es neiges et les températures glaciales avaient progressivement relâché leur emprise sur le royaume de l'Äé dans les jours qui avaient suivi la rencontre au fortin en ruines, un peu comme si le départ des sœurs de Gyronna avait pu ramener un climat plus doux sur les territoires où la civilisation commençait à affirmer sa présence avec vigueur.

Les habiles gouvernants du royaume s'étaient arrangé pour que les récits des événements du fortin soient racontés à la population juste avant que les édits ne soient promulgués et proclamés. Ainsi, pour la plupart des habitants de l'Äé, ces nouvelles restrictions quant aux pratiques nécromantiques et à la sécurité des gouvernants semblaient quasiment couler de source. Naturellement, ici et là, certaines voix se firent entendre qui s'élevaient contre les édits mais ces courants d'opinions furent bien peu suivis, tant et si bien que le calme en même temps que les premiers signes du printemps.

Les angoisses des longues nuits sombres et froides, des hurlements de loups provenant de l'orée des Narlmarches, les craintes suite au rationnement de nourriture, tout cela avait disparu comme de maigres goutes d'eau bien incapables de résister aux premiers rayons d'un soleil qui regagnait en puissance.

Les gouverneurs profitèrent du fait que les routes étaient à nouveau facilement praticables pour repartir vers le fortin. Tôt ou tard, il faudrait en assurer la sécurité en organisant des patrouilles régulières si on voulait éviter que d'autres incongrus ne viennent s'y établir. L'endroit, aussi délabré fut-il allait peut-être pouvoir servir de base à une place-forte rénovée ; un château digne du royaume de l'Äé peut-être, ou une garnison militaire. Mais tout cela allait nécessiter bien du temps et des ressources. Le royaume avait survécu à son premier hiver, mais bien d'autres obstacles l'attendaient sans doute encore.

Les sœurs de Gyronna avaient été éconduites jusqu'à la frontière ouest, la frontière avec la baronnie voisine peut-être. Depuis la réunion à Restov où les gouverneurs avaient pu croiser les responsables des territoires voisins, ils n'avaient plus eu de nouvelles de ceux de l'ouest. Les relations avec le Varnhold, la baronnie du sieur Varn à l'est, avaient été un peu plus régulières mais rien de tout cela à l'ouest. Il fallait dire que le couple plutôt aigri et pédant croisé dans la maison communale de Restov n'avait peut-être pas laissé de très bons souvenirs aux gouvernants. Il fallait espérer que le bannissement des sœurs de Gyronna dans cette direction n'allait pas entraîner des conséquences fâcheuses...

Mais, pour le moment, le cœur était aux voyages et au bon temps. Les gouverneurs avaient décidé de profiter d'un court séjour au fortin encore en ruines pour effectuer un détour et reprendre un bout d'exploration avant de se rendre chez leurs alliés kobolds. Ils avaient reçu, par un porteur bien discret, une invitation de ces derniers les conviant à une sorte de repas dont ils ne savaient pas grand chose…

Aussi, à deux jours de la pleine lune, se retrouvaient-ils dans les terres vallonnées situées à l'est du fortin. Comme le terrain s'y prêtait, les gouverneurs avaient emmené avec eux des montures pour faciliter leurs déplacements et porter leurs réserves. Allister avait pu ressortir ses brouillons de carte et sa plume pour cartographier la région. Ils disposaient désormais d'une certaine expérience et c'était sous un autre œil que certains observaient le paysage : certains y voyaient des plaines riches où les cultures pourraient nourrir la population du royaume ; d'autres y repéraient les lieux les plus propices pour y établir des tours de guet ou des avant-postes de protection ; d'autres encore s'intéressaient plutôt aux meilleurs emplacements pour positionner des villages et des villes qui pourraient être facilement reliées au réseau routier existant.

Et c'est ainsi que, pour la première fois depuis un bon moment, à la tombée de la nuit, les aventuriers se retrouvèrent seuls autour d'un feu de camp, entourés par de vastes territoires plongés dans l'obscurité.

Modifié par un utilisateur mardi 3 septembre 2013 19:59:53(UTC)  | Raison: Non indiquée

C'est avec un plaisir non dissimulé que La Gerboise quitta Pont-Épine pour aller explorer les frontières d'Aë. Loin des édits et des complots politiques, il retrouva la nature et les espaces qu'il avait appris à aimer.

Il fit de son mieux pour préparer un bon repas pour le dîner. Quand il eut finit de manger, enfin ... entre deux repas rapprochés de halfelin, il s'allongea sur le dos, les pieds réchauffés par le feu, et les yeux dans les étoiles, scrutant les constellations de Golarion.

Lorsqu'Erwanez posa sa question, il répondit :
« Grave, je ne sais pas... les kobolds sont capables de nous avoir invités pour nous faire passer à la casserole lors d'un rituel à la plein lune ! J'ai quand même du mal à penser que de telles tribus ne soient pas animées d'intentions agressives... Quand on entend ce que leurs congénères font aux gnomes et aux halfelins, je ne suis pas pressé d'assister à leur fête... Du coup, ne m'en voulez pas mais je n'ai pas prévu de cadeau diplomatique pour leur chef... d'ailleurs je ne vois pas ce qui aurait pu lui faire plaisir... »

Modifié par un utilisateur mercredi 4 septembre 2013 14:43:19(UTC)  | Raison: Non indiquée

Les explorateurs avaient prévu de passer deux journées à visiter la zone afin de pouvoir en dresser une carte assez précise. La première journée se déroula sans aucune embûche, de même que la soirée, ce qui leur laissa le temps de s'interroger sur la raison pour laquelle les kobolds les avaient conviés à un repas. Fallait-il y voir une quelconque traîtrise ? Valait-il mieux se méfier des petits écailleux ? Après tout, ces derniers n'étaient pas vraiment connus pour leur loyauté envers les humains… mais, aux dernières nouvelles, Delavilla n'avait reporté aucun signe pouvant susciter la méfiance.

Au cours de la seconde journée, ils croisèrent un petit groupe de fermiers qui provenaient d'un village d'Äé situé quelques kilomètres plus au nord. Ces derniers se montrèrent d'abord prudents… après tout, quelques mois plus tôt encore, des bandits rôdaient dans la région, mais ils furent rassurés lorsqu'ils se rendirent compte que ces étranges voyageurs qui se présentaient comme les gouvernants de l'Äé correspondaient en effet aux descriptions qu'ils avaient entendues.

Profitant de la rencontre pour faire une pause, le plus âgé des fermiers expliqua qu'ils étaient venus ici pour essayer de capturer des chevaux sauvages : avant l'hiver, l'un d'eux en avaient aperçus plusieurs dans le coin et, maintenant que les neiges avaient fondu, ils avaient fait le voyage pour tenter d'en ramener quelques-uns vers leur village. Malheureusement, ils avaient fait bredouille : ils tournaient dans le coin depuis deux jours, sans avoir vu quoi quelque équidé que ce soit et ils étaient désormais sur le chemin du retour.

Avant de quitter les aventuriers, ils les mirent en garde contre une meute de loups qu'ils avaient aperçus un peu plus loin à l'est, un meute menée par un loup quasiment aussi gros qu'un cheval. À cette dernière remarque, l'un des fermiers interjeta que ça ne l'étonnerait pas si ces loups étaient la raison pour laquelle ils n'avaient pas pu retrouver les chevaux.

Visiblement, malgré la politique d'extermination mise en place au début de l'hiver, certaines meutes avaient survécu. Ce n'était sans doute pas très étonnant, vu que la plupart des trappeurs avaient concentré leurs efforts du coté de la forêt des Narlmarches plutôt que dans les plaines de l'est et du sud, où peu d'accidents causés par des loups avaient été rapportés.

Andreï avait quitté, le fortin après avoir laissé des hommes là-bas. On ne pouvait pas laisser le fortin vide, à chaque fois des problèmes étaient arrivés. Il s'était aussi occupé de renforcer les chaînes du prisonnier qu'il avait dans leur cave, il avait aussi fait renforcer la porte. La pleine lune allait bientôt faire son retour.

Il ne parla pas beaucoup le soir autour du feu, mais il écouta attentivement le récit des paysans, il y avait aussi des loup dans le coin, arriverait-il à se débarrasser de cette nuisance, dans tout les cas il aurait bientôt une nouvelle peau de loup, pour aller de paire avec celle qui portait maintenant sur son armure.

Surprise par la proposition d'Evan et se reprochant ensuite de ne pas y avoir pensé, Erwanez proposa, « Effectivement, si d'ici demain les traces risquent d'être difficiles à suivre, faire deux groupes peut être une bonne idée. Si on fait deux groupes, je dis bien si nous décidons d'agir ainsi, je me propose pour aller avec Evan et Aelaendlara. » La prêtresse regarda alors ses autres compagnons attendant leur réponse.

Aelaendlara était assez d'accord avec les propos de Gaëlan et en fit la remarque.

Aller chercher le danger loin de la Baronnie n'était guère utile à celle ci si les territoires proches avaient encore en leurs seins des dangers susceptibles de venir menacer le royaume. Et les finances du royaumes n'étant pas au plus beau, peut être fallait il pour l'année qui allait venir se concentrer sur une extension vers les pleines du nord qui semblaient favorable pour l'agriculture.

Le moins de nourriture à acheter en Rostov, le mieux les finances se porteraient.

Concernant les loups, Aelaendlara bien sur quelques inquiétudes sur ce que pourrait donner une rencontre entre Neige et ses congénères plus sauvages.

La description qui en avait été donnée semblait bien sur exagérée, mais si proche de la Baronnie, il fallait être prudent, aussi elle fit particulièrement attention aux traces rencontrées lors de la suite leur périple.

Modifié par un utilisateur samedi 7 septembre 2013 19:07:09(UTC)  | Raison: Non indiquée

Après avoir passé l'après-midi avec Aelaendlara, Evan et Neige à la recherche de la meute de loups, Erwanez fut bien heureuse de retrouver ses compagnons et d'approcher du regroupement de fermes où ils pourraient passer la nuit. La prêtresse remercia les paysans et essaya de leur apporter de l'aide en leur prodiguant des soins ou peut-être en réparant un objet cassé. Juste avant le repas du soir, elle fit une bénédiction pour remercier leurs hôtes de les accueillir. Puis, alors que la soirée avançait et qu'elle se retrouvait seule avec ses compagnons, elle demanda, « Cette meute de loups constitue une menace que nous ne pouvons négliger... J'ai bien peur qu'il ne faille éliminer tous les individus... ou peut-être qu'éliminer le grand loup devrait suffire ? Peut-être que nous pourrions nous en occuper après notre visite chez les kobolds ? »

Après une nuit passée dans les chambres des fermiers, qui avaient déménagé jusque dans leur grange pour l'occasion, laissant les endroits les plus confortables aux dirigeants de l'Äé, le groupe se remit en marche vers le nord, dans la direction du repaire des kobolds. Le trajet fut relativement calme et prit la majeure partie de la journée, de sorte qu'ils arrivèrent sur place en fin d'après-midi.

Ils furent accueillis par un autre kobold qu'Écailles-de-Suie, qui s'adressa à eux dans un commun un peu approximatif. Apparemment, les relations établies par Delavilla avaient porté leurs fruits, si certains des kobolds s'étaient mis à apprendre le commun. Le guide proposa de les conduire jusqu'aux chambres qui avaient été préparées pour eux, dans une annexe construite en-dehors de la mine, sous la forme d'un sorte de cabane en bois.

Chemin faisant, le groupe passa devant l'entrée qui menait vers l'antre souterrains des kobolds. Cette entrée aussi avait été modifiée : les kobolds avaient creusé un passage bien plus grand qu'à l'origine... peut être fallait-il y voir une marque de respect envers leurs invités de taille humaine mais, le moins qu'on puisse dire, était qu'ils n'avaient pas vraiment eu le compas dans l'œil et qu'ils avaient vu un peu grand.

La cabane en elle-même avait été clairement construite sous la direction d'architectes humains : les angles en étaient parfaits et le toit, bien ajusté. L'ameublement intérieur, par contre… était visiblement de facture plus… kobolde. Les matelas étaient faits de patchworks de morceaux de tissus rembourrés d'herbes diverses qui n'étaient sans doute pas tout à fait cueillies de la veille. Sur ces matelas "de campagne", on avait placé des draps qui portaient encore, ici et là, quelques taches difficilement identifiables.

Il sembla à Évan, éternel optimiste, que tuer un énorme loup serait plus facile que d'éradiquer sa meute. Il acquiesça donc aux paroles d'Erwanez et d'Aelaendlara.

Arrivé au village kobold, il scruta tout autour de lui, cherchant quelques détails anormaux, toujours aussi surpris de l'effort que fournissaient les humanoïdes reptiliens.
Que la cabane soit modeste ne gênât pas La Gerboise, car il y avait à peine un an qu'il avait quitté sa bicoque au toit troué...
Par contre, le souvenir de l'incursion nocturne du kobold messager dans la chambre du baron lui trainait dans la tête.
Tout crépitant, il observa son environnement pour organiser la surveillance de nuit. Il profiterait aussi des palabres du soir, pour observer la tribu quand leur chef serait occupé avec Allister.

Aelaendlara avait conservé ses anciennes suspicions envers tous les bipèdes à écailles, même si elle devait admettre que ceux ci faisait un effort pour se faire accepter par leurs voisins - plus ou moins - humains.

Aussi c'est avec une prudente curiosité qu'elle attendit qu'Écailles-de-Suie leurs révèle la raison pour laquelle il avait souhaité leurs présences en ces lieux.