ela ne faisait pas l'ombre d'un doute : Meledriel et Aembertaera n'étaient pas passés par là. Heldren, ce petit village paisible du Sud du Taldor, ne voyait passer que trop peu d'elfes pour qu'un groupe ainsi constitué n'eusse pas interpellé la curiosité des habitants. Aergnaeroka avait tout de même mis son temps à profit en passant chez le forgeron local, un certain Isker. Le gabarit et les mouvements dudit humain trahissaient un passé de guerrier, et bien que son échoppe ne faisait pas la part belle aux armes, on pouvait y trouver des flèches dont la qualité était tout à fait satisfaisante.

L'elfe se rendit bientôt compte qu'Heldren ne comportait aucune auberge et qu'il lui faudrait dormir sur le sol de l'Hermine Argentée, la taverne locale, si elle voulait faire une étape ici. En ce 1er Arodus, et malgré les rumeurs qui courraient dans les rues du village concernant un froid insolite à cette période de l'année, Aergnaeroka décida de poursuivre son chemin jusqu'à Zimar. Elle quitta donc Heldren et ses folles rumeurs. Elle avait tout de même entendu deux femmes commenter les rumeurs, et tandis que la discussion s'animait car l'une mettait en doute la véracité des paroles du mari de son interlocutrice, la seconde s'obstinait à lui répéter que le cousin d'un ami de celui-là avait vu de la neige dans le Bois Frontière. Une lourde neige sur laquelle s'aventuraient désormais des prédateurs jusqu'ici inconnus et dont la présence même glaçait le sang.

C'est ce conte en tête que l'enfant des étoiles marchait, ses pas la rapprochant peu à peu du Bois Frontière. Aergnaeroka savait qu'elle allait arriver tard à Zimar, aussi pressait-elle le pas. Que ceci soit l'effet de la somatisation ou celui d'un phénomène réel, elle ressentait que la température baissait à mesure qu'elle avançait. Elle n'avait pas marché une heure lorsqu'elle aperçut une forme se dirigeant en sens opposé, laquelle progressait cahin-caha. Ce ne fut que quelques secondes plus tard que la silhouette s'écroula, alors qu'elle devait être à encore plusieurs centaines de mètres de la rôdeuse.

Modifié par un utilisateur mercredi 20 février 2013 01:20:28(UTC)  | Raison: Non indiquée

es quelques hectomètres séparant Aergnaeroka de la silhouette furent vite avalés. Elle n'aperçut que des ombres filant à l'orée du bois, mais rien qui ne puisse lui faire penser à autre chose qu'à un oiseau volant vers un autre arbre. Le calme entourant la scène était d'ailleurs assez inquiétant, de ceux qui planent au-dessus d'un moment suspendu.

Aergnaeroka reconnut assez vite la robustesse d'un nain dans la silhouette écroulée. S'approchant de celle-ci, elle put voir que le bougre était en mauvais état. Dos contre le sol, il regardait le ciel qui peu à peu était gagné par la nuit. Quelques entailles parcouraient son flanc ainsi que son visage, et des engelures recouvraient la plupart de ses extrémités. Lorsqu'il aperçut la rôdeuse, un sourire résigné se dessina au milieu de sa barbe blonde :



« C'est donc sous vos traits que l'ange de l'Hiver vient me chercher afin de me faire gagner les rivages de la mort ? »

'examen d'Aergnaeroka lui apprit que les entailles du nain lui avaient été occasionnées par des armes tranchantes, telles que des épées, mais que son principal problème était l'hypothermie. Ce solide nain aux traits Ulfes avait dû être exposé à un froid surnaturel pour être ainsi entamé physiquement. Les forces du nain étaient en train de le quitter, et sa vie serait clairement en danger s'il n'était pas réchauffé d'ici quelques heures. Et la ville la plus proche était Heldren. Il articula avec peine les quelques mots qui sortirent de sa bouche, mais son air hagard prouvait que la lucidité lui faisait peut-être défaut :



« Lady Argentea... enlevée... vinterörde »



Le dernier mot du nain, apparemment prononcé dans une langue qui était inconnue de la rôdeuse, fut articulé avec haine. Le son était guttural, et les yeux du blessé s'étaient ranimés l'espace d'une seconde. Utilisant ce surplus d'énergie momentané, il chercha à se lever en s'appuyant sur une épaule elfe, chose qu'il était permis de supposer insolite.

'aidant de l'appui fourni par Aergnaeroka, le blessé réussit à se relever. Il posa un regard livide sur la rôdeuse et la remercia d'un signe de tête compréhensif.




« Heldren... oui »



Aider un nain à marcher avait tous les inconvénients. Il était lourd. Il était petit. Tout cela obligeait l'elfe à se courber et à se démolir le dos. Elle voyait néanmoins que le blessé faisait tout son possible, mais que ses forces le quittaient. Il tenait la couverture généreusement offerte d'une poigne mal assurée, et chacun de ses pas nécessitaient une grande concentration. Le duo se déplaçait par conséquent très lentement, et la marche était un défi physique pour Aergnaeroka également. Elle estimait que gagner Heldren à cette allure lui prendrait deux heures, mais tel était le prix de la survie de Yuln. C'était en tout cas le nom qu'il s'était donné lorsqu'après quelques pas il tapa mollement son poing sur son poitrail.

Modifié par un utilisateur mardi 19 février 2013 14:46:30(UTC)  | Raison: Non indiquée

n bien beau rêve, telle était la pensée qui avait traversé l'esprit d'Aergnaeroka lorsque celle-ci avait débuté sa marche en arrière vers Heldren avec le dénommé Yuln. En effet, elle ne croisa pas âme qui vive et son dos la meurtrissait davantage à chacun de ses pas. Son trajet lui permit de mieux observé le nain, et elle déduisit de son accoutrement que celui-ci était versé dans les arts de la guerre. De plus, même si l'elfe ne voyait que le pommeau de l'épée longue qui ornait son flanc, elle devinait une lame élégante. Cela était néanmoins le cadet de ses soucis.

Deux heures avaient dû s'écouler lorsqu'Heldren fut enfin en vue. L'espoir allégeant le fardeau, la rôdeuse bénéficia d'un regain de force. Cela faisait plus d'une heure que Yuln n'avait pas prononcé un mot, et même s'il continuait à mettre un pied devant l'autre, Aergnaeroka sentait que son épaule était de plus en plus chargée.

Elle arriva enfin face aux premières maisons, suant à grosses gouttes et ressentant douloureusement les muscles son dos ainsi que la plante de ses pieds. Un homme découvrit le duo et écarquilla les yeux de stupeur devant les blessures du nain. Il courut en sens inverse et hurla à travers la ville :



« Un blessé... vite ! Allez chercher Natharen ! Natharen !? Natharen !? »



Tandis qu'il faisait cela, un autre homme sortit d'une maison qui, comparativement aux autres, avait les allures d'un manoir. Il se dirigea sans réfléchir vers le duo. Une fois à leur côté, il mit son épaule sous l'aisselle libre de Yuln, et soutint le nain du mieux qu'il put.


« Laissez moi vous aider. Nous allons l'amener au soigneur de la ville. Ne vous inquiétez pas, il ira bien. »

La suite des aventures d'Aergnaeroka se poursuit ici

Modifié par un utilisateur mercredi 20 février 2013 01:19:54(UTC)  | Raison: Non indiquée