badius touchait à sa fin et, avec lui, l'hiver commençait à quitter la Ceinture Verte. Au loin, les arbres de la forêt des Narlmarches commençaient à perdre leur chapeaux blancs et, ici et là, le dégel permettait aux caravanes, marchands et voyageurs, de se déplacer d'un endroit à un autre.

Outre l'attaque de "loups" sur le petit village au nord de l'Äé, aucun nouvel événement n'était venu perturber la vie à Pont-Épine. Les premières impressions d'Évan au sujet de l'alchimiste s'étaient rapidement confirmées pendant qu'ils avaient fait le tour de la ville ensemble : l'homme était un individu taciturne, intéressé avant tout par ses recherches et son travail. Malgré cela, l'halfling n'avait rien trouvé de particulièrement louche chez lui : c'était juste son caractère, un caractère renfermé qui semblait carrément contre-nature à l'halfling, mais pas forcément dangereux. Évan apprit tout de même que l'homme était intéressé par la région et par les nombreuses ressources qu'on pouvait y trouver pour son art, tout en regrettant toutefois qu'il soit si difficile de se procurer ces choses. Tout comme Erwanez, Évan fut persuadé que la promesse d'une future échoppe d'herboristerie ou d'alchimie à Pont-Épine pourrait grandement satisfaire l'individu et l'inciter à activer les recherches d'une cure pour le Kellide.

Avec la fin du mois d'Abadius et l'arrivée de Calistril, il fallait à nouveau songer aux projets à mettre en place à Pont-Épine et en Äé, ainsi qu'aux projets des gouverneurs si ceux-ci voulaient poursuivre l'exploration et continuer à étendre leur royaume.

Les livres qu'Erwanez avait commandés étaient arrivés de Restov. La prêtresse se rendit compte rapidement qu'ils contenaient bien moins d'information que ce qu'elle aurait voulu : l'histoire de la région était plutôt tourmentée ; la civilisation s'était étendue puis retirée de nombreuses fois, au fil des attaques de monstres et, même si l'église d'Érastil avait toujours tenté de conserver des rapports et des notes précises quant à l'évolution et aux œuvres des communautés qui s'y étaient développées, bon nombre de ces livres avaient sans doute été perdus ou détruits. Quant à ceux qui restaient, ils regorgeaient bien souvent de détails assez peu pertinents, parmi lesquelles la prêtresse allait devoir fouiller si elle voulait trouver des informations utiles… (Erwanez peut poser quelques questions plus ou moins générales puis lancer 1d20 par question pour voir si / ce qu'elle trouve comme informations à ce sujet)

D'autres avaient demandé des informations quant au développement des royaumes voisins… ils n'avaient pas pu en apprendre beaucoup sur ce qui se passait à l'ouest, sur les terres dirigées par le couple que certains des gouverneurs avaient eu l'occasion de rencontrer à Restov. Par contre, ils avaient reçu une missive de Varn, l'explorateur qu'ils avaient croisé quelques mois plus tôt lors d'un affrontement avec un ours-hibou, désormais le baron Varn, gouverneur des terres à l'est de l'Aë. Ce dernier les remerciait de leur intérêt et leur proposait une rencontre lorsque le climat serait devenu plus agréable, peut-être quand le printemps battrait son plein ou l'été poindrait.

Toutes ces choses, ainsi que la question fondamentale de que faire avec le Kellide s'il ne pouvait pas être guéri… et s'il pouvait être guéri, promettait de longues discussions lors du Conseil qui devait se dérouler bientôt.

Évan souhaitant aider Erwanez en attendant le conseil, et ne pouvant pour l'instant pas quitter la ville, décida d'aider la prêtresse.
Il essaya de rencontrer des colons qui venaient du sud, peut-être étaient-ils passés près du lac des Défenses et avaient-ils observé quelque chose d'inhabituel ou du moins particulier....


Entre deux enquêtes, il continuait de tester les recettes d'alcool de radis lunaire en prenant bien garde de ne pas faire coïncider ses dégustations avec ses séances d'entraînement de tir arcanique. En effet, La Gerboise maîtrisait de mieux en mieux l'énergie magique qui courait en lieu et projetait de plus en plus précisément des rayons électriques à sa plus grande joie et son plus grand émerveillement.

Andreï fit tout pour que le prisonnier soit bien soigné, même si la nuit, il était toujours enchaîné dans une des caves de la grande Maison d'Aë.
Pendant ces quelques jours avant le conseil, il entraîna ses maigres troupes avec l'aide de Miles.
Enfin le baron convoqua le conseil. Ils allaient parler du fortin, peut-être qu'il faudrait envisager de monter une garnison dans l'ancienne antre du Seigneur-Cerf, mais le lieu était encore maudit.

Gaëlan se rendit de bonne heure à la convocation du baron.
Il avait de nombreux documents remplis, noircis de chiffre. Il avait passé des semaines enfermés dans son laboratoire, mangeant à peine, utilisant des serviteurs pour effectués le plus de tâche possible. Il avait noté, calculé, inscrit, préparé, préconisé tout ce qu'il était possible de faire d'un point de vu financier pour les 7 ans à venir.

Sur ces pages noircis, on pouvait entre-autre voir des équations pour anticipé le prix du vin, le nombre de tête de bétail par habitant ou encore la consommation hebdomadaire du royaume en oeuf.

Il attendait son tour pour parler, les yeux rougis du manque de sommeil.

Comme le baron ne semblait pas vouloir prendre la parole, Andreï commença.

« Je crois qu'il est temps de faire une prison à Aë, nous ne pouvons pas laisser le loup garou dans les caves de ce bâtiment, indéfiniment. Il faudra aussi le juger. On attend de nous que nous fassions la justice. Et la justice ne peut pas être toujours clémente.
De plus les rapports qui viennent du fortin , où nous avons défait le bandit qui se faisait appeler le seigneur Cerf, sont des plus inquiétant, nous ne pouvons laisser ce lieu au main des mort-vivants, il faut trouver la solution pour lever la malédiction. Je pense que c'est la priorité.  »

Fin Abadius

Avec l'approche à la fois de la fin du mois d'Abadius et l'approche du printemps, il était temps de réunir le conseil d'Aë et de prendre les décisions qui s'imposaient pour le futur proche.

Dans un premier temps, les gouvernants tombèrent d'accord sur le fait d'étendre le territoire de l'Aë vers le nord, afin de rejoindre le réseau routier du Brévoy, ce qui ne manquerait pas de faciliter les futures communications et pourrait même permettre de garder le contact avec la patrie voisine pendant les hivers pas trop rudes. Milès fit remarquer que c'était une bonne chose que le royaume s'étende vers le nord. Il rappela le fait que certains avaient songé à établir une nouvelle ville près du gué où son oncle aventurier avait trouvé la mort et mentionna en passant le fait que, peut-être, les Léveton pourraient être intéressés par le fait de développer le fortin en une petite bourgade.

Le Conseiller Vekken Benzen fit remarquer que les terres en question étaient fertiles, et que le royaume qui croissait pourrait profiter de plus de sources de nourriture. Le Conseil décidé donc de préparer un convoi de matériaux de construction pour aider les colons qui le désiraient à établir de nouvelles fermes à cet endroit. Profitant du fait qu'il avait la parole, le rôdeur annonça que, selon les derniers rapports qu'il avait reçus, le problème des loups avait été réglé. La question de ce qui avait poussé toutes ces meutes à repartir vers le nord restait entier cependant…

Solish Frazdo, le Magistère, exprima son grand contentement à la suite de la décision suivante prise par le Conseil, à savoir la construction d'une bibliothèque qui pourrait servir également de lieu d'apprentissage et de culture aux jeunes de l'Aë. La Magistère accepta de s'occuper de gérer le budget consacré à cette décision à la fois pour la construction du bâtiment et pour la commande de divers manuscrits depuis le Brévoy, manuscrits parmi lesquels les divers tomes qu'Erwanez avait reçu récemment pourraient figurer en bonne place.

Ce fut ensuite Ianto qui prit la parole, pour annoncer un problème ayant touché les fermes au sud-est de Pont-Épine : suite à la rudesse de l'hiver et au fait que l'un des silos à grain contenant les réserves de nourriture avait été touché par la moisissure, les habitants du coin manquaient de nourriture. Selon les calculs et les prévisions de Ianto, les réserves des patelins du nord et de Pont-Épine étaient suffisantes pour que tout le monde puisse être nourri… si certains acceptaient de diminuer légèrement leur ration pour donner une partie des réserves aux patelins du sud-est.

Je vous laisse voir si vous voulez discuter d'autres sujets (visite des kobolds, rumeurs au sujet du fortin au sud, etc.)

Cette fois-ci, Erwanez sortit de ce conseil satisfaite des décisions qui y avaient été prises. En effet, Pont-Epine allait bientôt avoir une école et une bibliothèque. De plus, Oleg et Sveltana allaient peut-être aussi profiter de l'expansion, certes encore minime, du royaume d'Aë s'ils acceptaient de développer une bourgade ayant comme point de départ leur fortin. Il ne restait plus qu'à savoir s'ils auraient le temps de rendre visite au couple pour leur faire part de leur proposition ou si entre l'exploration et la gestion du royaume, ils devraient se contenter de leur écrire une lettre ou d'envoyer un représentant.

Toutefois, le problème soulevé par Ianto en ce qui concernait les fermes au sud-est de Pont-Épine, rappela à la prêtresse que le royaume était encore jeune et que de nombreuses installations manquaient encore pour assurer à la communauté d'Aë une vie meilleure, « L'absence de grenier se fait sentir mais fort heureusement, nous sommes à la fin de l'hiver. Cependant, je pense que si la population continue à croître, nous devrons d'ici l'hiver prochain commencer la construction d'un grenier à Pont-Epine pour éviter ce manque de nourriture qui aurait pu être bien plus critique que ce que nous devons subir aujourd'hui. »

Puis, Erwanez proposa, « Avec le retour du printemps, nous allons pouvoir continuer notre exploration des terres qui se trouvent au sud. Je pense que le fortin et le lac des Défenses sont deux lieux que nous ne devons pas négliger aussi bien pour y réhabiliter le fortin que pour exploiter les ressources du lac et de ses environs.  »

Gaëlan pris la parole.


Je pense que le bien-fondé d'une demande d’assistance pourrait être un bon moyen pour nous d’asseoir notre autorité en tant que gouvernement.

« Si Mère Erwanez bénis l’assistance et offre un sermon sur la solidarité entre les communautés et si notre bon baron arrive à adoucir les angles avec les plus râleurs, je pense que nous pourrions profité de cette situation tendu à notre avantage. Peut-être non pas en "volant" les récoltes des uns au profit des autres, mais en leur faisant penser que l'idée est leur et qu'ils se montrent généreux. Peut-être qu'avec une délégation qui pourrait rendre de l'humanité des villages nécessiteux, ils comprendraient que nous ne faisons pas de favoritisme, mais bien aidons à la survie du plus grand nombre.  »

Erwanez réfléchit quelques instants avant de proposer, « Cette... nouvelle ne va pas enchanter les colons surtout que l'hiver a été long et les loups ont été une menace qui les a déjà assez inquiétés comme ça... Je pense que nous pourrions d'abord faire un geste pour remonter le moral de tout le monde et annoncer la fin de l'hiver... Nous pourrions organiser une "petite" fête de la bière le 2 de ce mois, en fonction des réserves disponibles bien sûr. Cela permettrait à tout le monde de se réunir, de partager un moment et de renforcer les liens entre les habitants d'Aë. Dans toute communauté, ces liens sont indispensables car ils nous permettent d'admettre certains sacrifices que nous devons faire pour les autres. Et nous serons plus enclins à faire ces sacrifices si nous connaissons ceux qui en bénéficient. »