sont pas vraiment très nombreuses. » Le clerc du bâtiment Longâcre demanda à Arlandeth de l'accompagner. Il sortit de son bureau et emprunta plusieurs couloirs et escaliers avant d'arriver devant une grande porte qui donnait sur une immense salle remplie de hautes étagères portant des tomes épais, des tas de parchemins, et même à certains endroits d'anciennes plaques gravées d'argile et de pierre.

Arlandeth suivit le clerc qui se dirigeait au sein de ce dédale d'étagères avec une connaissance experte. Finalement, il s'arrêta brusquement près d'une intersection, regarda autour de lui, et fit quelques pas pour s'avancer pour une bibliothèque en particulier. Là, il examina les premières pages de divers tas de parchemins avant de finalement trouver son bonheur. Il saisit une des piles de documents et alla la poser sur une petite table placée près de l'intersection où il s'était arrêté quelques secondes plus tôt.

Il feuilleta les parchemins pendant quelques secondes tout en en reclassant certains. Il grommela quelques paroles inaudibles à propos des clercs qui ne prenaient pas la peine de remettre les documents dans l'ordre après les avoir consultés. Puis, au bout d'une minute ou deux, il trouva finalement celui qu'Arlandeth recherchait. « Ah, nous y voilà. » indiqua-t-il. « Grem Tessanou, » se mit-il à lire, « prêtre du temple de Sarenrae à Korvosa, a acheté à la Maison Arkona, ici représentée par le sieur Glorio Arkona en qualité de chef de famille, un entrepôt situé dans le quartier des Quais Ouest du district du Centre. »

Le clerc tendit le document à Arlandeth. En y jetant un coup d'œil, il retrouva aisément la phrase que le clerc avait lu à haute voix. Le texte du contrat ne s'arrêtait pas là : suivaient ensuite plusieurs clauses légales formelles et sans grand intérêt. Au bas du document, on pouvait lire Fait en quatre exemplaires dans les salles du bâtiment Longacre, conformément au code de lois en vigueur à Korvosa.

En-dessous, on pouvait voir quatre signatures accompagnées de noms. La première était décrite comme celle de Glorio Arkana, vendeur, pour la maison Arkona ; la deuxième correspondait à Grem Tessanou, acheteur, prêtre du temple de Sarenrae, représenté par S. Steegle, clerc administratif du temple ; la troisième était celle du clerc du bâtiment Longâcre qui avait supervisé la procédure ; et la quatrième était celle de l'arbitre korvosien (c'est-à-dire du haut officiel) en charge des contrats, qui devait contresigner tous les documents officiels de cette nature.

Modifié par un utilisateur mardi 27 septembre 2011 22:15:33(UTC)  | Raison: Non indiquée

Arlandeth retraversa la ville en direction du temple de Sarenrae. Dès son arrivée sur place, il se rendit à l'étage, là où Steegle avait son bureau, sans même se départir des effets civils qu'il avait revêtu pour pouvoir circuler en ville plus librement. Une fois devant la porte du bureau, il s'interrompit quelques instants, réfléchissant peut-être à la manière dont il allait aborder le sujet, à ce qu'il allait dire à Steegle, et à comment il allait présenter la chose pour en apprendre plus.

Il frappa à la porte… une fois, puis une seconde fois. Rien. Aucune réponse. Il frappa à nouveau. Toujours pas de réponse. Il croisa alors un des clercs novices qui travaillait à l'étage et lui demanda où Steegle se trouvait. Le clerc lui répondit « Monsieur Steegle est passé ce matin à l'aube. Il a dit qu'il devait faire une course en ville et qu'il serait absent toute la matinée. Il devait normalement revenir vers midi… c'est étonnant qu'il ne soit pas là. Peut-être s'est-il senti mal. »

Le clerc sortit un trousseau de clef de sous son aube puis il ouvrit la porte du bureau de Steegle. L'endroit était identique à la veille, comme si personne n'y était venu entre temps. Il n'y avait aucune trace de Steegle, en tout cas. « Visiblement, il n'est pas là. Peut-être se trouve-t-il à son appartement ? » indiqua le clerc.

Le novice fronça les yeux, tentant de se remémorer sa dernière rencontre avec Steegle. Il se tut un instant puis admit « À bien y réfléchir, il semblait un peu nerveux en fait. Je n'y ai pas fait attention sur le moment mais… oui, il avait l'air comme inquiet, ou tracassé par quelque chose. Vous pensez qu'un malheur aurait pu lui arriver ? »

Arlandeth ne répondit pas explicitement au novice ; il se contenta de lui demander de le suivre pendant qu'il se dirigeait vers l'escalier principal du temple, qui devait le mener vers le rez, d'où il pourrait sortir dans les jardins arrière pour se rendre jusqu'au bâtiment qui abritait les appartements des personnes associées au temple.

Le jeune prêtre s'arrêta devant la porte où il avait déjà frappé la veille au soir. Une fois encore, il frappa… sans toutefois obtenir de réponse. Il frappa à nouveau… mais il n'entendit aucun bruit venant de l'extérieur : pas de "Une minute", ni de "J'arrive" ni même de bruits de pas. « Peut-être n'est-il tout simplement pas encore rentré ? » suggéra le novice.

Arlandeth posa la main sur la poignée de la porte, s'attendant à ce qu'elle soit verrouillée et impossible à ouvrir sans la clef. Il allait ouvrir la bouche pour demander au novice qui l'accompagnait s'il possédait la clef de l'appartement du responsable administratif quand il se rendit compte que l'huis n'était pas fermé à clef. Il se ravisa et frappa à nouveau à la porte en demandant « Steegle ? Vous êtes là ? », mais une fois de plus, il n'eut aucune réponse.

Le novice fit part de son hésitation. « Euh ? On ne devrait pas attendre qu'il revienne avant d'entrer chez lui ? » Son commentaire fit peut-être hésiter Arlandeth un instant mais quelque chose d'autre attira son attention : un détail qu'il aperçut du coin de l'œil, quelque chose qui ne semblait pas tout à fait à sa place. Le jeune prêtre fronça les sourcils et regarda plus attentivement par l’entrebâillement de la porte. C'était… un pied ? Un pied qui était placé à un angle étrange, impossible.

Un sentiment d'inquiétude envahit soudainement Arlandeth et il poussa la porte plus en avant, dévoilant un macabre spectacle. Steegle était bien là, mais il était incapable de répondre à leurs appels. Le responsable administratif du temple de Sarenrae était étendu sur le sol. Il portait une épaisse bure brunâtre dont les bords inférieurs étaient sales et humides. Steegle reposait, immobile, face contre le sol ; ses bras et ses jambes formaient des angles étranges, signe qu'il était déjà mort quand il s'était effondré. Le sol était recouvert d'une auréole rougeâtre qui semblait s'étendre tout autour de sa tête et de ses épaules.

« Par la Fleur ! » s'écria le novice qui avait dû apercevoir le terrible spectacle par-dessus de l'épaule d'Arlandeth ! « Il est… il est… »

Mort pensa Arlandeth. Ça ne faisait quasiment aucun doute. Arlandeth parvint enfin à détourner le regard et à observer la pièce dans son ensemble. Elle était semblable à la veille… à ceci près que le coffret de bois dans lequel Steegle rangeait ses habits avait été visiblement retourné. Cela ne ressemblait pas vraiment à des traces de lutte mais plutôt à une fouille en règle…

Le novice qui l'accompagnait avait dû faire une observation similaire car, la main sur la bouche, il murmura, interdit, « Pauvre Steegle. On dirait qu'il s'est fait surprendre par un cambrioleur… »

Le clerc qui accompagnait Arlandeth mit quelques longues secondes à réagir. Finalement, comme s'il avait le regard glué à la scène macabre qui s'étalait devant lui, il fit quelques pas en arrière sans pouvoir détourner la tête. Finalement, il opina du chef et murmura d'une voix étranglée « Je… oui… je vais… » avant de disparaître en direction de la cour qui séparait les appartements et le temple. Un instant plus tard, Arlandeth entendait les bruits de ses pas rapides qui résonnaient dans la cour tout en devenant de plus en plus faibles.

Le jeune prêtre jeta un œil inquisiteur dans la pièce tout en tentant de repousser les sentiments mêlés d'horreur et de révulsion que la proximité avec un cadavre lui inspirait. Il avait déjà eu maintes occasions de croiser la mort par le passé : parfois — souvent même — les bienfaits de Sarenrae suffisaient à guérir, à chasser les maladies et les blessures et à repousser le trépas mais, parfois, ceux-ci arrivaient trop tard, ou la ferveur des disciples qui les canalisaient n'était pas suffisante, et c'était alors entre les mains de Pharasma, la Dame du Tombeau, que le destin du blessé ou de la malade était remis. Malgré tout, la mort restait quelque chose auquel il était difficile de s'habituer. L'espace d'un instant, Arlandeth pensa à ces individus que la Cathédrale de Pharasma avait embauchés récemment, ceux qu'on appelait les "ramasseurs de morts" et qui sillonnaient les rues de Korvosa pour récupérer les dépouilles de ceux que le Voile Sanglant avait terrassés et pour les amener vers le District Gris, le quartier du cimetière. Comment ces gens parvenaient-ils à côtoyer la mort du matin au soir ?

Mais Arlandeth força son esprit à revenir au présent et à l'endroit où il se trouvait. Il scruta la pièce en évitant pour l'instant de regarder directement dans la direction du cadavre. Dans le fond, on pouvait apercevoir un coffre à linge qui avait été visiblement fouillé : des habits étaient éparpillés ici et là sur le sol tout autour du coffre, une scène qui contrastait fortement avec le reste de la pièce, sobre, propre et bien rangé. Les quelques bibelots et icônes religieuses que Steegle avait disposées sur une simple étagère en bois étaient encore bien en place. Les autres coins de la pièce étaient encore dans l'état où Arlandeth avait pu les observer, la veille au soir. Visiblement, seul le coffre à linge avait été retourné ? fouillé ?

Le jeune prêtre s'avança vers la dépouille, prit son courage à deux mains, puis fit de même avec le cadavre pour le retourner. Il comprit immédiatement ce qui avait mis un terme à la vie de Steegle : la large plaie béante qui lui formait comme une seconde bouche au niveau du cou ne laissait aucun doute à ce sujet. Cela avait dû être une mort rapide mais atroce : Steegle avait dû à la fois manquer d'air et s'étouffer dans son propre sang. La plaie expliquait également l'importance de la flaque de sang qui maculait le sol et formait comme une aura centrée sur le cou du responsable administratif.

Arlandeth se contraignit à observer la blessure de plus près, espérant peut-être y repérer d'autres indices… mais il était loin d'être un expert enquêteur. Il avait déjà vu de nombreuses blessures mais il s'était généralement contenté de les guérir au plus vite, sans trop chercher à analyser avec précision la manière dont elles avaient été causées… Une seule chose était claire : il n'y avait aucun couteau, aucune lame aux alentours. On pouvait donc sans doute définitivement exclure l'hypothèse selon laquelle Steegle s'était donné la mort lui-même.

Arlandeth examina les mains et les autres parties exposées du corps de Steegle. La plaie béante au niveau du cou semblait être la seule blessure de l'homme. Son épaisse bure l'avait peut-être protégé des autres coups… mais ses mains non plus ne montraient aucun signe de combat. L'hypothèse la plus probable était sans doute qu'il s'était fait surprendre par son meurtrier. Celui-ci l'avait terrassé d'un coup précis et net en lui tranchant la gorge. Il n'y avait pas de trace d'hésitation ; après avoir épongé une partie du sang et nettoyé la blessure, Arlandeth ne vit qu'une fine ligne qui zébrait le cou du mort.

Cela ressemblait décidément de moins en moins à un cambriolage… et ce meurtre tombait décidément bien mal, car la piste du mystérieux Grem Tessinou semblait mener vers Steegle qui, selon toutes les apparences, en savait plus que ce qu'il n'avait dit…

Arlandeth entendit des pas et des paroles étouffées provenant de la cour extérieure. Il reconnut la voix du clerc, qui revenait sans doute en compagnie d'un prêtre supérieur.

Alors qu'Arlandeth était encore occupé à observer la salle, le prêtre responsable du temple pénétra dans le petit appartement de Steegle, suivi de près par le novice encore livide, ainsi que deux autres clercs qui avaient dû entendre l'annonce du novice et, intrigués par celle-ci, avaient voulu se rendre sur place. Le prêtre responsable s'interrompit en passant le seuil de la porte, puis il s'avança jusqu'au corps et saisit le poignet du mort. Il resta ainsi quelques secondes avant de secouer la tête et de reposer le poignet de Steegle sur le sol.

« Que s'est-il passé ici ? Quelqu'un a entendu ou vu quelque chose ? » demanda-t-il en se retournant vers le novice puis vers Arlandeth. Il fixa ce dernier pendant quelques secondes et ajouta une autre question « Cela a-t-il un lien avec l'histoire dont nous avons parlé tout à l'heure ? »

Le supérieur du temple de Sarenrae se releva lentement, la mine sombre, hantée par une expression douloureuse. Il se tourna vers les novices qui l'avaient suivi, y compris celui qui avait découvert le corps de Steegle en même temps qu'Arlandeth. Il leur dit « Allez chercher un linceul pour recouvrir le corps de Steegle. Envoyez également un messager à la Cathédrale de Pharasma pour les prévenir qu'un des nôtres est mort et que nous allons devoir accéder à la crypte dans les jours qui suivent. Répandez la terrible nouvelle de la mort de Steegle mais, surtout,insistez sur le fait que notre douleur et notre deuil ne doit pas nous faire oublier notre premier devoir envers la population qui est déjà durement atteinte en ces temps difficiles. »

Arlandeth scruta le visage des personnes présentes, mais sans pouvoir distinguer quoi que ce soit d'anormal : juste de la crainte, de la tristesse et de la surprise combinées.

Le supérieur s'interrompit un instant et ajouta « Que tout le monde poursuive ces tâches comme prévu, qu'on continue à recevoir les malades et à conseiller ceux qui cherchent la Lumière. Ce soir, nous organiserons une veillée autour du corps et, demain à l'aube, nous adresserons nos prières à la Fleur de l'Aube. » Comme les novices restaient sur place, il ajouta sur un ton paternel « Allez-y, maintenant. »

Il fixa la porte et attendit que tous les novices aient quitté la pièce avant de se tourner vers Arlandeth. Il réfléchit un court moment puis lui indiqua « Notre temple n'est pas une forteresse… mais il y est tout de même difficile de s'y introduire sans être aperçu. » Il se tourna vers le corps de Steegle et ajouta « Cela n'est certainement pas l'œuvre d'un simple voleur Pour avoir pu s'introduire ici, surprendre Steegle puis disparaître, il devait s'agir soit d'un individu très chanceux, soit d'un… expert. »

Le regard du père supérieur s'attarda sur la plaie qui marrait le cou de Steegle et il émit un léger soupir. « Je pencherais plutôt pour un expert… » précisa-t-il tout en se mordillant légèrement la lèvre inférieure. Arlandeth eut l'impression qu'il allait ajouter quelque chose à ce sujet mais, quand le père supérieur se retourna vers lui, il changea de sujet.

« Vous avez dit que Steegle était impliqué dans cette étrange histoire de… quel était le nom déjà ? d'un prêtre de notre temple qui aurait acheté un bâtiment dans le centre de la ville ? » demanda le père supérieur. « En êtes-vous certain ? »

Il laissa Arlandeth répondre puis lui demanda également s'il avait remarqué que le bas de la bure que portait Steegle était humide et sale. Il enchaîna « Et on dirait que Steegle s'est absenté ce matin, et qu'il a rendu une visite en-dehors du temple, d'après la couleur du bas de sa bure. Une idée à ce sujet ? »

Modifié par un utilisateur lundi 7 novembre 2011 16:53:51(UTC)  | Raison: Non indiquée

Le père supérieur réfléchit un instant, puis il hocha la tête négativement, signe qu'il ne donnait pas son autorisation. Il observa le corps quelques instants avant de parler.

« Je pense, moi aussi, que ce n'est pas juste un hasard ni une coïncidence. D'après ce que vous m'avez dit, hier soir, un garde vient poser des questions au sujet d'un prêtre inconnu. Les questions sont rapportées à Steegle, qui dit ne rien savoir… ce qui, selon vos dires, est faux. » Il indiqua d'un mouvement du poignet le bas de la bure que portait le cadavre et continua « Ce matin, Steegle s'absente soudainement… un départ qui n'est pas prévu, un départ plutôt étrange aussi. Avec l'épidémie qui circule dans les rues, il faut une bonne raison pour sortir. »

Se retournant vers le cadavre de Steegle, le père supérieur ajouta « Puis, à son retour ou peu de temps après, Steegle se fait tuer. »

Le père supérieur se frotta le menton un instant puis se tourna vers Arlandeth pour lui demander « Avez-vous parlé de ceci à quelqu'un d'autre ? Avez-vous posé des questions au sujet du mystérieux prêtre inconnu à d'autres personnes ? » Quand Arlandeth lui répondit par la négative, le prêtre soupira. « Ainsi donc, les seules personnes qui étaient au courant des recherches au sujet de ce prêtre inexistant était vous… quelques individus au sein de la Garde… moi, et Steegle. »

« Si on part du principe que la mort de Steegle a quelque chose à voir avec ce faux prêtre de Sarenrae, on peut supposer deux choses… » continua le père supérieur. En levant le pouce, il dit « Un, que Steegle a peut-être signé lui-même son arrêt de mort en ébruitant le fait qu'une enquête était en cours sur le faux prêtre. » Il leva l'index et compta « Et deux, que Steegle n'a pas agi seul dans cette histoire, mais que d'autres individus sont impliqués. »

Le père supérieur fixa Arlandeth dans les yeux en précisant « Des individus suffisamment cruels pour faire tuer leur associé, suffisamment dangereux pour commanditer un meurtre, et suffisamment puissants pour faire assassiner quelqu'un rapidement et dans l'enceinte d'un temple. » Il hocha une nouvelle fois la tête négativement et dit « Aussi, je ne peux vous autoriser à poursuivre cette enquête seul et à vous aventurer dans ce qui pourrait bien être la gueule du loup. »

Le père supérieur réfléchit un instant avant de répondre. « S'il y avait d'autres personnes à leur solde au sein du temple, alors Steegle n'en savait sans doute rien… On peut croire qu'il est parti avenir quelqu'un du fait que certains posaient des questions sur ce Grem Tessinou. Hors, vu la couleur de sa bure, il a dû parcourir un long trajet à l'extérieur pour atteindre sa destination. Ce n'est donc pas à quelqu'un du temple qu'il s'est confié. »

Le prélat soupira puis ajouta « Steegle avait un rôle clef dans notre administration, mais c'était loin d'être un homme puissant au sein du temple. Il n'avait pas vraiment de pouvoir décisionnaire par exemple. J'aurais tendance à penser qu'on a simplement utilisé notre temple comme couverture pour que ce Grem Tessinou semble quelqu'un d'honnête et de fiable, rien de plus. » Il hésita un moment puis précisa « Mais je suis d'accord : cette affaire mérite d'être éclaircie. »

Il se tourna vers Arlandeth et lui dit « Dans un premier temps, je vous autorise à aller rendre compte de tout cela à la Maréchale. Puis, si vos services sont requis pour approfondir cette enquête, nous aviserons. Mais il va de soi que la citadelle Volshyének doit être informée au plus tôt de ce meurtre. Ce n'est certainement pas une coïncidence que celui-ci se soit produit dès le lendemain du soir où certaines questions ont été posées. »