« Jeg kunne spise en dverg stykke. Kan du sette min tryllestav? »*
Nouvel essai : « kan du erte meg ballen dverg? »*

À la première phrase, tous ceux parlant le scalde s'était arrêté de manger, avant de sourire largement. Sa nouvelle tentative déclencha l'hilarité générale. Il se renfrogna. Visiblement, son apprentissage de l'idiome local, si rustre par rapport à la langue fluide de ses ancêtres, n'était pas encore achevé ... « Hum ! Glandes de scorpion! Bon, quelqu'un peut-il me filer le pain ?! » Mais le rire des enfants finit par l'entraîner dans leur sillage.

Les quelques jours passés chez la famille de Nadya furent un vrai bonheur. Les livres ramenés de la bibliothèque de la Tour Pâle, aux sujets qu'il avait choisis variés, s'avéraient intéressants et il s'y plongea avec délectation et concentration. Happé par ses études, il pouvait sauter un repas, perdu dans le déchiffrement d'un passage plus ardu. Parfois, on l'entendait parler bizarrement, avant de s'apercevoir qu'il s'agissait de scalde horriblement déformé. Mais ses progrès étaient certains, surtout grâce à l'aide appréciable de ses hôtes.

La plupart de ses camarades semblaient plonger dans la lecture, tout comme lui. De ce fait, il se demanda si les ouvrages eux-mêmes n'étaient pas maudits, obligeant chacun à s'y perdre indéfiniment. Heureusement, Xoran était toujours aussi grognon et n'avait pas perdu l'appétit, donc tout allait bien. Il remarqua surtout Kalt penché sur des grimoires qu'il n'avait pas remarqués jusqu'alors. Piqué par l'aiguillon d'une curiosité tenace, il saisit une opportunité où le nain était disponible, pour lui demander des précisions sur leur nature. Après tout, il avait lui-même proposer de le guider sur l'étude profane de la magie. Peut-être ces ouvrages pourraient-ils le soutenir dans cette démarche.

*"Je mangerais bien un morceau de nain. Pouvez-vous m'enfiler la baguette ?" puis "peux-tu m'asticoter la boule du nain ?"

« J'avais moi-même songé à acheter ce ceinturon. Renforcer sa robustesse dans ce pays exigeant physiquement n'est pas du luxe. Bon, je ne suis pas sûr que les achats en faveur de cette tête brûlée inconséquente soient un bon investissement. » Il soupira, l'air las. « Mais il est vrai qu'il en a bien besoin. Et cela nous évitera peut-être d'avoir à le soigner en permanence ... »

Il sourit en adressant un clin d'œil à son frère.

Xoran, la bouche pleine, cessa de mastiquer lorsqu'Ortog proposa de lui acheter le ceinturon magique, et resta ainsi figé tandis que chacun lui témoignait de la commisération. Il n'eut même pas envie d'enfoncer les dents de l'osirien dans l'épais bois de la table à manger. Il dévisageait tout à tour les intervenants, ses yeux de serpents écarquillés, un filet de yaourt lui coulant sur le menton.

Lorsque Jairess eut fini de parler, sa peau d'ébène avait viré au cramoisi et certains purent remarquer l'humidité soudaine de ses yeux qui traduisait une intense émotion. « Je... » Commença-t-il en essayant d'avaler l'énorme morceau de poisson qu'il avait oublié de mâcher, « vous feriez vraiment cela pour moi ? Je veux dire... Pardonnez-moi, je n'ai pas l'habitude que l'on me témoigne de la considération. Alors que vous vous cotisiez pour moi, c'est... Je ne sais que dire... », dit-il en baissant la tête.

Dans une maladroite tentative pour reprendre contenance, il s'essuya le mention de l'avant bras, se passa la main sur les yeux et prit une grande inspiration. Le masque de défiance farouche qu'il portait en permanence s'était complètement fissuré. Il regarda Jairess intensément avant de répondre : « à toi, je puis cependant dire ceci : bien sûr, j'accepte volontiers ton aide et t'en remercie, même s'il y a peu de chances que cela marche. Mais je t'en prie, ne soyons pas des étrangers l'un pour l'autre et tutoyons-nous. Le "vous" n'existe pas en shoanti pour désigner une seule personne, et son utilisation m'est difficile. Mais surtout, lorsque je t'ai rencontré pour la première fois, dans la tour, j'avais dans l'idée de te coller de l'acier dans le corps. Aujourd'hui, le cavalier noir nous a réunis, et j'ai vu ta vaillance et ta bonté. C'est avec joie que je m'interposerai entre toi et tous ceux qui pourraient te vouloir du mal. Que les dieux aient pitié de ces fous, car ils me trouveront sur leur chemin ! » Conclut-il sur un ton solennel et exalté.

Con 6, PV -12, Vig -3

Modifié par un utilisateur lundi 25 mai 2015 23:09:33(UTC)  | Raison: Non indiquée

Ortog sourit aussi, amusé par ce barbare ignorant de ce que peut être l'amitié. « Je te l'ai dit ! Nous ne sommes pas des commerçants, mais une groupe qui doit se serrer les coudes pour réussir une mission très délicate. »

Puis, il rebondit sur la dernière phrase de Jairess. « Çà va être en effet un problème Jairess ! N'importe qui dans ce pays t'identifie-t-il comme une sorcière ? Et les autres sorcières, te reconnaissent-elles en te voyant ? Si tel est le cas, il faudrait que tu te déguises ou te dissimule le visage pour t'éviter de focaliser sur toi toutes les haines de celles que nous allons rencontrer ! »

BM privée. Marcher dans la neige.

Modifié par un utilisateur mercredi 27 mai 2015 21:44:48(UTC)  | Raison: Non indiquée

Jairess eut un mouvement de surprise en entendant la question d'Ortog. « Je... Il doit y avoir un malentendu, je ne suis pas une sorcière... Puisque nous sommes amenés à voyager ensemble, je pense qu'il est utile que chacun connaisse les forces et les limitations de ma magie, n'est-ce pas?

C'est une longue histoire, aussi je vous ferai grâce des détails...J'ai été élevée par ma tante pour devenir une sorcière, rejoignant très jeune un convent - un cercle de sorcières si vous préférez - ainsi que ma jumelle Kalhia. Contrairement à ma sœur, je n'ai développé aucun talent pour la sorcellerie et je me dis parfois que ma fuite loin du cercle a peut-être épargné à mes instructrices la tâche de me renvoyer, même si j'imagine que ce n'est pas cela qui les aurait empêchées de dormir.

Bref, c'est pour convaincre Kalhia de me suivre au chevet de notre mère que je me suis rendue à la Tour Pâle. J'ai longtemps voyagé pour retrouver cette dernière. Et c'est dans la congrégation dont elle faisait partie, dédiée à Gozreh, que j'ai appris à écouter pleinement les forces qui guident ma magie.

J'ai découvert que j'étais ce que beaucoup appellent une oracle. C'est de Gozreh que je tiens mes pouvoirs mais ils me sont insufflés à travers la force du vent. C'est du moins ainsi que je le perçois. Mon fardeau - et il paraît que chaque oracle en a un - est d'être incapable de comprendre les langages que nous pratiquons habituellement lorsque la peur m'assaille, chose qu'il vous est utile de savoir puisque nous allons voyager ensemble... Lorsque le combat fait rage autour de moi, et que ma mortalité m'apparaît plus clairement qu'à l'accoutumée, il ne m'est possible de comprendre et de parler qu'en céleste. Les vents tourbillonnent autour de moi et transforment tout autre idiome en un charabia improbable. Il paraît que les oracles qui servent suffisamment bien leur idéal arrivent à tirer avantage de leur fardeau. J'espère que ce sera un jour mon cas mais je crains que mon passage à la Tour Pâle ne m'ait écarté de ma voie...

Par ailleurs, j'ai appris auprès d'un chaman de la congrégation à créer un lien avec le monde des esprits, qui ont la bonté de m'accorder certaines capacités temporaires si je leur consacre un peu de mon temps...

Vous voyez... Tout cela n'a rien à voir avec de la sorcellerie. La seule chose à craindre est que certains croient voir Kalhia en moi et je ne saurais dire si elle était connue hors des murs de la Tour. Et puis qui sait, peut-être pourrais-je un jour tirer profit de cette apparence si certains de nos ennemis me prennent pour ma sœur. Il ne me reste qu'à espérer que cela sera plus souvent vrai que l'alternative... »

« Kalhia peut être vue comme... une sorte de lieutenant de Nazhena. Elle l'a en effet accompagnée. » Jairess se tourna ensuite vers chacun tour à tour. « Écoutez, je ne vais pas vous mentir, je n'ai pas la moindre envie de me confronter à ma sœur de manière violente. Mais je dois me faire une raison. Les semaines passées m'ont montré que seul une partie de notre enfance et notre sang nous relient. Je ne pense même pas que Kalhia aurait des remords à m'ôter la vie si elle le devait. J'ai simplement encore besoin d'un peu de temps pour faire le deuil de ma jumelle, car c'est de cela qu'il s'agit. Nous avons un long voyage devant nous, je mettrai ce temps à profit pour me préparer au pire. »

Akin avait écouté avec attention le discours de Jairess. Elle lui paraissait sincère, et il s'y connaissait en tragédie familiale. D'ailleurs, il semblait que tous les membres du groupe partageaient cette amère expérience. Quoi qu'il en soit, la jeune femme si troublante se montrait déterminée.

Mais c'est Xoran qui le surprit. Alors qu'il s'apprêtait lui-même à interroger l'oracle sur sa sœur, l'homme-serpent le devança. D'abord, il avait manifesté une autre émotion que la colère ou le mépris, abandonnant sa faconde bravache. Puis il avait fait preuve d'empathie à l'égard de Jairess. Le sauvage se révélait-il plus sage que prévu ?

il interpella son frère, histoire de détendre l'atmosphère. « Hé ! Les tiens ne sont pas tous comme ce à quoi tu fais allusion ! Ceci dit, tu me rassures. »

Aux propos du paladin, un large sourire illumina son visage, alors qu'il s'esclaffait bruyamment. Mais son attitude se figea progressivement, avant que son visage ne se ferme à son tour. Akin leva un sourcil interrogateur. Puis son menton se redressa, le regard sombre.

« Pfff ! Tu as un humour qui me rend ... vert. »

Vexé comme un poux, le fier osirianais retourna à ses études.