Otto se tenait en retrait, observant les réactions de l'officier, regardant autour de lui savoir si des éléments pourraient les aider dans leur enquête : un carnet ouvert, un plan des environs étalé, ou tout chose un peu étrange...

Si Engiir veut jouer au chefaillon à la botte de l'imperatrix, une despote de la pire espèce éloignée des réalités de son peuple, libre à lui !

Le capitaine s'adossa nonchalamment à la paroi de bois de la salle de garde, son armure cliquetant à chaque mouvement, avant de répondre aux deux nains.

« J'ai dit que je ne savais pas qui avait attaqué mes gars ! » commença-t-il d'un air féroce à l'intention de Savräch. « Faudrait voir à écouter ses aînés, messieurs des Cinq Rois... Et ce n'est pas "maître nain" mais Capitaine. »

Dumadan parla alors de sa voix calme et posée, et son attention sembla toucher quelque peu le rigide Azathar qui se détendit légèrement.

« Hrm... non, je n'ai perdu personne de ma famille, si c'est ce que vous entendez par "personnellement", mais les gardes morts étaient dans la milice depuis peu. Pas des recrues, hein ! Des hommes bien entraînés et tout, mais on les considérait quand même comme des jeunes... et ça nous a tous touché de voir qu'ils étaient morts comme ça, si brutalement, tout les cinq. » Il marqua un temps de pause.

« La première attaque a eu lieu il y a presque trois mois maintenant, le 16 d'Abadius. Sûrement en début ou en fin de journée, puisqu'on a retrouvé les corps principalement à l'entrée de la mine... À moins que ceux qui étaient plus profondément dans les boyaux n'aient été attirés au-dehors par le bruit, c'est aussi possible. Et on a renvoyé des gars avec les miliciens seulement cinq jours plus tard, le 21. »

« On n'a interdit à personne de s'approcher de la mine, mais croyez-moi, quand les familles de mineurs et des miliciens ont vu les corps et se sont mis à vomir en pleine place publique, ça a dissuadé les autres de faire les mariolles... Y a peut-être un ou deux jeunes un peu plus crétins que les autres qui ont tenté l'aventure pour faire baver les copains, mais ça m'étonnerait : on n'a pas eu de casse. Et la garde est renforcée à la sortie de la ville, direction montagnes. »

«  C'est bon pour moi.

Capitaine  » avec un signe de tête, pour saluer, comme peuvent le faire les nains, «  Nous ne manquerons pas de vous informer de l'évolution de nos recherches  »

Otto regarda Sanja puis Engiir.

« Je crains de ne pas être d'une grande utilité sur les questions religieuses locales, donc si cela peut nous permettre d'avancer plus rapidement dans notre enquête, je suis disposé à me rendre sur les lieux des deux carnages, pour relever tout indice qui aurait pu être omis.

Quelqu'un pour m'accompagner ? »

Otto claque les talons.

« Chef, d'accord chef ! »

Et il esquisse un sourire désarmant à l'encontre d'Engiir.

«  Je suis assez d'accord avec Engiir, après ce qui s'est passé sur les lieux, je pense qu'il est préférable que l'on soit en force et préparé au cas où les bêtes roderaient encore à proximité. Il ne sert à rien de prendre des risques inconsidérés.  »

Puis Dumadan, courrut après Engiir

«  Hop, hop hop.Maître Engiir, si ça ne vous ennuie pas j'aimerai vous accompagner voir le prieur, même si nous ne sommes pas de la même religion, nous avons certainement des points d'intérêts communs.  »

Le capitaine Azathar hocha la tête au départ des aventuriers, visiblement soulagé de ne pas avoir à discuter plus longtemps avec eux, et disparut à nouveau par la petite porte d'où il était venu tandis qu'ils quittaient le bâtiment de la milice.

Engiir et Dumadan sont allé parler au prieur Kartyo. Les autres, quelles sont vos intentions ?

Le fonctionnaire d'Égorian et le prêtre des Cinq Rois avaient marché de conserve quelques temps, jusqu'à revenir sur la place du Commandeur. Midi approchait lorsqu'ils gravirent les quelques degrés de pierre qui menaient à la lourde double porte du temple du Prince des Ténèbres. Ce fut un acolyte en robe gris anthracite qui leur ouvrit, le visage grave. « Le prieur Kartyo est dans ses appartements », dit-il en guise de salutation. « Voulez-vous que je vous y conduise où n'êtes-vous ici que pour la bénédiction du Sombre Souverain ? »

La nef au-delà de leur interlocuteur était plongée dans l'ombre, seuls quelques faibles rayons de soleil filtraient à travers les vitraux teints en noir. Un chant bourdonnant s'élevait des ténèbres, où une dizaine de voix peut-être récitaient la longue litanie des disciplines asmodéennes.

Bien que curieux sur le déroulement d'une cérémonie en l'honneur du prince des enfers, Dumadan n'était pas très à l'aise.

«  Oui, oui, nous devons rencontrer le prieur  » dit-il nerveusement