Abigail ne connaissait le vieux prêtre que depuis quelques secondes mais ce dernier était déjà parvenu à l'exaspérer avec ses questions. Elle lui répondit d'un ton plein de mérpis : «  Ma condition sociale ne vous regarde en rien à ce que je sache... Quant à vous, j'espère que vous ne faites pas partie de ces vieux curetons lubriques qui préfèrent la compagnie des petits garçons à celle des gens de leur âge... »

Je me permets de revenir un peu en arrière, Abigail n'avait pas eu l'occasion de répondre à la remarque de Yandros

ls étaient tous autour du feu de camp. Aergnaeroka, Elzékiel, Kalt et Delwin dormaient, tandis qu'Ortog et Akin avaient décidé de prendre le premier tour de garde à deux. Le deuxième nommé se disait le demi-frère du premier. Étant donné leurs dissemblances en terme d'apparence, il était sain d'en douter, mais le jeune homme avait semblé sincère. Il y avait ici un mystère à délier sans pour autant mettre en péril la mission que le groupe s'était vu attribuer. Que les deux compères discutent un peu trop, et les vinterørds se chargeraient de leur montrer leur erreur. Les aventuriers n'étaient après tout plus très loin du portail, et leurs ennemis ne devaient par conséquent pas être bien loin.

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Modifié par un utilisateur mercredi 29 janvier 2014 16:31:13(UTC)  | Raison: Non indiquée

Akin sourit faiblement au demi-orque.

« Comme je te l'ai dit, c'est une lettre de ma mère qui a révélé ces informations. Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de Rortungal, chasseur du Taldor, fidèle de Ketephys, dans la région. Ils se sont connus il y a de cela 25 ans, près des montagnes du bord du monde. Je ne l'ai moi-même pas rencontré : ils s'étaient séparés avant que je puisse en garder des souvenirs. Sa missive le décrit précisément et donne son âge Nous pourrions confronter ceci avec tes informations. Comment était-il ? A-t-il été un bon père, pour toi ? »

« Oh ... Je vois ... tu as dû bien souffrir, en effet. »

Akin avait en quelque sorte fait le deuil de son père depuis longtemps. Sa mère lui avait toujours dit qu'elle ne savait pas qui il était exactement, cherchant en réalité à esquiver le sujet à tout bout de champ. Cette histoire l'ennuyait au plus haut point, elle restait traumatisée, elle voulait passer à autre chose, pensa-t-il à l'époque. Il ne voulait pas la chagriner davantage en imposant des questions qui le minaient pourtant. Aussi, il avait fui dans son monde imaginaire, s'était imaginé un père tour à tour prince des voleurs, aussi riche qu'Abadar, vengeur masqué, défendant la veuve et l'orphelin, demi-dieu, fils de Néthys, ayant séduit sa mère, et bien d'autres avatars encore, le tout en fonction de l'époque et ses humeurs. Puis le testament était venu remettre cette vérité en cause. En ressuscitant la figure paternelle, il avait fait naître les doutes et la peur, il l'extirpait de son monde magique. Et cela nuisait grandement à son travail, à ses certitudes. C'était pour retrouver sa vie stable, construite sur une foi inébranlable, qu'il avait fait tout ce chemin.

Aussi, en apprenant la disparition de l'épouvantail paternel à l'instant, il se sentait soulagé. Il ne savait pas comment il aurait réagi, devant celui qu'il considérait encore au fond de lui comme l'auteur de toutes ses souffrances juvéniles. La mère d'Ortog, en agissant selon sa nature, l'avait délivré d'un fardeau. Il allait retrouver sa vie d'inquisiteur, son univers féerique. Il observa le demi-orque en face de lui. Encore que, cela peut même être mieux qu'avant ...

« Tu sais, envers un métis qui se croit leur égal, les nobles garundi peuvent aussi se montrer très sadiques et aussi inhumains que des orcs, j'imagine. Enfin, tout est relatif, je me doute. Mais j'ai l'impression que nous n'avons pas qu'une moitié de notre sang en commun ... mon frère. » Un sourire ironique se dessina sur son visage emmitouflé dans sa capuche de fourrure.

Akin doutait sur la raison divine de leurs retrouvailles. Pour lui, il n'avait suivi que la voix de la raison. L'enquête avait été méthodique et le résultat favorable. Mais il tût ses doutes et acquiesça.

« Oui, ce phénomène m'inquiète. S'il s'agit bien des sorcières de l'Irrisen derrière tout cela, il mérite toute mon attention. Elles ont une utilisation de la magie qui m'irrite grandement. Ceci dit, pourquoi s'intéresseraient-elles au Taldor ? Ou à ces bois ? Mystères. Bref, je vois que tu as été bien blessé, la journée a été rude. Notre tour de garde touche à sa fin, laisse-moi te soigner un peu, si tu veux bien. »

Il s'approcha d'Ortog avant de lui poser une main sur le bras. Le paladin sentit une énergie familière lui revigorer le corps.

« D'ailleurs, à ce propos, Kalt m'a soigné l'air de rien, tout à l'heure. C'est un sorcier ? »

Je vais lancer les jets sur le fil principal, peut-être ?

Akin réfléchit aux propos de son frère, rassemblant ses connaissances sur l'Irrisen et leurs poupées dans des cabanes notamment.

« Désolé, plus de magie de guérison pour cette nuit. Il faudra qu'elle attende demain matin. À propos de ton équipe, que peux-tu me dire sur leurs membres ? Êtes-vous unis ? Tout le monde participe convenablement à la réussite de l'objectif, pas de tire-au-flanc ? »

Le langage d'Akin semblait précis, adoptant facilement une connotation presque militaire. Sa voix, grave et richement timbrée, était aussi chaude que le désert d'où il venait.

« Tu t'étais associé à une sorcière de l'Irrisen ?! Je croyais les paladins plus exigeants sur le choix de leurs alliés, sans vouloir t'offenser. Elle vous a quitté pourquoi et pour aller où ? Ses intérêts divergeaient de ceux du groupe ? »

Visiblement, son intérêt pour ce qui touchait à la magie était manifeste.

Akin cligna des yeux, un instant désarçonné par les propos d'Ortog. Il rebroussa le chemin du temps quelques secondes en arrière et s'écouta parler.

« Oh ... Oui ... oui, bien sûr. Tu as raison, désolé. Je fais souvent cet effet-là. » Il haussa les épaules. « Dès que j'entends le mot sorcière, c'est comme si un masque d'inquisiteur de Néthys recouvrait mon visage et contrôlait mon esprit. »

Il soupira. « Mais ne te méprends pas. Je ne fais que me renseigner et n'accuse quiconque. L'opinion qu'ont les autres d'une personne aide à se forger la sienne, n'est-ce pas ? Il convient de séparer le bon grain de l'ivraie et de ne pas croire tous les ragots, bien sûr. Mais quelque part, les autres façonnent ton propre être autant que toi-même. N'aie crainte, j'apprendrai à connaître chacun à son rythme. En général, je ne juge que sur les actes, assez peu sur les paroles. » Il s'esclaffa soudain. «  Les sorcières de l'Irrisen devront juste se montrer un peu plus convaincantes que les autres quant à leur bonne volonté. »

Il sourit. « La peur peut être une alliée précieuse. Elle protège du danger. J'ai bien l'impression que ceux de notre espèce ne l'écoutent pas assez ! Regarde-nous. Nous voilà à la merci du froid, accablés de menaces permanentes. On ne sait pas ce que sera demain, sauf qu'on aura à lutter pour notre vie. »

Il poursuivit d'une voix plus sérieuse. « Cependant, je reste convaincu qu'il faut l'écarter car elle empêche aussi de se réaliser pleinement. Enfin, quoiqu'il en soit, je suis heureux que l'équipe se serre les coudes, dans des conditions aussi hostiles. Tu pourras dorénavant aussi compter sur moi, Ortog ! Les sorcières de l'Irrisen n'auront qu'à bien se tenir ! Enfin, celles qui usent de magie pour imposer leur esclavage aux autres ! »

C'est-à-dire toutes, à ma connaissance ...

L'osirien prit un air mutin. « Dis donc, me diras-tu un jour comment un faciès comme toi a pu devenir paladin ?! »

es esprits des aventuriers avaient bien des sujets auxquels penser : la mort d'Elzékiel, la compagnie d'un étrange nouveau venu et la Tour Pâle parmi tant d'autres. Leurs traîneaux filaient dans le vent glacé de ce terrible Royaume. Selon Nadya, il faudrait au groupe deux heures pour rejoindre la place forte de Nazhena. La Tour Pâle était comme un stalagmite géante sortie du sol pour transpercer cette lande perdue, et elle régnait sur une vaste plaine enneigée qui ne procurerait aucun abri à ceux qui osaient la prendre d'assaut.

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Modifié par un utilisateur jeudi 4 septembre 2014 20:59:58(UTC)  | Raison: Non indiquée

En route vers la Tour Pâle, Akin se démenait pour faire avancer le traîneau. Le froid n'était même plus un problème tant il s'activait. Mais dans les passages plus faciles, dès lors qu'il se reposait, il redevenait aussitôt un redoutable adversaire, profitant de la moindre ouverture pour agresser son corps en sueur. La présence des potions sur chaque soldat s'avérait judicieuse.

Le géant l'intriguait. Un lanceur de sorts d'une telle stature n'était pas commun. Et ses yeux ! À travers la fenêtre de la taverne, il avait déjà eu la chance de contempler ses pouvoirs en action : un spectacle fascinant. La façon dont il avait fracassé la chaise sur laquelle il était pourtant solidement lié, le garde qu'il avait tué à mains nues d'un seul coup, sa réaction emportée tout à l'heure, lorsqu'il jugeait que l'on ne s'activait pas suffisamment à son goût. Tout chez lui suggérait une sauvagerie primaire, une rage primitive. Sa magie serait bigrement fascinante à observer et étudier.

Son attention immédiate se tourna vers la conversation qui s'engageait. Il crut bon de préciser : « Néthys guide mon chemin. Et toi, quel est ton guide, colosse d'ébène aux yeux de serpent ? »

Modifié par un utilisateur vendredi 5 septembre 2014 14:43:45(UTC)  | Raison: Non indiquée