La petite lune rouge était invisible et allait se remettre à croître tandis que sa grande sœur Inga décroissait au fur et à mesure qu’approchait l’Hudor. Le cœur de la saison chaude était enfin arrivé. Un vent chaud soufflait sur les prairies, faisant frémir les herbes hautes. Les cimes des arbres se laissaient bercer par les bourrasques chaudes descendues des montagnes de l’ouest. Le temps était chaud et humide. Le moindre effort faisait perler la sueur. On accueillait à bras ouverts les quelques éclats colériques de Saïos, après lesquels on connaissait un moment de répit de quelques jours où le temps était plus sec. Cela avait aussi pour effet de chasser momentanément les innombrables moustiques qui, à la recherche de sang frais, ne manquaient pas d’agresser tout un chacun. Les températures oscillaient autour de 30 degrés Celsius le jour avec un taux d’humidité atteignant les 80 % et ne descendaient que rarement en bas de 25 degrés la nuit.

Guilhem s’apprêtait à prendre la route le lendemain mais il n'était pas serein, les évènements récents avaient montré combien les alentours des collines de fer pouvaient être dangereux, aussi s'approcha t'il de la tente de son seigneur.
Ce dernier en était à la repue de midi terminant les reliefs d'un maigre repas, l'ordinaire n'était pas encore bien fameux mais Guilhem n'osa pas l'interrompre avant qu'il en ait fini.
Il resta ainsi à attendre quelques minutes le temps que le jeune Noble se lève de la table avant de lui adresser la parole.

« Messire Maëkar, je pars demain pour continuer mes explorations, au Nord pour commencer puis je rebouclerais sûrement sur la forêt de Lescaut pour le retour. Les travaux prévus me semblent bien partis et je me demandais si, avec votre accord, je pourrais emmener Lucie avec moi? Elle me semble bien connaître les voies de la forêt et me serait d'une grande aide comme elle l'a déjà été lors de nos dernières reconnaissances. Qu'en pensez vous?  »

Le jeune Forestier s'inclina devant son seigneur avec respect

« Je vous remercie pour votre confiance Messire, je vais de ce pas lui annoncer la nouvelle! »

Sur ce Guilhem partit prévenir la jeune Lucie de préparer ses affaires, ils partiraient le lendemain aux matines....

(date et itinéraire précis à voir avec notre MD unique et préféré! )

(HRP: tu tapes "conn" puis la barre espace puis "(nature)" , sans les guillemets et ça fonctionne !)

Les travaux allaient bon train au campement et les jours passaient, semblables les uns aux autres : chauds et humides. Pendant que le labour des champs se poursuivait sur la rive ouest de la rivière, la charpente de la première maison prenait forme. Guilhem et Lucie poussaient leurs explorations de plus en plus loin, avec la permission de leur seigneur.

Ils se nourrissaient en chemin des plantes comestibles qu’ils trouvaient sur leur passage. Au pied du plateau des lynx, ils découvrirent une large talle de fenouil dont la récolte serait aisée. Le plateau était aussi le repaire de nombreuses espèces d’oiseaux, qui nichait dans les hauteurs de la falaise qui en bordait le sud. Pour éviter tout risque Guilhem et Lucie préférèrent accéder aux hauteurs en contournant par l’est. Sur les pentes, ils repérèrent de nombreuses pistes de lynx, mais aussi de lièvres, de habbibit et de dindons sauvages. En tout cas, c’étaient les marques qu’avaient pu identifier Lucie et Guilhem parmi toutes celles qui s'y trouvaient... et il y en avait beaucoup, preuve que la région était particulièrement giboyeuse.

Une fois sur le plateau, Lucie fit remarquer que dans la plaine qui s’étendait au nord, on distinguait des pierres de bonnes tailles dont l’agencement semblait étrange. La petite avait de l'oeil, car les pierres étaient à quelques kilomètres plus au nord. Ils descendirent le flanc nord du plateau et filèrent en travers la plaine verdoyante. Ils arrivèrent en vue d'un cercle mégalithique d'une trentaine de mètres de diamètre formé de trente-deux monolithes. Ils remarquèrent qu'à une cinquantaine de mètres à l'est du cercle se trouvait l'entrée d'un hypogée grotte à fonction sépulcrale creusée par l'homme …

Lucie semblait tout aussi inquiète et indécise.

« Commençons par faire le tour du cercle de pierre pour l'inspecter. Mais sans rentrer dedans, par l'extérieur. » Lucie joignit le geste à la parole pour montrer son intention de faire un tour EXTERIEUR le plus complet possible. Elle avait l'oeil au aguets, craignant tout signe suspect dans la végétation : liane rampante, liane innocemment grimpé le long d'une pierre, arbuste à la silhouette trop humanoïde, buisson à la forme animal...

Lucie espérait convaincre ainsi Guilhem de faire au moins cette étape préliminaire avant de peut-être s'enfoncer sous la terre, dans l'hypogée.

Ils contournèrent l’ensemble rocheux. L’endroit était paisible. Le lieu était fréquenté, comme le fit valoir Lucie en désignant la torche éteinte qui était en place dans le porte-torche fixé à l’entrée de l’hypogée. Guilhem remarqua quant à lui des traces de pas dans les herbages. Il était difficile de déterminer ce qui avait marché là puisque le tapis d’herbe était épais et ne laissait pas entrevoir beaucoup de détail. La terre de la chambre funéraire pourrait sans doute lui en apprendre plus, mais encore fallait-il prendre le risque de s’aventurer jusque-là. Pour l’instant le jeune forestier et la fermière n’osaient toujours pas franchir la barrière symbolique des pierres. Guilhem pouvait affirmer en tout cas que c’était un groupe. Leurs pistes entraient et sortaient du cercle, mais il n’était pas possible de dire si les créatures étaient d’abord entrées puis sorties dans l’hypogée ou si c’était l’inverse.

***

Sire Grégoire avait quitté le camp très tôt le matin. Maekar l'avait regardé partir, en se demandant si lui-même reverrait un jour Shaus, ou même s'il en aurait envie. Antoine eut un étrange pressentiment ce matin-là. Il ressentait un danger qui guettait son seigneur. Il se leva d'un bond de son lit et enfila d'un trait son pantalon et sortit de la tente, pieds nus sans avoir fini de l'attacher.

Alors que le jeune seigneur retournait vers sa tente, une étrange brume se leva. Maekar porta la main à sa ceinture, trop de malheurs s'étaient produits ces derniers temps pour qu'il réagisse autrement, mais son arme n'y était pas... Lorsqu'il releva la tête, il vit le pan de sa tente s'écarter, tandis qu'en sortait un homme de forte stature.

Antoine aperçut Maekar qui se tenait devant sa tente. Le charpentier fut momentanément soulagé et ralentit le pas... jusqu'à ce qu'il réalise que son seigneur semblait absent, encore une fois. « Messire! », héla-t-il. Le jeune noble ne réagit pas. Antoine voulut s'approcher davantage, mais en fut incapable. Son corps refusait de bouger. Sa vue s'embrouillait tout autour de la scène. Seul Maekar apparaissait clairement... et la tente devant lui, oui, la tente. L'ombre qu'elle projetait était étrange, animée. Antoine fixa son attention sur elle.

Le colosse était au moins aussi grand que Maekar, ce qui était chose rare, armé d'un lourd gourdin et vêtu d'un casque en crâne d'ours et de peaux encore sanglantes qui, dégoulinantes, maculaient ses cuisses musculeuses. L'homme grogna en montrant les dents, semblable à une bête sauvage. Il était prêt à attaquer, Maekar pouvait sentir sa rage. Un frisson parcourut l'échine du jeune seigneur. Il tendit la main, pour attraper de quoi se défendre, n'importe quoi. La chose chargea, brandissant son arme. Maekar mit la main sur un objet métallique, froid... un bouclier...

D'un geste vif, il l'interposa entre lui et le colosse. Le gourdin percuta de plein fouet le bouclier. L'un et l'autre volèrent en éclat. Antoine vit l'ombre prendre la forme d'un géant qui s'apprêtait à frapper puis tout redevint normal. Antoine trébucha presque lorsqu'il reprit le contrôle de son corps.
Maekar releva la tête. La brume était disparue. Tout était calme...

(nota: on a fait le tour complet du cercle de pierres je pense, lequel fait 30 m de diamètre, l'entrée de l'hypogée est à l'est de ce cercle à une cinquantaine de mètres, donc on n'a pas à franchir les monolithes pour accéder aux abords de la grotte si j'ai bien compris non?)