Glorio Arkona laissa parler les aventuriers les uns après les autres sans les interrompre. Puis, quand Arlandeth sembla avoir terminé, il reprit la parole. « En ce qui concerne la forme de notre contrat, cela ne m'importe guère. Je suis persuadé que nous sommes tous des gens de parole ; aucun document ne sera nécessaire… De toutes façons, vu qu'il nous est pour l'instant impossible de demander l'aide d'un prêtre d'Abadar pour certifier notre arrangement, nous n'avons pas d'autre choix me semble-t-il. »

Puis il lança rhétoriquement « Est-ce une question de manipulation ? Bien sûr... quel contrat ne se résume pas à de la manipulation ? Ne s'agit-il pas chaque fois d'obtenir quelque chose de désiré en promettant à l'autre parti quelque chose qu'elle désire ? Vous, tout comme moi, serions bien stupides de perdre du temps à mettre sur pied un contrat où nous ne gagnerions rien… »

Il se tourna vers Théobald et ajouta « Lorsque les deux individus que vous recherchez se sont présentés ici, je me suis arrangé pour qu'ils soient conduits en un lieu sûr. J'ai également donné des ordres pour qu'il ne soit fait aucun mal au premier. Si je pensais pouvoir agir de même avec vous sans prendre de risque, je l'aurais fait… et vous vous retrouveriez sans doute aux côtés de ceux que vous recherchez. Mais je suis bien conscient que ce n'est pas le cas. Aussi, oui, je l'avoue, un arrangement est la solution qui me semble la plus profitable. Je serais un bien piètre patriarche pour la maison Arkona si je n'agissais pas de la sorte ! Dans ce cas-là, je mériterais même sans aucun doute d'être démis et remplacé… »

Il continua à fixer l'inquisiteur pendant quelques longues secondes avant d'enfin se tourner vers le prêter de Sarenrae. « Je ne sais pas si le futur nous réserve des négociations avec la Reine… d'après les récents événements et la tragique mort du commandant Endrin, celle-ci semble disposer de ressources personnelles cachées. Et dire que la noblesse de Korvosa la considérait comme une simple écervelée issue du Chéliax… je me demande ce qu'ils ont bien pu penser lorsqu'ils l'ont vue attrapper le carreau au vol avant de la plonger dans le crâne du commandant. Certaines révélations ont l'art de bousculer même les plans les plus méticuleux… »

« Y aura-t-il des négociations ? Ou s'agira-t-il de prendre les armes contre des Vierges grises avides de sang ? Seule Desna le sait… pour l'immédiat, je ne peux que me positionner — et positionner la maison Arkona — du mieux possible pour un avenir incertain. »

Glorio Arkona fronça les sourcils et attendit quelques secondes avant de reprendre la parole. « Bien entendu, ils ne sont pas ici de leur pleine volonté. Comme je vous l'ai dit, je me dois de positionner ma famille aussi favorablement que possible quelle que soit la manière dont les choses évoluent. Disposer du maître de Château Korvosa est clairement un atout dans ce petit jeu… quant au maître-épéiste… en effet, il a moins de valeur et sa survie est sans doute moins primordiale. »

Il fit un geste de la main et précisa « Mais je peux me contenter, dans un premier temps, de vous assister dans l'acheminement de certains biens vers l'île, ainsi que dans la distribution de ces biens aux habitants. »

« Sachez tout simplement que je peux vous aider à accéder à ces deux personnes… mais qu'il est également possible que cette décision ne soit pas bien perçue par tous les membres de ma famille. Certains chercheront peut-être à placer des obstacles sur votre chemin. Et, naturellement, personne ne pourra vous en vouloir si vous agissez en légitime défense… »

Abbaër bien décrypté les dires de Glorio, si ce n'était que les deux hommes qu'ils recherchaient n'étaient pas tombés aux mains d'un groupe annexe ou même repris par les Mantes rouges. Non ils étaient toujours aux mains de la famille Arkona, mais ce qu'il fallait donc retenir et que Théobald avait réussi à percevoir c'était que l'opposition qui était faite au patriarche se trouvait dans sa propre Maison. Le chaos général devait titiller certaines personnes dans son clan qui voyaient peut-être là un moyen de l'éliminer pour prendre sa place, peut-être en utilisant le sénéchal et en cherchant l'appui de la reine. Ce qui était certain comme le soulignait le défenseur de la justice, c'était qu'ils étaient en danger de mort et Vencarlo plus que Néolandus. Il ne fallait plus attendre pour agir s'ils ne voulaient pas en récupérer un sur les deux. La présence des deux prisonniers avaient semé le trouble et les dissensions au sein de la maison Arkona certainement quand à la manière dont il fallait utiliser les informations qu'ils pouvaient dévoiler. A l'évidence, Glorio, était lui pour la neutralité. Attendre et voir venir. Il ne voulait pas s'encombrer d'un paquet aussi dangereux.

Il allait donc donner des ordres pour que le groupe puisse voir leurs alliés et il verrait alors si certains s'opposaient à lui ouvertement dans son clan. Il n'aurait même pas besoin de se salir les mains les défenseurs de Korvosa le ferait pour lui. Les aventuriers n'auraient pas rien sans rien, il faudrait faire couler le sang et il serait sans doute affaiblis à la fin des combats... Il deviendra alors des proies faciles pour Glorio. Abbaër ne s'attendait pas à ce que le noble devienne un allié et il était évident que s'ils voyaient l'opportunité d'avoir le beurre et l'argent du beurre alors il éliminerait tous ses opposants puis le groupe pour garder le bénéfice de présence du Sénéchal. Le nain ne lui faisait pas confiance, pas du tout même mais il avaient besoin de lui pour qu'il révèle l'endroit où étaient détenus les prisonniers.

Sans évoquer son appréhension et ses craintes il ajouta : « C'est bon pour moi ! »

Glorio Arkona se contenta de hocher la tête avant de lancer sur un ton qui se voulait légèrement plus pincé que précédemment. « Excellent. Je vois que nous nous sommes parfaitement compris. » Pour la première fois, dans son ton, le patriarche de la maison des Arkona laissa paraître un sentiment : une pointe de colère ou de rage peut-être due au fait d'avoir été poussé au fil de la conversation jusqu'à rendre apparents ses véritables motivations ?

Bien sûr, il restait une autre explication : sa colère était feinte et il ne s'agissait là que d'une n-ième manipulation subtile pour éviter que ses interlocuteurs n'aillent chercher plus loin…

« En ce qui me concerne, » ajouta-t-il, « les détails pourront se régler par la suite, avec ce… Fergus dont vous m'avez parlé. Avez-vous laissé des instructions sur place avant de venir ou devez-vous retourner là-bas pour leur préciser les termes de notre arrangement ? »

« Bien… » répondit simplement Glorio Arkona avant d'indiquer « Les deux individus que vous recherchez ne sont en fait pas très loin… ils se trouvent en-dessous du domaine Arkona. Sous la surface se trouve un… complexe aux utilités multiples, un endroit pratique lorsqu'il s'agit de se débarrasser d'individus gênants, ou de simplement les mettre à l'écart… entre autres. »

« Vous pourrez y accéder via un passage secret situé dans la cour intérieure de ce bâtiment. Vous avez sans doute aperçu la statue géante d'éléphant ? C'est là que l'entrée se trouve… »

« Je vous propose d'écrire un mot d'introduction, que mes hommes pourront remettre à votre alchimiste. Une fois que cela sera fait, je m'arrangerai pour que vous donner discrètement accès à ce passage secret. Cela vous convient-il ? »

Abbaër n'avait pas le matériel pour écrire. Il avait déjà vu le corbeau de métal s'envoler mais il pensait que la magie lui faisait comprendre les messages que l'inquisiteur lui transmettait mais ce n'était pas le cas il se contentait d'aller et venir jusqu'à des endroits. Il attendit de sortir de l'étuve pour pouvoir adresser cette missive à Fergus et aussi qu'on lui fournisse plume de l'encre et du parchemin. Le message serait simple : "Suite à l'accord prévu les hommes de l'illustre Glorio Arkona viendront aider les volontaires à rétablir l'ordre sur l'île. Tu pourras leur donner la liste des ingrédients nécessaires à la fabrication du remède. Nous partons récupérer Vencarlo et le sénéchal, dans les souterrains sous la villa, qui sont aux mains d'un membre de la famille réfractaire aux ordres de notre hôte."

Ceux qu'ils recherchaient se trouvaient donc ici, sous la villa mais le complexe souterrain devait être énorme, en tout cas beaucoup plus grand que les quelques caves et cavernes que le nain avait imaginé. Si un membre des Arkonas pouvait aller si réfugier pour échapper à la colère du patriarche, cela voulait dire qu'il y avait un véritable labyrinthe sous leurs pieds. Cela ne l'étonnait qu'à moitié. Ce qui l'ennuyait un tant soi peu c'était de devoir envoyer son message et peut-être se jeter dans un piège qui permettrait à Glorio d'avoir le beurre et l'argent du beurre. Abbaër le savait ils n'avaient pas vraiment le choix, ils allaient se laisser enfermer dans un endroit dangereux mais il espérait pouvoir négocier leur survie avec un autre membre de la famille noble pour pouvoir se tirer de ce mauvais pas si tout ne se passait pas comme il le voulait. S'il le fallait il était prêt à promettre la place de Glorio pour arriver à ses fins. On en était pas encore là...

Modifié par un utilisateur mercredi 1 avril 2015 10:47:30(UTC)  | Raison: Non indiquée

L'inquisiteur fit un tour d'horizon de la pièce, puis se rapprocha du nain. « Il faudrait que tu rédiges deux notes, une qu'on va attacher au corbeau, et une autre que tu donneras au doyen! »

Détection de la magie dans toute la pièce.

Dalvyn, y a t'il des fenêtres? L'idée est de faire partir le corbeau maintenant de manière à peut être le récupérer avant de rentrer dans les souterrains.

Abbaër avait bien entendu mais il lui faudrait être discret pour effectuer deux écrits sans savoir si une fois encore le groupe pouvait être espionné d'une autre pièce par un moyen magique comme l'avait remarqué Kar'Uz dans le bureau la dernière fois. Le nain adressa un regard au sorcier shaman et fi un signe du doigt qu'il fit tourner tout en regardant en l'air histoire de lui signifier clairement s'il pouvait tenter quelque chose et s'il y avait un moyen de scrutation où se trouvait-il pour qu'il puisse se mettre à l'abri de ce regard indiscret.

En attendant que le shoanti fasse la vérification, sans mot dire, Abbaër rédigea l'écrit en notant ce qu'il avait prévu. S'il avait le temps d'écrire une autre note. Il prendrait les recommandations de l'inquisiteur sur ce qu'il convenait de dire en plus à l'alchimiste si le groupe ne devait pas revenir ou se retrouvait à son tour prisonnier dans les tunnels sous la villa des Arkonas.

L'inquisiteur semblait s'être encore une fois offusqué voire outragé de l'intervention du chamane. Il n'avait pourtant que résumé en quelques mots ce qui venait de se dire dans la salle des bains afin de ne pas conclure un accord avec des erreurs d’interprétation par ailleurs, il se devait de donner son accord afin de montrer que la communauté shoanti n'était pas exclues des négociations. Kar'Uz n'avait rien dit jusque là, ni avant ni après, se contentant d'observer le manoir et les couloirs et pièces qu'ils traversaient. Si l'inquisiteur adoptait systématiquement une réaction hostile à son égard, ce devait être probablement sa xénophobie exacerbée à son paroxysme envers les shoantis - Ce n'est pas du sang varisien qui coule dans ses veines, mais du sang pur chéliaxien ! - pensa le chamane. La confrontation était étonnante. Kar'Uz avait eu moins de mal avec Grigàn, pourtant un pur de chez pur korvosien et qui comme tous ses semblables considéraient les shoantis comme des sous-races barbares et primitives tout juste bons à effectuer les basses besognes dans une cité dite civilisée. Et pourtant, Kar'Uz et lui avaient fini par se lier d'amitié, non sans mal, mais au final, le chamane aurait donné sa vie pour sauver celle des autres et même celle de Grigàn, si tel était le choix de la Dame des Tombes. Mais avec ce Théobald... A priori il n'y avait aucun espoir. L'inquisiteur restait fermement ancré sur ses positions et en aucun cas il n'avait ne serait-ce que tenté même un minima pour faire un geste en avant.

Toujours perdu dans ses pensées, ce fut Abbaër qui le sortit de son mutisme. Il voulait quelque chose et le chamane finit par comprendre quoi. Il psalmodia à voix haute quelques mots, sans se soucier d'éventuels curieux volontaires ou involontaires. Après tout, ce Arkona n'était pas dupe et il se jouait parfaitement de la situation et des tentatives de négociation. Il tirait toute la couverture à lui sans rien avoir à faire aux yeux de tous, ne se salissant pas les mains et retirant tout le mérite acquis sur les exploits accomplis par le groupe. Là encore il y avait une évidence. Le groupe allait laver le linge sale des Arkonas sans qu'il ait à bouger le petit doigt. Kar'Uz doutait qu'ils allaient retrouver le sénéchal et le maître d'armes vivant. Il y avait peut-être eu discorde dans la famille noble, peut-être certains étaient allé à l'encontre du patriarche mais pour quelle raison ? Pour se servir de leur prisonniers ? Pour les sacrifier ? Pour les vendre à la reine ? Pour jouer une carte maîtresse dans le jeu de pouvoir de la cité ? Peu importe les raisons. Une branche de la famille avait fait scission avec la branche principale et maîtresse, mais lequel des deux partis était du bon côté ? Qui avait plutôt à cœur de sacrifier ou de protéger les prisonniers ? Visiblement Glorio Arkona n'avait pas hésité à jeter le sénéchal et le maître d'armes dans les sombres oubliettes du château, des oubliettes réputées dangereuses à priori, des oubliettes dont on ne ressort pas en principe. Alors était-ce pour protéger les deux prisonniers ou les abandonner à un sort funeste ? Tout comme le groupe d’ailleurs... Seule Pharasma connaissait le destin de chacun et si c'était l'heure, alors rien ni personne n'y pouvait rien.

Attendant le moment du départ, Kar'Uz se concentrait sur son sort, cherchant les traces de magie comme il l'avait fait dans le bureau la première fois, s'attendant à trouver des moyens de scrutation, comme la dernière fois... A moins qu'il n'y ait tout simplement que des trous dans les murs pour risquer un œil entre deux livres ou une oreille pour écouter les conversations...

Je sais que Théobald a déjà fait une détection de la magie, mais il n'en a fait part à personne et ne se confie qu'à Abbaër à priori et donc KU n'est pas au courant. Donc détection de la magie puis fouille à la recherche d'un "trou dans le mur"

Quelques minutes plus tard (si vous le voulez, vous avez eu le temps de faire 2 messages), Glorio Arkona pénétra dans la bibliothèque, flanqué de son majordome. « Avez-vous eu le temps de rédiger un message à l'attention de votre alchimiste ? » demanda-t-il tout en faisant signe au majordome d'aller quérir le document auprès d'Abbaër. Le majordome lui apporte le morceau de parchemin puis Glorio Arkona se mit à le lire, ponctuant sa lecture d'un Hmmm dubitatif.

Il fit un signe au majordome qui s'empressa de quitter la pièce puis demanda « Pensez-vous qu'il soit bien sage de mettre par écrit les détails quant à votre destination et… les quelques problèmes familiaux dont je vous ai fait la confidence ? » demanda-t-il. « S'il devait vous arriver un malheur, je préférerais ne pas voir débarquer de bienveillants innocents qui tenteraient de pénétrer dans l'enceinte de ma famille. »

« Ceci dit, » précisa-t-il en reposant le parchemin sur l'écritoire, devant Abbaër, « si vous désire absolument laisser le message tel quel, je ne m'y opposerai pas. Je m'assurerai juste que les troupes auxquelles je le remettrai ait pour consigne de le remettre, scellé, à votre compagnon alchimiste. »

« Et dès que cet éventuel petit problème aura été réglé, nous pourrons passer à la suite... »

Modifié par un utilisateur vendredi 3 avril 2015 14:18:47(UTC)  | Raison: Non indiquée