Aelaendlara traça mentalement un cercle tout autour du campement des bandits et en suivit le pourtour. Elle commença par la partie du cercle qui se trouvait hors de la forêt, là où les traces étaient les plus faciles à repérer, et elle ne trouva rien, à part les traces qui avaient mené les explorateurs à cet endroit et que les bandits avaient laissées en partant vers le Comptoir. Les choses étaient claires : les bandits n'étaient pas venus par les plaines mais bien par la forêt.

Elle continua donc l'exploration de son cercle et pénétra dans la forêt. Au bout d'une dizaine de minutes, elle repéra quelques traces de sabots sur une sorte d'étroite piste animalière. C'était par là que les bandits étaient arrivés à leur campement. La piste partait du camp droit vers le sud mais rien ne garantissait que les bandits avaient fait chemin en ligne droite depuis leur camp principal.

Évan fouilla les alentours, mais il ne trouva rien de particulier. Le campement ne semblait pas avoir été utilisé très souvent et il n'y avait aucune structure "fixe".

Allister était au milieu du campement, juché sur son cheval. Tiens, il faudrait que je pense à lui donner un nom à cette brave bête... Il se pencha pour flatter l'encolure de l'animal puis il se releva et se mit à regarder le bois comme s'il voulait le transpercer de son regard Quelque part, de l'autre côté de cette forêt, un lieu nous attend qui deviendra notre capitale... Si nous arrivons à l'atteindre...

Il sortit de sa rêverie lorsque Aelaendlara les avertit qu'elle avait retrouvé un début de piste. C'est bien ma cousine... Jamais elle ne lâchera le bout d'os qui lui est tendu... Elle fera même tout pour obtenir l'os en entier, petit bout par petit bout... Cette pensée le fit même sourire intérieurement et lui donna un léger sentiment de fierté. Même s'ils n'étaient pas l'un et l'autre du même sang, puisqu'elle avait été recueillie à sa naissance, les deux jeunes Medvyed étaient clairement de la même famille.

Allister prit alors la parole « Nous ne sommes pas préparés à aller plus avant dans la forêt. Nos chevaux nous ralentirons et nous n'avons pas le matériel et la condition pour affronter ses dangers. Encore moins pour aller jusqu'au campement des brigands. Mais maintenant que nous avons noté cet endroit sur notre carte, nous pourrons y revenir bien plus rapidement et continuer nos recherches plus avant. Je propose que nous revenions au comptoir en longeant la forêt le plus longtemps possible. Ainsi nous pourrons peut-être y remarquer quelque chose de particulier et, qui sait, trouver de quoi agrémenter notre repas de ce soir. Nous avons repoussé l'idée de suivre la piste des sangliers tout à l'heure, mais rien ne dit que nous ne la recroiserons pas... » Et si nous pouvions croiser la route d'un cerf, se serait encore mieux....

Pendant le chemin du retour, les explorateurs partagèrent leur temps entre observation des lieux, scrutation de la forêt et création d'une ébauche de carte de l'endroit, ce qui leur prit quasiment tout le reste de l'après-midi et de la soirée. Lorsqu'ils revinrent au comptoir, le soleil avait déjà commencé à se coucher derrière la forêt à l'ouest, telle une jeune et prude femme qui se tapit derrière un écran de verdure pour revêtir une parure cramoisie.

Oleg n'avait pas chômé de l'après-midi : il avait commencé à débarrasser le dortoir des morceaux de bois partiellement calcinés, ne gardant que ceux qui pouvaient rester en place et qui étaient suffisamment solides pour supporter une nouvelle construction. Les morceaux de bois à moitié brûlés avaient été rassemblés au centre du "coin repas", en un petit bûcher prêt à être allumé pour y cuire d'éventuelles viandes.

Svetlana les apostropha « Ah, vous êtes de retour juste à temps. Vous avez quelques minutes pour vous débarbouiller, puis le repas sera prêt. » Pour fêter la victoire sur les bandits, elle avait passé l'après-midi à préparer des chapons farcis aux champignons et aux épices et couverts de miel, un met digne des plus hautes cours du Restov.

La journée avait été longue, et l'odeur qui émanait des casseroles de Svetlana n'amenait qu'une envie : se poser autour de la table - de préférence l'autre table - et manger.

Mais, il fallait d'abord s'occuper des chevaux pour qui aussi la journée avait été longue...

Après le repas, il faudra que je demande à Erwanez de jeter un coup d'œil sur mes blessures. Certaines sont encore douloureuses.

Andreï regarda le début de carte qu'Allister avait fait, ce n'était qu'une petite parcelle, mais bientôt tout le parchemin serait dessinait et cela cartographiait une nouvelle province de Brevoy, une nouvelle province des grands seigneurs-épéistes. Il se sentait fier comme quand il avait débarrassé des bandits Oleg et sa femme.

« Je suis d'accord avec toi Allister je suis pour longer la foret vers le sud-est quand nous serons ce qu'il y a à dix kilomètre à la ronde , il sera temps de rentrer plus à l'intérieur des terres. Il faut aussi attendre les renforts prévu par le Brevoy, je n'apprécierais pas de rentrer au comptoir après une journée d'exploration et de le voir en feu. Nous avons le devoir de protéger Oleg et sa femme, et je ne pense pas que les brigands laisseront passer la mort des leur, sans réagir. »

« Pour le moment, je pense que demain à l'aube nous partirons inspecter l'endroit que j'ai indiqué sur la carte. Partons dés le levé du soleil!!! Svetlana pouvez vous nous faire des rations pour la journée? »

Le guerrier se leva , il s'étira de nouveau. « Je suis fourbu. Je vais me coucher, j'imagine que le dortoir n'est pas encore utilisable, je dormirais donc dans la grange. »

Allister fut estomaqué de la longueur de la prise de parole de Gaëlan. Je n'aurais pas dit mieux pour exprimer la même pensée. C'était la première fois que le demi-orque prenait la parole de façon conséquente, et le barde fut satisfait de voir qu'il n'était pas le seul à savoir manier les mots. Cela pourrait leur être utile par la suite.

Aelaendlara se trouvait plutôt en accord avec Andreï. La vie en ville ne l'attirait guère,le bruit, la foule, les bâtiments serrés les uns contre les autres, tout cela ne s'accordait que fort peu avec l'éducation que lui avait donné ses parents ni avec la part elfique de ses origines qui parfois venait prendre le dessus sur les traditions de la famille Medvyed.

Endurance surpasse tout. Mais les elfes ne sont pas les créatures les plus endurantes qui courent sur cette terre...

« Erwanez, avant que nous allions tous nous coucher, j'aimerai que tu vois si tu peut faire encore quelque chose pour mes brulures, elle me font encore souffrir, et comme le dit AndreÏ, demain une longue journée nous attends, et je préfèrerai que la nuit me soit paisible. Peut être faudrait il aussi voir s'il ne reste des séquelles des blessures subits par Andreï. Je suis sur qu'il est trop courageux pour s'en plaindre.

Et pour en revenir aux explorations prévu, je suis partisane de ce que nous commencions par les plaines et que nous gardions les forets - et leurs dangers - pour la suite. »

En arrivant au comptoir, La Gerboise s’était occupé de Sam, puis était allé ôter son armure et passer une tenue plus confortable, quoique très modeste pour la soirée. Toujours aussi mal coiffé mais plus présentable, il rejoint les autres, alléché par le délicat fumet des chapons.

Il fit honneur à l’excellente cuisine de Svetlana en ne prononçant pas un seul mot tant que son assiette ne fût pas vide, ce qui reposa sans doute ses compagnons. Sa qualité de vie avait radicalement changé ces derniers jours, cela faisait longtemps qu’il n’avait pas eu le ventre aussi plein. Il se sentait moins seul et mis à l’écart. Aussi, eut-il du mal à comprendre pourquoi Oleg tenait absolument à être éloigné de la civilisation. Puis se rappelant de quoi étaient capables certains chelaxiens, il ne put critiquer le choix de vie de l’homme bourru et attentionné.

Allister avait évoqué la suite des opérations, proposant d’explorer plus à l’est, gardant l’avantage des montures. Andréï et Aelaendlara approuvaient. Le halfling leur fit alors part de son point de vue :
« Je pense aussi que nous devrions garder les difficultés pour plus tard, l’est et ses plaines semble un bon entrainement. Car après tout, nous sommes encore pour certains blessés et nous débutons dans notre nouveau métier d’explorateurs.
Néanmoins, je suis inquiet pour Svetlana et Oleg. Si nous partons et que la bande du Seigneur-Cerf passe aux représailles, nous risquons de les retrouver dans une bien mauvaise posture. Si au moins nous savions quand arriveront les hommes de Restov… »
Puis se retournant vers leur excellente cuisinière :
« Tiens ! Au fait Svetlana, je dois remettre un pli de la part de Constance Dévine à Breeg Orlivanch, elle m’a dit qu’il passait parfois par ici. Je dois lui remettre en mains propres, mais si je cours par monts et par vaux, cela me sera difficile, pourriez-vous lui remettre cette enveloppe, s’il vous plait ? »

Évan passa le reste du repas à écouter ses compagnons, tentant de mieux les connaître, curieux de deviner leurs réelles motivations quant à l’exploration de ces terres. Il ne leur posa pas de question, se souvenant à quel point il pouvait être intrusif. Leur collaboration allait être longue, mieux valait ne pas les froisser.

Andréï alla se coucher dans la grange, puis Gaëlan se leva proposant à Allister de le suivre dans le dortoir pour récupérer de la paperasse. La Gerboise le rejoindrait sûrement, car il avait l’habitude de dormir dans une bicoque au toit clairsemé de trous, mais il préféra demeurer encore quelques instants avec Erwanez , Aelaendlara et les Léveton. Il regardait distraitement les flammes danser dans l’âtre, s’imaginant sur un trône dans un château flambant neuf au cœur de cette mystérieuse forêt qui avait stoppé leur progression de la journée.

La proposition que Gaëlan lui fit alors qu'ils rejoignaient tous le dortoir intéressait Allister. Néanmoins, ses stocks étaient encore loin d'être épuisés. Mais il était évident que s'il n'avait pas besoin, pour le moment, de penser à se réapprovisionner, cela enlevait une sacrée épine du pied du barde. « Gaëlan, Je te remercie de ton offre généreuse, mais je suis moi-même pour le moment bien fourni en parchemins et matériel d'écriture. Peut-être que nous pourrions, là aussi, gérer un stock commun dans lequel nous viendrions piocher au rythme de nos besoins ? Toi pour l'écriture de tes parchemins et moi pour mon journal, tout en n'oubliant pas la nécessaire mais ô combien utile carte que nous sommes en train de créer. Je te propose même de te racheter la moitié de ce que tu pensais m'offrir. Ainsi, nous partagerons de manière équivalente notre besoin. Et paierons de concert ce dont nous aurons besoin par la suite pour nous achalander. Qu'en penses-tu ? »

Dalvyn, comment tu gères l'écriture du journal d'Allister en terme de consommation ?