Grigan avait vécu quasiment toute sa vie à Korvosa ; il avait même étudié quelques temps au sein de la Compagnie Sable, le célèbre groupe de défenseurs de la cité montés à dos de montures ailées. Contrairement à Kar'Uz le Shoanti — un individu dont il s'était d'abord méfié, conformément aux préjugés que les Korvosiens de souche nourrissaient à l'égard de ces "barbares", puis qu'il avait appris à connaître et à apprécier —, il savait qu'il fallait être très prudent avant de jouer avec la politique.

« Attends. » avait-il dit, interrompant le Shoanti dans son élan. « Je pense que nous pouvons nous fier à Grau ; il nous viendra en aide. Peut-être pourra-t-il également convaincre certains de ses amis surs de nous prêter main-forte. Par contre, je pense qu'il vaut mieux rester discrets. »

Il s'adressa à tous ses compagnons. « La Maréchale, par exemple… je pressens qu'on peut lui faire confiance, mais lui faire part de ce que nous venons de faire ici la mettra dans une position des plus délicates. » Pour expliquer son propos, il ajouta, à voix basse afin d'éviter que la nurse ou les malades n'entendent, « Après tout, nous venons de tuer plusieurs Vierges grises, des représentantes de la Couronne de Korvosa ! En apprenant cela, la Maréchale sera très certainement déchirée entre les devoirs de sa fonction et la confiance qu'elle a en nous. »

Puis il se tourna vers Kar'Uz et demanda « Quant aux Pharasmites… je m'en méfie. Sans vouloir te choquer… Nous avons déjà collaboré avec eux, mais y en a-t-il auxquels nous pouvons vraiment faire confiance ? Si nous faisons appel à eux, comment réagiront-ils ? Ne choisiront-ils pas d'aller prévenir les autorités de ce qui se passe ici… Pouvons-nous vraiment risquer de voir arriver une escouade de Vierges grises qui nous arrêteraient avant que nous ne puissions nettoyer les sous-sols ? »

Il se tourna vers les escaliers, comme s'il observait les cadavres qui avaient été laissés dans la cage d'escaliers et à l'étage, puis il soupira et dit « On est dans de beaux draps… Nous ne pouvons vraiment contacter que des personnes en qui nous avons une absolue confiance… ou nous débrouiller nous-mêmes avec les malades… »

Après mûre réflexion le prêtre sortie de son mutisme.
« De plus si je dois faire venir des prêtres de Sarenraé, ils seront dans l'obligation de soigner tout le monde, et je dis bien tout le monde ici. Je ne suis pas sûr que c'est ce que nous voulons n'est ce pas ?De plus, je ne sais pas si mon temple voudra s'impliquer dans ce que nous avons déclenché. Mais si vous y tenez vraiment je peux y aller maintenant. Qui m'accompagne ? »

Les propos de Grigan avaient suscité une certaine réflexion parmi les aventuriers. Arlandeth, qui avait passé de nombreuses années au temple de Sarenrae, se disait qu'il pourrait certainement trouver quelques personnes de confiance pour venir prêter main-forte aux malades, mais ces personnes ne pourraient sans doute pas faire grand chose : comme la plupart des autres prêtres du temple, ils avaient sans aucun doute déjà épuisé toutes leurs capacités pendant la journée, pour venir en aide aux suppliants qui avaient visité leur temple. De plus, il y avait la question politique : dans quelle situation cela allait-il mettre le temple de Sarenrae vis-à-vis du gouvernement ?

Finalement, la seule personne dont ils pouvaient vraiment être sûre était Grau. Après tout, l'homme, qu'ils avaient sorti du caniveau (de manière à la fois littérale et imagée), s'était montré digne de confiance. C'est donc vers lui qu'ils se tournèrent. Ils le trouvèrent à l'endroit convenu. Après avoir raconté les derniers événements à Grau, ce dernier — lui aussi Korvosien depuis un bon bout de temps, malgré ses origines varisiennes —, émit les mêmes mises en garde et conclusions que Grigan : la situation était délicate et il convenait d'attendre avant de prévenir la Maréchale. « Il faudrait tout au moins trouver des preuves solides de leurs mauvaises intentions. Des notes, des rapports, quelque chose comme ça. Les symboles de la Déesse Pâle sont déjà de bons éléments, mais c'est encore insuffisant. » précisa-t-il. Grau indiqua toutefois qu'il pourrait sans doute rassembler assez rapidement quatre ou cinq amis de confiance pour venir surveiller le rez-de-chaussée et empêcher les malades de partir si c'était ce que les aventuriers voulaient.

Pendant ce temps-là, Théobald s'intéressa à la double porte située dans le fond de l'entrepôt. Il dut faire appel à l'un de ses compagnons pour l'aider à ouvrir le lourd portail. De l'autre côté se trouvait tout un empilement de caisses diverses et de barriques poussiéreuses qui formaient comme un petit labyrinthe de passages étroits menant jusqu'au grand portail qui devait sans doute servir d'entrée principale à ce bâtiment à l'époque où il était encore utilisé comme entrepôt. Au plafond, l'inquisiteur aperçut tout un réseau de poulies et de cordage qui servait à déplacer les objets lourds. La plupart des caisses portaient des symboles et des inscriptions diverses.

Modifié par un utilisateur samedi 30 juin 2012 11:35:07(UTC)  | Raison: Non indiquée

Fergus avait suivi Abbaër à l'étage lorsque ce dernier était allé fouiller le bureau de Davaulus. Mais contrairement au nain, l'alchimiste s'était arrêté dans la salle où étaient alités les malades. Il inspecta avec attention les fioles non cassées et tenta d'identifier leur contenu. S'il ne s'était pas trompé en entrant la première fois, il devrait pouvoir y trouver de quoi endormir les malades, ou du moins les anesthésier. Son idée était de récupérer une petite quantité de ce produit pour s'en servir sur leurs futurs adversaires. S'il s'y prenait correctement, il pourrait ainsi les anesthésier suffisamment pour que la menace qu'ils représentaient soit amoindri.

Ce n'est qu'après plusieurs minutes d'inspection qu'il redescendit au rez de chaussée. Il fut alors accueillit par le flot de questions de Kar'Uz auxquelles il répondit comme il put.

Fergus remonta dans la salle des malades à l'étage et se mit à examiner les diverses fioles, ingrédients et autres ustensiles alchimiques qui se trouvaient encore sur place et qui n'avaient pas été détruits au cours du combat. Il était dans son élément : il ne tarda pas à identifier plusieurs produits qui avaient sans aucun doute été utilisés pour induire cet état de sommeil ou de semi-conscience chez les malades.

Il y avait également sur place plusieurs pièces d'équipement et ingrédients qui pouvaient encore servir. En passant quelques heures à trier ce qui pourrait être utile et ce qui n'était pas réutilisable, l'alchimiste pensait pouvoir emporter pas mal de choses depuis cet endroit. Il faudrait attendre un moment plus calme cependant, car les instruments alchimiques étaient plutôt fragiles, le tri des composantes demandait une certaine concentration, et le tout était plutôt encombrant.

Outre les instruments et les ingrédients, Fergus mit également la main sur plusieurs notes contenant de grands tableaux représentant le résultat de diverses expériences et d'interrogatoires sur les patients. Cela coïncidait assez bien avec les feuillets trouvés dans le bureau de Devaulus et laissait à nouveau penser que les "médecins" qui œuvraient ici cherchaient avant tout à trouver pourquoi certaines personnes se montraient plus résistantes que d'autres au Voile Sanglant. Mais ces ,notes supplémentaires souffraient du même problème que celles trouvées chez Devaulus : il pouvait tout simplement s'agir de recherches visant à trouver un antidote en se basant sur des résistances ou immunités naturelles… ou de recherches visant à renforcer le virus pour qu'il surmonte ces même résistances et immunités. En elles-mêmes, les notes étaient insuffisantes pour prouver quoi que ce soit. Elles étaient également bien loin de décrire un antidote, même si elles pourraient certainement se révéler utiles dans la recherche d'une cure pour le Voile Sanglant.

Au rez-de-chaussée, Arlandeth scrutait l'ascenseur, craignant que celui-ci ne se mette à se mouvoir de lui-même, peut-être vers le bas, pour ramener une horde d'ennemis au rez-de-chaussée. Le petit quart d'heure que dura la sortie de Kar'Uz lui sembla être une éternité… mais aucun renfort ne vint s'inquiéter de la disparition des gardes de l'entrepôt reconverti.Ce n'était pas très étonnant : pour garder le sous-sol secret, les voyages entre les deux niveaux devaient sans doute être assez rares.

Quand Kar'Uz revint, annonçant que Grau les rejoindrait bientôt avec deux ou trois personnes de confiance, tout le monde s'était retrouvé au rez-de-chaussée.

Abbaër était lui aussi redescendu, il n'avait pas trouvé avec Fergus de quoi incriminer explicitement Davaulus dans les documents trouvés à l'étage et cela ne lui plaisait guère. Il ne doutait pas mais il est vrai que le médecin de la reine même le couteau sous la gorge avait nié ce qui pour le nain était une évidence... Il y avait peut-être des questions à se poser, mais ce n'était pas le moment car si dans ce combat il y avait des victimes innocentes du côté de leurs ennemis qui ne faisait qu'obéir à des ordres cela n'était rien en comparaison à ce qui avait été fait en amenant le voile sanglant en ville et faisant tout pour qu'il se propage.

Abbaër en plus des documents qu'il avait fourré dans son sac avait repris sa dague en argent qui avait transpercé la gorge d'un faux médecin, les trois masques qu'il y avait encore à l'étage et le sac à dos de Théobald. Il déposa le tout là où s'était rassemblé le reste du groupe et commença à se ré-équiper. En prévision des combats à venir il s'employa à mettre du poison sur ses armes. Tout en faisant cela il répondit à certaines interrogations de ses compagnons.

« Nous n'avons toujours pas trouvé de preuves flagrantes sans cela il y a fort à parier pour que les prêtres hésitent à se déplacer. Mais de toutes manières, ils seront bien obligés de venir lorsque nous nous serons débarrassés des prêtres d'Urgathoa et qu'il n'y aura plus personne pour s'occuper de ces gens. En attendant Grau devrait barricader l'hospice pendant que nous affrontons l'origine du mal. Je ne pense pas que le réseau s’étende sous toute la ville, même s'il est possible que le complexe rejoigne les égoûts, il serait illogique qu'il soit trop éloigné d'ici. Nous serons remonté dans moins de deux heures, si ce n'est pas le cas c'est que nous aurons échoué et tu pourras alors partir Grau. La nuit est tombé depuis quelque temps maintenant les Vierges grises ne devraient pas revenir avant demain. Dès que Théobald aura fini l'exploration de ce côté nous pourrons y aller, j'ai trouvé cela... ce doit être la clef qui nous permettra de faire descendre l’ascenseur à l'étage du dessous. »

Pendant que les explorateurs discutaient, Grau était arrivé sur place avec trois compagnons que ceux qui avaient souvent fréquenté la Citadelle Volshyének reconnurent comme des collègues du sergent. Aucun d'entre eux ne portait d'uniforme cependant, et tous faisaient des yeux gros comme des soucoupes en découvrant l'intérieur de l'entrepôt. C'est Grau qui parla en premier. « Wow… ils ont entassé les malades ici les uns sur les autres ? Pas étonnant que personne ne s'en soit sorti ! »

Puis le sergent eut un mouvement de recul et fit la grimace en voyant les cadavres des Vierges grises et des médecins royaux qui gisaient encore sur le sol, là où ils étaient tombés. Il tourna la tête, observant tour à tour les malades alités un peu plus loin puis les cadavres. « Euh… si le but est de les garder plus ou moins calmes, il ne vaudrait pas mieux au moins déplacer ces dépouilles ? » suggéra-t-il, proposant là une idée plutôt basique à laquelle aucun des explorateurs n'avait pensé jusque là. « Et puis, » ajouta-t-il, « si quelqu'un vient et voit des cadavres de Vierges grises, ça va vraiment barder. »

Il soupira et, se tournant vers ceux qu'il connaissait le mieux parmi les aventuriers, il indiqua « Vous vous rendez compte que vous vous êtes mis dans un terrible foutoir ? » Il regarda ensuite les trois compagnons qui étaient venus avec lui et leur dit « Pour l'instant, vous n'avez fait que passer sur place… si vous ne voulez rien à voir avec cette histoire, il est encore temps de partir. Je ne vous en voudrai pas. »

Deux des autres gardes semblèrent hésiter un moment, mais le troisième, un peu plus âgé, prit la parole. « Je reste, Grau. Pas seulement pour toi, mais aussi parce que moi aussi, j'ai eu des parents et des amis touchés par le Voile et emmenés ici par les Vierges grises. Je veux connaître le fond de cette histoire. » Prenant la suite de leur aîné, les deux autres gardes acquiescèrent d'un geste de la tête. « C'est fait, alors. » répondit Grau en leur serrant la main. Il s'adressa à nouveau aux aventuriers et leur indiqua que lui et ses compagnons s'occuperaient de cacher les cadavres discrètement. « Vous pouvez compter sur nous. » affirma-t-il.

Pendant ce temps, certains aventuriers s'étaient approchés de l'ascenseur pour l'examiner. C'était en effet par là que les médecins semblaient avoir voulu descendre lorsque Kar'Uz les avait suivis et espionnés. Cependant, depuis lors, Abbaër et Arlandeth avaient emprunté l'ascenseur pour descendre depuis la maladerie à l'étage ; la cage bloquait donc l'accès au puits, et sans doute aux sous-sols déjà évoqués à plusieurs reprises.

« Tiens, il y avait aussi en haut une armure de mithril que tu avais aussi vu magique il me semble mais que je n'avais pas eu le temps d'emporter. » Le nain déposa l'armure avec les autres objets. Il chercha des yeux Théobald mais ce dernier n'était toujours pas revenu de ce que le nain avait comprit être un entrepôt. Il regarda d'un air inquiet vers la grande porte à double battant ouverte par l'inquisiteur. Il ne pouvait pas faire grand chose pour aider les lanceurs de sorts donc il partit voir ce que faisait Théobald et ce qu'il avait trouvé.

Modifié par un utilisateur mardi 17 juillet 2012 11:13:15(UTC)  | Raison: Non indiquée

Kar'Uz donna ses conclusions sur l'amulette et prit l'armure afin de s'y concentrer aussi.

Toujours pas de réponse pour les potions. Fergus les a-t-il identifiées ?